Clause de non responsabilité : Les personnages appartiennent à Shonda Rhimes et Grey's anatomie. Je continue de les emprunter seulement pour avoir du plaisir à écrire des histoires. J'espère que vous aimerez celle-ci.


Chapitre 2 : « Nous avons les souvenirs que nous méritons »


Alors que Meredith avait raccroché depuis des heures, la latine entendait encore les mots qui passaient en boucle dans sa tête comme un disque rayé « Arizona est dans le comas depuis trois jours » ... « Arizona est dans le comas depuis trois jours »...

Alex était allé chez son mentor. Connaissant l'endroit où elle cachait la clé de secours, il était entré dans la maison silencieuse. Ses appels n'obtenant aucune réponse, il avait vérifié toutes les pièces et avait trouvé Arizona dans la chambre de Sofia, gisant au sol, un escabeau sur elle et un pot de peinture renversé par terre.

Depuis qu'elle avait pris connaissance de la situation, la latine n'avait plus pu bouger. Sidérée, elle s'était assise sur le lit de Sofia, son esprit obsédé par les images de son ex-femme.
C'était donc la raison du silence d'Arizona. La culpabilité l'envahissant, Callie était atterrée.
Encore une fois, s'enfermant dans cette colère qui ne l'avait plus quittée depuis le jour où une tempête avait emporté sa vie, ses rêves et ses illusions, elle l'avait laissée tomber.

Depuis trois jours Arizona ne lui répondait pas, elle aurait dû s'en inquiéter et appeler quelqu'un pour vérifier si elle n'avait pas de problème au lieu de la blâmer. C'est ce que font normalement les gens, enfin les gens sains d'esprit, mais la latine se demandait si elle était vraiment saine d'esprit dès qu'il s'agissait de son ex-femme.

La brune ricane tristement repensant à ce jour où alors qu'elle avait l'impression d'être au bout de sa vie, elle avait croisé son sourire et ses yeux bleus pétillants dans le miroir de la salle de bain d'un bar.
A partir de ce jour, Arizona avait immédiatement illuminé sa vie. Elles s'étaient approchées du paradis sur terre et puis le paradis était devenu l'enfer.

Les choses étaient devenues très compliquées entre elles, rien n'était plus jamais clair, tout était embarrassant. Alors qu'à un moment de leur vie, elles avaient été absolument tout l'une pour l'autre, qu'elles avaient eu une confiance illimitée l'une en l'autre ; ces dernières années, la méfiance et la suspicion s'invitaient toujours au détour d'un mot ou même, la brune soupire tristement à cette réalisation, sans mot d'ailleurs.

Était-ce le résultat, des trahisons, des promesses non tenues, des exigences excessives et des illusions déçues. Avaient-elles tellement gâché un amour qui prévoyait pourtant d'être grandiose et éternel ?Parce qu'à un moment il l'avait été,
Ce n'était pas juste un rêve. C'était ainsi qu'était réellement leur vie.
Pourtant aujourd'hui c'était tellement loin que ça paraissait n'avoir jamais existé.

Sentant l'humidité à travers sa chemise, la brune réalise que les larmes coulaient depuis un long moment sur ses joues, descendant sur son cou et son décolleté, pendant que son esprit divaguait.
La pensée de son ex-femme en train de préparer seule la chambre de leur fille la dévastait.

Depuis des heures, s'interrogeant sur les circonstances de ce nouvel accident de la blonde, elle écrivait son propre scénario. C'était évident pour la latine voulant encore une fois ignorer qu'elle avait une prothèse à la place de sa jambe gauche, Arizona était certainement montée sur ce fichu escabeau, et avait chuté.

Son ex- femme n'avait jamais vraiment accepté de se sentir diminuer par son amputation, et même si la latine était admirative du courage qui lui fallait tous les jours pour accomplir tout ce qu'elle faisait, elle avait toujours considéré que la blonde était trop souvent imprudente et ne prenait pas suffisamment en compte son handicap.

