Clause de non responsabilité : Les personnages appartiennent à Shonda Rhimes et Grey's anatomy


Chapitre 14 : « Les souvenirs ne sont généralement jamais exempts de souffrance. »


Comme les deux femmes l'avaient décidé, elles avaient donc passé les jours suivant à organiser des moments en famille principalement pour leur petite fille, prenant grand soin de ne pas s'avouer qu'elles adoraient ça aussi.

Même si chaque soir, après avoir couché Sofia, Callie rentrait dormir chez Meredith, elle adorait passer le plus clair de son temps avec sa fille et son ex-femme. Quant à Arizona, elle avait fini par sentir que c'était son foyer, les rires de Sofia et Calliope se répandaient partout dans la maison et, c'était tout ce qu'il manquait à cette maison et à sa vie.

Un après midi, espérant secrètement qu'elle allait pouvoir détourner pour un moment l'obsession de leur fille pour « la reine des neiges », Arizona avait voulu amener Sofia au cinéma pour voir « La belle et la bête ». Elle avait insisté pour que Callie les accompagne, lui expliquant qu'elle trouvait stupide qu'elle se prive de séances de cinéma avec Sofia pour les lui laisser, et que désormais, aucune d'entre elles ne devrait s être exclue des moments de plaisir avec leur fille qui dans un clignement de cil se transformerait en une adolescente qui préfèrerait certainement partager de tels moments avec ses amis.

Alors qu'elle faisait la queue pour prendre les places, Callie les avait vu arriver, toutes deux un sourire jusqu'aux oreilles et des étincelles dans les yeux, encombrées d'un énorme sceau de pop-corn et de trois géantes barbes à papa.
La brune avait pouffé de rire devant les visages réjouis des deux personnes qu'elle aimait le plus au monde et l'orgie de sucrerie qu'elles prévoyaient.
La terre aurait pu faire une éternelle pause sur ce moment parfait, comme il l'avait été il y avait dix ans quand Arizona l'avait trainée au cinéma pour voir « Ratatouille ».

Cependant la latine restait inquiète. Arizona était sortie du coma depuis pratiquement trois semaines et sa mémoire n'avait fait que peu de progrès, en tout cas en ce qui concernait sa vie privée.
En outre, elle était pressée de questions par Penny qui lui demandait régulièrement quand elle comptait rentrer à New York. Tous ces sentiments mêlés la rendaient confuse, la mettaient mal à l'aise, ce qui chez la latine se traduisait toujours par des signes d'impatience que bien sûr son ex-femme devinait.

Aujourd'hui Callie venait de se garer devant une jolie maison. Le regard presque désespéré qu'elle avait posé sur elle, avait fait clairement comprendre à Arizona, que c'était un endroit important de leur histoire, et qu'il serait de bon goût qu'il lui évoqua quelque chose. En tout cas il lui semblait évident que ce lieu ne faisait pas remonter que des souvenirs joyeux chez son ex-femme vu la tête que la brune faisait en ce moment.

- Je suis désolée, Calliope...Je...Rien ne vient...C'est comme si c'était un trou noir...Je commence à me demander si ...

- Merde c'est quand même fou ! ...Tu te rappelles toutes les procédures de la chirurgie materno fœtale...Tu vas bientôt te souvenir d'Herman qui a été un vrai chameau avec toi pendant des mois et pas de cette maison que tu adorais... Arizona baisse les yeux sur ses pieds... Sérieusement, Arizona ? Tu te rappelles Herman ? La latine était abasourdie.

- J'ai eu quelques flashs d'elle dans la salle d'opération qui me sont revenus. La blonde penaude lève des yeux désolés sur la brune...Et aussi je vois Alex qui était très protecteur, parce que moi j'avais l'air plutôt déprimé et je me laissais traiter comme de la merde par Nicole et ...Je ne comprends pas comment ça se fait. J'ai l'impression que quand je ne comprends pas, eh bien le film s'arrête...

