30-Phase Trois : à poil !
Jessie avait tout préparé minutieusement. De A à Z, de 0 à 9. Tout était prêt et aucune erreur n'était possible ! Tout ce qu'il fallait pour la Phase Trois y était. Sauf une chose…La détective avait besoin d'un complice… Bon, il était déjà inutile de demander ce service à sa sœur, connaissant d'avance sa réponse : « NON ! ». Mais alors, qui ?
Jessie aperçut alors Kaile Maka et se rappela de leur première rencontre : une complicité s'était formée entre elles ce jour-là…Parfait…
Jessie (lui faisant un signe de la main) Hé ! Kaile !
Kaile (la rejoignant) Salut, Jessie !
Jessie (sur le ton de la confidence) Tu pourrais m'aider pour…
Puis la jeune femme finit sa phrase en lui chuchotant à l'oreille, continuant sur le même ton pour lui expliquer son plan point par point. Au fur et à mesure que Jessie parlait, un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de Kaile.
Jessie (haussant un sourcil interrogateur) Alors ?
Kaile (tapant dans la main de sa collègue) J'en suis ! On commence quand ?
Jessie (avec un grand sourire lumineux) Maintenant…
Et les deux jeunes femmes partirent chacune dans une direction. L'étape Une de la Phase Trois était en marche…
oOo
Quelques instants plus tard, les agents de la brigade criminelle virent débarquer le lieutenant Flack furieux…et couvert de peinture blanche, suivi de près par un lieutenant Marteens hilare.
Don (râlant) Mais c'est pas vrai ! Tu amènes la poisse avec toi !
Jessie (riant et râlant à la fois) C'est pas d'ma faute si tu t'es pris un pot d'peinture sur la tête !
Don (grommelant) Bien sûr…C'est pourquoi tu m'as poussé dessous !
Jessie (levant les yeux) T'aurais préféré te faire écrabouiller ?
« Par ma voiture imaginaire » termina la pensée de Jessie. En tout cas, la jeune détective était impressionnée : Kaile avait sacrément bien visé ! Pas une miette de Flack n'avait été épargnée par la peinture…
Jessie : Ecoute, Donnie Boy. J'vais aller sur le lieu de notre nouvelle affaire pendant qu'tu t'laves, ok ?
Don (hésitant à la laisser mener une enquête seule, craintif) Heu…
Jessie (avec une moue dubitative) Tu vas pas y aller couvert de peinture de la tête aux pieds, quand même ! (souriant, amusée) Ça fait pas très sérieux…
Don (grommelant, la menaçant du doigt) Toi…Ferme-la !
Jessie le regarda alors, attendant qu'il prenne enfin une décision…
Don (vaincu) Ok, tu peux y aller…
Jessie : Enfin ! Allez, file te doucher avant que ça ne sèche ! J'm'occupe de l'enquête…
« Qui est tout aussi imaginaire, d'ailleurs » pensa-t'elle, riant mentalement. S'assurant que Flack était entré dans les vestiaires et avait filé aux douches communes, Jessie composa un numéro sur son portable, un grand sourire aux lèvres.
Jessie : Kaile ? Etape Une terminée. L'étape Deux peut commencer…
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Stella avait été appelée par Kaile pour une ancienne affaire commune et s'était installée à son bureau pour l'attendre. L'experte était inquiète car ce dossier avait été complexe à clore après des semaines d'investigations intensives. Y avait-il eu un nouvel élément qui risquerait de disculper leur suspect ?
Kaile finit par arriver, deux gobelets à la main, et sembla soudain trébucher, lâchant les gobelets en question, qui finirent leur vol plané sur la scientifique. Non seulement cette dernière cria de douleur, brûlée par le café, mais elle eut la surprise de sentir une matière gluante lui dégouliner dans les cheveux.
Kaile (avec une grimace contrite) Oups ! Désolée…
Stella (regardant la matière poisseuse sur ses doigts, dégoûtée) Mais qu'est-ce que… ?
Kaile : Heu…Du sirop d'érable. C'est pour Jessie…
Stella (grimaçant) Et bien, elle s'en passera aujourd'hui…Sauf si elle veut le manger sur mon crâne.
Kaile se mit à rire. Malgré cet incident, l'experte gardait son humour.
