Author : TLIOM
Title : Legend of War.
Genre : Action, Romance, Drame/Tragédie, Univers Alternatif.
Pairing : Naruto x Sasuke
Rated : M. Ne convient pas aux enfants et adolescents de moins de 16 ans. Violence suggérée, langage susceptible de choquer, scènes de sexe explicites.
Disclaimer : Les personnages de cette fiction appartiennent à Masashi Kishimoto.
Summary : « La guerre créait des légendes, mais laissait aussi des séquelles irréversibles sur le corps… Et dans le cœur. L'histoire d'une rencontre bouleversante au cœur d'une guerre sans merci, d'un amour jugé impossible et d'un événement qui marquera à jamais même le soldat le plus émérite. »
Bonne lecture.
TLIOM
LEGEND OF WAR
Chapitre 1
~ Qui veut la guerre, est en guerre avec soi. ~
Alain
« Je protégerai ma nation.
J'opterai toujours pour la réussite de la mission.
Je ne trahirai jamais le secret-défense.
Je porterai secours et veillerai sur mes frères d'armes.
Je ferai couler le sang de l'ennemi si, et seulement si ma vie ou celle de mes compagnons s'en trouverait menacée.
Je défendrai au péril de ma vie ma section, ses hommes et ses intérêts.
Et quoi qu'il advienne, je resterai loyal et fidèle à la Konoha Royal Army.
Force et honneur. »
18h34, le 4 juillet 2020, quelque part dans le désert de Suna.
« Un ennemi à douze heures… Vent coefficient un. Distance… six cent treize mètres de notre position. »
« Reçu. Cible en visuel. »
« C'est quand tu veux patron… »
Allongé au sol, épousant à la perfection le sable doré qui recouvrait la région désertique de Suna à des kilomètres à la ronde, le Sergent-chef Naruto Uzumaki effectua les derniers réglages sur son fusil de précision, crosse fermement collée dans le creux de son épaule, inspira et bloqua l'air dans ses poumons afin d'assurer un tir millimétré. Une paupière plissée et l'autre œil dans la lunette grossissante, il arma son index sur la gâchette sans trembler, mû par des années de pratique dans le corps de l'armée de terre. À ses côtés, Kiba Inuzuka fixait l'objectif à travers sa paire de jumelles, une minuscule boîte de conserve que Naruto avait pour but d'atteindre en un seul tir. Ces deux-là étaient compagnons d'armes depuis trois ans et se vouaient un respect mutuel malgré leurs différences.
À vingt-huit ans, Kiba était du genre tête brûlée, et ce, même s'il officiait auprès de Naruto en tant que spotter. Habitué à être en planque à ses côtés que ce soit sur un toit, au cœur d'une végétation dense ou comme ici, au milieu d'un désert aride, Kiba préférait néanmoins l'action pure et franche, celle qui lui donnait un shoot d'adrénaline et tant de picotements d'excitation au bout des doigts. Ainsi, dès que l'occasion se présentait et que l'ennemi prenait de court ses autres coéquipiers, ce soldat aguerri se lançait à la charge sans peur, terrassant chaque opposant jusqu'au dernier. Fonceur et déterminé à mener à bien chaque mission, Kiba ne refoulait cependant pas son sens de l'humour au fond d'un placard, agissant comme un véritable boute-en-train à la base militaire quand l'heure du repos sonnait.
Naruto, quant à lui, brillait par ses exploits. Âgé de trente-deux ans et assuré par des années d'expérience, il devint au fil du temps un sniper chevronné, un collectionneur de tête et sa réputation n'était plus à faire. Nul ne comptait le nombre de morts sur le terrain, au contact, qu'on lui décernait, mais à son actif, plus d'une centaine de personnes avaient été assassinés d'une balle logée en pleine tête partout dans le monde, de la région montagneuse et enneigée aux destinations tropicales dignes des plus belles cartes postales, victimes de son redoutable CDX40.
