Pour peu qu'il y avait beaucoup de phénomènes sur Terre, l'amour était l'un de ceux qu'elle comprenait le mieux sans jamais y tomber.

Momo se trouvait avec Akira et Azumi Musasabi. Dans la cour de l'école durant la pause de midi, ils préparaient le plan du festival avec toutes les propositions des élèves. C'était un travail ardu, et comme Iida avait dû s'occuper d'affaires administratives, Akira avait accepté de l'aider… et avait invité Azumi-san.

Momo les regardait donc discuter… Enfin, Akira était plongé dans son discours et Azumi buvait ses paroles. Les yeux de la fille étaient remplis de lumière et sa queue se balançait au rythme des mots du garçon aux yeux verts. La scène était tellement facile à lire que Momo pouffa, attirant l'attention de son meilleur ami :

— Quoi ? fit ce dernier avec sourcil haussé. Tu as une objection sur le stand des takoyaki ?

— Oui, mentit partiellement Momo. Plutôt que de séparer les stands qui font de la nourriture rapide, ne serait-il pas mieux d'en faire un grand qui en réunirait plusieurs en même temps ?

— Hum ? Intéressant… (Akira gribouilla quelque chose sur les feuilles en marmonnant) Il y a huit stands, mais ça risque de faire une queue monstre pour des choses différentes…

— Et si le stand était octogonal ? proposa Azumi.

Akira leva son regard vers elle, resta quelques secondes à la toiser jusqu'à que les oreilles sur sa tête se tassent, avant de sourire et de claquer des doigts. Il recommença à faire des croquis, schémas et autres, et Momo fit signe à Azumi de s'approcher, avant de lui chuchoter :

— Merci de nous offrir ton aide.

— Avec plaisir ! fit-elle sur le même ton, ett son attention revint vers Akira. Il est vraiment passionné, c'est motivant…

— Motivant, oui…, et Momo laissa planer sa phrase pour guetter la réaction d'Azumi, qui vint vite :

— Akira est génial ! Quand il parle, c'est toujours avec clarté et promptitude. Il a énormément de connaissances, même en photographies au point qu'il pourrait m'enseigner des choses ! Et son visage qui s'éclaire quand il trouve une idée, mais aussi quand il comprend et accepte celles des autres ! Et puis la manière dont il rajuste ses cheveux quand il dit « Techniquement », et son… (Azumi remarqua l'air amusé de Momo, et lâcha un soupir étonné) Oh non.

— Et si.

Azumi s'effondra sur sa place, en regardant le châtain d'un air désolé.

— Pourquoi maintenant ? Akira est…

— En couple ? Oui, et c'est pour ça que je pense qu'il faut tu mettes les choses au clair.

— Je… je ne veux pas m'interposer.

— Crois-moi ; pour s'interposer, il faut déjà être au même niveau.

Azumi fut scandalisée, mais Momo ignora sa réaction ; elle connaissait Kyoka, et Akira. Les deux étaient bien trop soudés pour pouvoir être ébranlés par une quelconque tentative de flirt. Ce n'est pas une insulte, mais simplement la vérité, pensa la jeune fille. Elle ajouta :

— Je te conseille d'en parler à Akira en face à face. Mais par contre, il ne faudra pas le forcer à faire quoi que ce soit.

— Et si je refuse ? J'ai des sentiments moi aussi !

Momo créa un couteau dans sa main en une fraction de seconde. C'était puéril. L'antithèse du héros. Pourtant, elle avait trop perdu pour se soucier des états d'âmes, désormais. Les yeux de la déléguée devinrent des poignards, et elle approcha le sien près de la main d'Azumi.

— Tu décides de blesser Akira, de le contrôler ? Alors je te mets en garde ; je peux réduire ta carrière à néant en te retirant tes outils de travail.

— Tu n'oserais pas ! glapit Azumi. Ta propre carrière en dépend !

— Tu as raison (Momo écarta le couteau sous le regard confus de la fille) La violence n'est pas un moyen efficace dans ce genre de situations. Que dirais-tu d'un marché ?

— Quel genre ?

Momo glissa un regard vers Akira, qui était absorbé par ses schémas. Elle glissa à Azumi :

— Comme tu peux le constater, je n'ai aucune envie de voir une amourette gâcher les efforts de mon meilleur ami. Le marché est le suivant : tu déclareras ta flamme après le Festival.