Callie en surprotégeant Arizona lui avait renvoyée involontairement l'image de son état et elle n'ignorait pas que dans le cahier des doléances maritales de la blonde celle-ci devait certainement être écrite en gras et même soulignée

Combien de temps était-elle restée allongée sur le sol avant qu'Alex ne la trouve ? Avait-elle perdue connaissance de suite ou au contraire, avait-elle eu peur, se sentant seule dans une maison vide, depuis qu'un jour, après un crash d'avion, un meilleur ami et une jambe perdus; épuisée par les drames et la noirceur dans lesquels elles vivaient depuis trop longtemps, son ancre l'avait abandonnée.
A ces pensées, un sanglot s'échappe de la gorge de la latine, alors que la porte d'entrée de son appartement de New York venait de claquer.

- Callie, qu'est- ce qu'il se passe ? Demande Penny devant le tableau de sa petite amie effondrée, le rimmel laissant sur sa peau cuivrée les stigmates des larmes qu'elle n'avait cessé de verser depuis qu'elle avait raccroché avec Meredith.

- C'est Arizona...Elle...Elle a fait une chute et ...Alex l'a trouvée inanimée dans la chambre de Sofia...et elle est dans le coma depuis trois jours

- Oh...Sofia ne part pas alors ?

Effarée par l'insensibilité de sa petite amie, la latine lève la tête vers Penny. Il n'y avait même pas de colère dans la voix de la brune, elle était seulement dépitée.

- Je ...Je suis en train de te dire que mon ex-femme, la mère de ma fille...Le Dr Robbins que tu connais, avec laquelle tu as travaillé, est dans le coma, et la seule chose qui t'inquiète c'est si Sofia va pouvoir quitter New York ?!...

- Je m'étonne seulement que le coma de ton ex- femme dont tu es divorcée depuis presque 3 ans, de la mère de ta fille que tu as conduite dans un tribunal pour pouvoir emporter sa fille à des milliers de kilomètres d'elle...du Dr Robbins avec laquelle sauf erreur de ma part, tu n'as pas échangé deux mots depuis des mois, te mette dans un tel état ! Et oui je demande si Sofia va déménager car cela semble être son seul désir depuis qu'elle a compris que New York était vraiment très loin de Seattle, et qu'elle ne pourrait plus voir sa mère tous les jours à part en face time, et encore ça semble assez compliqué entre le décalage horaire et le rythme de travail du Dr Robbins, ton ex-femme !

Les épaules de la latine s'affaissent face à la diatribe de Penny qu'elle avait hurlé sans prendre une seule bouffée d'air. Elle devait retenir ces paroles depuis longtemps pense Callie.
La latine n'avait pas la force de poursuivre cette discussion et de tout façon il y avait pas mal de cruelles vérités dans ce que disait Penny.
Elle était effectivement divorcée depuis presque 3 ans de son ex-femme dont elle n'avait pas entendu la voix depuis qu'elle avait amené sa fille à New York après une bataille ignoble pour la garde de l'enfant, qui aujourd'hui ne souhaitait qu'une chose, revenir à Seattle. C'était effectivement un bon résumé du fiasco qu'était sa vie.

- Je vais chercher Sofia à l'école

Quand elle était rentrée de l'école avec Sofia, Penny n'était plus à la maison, elle avait laissé un mot expliquant qu'elle repartait pour l'hôpital, et Callie en avait été soulagée.
Elle n'avait aucune envie de se battre ce soir, d'ailleurs elle n'avait plus envie de se battre du tout, elle avait certainement usé toutes ses forces dans les combats avec son ex-femme pour le reste de sa vie.

Callie ricane, grimaçant à la pensée qui traversait son esprit.
La blonde avait passé beaucoup de temps à excuser ses sautes d'humeur, prétendant, avec toujours un peu de tristesse dans ses magnifiques yeux bleus qu'elle se mettait en colère parce qu'elle était passionnée et sensible et qu'elle se battait âprement pour les choses auxquelles elle tenait, et que c'était une qualité.
Arizona avait pardonné les nombreuses fois où elle avait dépassé la ligne. Ou peut-être ne l'avait-elle pas vraiment fait ? Peut-être Arizona avait été seulement réduite au silence par sa propre culpabilité se contentant de se persuader que, tant que Callie se mettait en colère c'était bon signe, c'est qu'elle tenait encore à elle, et leur mariage perdurait.