- Okay. Donc la partie professionnelle est revenue...C'est bien...C'est déjà un bon début. Non ? Malgré le ton qui se voulait positif et enthousiaste, Callie paraissait vraiment affectée...Allons-y, elle ne semble pas habitée. Allons voir par-dessus la clôture s'il y a toujours la cabane dans l'arbre...Tu aimais tellement cette cabane...Je crois que nous avons acheté la maison pour sa cabane dans l'arbre.

Sofia était assise à l'arrière dans son siège auto, ne perdant aucune parole de la conversation entre ses mères

- Je voudrai voir la maison aussi, c'est la maison où il y a eu un meurtre ?

- Quoi ? Arizona sursaute se tournant pour interroger sa fille.

- Qui t'a raconté ça Sofia ? Demande Callie gênée

- C'est Penny... Un jour je l'ai entendue te dire que maman te faisait faire n'importe quoi. Elle t'avait même fait acheter une maison que tu détestais parce qu'il y avait eu un meurtre.

Deux paires d'yeux bleus et d'yeux noirs sommaient Callie de s'expliquer sur ce détail de l'histoire. La latine se reprochait encore une fois sa trop grande bouche. Il est vrai, qu'enfermée dans une colère qui n'en finissait pas, elle avait passé beaucoup de temps à se plaindre et à blâmer Arizona, souvent de façon injuste, pour toutes les fautes dans leur mariage, et pour tout ce qui n'allait pas dans sa vie d'ailleurs.

- Il n'y avait pas eu de meurtre c'était une tâche de rouille sur la moquette de la chambre. Mais je suppose que ...Euh...Le fait que nous nous soyons précipitées pour l'acheter me rendait un peu... Euh...C'était une période compliquée Arizona...Je...En tout cas toi tu l'adorais. Cette maison a fait revenir ton sourire. La latine bafouillait embarrassée par l'aveu de Sofia.

- Bien allons voir cette magnifique maison qui donne le sourire aux gens ou les tue ! Dit Arizona en riant.

Faisant un clin d'œil à Callie pour lui faire savoir que ce n'était pas important, la blonde attrape sa fille et la chatouille. Elle ne comptait pas attacher plus d'importance aux propos de Penny et aux problèmes qu'elle semblait avoir à son sujet. Elle aurait juste aimé comprendre pourquoi c'était compliqué puisque son sourire était revenu, et pourquoi son ex-femme était aussi troublée.
Apparemment dans cette maison, les choses étaient devenues plus compliquées pour Calliope que pour elle, et cette pensée ne l'aidait pas à clarifier vraiment leur histoire

La blonde avait adoré la cabane, la balançoire et la piscine dans le jardin. Ça lui paraissait être une maison où on devait pouvoir être heureux, et Arizona pensait que Sofia aurait pu être très heureuse ici avec ses deux mamans, mais elle n'avait rien ressenti d'autre.
Alors que Sofia tenait chacune d'entre elles par la main, les deux femmes prenant soin de ne pas se regarder rejoignaient la voiture en silence. Arizona était déçue et manifestement Callie l'était aussi.

La blonde voyait que plus les jours passaient, plus son ex-femme était découragée. Elle n'osait même pas lui dire que des flashs lui revenaient régulièrement, mais dans ces flashs, il n'y avait jamais rien de leur vie ensemble, ni de Sofia, ni de Callie.
Elle avait eu un flash d'elle et Mark avec un jeune homme aux yeux incroyablement beaux, qu'elle n'avait pas remis tout de suite. Curieusement, ils étaient en train de jouer à pierre- ciseau- caillou dans un coin de l'hôpital. Quelques temps après, elle s'était souvenue que ce jeune homme était Jackson Avery, mais elle ne faisait pas le lien entre cette image et le moment de sa vie où ça avait eu lieu. Elle avait eu également des flashes d'Eliza, et n'avait d'ailleurs pas bien compris pourquoi elle avait cru tomber amoureuse de cette femme arrogante et froide qui avait failli mettre son amitié avec Richard en péril. Des souvenirs plutôt chauds de sa relation avec Carina avaient aussi refait surface. Mais elle ne savait que faire de tous ces petits bouts d'existence qui surgissaient dans sa tête de façon anarchique, donnant de sa vie l'image d'un patchwork d'une cruelle incohérence.
En outre, les deux personnes les plus importantes dans son monde d'aujourd'hui et en particulier sa fille elle ne se les rappelait toujours pas, et ça la minait.

