63-Waterworld
Flack reprit conscience en sentant de l'eau glacée tomber goutte à goutte sur son visage. Mais qu'est-ce que… ? Le détective se releva doucement, secouant la tête pour reprendre ses esprits, et finit par entendre un bruit métallique discordant. Se retournant pour trouver la source de ce bruit des plus désagréables, il vit Stella assommée, appuyée sur l'un des lave-linge de la minuscule buanderie, et se précipita vers elle, tout en regardant autour de lui. Qu'est-ce qui faisait ce bruit ? Il vit alors le tuyau qui amenait l'eau à l'immeuble vibrer et remarqua que de multiples petits trous et autres fissures parcouraient le conduit métallique, fuyant de partout. Génial…S'il ne se dépêchait pas un peu, ils allaient avoir droit à une bonne douche d'eau glacée. Le tuyau était sous pression, prêt à céder…
Flack souleva Stella dans ses bras et se dirigea vers la porte, enjambant les étagères qui étaient tombées sous le choc de l'explosion. Il se devait d'oublier sa peur. Stella avait besoin de lui. Il devait donc se surpasser pour la protéger…Et sa volonté était plus forte que tout, surtout quand il s'agissait de la jeune femme. Ils étaient enfin réunis, il ne voulait pas la perdre aussi vite !
Arrivant enfin devant la porte qui s'était manifestement fermée à cause du souffle, le jeune détective tourna la poignée pour l'ouvrir…Mais sans y réussir…
Don : Et merde !
Surveillant toujours le tuyau, Don, après avoir déposée Stella au sol, prit son élan et tenta d'enfoncer la porte. A la troisième tentative infructueuse, son épaule commençait sérieusement à lui faire mal. Jurant, il balança un coup de pied sur cette maudite porte et retourna auprès de Stella, tout en réfléchissant à une solution pour sortir d'ici. Ils devaient sortir ! Et avant que le conduit ne finisse par céder…
Vérifiant que l'experte n'avait aucune blessure grave, le détective la secoua gentiment pour la réveiller, caressant sa joue avec tendresse.
Don : Stella ? Stella, réveille-toi, s'il te plaît. On a un grave problème, là…
La scientifique finit par ouvrir doucement ses yeux émeraude et fixa Don, vraiment très inquiet, intriguée.
Stella (posant sa main sur sa tête) Don ? Mais que…La bombe a sauté ?
Don (continuant à lui caresser la joue dans un geste rassurant) Oui. Mais ça va, nous n'avons rien. Mais…
Stella (l'interrompant, inquiète) Et toi ? Tu…
Don (souriant) T'inquiètes pas. Pour le moment, je pense à notre situation actuelle. Il…
Avec un grand fracas métallique, le tuyau céda et l'eau se déversa avec une certaine rapidité dans la buanderie. Flack réagit immédiatement en reprenant Stella dans ses bras pour l'installer sur l'un des objets le plus haut de la buanderie, c'est-à-dire une machine à laver, avant de remarquer que l'eau ne s'évacuait nulle part. Elle inondait doucement mais sûrement cette saleté de buanderie et eux, ils étaient bloqués à l'intérieur !
L'eau était glaciale, Don le sentait bien à travers ses chaussures…Alors, sans réfléchir réellement, il retira son lourd manteau d'hiver et en habilla Stella. Elle ne devait pas avoir froid…
Stella (protestant) Don, non ! Tu…
Don (sur un ton sans appel) Ne dis rien. Je vais voir s'il n'y a pas un autre moyen de sortir d'ici…
Et sans lui laisser le temps de répondre, il commença à parcourir de long en large la petite pièce, de plus en plus submergée par l'eau. Don claquait des dents mais il se retint comme il put pour ne pas inquiéter Stella. La connaissant, elle essaierait de le rejoindre… Le jeune détective vit alors la trappe du système d'aération et grimpa sur une machine, qu'il avait déplacée au préalable, pour vérifier s'ils pouvaient y passer. Flack retira la grille, prit sa torche et entra la tête dans le conduit.
