Clause de non responsabilité: Les personnages appartiennent à Shonda Rhimes et Grey's anatomy


Chapitre 10: "Malheureux, celui qui ne peut se réfugier dans ses souvenirs"


Comme Callie l'avait pressentie, Arizona n'avait aucune raison de rester hospitaliser d'avantage, et le lendemain en milieu d'après-midi, Amélia signait son autorisation de sortie.
Elle devrait bien sûr encore garder son épaule immobilisée pendant deux semaines, puis devrait commencer la rééducation. De toute façon, Miranda lui avait catégoriquement interdit d'effectuer à nouveau des opérations chirurgicales, avant d'avoir passé quelques tests pour prouver que sa mémoire cognitive était intacte..

Bizarrement, et à la grande surprise de Callie, pour une personne addict au travail comme l'avait toujours été Arizona, la blonde ne se préoccupait pas beaucoup de cette partie de sa vie.

Devant la porte de la maison d'Arizona, nerveusement, Callie attrape la clef de secours qu'elle avait reposé dans l'applique qui éclairait le porche la dernière fois qu'elle était venue.

- Je mets une clef ici ?... Demande Arizona étonnée... Waouh, ce n'est pas très futé.

- Ça a quand même permis à Alex de pouvoir rentrer sans défoncer la porte...

- Ouai et ça permet à n'importe qui de le faire aussi ...

- Bon sang Arizona, nous n'allons pas avoir encore cette discussion ! Les clefs de secours sont pratiques et il semblerait que tu en sois venue à mon avis puisque tu en as une cachée là-dedans.

- Nous...Nous avons déjà eu ce genre de discussion ? La blonde regardait la latine avec un air stupéfait

- Euh... Ouai...Comme ça ...En passant.

La brune se mord les lèvres, plus elle était à l'aise avec Arizona, plus certaines choses concernant leur vie ensemble lui échappaient.

Les deux femmes entrent dans la maison, s'immobilisant dans le hall d'entrée.
Alors que Callie l'interrogeait du regard, Arizona observait l'environnement avec attention, comme elle le faisait toujours quand elle découvrait un nouvel endroit, essayant de forcer son esprit à ressentir un petit quelque chose.

- Rien. C'est joli, mais rien. Avoue-t-elle soufflant de découragement.

Consciente de la déception de son ex-femme, Callie essaie de changer de conversation.

- Je me demande comment tu as pu acheter une maison avec un escalier ?

- Calliope, je découvre l'escalier, la maison et tout le reste, comment veux-tu que je le sache ? ...Tu aurais dû me poser la question quand ma mémoire fonctionnait encore. Je suppose que les escaliers ne me dérangent pas autant qu'à toi... Face au ton sec de la blonde, la latine racle sa gorge. Ça avait été une partie du problème, Arizona ne voulait pas être considérée comme une handicapée, et dans son souci obsessionnel de la protéger, Callie lui renvoyait sans cesse cette image, mais en ce moment son ex- femme dont les yeux se promenaient tout autour de la maison, semblait préoccupée par tout autre chose... Je trouve que...Ne trouves-tu pas que c'est un peu impersonnel ?... Je veux dire les meubles sont jolis...Mais on dirait que personne ne vit ici...C'est froid...Il n'y a pas de photos... rien...Je suppose que je dois passer tout mon temps à l'hôpital comme tout le monde le dit, et que je n'ai attaché aucune importance à ma vie privée ni à ma maison.

- Euh... Tu étais peut -être en train de t'en occuper...Tu...Tu peignais une pièce en vert quand tu es tombée de l'escabeau. Répond la latine embarrassée, se sentant pour une grande partie responsable du vide qu'elle imaginait aussi, dans la vie de la blonde.

- En vert ? C'est bizarre...Je n'aime pas particulièrement le vert

- Euh ...Je crois que tu préfères le beige et les tons naturel mais tu aimes bien le vert et aussi le rose

- Allons voir cette pièce.

Les deux femmes rentrent dans la chambre de Sofia où Callie avait retiré tous les meubles et les lettres sur le mur. Il ne restait que l'escabeau et le pot de peinture. Arizona fronçait les sourcils

- Ça ne te rappelle rien...Je veux dire c'est ici qu'Alex t'a trouvée et...