Face à tous les trésors d'imagination que déployait Callie pour l'aider, Arizona culpabilisait tellement de cette situation, qu'elle n'avait pas encore avoué à son ex-femme tout ce qui lui était revenu en mémoire.

- Je suis désolée Calliope...J'aurai aimé me rappeler aussi, mais...

- Non...Ce n'est pas grave ...Je suppose que ça viendra plus tard. C'est bien que tu te souviennes d'Alex et du boulot.

La blonde pouvait voir que son ex-femme faisait d'énormes efforts pour conserver un sourire sur son visage, mais elle avait une autre lecture de cette posture résignée.
Elle n'ignorait pas que Callie était obsédée par l'idée de découvrir le fameux « point de rupture » et que la latine redoutait que ce soit tout simplement leur vie ensemble. Quant à elle, elle n'en n'avait aucune preuve, mais elle ressentait au plus profond d'elle que Callie se trompait. Elle aimait tellement ce qu'elle vivait en ce moment qu'il lui paraissait absolument impossible que Sofia et tous les moments qu'elle devinait de sa vie avec Callie puissent être le choc qui bloquait sa mémoire.

- Maman j'ai perdu la mémoire aussi. Dit Sofia brisant le silence qui s'était installé, alors qu'elles rentraient dans la voiture

- Pardon ?

- Je ne me souviens pas de l'appartement où je suis née et je ne me souviens pas de mon papa non plus, ni de la maison avec la cabane dans l'arbre, la balançoire et la piscine...Je suis comme toi maman j'ai une...Euh... amésie rétograde d'ométionnelle.

Les deux femmes éclatent de rire. Leur petite fille avait froncé les sourcils avant d'énoncer le nom de la pathologie presque parfaitement. L'enfant avait le chic pour dédramatiser toutes les situations chargées.

- C'est vrai ! Sofia était extrêmement vexée de ne pas être apparemment prise au sérieux par ses mamans... Je ne me rappelle pas de toi et mama quand on vivait dans cette maison et que tu faisais des tartes aux cranberries pour mama et moi, puis tu sais, tu les goutais et tu faisais cette grimace...Sous les yeux amusés de la blonde, Sofia imitait Arizona prenant un air dégouté comme sa mère latine lui avait montré... et puis tu haussais les épaules comme ça...et tu finissais par dire « Pfff ...elle est moins bonne que celle de ma mère ». Mais mama elle te disait toujours que ce n'était pas vrai et qu'elle était même meilleure que celle de mamie. La petite fille se rapproche de sa maman pour chuchoter à son oreille. C'était un mensonge. Ta tarte aux cranberries elle est vraiment dégueu maman ! Mais c'était un petit mensonge pour que tu te sentes bien, mama dit que ces petits mensonges sont autorisés quand ils sont faits par amour...

- Je suis totalement d'accord avec cette théorie. Dit Arizona écoutant sa fille avec émotion.

A travers tous les détails qui lui étaient révélés au fil des jours, la blonde sentait qu'elle avait été aimée plus qu'elle ne le pensait possible, elle tourne un visage bouleversé vers son ex-femme.

- Totalement ta propriété intellectuelle. La brune ricane essayant d'alléger le moment

- Je te fais cadeaux des droits d'auteur, parce que j'aime beaucoup que tu penses comme ça aussi. Murmure la blonde à la latine, puis se retournant vers sa fille... mais concernant ma tarte dégueu alors là, mademoiselle je ne suis absolument pas d'accord. Faisons une compétition de tartes et nous verrons qui va gagner...

Tout en s'assurant que Sofia soit correctement attachée sur son siège auto, Arizona chatouille son petit ventre déclenchant des éclats de rire de l'enfant.