Les pas de Sofia qui revenait de sa chambre interrompent les pensées de la latine.

- Ma valise est prête mama ?...Il faudra y mettre mon doudou lapin...Et je dois mettre les dessins que j'ai fait pour maman aussi

- Sofia, viens ici, nous devons avoir une conversation ?

- Oui mama, euh...L'inquiétude passe soudain dans les yeux de l'enfant...Je vais toujours à Seattle n'est-ce pas ? Le hochement de la tête de sa mère suffit pour rassurer la petite fille, qui se met à sauter sur place en chantonnant. Plus qu'un jour d'école, encore deux nuits et je prendrai l'avion toute seule avec une hôtesse qui prendra soin de moi, et maman m'attendra à l'aéroport à Seattle, et dès que je serai avec elle, je demanderai à maman son téléphone pour t'envoyer un texto et te dire que je suis bien arrivée. Tu m'as déjà tout expliqué, presque tous les jours depuis beaucoup de jours mama !

Callie souri à l'impatience de sa fille, elle comptait visiblement les jours qui la séparait de sa maman dans les bras de laquelle elle n'avait pas pu se blottir depuis des mois. Prenant une profonde inspiration, parce que ça froissait un peu ses sentiments de mère, mais surtout parce qu'encore une fois, et elle trouvait qu'elle était passée orfèvre en la matière ses dernières années, elle allait décevoir la personne qu'elle aimait plus que tout.

- Je sais chérie, je suis une mama très angoissée et très agaçante...Mais en fait il ne s'agit pas du voyage pour Seattle...Il ...il y a un petit changement

Comme elle l'avait prévu le visage de la petite s'était brusquement assombri, ses yeux brillaient déjà des larmes qu'elle retenait.
Depuis sa plus tendre enfance, la vie avait exigé de la petite fille une grande capacité d'adaptation. Elle avait perdu son père alors qu'elle n'avait pas deux ans, et même si ce souvenir n'était pas conscient, sa vie avait considérablement changé à partir de ce moment. Ses mamans étaient devenues plus sombres, même quand elles jouaient et riaient avec elle il y avait toujours comme quelque chose qui manquait. Cependant, le déménagement à New York et l'absence d'une de ses mères que cela avait entrainé avait eu raison de la résilience de Sofia.

- Je ne vais pas voir maman ? Sanglote Sofia avec un air malheureux. Callie la saisit sur ses genoux pour la câliner.

- Si chérie tu vas la voir très vite. Et tu sais qu'elle est impatiente de te voir aussi, mais comme il y a une semaine de vacances pour le printemps, nous avons pensé que tu pourrais aller d'abord chez mamie et papi, et tu pourrais partir dès demain, puisque c'était ton dernier jour dans cette école de toute façon. Est-ce que ça te parait bien ?

- Et je pourrai aller donner à manger aux poules et me promener avec mon poney et aussi faire des câlins à Tchoupi ?! Demande la petite fille, levant des yeux tristes sur sa mère latine mais essayant malgré tout, de trouver des raisons de se réjouir de ce changement de plan qui au fond la contrariait.

Les parents d'Arizona vouaient un véritable culte à leur unique petit enfant, et à cet instant Callie remerciait le bon dieu pour ça.
Tout chez eux était fait d'abord pour le plaisir de Sofia. Il y avait les poules qui rendaient heureuses autant Sofia qu'Arizona d'ailleurs, le chien Tchoupi que la petite adorait, et au grand dam des deux mères s'inquiétant pour leur petite fille qui venait de perdre un parent, Barbara et le colonel avaient même acheté un poney pour le deuxième anniversaire de Sofia, prétextant l'extraordinaire bénéfice du lien de cet animal avec les enfants.

Callie avait trouvé ça un peu fou, mais c'était un acte tellement chargé d'amour qu'elle avait laissé tomber quelques larmes d'émotion. Elle se souvient avec tendresse avoir même fait rire Arizona qui ne souriait plus beaucoup à cette époque, lui disant, que si d'où il était, Mark les voyait, il devait bien se marrer à l'idée que le colonel essayait de remplacer « le donneur de sperme » par un poney.