— Après le Festival ? Je pensais que tu tenterais de négocier une période plus éloignée…

— Je le sens, c'est tout. Et puis, même si je suis convaincue que tu n'es pas son âme sœur, tu es loin d'être la pire.

— Je suis un second choix, alors ? la railla la Azumi.

— Précisément.

Momo s'écarta d'elle et de son air scandalisé, et vint s'asseoir de l'autre côté de la table auprès d'Akira. D'un regard, elle fit comprendre à la petite seconde qu'il ne vaudrait mieux pas intervenir dans la conversation… en fait y participer tout court. Penaude, celle-ci alla s'asseoir à une autre table. Momo se tourna vers Akira.

En le regardant ainsi, plongé dans ses devoirs, elle se remémora la façon dont ils s'étaient rencontrés ; bizarrement, le nouveau Akira semblait moins mature que le précédent. Mais ce sentiment faussait la véritable évolution que Momo avait constaté chez lui : il était devenu plus confiant, ne cachant plus ses faiblesses derrière un voile de sérieux implacable.

Et pourtant, pourtant… Une chose n'avait pas changé chez lui : il était si facile à lire, tel un enfant qui aurait fait une bêtise et qui tentait vainement de le cacher à ses parents derrière un grand sourire.

Momo constatait que c'était rafraîchissant et fatiguant d'être ami avec lui.

— Akira… Akira ! chuchota-t-elle.

— Mmmh ? (il tourna la tête, et sourit en tapotant du stylo ses feuilles) Je pense que je tiens quelque chose. Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Parce que je veux attirer ton attention (elle posa sa main sur celle de son ami, et le regarda droit dans les yeux) Est-ce que ça va ?

— Moi ? Bwarf ! (il haussa des épaules) Ça va, ça va ! Pourquoi ça n'irait pas ? On prépare le festival, pas d'attaques de vilains en vue, Kyoka et moi on est sur une excellente pente… Non, tout va bien !

Momo lui lança le regard le plus entendu du monde ; même les sourds l'auraient affirmé ! Akira frémit, avant de baisser la tête et soupira :

— Tout va bien hormis le fait que Fumikage et moi sommes en froid.

— Quoi ? (Momo réfléchit un instant) Il t'en veut pour l'exercice héros/vilains ?

— Oui, et non… Je voudrais bien te le dire, mais je ne sais pas si…

— Kyoka m'a déjà mis au courant de ton plan pour la Réponse. Pour Mineta.

Il la regarda avec des yeux ronds, et elle se força à ne pas sourire ; depuis qu'Akira avait développé une antipathie sévère envers Mineta, aka Mastermind, Momo n'avait pas voulu rester les bras croisés.

Son Alter n'était pas son arme principale ; c'était son esprit tacticien qui l'avait hissé haut.

Elle savait que les pouvoirs de la Réponse lui permettaient de savoir tout ce qui se passait via des calculs probabilistes, et que si Mastermind en avait effectivement hérité, alors faire un plan ne servait à rien.

Qu'avait-elle donc fait ? Elle avait fait des tests tout le long du mois, pour voir jusqu'où Mineta pouvait calculer… et découvrit que son pouvoir avait une faille ; il ne pouvait pas être utilisé sur plus de vingt personnes à la fois. Et comme Mineta était un pervers doublé d'une saleté de misogyne, il n'avait même pas pensé à appliquer son pouvoir sur les filles de la classe, mais seulement les garçons.

À la place, son pouvoir lui permettait de calculer des probabilités si et seulement s'il y avait contact visuel. Voilà pourquoi la Réponse avait pris le contrôle des élèves les mois derniers ; grâce à leurs yeux, il pouvait user de son pouvoir sur plus de personnes. Momo avait demandé à Denki un échantillon de son ADN. En l'étudiant dans un laboratoire, elle avait découvert le fameux agent qui le contrôlait.

Et bien sûr, toute excellente en chimie qu'elle était, elle créa un antidote. Bien sûr, le sérum était difficile à synthétiser car il devait se caler sur chaque ADN, et donc Momo n'en créa qu'un seul, pour elle. Cet acte d'égoïsme fut cependant son salut ; lors de la course à obstacles, les boissons distribuées par ce cher Mineta contenaient l'agent contrôlant.