Quand elle rejoint sa place du côté passager, elle aperçoit dans les yeux de son ex-femme, cette lueur triste qui la bouleversait encore plus, depuis qu'elle savait qu'elle en était responsable. Sentant le regard insistant de la blonde sur elle, la latine démarre le véhicule prenant soin de ne pas quitter la route des yeux.

- Calliope tu...Tu ne vas pas bien... Dit Arizona à voix basse afin que sa fille n'entende pas... Et je vois bien que toute cette situation te fait souffrir ...Et je veux tout sauf ça...Et si tu veux...

- Je vais vous déposer au parc à côté de chez toi et puis tu sais, il y a le camion de glace juste à côté et vous pourrez vous débrouiller pour rentrer à la maison à pied. Ce... Ce n'est pas trop loin... Je dois aller à l'hôpital. Interrompt la latine.

- A l'hôpital ?

- Oui Bailey m'a demandé de prendre en charge un diabétique il est à deux doigts de la double amputation...Je ...je vais juste prendre ce cas...J'hésitais, mais puisque je suis ici ...Et puis ...Il dit qu'il pourra se déplacer à New York si c'est nécessaire, alors...Euh...ça fait longtemps que je ne me suis pas occupée d'un cas comme ça. Ça me fera du bien de faire autre chose que de poser des plâtres sur des fractures. Et puis c'est sympa que Bailey me fasse confiance à nouveau. Tu sais, je...Je la sentais plutôt réfractaire depuis que j'ai quitté Seattle pour New York...

- Ouai, c'est bien pour toi ...Déclare Arizona en soupirant, consciente que la latine cherchait à éviter la discussion qu'elle avait essayé d'aborder...Euh...Callie, si tu veux rentrer à New York, je me débrouillerai avec Sofia, je vais appeler ma mère et...Je veux dire...Tu n'es pas obligée de...

- N'ayons pas cette conversation maintenant.

Montrant Sofia d'un geste de la tête, la latine interrompt sèchement la blonde. Elle ne voulait pas entendre la suite, elle savait trop bien qu'Arizona pouvait se débrouiller sans elle, elle le faisait si bien qu'elle l'avait même effacée de sa vie. Mais rentrer à New York ne lui paraissait même pas possible.
La brune se persuadait qu'elle ne voulait pas s'éloigner de sa fille et qu'elle s'était engagée auprès de ses anciens collègues à aider Arizona, mais même si c'était d'excellentes raisons, au fond d'elle, elle savait pertinemment, que ces quelques jours passés avec Arizona ne lui donnaient pas envie de partir non plus. Arrivée près du parc, elle sort de la voiture pour ouvrir la porte arrière et embrasser sa fille.

- Sofia soit sage avec maman ...

- Tu ne viens pas manger des glaces ?... Oh c'est vrai tu n'aimes pas vraiment les glaces tu préfères les pizzas...

Callie glousse et regarde avec tendresse l'enfant saisir la main d'Arizona et s'éloigner tout en sautillant. De loin, elle devinait la voix de sa fille qui papotait et Arizona qui riait. C'était vraiment l'image du bonheur dont elle avait rêvé depuis le jour où elle avait rencontré la blonde, elle aurait bien ajouté un ou deux autres bambins bavards autour d'elles.

Alors qu'elles allaient devenir invisible aux yeux de la brune, Arizona a ralenti son pas et s'est retournée comme si elle savait qu'elle était restée là à les observer. Elle fait un geste de la main, envoyant un baiser imaginaire à son ex-femme, et puis disparait avec Sofia. Les lèvres de Callie se sont étirées dessinant malgré elle un sourire sur son visage. Elle soupire, cette version d'Arizona, la soutenant dans tous les moments difficiles, lui avait tant manqué.
Tout en redémarrant la voiture, la latine réfléchissait. Était-ce vraiment seulement depuis la jambe, ou était-ce aussi après son retour d'Afrique et la découverte qu'elle ait couché avec Mark, que certaines chose s'étaient dégradées entre elles ?
Même si elle s'était occupée d'elle tout le long de la grossesse, même s'il fallait reconnaitre que la blonde s'était battue comme une tigresse pour récupérer sa place dans ce trio, et prétendre à la place d'un parent à part entière au même titre que les parents biologiques Arizona avait tu ses difficultés et ses craintes, et Callie s'était empressée de les ignorer. Elle avait seulement commencé à en parler en thérapie de couple, mais comme à son habitude, Callie ne l'avait pas laisser poursuivre.