Don (à voix basse) Et merde ! Trop haut…
En effet, le tuyau se prolongeait sur au moins cinq bons mètres et Flack put remarquer qu'il y avait un coude qui semblait plutôt étroit. Ils ne pourraient pas passer par-là, même aidés par l'eau…Vraiment, leur situation empirait…
Don remit pieds à terre, ou plutôt les pieds dans l'eau : il en avait jusqu'à mi-mollet maintenant…Rejoignant rapidement Stella, le détective retira sa veste et ajouta cette nouvelle couche sur les épaules de la scientifique, ignorant le regard de reproche et de tristesse que lui lançait la jeune femme. Il ne voulait pas qu'elle meure…
Flack rejoignit ensuite Stella sur sa machine et la serra contre lui, donnant ainsi un maximum de chaleur à leurs deux corps.
Don : Ne t'inquiètes pas, Stella. On va nous retrouver à temps. Jessie sait où nous nous trouvons…
« Du moins, je l'espère… » pensa Flack, resserrant son étreinte sur le corps svelte de Stella et embrassant sa tempe avec douceur. Mais c'était à lui de surmonter cette épreuve. Il devait se montrer fort, oublier toutes ses peurs : les bombes, sa claustrophobie…Stella avait besoin de lui plus que tout à ce moment précis…
oOo
Stella regardait l'eau monter lentement, comme hypnotisée. Bientôt, elle arriverait à leur niveau et les deux policiers ne pourront pas éviter le bain forcé dans cette eau frigorifiée…
Impulsivement, Stella se blottit encore plus contre Don, apercevant de la petite buée sortir de sa bouche. C'est vrai qu'il n'avait rien sur lui, excepté sa chemise. Il lui avait donné sa veste et son manteau pour qu'elle tienne le plus longtemps possible, sans même penser à lui. Pourquoi voulait-il se sacrifier ?
Stella : Don, tu devrais reprendre tes…
Don : Non. N'insiste pas, Stella. Je suis résistant, ça ira… (souriant) Même une bombe n'a pas eu raison de moi alors ne t'inquiète pas.
Stella lui sourit alors pauvrement devant cette plaisanterie. Le détective avait dépassé son traumatisme sur les bombes, semblait-il, et il s'en servait pour la rassurer. C'était si gentil…
L'experte se pelotonna encore un peu plus contre Flack, espérant transmettre ainsi au jeune détective frissonnant le plus de chaleur possible. Il avait beau faire le malin, il était certainement gelé…
Don (comprenant l'intention) Merci.
Stella (pour faire disparaître cette tension angoissante) Je connais un autre moyen pour nous réchauffer mais je ne suis pas sure que nos secouristes apprécieront…
Don (riant) En effet…Mais, on se réchauffera de cette façon très…heu…agréable quand on sera sorti de là, d'accord ?
Stella : D'accord.
Stella, observant toujours l'eau, décida de s'accrocher à cette promesse comme à une bouée de sauvetage : Flack tenait toujours ses promesses. Il tiendrait donc celle-ci…
Don s'en voulait d'avoir menti à Stella. Leur situation était des plus mauvaises, il n'avait trouvé aucun moyen pour s'en sortir et il n'avait aucune nouvelle de qui que ce soit. Mais il voulait que l'experte garde espoir. Après tout, les miracles semblaient exister, il en était la preuve vivante…Mais, pourtant, il sentait le désespoir l'étreindre…
La scientifique sentit que Don était plongé dans des pensées sombres et se redressa un peu pour l'embrasser avec force, nouant ses bras autour de son cou.
Don (surpris) Stella ?
Stella (souriant, rassurante) Juste pour que tu es plus chaud…
Haussant un sourcil amusé, Flack reprit les lèvres de l'experte et la serra amoureusement contre lui, sentant en effet une certaine chaleur l'envahir. Mais l'eau glaciale finit par les atteindre, les obligeant à se lever sur la machine. Mais cette manoeuvre ne faisait que reculer vaguement l'échéance et les deux enquêteurs le savaient pertinemment. Mais Don avait pris une décision depuis longtemps : Stella devait survivre coûte que coûte. A lui de faire en sorte d'y arriver.