Stella : Je vais revenir pour notre affaire. D'abord, une douche s'impose. (bas) Je sens que je vais avoir du mal…
Kaile : Stella ! Les douches des femmes sont actuellement hors service…Une histoire de fuite…
Stella (commençant à être contrariée) Formidable…Je vais pas me garder ça dans les cheveux…
Kaile : Vous pouvez utiliser les douches des hommes. Jessie y est déjà…Elle s'est pris un pot de peinture…
Stella fronça les sourcils. De la peinture ? Elle ne se rappelait pas qu'il y avait un chantier dans les parages…À moins que ce ne soit durant une enquête ou une poursuite. D'après Danny, Jessie faisait un peu n'importe quoi quand elle coursait un suspect…
Finissant par hausser les épaules, l'experte se dirigea enfin vers les vestiaires des hommes, sous le regard satisfait de Kaile, qui prit discrètement son portable.
Kaile : Jessie. L'étape Deux est faite. A toi de jouer pour l'étape Trois…
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Jessie, bien cachée, vit Stella entrer à son tour dans les vestiaires et la suivit avec la rapidité d'un chat, se planquant rapidement derrière un casier. Elle la vit ensuite se déshabiller, prendre une serviette pour se couvrir le corps et des produits de bain et entrer enfin dans la salle des douches communes. La jeune détective avança un peu pour voir où Stella s'installait. La scientifique choisit la cabine voisine à celle actuellement utilisée, ravissant Jessie. La chance !
Avec la discrétion d'un sioux, Jessie entra dans la salle d'eau et subtilisa toutes les serviettes qu'elle trouva sans se faire voir par les deux occupants actuels pour les poser ensuite sur le banc des vestiaires. Puis elle se plaça une nouvelle fois derrière un casier et posa un petit radiocassette à ses pieds. Maintenant, elle n'avait plus qu'à attendre un peu…
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Stella se frictionnait vigoureusement les cheveux, espérant faire partir toute trace de sirop d'érable de sa longue chevelure bouclée, et entendit des grommellements provenant de la cabine voisine. Si Jessie avait de la peinture sur les cheveux, elle devait avoir autant de mal qu'elle avec le sirop d'érable pour les nettoyer…
Stella (avec sollicitude) Vous voulez mon shampoing ? Il est très efficace contre les substances…heu…inattendues.
Les grommellements cessèrent immédiatement et furent suivis d'un long silence… gêné ! Stella fronça les sourcils, inquiète, et finit par passer la tête dans la cabine voisine pour vérifier que tout allait bien. Qu'elle ne fut sa surprise de voir qui était avec elle, dans le plus simple appareil…
Stella (surprise) Flack !
Don (les mains dans ses cheveux mi-noirs, mi-blancs, le visage rougissant et un sourire très embarrassé aux lèvres) Salut, Stella…
Stella retourna dans sa cabine, rouge de confusion, se demandant pourquoi Flack était là…
Stella : Mais…Mais qu'est-ce que vous faites ici ?
Don (restant concentré, continuant à se laver les cheveux) Heu…Nous sommes chez les hommes, vous savez…
Et merde ! Et merde ! Et merde ! Stella était là, juste à côté, aussi nue que lui et il ne savait plus trop quoi faire. Mais le sarcasme, c'était une très bonne idée, vraiment ! Elle devait être embarrassée…Alors que lui se l'imaginait déjà sans rien sur elle, juste de la mousse…Il se détestait de ne penser qu'à ça !
Stella : Merci, je suis au courant. Mais on m'a dit que Jessie était là…
Qu'est-ce que c'était que cette excuse bidon ? Ce n'est pas parce qu'une autre femme était là que ça justifiait sa présence ici. Et l'idée d'avoir le jeune homme sans rien sur lui juste à côté lui donnait chaud. Après la séance particulière thérapeutique de la veille, elle avait droit à ça maintenant…Maudite ou chanceuse ?
Don (surpris) Jessie ? Mais elle est à Time Square, sur une affaire de meurtre.
Stella (stupéfaite) Quoi ? Mais qu'est-ce que Kaile m'a racontée ?
Don (intrigué) Kaile ?
Stella : Oui. Elle m'a dit que Jessie s'était pris un pot de peinture…
Don : Heu…C'est à peu près ça…Sauf que c'est moi qui l'ai reçu, ce pot…
Puis un silence embarrassé s'installa de nouveau. Les deux policiers avaient la tête remplie d'images plus ou moins déconseillées aux moins de dix-huit ans, s'imaginant le corps de l'autre. Mais, en même temps, Don fulminait intérieurement : c'était quoi encore cette embrouille ? Et soudain, un éclair de génie lui traversa l'esprit. Ça ne pouvait être qu'elle…
Don (grommelant entre ses dents) Jessie…Je vais te descendre…
Stella (le faisant sursauter) Heu…Flack ? Vous avez réussi à enlever la peinture ?