La latine supportait plutôt mal qu'on lui fasse des reproches, alors elle s'était levée et avait mis prématurément fin à la séance. La brune grimace sa voix résonnant dans la voiture alors qu'elle se dirigeait vers l'hôpital.

- Putain je n'ai pas arrêté de lui reprocher de ne pas dire ce qu'elle pensait, mais dès qu'elle essayait de le faire, je ne la laissais pas...

De nombreux souvenirs de cette situation reviennent à l'esprit de la brune... « J'ai besoin d'encaisser, j'essaye d'encaisser en ce moment ». Mais la seconde d'après ne lui laissant pas l'opportunité de digérer la bombe qu'elle lui avait jetée dessus comme une petite revanche, elle lui demandait sans plus de ménagement « Tu es avec moi ou pas » Une autre scène lui revenaient à l'esprit « Callie j'ai besoin de parler, et j'ai besoin de toi pour le faire » « Je sais tu as mis la robe rouge et tout »...Encore une fois elle avait quitté un bureau, une salle d'attente, une pièce en claquant la porte, laissant la femme que pourtant elle aimait plus que tout, bouche bée.

- Rien d'étonnant qu'elle ait eu envie de tout oublier. Dit Callie à haute voix en secouant la tête de dépit

Elle ne savait pas comment elle était arrivée là, le fait est que lorsqu'elle sort de ses pensées, la brune était assise dans sa voiture dans le parking de l'hôpital.

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Sofia avait évidemment préféré commencer par manger une glace à la fraise avant d'aller jouer. Ça faisait déjà un long moment que la petite fille montait et descendait du toboggan, appelant systématiquement sa maman pour qu'elle la regarde, avant de se laisser glisser.

Assise sur un banc, entre deux signes de la main à Sofia, Arizona pensait à Callie.
Cette histoire d'amie ne marchait pas très bien. Elle devinait qu'elles avaient vécu des moments forts, et même si sa mémoire lui faisait défaut il était évident que beaucoup d'entre eux avaient dû être extrêmement douloureux.
Mais on ne souffre pas de ce dont on ne se souvient pas. Les souvenirs lient les gens, alors ils font souffrir ceux qui se rappelle.

Callie lui racontait en détail tout ce qui avait été heureux, et lui avait donné un résumé assez succin des choses qui s'étaient mal passées. Elle avait donc la part belle, elle avait la chance de ne pas se souvenir de toutes ces petites choses qui laissent des cicatrices. Mais elle pouvait voir tous les jours d'avantage que ce n'était pas le cas de la latine qui se battait contre des démons qu'elle gardait pour elle et souffrait probablement des plaies qui s'ouvraient à nouveau.
Arizona se sentait impuissante et triste à cette idée. Elle aurait voulu savoir comment la protéger, comme la brune le faisait pour elle.

- Maman !

Arizona lève la tête vers Sofia qui l'appelait pour ce qui semblait être la centième fois de l'après-midi. Son souffle s'arrête et son estomac se serre. Sa fille lui faisait coucou du haut du mur d'escalade.
D'abord pétrifiée, la pédiatre garde un sourire figé sur ses lèvres, puis elle s'approche calmement pour éviter de provoquer tout geste brusque de l'enfant, exhortant sa fille à la prudence d'une voix calme.

- Sofia tu dois descendre maintenant. Tu mets un pied sur...

Attend maman prend une photo pour l'envo...

Sof!... Sa bouche était restée ouverte mais aucun son n'en était sorti

Tout le reste s'était déroulé comme un film à vitesse rapide. Les secours avaient été appelés par un parent qui avait assisté à la scène, et une ambulance les avait conduites aux urgences du Grey- Sloan -Memorial.
Rentrant dans le service des urgences sa main serrant celle de l'enfant, Arizona marchait à côté du brancard sur lequel Sofia était allongée.

