— On a combien de temps ? soupira Ochaco.

— Bien assez, haleta Katsuki.

Le blond se colla au corps de la brune et l'embrassa avec une passion dévorante. Il fallait faire vite ; d'un instant à l'autre, la sonnerie allait sonner le glas de leurs débats houleux.

Ochaco gémit de plaisir tandis que la bouche de son amant descendit en baisers jusqu'à sa poitrine, puis titilla le bout de ses seins. Le cœur de Bakugo battait à la chamade, il ne tenait plus… Malheureusement, son corps avait changé, il fallait donc non pas réagir à l'instinct mais réfléchir… Seulement, et il ne savait par quel miracle, il trouva petit à petit le chemin. La chaleur moite s'engouffra dans sa bouche, un parfum capiteux et enivrant balaya ses sinus, et il délaissa sa raison dans un plaisir invariable.

La brune étouffa un petit cri, agitée de soubresauts tandis que le blond se chargeait de… elle ne mit pas longtemps avant de jouir, projetant un glapissement extasié dans toute la pièce. Le jeu auxquels ils jouaient était libérateur, sauvage même ; aucun perdant, que des gagnants. Il sait vraiment y faire avec sa langue… ! Le frisson d'Ochaco passé, elle tapota l'épaule de Katsuki qui avait toujours le nez plongé dans son ravin.

— À charge de revanche, lança-t-elle dans un sourire haleté.

Katsuki fut traversé par la surprise, puis l'appréhension ; il n'avait pas vraiment pris le temps de savoir comment fonctionnait son corps. En fait, il ne s'était jamais donné du plaisir avec son corps masculin, mais avait déjà eu des moments d'excitation, disons… improbables. Mais avec un corps féminin ? Il prit peur.

Ochaco le sentit. Elle l'embrassa avant de le regarder dans les yeux. Un regard plein d'amour, de confiance et de bonté. Personne ne pouvait résister à cela, se dit Bakugo. Personne ne devrait, pensa-t-il tandis que sa petite amie l'allongeait sur le lit, lui écartait tendrement les jambes. Elle s'adonna au même petit jeu que lui, et finit par atterrir sur…

Katsuki se cabra sous l'effet d'un éclair.

Le monde avait perdu sa consistance. Tout était devenu flou ; le blond s'enfonçait dans un espace doux et chaud, sans longueurs ni hauteurs, juste une omniprésence enveloppante. Puis vinrent les vagues qui la menèrent à travers cet océan d'infinies douceurs. La marée la fit remonter, puis redescendre, mais à chaque fois Katsuki s'enfonçait plus encore.

Il aimait. Avec une force insoupçonnée, Il aimait.

Il gémit. Non pas de douleur sous un coup de vilain avec sa voix masculine. Non ; il lâcha un petit gémissement qu'il pensait craintif, mais le pensait seulement. Quelque chose jaillit de lui sans prévenir, le faisant tressauter. Une sensation inédite… et il paniqua en voyant Ochaco cligner des yeux. Il bredouilla, tout rouge :

— Je suis désolé, j'ai perdu le contrôle, je…

— Ne t'inquiète, rigola sereinement la brune en s'essuyant la tête. La première fois est toujours très intense ; c'est moi qui aurait dû prévoir que… Izuku ?

Le blond se tourna tandis, et la honte la plus démoniaque s'empara de lui quand il croisa le regard ahuri du nerd. Puis vit son corps ; son costume de héros déchiré par endroits, ecchymoses, brûlures, coupures et tout le reste. Katsuki sauta du lit et ouvrit la fenêtre, pour voir le nerd s'effondrer dans ses bras, visiblement épuisé. Faites qu'il le soit assez pour avoir crû à un rêve, pria malgré lui Katsuki.


*Quelques heures après le raid Shie Hassakai

— Quel est cet air sur ton visage, Izuku ?

— Monsieur, je pensais que…

—…nous allions ramener Eri auprès de son parent le plus proche ? compléta Yokoshima.

Le garçon fut surpris, avant d'acquiescer ; son nouveau mentor était un homme intelligent, il savait lire les gens comme dans un livre ouvert. Le vert regarda ensuite à l'intérieur de la chambre à l'aide d'un verre spécial, où la petite Eri était sur les genoux d'une employée dédiée qui lui lisait une histoire. Le chef d'Herolutions avait choisi cette femme après de longs entretiens pour savoir si elle ne faisait pas ça pour l'argent, mais pour le plaisir d'aider à rendre le monde meilleur.

