18-Premier duo

Durant tout le trajet en voiture, Natalie était restée silencieuse, les yeux baissés et le visage rougissant, et Mac aurait voulu qu'elle lui parle. Mais lui forcer la main la braquerait plus qu'autre chose. Il voulait qu'elle se sente en confiance avec lui.

Arrivés à l'adresse de la scène du crime, les deux experts entrèrent dans la boutique « Le Japon à votre Porte » et virent enfin la détective Kaile Maka qui les salua poliment, haussant tout de même un sourcil interrogateur en direction de la nouvelle experte.

Mac : Kaile. Je vous présente le lieutenant Natalie Marteens, ma dernière recrue.

Kaile (surprise) Marteens ? Vous avez un lien avec…

Natalie (amusée) Jessie ? Oui. C'est ma sœur jumelle.

Kaile (très étonnée) Vraiment ?

Natalie (souriant) Oui. Vous n'êtes pas vraiment la première à réagir comme ça…heu…

Kaile : Je suis le détective Kaile Maka.

Natalie (s'inclinant) Enchantée.

Mac (revenant à l'enquête) Alors, où se trouve le corps ?

Kaile (leur faisant signe de la suivre) Par ici. On peut dire qu'il a été victime de sa marchandise…

Les deux experts froncèrent les sourcils à l'unisson face aux paroles énigmatiques de Kaile et comprirent mieux ce qu'elle voulait dire en voyant le mort.

Kaile : Nachi Kazuka, 45 ans, gérant de cette boutique, spécialisée dans les objets et les antiquités japonais. J'ai trouvé une trace d'effraction sur la porte de derrière.

Les deux enquêteurs observèrent quelques instants la scène de crime : le pauvre homme était étendu face contre terre, dans une mare de son propre sang, et un long sabre était planté au milieu de son dos. Les deux experts s'accroupirent et mirent leurs gants de latex avant de commencer à examiner la surface autour du corps minutieusement à l'aide de leurs torches. Natalie observa le corps et ses yeux vert ambré s'agrandirent soudain d'étonnement. Quand Mac s'en rendit compte, il s'inquiéta.

Mac : Un problème ?

Natalie : Non, non. Mais ce sabre…C'est une véritable antiquité ! Un sabre de samouraï de l'ère Edo…

Mac : Notre meurtrier se serait servi de la première chose qui lui serait tombé sous la main ?

Natalie : Je pense. Un véritable connaisseur n'y aurait pas touché… (admirative, les yeux pétillants) Regardez la finesse du travail fait sur la lame et la délicatesse utilisée sur la garde. C'est vraiment une très belle pièce.

Mac (souriant devant son enthousiasme) C'est en effet un travail d'orfèvre…Vous vous y connaissez, dites-moi…

Natalie se rembrunit immédiatement. Elle s'était trop dévoilée…Cet homme lui faisait baisser sa garde et il ne fallait pas. Elle avait déjà trop souffert, même si Mac semblait différent de…lui…

Natalie (trouvant le ton de sa voix trop sec) C'est juste un hobby.

Mac grimaça face à la réponse abrupte de la jeune femme. Elle avait vraiment peur de montrer qui elle était, ce qu'elle aimait… et de lui. Qu'y avait-il derrière ce barrage qu'elle s'était forgée ?

Natalie (revenant à l'enquête, parlant à Kaile) Que lui a-t'on volé ?

Kaile : Juste la caisse.

Mac : Combien y avait-il ?

Kaile : 800 dollars.

Natalie (surprise) 800 dollars ? (riant) Notre tueur est un véritable idiot !

Mac sourit en l'entendant rire. C'était un joli rire, clair et léger. Un rire qu'il voudrait entendre plus souvent. Encore faudrait-il qu'elle se détende un peu plus avec lui…

Mac : Et pourquoi, je vous prie ?

Natalie (toujours sans le regarder, montrant toute la boutique du doigt) Une seule de ces marchandises a largement plus de valeur que 800 malheureux dollars.

Mac : Si la marchandise est si chère, le système de surveillance doit être important…

Natalie (avec un petit sourire) A nous de trouver les caméras.

Les trois policiers partirent alors à la recherche des caméras, et donc de leur émetteur pour trouver le récepteur principal et ainsi les images du cambriolage.

