70-Une tornade à l'hôpital

Cela faisait plusieurs heures que Mac attendait que Natalie se réveille. En effet, dès son arrivée aux urgences et à la description de ses symptômes, la jeune experte avait été immédiatement envoyée en chirurgie, laissant Mac sans aucune indication sur son état. Alors, il avait attendu, là, assis sur une chaise dans le couloir de cet hôpital aux murs blancs et froids, dans cette ambiance éthérée et sans chaleur. Un lieu de mort mais aussi de vie…

Quand on lui ramena enfin, le chirurgien qui s'était occupé d'elle, le docteur Calvin Horner, avait enfin donné des explications à Mac : lors de sa chute, un hématome important s'était formé tout près de la colonne vertébrale de Natalie, créant une forte pression sur la moelle épinière et empêchant ainsi toutes sensations et toute mobilité au niveau inférieur du corps. Les chirurgiens durent donc drainer cet hématome pour éviter toute complication, c'est-à-dire une paralysie définitive des jambes, mais le résultat restait toujours incertain…

C'était donc avec cette pensée inquiétante que Mac attendait de voir les jolis yeux vert ambré de Natalie s'ouvrir. L'expert serrait fermement sa main fine dans la sienne et caressait tendrement son front, l'embrassant régulièrement et priant.

Mac observa la jeune femme avec un regard doux. Natalie dormait paisiblement, un petit sourire d'ange flottant sur ses lèvres. Mais pourtant, elle lui semblait encore plus fragile, plus vulnérable qu'elle ne paraissait déjà…

Mac prit alors une décision. Une décision importante pour tous les deux…

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L'infirmière Susan Carlyle, une seringue à la main, se dirigeait vers sa patiente plutôt agitée, donc certainement en très excellente santé, et eut la surprise de trouver son lit vide.

Susan : Miss Marteens ? Rhaa, c'est pas vrai ! Où est-elle partie !

Maugréant, l'infirmière partit en direction de la section réanimation. D'après les dires de cette excitée, ses amis devraient s'y trouver…

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Natalie s'éveilla enfin de son sommeil artificiel. Elle avait vraiment l'impression que ses paupières avaient été lestées de plombs et que sa gorge était aussi sèche que le désert du Sahara. Puis elle reconnut l'odeur de désinfectant, parfum typique des hôpitaux…D'accord… Pourquoi y était-elle ? La jeune femme chercha quelques instants dans ses souvenirs puis se rappela de tout : la bombe, sa chute et Mac…Mac qui avait cru la perdre. Mac désespéré. Un Mac si triste qu'elle s'en voulait d'en avoir été la cause…Pourtant, elle sentait sa main serrer fortement la sienne et elle se mit à sourire. Il était là…

Natalie (d'une voix éraillée) Mac…

Mac (lui lâchant la main le temps de lui préparer un verre d'eau qu'il amena ensuite à ses lèvres, la soulevant un peu avec son bras placé derrière son dos) Tiens, bois, mon Cœur… Ça ira mieux…

Quand elle entendit le petit nom qu'il lui avait donné, Natalie finit par ouvrir ses yeux vert ambré, à la fois étonnée et ravie, et lui sourit, amusée…et amoureuse.

Natalie : Mon Cœur ?

Mac la regarda en rougissant. Il avait vraiment dit « mon Cœur » tout haut ?

Mac (partant dans la contemplation de la main de la jeune experte qu'il avait reprise) Heu…

Natalie (caressant sa joue) C'est la première fois qu'on me donne un petit nom affectueux… Merci…

Mac la fixa quelques instants, se délectant de la caresse de sa main sur sa joue, puis se mit à lui sourire tendrement avant d'embrasser délicatement la paume de sa main puis sa joue et enfin ses douces lèvres. Pourtant, le visage de Natalie devint grave, inquiétant l'expert.

Mac : Natalie ?

Natalie (osant à peine le regarder) Mac, si je ne marchais plus, tu…

Mac (lui saisissant doucement le visage, l'obligeant à le regarder droit dans les yeux) Ça ne changera rien entre nous, Natalie.

Natalie : Mais…

Mac (ses yeux verts plongés dans les siens) Mais rien, Natalie.

Et pour confirmer cette affirmation, Mac l'embrassa avec tout son amour et sentit des larmes couler le long de ses doigts, le faisant s'écarter des lèvres de la jeune femme.