Don (sortant de ses pensées) Hein ? Heu…Pas tout à fait…
Le détective avait réussi à enlever toute la peinture qui se trouvait sur son corps mais pour ses cheveux, c'était une autre affaire…
Stella (tendant son bras vers la cabine de Don, son shampoing à la main) Prenez ça. Vous n'aurez plus une seule goutte de peinture comme ça…
Don (le prenant, frôlant ses doigts, ce qui les fit frissonner tous les deux) Merci… Mais dites-moi Stella, pourquoi êtes-vous là ?
Stella : Kaile m'a accidentellement renversée son café et du sirop d'érable dessus et elle m'a informée que les douches des femmes étaient hors service.
La scientifique entendit soudain Flack jurer comme jamais.
Stella (inquiète) Flack, ça va ?
Don (respirant à fond pour se calmer) Oui, oui…
Nom de…Jessie et Kaile ! Les deux femmes étaient de mèche ! Toute cette situation ne pouvait être le résultat de coïncidences…Mais à quoi jouaient-elles, toutes les deux ?
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Kaile, qui avait rejoint Jessie dans le vestiaire, et cette dernière, étaient mortes de rire en écoutant la conversation de leurs deux collègues, imaginant leurs têtes mais sachant pourtant qu'après ça, ça allait chauffer pour leur matricule…Mais c'était pour une bonne cause !
Jessie (avec un sourire machiavélique, se frottant les mains) Et maintenant, l'étape Quatre. J'en connais deux qui vont avoir des rêves plus croustillants et criants de réalisme après ça…
Kaile se mit à rire tandis que Jessie appuya enfin sur le bouton 'lecture' de son radiocassette…
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L'alarme incendie se fit soudain entendre, faisant sursauter Don et Stella. Qu'est-ce qui se passait encore ?
Stella : Une alerte ?
Don (avec une moue dubitative) Je me le demande…
Stella (interrogatrice) Vous avez un dou…
La jeune femme fut interrompue par la voix du capitaine Clancy qui semblait sortir des haut-parleurs.
Clancy : Alerte ! On nous signale un incendie dans le central ! Tout le personnel est prié de sortir le plus vite possible. Evitez la panique !
Bon. Jessie n'avait pas pu mettre le capitaine dans le coup…C'était une véritable alerte. Décidément, c'était pas son jour…Don chercha alors sa serviette. Mais…
Don (stupéfait) Que… (sortant la tête de sa cabine pour vérifier)Ma serviette ?
Stella (intriguée) Flack ?
Don (embarrassé) Stella…Vous auriez pas une serviette en surplus à me prêter ?
Stella (vérifiant) Si, en principe. Attendez… (soudain paniquée) Je n'en ai plus !
Don : Quoi !
Et maintenant, qu'est-ce qu'ils allaient faire ? Et l'alarme qui continuait à retentir, parfois ponctuée par la voix de Clancy…
Don (prenant une profonde inspiration) Bon, Stella, on n'a plus trop le choix. Il faut qu'on sorte. Aux vestiaires, on aura de quoi s'habiller. Mais pour le moment…
Jessie pouvait déjà creuser sa tombe et acheter la pierre tombale et les couronnes de fleurs qui allaient avec ! Piquer les serviettes ! On n'avait pas idée de faire ce genre de plaisanteries idiotes !
Flack finit par sortir de sa cabine de douche, regardant droit devant lui, avança un peu pour arriver devant celle de Stella, à laquelle il tendit la main tout en détournant la tête. Adieu sa décence à lui…
Don : Je ne vous regarde pas, Stella. Promis…
Stella (rougissant violemment) Heu…
Avoir ainsi Flack devant elle, complètement nu, avait quelque peu court-circuité le cerveau de la scientifique, qui ne put empêcher son regard émeraude de se balader sur le corps musclé et humide du jeune homme : le cou puissant, les épaules solides, où perlaient doucement et lentement des gouttes d'eau, les bras musclés, les mains fortes, les pectoraux fermes, parsemés eux aussi de longs filets d'eau, les abdominaux bien dessinés, tout aussi trempés, les fesses fermes à croquer et les jambes bien sculptées. Un désir, voire un fantasme vivant ! Stella allait avoir des problèmes lors de leurs futures enquêtes après cette vision…de rêve. Elle savait qu'elle allait le déshabiller du regard sans y prendre garde ou en rêvasser durant la journée et en rêver la nuit ! Comme si le jeune détective ne peuplait pas assez ses pensées et ses rêves…
Sans vraiment y penser, Stella finit par prendre la main de Flack, appréciant le contact très agréable de sa poigne très douce sur sa main, et le suivit, finissant enfin par poser son regard sur son visage…qui était très beau, ça elle le savait déjà. Mais là… Ses beaux cheveux noirs de jais trempés, le faisant ressembler à un de ses mannequins qui représentait une marque de parfum, ses sourcils noirs bien dessinés et très expressifs, ses magnifiques yeux bleus dans lesquels elle se noyait, son joli nez, ses lèvres fermes et qu'elle savait tendres après le léger baiser qu'il lui avait déposé sur la joue après l'affaire sur Frankie…Et son visage était très expressif. Le jeune homme cachait rarement ses émotions, surtout avec elle, depuis son agression…Stella avait trouvé ça adorable…
Flack fixait son regard bleu droit devant lui, s'exhortant sans cesse mentalement « Ne pas regarder Stella. Ne pas regarder Stella. Ne pas regarder Stella… ». Et dès qu'ils seraient sortis de là, le jeune détective en connaissait une qui allait voir du pays…
Soudain, Stella trébucha et entraîna Don dans sa chute. Les deux policiers se retrouvèrent alors sur le sol carrelé des douches, l'experte sur le détective, et tous deux rougirent violemment.