- Bipe le Dr Torres et Alex Karev et le Dr Bailey et aussi appelle Richard Webber... Hurle la blonde quand un interne s'approche d'elle

Qu'est ce qui se passe, c'est un VIP... le jeune médecin ricanait avec une insupportable désinvolture.

C'est ma fille ! Appelle-les de suite ! 911 ! Hurle la chirurgienne fœtale au jeune homme qui s'exécute en tremblant. Il n'avait jamais imaginé que le Dr Robbins toujours si aimable, calme et souriante, pouvait élever la voix à ce niveau de décibel.

Alertée par les cris, April qui était en charge des urgences accourt vers son amie.

- Arizona qu'est- ce qu'il t'arrive ? Calme-toi

- C'est Sofia...Elle...Elle est tombée et...elle a vomi il faut faire un scanner de sa tête

La rousse se tourne vers Sofia qui était tout à fait consciente, et moins effrayée par sa chute que par les hurlements inhabituels de sa maman.

- Comment t'appelles-tu ? Demande la rousse à la petite fille

Ne sachant pas si c'était une blague ou pas, Sofia fixe la rousse d'un air sceptique. Prenant un air supérieur elle grimace.

- Hello ! C'est moi, tu ne me reconnais pas ? Je suis Sofia Robbins Sloan Torres. Tu es vraiment bizarre April. Est-ce que tu aurais toi aussi une amésie rétograde d'ométionnelle ?

Poursuivant les examens d'usage, April éclate de rire.

- Non je m'assure seulement que tu n'en souffres pas

- On s'en assurerait mieux avec un scanner. Interrompt Arizona irritée par ce qu'elle considérait être une perte de temps... Il faut lui faire un scanner, April !

- Oh mais moi j'ai totalement une amésie rétograde d'ométionnelle. Persiste l'enfant fière de montrer qu'elle connaissait aussi des notions de médecine. Je ne me rappelle pas non plus, la maison où j'habitais avec maman et mama, et aussi quand maman faisait la tarte au...La petite est interrompue par April alors qu'elle allait lui raconter son histoire préférée du moment.

- Ouai je crois que tu vas très bien

- Non !...Il faut faire un scanner April !...Hurle Arizona...Je suis chirurgien pédiatrique et...

- Et ici tu ne l'es pas. Répond calmement la chirurgienne traumatique

Alors qu'Arizona était apparemment prête à sauter à la gorge de la rousse, Callie, Alex et Bailey arrivaient en même temps en courant.

- Qu'est- ce qu'il se passe ? Demande Bailey, alors que Callie apercevant Sofia sur le brancard s'était approchée de sa fille afin d'évaluer son état.

La petite fille se blottit dans ses bras.

- Mama tu sais, April n'est pas très polie, elle m'a interrompue alors que j'allais lui raconter l'histoire de la tarte et puis maman, elle est bizarre, elle crie sur tout le monde...Tu ...Tu crois qu'elle va crier sur moi aussi ?

De l'autre côté April répondant à ses collègues, essayait de minimiser la situation.

- Ce n'est rien ...C'est Arizona qui a paniqué... Sofia n'a rien, mais Arizona a eu peur

- Je ...Je ne panique pas du tout ! Elle...Elle est fragile. Ignorant la rousse, Arizona s'adresse à son collègue de pédiatrie. Alex, elle a vomi tu dois chercher un traumatisme crânien. Fais un scan Alex.

Callie avait rejoint le groupe des médecins

- Arizona calme toi, elle a l'air d'aller bien... Ne venait-elle pas de manger une énorme glace ? Elle s'adressait d'une voix douce à son ex-femme qui de son côté, prenant une profonde inspiration essayait de retrouver un peu ses esprits.

- Si ...Mais elle en mange tout le temps et puis...

- Et puis elle a eu peur et elle a vomi. Arizona c'est tout. Tu dois te calmer, chérie.