Soldat accompli, Naruto était cependant un homme forgé par les guerres et la violence qui en résultait. Dur, froid, intransigeant, devenu presque insensible, toutes les recrues qui avaient croisé sa route le craignaient. Pourtant, Naruto avait tout du bellâtre que l'on pouvait aisément prendre comme modèle. Sous son treillis, une peau gourmande à la couleur du caramel qui appelait à la débauche et un mètre quatre-vingt-cinq pour quatre-vingt-dix kilos de muscles : des bras gonflés par les séances de musculation qu'il s'imposait durant ses temps de pause, des cuisses puissantes grâce aux kilomètres de tractage de vieux pneus de 4x4 et cela même sous un soleil de plomb, des abdominaux comme sculptés dans le marbre à force de s'infliger des exercices divers et variés jusqu'à la tombée de la nuit et que ses jambes ne le supportent plus... Nul doute, Naruto transpirait de virilité, de testostérone et sur son visage, la masculinité se lisait tout autant. Une mâchoire carrée qu'une barbe blonde de quelques jours recouvrait, des lèvres charnues, mais où se dessinait rarement un sourire et des yeux bleu azur perçants que personne n'osait soutenir, car un seul de ces regards semblait trancher comme les lames d'un rasoir.
Toutefois, sous son air impitoyable, un lien fraternel reliait le leader de la section Kurama à ses trois subordonnés, bien que Naruto ne l'admettrait jamais, par fierté et par pudeur.
Saï Yamanaka et Neji Hyuga complétaient la troupe. Considéré comme un sage, Neji possédait une personnalité réfléchie qui savait tempérer le comportement souvent volcanique de Kiba et celui bien plus provocateur de Saï, le cadet de la section à la réputation sulfureuse. Malgré ces discordances, ils formaient une équipe soudée, la confiance régnait, et cela était foncièrement indispensable en ces temps de guerre.
Déployée depuis cinq jours pour une mission de quatre mois, l'unité Kurama se basait pour l'heure dans une zone inhospitalière, loin de toute trace de civilisation, à une cinquantaine de kilomètres de leur destination finale : Suna, ville alliée de Konoha d'où ils étaient tous natifs, tombée sous les forces terroristes depuis un incident diplomatique sans précédent. Une partie du peuple s'était soulevée et avait fomenté un coup d'état. Des extrémistes armés jusqu'aux dents terrorisaient la capitale du pays du Vent. La situation perdurait depuis une semaine. Une semaine où le gouvernement avait ordonné à la population de se retrancher chez elle et un couvre-feu fut instauré en attendant la riposte. Le groupuscule contestataire comptait beaucoup d'hommes dans leur rang et ces derniers avaient pris le pouvoir dans les rues depuis, la mettant à feu et à sang, saccageant tout sur leur passage. Des enfants à peine âgés de dix ans furent enrôlés, pour une cause qu'ils ne saisissaient même pas, pour des idéaux appelant juste à la barbarie, à l'instauration d'un climat de peur, à la violence et à la mort. Et cet état de fait ne plaisait absolument pas Naruto. Son unité appartenait à l'élite, mais c'était fatalement la leur qu'on appelait pour ce genre de cas désespéré, c'était elle qui faisait face à des assaillants de plus en plus dangereux et prêts à mourir pour leur cause en infligeant souvent un maximum de dégâts, elle qu'on envoyait au front pour exterminer même les plus jeunes...
Marié depuis un an à la douce et aimante Hinata, une jeune cousine de Neji, après dix ans de relation sans l'ombre d'une vague, Naruto était aussi père d'un garçon de quatre ans prénommé Boruto et une petite fille allait voir le jour dans un peu moins d'un mois, dont le doux nom d'Himawari avait d'ores et déjà été choisi par les jeunes parents. Si sa vie de famille représentait le plus beau des contes de fées, Naruto n'hésitait cependant jamais à tirer, même sur ces pré-adolescents.