Cependant, même si l'employée était une femme honnête et aimant véritablement les enfants, ça n'empêchait pas que garder une petite sans autorisation policière n'était pas vraiment…

— Je sais ce que tu penses, mon cher Izuku (Yokoshima mit ses mains dans son dos en regardant la petite Eri rire) Mais sache que la police aurait fini par faire la même chose que Overhaul.

— Monsieur ?

— Bien sûr, ce n'est pas très logique dit comme ça, ricana l'ancien avocat. Il est normal et sensé de penser que la police ne veut que notre bien, surtout dans un pays soudé comme le Japon. Seulement, continua-t-il en agitant son doigt, tu dois comprendre que la police ne suit pas l'intérêt du peuple, mais la loi. Et la loi a été écrite non pas pour servir l'individu, mais la communauté. Et la communauté est guidée par le plus grand bien. Un concept que je hais personnellement, car il considère que tout individu qui se démarque trop doit être soit réprimé, soit supprimé.

— Monsieur ? (Yokoshima acquiesça pour laisser Izuku parler) Nous vivons dans une société d'Alters, où chacun possède une différence !

— Alors pourquoi y-a-t-il des vilains ?

— Parce qu'ils usent de leurs pouvoirs pour leur propre intérêt ! répliqua vivement le vert, prit par un doute soudain.

— Et pourquoi ont-ils des intérêts ?

— Ils… sont fous…

— Parfois, oui. Mais dans ce cas-là, il faut trouver la racine de leur folie, la comprendre afin de la guérir. Je sais que tu considères les vilains comme une force de la nature que contrecarrent les héros, mais le plus souvent, ce sont des gens délaissés, désillusionnés par une société qui ne cherche qu'à satisfaire le groupe, jamais l'individu. Notre modèle n'a pas changé depuis l'apparition des Alters ; il a juste montré qu'il n'était pas adapté.

Yokoshima se tourna vers Izuku, le regarda avec l'air amusé de professeur qui regarde son élève se démener sur un problème visiblement insoluble, alors que lui-même connaît la réponse.

— La Ligue accusait les héros. Les yakuza les Alters. Mais au fond, ce n'est que le système qui ne favorise pas réellement l'individu qui est en faute ; les héros en sont le produit, les Alters les outils. Mais au fond, ni l'un ni l'autre ne doit être réprimandé.

— C'est… Je n'avais jamais pensé comme ça.

— Je suis sans Alter, Izuku.

Le garçon écarquilla les yeux, et regarda Kei Yokoshima. Cet homme, d'une volonté inébranlable, avec des idéaux d'équité sans précédent et une intelligence hors-pair, était Sans-Alter ? Pourtant, malgré cette révélation, Izuku ne le voyait pas diminué.

Bien au contraire.

— Je me suis battu pour arriver là où je suis. Ma famille m'avait renié quand ils ont appris que je n'avais pas d'Alter. Je n'avais pas d'amis à l'école, et même certains pensaient que me rouer de coups me prouverait que je ne méritais pas d'exister.

« Tu es un raté, Deku. Tu n'as pas de pouvoir, et t'es un pleurnichard ! » Ces mots étaient l'écho de ceux de Yokoshima. Il avait vécu la même chose que lui.

— Et quand bien même je rêvais d'être un héros, même mon idole m'avait repoussé en disant que sans Alter, ça ne servait à rien. Un héros qui vous dit cela, tu imagines le choc ?

Oh oui, il l'imaginait.

— Mais je n'ai pas viré de bord, je n'ai pas décidé de détruire pour me venger. C'était mesquin, trop petit pour moi. Alors sais-tu ce que j'ai fait ? (Izuku secoua sa tête) Je me suis battu. J'ai gravi les échelons et ait fini par devenir avocat. Puis, une femme est venue me voir un jour. Elle était Sans-Alter. Sais-tu ce qu'elle m'a demandé ?

— Je ne sais pas, je… (Sous le regard insistant de son mentor, Izuku obéit et fit tourner ses méninges) J'imagine que votre condition de Sans-Alter ne lui était pas inconnue… Et la plupart du temps, ces derniers ne trouvent ni travail ni respect… Attendez, vous lancez toujours des indices dans vos discours pour moi, donc… (puis, le visage du vert s'éclaira d'horreur) Non.