Contrairement à la mère de Callie qui n'était toujours pas revenue sur son jugement concernant la vie dépravée de sa lesbienne de fille, Barbara, la mère d'Arizona n'avait jamais coupé le contact avec Callie, même après le divorce et même après le procès pour la garde.

Pour le bien de Sofia, de ses parents, et peut-être aussi de Callie qui avait trouvé dans sa belle -mère, la mère qui lui avait toujours manqué, Arizona n'avait d'ailleurs manifesté aucun désaccord avec ça.
Aussi, quand elle avait appelé pour leur expliquer ce qu'il s'était passé à Seattle, Callie n'avait pas été étonnée que ses ex beaux-parents, acceptent volontiers sa proposition de prendre soin de leur petite fille pendant qu'elle même irait se préoccuper de leur fille à Seattle.

- Tu pourras faire tout ça... et aussi faire du vélo avec ton grand père. Et mamie m'a dit qu'elle comptait bien t'apprendre à faire quelques bonnes recettes...Tu sais la recette de la tarte aux cranberries...

- Oh Yay ! Génial ! La recette de la tarte aux cranberries !... Sofia éclate de rire, parvenant même à faire sourire Callie pourtant rongée par l'inquiétude. Celle que maman rate tout le temps !

Si la petite fille était le portrait craché de sa mère latine et avait hérité de son père cette incroyable capacité à tirer le meilleur de toutes les situations, elle imitait toutes les mimiques et les expressions d'Arizona faisant d'elle une petite fille facile à vivre et gaie. La moindre petite chose l'enthousiasmait et faisait sortir de sa bouche des Yay ! et des Génial ! Pourtant, la latine n'avait pas entendu ce rire franc depuis longtemps.

Le rire de Sofia avait toujours été contagieux, cette enfant les avait tenues debout dans les pires moments. Mais depuis qu'elle avait du vide à la place des dents de devant qu'elle avait perdues le mois dernier, même son sourire provoquait le rire de la latine.
Il y avait à peine quelques semaines, elle avait aussi entendu Arizona éclater de rire, alors que Sofia était apparue sur l'écran avec un grand sourire, exposant fièrement à sa maman sa bouche édentée lors d'un rendez-vous face time.
De loin, Callie et Penny avaient entendu leur conversation enjouée à propos de la fée des dents, et Arizona avait promis à sa fille qu'un cadeau arriverait très bientôt par la poste de la part de la fée des dents de Seattle.
Penny n'avait pas ri, se rappelle la latine. Penny avait juste dit que toutes ces histoires de fées de dents étaient stupides, et que de toute façon Arizona gâtait trop Sofia.
Penny n'était pas très drôle pense Callie. Elle était gentille et calme et facile à vivre mais, Penny n'était pas très amusante, et maintenant que la latine s'était un peu reposée d'une relation passionnelle qui l'avait dévorée pendant sept années, elle irait même jusqu'à dire, que sa relation avec Penny était fade, reposante mais fade. Callie chasse ses pensées pour se concentrer sur son enfant qui la regardait avec des étincelles dans les yeux.

- Tu me racontes l'histoire de la tarte aux cranberries mama ?

- Okay, alors maman essayais toujours de cuisiner une tarte aux cranberries, et puis quand elle la goutait elle faisait cette grimace La brune imitait Arizona prenant un air dégouté, faisant éclater de rire Sofia assise sur ses genoux... Elle haussait les épaules comme ça, et elle finissait par dire « Pfff ...elle est moins bonne que celle de ma mère ». Mais moi je lui disais toujours que ce n'était pas vrai, qu'elle était meilleure ...

- C'était un mensonge mama ! S'exclame Sofia se délectant des anecdotes d'une période dont l'enfant n'avait que peu de souvenirs mais que Callie prenait plaisir à lui raconter de temps en temps.

- Oui, mais c'était un petit mensonge pour qu'elle se sente bien...