« Ils n'ont pas de poils au menton, mais ils portent des bombes et savent mieux se servir d'un fusil que d'un stylo. N'oubliez jamais ça. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe, on respecte toujours la mission. Même si c'est dur, insupportable, intolérable, gardez à l'esprit que c'est eux ou vous les gars. » se justifiait-il, quand ses rangers foulaient un sol à la couleur du sang de ces enfants.
Avoir une famille n'influençait pas ses choix. La guerre était la guerre et les sentiments n'avaient pas leurs places dans le chaos. Ce n'était que des ordres à exécuter, des missions à remplir, des objectifs à atteindre. Comme un robot dédié à cette tâche, il tirait jusqu'à ce que plus un cri ne se fasse entendre.
Faire la guerre n'avait rien d'une promenade de santé sur des sentiers paisibles ; la guerre était moche, sans pitié, et les hommes qui engendraient ou participaient à celles-ci se fichaient bien des vies qu'ils arrachaient. Naruto le savait plus que quiconque. La guerre, c'était la loi du plus fort.
Mais pour l'heure, il ne s'agissait que d'un banal entraînement, afin de tâter de nouveau un peu l'acier de son arme avant une projection bien plus abrupte dans la réalité de ce conflit. La concentration du blond était à son paroxysme, comme toujours. À cet instant, rien n'aurait pu venir perturber son calme olympien.
Rien ou presque.
Un tir décoché qui ne venait pas de son arme propulsa la boîte métallique loin de la pierre sur laquelle elle était posée. Ne s'attendant pas à cette riposte incongrue, Naruto releva la tête, les yeux ronds d'effarement.
« Putain, c'est quoi ce bordel ?! »
Machinalement, il repositionna un œil dans sa lunette et chercha dans le décor l'auteur de la balle inconnue. Mais rien. Celui-ci avait déjà disparu des dunes environnantes, où il avait certainement dû se poster. Naruto vérifia les alentours encore et encore, jusqu'à ce que la frustration de ne pas pouvoir apercevoir le visage de celui qui venait de lui chiper volontairement son objectif ne le fasse sortir de ses gonds.
« À tous les coups, c'est cet enfoiré de Saï ! On remballe Kiba. Je vais lui faire bouffer tout le sable de ce putain de désert à ce connard ! »
Sous les ricanements de Kiba, Naruto se redressa, sécurisa son fusil, plia le trépied qui le maintenait en place sur le sol instable et galopa à la vitesse de l'éclair jusqu'à la base, porté par la nervosité qui faisait cogner son cœur un peu plus fort.
Ses pas soulevèrent la poussière et ce fut en maugréant qu'il pénétra dans leur campement, arrachant presque les pans de la tente lorsqu'il entra dedans.
« SAÏ ! » hurla-t-il de sa voix rauque. « RAMÈNE TON CUL ICI ! »
Derrière d'autres rideaux qui cachaient une zone aménagée en salle de réunion préparatoire, Saï apparut, un sourcil levé, étonné par ces élévations de voix à son encontre, suivi par Neji et de deux autres hommes que ni Kiba, ni Naruto ne reconnurent. Même devant ces inconnus portant un uniforme identique au sien, le blond ne décoléra pas et mit les règles de bienséance de côté pour cracher sans honte sa hargne comme du venin.
« La cible. C'est toi qui l'as touché ? » siffla-t-il, menaçant.
« Quoi ? » s'étonna Saï en battant des cils, ignorant tout de ce que pouvait bien lui reprocher son leader.
« La CIBLE ! La putain de cible ! LÀ-BAS ! C'est toi qui l'as touché ? » s'emporta Naruto, rouge de colère et les yeux balançant des éclairs, en pointant du doigt la zone de tir temporaire, créée pour les entraînements quotidiens.