— Si. Mon idole héroïque, qui était désormais à la retraite, avait molesté cette femme. Et comme il avait eu la reconnaissance de ses pairs, de la population, in fine de la société, personne ne la croyait. « Une Sans-Alter n'intéresse personne », c'est la pensée de tous.

— Mais vous avez coulé votre idole.

— Oh oui. Les preuves et les témoignages étaient faciles à obtenir. La police a été embarrassée quand j'ai pointé du doigt ce détail au tribunal. Je n'ai pas demandé d'être payé par la femme, car elle m'avait offerte la vengeance parfaite.

— Mais si ce héros n'avait pas failli ?

— Alors j'aurais trouvé un autre moyen légal ! Le monde regorge de possibilités positives, Izuku. Si on les montrait à tous et on apprenait nos enfants à s'en servir, aucun vilain ne naîtrait. Ton Alter secrète un nuage de poison mortel, que tu ne peux retenir que quelques mois ? Alors on t'envoie dans un endroit désert, où on étudie le nuage pour trouver un contrepoison. Ou bien on te plonge dans une piscine le temps que tu te lâches, et on assainit l'eau ensuite, ou on l'étudie pour un contrepoison. Tu vois ? Je sais que tu as déjà pensé à d'autres solutions, et tu passes à côté de plein d'autres. Chacun peut trouver mille solutions pour un individu, mais la société nous conforme dans notre « différence » pour nous rendre uniques. Cela nous rend égocentriques au bout du compte.

— C'est un mot plutôt… fort.

— La vérité est toujours percutante.

Izuku fit le point, digérant les paroles de Yokoshima ; il n'y avait rien à réfuter, rien à réprouver, puisque le raisonnement prenait son fondement dans l'acte d'aider les autres. Son mentor n'était pas un monstre assoiffé de pouvoir, mais un citoyen inquiet qui avait prit des mesures drastiques sans pour autant briser la loi. Enfin…

— Pour Eri, saches que vu que ses parents biologiques et son grand-père maternel sont morts et dans le coma, la garde revient au parent le plus proche.

— Justement, il faudrait que…

Puis le vert vit le regard attristé de Yokoshima tandis qu'il regardait la petite à travers la vitre. Non, pas seulement attristé ; soulagé, et aimant.

— Vous êtes… de sa famille ?

— Le frère de son père biologique. Ren aimait Maki, et Eri encore plus. Il m'avait écrit dans une lettre que si quelque chose leur arrivait, à lui et à sa femme, alors je prendrais sa charge. Les papiers étaient déjà signés depuis longtemps, mais j'ai contacté le grand-père, pour qu'il la garde le plus longtemps possible. Ce fut mon erreur, un message de Ren pour me punir dans l'au-delà… Kai a décidé qu'il garderait Eri. Et je ne pouvais rien faire car la petite n'avait pas été enregistrée à la préfecture à cause de son pouvoir.

— Que s'est-il passé ? Pourquoi ils ne l'avaient pas enregistré ?

— Son pouvoir a tué ses parents, Izuku. Elle les a fait disparaître.

Les deux restèrent silencieux, observant la petite fille innocente aux bras couverts de bandages. Izuku se sentait mal ; plus il en apprenait sur les Alters, plus il avait l'impression qu'ils n'étaient venus au monde que pour la destruction.

— Ce n'est pas faux.

— Hein ?

Mais Izuku se rappela que son mentor n'était pas All Might, mais quelqu'un de bien plus perspicace.

— Tu sais qu'une espèce ne dure pas plus de cinq millions d'années avant d'évoluer ? (Izuku opina du chef, alors l'homme ajouta :) Mais parfois, il lui arrive de disparaître. La vie a toujours trouvé un moyen pour juguler ce qui la blessait le plus.

Kei Yokoshima lui prit l'épaule.

— N'oublie jamais ; ton pouvoir n'est pas ton ami. Ce n'est pas non plus toi. C'est un outil dangereux, instable et qui finira par te détruire. Alors fais tout pour retarder l'inévitable, d'accord ?

— Le temps que vous trouviez une solution ?

— Le temps que je trouve une solution. Mais heureusement, je ne suis pas seul (il serra l'épaule de l'apprenti héros) J'ai quelques missions pour toi.

— Des traques ?