Mac (essuyant ses larmes avec douceur, en souriant) Ne pleure pas…

Natalie (hoquetant) Je…Je suis dé…désolée. C'est plus fort que moi…Si tu savais à quel point tu me rends heureuse, à quel point je t'aime ! Et moi, je…

Mac : Tu fais de même pour moi…D'ailleurs, je voulais te dire…

Jessie (surgissant telle une tornade, l'interrompant accidentellement) Nat' !

L'expert grommela contre cette entrée tonitruante et finit par porter son attention sur Jessie en soupirant. Il fronça immédiatement les sourcils, surpris, en la voyant vêtue seulement d'une chemise d'hôpital et de ces espèces de pantoufles en tissu bleu. Mais qu'est-ce que… ?

Natalie (levant les yeux en grimaçant) Jessie…Ne me dis pas que tu t'es en…

Jessie (la coupant) Comment vas-tu ?

Mac : Nous attendons le médecin pour le moment…

Mac finit d'ailleurs par s'asseoir sur le lit de sa petite amie, se rapprochant ainsi d'elle et pouvant enfin entourer ses épaules de son bras, sous l'œil ravi de Jessie. Ils avaient l'air bien accroché tous les deux…

Le docteur Horner finit par arriver et Mac eut la surprise de voir Jessie se cacher derrière un paravent. A quoi jouait-elle encore ?

Grimaçant, la jeune détective pria pour que le chirurgien ne la remarque pas sinon il allait la faire revenir fissa dans son lit alors qu'elle allait très bien ! Elle voulait juste voir ses amis et sa sœur. C'était eux les blessés, pas elle. Elle pétait la forme…

Levant les yeux devant l'attitude de sa jumelle, Natalie l'ignora pour porter toute son attention sur le médecin, porteur de nouvelles sur sa santé.

Natalie (inquiète) Bonsoir, docteur…Alors ?

Mac sentit la jeune femme se serrer un peu plus contre lui, craignant certainement de mauvaises nouvelles sur son état de santé, et il resserra donc son étreinte sur ses épaules, rassurant.

Horner (souriant) Tout va bien, Miss Marteens. Enfin, vous allez vous remettre…Vous avez deux côtes cassées et un poignet foulé mais un peu, même beaucoup de repos arrangera tout ça. Donc pas de folies pendant deux mois.

« Comme si c'était du genre de Natalie » pensa Jessie, amusée. Vraiment, ce médecin ne la connaissait pas…D'ailleurs, la détective crut déceler une lueur amusée dans les yeux verts de Mac. Pensait-il la même chose ?

Natalie : Et…Et pour mes jambes ?

Horner : Nous avons drainé le sang, retirant ainsi toute pression sur votre colonne vertébrale. Vous devrez quand même vous déplacer en fauteuil roulant pendant quelques jours, le temps que votre dos se remette du choc. Mais vous remarcherez.

Natalie poussa un soupir de soulagement, tout comme Jessie.

Horner : Voudriez-vous que l'on vous assigne une aide à domicile durant cette période ?

Mac : Non, c'est inutile…Je vais m'occuper d'elle.

Jessie haussa un sourcil et s'imagina déjà entrain de partager son appartement avec sa sœur et Mac. Misère, elle allait devoir bien se tenir constamment avec l'expert dans les parages…

Quant à Natalie, elle se tourna vers lui en souriant, surprise et ravie, et posa doucement sa tête sur son épaule, entourant son cou de son bras. Depuis le début, depuis leur première rencontre, c'était sa gentillesse qui avait touché Natalie en plein cœur. Mac avait toujours été doux et patient avec elle. Et ça faisait si longtemps qu'elle croyait que ce genre de personnes n'existait plus…

Une infirmière un peu rondelette débarqua soudain dans la chambre, semblant passablement agacée, et grommela divers jurons. Jessie se fit alors toute petite derrière son paravent. Oups ! Le dragon était là…

Horner (surpris) Susan ?

Susan (apercevant Natalie et la fixant d'un regard sévère, les poings sur les hanches) Miss Marteens ! A quoi jouez-vous ? Vous croyez vraiment que ça m'amuse de vous courir après !

Mac : Heu…Je pense que vous faites erreur…

Susan (le regardant toujours avec son air renfrogné) Comment ça ?