- Rien... Dit la blonde froidement en quittant la pièce pour traverser le couloir et pousser la porte d'en face. Oh mon dieu, mais ce n'est pas possible ! Ma vie s'est arrêtée en 2007 ! Il n'y a rien d'autre ici que des photos de mon frère, ou de notre enfance ! Mais je n'ai pas eu de vie personnelle en 10 ans ? Arizona dépitée s'assied au bout de son lit fixant des yeux le mur sur lequel était accroché le cadre avec les photos de Sofia que Callie avait pris soin de retirer. Il manque un truc ici...L'estomac de la latine se serre...J'irai chercher un tableau demain...C'est horrible...Je...Je n'aime pas cette maison, Calliope... Ça ne me ressemble pas. C'est froid et triste. Ma vie ne peut pas être devenue ce vide sidéral ! Consternée, la blonde, cache sa tête entre ses mains. Callie pouvait entendre le chagrin dans sa voix, elle s'agenouille devant Arizona retirant affectueusement ses mains de son visage et les gardant dans les siennes

- Okay...Okay Tu vas aller t'assoir dans le salon et je vais te préparer un thé et tu vas essayer de t'approprier cet endroit tranquillement. Ne t'impatiente pas, ça va venir.

- Mais, je me sens plus chez moi à l'hôpital qu'ici ! Je ne peux pas rester ici...Je ne peux pas...Je ne peux pas...Elle répétait ses mots en murmurant.

Une crise d'angoisse s'emparait apparemment de la blonde qui faisait visiblement beaucoup d'efforts pour ne pas s'effondrer en sanglots devant le désert que lui semblait être sa vie. Serrant ses mains entre les siennes, Callie tente de l'apaiser

- Tu veux que je reste avec toi cette nuit ? La blonde lève des yeux remplis de gratitude vers la latine

- Vraiment ? Tu...Tu pourrais ? Je veux dire ...Je ne veux pas abuser...Tu en as déjà fait beaucoup, et je ne voudrai pas te poser des problèmes avec ta petite amie, mais...

- Ma petite amie est à New-York et si ma meilleure amie a besoin de moi, j'aide ma meilleure amie, peu importe ce que pense ou même dit ma petite amie. Okay ?

Les larmes montaient aux yeux d'Arizona, elle ne comprenait pas ce besoin irrépressible, qu'elle devait combattre de toutes ses forces, de se blottir dans les bras de la latine dès qu'elle se sentait inquiète. Repoussant encore une fois ce désir, elle se redresse et se ressaisit, comme son père lui avait appris à le faire depuis sa plus tendre enfance.

- Merci Calliope...Je ne me sentais pas capable de rester seule dans cette maison ce soir. Je suppose que ça va passer...

- Tu sais, je vais juste aller chercher quelques affaires chez Meredith, et puis je m'arrêterai à l'épicerie, je suppose que si j'ouvre tes placards je vais faire une dépression. La regardant avec un œil moqueur, la latine plaisantait et comme toujours Arizona se mit à rire...Tu verras qu'après quelques verres de vins et...

Soulagée à cette pensée, et montrant fièrement son nouveau téléphone la blonde propose innocemment

- Je commanderai un pizza alors prend des bières

La bière et la pizza annonçaient toujours une nuit de sexe torride pour les deux femmes. Comme danser la salsa, ça faisait partie de ces sous-entendus complices que les deux femmes s'amusaient à utiliser pour flirter discrètement lorsque tout entre elles n'étaient que jeux amoureux, plaisanteries suggestives ou rires.

Callie se souvient que soudain assise à la cafétéria au milieu de leurs amis médecin, elle pouvait demander avec un air innocent à Arizona

- Qu'est- ce qu'on a pour manger, ce soir...

Alors Arizona lui répondait avec malice

- Que dirais -tu d'une pizza ? La lueur dans ses yeux la trahissant, mais seule Callie savait la lire.

- Oh j'adorerai ! Je m'occupe des bières...

Les deux femmes échangeaient un tendre regard plein de promesses, et la nuit s'avérait souvent au-delà de leurs espérances. D'autrefois, c'était la blonde qui interrompant la latine en plein travail, lui demandait de façon espiègle

- Callie, je ne me souviens plus est- ce bien ce soir que nous avons notre cour de Salsa ? Alors elles se regardaient, lisant chacune dans les yeux de l'autre, le désir.

Bien sûr la blonde n'était pas censée se le rappeler, mais Callie ayant de sacrés souvenirs de ces moments ne peut retenir un éclat de rire.

- C'est incroyable comme tout ce que je dis t'amuses...Je ne me suis jamais sentie aussi drôle et...perdue.

- Tu es drôle la plupart du temps, mais pas que, et je prendrai la pizza et les bières Dit Callie déposant un baiser amical sur la joue de la blonde en se dirigeant vers la cuisine pour préparer un thé.