Callie détourne la tête, tentant de cacher à son enfant les larmes menaçant d'envahir ses yeux.
Cette expression était totalement empruntée à Arizona. C'est ce que la blonde avait avancé comme argument, alors qu'un jour, rongée par la jalousie, la latine pressait sa femme de nommer tous les ex qu'elle avait eu à l'hôpital et dont la blonde avait omis de lui parler.
La latine se souvient qu'Arizona l'attendait dans l'appartement, inquiète que Callie soit blessée mais prête à tout pour se faire pardonner « c'était pour te protéger, je ne voulais pas que tu aies mal, c'était un petit mensonge pour que tu te sentes bien, ces petits mensonges sont autorisés quand ils sont faits par amour... »
Le combat s'était arrêté avec Arizona poussée sur leur lit alors que la brune s'y jetait dessus, et un nuit sexy assez inoubliable avait suivie.
Chaque fois qu'il y avait un malentendu, ou une omission, c'était resté longtemps une plaisanterie complice entre elles, jusqu'à ce que ça ne puisse plus l'être. Même pour faire du bien, le mensonge avait été trop gros pour être pardonné.
Callie avait menti, elle avait promis qu'elle sauverait la jambe et l'avait trahie. Arizona avait mis trop de temps à comprendre que c'était un mensonge par amour pour qu'elle se sente bien, et elle l'avait trahie en retour.
Les trahisons, les mensonges avaient pris tellement de place dans leur relation qu'elles n'avaient plus eu le cœur à plaisanter de cette anecdote, ni même à partir de ce moment, de faire des petits mensonges pour que l'autre se sente bien.

- Mama ?

- Hum ? La voix de Sofia ramène Callie dans son appartement de New York.

- Tu veux toujours que maman se sente bien ?

- Bien sur ma puce.

- Alors je devrai aller à Seattle, parce que maman dit que je suis son soleil et que dès qu'elle me voit elle se sent bien.

- Et je suis certaine que c'est le cas. Tu iras à Seattle Sofia je te le promets... Seulement quelques jours de vacances chez papi et mamie et puis tu iras à Seattle pour voir maman

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Quand elle entre par le grand hall d'entrée du Grey Sloan Memorial, l'estomac de Callie se serre. Elle ne pensait pas que cet endroit pourrait lui manquer autant. Elle aurait bien sûr préféré revenir dans d'autres circonstances.
Qu'allait-elle trouver ici ? Comment allait Arizona ? Sa fille pourrait-elle venir voir bientôt sa mère comme elle le lui avait promis.
Ce matin, avant de la mettre dans l'avion pour retrouver ses grand parents dans le Wyoming, et de prendre elle-même l'avion pour Seattle, elle avait à nouveau fait cette promesse à sa petite fille inquiète. La latine ricane amèrement, il fallait absolument qu'elle perde l'habitude de faire des promesses aux gens qu'elle aimait à la folie, juste pour qu'ils se sentent bien, surtout quand elle n'était pas sûre de pouvoir les tenir.
Une voix qui appelait son nom, chasse cette pensée qui l'obsédait souvent ces derniers mois, et encore plus depuis qu'elle avait appris l'accident d'Arizona.

- Callie tu es venue. Meredith était surprise de voir son amie déjà ici...Mais où est Sofia ?

- Chez les parents d'Arizona ? Mer, comment va-t-elle ? Y a-t-il des changements ? Et son épaule ? Qui est l'ortho qui s'est occupé de son épaule ? A - t-elle d'autres traumatismes ?

- Respire Callie, respire...Oui elle a deux côtes fêlées, et l'épaule luxée a été réparée par le Dr Atticus Lincoln, il est super, mais ce n'est pas ça qui est le plus inquiétant. Tu dois voir Amélia, elle va t'expliquer

Accompagnée de Meredith, Callie aperçoit dans la salle sombre Amélia Shepherd qui étudiait attentivement des images cérébrales devant elle. A ses côtés semblant attendre le verdict, se tenaient Alex, April et Richard.

Prenant une profonde inspiration, Callie rentre dans la salle. Elle redoutait le diagnostic. Elle connaissait par cœur, ce couperet qui tombe sur une famille et change sa vie en une seconde. Avait-elle même le droit de le recevoir ? Ici tout le monde semblait le penser mais elle n'était que l'ex-femme après tout, était-elle encore de la famille d'Arizona.

- Salut Torres Dit la neurologue sans se retourner. Arizona s'est réveillée ce matin.