Natalie : Je m'appelle Natalie Marteens et actuellement, je suis dans l'impossibilité de me déplacer. Vous devez sans aucun doute me confondre avec ma jumelle…

Susan : Votre jumelle s'appelle Jessica Marteens ?

Natalie : Oui.

L'infirmière regarda le docteur Horner pour confirmation puis s'inclina, contrite.

Susan : Je suis désolée, Mademoiselle. Mais votre sœur est… (apercevant des pieds sous le paravent) Miss Marteens !

Fulminant, Susan s'approcha de la cachette de fortune de Jessie et la traîna par l'oreille hors de la chambre comme si c'était une gamine sous le regard très amusé de Mac et Natalie et interloqué du chirurgien.

Jessie : Aïeuh ! Vous m'faites mal ! Tyran ! Espèce de sadique !

Susan : Si c'est le seul moyen pour que vous vous teniez tranquille…

Jessie : Mais je vais bien !

Les deux experts et le médecin entendirent encore les récriminations de la détective puis Horner revint vers sa patiente. Quelle différence entre ces deux jumelles !

Alors que le chirurgien allait reprendre, il fut une nouvelle fois interrompu.

Susan (ulcérée) Miss Marteens ! Revenez ici !

Les deux policiers et le médecin virent alors passer Jessie, courant à une vitesse rare, puis, plus tard, Susan, la poursuivant comme elle pouvait en l'interpellant d'une voix tonitruante.

Horner (riant en se retournant vers sa patiente) C'est un cas, votre sœur…

Natalie (avec un soupir à fendre l'âme, avec humour) Je sais. Et je vis avec…

Mac : Mais tu vas rester chez moi le temps que tu te rétablisses…

Ravie, Natalie se blottit tout contre Mac en murmurant :

Natalie : Merci…

Souriant, Mac lui caressa tendrement les cheveux et embrassa son front tandis que le chirurgien leur donnait ses dernières instructions avant de les laisser enfin seuls. Au seuil de la porte, il se tourna et les vit s'embrasser avec une immense tendresse et sourit. Très bien. Sa si gentille patiente était entre de très bonnes mains…

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Cela faisait bientôt une demi-heure que Stella fixait le plafond gris pâle de sa chambre. Malgré ses protestations et ses larmes d'inquiétude, les médecins et les infirmières l'avaient séparée de Don aux urgences, ce dernier étant dans un état plus grave qu'elle : forte hypothermie, arrêt respiratoire et cardiaque plus des blessures internes.

Et maintenant, Stella était là, dans ce lit d'hôpital, à fixer son plafond, à attendre qu'une infirmière daigne répondre à son appel. L'experte voulait savoir comment allait Flack, où il était. Elle voulait le voir. Elle avait besoin de le voir, de sentir sa main dans la sienne, ses lèvres sur les siennes, de voir ses beaux yeux bleus posés sur son visage, à la regarder avec amour. Son amour…

La scientifique entendit quelques éclats de voix et de l'agitation, croyant aussi entendre une femme crier « Miss Marteens ! », et fronça les sourcils. Jessie n'oserait pas provoquer une belle pagaille dans un hôpital quand même !

Stella fut tirée de ses réflexions par un infirmier, jeune et souriant, qui entra dans sa chambre pour savoir les raisons de ses appels et aussi lui donner ses résultats d'analyse.

Infirmier : Bonsoir, Miss Bonasera. Je suis Ian Warly, l'un de vos infirmiers. Que puis-je faire pour vous ?

Stella : J'aimerais voir mon petit ami…Il est arrivé en même temps que moi et nous avons été séparés…

Warly : Laissez-moi d'abord consulter votre dossier…Vous ne souffrez que d'une légère hypothermie…Vous pouvez donc vous déplacer, mais en fauteuil, ce serait préférable. Votre métabolisme doit se remettre du froid…

Stella : Tout ce que vous voulez mais dites-moi où se trouve Don.

Warly : Bien sûr. Quel est son nom ?

Stella (se levant pour s'installer dans le fauteuil à côté de son lit) Donald Flack Jr.

Warly : C'est le docteur Marcy Keller qui s'en est occupée…Il est dans la chambre 315.

Stella (attendant qu'il installe sa perfusion sur le crochet de sa chaise et roulant enfin rapidement) Merci.