— Non, des recrutements. Musclés, cependant. Je te laisserais le loisir de choisir parmi la liste que je t'enverrais sur téléphone.

Izuku hocha de la tête, avant de s'éloigner. Avant de passer la porte, le chef d'entreprise l'interpella :

— Oh ! Et Izuku…

— Oui, monsieur ?

— Je t'autorises à revenir à Yuei après ta mission. Mais ce sera la dernière fois que tu y seras en tant qu'étudiant.

Malgré tous ses efforts pour rentrer dans cette école, Izuku ne ressentit pas une peine particulière à l'idée de la quitter. Il s'inclina et sortit de la pièce, une détermination sombre sur le visage.


*Maintenant

— Et il est rentré par votre fenêtre ? demanda Shota à Uraraka et Bakugo

— La fenêtre de ma chambre, pour être précise, grimaça son élève brune.

Shota lui lança un regard si froid qu'elle en déglutit. Il soupira ; il savait pertinemment à quel petit jeu ils s'adonnaient. Contrairement à ce que beaucoup pensaient, le professeur ne rabaissait pas les couples naissants, car il travaillait avec des adolescents et c'était chose commune. Le seul hic…

— Il est interdit de partager la même chambre, et malgré ton changement de sexe, Bakugo (ce dernier s'étrangla sous le ton crû et les mots sans détour) Tu ne peux pas venir dans la chambre de ta camarade… pour quoi que ça puisse être.

Le jeune homme rougit, et Shota se rappela que, malgré le fait que ses élèves étaient des apprentis héros, ça restait des gamins avec les mêmes problèmes que les autres. C'était, en un sens, rassurant.

— Nous reviendrons sur la sanction plus tard ; pour l'instant, je veux savoir pourquoi il rentre par une fenêtre couvert de blessures.

Il montra Midoriya, qui était allongé sur le lit de l'infirmerie. Recovery Girl s'était occupée de lui. D'après elle, ses blessures n'étaient pas que physiques ; il était atteint d'insomnie chronique qui l'avait forcée à le mettre sous somnifères, et son encéphalogramme semblait assez instable.

— On sait pas, répondit Bakugo en croisant ses bras. Mais ce dont je suis sûr, c'est que ce crétin de brocoli s'est fourré dans quelque chose de louche.

— Tu as une idée ? Je sais que vous êtes amis d'enfance, alors c'est toi qui le connais le mieux…

Bakugo se pétrifia, et Shota sut qu'il pensait à la période où le blond avait harcelé le vert (Hound Dog lui en avait touché un mot, en lui faisant promettre le secret). Shota continua :

—…et c'est vers toi qu'il s'est tourné le premier, non ? Il a dû voir que tu n'étais pas dans ta chambre… (Bakugo lâcha un « tch ») et t'as cherché partout, jusqu'à te trouver.

— C'est un vrai pot-de-colle…

— Tu ne réponds pas à ma question.

Bakugo soupira, baissa le regard en triturant un morceau de papier entre ses doigts. Shota le remarqua, et le désigna du doigt :

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un truc qu'il m'a donné avant de tomber dans les choux. Mais je comprenais pas ce qu'il voulait dire…

— Il avait prévu son évanouissement ? supposa Uraraka, qui était restée silencieuse.

— Non, il voulait me le donner en mains propres.

— Qu'y-a-t-il écrit dessus ?

Bakugo le passa au héros, qui déplia le petit papier froissé. Dessus, il y avait écrit :

Seulement une roue avant la mort, seulement deux roues avant l'essor.

— J'ai pas compris son charabia, et franchement, je m'en cogne, fit Bakugo, puis prit un ton douloureux : J'ai merdé avec lui. Je mérite pas son amitié, donc je ne veux pas faire d'efforts dans ce train-là.

— Tu es sûr ? (Shota plia le papier pour le mettre dans sa poche) Est-il d'accord avec ça ?

— J'ai été clair avec lui. Je lui ai dis que j'avais merdé. Mais lui ? Il se ferme comme une huître… Vous voulez savoir ? J'ai aucune raison de faire le chemin vers lui s'il me fout des piques et des trappes sous mes pas.

Shota opina du chef, comprenant l'état d'esprit de Bakugo ; il avait déjà tout fait pour éviter de sombrer dans la haine, et finalement s'était ouvert aux autres. En regardant Izuku, il se dit que le vert était en train de de prendre le même chemin que son « ami d'enfance » avait emprunté.