Ce fut avec précipitation qu'elle vérifia son ADN, et miracle ! Ses hélices étaient intactes. Et le mieux ? C'est que vu que Mineta était persuadé que son agent contrôlant fonctionnait, il n'avait pas pris la peine de poser une balise de pouvoir sur elle. Elle était donc l'agent infiltré chez l'ennemi, le sable du rouage qui le ferait bientôt grincer.

Bien sûr, ce fut avec peine qu'elle comprit qu'elle ne pourrait jamais dire à Akira son action, car elle savait que ce dernier était une balise et révélerait malgré lui son seul atout à l'ennemi. Mais pourquoi avait-elle donc révélé que Kyoka l'avait mise au courant ? Car c'était la course logique des choses, le scénario où une Momo infectée sans s'en rendre compte aurait offert de l'aide à son ami. Elle jouait le jeu de la soumise à Mineta pour effacer tout soupçon, le convainquant dans sa victoire imminente.

Sauf que lorsqu'il penserait gagner, elle frapperait.

La seule frayeur qui lui restait, c'était que Mineta décide de poser une balise sur elle. Elle devait donc trouver un moyen de se protéger de cette balise… et quoi de mieux que d'étudier discrètement son meilleur ami balisé ? Mineta ne peut pas tout deviner, il n'est pas omniscient ; il est juste comparable à un super-ordinateur quantique avec un réseau intégré à l'homme.

Détail subsistait cependant : cette histoire que Kyoka lui avait raconté à propos de « Yannis ». L'ancienne identité d'Akira ? Que venait-elle faire là ? Elle reprit :

— Elle m'a raconté qu'il avait hérité du pouvoir de la Réponse… et toutes ces choses sur toi… (Akira baissa la tête) Ne te mets pas dans l'idée que tu m'as menti ; c'est trop gros pour être juste un secret.

— Tu es ma meilleure amie, finit-il par dire après un silence. J'aurais dû.

— Nous avons fait nos choix, on ne doit pas les regretter pour autant. Ce n'était pas une question de courage ; tu avais l'intention de me protéger de ton secret et de lui (elle serra la main de son ami et sourit) La confiance est un risque, j'aurais fait la même chose à ta place.

— T'es vraiment la plus chic fille de l'univers…

— Du multivers, oui !

— Ha ha ! (il secoua sa tête) Franchement, je suis l'homme le plus chanceux du monde.

— Passons la chance et venons-en aux choses sérieuses.

— D'accord. Je vais te parler de mon plan…


*Le soir même

Tu es sûr que ça va aller ? lui demanda Yannis dans sa tête. Akira opina mentalement ; il avait passé un marché, il allait le respecter. Heureusement, Yannis était le moins pire des trois lascars dans sa tête, moins intéressé par la conquête de l'univers et plus par le sauvetage de ses congénères, fussent-ils des alter-egos d'un autre espace-temps ayant muté en superhéros.

Akira laissa Yannis prendre les commandes, et se plaça sur la chaise qu'il avait matérialisé (l'avantage d'être coincé dans son âme, c'était qu'on en manquait ni de place ni d'immobilier !) devant « l'écran plat des yeux ». Yannis s'ébroua dans son corps, et regarda ses mains, avant de s'écrier à haute voix, entendue par « les hauts-parleurs des oreilles » :

— Wow ! T'es super musclé ! C'est trop bizarre !

Agis normalement, soupira le châtain. Mineta a posé des balises sur moi, Synnaï et Laura, mais pas sur toi. Il te trouve trop insignifiant.

— Ok !

Et parle dans ta tête. Ou envoies moi juste des images et des impressions, ce sera suffisant.

Akira sentit Yannis hocher de la tête, sans que le corps bouge. Un autre avantage de l'animomancie.

Yannis partit comme prévu au dortoir ; il devait rencontrer Mineta pour le rapport d'exercice. Ce serait à ce moment-là que Yannis utilisera le reste de la Vérité du Pouvoir dont il dispose pour contrecarrer la Vérité du Savoir. Celle du Néant aurait été plus efficace, mais Akira savait que s'il était un ancien clone, alors la Réponse était celui d'Ugo et ne possédait pas la toute puissance de la Connaissance.

Tu connais le chemin, dit Akira en baillant.