« Non ! Naruto, j'ai pas bougé d'ici, je... »
« Désolé. » s'exclama soudain une voix inconnue venant de l'extérieur, coupant court l'échange véhément. « C'était moi. »
Le visage fermé, Naruto fit volte-face. Presque nonchalant, un homme aux cheveux noir corbeau, dont de multiples épis se soulevaient à l'arrière de la tête, s'avança vers lui arme à la main et releva une paire de lunettes de soleil pour dévoiler des yeux aussi sombres que le charbon. Son teint diaphane créait un contraste fulgurant, mais Naruto ne voyait que ses deux abysses qui soutenaient sans faillir les siens, quand ceux des autres se baissaient instinctivement dès lors qu'ils les croisaient.
Il y eut une tension électrique dans l'air, émanant entièrement de Naruto, mais le brun fut totalement hermétique à cette attaque visuelle, que tous perçurent pourtant distinctement. Seuls les fous et les ignorants osaient défier l'orage de ses yeux clairs.
« Naruto, ils ont été envoyés pour nous prêter main forte, calme-toi. » modéra Neji, sachant très bien que le blond allait exploser d'une seconde à l'autre.
Mais Naruto fit la sourde oreille. Il avança jusqu'au nouvel arrivant et le toisa de ses dix centimètres supplémentaires et de ses larges épaules. Puis fièrement, il gonfla le torse et posa ses mains sur ses hanches tout en penchant la tête sur le côté.
« Ton nom ? »
« Sergent Uchiha. Sasuke. Je dirige la sec-… »
« J'm'en branle de savoir qui tu diriges… Sergent Uchiha… » coupa-t-il sèchement en le détaillant cette fois de haut en bas avant de revenir le mitrailler de ses perles céruléennes. « Ça t'amuse de voler la cible des autres ? »
Sasuke entrouvrit les lèvres pour répondre, mais en une seconde, tout bascula. En une manœuvre maîtrisée, Naruto lui subtilisa son fusil et le mit en joue, sous les protestations et les hoquets de surprise de ses compagnons. Sasuke, lui, ne bougea pas, nullement impressionné par cette démonstration de force qui ne visait qu'à l'intimider et resta fixe dans les yeux du blond pour lui montrer qu'il n'avait pas peur. Et cette réaction de totale indifférence n'eut pour effet que de renforcer la grogne de Naruto.
« Si je tirai ta femme alors qu'elle t'est acquise, ça te ferait chier pas vrai ? Ici, c'est la même chose. Ne t'avise plus jamais de t'approprier ce qui appartient aux autres, Uchiha. Surtout quand tu es sur un terrain que tu ne connais pas et avec des gens que tu ne connais pas. »
Le duel visuel dura un instant, jusqu'à ce qu'un mince rictus moqueur se dessine sur les lèvres de Sasuke.
« Sauf votre respect… Si vous vous employez à cette tâche avec la même lenteur que votre tir sur cette cible, n'importe quelle femme se serait déjà lassée… Mais essayez toujours. Quoi qu'il en soit, je doute que vous baisiez ce que je baise... Sergent. »
Kiba s'esclaffa le plus discrètement possible, mais la moquerie ne fut pas du goût de Naruto, piqué par cette humiliation devant ses adjoints. Il fronça les sourcils, mais plutôt que de continuer cet échange houleux avec cet homme qu'il rencontrait pour la première fois, il concéda à baisser son arme et la lui rendit en l'écrasant brutalement contre son torse, comme si par ce geste, il tenait à lui démontrer sa supériorité.
« Fais pas le malin. Sinon, je me ferai un plaisir de te pendre au terrain d'entraînement et je te prouverai que je ne rate jamais ma cible. Et c'est Sergent-Chef, sale con. Ici, y'a qu'un patron et c'est moi. »
Sasuke cilla à peine quand il réceptionna de plein fouet son fusil longue portée tout comme le coup d'épaule de Naruto qui bouscula la sienne lorsqu'il passa à côté de lui pour rejoindre le dortoir de la troupe d'un pas lourd, traduisant un agacement profond.
« Il est tout le temps comme ça ? » demanda Sasuke en regardant son dos imposant s'éloigner.