Et alors qu'elle sortait, Stella aperçut à un détour de couloir une infirmière courant à toute allure, suivie de deux infirmiers, entrain de hurler : « Miss Marteens ! Arrêtez-vous ou je vous donne un calmant ! » D'accord…Jessie était déjà entrain de rendre dingue le personnel hospitalier…Enfin, pour Stella, seul comptait d'être auprès de Don le plus vite possible…

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Susan et les deux infirmiers continuaient de fouiller tout le service. Où était donc passée cette diablesse ? Une patiente saine d'esprit ne ferait pas ce genre de chose…Enfin, en principe. Mais, dès le début, l'infirmière avait vu que Jessica Marteens n'était pas quelqu'un de très ordinaire…Mais au fait…

S'arrêtant soudain alors que les deux infirmiers continuaient les recherches, Susan se mit à réfléchir. La jumelle de cette détective était hospitalisée ici. Mais la jeune femme avait aussi parlé de ses amis. Bien…L'infirmière savait ce qu'elle devait faire…Elle devait les trouver. Si elle avait les amis en questions, elle aurait sa damnée patiente !

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Flack était emmitouflé sous des couches et des couches de couvertures tandis qu'un liquide, censé réchauffer son organisme, était transfusé dans ses veines. Mais le détective en avait assez d'être ici, couché sur ce lit d'hôpital alors que la seule chose qu'il voulait, c'était de voir Stella ! Mais non, ces messieurs les médecins avaient décidé de le traiter comme un grand malade…Certainement à cause de cette histoire de réanimation in extremis faite par Jessie. Et puis, sa cicatrice ne devait rien arranger…Ils avaient certainement dû fourrer leur nez dans son dossier médical et leur intelligence supérieure avait dû considérer qu'il était un sujet à risque…Pourtant, il allait très bien ! Bon, ce n'était pas la grande forme mais il n'était pas mourant ! Son cœur battait régulièrement, sa respiration était normale, quoique un peu sifflante, et le jeune homme était alerte. Alors, il pouvait bien marcher, non ? Juste pour voir Stella, savoir si elle allait bien…

Grommelant et grognant, Don se retourna comme il put dans cet enchevêtrement de couvertures, se mettant dos à la porte. Il entendit quelqu'un entrer quelques instants après. Ha non ! Ras-le-bol des infirmières qui passaient le voir pour vérifier si tout allait bien…Enfin, pour certaines, c'était surtout une bonne excuse pour le draguer…

Don (râlant) Veux voir personne !

Stella : Ah ? D'accord…Excuse-moi, Don…

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Stella était enfin arrivée à la chambre de Flack et l'avait entendu grommeler sur les hôpitaux, les toubibs et leurs sales manies de se croire plus malins que tout le monde. La scientifique ne put s'empêcher de pouffer devant cet accès de mauvaise humeur : lui aussi avait dû avoir droit à un accès interdit aux autres chambres…

Don (râlant) Veux voir personne !

Stella (un sourire malicieux aux lèvres mais prenant un ton déçu) Ah ? D'accord…Excuse-moi, Don…

« Je suis méchante, là » pensa Stella, malicieuse. Ce genre de blague serait digne de Jessie…

Lorsque Don reconnut la voix de Stella, le jeune détective se retourna, grimaçant à cause de la pression de ses couvertures sur son corps, et en particulier sur ses côtes douloureuses, et tendit la main vers l'experte, ne réussissant pas, malgré ses efforts, à se dépêtrer de son lit rapidement.

Don (avec une voix coupable) Stella ! Attends, je disais pas ça pour t… (la voyant rire doucement face à son visage désolé, comprenant) Ok. Je me suis encore ridiculisé… Décidément…

Stella fronça les sourcils à ses dernières paroles, intriguée. Comment ça, il s'était encore ridiculisé ? Il avait été héroïque…

Stella (se rapprochant lentement de lui, ne le lâchant pas du regard) Tu n'es pas ridicule, Don…

Don (baissant les yeux, honteux) Si. Si Jessie n'était pas arrivée, tu serais morte noyée…Par ma faute…

Stella n'arrivait pas à croire ce qu'elle venait d'entendre ! Bien sûr, si Jessie n'était pas venue les chercher, elle serait morte. Mais lui aussi ! Malgré tous ses efforts pour fracasser la porte de cette buanderie, la scientifique n'avait pas réussi à le sauver. Lui avait fait tout ce qu'il fallait pour qu'elle tienne le plus longtemps possible, oubliant totalement ses propres besoins en oxygène et en chaleur. Alors, qu'il ose dire que ses actes avaient été ridicules…

Stella (semblant en colère, se rapprochant le plus possible de son lit avec son fauteuil roulant, protestant violemment) Non, Don ! Tu as fait tout ce que tu as pu ! Tu as même fait plus que tu n'aurais dû, Don ! Tu t'es sacrifié pour moi ! Et j'ai vraiment cru te perdre !

