45-Phase Six : le coup de la panne
Quelques heures plus tôt.
Jessie marchait avec rapidité dans le laboratoire, un plan de New York et un tuyau à la main, et semblait chercher quelque chose du regard…ou plutôt quelqu'un. Son visage s'illumina quand elle trouva l'objet de ses désirs.
Jessie (hurlant, comme à son habitude) Danny !
Danny (avec un sourire las, levant les yeux) Salut Jessie ! Toujours aussi bruyante quand tu m'appelles…
Jessie : Au moins, tu sais qui c'est… (plus sérieuse) Dis-moi, t'es bien un New Yorkais pure souche ?
Danny (fronçant les sourcils, intrigué) Heu…Oui. Pourquoi ?
Jessie (posant le plan et le tuyau sur la paillasse où travaillait Danny) Et bien, je…
Danny (l'interrompant, fixant ce qu'elle venait de poser) C'est pourquoi faire, ce tuyau ?
Jessie (neutre) Siphonner un réservoir. Bon, et si on en…
Danny (interloqué, la coupant une nouvelle fois) Hein ?
Jessie (dépliant son plan) Bon, on en revient à mon renseignement ?
Danny (haussant un sourcil) Heu…Oui, oui. Que veux-tu savoir ?
Jessie : Et bien voilà…
Le jeune expert écouta alors la détective, ne quittant pas l'intriguant petit tuyau des yeux. Que voulait dire Jessie par siphonner un réservoir ?
oOo
Flack s'apprêtait à quitter son bureau pour rentrer enfin chez lui quand il aperçut Jessie courir dans sa direction, un air navré et embarrassé sur le visage. Aïe ! Il était pas couché…
Jessie : Hé ! Donnie Boy ! Attends !
Don : Qu'y a-t'il ?
Jessie : On a une nouvelle affaire.
Don (soupirant, las) C'est pas vrai…
Jessie : Désolée…Est-ce que tu peux y aller seul ? J'ai un rencard…
Don (avec une moue exaspérée) Je travaillais déjà tout seul avant que tu n'entres dans ma vie…Apocalypse…
Jessie (grimaçant) P'tit comique…Alors ?
Don : Pour une fois que tu as un rencard…
Jessie (lui frappant l'épaule de son poing) Hé ! Méchant ! (finissant par partir) Tiens, voilà l'adresse d'la scène de crime. Il doit y avoir un des CSI qui t'attends dehors…Dépêche-toi avant qu'il s'transforme en glaçon.
Don : Laisse-moi le temps de m'habiller. Sinon, il y aura deux glaçons…
Jessie : Surtout qu'ça caille vachement. (courant vers la sortie) Allez, à demain, Donnie Boy !
Don (la saluant de la main) A demain, Jessie.
Regardant Jessie partir rapidement du central, le jeune détective prit son manteau et son écharpe puis se dirigea à son tour vers la sortie pour rejoindre sa voiture et fut surpris de voir avec qui il allait travailler.
Don : Stella ?
Stella : Bonsoir Flack.
Don : Je pensais trouver Mac à cette heure…
Stella (souriant, un peu rêveuse) Il sort avec Natalie, ce soir.
Don : Alors, c'est vous qui assurez le service…
Stella (avec humour, faussement dramatique) Et oui ! Il n'y a pas d'heure pour les braves…
Don (souriant) A qui le dites-vous ?
Stella : Où s'est produit le meurtre ?
Don (regardant la petite feuille que lui avait donné Jessie) Au Nord des limites de la ville, dans un coin paumé…
Stella : Super. On va se geler…
« Je pourrais vous réchauffer » pensa Flack. Puis le détective évacua rapidement cette pensée de sa tête. Maintenant, il n'arrêtait plus de faire ce genre de commentaires ! Un véritable obsédé ! Et un amoureux transi aussi…Pitoyable !
Don (inspirant profondément, ouvrant la portière à Stella) Allons-y rapidement et on retrouvera vite nos lits chauds et douillets.
« Bien que je verrai ça autrement… » continua les pensées du jeune homme. Il tressaillit d'ailleurs à ses dernières. Mais c'était pas vrai ! Qu'il se calme avec les fantasmes !
Stella (entrant dans la voiture, lui souriant) Excellente idée.
Le détective resta encore quelques instants dans le froid hivernal, histoire de calmer ses pensées déplacées et ses hypothétiques pulsions, puis finit par s'installer au volant de sa voiture et démarra, partant dans la direction de leur nouvelle affaire. Et peu après, une moto démarra et suivit le véhicule, tous feux éteints…
oOo
Flack et Stella approchaient du lieu de la scène de crime mais se demandaient pourquoi ils ne voyaient aucune lueur de gyrophares à l'horizon. Bizarre, des agents devraient déjà être sur place, pourtant…
Soudain, la voiture du détective eut quelques soubresauts et se mit à crachoter avant de ralentir pour ensuite s'arrêter…au milieu de nulle part : pas de lampadaire, pas de téléphone public, pas de maison…Juste un bois très sombre…Génial…
Stella (inquiète) Que se passe-t'il ?