« Oh putain, ouais ! » s'exclama Kiba dans un éclat de rire compulsif qu'il put enfin exprimer. « Vous nous l'avez foutu en rogne Sergent, c'est malin ! Provoquer Naruto, c'est comme s'attaquer à une armada d'au moins mille hommes ! »
Silencieux, Sasuke le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière les épaisses tentures beiges du dortoir, mais ne chercha pas à le retenir ; à cet instant, réfuter l'autorité de ce chef de section pédant et à l'humeur massacrante aurait pu lui être fatal, pour ce qu'il en avait déduit.
Pour un premier échange, Sasuke sentit immédiatement que leur relation risquait d'être catastrophique s'ils poursuivaient sur cette voie. Là où il ne voyait qu'une innocente taquinerie, et là où quelque part, Naruto aurait pu y distinguer ses qualités de tireur hors pair, la situation venait de s'envenimer subitement pour une raison vide de sens. Unir leurs unités pour cette opération extérieure ne serait visiblement pas aussi simple que prévu et pour cela, même s'il pensait que la réaction du blond était réellement disproportionnée, il se nota dans un coin de sa tête d'aller converser avec lui un peu plus posément dans l'espoir d'apaiser les choses. Une entente, au moins cordiale, était plus que nécessaire et les milices ennemies ne leur feraient pas de cadeau au moment venu si leur mésentente idiote perdurait.
« Il va se calmer. » assura Neji. « Venez, on va vous faire un topo. »
19h24, près du QG, autour d'un feu de camp.
Disposés en cercle autour d'un généreux brasier flamboyant, alors que le ciel crépusculaire exposait sur un vaste horizon un splendide camaïeu de bleu, les soldats de la section Kurama et Taka partageaient quelques anecdotes sur leurs diverses expériences en service autour d'une bière lors de ce début de soirée, sans doute la dernière reposante avant leur première mission commune le lendemain. L'unité composée de Kiba, Saï et Neji se faisaient une joie d'accueillir dans leur rang Yahiko et Juugo, les deux autres partenaires de Sasuke, et bien qu'il n'en fût rien, ils étaient facilement comparables à deux frères à cause de leur chevelure rousse et de leurs prunelles noisette. L'ambiance était propice à la relâche, les rires fusaient, mais le chef de la section Kurama était aux abonnés absents et cela interpella suffisamment Sasuke pour que la question soit posée.
« Il ne partage jamais rien avec vous, Naruto ? »
Le climat subit instantanément un effet de froid qui n'échappa pas à l'œil rompu du brun, lequel plissa légèrement les paupières en détaillant les réactions sur le visage des hommes de Naruto, dont les sourires et les rides de bonne humeur avaient disparu. Si Saï préféra taquiner en silence le goulot de sa bouteille en verre, Neji opta pour un décryptage approfondi d'une braise sur laquelle il s'attarda plus que nécessaire. Ce fut Kiba qui brisa finalement la glace en premier après quelques secondes à choisir les mots les plus convenables pour qualifier son chef d'équipe.
« Tu sais… Faut pas te fier à son air un peu rustre. Naruto, c'est un bon chef et on lui fait tous confiance à mille pour cent. Seulement, la dernière mission a été très compliquée, ça a dégénéré, vraiment, c'était vraiment la merde et on a perdu un gars. Shikamaru… Ça fait trois mois, mais Naruto ne l'a pas digéré… Faut dire qu'ils étaient plutôt proches. Et puis au-delà de ça, il a pas eu une vie facile tu vois… Il est orphelin et… »
« Kiba ! » gronda Neji. « Ce n'est pas à toi de faire l'étalage de la vie de Naruto. Arrête ça. »
Kiba se tut alors et le silence reprit ses droits ; seul le crépitement du bois au cœur des flammes meubla l'atmosphère écrasante. Sasuke plongea dans ses pensées tandis qu'elles dansèrent au fond de ses yeux en d'abstraites arabesques orangées. Les quelques informations grappillées sur le blond trouvèrent des concordances avec son propre passé, rappelant aussi des douleurs enfouies, des familiarités désagréables, mais cette première étape lui permettait d'en apprendre davantage et Sasuke se rendit compte qu'il l'avait peut-être mal jugé en le cataloguant directement dans la catégorie des narcissiques tyranniques.