Yannis s'engagea dans les escaliers, et une fois dans l'étage des garçons, se dirigea vers la chambre de Mineta… devant laquelle le résident lui-même attendait en tapant du pied.

— Tu en mets, du temps ? grommela le violet en croisant ses bras. Tu faisais des papouilles avec ta petite chérie ?

— Quelle mouche te pique, aujourd'hui ? s'étonna Yannis en mettant sa main sur son cœur. J'avais du travail à faire concernant le festival.

— Ah oui… (le front de Mineta fut strié de rides d'ennui) Tu es vraiment bizarre, Akira.

— On me le dit souvent, assura Yannis. On s'y met ?

Ils entrèrent tous deux dans la chambre sous le regard attentif du châtain (à travers le regard de son corps). Il n'y avait bien sûr rien d'extravagant dans la chambre : un lit, un bureau, deux meubles étagères et une armoire. Presque similaire à Ojiro dans son minimalisme.

— On va devoir se mettre d'accord sur un point, fit Mineta en s'asseyant sur la chaise de son bureau, tandis que Yannis se posait sur le lit. Je ne veux pas de conflit avec toi, car même si je gagnerais, ce serait une perte de temps et de ressources.

— J'allais justement t'en faire part, affirma Yannis avec un hochement de tête. Je sais que je ne peux pas gagner, alors je préfère marchander avec toi pour qu'il n'arrive rien de mal à cette ville… non, au monde entier.

— Continue.

— Ma proposition est la suivante : je ne me mettrais pas en travers de ton chemin ni contrecarrerait tes plans. En retour, tu devras m'assurer que tu ne transformeras pas toute la population en tes esclaves.

— Accordé, concéda Mastermind tel un monarque avachi sur son trône. Autre chose ?

Alors que Yannis continuait de palabrer et demander des concessions, Akira sentit le Pouvoir qui s'accumulait entre « leurs » doigts. Il faut en finir. Maintenant. Le plan ne pouvait pas échouer. Il ne devait pas échouer, ou alors Kyoka se jetterait à l'eau.

Et Akira ne se le pardonnerait jamais.

Soudain, Mineta leva sa main pour faire taire Yannis, ce qui laissa l'humain en suspens dans son geste et sa phrase. Le violet soupira, massa l'arrête de son nez en fronçant des sourcils. Akira sentit une sueur froide couler de son dos… alors qu'il ne possédait techniquement pas son dos.

— Tu sais, commença Mastermind, je me suis toujours demandé pourquoi il n'y avait que toi.

— Je… Quoi ?

Même Yannis, au sommet de sa bizarrerie, semblait aussi confus qu'une otarie dans l'espace. Mineta continua :

— Chaque fois que je fais un calcul…

Oh non, pensa Akira en voulant blêmir. Il tenta de reprendre le contrôle de son corps…

—…je me demande si je ne me repose que sur mon pouvoir…

…mais rien n'y fit ; impossible d'établir le contact.

Yannis, y a un truc qui cloche !

—…et là, finit Mineta en croisant ses doigts. Je me demande moi si je n'ai pas oublié un détail. Un hic tarabiscotant.

Il se leva, s'approcha de Yannis qui était toujours paralysé. Akira frappait sur les parois des yeux qui ondulaient sous ses coups. Il regardait impuissant l'avènement du roi démon.

— Ne le prends pas mal, Akira, mais d'après tout ce que je sais, on ne peut pas te faire confiance. Je suis désolé

C'est alors que Mineta fit un geste dégoûtant, presque trop violent ; il caressa doucement le visage du châtain… qui revint à lui dans un soubresaut. Yannis avait disparu, Akira ne l'entendait plus. Il était paralysé de la tête aux pieds.

— Vraiment, vraiment désolé, répéta le violet.

Akira n'avait jamais entendu mensonge plus écœurant. Il souhaita lui vomir à la face, le griffer, le frapper, l'insulter de tous les noms. Quand Mineta le regarda avec tendresse, Akira fut saisi d'effroi. Non, il n'y avait pas qu'une absurde folie dans son regard.

Il m'aime.

Mineta s'approcha son visage de celui du châtain et l'embrassa avec passion. Le goût était immonde, Akira étouffait. Quand le violet s'extirpa, il se lécha les babines et soupira :

— Personne ne s'en ait jamais douté. Mineta, le gros pervers misogyne… Entiché d'un homme de valeur tel que toi ? Impossible. Il fallait que je trouve un moyen de t'impressionner, de te faire tomber dans mes filets.