Un sourire éclaire le visage exceptionnellement terne de la latine qui n'avait pas fermé l'œil de la nuit, et avait assez mal dormi ces derniers temps aussi. Son esprit fatigué prend cependant rapidement conscience de la tension qui régnait dans la pièce et du manque d'enthousiasme face à ce qui aurait dû être la super bonne nouvelle de la journée.
Une ombre passe sur le visage de la latine, il y avait donc un « mais », sinon Meredith n'aurait pas fait tous ces mystères.

- Mais ?

- Mais... Je ne sais pas.

- Comment tu ne sais pas ? C'est simple ! Il y a un « mais » ou il n'y a pas de « mais ». Elle a répondu aux sollicitations ? Elle a parlé ?

- Oui. Elle connait son nom. Elle sait qu'elle est à Seattle... mais ...Mais elle parait confuse ...je pense que ...Enfin elle a dit qu'elle était le nouveau chirurgien pédiatrique qui venait remplacer le Dr Kenley, elle était d'ailleurs désolée pour sa crise cardiaque, et elle voulait absolument parler à un certain Dr Bailey au plus vite.

- C'est ...C'est quand elle est arrivée au Seattle Grace, il y a presque dix ans ! Tu ...Tu penses que...Est-ce que tu lui as posé d'autres questions ? ...Est ce qu'elle a vu sa jambe ?...

- Euh ...La jambe ? Non...Je n'ai pas fait attention. La neurologue se tourne vers le pédiatre...Alex, tu étais avec moi, est ce que tu crois qu'elle a vu sa jambe ?

- Je n'en sais rien ! Je veux dire j'essayais de comprendre ce qu'elle racontait...Alex essayait de se repasser le film...Elle délirait carrément...Elle pensait qu'elle était dans une chambre de garde...Qu'elle devait dormir parce qu'elle avait une journée chargée le lendemain...Elle parlait d'un gamin qui devait être greffé au plus vite... Et puis elle s'est enfoncée de nouveau.

- Je ne le crois pas. Personne n'a pensé à sa jambe ?! Callie passait ses mains nerveusement dans ses cheveux. La jambe était aux yeux de la latine certainement la chose qui avait impacté le plus gravement la vie d'Arizona dans ces dix dernières années... Et, attend Alex ! qu'est-ce que tu veux dire par elle s'est enfoncée de nouveau ? Elle est à nouveau dans le coma ? !

- Callie il n'y a rien sur les scanners ni sur l'I.R.M. Et... peut-être elle a besoin de plus de temps...Elle va se réveiller, il n'y a aucune raison pour qu'elle ne se réveille pas. C'est compliqué le cerveau, parfois, on ne comprend pas...

La latine glousse, un mélange de colère et de sarcasme dans la voix

Hé ! il s'agit d'Arizona ! Mon ex-femme ! Tu crois que je ne suis pas parfaitement consciente que son cerveau est compliqué ? Tu as devant toi le cerveau le plus compliqué que tu n'as certainement jamais rencontré ...Callie ricane en montrant les images sur les écrans... Et d'ailleurs si tu trouves les clés alors je t'en supplie fais moi une faveur, je suis prête à entendre tous tes conseils pour savoir comment ça fonctionne là-dedans !

Hermétique à l'ironie passive-agressive de l'orthopédiste, Amélia continue sur un ton professionnel

Je pense que ça pourrait être une amnésie rétrograde traumatique dissociative d'origine émotionnelle.

La latine ouvre des yeux stupéfaits

- Parfait, juste parfait ... Alors je te donne deux indications qui pourraient t'aiguiller. Elle est tombée du ciel et on a dû amputer sa jambe ! Ça te suffit ça comme traumatisme, ou dois -je développer le choc émotionnel que tu peux avoir quand tu ouvres les yeux pensant que tu as 27 ans et que tu te déplaces dans les couloirs de l'hôpital avec des chaussures à roulettes et brusquement découvrir qu'en fait il y a un grand vide à la place de ta jambe gauche ! Le ton de la latine s'était élevé au point de pratiquement crier sur la neurologue qui restait toujours impassible.
Il fallait faire attention à ça, la rassurer ...Je ne sais pas...Lui expliquer combien elle avait été courageuse et géniale et qu'elle avait réussi à le dépasser et qu'elle avait maintenant une vie comme n'importe qui et que ... que Sofia était fière de sa maman qui avait une jambe de robot...
La latine efface rageusement une larme qui coulait sur sa joue...Et je suis sure qu'elle ne se serait pas rendormie si vous lui aviez parlé de Sofia... Elle ne se serait pas enfoncée de nouveau...Sanglote Callie... Putain...ça ne finira jamais...Pourquoi le sort s'acharne sur nous.