Arizona ferme les paupières le simple contact des lèvres de la latine sur sa joue, l'apaisait.

XXXXXXXXXXXX

Callie venait de partir et elle lui manquait déjà, Arizona se rappelait les mots que Carina avait prononcé les dents serrées à Amélia Shepherd. Elle aussi se demandait à quoi allait ressembler sa vie lorsque la latine allait repartir à New York. Aucun risque qu'elle oublie que sa meilleure amie avait une petite amie à New York, chaque fois qu'elle avait rencontré quelqu'un à l'hôpital, il le lui avait rappelé.
Ce matin, elle avait surpris une bribe de conversation entre Richard Webber et Bailey. Miranda avait insinué que si Callie avait déjà quitté le Grey Sloan sans regarder en arrière, elle pourrait recommencer. Ça avait agacé la blonde, et en ce moment, assise seule sur ce canapé, ça la rendait même un peu triste, elle ressentait déjà le vide que l'absence de la latine allait causer dans sa vie.

Décidant de plutôt occuper son esprit à réfléchir aux améliorations qu'elle pourrait apporter à la décoration de cette maison pour la rendre plus chaleureuse, Arizona regardait tout autour d'elle. Il manquait essentiellement de la vie, et des photos témoignant de cette vie dont elle ne savait rien. Était-elle devenue allergique aux photos depuis 10 ans, ou n'avait-elle rien fait d'autres que travailler ? La deuxième option lui paraissait plus probable, ça expliquerait qu'elle se sente mieux à l'hôpital que dans son propre foyer, qui ressemblait plus à 100 m2 où l'on range ses vêtements et où l'on passe occasionnellement pour prendre une douche, qu'à un endroit où on a construit une vie.

L'air désemparé, elle regardait son téléphone posé sur la table basse, Arizona le saisit. April lui avait montré ce matin, comment passer un appel face time, et elle avait vraiment besoin de parler à quelqu'un plutôt que de rester à se torturer l'esprit seule dans cette pièce déprimante.

Elle appui sur le contact.

- Salut Maman !

Restant sans voix face à la personne qui apparaissait sur l'écran, la blonde vérifie d'abord le numéro, puis se retourne abasourdie de ne pas voir derrière elle la personne à qui ces mots devaient être adressés.
Fronçant les sourcils, elle imagine qu'elle avait dû faire une mauvaise manipulation et s'était connectée par erreur avec un mauvais numéro qu'avait probablement dû rentrer Calliope dans son téléphone.

Soudain désorientée, plissant ses yeux, Arizona fixe avec un air légèrement ahurie l'écran. Elle reconnaissait la cuisine de chez ses parents.

Pendant qu'elle essayait d'élucider rationnellement ce mystère, la petite brune en face d'elle poursuivait la conversation.

- Maman tu ne m'as pas appelée depuis longtemps. Tu me manques beaucoup... Et il me tarde que tu me serres dans tes bras jusqu'à m'étouffer et que tu manges mon petit visage avec tes bisous...Les yeux d'Arizona s'ouvraient de plus en plus grands au fur et à mesure qu'elle entendait les paroles de la fille de Callie qu'elle reconnaissait pour l'avoir déjà vue sur les photos que la latine lui avait montrées... Tu sais, je m'amuse bien avec papi et mamie ...Et j'ai fait la tarte aux cranberries avec mamie... Les yeux et le front de la blonde se plissaient, alors que son esprit embrouillé essayait de traiter tous les éléments et assembler toutes les pièces du puzzle.
Essayant de comprendre, elle analysait ce qu'elle avait sous les yeux, se récapitulant silencieusement ce qui s'imposait à son esprit. La fille de Calliope était chez ses parents, et l'appelait maman, et appelait ses parents papi et mamie. Pendant ce temps la petite bavarde en face d'elle, prenant à peine le temps de respirer, continuait joyeusement le récit de ses vacances... Elle était délicieuse ! Presque aussi bonne que la tienne ! Euh...Mama a dit qu'on avait le droit de faire des petits mensonges pour que tu te sentes bien... Sofia Glousse, mettant ses mains sur sa bouche comme si elle avait divulgué un énorme secret...
Maman, tu sais Tchoupi est puni, il a volé et mangé tout le fromage qu'on avait acheté et ...Et aussi tu ne sais pas quoi ? Caramel boitait et en fait il s'était planté un épine dans son sabot, alors papi a dû la lui retirer et pendant ce temps, moi je le câlinais pour qu'il n'ait pas peur et je lui racontais dans son oreille qu'il devait être courageux comme toi, parce qu'on avait dû te couper la jambe pour sauver ta vie...
Arizona sentait sa gorge se serrer... et que tu étais la maman la plus courageuse de la terre et que maintenant, mama t'avait construit une jambe de robot pour que tu puisses m'emmener au parc et même que tu cours plus vite que moi...mais je ne crois pas que Caramel aura besoin d'une jambe de robot... Maman ! Tu m'écoutes ?!