Akira le regarda avec fureur ; pourquoi avait-il accepté un tel cadeau empoisonné ? Mineta répondit à sa question muette :

— Tu penses que te le dire aurait été le bon choix ? Malheureusement, je savais que tu dirais non… « Inaccessible » est le mot qui fut celui qui te définissait le mieux, autrefois. Je pensais que si je te révélais mes sentiments, tu me repousserais car j'étais un détraqué, un pourri. J'avais tellement peur… Plus maintenant ; j'ai plus de pouvoir dont je ne pourrais rêver… (Il lui caressa la joue de nouveau) et ton secret ne m'est plus inconnu

Akira ne pouvait pas le pardonner. C'était impossible. Pourtant, il voyait dans les yeux du violet toute la souffrance refoulée, toute l'attente éperdue. Tout cela confondu dans un seul regard, qu'Akira déchiffrait si facilement que ça le dégoûtait.

— Nous sommes faits l'un pour l'autre… Mais malheureusement ton corps ne me convient pas.

L'amour, c'est accepter les défauts de l'autre, voulut hurler le châtain. Mineta fit glisser son doigt sur la gorge, puis la poitrine d'Akira. Il dessinait ses formes anguleuses, musclées par des mois d'entraînement intensif. Non, pensa Akira avec une certitude absolue. Il ne peut pas…

— Je peux, justement, répondit Mineta comme s'il lisait dans ses pensées. Tu m'as offert sur un plateau la seule chose qui te protégeait de moi.

Le visage d'Akira devint livide ; Mineta n'avait pas prévu que Yannis serait présent grâce à la Vérité de la Connaissance. Il l'avait prévu grâce à sa seule intelligence. Puis avait posé sa balise sur Yannis pour lui ordonner de se retrancher dans les recoins les plus reculés de l'esprit d'Akira.

Ce dernier tenta de faire appel à Synnaï ou à Laura… mais le contrôle de Mineta l'en empêcha. Mineta pouffa.

— Le Sérum d'Alikouhv est trop puissant pour que tu puisses le combattre… mais je ne t'apprends rien ! Allez, passons au plat de résistance.

Il claqua des doigts, et le corps d'Akira s'arc-bouta. La transformation, dont il avait échappé grâce à la Vérité de Yannis, s'enclencha.

Qu'y aurait-il à décrire cependant ? L'expérience était trop floue, trop ténue. Le temps se distordit sans grande logique. Akira ne pouvait que ressentir un plaisir abrutissant, jusqu'à qu'il soit assez conscient pour constater : son corps avait changé, ses cheveux en bataille étaient une crinière indomptée, son visage s'était affiné… et Mineta le regardait avec une faim insoutenable.

Sans ménagement, il écarta les jambes d'Akira, qui était trop faible pour résister. Il… elle ? tremblait de toutes les fibres de son être, couvert de sueur. Mais ça n'arrêta ce gros porc qui plongea en lui tandis qu'il hurlait.

Son affaire finie, Mineta remonta son pantalon à la manière d'un passage aux toilettes. Akira était dévasté, démonté, déstructuré ; le violet se tourna vers lui, et soupira, puis lui caressa le visage. Akira voulut mourir en cet instant même.

— Tu m'appartiens, Akira Arata. Fais-toi une raison.

Mastermind claqua des doigts, et Akira reprit sa forme dans un gargouillement. Alors que Mineta quitta la chambre pour aller prendre une douche, brisé, Akira se redressa lentement, le regard vide.

Et ensuite, la graine plantée germa. Dans la douleur et la honte, une idée déploya ses feuilles pour capter le soleil. Mais il n'y avait que les ténèbres. La porte du paradis s'était changée en prison des enfers.

Akira avait toujours vécu au bord d'un précipice. Il pensait que cette époque était révolue, qu'il s'était écarté… Sauf qu'il s'était perché sur un fil. Maintenant il chutait. Qui était à blâmer ? La réponse était évidente.

Lui m'a détruit, mais les autres m'ont mené à cette voie. Ils ont voulu ignorer mes avertissements… Ils vont en subir les conséquences.