Don : J'en sais rien. (vérifiant ses compteurs, totalement interloqué) Plus d'essence ? Comment ça, plus d'essence ? J'ai fait le plein ce matin !
Stella (fronçant les sourcils) Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire ?
Les deux policiers se regardèrent alors et eurent plusieurs hypothèses, allant de la plus probable à la plus farfelue, mais ils avaient quelques idées en tête. Ils en connaissaient quelques uns qui allaient avoir des problèmes à leur retour au central…
Flack finit par prendre son portable et le fixa avec stupéfaction.
Stella (inquiète et intriguée) Quoi ?
Don (grimaçant) Heu…Houston, nous avons un problème…
oOo
Jessie observait la scène de loin avec ses jumelles infrarouges (cadeau d'un ancien petit ami) en souriant de satisfaction. Parfait ! Tout se déroulait comme prévu…Elle avait parfaitement calculé la quantité d'essence dont ils avaient besoin pour ce petit trajet vers une scène de crime imaginaire au milieu des bois. Merci Danny ! D'ailleurs, la jeune femme avait encore le goût désagréable de l'essence sans plomb de la voiture de Flack dans la bouche. Erk ! Ce qu'il ne fallait pas faire quand même…
La jeune détective aperçut alors Don prendre son portable et elle se mit à ricaner.
Jessie (tirant la langue, amusée) Et ouais ! Ça aussi, j'y ai pensé, Donnie Boy…
La jeune femme sortit alors quelque chose de la poche de son épais blouson de motard et le regarda. C'était deux batteries de téléphones portables…
Jessie reprit son observation, se jurant de manger un plat entier de céleris si ce plan ne marchait pas. Mais elle ne voyait vraiment pas ce qui pourrait les bloquer cette fois…Tous les éléments romantiques étaient présents : la nuit étoilée, la Lune, le petit bois (certes un peu sinistre) , c'est vrai, le climat hivernal, idéal pour se réchauffer de la plus agréable manière qui soit, et l'être de leurs rêves dans une voiture en panne. Jessie ne voyait qu'une issue dans une telle situation : une déclaration d'amour enflammée et les baisers ardents qui allaient avec… Enfin, logiquement…Parce qu'avec ces deux-là, elle pouvait s'attendre à tout…
oOo
Stella (vraiment mécontente) Quoi ?
Don (sur la défensive face à la mauvaise humeur de l'experte) Je ne comprends pas…Mon portable n'a plus de batterie…Et vous ?
Stella (grommelant en sortant le sien de sa poche et râlant, ne parvenant pas à l'allumer) Idem… Quelqu'un a encore décidé de nous rendre dingues, c'est pas possible !
Don (soupirant, s'appuyant sur son volant) Sans doute…Mais pourquoi nous ?
Stella (restant silencieuse quelques instants) Je n'en sais rien…
Le silence s'installa et les deux policiers ne purent s'empêcher de vérifier dehors, voir s'il n'y avait pas un espoir quelconque pour sortir de là…
Flack soupira. Ce coin était quasiment désert le jour, alors la nuit…Ils n'étaient pas encore sortis de l'auberge…
Le détective remarqua soudain que Stella frissonnait de froid et resserrer ses bras sur son corps svelte, se les frottant un peu pour se réchauffer. Don retira immédiatement son épais manteau et le plaça doucement sur Stella, qui le fixa, gênée, mais avec un immense sourire de gratitude.
Stella : Flack, vous…
Don : Tout va bien, Stella. Je vais essayer de voir s'il n'y a pas une borne téléphonique dans le coin. Restez bien au chaud pour le moment…
Stella (voulant le retenir) Flack…
Le jeune homme sortit et tressaillit sous la vive morsure du vent hivernal. Nom de Dieu ! Il devait faire au moins – 10 ! Alors, juste avec son costume… Mais Flack se tourna pour voir si Stella était restée dans la voiture et avança, sentant la neige tomber. Génial, il ne manquait plus que ça ! Mais il devait trouver quelque chose…La batterie ne tiendrait pas toute la nuit…
Flack chercha et tourna pendant une demi-heure puis revint dans la voiture, bredouille mais complètement frigorifié.
Don (claquant des dents) Dé…Désolé. Ri…Rien trouvé…
Alors qu'il parlait et que son grand corps tremblait de froid, Stella lui frotta vigoureusement les bras pour le réchauffer et lui rendit son manteau, le posant comme si c'était une couverture, puis se mit à réfléchir. Qu'allaient-ils devenir maintenant ? Que devaient-ils faire ?