« Bref, pour se préserver, il a préféré se détacher un peu de notre groupe et maintenant, il passe son temps à s'entraîner jusqu'à tomber d'épuisement. Il se sent coupable de ne pas avoir pu sauver Shikamaru, je crois, mais il n'y est pour rien. Il y a laissé suffisamment de plumes en endossant toute la responsabilité. Enfin voilà, c'est ce que je peux te dire, pour le reste, il en parlera de lui-même s'il en a envie. » clôtura Kiba.
Sasuke acquiesça ; cela lui suffisait venant de ses compagnons et il avait de toute façon bien compris que ce Neji n'était pas favorable à dévoiler les points faibles de son supérieur, c'était d'ailleurs légitime. Néanmoins, il se leva et attrapa sa canette puis une autre dans la glacière qu'il décapsula ensuite. Il devait crever l'abcès avec Naruto et l'échange serait sans doute beaucoup plus détendu s'il lui apportait de quoi se désaltérer, en signe de paix.
« Je vais le voir, j'ai des excuses à lui faire. Je ne tiens pas à ce qu'on se bouffe le nez pendant quatre mois pour une connerie. » annonça-t-il au restant du groupe avant de tourner les talons.
« Bon courage… » lança Saï tandis qu'il s'éloignait pour aller trouver Naruto au terrain d'entraînement qui sombrait peu à peu dans la pénombre.
Accroché à un morceau de bois faisant office de barre de traction, Naruto se hissa pour la vingt-neuvième fois. Des veines gonflées par l'effort apparaissaient sur ses biceps et tendaient presque à vouloir exploser tant il mobilisait ses forces. Son visage reluisait de sueur après avoir passé plus d'une heure à s'exercer sans relâche entre pompes, squats et levé de poids, mais une flamme vive brûlait sans faiblir dans ses yeux bleus.
Il n'en avait jamais assez. Devenir fort, un peu plus chaque jour, tel était son let motiv, son objectif personnel pour pallier ses faiblesses. Ou plutôt sa faiblesse. Il ne se pardonnait pas le décès de Shikamaru et l'énorme trou qui s'était désormais formé dans la section Kurama. En tant que chef d'équipe, il avait failli à sa tâche. En imposant une souffrance à son corps, il se punissait, mais ça ne serait sans doute jamais à la hauteur de cette perte.
« Vous ne devriez pas solliciter autant vos muscles. C'est contre-productif. »
Naruto ne se laissa pas déconcentrer par la venue de Sasuke et l'ignora délibérément en effectuant sa trentième traction.
Ce morveux et ses grands airs, c'était tout ce qui l'insupportait. Néanmoins, ses supérieurs l'avaient mis dans ses pattes et pour la réussite de la mission, il allait devoir faire avec.
« Ah ouais ? Bah toi, tu devrais peut-être t'y mettre. J'accepte pas les boulets dans mon équipe. »
Amusé, Sasuke concéda à lui sourire et tendit à son attention la bouteille.
Devant l'appel de son besoin de se désaltérer, Naruto sauta alors à pieds joints et souleva la poussière en atterrissant. Sans un merci, il subtilisa la boisson de la main blanche du brun et assoiffé, la porta goulûment à ses lèvres pour s'offrir une longue rasade du liquide amer.
« Je n'ai peut-être pas autant de muscles que vous, mais j'ai d'autres talents. »
« Ça sera à moi d'en juger. » coupa Naruto en essuyant la fine mousse sur sa lèvre supérieure. « Mais tu m'as plutôt l'air d'être le genre de type à qui il faut constamment sauver les miches. »
Le sourire espiègle de Sasuke redoubla. Finalement, ce Sergent-chef n'était peut-être pas si mal léché que ça et possédait même enfouie quelque part une once d'humour.