- Arrête de me dire de me calmer. Sanglote la blonde. Calliope s'il te plait, je veux qu'on lui fasse un scanner ! Résignée, Callie acquiesce de la tête.

- Alex fait le ...

- Ouai...Je suppose que ça ne mettra pas en faillite votre assurance, et Sofia et sa maman seront rassurées. Allez, on est parti miss Sofia...

Laissant les mères assises dans la salle d'attente, Alex emporte Sofia, faisant rouler le brancard dans les couloirs comme s'ils étaient sur un circuit de formule 1, la petite riait et criait...Plus vite Docteur Alex...Plus vite.

Sous le regard médusé d'April et Bayle, la blonde prenant une profonde respiration, se blottit , contre son ex-femme qui passant doucement une main dans son dos, enroule chaleureusement son bras autour de ses épaules.

Echangeant sans un mot un regard inquiet avec la rousse, Miranda s'éloigne levant les yeux au ciel.

- Elle était sur le toboggan...Je ...je ne l'ai pas quittée des yeux Calliope...Je ... Ou peut -être juste une minute et quand j'ai levé la tête elle était en haut du mur d'escalade et elle se tenait d'une seule main pour me faire coucou.

- Arizona ça va. Elle va bien ...Tu sais comment sont les enfants, une minute ils sont à un endroit et la minute d'après ils sont ailleurs. Ne t'inquiète pas, le scanner va revenir parfait, on la surveillera cette nuit et je resterai avec toi si tu veux. Arizona ? Tu m'entends?

La blonde avait les yeux dans le vide, secouant la tête elle semblait se parler à elle-même.

- Il faut qu'elle soit plus prudente, ça fait déjà deux fois qu'elle vient ici. Se retournant vers Callie elle demande... Est-ce qu'on lui avait fait un scanner quand Penny la recousue ? Oh merde, j'ai paniqué elle n'avait peut-être pas besoin d'un scanner. Quand elle est tombée, je suis restée figée, comme quand elle avait codé dans la salle d'opération quand Spark l'opérait du canal artériel. C'était exactement pareil, j'ai cru qu'elle était... Regardant la brune les yeux remplis de larmes, dépitée Arizona secouait la tête. Franchement pour un chirurgien soi-disant renommé je suis assez inefficace.

- Parce que dans ce cas, tu es d'abord une mère... Callie souriait à cette réalité. Tu vois, toi qui as toujours peur de...Attend !... Euh... Arizona, je ne t'ai jamais raconté que Penny a recousu son front et nous n'avons jamais parlé de l'opération de Spark non plus...

- Dans l'ambulance... La blonde fixait à nouveau ses pieds... J'ai eu des flashs et je me suis souvenue de Sofia, tu sais, quand j'ai fait redémarrer son cœur avec mes doigts, je me suis souvenue de tout...

- C'est génial ! S'écrie Callie. J'en étais sure, le point de rupture c'était Sofia...Je l'avais dit à Meredith, tu étais toujours bouleversée quand tu parlais de la naissance de Sofia.

Soulagée, Callie sent soudain un poids d'une tonne qu'elle ignorait qu'elle portait, se lever de sa poitrine. Se réjouissant qu'Arizona ait retrouvé sa mémoire, même si elle était consciente que tous les problèmes n'étaient pas réglés pour autant, la latine pensait qu'elle n'avait pas été aussi en phase avec la blonde depuis des années, et maintenant que les bases seraient claires, leur relation ne pouvait qu'en être améliorée.
Sentant la main de la blonde se poser sur sa cuisse, elle lève des yeux pleins d'espoir vers Arizona

- Je me souviens de tout. De Sofia, de Mark, de Lexie et même de Cristina et de Derreck et aussi du crash, des bois et de la douleur dans ma jambe. Je me souviens même de Penny mais...Mais tu n'es jamais sur la photo. Je suis désolée Calliope je ne me souviens toujours pas de toi...

Une ombre passe sur visage de la latine, cette révélation ayant l'effet d'une enclume que l'on venait de laisser tomber sur sa tête.


Merci d'avoir lu. J'avoue être plutôt sadique avec Callie ici!