Flack réfléchissait lui aussi, malgré ses neurones qu'il sentait congelés, et eut une idée. Mais il n'était vraiment pas sûr que ça plaise à Stella…
Don (s'emmitouflant dans son manteau) Ecoutez, Stella : on va se mettre sur la banquette arrière et dormir, ok ? On aura peut-être plus de chances de trouver quelque chose pour nous extirper de cette situation demain matin…
Stella (soupirant) D'accord…Nous n'avons pas vraiment le choix…
Les deux policiers sortirent rapidement de la voiture pour s'installer immédiatement après sur la banquette arrière, évitant de trop rester dans le froid plus que glacial et époussetant la neige qu'ils avaient sur leurs cheveux et leurs vêtements. Stella frissonna une nouvelle fois et se maudissait de n'avoir pas pris un manteau plus épais. « Il faut dire que tu n'avais pas vraiment prévu de passer la nuit dehors… » pensa-t'elle. Quand Flack vit l'experte frissonner de nouveau, il lui offrit encore son lourd manteau comme couverture.
Stella (refusant poliment) Flack…Vous aussi vous avez froid…
Don (avec un sourire comique) Je suis un grand garçon solide, Stella. Un petit rhume ne me tuera pas…
Stella (sévèrement) Flack ! Ne prenez pas cela à la légère.
Don (levant les yeux, ayant l'impression d'être sermonné par sa mère) Stella…
La scientifique observa le jeune homme rapidement puis posa son regard sur l'espace disponible autour d'eux puis reporta son attention sur le détective.
Stella (se calant contre la portière, désignant le siège) Couchez-vous.
Don (haussant les sourcils à l'unisson, interloqué) Pardon ?
Stella : Couchez-vous sur le siège. (le voyant prêt à ouvrir la bouche) Et ne discutez pas !
Flack, intrigué, finit par s'exécuter puis eut la stupéfaction de voir et de sentir Stella se coucher sur lui, rougissant tout en les recouvrant du long manteau du détective.
Don (rougissant et balbutiant) Heu…Stella…Ce…Ce n'est peut-être pas une bonne…
Stella (plantant son regard émeraude dans le sien) Vous avez chaud ?
« Vous n'avez pas idée » pensa Flack, sentant son cœur s'affoler avec frénésie et sa respiration s'accélérer. Il avait tellement rêvé de ce genre de moment…
Don (déglutissant avec difficulté) Oui…
Stella (se préparant à s'installer plus confortablement) Bien. Maintenant, dormez.
« Plus facile à dire qu'à faire quand on a la femme dont on est éperdument amoureux dans les bras. » pensa désespérément Flack. Et étant donné que son corps faisait un peu ce qu'il voulait, le jeune détective pria pour qu'il se tienne tranquille durant la nuit…
Stella s'installa confortablement sur le jeune homme, posant sa tête sur son épaule solide et agrippant sa veste de sa main fine, comme si elle craignait de tomber, puis elle ferma doucement ses yeux émeraude.
Stella (d'une voix ensommeillée) Bonne nuit, Don…
Flack tiqua sur l'utilisation de son prénom par la jeune femme et posa son beau regard bleu sur elle, étonné et surpris. Il aperçut alors une expression de paix et de totale confiance se dessiner sur le visage de Stella ainsi qu'un doux sourire ravi et entendit que sa respiration était devenue régulière. Elle dormait déjà…
Don les recouvrit un peu mieux tous les deux et entoura Stella de ses bras pour qu'elle n'ait pas froid…tout en profitant de sa présence contre lui. Avec une extrême douceur, Don déposa un tendre baiser sur son front et l'entendit soupirer de contentement, le faisant sourire amoureusement. Cet instant resterait à jamais gravé dans sa mémoire…
Don (caressant les doux cheveux bouclés de l'experte) Bonne nuit…ma jolie Stella…
Après avoir resserré son étreinte sur la jeune femme, le détective s'endormit à son tour, posant sa joue sur le front de Stella…
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Jessie grogna et jura, inventant des noms d'oiseaux encore plus grossiers les uns que les autres. Mais c'était pas possible !
Jessie (râlant) Mais c'est quoi, ces deux-là ! Y en a marre ! (encore plus déterminée, presque effrayante) Tant pis pour toi, tu m'laisses plus l'choix, Donnie Boy…
La jeune femme rangea ses jumelles, remit son casque et démarra sa moto pour retourner chez elle, où un plat de céleris l'attendait dans son frigo. Mais pour Jessie, c'était clair et net : la Phase Sept serait la dernière !