« Il ne faut pas se fier aux apparences. Avec tout le respect que je vous dois, je crois que c'est moi qui vais devoir souvent protéger les vôtres. »
« C'est cela oui… Mets-toi au boulot au lieu de dire des conneries. Trente tractions. Maintenant. »
Sasuke souleva un sourcil, perplexe, cherchant dans le regard turquoise la pointe d'ironie qui l'informerait que Naruto se payait sa tête. Mais face à ses bras entremêlés sur son imposante poitrine et sa figure sévère, Sasuke craignit de deviner qu'il n'y avait aucune sorte de plaisanterie cachée sous sa demande.
« Vous êtes sérieux ? »
« Tout juste. Je sais ce que t'essayes de faire, Uchiha… Mais ça ne marchera pas avec moi. Ôtes-toi de l'esprit de faire de moi ton ami et enfonces-toi plutôt dans le crâne que je vais être ton pire cauchemar. Des blancs-becs comme toi, j'en ai vu à la pelle. Ils font les malins, mais devant le danger, y'a plus personne, ils se pissent dessus, se carapatent et à cause d'eux, on foire la mission. Tu m'as clairement l'air d'être de cette trempe… Et j'aime pas beaucoup ça. La preuve, je te donne un ordre pourtant simple et tu ne l'exécutes même pas. »
Réflexion faite, sa première impression se révélait finalement être la bonne : le Sergent-chef Uzumaki était véritablement imbuvable. Cependant, Sasuke savait aussi lire entre les lignes : l'attitude de Naruto était légitime, il ne voulait pas perdre de sa superbe devant lui et prouver qu'il était bel et bien le chef.
Alors il se délesta de son t-shirt en soutenant les perles glaciales du blond et prit place sous le rondin de bois avant de se propulser pour l'atteindre.
Rapidement, il en effectua cinq sous le regard réprobateur de Naruto et ce dernier se mit à lui tourner autour pour lui mettre la pression, tout en sirotant tranquillement sa bière jusqu'à la dernière goutte.
« Allez, du nerf ! T'as rien dans les bras ou quoi ? Le seul talent que je vois, c'est l'immensité de ta grande gueule ! »
Il le testait, voulait le pousser dans ses retranchements. Tout ça parce qu'il l'avait provoqué, Naruto rendait coup pour coup.
« Même ta grand-mère ferait mieux que ça ! Tu veux jouer les durs ? Mais tu sais que parler Uchiha ! »
Sasuke s'implorait mentalement pour ne pas céder à ses propres provocations et aussi parce qu'il en avait vu d'autres, mais tout de même, il fulminait.
« Mets pas tes jambes comme ça putain ! Tu sors d'où ?! D'une troupe de cirque ? »
Joignant les gestes à la parole, Naruto l'attrapa par les cuisses pour modifier sa posture, mais une violente décharge dans les mains le fit immédiatement lâcher prise. Pétrifié, il questionna du regard son homologue, les sourcils froncés. Toujours suspendu, Sasuke plongea également dans les yeux du blond. Il venait de se produire quelque chose à l'instant quand il l'avait touché, et Naruto semblait l'avoir aussi remarqué.
Profitant de son trouble, Sasuke se servit de ses jambes pour l'immobiliser au niveau de la taille et bascula en avant, entraînant Naruto dans sa chute. Il s'écrasa sur lui sans aucune douceur et arma un poignard contre sa carotide.
« Tu me fais la morale… Mais tu te laisses dominer par tes émotions… Naruto. C'est pour cette raison que tu es allongé par terre. »
Passé la surprise, rageur et surtout outré de s'être fait avoir comme un bleu, Naruto donna un coup de hanche pour intervertir leur position. Le couteau fut jeté au loin et les poignets de Sasuke furent emprisonnés au-dessus de sa tête. Sans vraiment le réaliser, Naruto colla son corps au sien et pencha son visage si près que leurs nez se touchèrent pratiquement. Hors de lui, les traits déformés par la colère, il s'emporta furieusement.