Stella (se relevant, suivie rapidement par Don) Dé…Désolée…
Don (troublé) Je…Pas grave. Dépêchons-nous !
Après ça, il aurait besoin d'une douche froide. Heureusement, Stella n'avait pas vu son état…actuel. Elle l'aurait pris pour le dernier des obsédés. Mais putain, qu'est-ce qu'elle était belle ! Et sa peau avait été si douce contre la sienne ! Concentration, concentration, concentration ! D'abord, sortir du bâtiment, un peu plus habillé, et ensuite rêver…
Stella était aussi troublée que Flack. Elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'elle réagisse comme ça à son contact. Elle brûlait littéralement de l'intérieur et avait chaud à chaque parcelle de peau qui avait touchée celle du jeune détective. La peau de ce dernier était si chaude, si douce aussi et cela l'avait surprise…Finissant par secouer la tête pour se remettre les idées en place, elle finit par se concentrer sur ce qu'ils devaient faire en tout premier lieu : sortir du commissariat.
Les deux policiers atteignirent enfin les vestiaires et trouvèrent des serviettes pour se couvrir quand ils se rendirent compte que l'alarme ne sonnait plus.
Stella (intriguée) Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
Don : Une blague…Et je sais qui en est l'auteur…
Le jeune homme aperçut alors Jessie qui passait innocemment devant les vestiaires.
Don (grommelant) A nous deux…
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Jessie avait retiré toute trace de son petit stratagème : le radiocassette avec la bande sur laquelle Adam avait travaillée pour lui rendre service, mettant ainsi l'exacte réplique du son de l'alarme incendie et de la voix de Clancy, et elle, marchant comme si de rien n'était. Elle savait déjà comment réagirait Flack…
Vraiment très contrarié, Don se précipita vers elle et lui saisit le bras pour la tourner vers lui, tandis que Stella observait de loin.
Don (fulminant) Ça t'amuse, ce genre de vannes ?
Jessie (la stupéfaction incarnée) Comment tu sais ?
Don (grimaçant) C'est assez évident…
Jessie : T'arrives à deviner quand un crime signalé au téléphone est un canular avant même de mettre les pieds sur le lieu de ce soi-disant crime ?
Don (ne saisissant pas) Hein ?
Jessie (fronçant les sourcils) Le meurtre sur Time Square…C'était du flan. Certainement un gosse…
Jessie s'éclatait intérieurement, pensant qu'elle méritait une pluie d'Oscars pour son actuelle interprétation. Et puis voir l'expression superbement stupéfaite de Flack valait son pesant de cacahuètes !
Jessie (prenant l'air intrigué) Quoi ?
Don (ne sachant plus que penser) Heu…Non, rien…
Sur ce coup-là, Flack était incroyablement perplexe. Si ce n'était pas Jessie qui les avait piégés, lui et Stella, qui était-ce alors ? Attends une seconde…
Don (entre ses dents) Kaile…
Grimaçant discrètement, Jessie était désolée pour sa collègue et amie, qui avait décidé de prendre la responsabilité de la Phase Trois, la faisant passer pour une farce. Mais Kaile risquait moins qu'elle…
Observant un moment les deux policiers vêtus de simples serviettes, Jessie vit que son plan avait parfaitement fonctionné : leur trouble l'un envers l'autre était des plus visibles. Elle en connaissait deux qui allaient avoir des rêves intéressants…Mais maintenant, elle devait penser à la Phase Quatre de l'opération Cupidon…