Dans la pièce tous se taisaient, ils connaissaient le tempérament de l'orthopédiste, et savaient qu'à un moment il faudrait en passer par un accès de colère suivi de larmes. Alors que Meredith essayer de réconforter son amie en passant une main amicale sur son bras, d'une voix calme, Amélia reprend ses explications.

- On peut imaginer que le traumatisme soit la jambe, mais on n'en sait rien Callie. J'ai contacté le Professeur Koperman à Londres qui a mené une étude pendant 20 ans sur ce genre de pathologie. Selon lui c'est difficile de savoir ce qui provoque ce type d'amnésie. Quelques fois ce qui pourrait sembler évident n'est pas le véritable point de rupture. C'est pourquoi il recommande expressément de ne pas raconter les souvenirs au patient. Il doit faire le chemin tout seul. Ça aurait été une erreur de la rassurer. Sans le vouloir, on aurait pu provoquer un choc et aggraver son état psychologique. Un grognement sort de la gorge de Callie, elle ne partageait manifestement pas le concept selon lequel rassurer un patient pouvait aggraver son cas. Il n'est même pas favorable à l'hypnose, il pense que l'émergence brutale des souvenirs peut être dangereuse.
La neurologue ignorant l'orthopédiste s'adressait maintenant à tous les chirurgiens qui étaient dans la pièce...Et ceux qui vont la côtoyer, doivent savoir que c'est primordial pour sa récupération totale. Pas de gaffes. Souligne Amélia en regardant April avec un regard insistant. La rousse, tape sur sa poitrine semblant offusquée par l'insinuation Si son esprit résiste c'est qu'il a besoin de temps, il faut la laisser redécouvrir son passé petit à petit c'est primordial...

- Tu plaisantes j'espère ? Je ne sais pas ce que dis ton DR machin, spécialiste de l'amnésie traumatique bla- bla- bla... mais ce dont je suis sûre c'est que vouloir lui faire refaire le chemin de ce qu'elle a déjà passé serait du pur sadisme, ce serait une véritable torture pour elle ! Pour la deuxième fois ! Sans parler du fait que cette fois il y a une petite fille que je viens d'envoyer chez ses grands-parents en lui promettant qu'elle allait voir sa maman dans quelques jours...Retenant ses larmes, Callie renifle...Qu'est-ce qu'il dit le spécialiste de Londres concernant le temps qu'il faut pour retrouver la mémoire.

-C'est variable, mais il n'a eu aucun cas qui ait dépassé deux ans, au-delà de deux ans c'est que...

- Deux ans ! S'écrie la latine se laissant tomber lourdement sur une chaise.

- La plupart du temps c'est quelques semaines ou quelques mois...Cependant quelques fois certaines partie peuvent rester effacées définitivement. Callie je crois qu'il faut que tu acceptes le traitement que préconise Koperman. Personne n'est mieux placé que toi pour aider Arizona à retrouver la mémoire de cette partie de sa vie, mais tu dois respecter ses conseils.

- Moi ?

Abasourdie par la suggestion de la neurologue, Callie cherchait en vain dans les yeux des autres chirurgiens dans la pièce, qu'elle n'était pas la seule à considérer l'idée d'Amélia totalement délirante, et qu'il ne serait peut-être pas inutile de faire passer un scanner de contrôle au cerveau de la neurologue afin de s'assurer que sa tumeur ait été entièrement retirée.