Et lorsqu'elle prononça ces paroles, des larmes se mirent à perler le long de ses joues, ses yeux émeraude le regardant intensément, faisant déglutir Don, frissonnant. Le regard de l'experte lui faisait un effet étonnant et très troublant.

Don : Je…Je suis désolé, Stella…Mais tu es forte alors je savais que tu…

Stella (se levant et se jetant dans ses bras, lui faisant accidentellement mal à ses côtes, posant sa tête sur son épaule) Tu te trompes…Je n'aurais pas survécu à ta perte…

A cette affirmation, Don resta interdit, la fixant de ses yeux bleus. Comment… ?Que voulait-elle dire ?

Don : Stella…

Stella (se blottissant contre lui) C'est toi qui est fort et tu ne t'en rends même pas compte. Tu as été fort pour nous deux à ce moment-là ! Tu as dépassé toutes tes peurs pour notre survie. Ma survie ! Alors ne dis plus jamais que tu es ridicule ou faible ! Tu ne l'es pas ! Tu ne l'as jamais été, Don !

Et au fur et à mesure que Stella parlait, des larmes coulaient sur leurs joues à tous deux, s'enlaçant avec force et amour et émus à un point qu'ils n'auraient jamais imaginé. Flack se reprit le premier et essuya tendrement les joues de l'experte avant de l'embrasser doucement, caressant ses doux cheveux bouclés.

Don : Merci, Stella…

Stella : Ce n'est que pure vérité…Et tu le sais… (le regardant timidement, avec une petite moue incertaine) Je peux me glisser sous tes couvertures ?

Don (souriant) Bien sûr. (malicieux) Si tu y arrives…

Stella (amusée) Tu n'as pas idée de quoi est capable une femme amoureuse…Alors, une très amoureuse…

Continuant à lui sourire d'un air provoquant, l'experte se mit en œuvre pour lui prouver. Elle sortit avec une surprenante facilité un pan de chaque couverture recouvrant Flack et se glissa enfin à ses côtés, se lovant enfin tout contre lui. Don s'installa plus confortablement, laissant plus de place à Stella dans ce lit étroit. Vraiment, on n'avait pas prévu ça pour deux personnes…

Stella glissa doucement son bras autour de la taille de Don, qui se mit à grimacer sous la douleur.

Stella (inquiète) Don ?

Don : C'est rien. Je crois qu'une de mes côtes a souffert. Mais bon, mon toubib doit passer…

Stella (se redressant pour le regarder) Heu… Ça ne va pas être gênant que je…

Don (avec un immense sourire) Noooon. Tu es une source de chaleur, non ?

Stella (levant les yeux, amusée) Heu…C'est pas très…

Don (coquin) Et puis, avec toi tout contre moi, j'ai toujours très chaud…Intensément…

Stella (riant) Idiot !

Don (embrassant sa joue) Peut-être…Mais amoureux…

Stella, émue, plongea son regard émeraude dans ses beaux yeux azurs et l'embrassa amoureusement avant de poser délicatement sa tête sur son épaule solide et d'entourer son cou avec son bras. Elle pourrait rester ainsi sa vie entière…

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Susan arborait un sourire triomphant. Elle savait où trouver la jeune Marteens, maintenant…

Susan (se frottant les mains) A nous deux…

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Jessie avait réussi à échapper au Cerbère qui lui servait d'infirmière et cherchait actuellement la chambre de Flack. En principe, il ne devrait pas se trouver trop loin…

La jeune détective le trouva enfin et remarqua qu'il n'était pas seul : Stella s'était déjà installée et elle profitait d'ailleurs au maximum de son beau détective, l'enlaçant et l'embrassant avec tendresse et amour. Et cela fit hésiter Jessie : ne devrait-elle pas attendre un peu au lieu de casser ce doux moment entre ses deux amoureux ? Tout ce qu'elle voulait, c'était s'assurer que son partenaire et ami allait bien et le spectacle attendrissant qu'elle avait sous les yeux le lui démontrait. Alors, avec une délicatesse inhabituelle, elle retourna sur son chemin. Mais…

Don : Salut, Jessie…Entre.