- Oui, je t'écoute Sofia murmure Arizona retenant ses larmes.

Rassurée d'avoir toujours une oreille attentive, et inconsciente du cataclysme qu'elle était en train de provoquer, la petite qui avait été privée de l'oreille toujours attentive de sa maman reprend son discours

Je m'amuse bien maman, mais tu me manques... Je voudrai revenir à Seattle maintenant. Pourquoi je ne peux pas revenir encore à Seattle vivre avec toi ? Mama dit que tu as beaucoup de travail et que tu as beaucoup de bébés à sauver, mais...Mais moi aussi je suis ton bébé, tu sais même si je ne suis pas malade. Maman je ne suis plus ton bébé ?...

Arizona sentait que ses yeux se remplissaient de larmes qui menaçaient de déferler sur ses joues et se transformer en une crise de sanglots. Elle avait peur d'avoir trop bien compris, et elle n'était plus sure qu'elle pourrait longtemps contenir l'émotion qui la submergeait devant cette petite fille qui l'appelait maman, qui lui criait tout son amour, et dont elle ne savait rien.

- Je ...Je ...Sofia...Tu vas venir bientôt...Et...je veux que tu viennes aussi. D'accord. Je vais en parler à ta maman et tu vas venir, je ...Je te le promets. Mais...Mais je te rappellerai. Je...Je dois partir à l'hôpital maintenant ?

- Yay ! A bientôt maman va sauver d'autres bébés alors, mais c'est moi que tu aimes le plus fort au monde hein ? Jusqu'à Pluton et revenir un million de fois.

- Jusqu'à Pluton et revenir un million de fois. Répète sur un ton monocorde Arizona laissant échapper un sanglot alors que Sofia avait déjà raccroché.
La blonde fixant l'image figée de la petite fille toujours sur l'écran, essuyaient les larmes qui ne cessaient plus de couler.

Quand Callie revient, Arizona n'avait pas bougé du canapé, elle se sentait vidée et atterrée, son visage trahissait la dévastation qu'elle ressentait au plus profond d'elle-même.

- Arizona, qu'est- ce qu'il se ...Les yeux de Callie se posent sur l'écran du téléphone où l'image de Sofia était encore figée. Arizona tourne la tête posant sur la latine un regard vide et glacial.

- Alors c'est ce que je suis, hein ? C'est pour ça que tu ne voulais rien me dire. La blonde ricane amèrement... Je suis donc cette femme détestable et égoïste qui t'a trompée, t'a blessée, a détruit sa famille et a laissé tomber son enfant...Pa... Parce qu'apparemment aucun enfant ne vit dans cette maison sans âme. C'est ce genre de personne que je suis donc devenue. Le ton était acide, mais surtout empreint d'une profonde tristesse. Consternée, Callie, secouait la tête

- Non...Non ! Tu n'es pas comme ça Arizona. Je te l'ai dit, j'ai eu beaucoup de tort aussi dans notre histoire, et tu le dis toi-même ce n'est jamais la faute d'une seule personne...Mais je t'en supplie crois moi... tu n'as jamais laissé tomber Sofia. Sofia est tout pour toi, tu l'aimes plus que tout au monde et elle t'aime tant si tu pouvais savoir comme...

- Pourquoi je te croirai maintenant alors que tu me mens depuis des jours... Pourquoi devrai-je te faire confiance ? Qui es-tu ? Je ne te connais pas en fait.

La blonde se lève et quitte la pièce laissant Callie désemparée.
La latine avait accepté d'être celle qui allait mentir encore une fois à Arizona, et maintenant c'était encore sur elle que sa colère retombait. Elle savait dès le premier jour que la blonde la détesterait, comme elle l'avait fait pour la jambe, mais ça ne faisait pas moins mal.
Elle pose les bières et la pizza sur le comptoir de la cuisine et sort de la maison, les yeux remplis de larmes, revivant encore une fois la douleur d'être rejetée par la femme qu'elle avait encore voulu protéger.


Merci d'avoir lu et de partager ce que vous pensez.