- Non, non, non, non...Vous vous foutez de moi. Je suis la dernière personne qu'elle voudra voir quand elle se réveillera...Elle n'a jamais supporté que je l'aide même quand nous étions mariées ... Callie ricane...Et franchement, ce n'est certainement pas maintenant que ça va changer. Et puis il est hors de question que je repasse par ce chemin. Le crash, la jambe et tout le reste. Je ne suis même pas sûre que moi -même j'en serai capable, alors je ne veux même pas imaginer ce que ce serait pour elle.
Non, désolée, je ne suis pas la bonne personne pour ça...Et puis je vous rappelle que j'habite New York maintenant... Et de toute façon croyez moi, que son ex-femme qu'elle déteste vienne la mettre à nouveau en colère, n'aidera pas Arizona à retrouver sa mémoire.

En quelques secondes la latine avait fait le tour de tous les arguments qui lui paraissaient inattaquables, certaine d'avoir convaincu son public qui avec beaucoup de sagesse la laissait vider son sac.

- Callie, je crois que tu n'as pas bien saisi... Si Amélia ne se trompe pas, et si tant est qu'Arizona soit arrivée un jour à te détester...Soupire Alex exaspéré que ses deux amies ne soient toujours pas capables de voir clairement dès qu'il s'agissait de leur relation ...En ce moment, elle ne te déteste pas. Arizona ne te connait même pas.

- Oh mon dieu c'est vrai ! ...Mais...Mais c'est carrément pire ! ...Vous voulez que je ...Vous voulez que je lui mente ? ...que je lui cache que nous avons été mariées et divorcées, et qu'elle a une enfant que j'ai pris à des kilomètres d'elle après que l'on se soit déchirées dans un procès minable...Mais déjà qu'il ne reste plus grand-chose de notre relation...Quand elle découvrira la vérité elle...

- Ce n'est qu'un petit mensonge pour qu'elle se sente bien.

Richard était resté silencieux jusque-là. Il était très affecté par cette nouvelle épreuve qu'allait devoir supporter Arizona qui semblait à peine sortir la tête hors de l'eau depuis quelques mois. Il n'avait pas été le plus grand fan de Callie Torres depuis le procès, cependant l'homme était convaincu qu'elle était la seule qui pourrait aider la souriait, « un petit mensonge pour qu'elle se sente bien » Même si elle restait convaincue que le mensonge était encore une fois énorme, et dangereux, c'était la seule parole qui l'apaisait un peu depuis qu'elle était rentrée dans cette pièce.

- Qui d'autre que toi connait mieux cette partie de la vie d'Arizona qui semble s'être effacée ? Tu devras essayer de lui donner quelques pistes pour essayer de réveiller sa mémoire, la guider sans la brusquer, Callie. Et de toute façon, tu es la seule personne de confiance inscrite dans son dossier médical, à appeler en cas d'urgence. Souligne Richard.

- Elle ...elle n'a pas changé ça ? Demande Callie extrêmement surprise, et visiblement émue que son ex-femme puisse encore lui faire confiance en particulier pour prendre des décisions médicales à son sujet. La brune était convaincue depuis longtemps, qu'aux yeux d'Arizona elle avait le pire dossier dans ce domaine ...Remarque, je ne l'ai pas fait non plus...On ne pense jamais à faire ces choses. Mais, je la connais... La brune secouait la tête... Elle me détestera... Encore une fois ... D'une voix à peine audible un sanglot coincé dans sa gorge, elle prononce les mots qui ressemblaient à un murmure...Elle me détestera encore plus si c'est possible...

- Oh mon dieu Callie arrête avec ça ! On te dit qu'Arizona ne te déteste pas, elle n'a jamais pu. Il faut être aveugle ou complètement stupide pour ne pas voir ça. S'écrie April, d'une voix aigüe qui traduisait son exaspération
Embarrassée par les mots et surtout le ton sur lequel ils lui avaient échappé, la rousse toujours un peu impressionnée par le chirurgien orthopédique dur à cuire ajoute en baissant la tête...Euh je suis désolée de t'avoir crié dessus...et...euh...de t'avoir traitée de stupide aussi.

- Okay je vais rester... Une semaine ... Je reste une semaine tant que Sofia est en vacances. Sortant de la pièce Callie marmonne ...Je... Je dois donner quelques appels pour organiser ça.


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