Emue, la jeune femme se retourna. Elle n'allait pas se mettre à pleurer quand même ! Ça ne lui arrivait jamais…

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Alors qu'il embrassait tendrement la joue de Stella, Flack aperçut Jessie du coin de l'œil, postée au seuil de la porte de sa chambre. Dirigeant son regard bleu vers elle, le détective la vit sourire avec attendrissement et repartir. Mais lui en avait décidé autrement…

Don : Salut, Jessie…Entre.

Flack vit alors avec étonnement sa partenaire lui faire un immense sourire ravi et ses yeux s'humidifier. Jessie se mettrait-elle à pleurer ?

Stella tourna son visage vers la nouvelle arrivante et lui sourit avec gratitude, l'invitant elle aussi à entrer.

Jessie : Vous êtes sûrs ? J'peux…

Stella (rieuse) Tu es poursuivie, non ? Alors, dépêche-toi d'entrer…

Flack regarda Stella, intriguée. Jessie, poursuivie ? Par qui ? Qu'est-ce qu'elle avait encore fait ?

Jessie, par contre, ne se fit pas prier plus longtemps, se rappelant de la terrible Susan, tortionnaire de son oreille et maîtresse des seringues en tous genres et de toutes les tailles, et entra pour rejoindre finalement le lit où s'enlaçaient toujours Don et Stella avant de s'asseoir sur le fauteuil roulant qu'avait utilisé la scientifique.

Jessie (étrangement timide) J'vois qu'vous allez mieux tous les deux…

Don : Oui. Et c'est grâce à toi. Encore…

Jessie : Tu m'as bien aidée, Donnie Boy. Si t'avais pas tout fait pour faire survivre Stella, j'vous aurais pas trouvés…C'est toi le héros d'l'histoire, pas moi.

Stella (s'adressant à Don) Qu'est-ce que je t'avais dit ?

Don : Je sais… (revenant à Jessie) Mais tu nous as sauvés quoique tu en dises…

Et sans qu'elle ne s'y attende, Flack lui prit doucement la main et la serra avec gratitude, la faisant sourire bien malgré elle. C'était vraiment son ami…

Le docteur Marcy Keller arriva peu après pour voir son si séduisant patient. Elle secoua la tête : c'était un patient, point. Même s'il avait des yeux bleus à tomber par terre, elle se devait de rester professionnelle…Enfin, dans les limites du possible…

Marcy : Alors, comment va mon patient préféré, Don ? Je viens pour… (s'interrompant quand elle remarqua Jessie puis Stella, fronçant les sourcils) Mais qui êtes-vous ?

Jessie fusillait le médecin du regard, ayant remarqué son air de prédateur dès son entrée. Non mais, pour qui se prenait-elle cette blondinette ? Ce n'était pas parce qu'elle était blonde, jeune et médecin qu'elle en valait mieux qu'une autre ! Don était pour Stella, point final. Attends, ma vieille…

Jessie (avec un sourire poli mais assassin) Je suis sa partenaire. Et la très jolie femme dans ses bras, c'est sa petite amie.

En entendant le ton assez menaçant de Jessie, Flack l'observa quelques instants, apercevant une lueur de défi dans son regard vert ambré, et aperçut l'air pas très ravi de son médecin. Ha, d'accord…Encore une autre…

Stella avait elle aussi remarqué le ton mielleux du médecin de Don et avait instinctivement resserré son étreinte sur Flack, tout en jetant un regard noir et jaloux au docteur Keller. Pas touche !

Au fur et à mesure que ce silence pesant continuait, Flack sentit la tension électrique qui régnait entre les trois femmes augmenter : l'entremetteuse et l'amie Jessie, prête à défendre son petit couple favori, l'amoureuse Stella, montrant clairement son lien avec son homme, c'est-à-dire lui, d'ailleurs très flatté, et la rivale Marcy, plastronnant pour montrer sa supériorité… Misère, ça allait méchamment dégénérer s'il ne faisait rien…

Don (avec un petit sourire, caressant les cheveux de Stella pour l'apaiser un peu) Heu… Alors ? Je vais comment ?