Bizarrement, ils n'en trouvèrent aucune sur les murs ou le plafond et se demandèrent finalement s'il y avait vraiment un quelconque système de surveillance. Pourtant, Natalie repéra une petite statuette représentant un dragon tenant entre ses pattes griffues une petite boule opaque. Le problème, c'est que cette statuette était une imitation, un faux. Avec sa main gantée, la jeune femme prit l'objet avec délicatesse et l'examina de plus près. Dans la boule, il y avait…un objectif !

Natalie : Mac ! J'en ai une ! Et elle n'est pas vraiment conventionnelle…

Mac (la rejoignant rapidement, regardant par-dessus son épaule) Comment ça ?

Natalie (se tournant vers lui) Regard…

Ses mots moururent dans sa bouche quand elle vit sa situation actuelle. Mac était à une telle proximité, si proche qu'elle pouvait sentir son souffle chaud chatouiller son cou, fixant la statuette qu'elle tenait d'une main qui commençait à trembler. A ce moment, Natalie avait envie de fuir tout en voulant s'approcher un peu plus de lui, tout contre lui. Contrairement à d'habitude, elle ne baissa pas les yeux, trop occupée à fixer les lèvres de son supérieur, mais un trouble, une étrange chaleur l'envahit en même temps que sa peur. Pourquoi ne voulait-elle pas la lâcher ?

Quand Mac vit la main de sa dernière recrue trembler comme une feuille, il fronça les sourcils, inquiet, et posa son regard vert sur Natalie, croisant ses yeux vert ambré fixés sur lui. Frissonnant, l'expert agit impulsivement : il se pencha lentement vers elle, sans réfléchir, oubliant le monde qui les entourait, ses intentions évidentes.

Mac (d'une voix douce et rauque à la fois) Natalie…

Natalie était figée sur place, complètement paralysée et envoûtée par les yeux verts de Mac, devenus étonnamment intense, et hésitait entre le laisser faire ou crier. Mais elle n'eut pas besoin de prendre une décision…

Kaile (criant de l'autre bout de la boutique, derrière une étagère) Mac ! Natalie ! J'ai trouvé la salle de contrôle.

Mac se redressa vivement, gêné, tandis que Natalie reprit ses vieilles habitudes : teinte rouge et yeux baissés. Il s'en était fallu de peu…

Natalie maudissait son blocage et sentit les larmes roulaient une nouvelle fois sur ses joues. Décidément, elle ne faisait que ça : rougir ou pleurer ! Elle était vraiment pitoyable…

Mac était fort troublé. Ça ne lui ressemblait pas de se laisser aller comme ça…Mais Natalie semblait avoir réveillé d'anciens sentiments qu'il avait enfouis en lui depuis si longtemps. Depuis la mort de Claire…

Quand l'expert vit sa jeune collègue pleurer encore une fois, Mac retira son gant pour poser doucement sa main sur la joue de Natalie et lui releva le visage avec délicatesse, un doux sourire aux lèvres, puis essuya tendrement ses larmes.

Mac : Je suis désolé. Je…

Natalie (l'interrompant) Ce n'est pas votre faute. C'est moi…C'est moi qui…

Mac (lui prenant les épaules et la forçant à le regarder droit dans les yeux) Ecoutez, Natalie. Déjeunons ensemble et là, nous parlerons, d'accord ? De tout ce que vous voudrez…

Natalie (avec un pauvre sourire) Merci, Mac…

Kaile, commençant à sérieusement s'impatienter, finit par les rejoindre et s'arrêta net face à ce qu'elle voyait, surprise. Plutôt difficile d'imaginer Mac dans une situation romantique, mais là…

Discrètement, la détective retourna dans le coin qu'elle venait de quitter et se remit à les appeler, jouant celle qui n'avait rien vue quand les deux experts la rejoignirent enfin. Puis, les trois policiers entrèrent enfin dans la salle.

Mac : Parfait. On aura peut-être l'identité du coupable.

Natalie : J'espère.

Et ils commencèrent le visionnage des différentes vidéos, Mac et Natalie attendant impatiemment leur pause de midi. Ils voulaient vraiment se retrouver seuls…