Marcy (soupirant, redevenant professionnelle) Et bien, lieutenant Flack, vous allez devoir rester ici un ou deux jours, le temps de vous remettre de votre hypothermie.

Don (soupirant) Chouette…

Marcy : Sinon, celui qui a pratiqué ce massage cardiaque sur vous y est allé un peu fort…

Don : Comment ça ?

Le détective vit alors Jessie grimacer et se mettre à éviter consciencieusement son regard. Non…

Marcy : Vous avez une côte cassée et deux côtes fêlées. Et…

Stella : Il est vivant, c'est tout ce qui compte.

Jessie regarda Stella qui la remerciait une nouvelle fois du regard. Comment en vouloir à la jeune détective ? Elle lui avait ramené l'homme de sa vie…

Don : Elle a raison. Je ne vais pas faire toute une histoire pour quelques côtes…J'ai déjà eu pire…Et puis, vu la situation, il n'y avait pas vraiment d'autre choix. Elle a fait avec les moyens du bord…Et ça a marché.

Si Stella n'était pas si étroitement serrée à Flack, Jessie lui aurait sauté au cou ! Elle avait vraiment eu raison sur lui dès le début : c'était un ami véritable ! Peut-être son meilleur ami…

Marcy : Certes…Mais vous allez devoir éviter de courir et de faire des activités trop intenses pendant quelques semaines le temps que vos côtes se ressoudent.

Don : Bien sûr…Ce ne sera pas la première fois qu'il faudra que je me ménage…

Stella et Jessie sourirent à la plaisanterie. L'explosion était loin de lui, maintenant. Flack avait enfin surpassé cet évènement si traumatique pour lui…

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Susan arriva enfin dans la chambre du lieutenant Don Flack Jr et aperçut sa patiente fugueuse et remuante. Mais quand elle entendit le diagnostique du docteur Keller et remarqua les regards que s'échangeaient les trois policiers, l'infirmière décida de ne pas se montrer trop sévère avec la détective. Elle voulait juste voir ses amis en vie…Mais bon, elle aurait peut-être encore besoin des deux infirmiers costauds qu'elle avait rameutés…

Prenant une profonde inspiration, Susan entra avec détermination dans la chambre…

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Alors que le docteur Keller prescrivait des anti-douleurs pour Flack, Jessie aperçut son infirmière, décidément très hargneuse.

Jessie : Oh merde ! Le dragon !

Flack et Stella la regardèrent, intrigués, puis se tournèrent pour voir le dragon en question : une petite infirmière un peu ronde, accompagnée de deux gigantesques infirmiers. Soupirant, ils reportèrent leur attention sur Jessie, qui grimaçait et était devenue très pâle. Et Don ne put s'empêcher de pouffer. Dans quelle situation son amie s'était-elle encore fourrée ?

Susan s'avança avec détermination vers Jessie puis finit par se planter devant elle, les poings sur les hanches alors que la détective se protégea les oreilles par purs réflexes.

Susan (avec gentillesse) Bon, maintenant que vous vous êtes assurée que tous vos amis se portaient bien, vous pouvez retourner dans votre lit, s'il vous plaît ?

Jessie (protestant) Mais je vais très bien !

Susan : Il faut qu'on vous ausculte. Vous avez fait un petit séjour dans de l'eau glacée ! Il faut que l'on voie si tout va bien. Et après, si vous n'avez rien, vous ferez ce que vous voudrez, ok ?

Jessie (avec une petite moue boudeuse, se levant) Ok…

Finalement docile, la jeune détective suivit l'infirmière et se tourna vers ses deux amis quand elle arriva au seuil de la chambre.

Jessie (souriant, avec un regard indéchiffrable) J'suis contente d'vous avoir rencontrés… D'vous avoir tous rencontrés…

Et avec un dernier sourire énigmatique, Jessie quitta la chambre de son partenaire. Le médecin partit aussi à son tour, conseillant à Stella de retourner dans sa propre chambre au préalable, les laissant enfin seuls. Mais les dernières paroles de Jessie intriguaient les deux policiers : pourquoi avait-elle dit ça ?