« Je me laisse dominer par rien du tout ! »
Fièrement, Sasuke étudia en détails son faciès, sa mâchoire crispée, sa bouche tordue, ses épaules tendues… Il avait touché en plein dans le mile.
Ils se battirent visuellement un instant, jusqu'à l'odeur musquée de Sasuke ne vienne chatouiller le sens olfactif de Naruto. À son tour, il dévisagea entièrement le portait parfait du brun, à commencer par ses pommettes saillantes, son nez droit puis ses lèvres charnues. C'est à ce même moment qu'il se rendit compte du contact de leur peau nue, de leur proximité, du mélange de leur souffle, des yeux brillants si profonds de Sasuke et de leur position inadéquate. Pris d'un soudain malaise, d'un bond, Naruto se releva.
Automatiquement, il regarda en direction du groupe resté au coin de feu pour s'assurer que personne n'avait été témoin de la scène et après s'être conforté qu'aucun d'entre eux ne s'était aperçu de quoi que ce soit, il reporta son attention sur Sasuke qui, entre temps, s'était redressé sur ses avants bras.
« Recommence plus jamais ça. » cracha Naruto.
Et sans demander son reste, il tourna expressément les talons.
21h53, dans les dortoirs du QG.
« Salut chérie. Comment ça va à la maison ? Boruto va bien ? Et pour Hima, ton père a pu venir t'aider pour les derniers préparatifs ? »
Après la ration vite expédiée dans une ambiance guillerette animée par Kiba, Naruto profita de cet instant de détente, assis sur son lit dans la minuscule pièce lui servant de chambre à coucher, alors que le sommeil avait déjà capturé ses autres camarades.
L'écran de la tablette lui renvoyait l'image d'Hinata, dont le visage attendri embellissait davantage ses traits de poupée.
Il y avait peu d'intimité dans le quartier général. Seule la nuit lui offrait quelques heures de décompression et du temps rien qu'à lui pour prendre des nouvelles de sa femme, sans avoir l'ombre de ses coéquipiers sur le dos.
« Tout le monde va bien, rassure-toi. Boruto te réclame un peu, mais c'est normal, il est grand maintenant et se rend bien compte que son papa n'est pas là... Et Himawari ne cesse de bouger, elle s'impatiente ! J'ai vraiment hâte qu'elle arrive… Même si j'aurais aimé l'accueillir avec toi. »
Naruto la détailla en silence. Son expression avait changé et il devina sans mal que sa compagne était triste de mettre au monde leur fille sans sa présence. Bien qu'Hinata ne le lui reprochait jamais, il était cependant conscient que son statut de militaire pouvait parfois peser sur leur famille. Mais ce travail les mettait à l'abri du besoin, ils avaient même pu s'offrir une splendide maison dans un coin paisible de Konoha et avec suffisamment de terrain pour installer une balançoire et une petite piscine ronde. C'était tout ce qu'il souhaitait pour eux et ça valait bien tous les sacrifices. Grâce à ça, Hinata ne manquait de rien et leurs enfants pourraient grandir en toute sécurité dans un environnement idéal.
« Moi aussi j'aurais préféré être là. Je pense qu'on me donnera une grosse permission à l'issue de l'opex, on rattrapera le temps perdu, t'en fait pas. »
Hinata acquiesça, cachant un peu sa peine sous un sourire de circonstance.
« Comment tu vas, toi ? » questionna-t-elle.
« Ça va. Jusqu'à présent, rien à signaler, on s'est bien installés. Une autre section nous a rejointe. »
Comme un flash, les lèvres et le regard fiévreux de Sasuke s'insinuèrent pernicieusement dans son esprit une fraction de seconde, et il eut l'impression d'entendre une longue respiration tout contre son oreille. Paniqué, il sursauta et regarda tout autour de lui, certain que quelqu'un se trouvait près de lui.
« Naruto ? Ça va ? »
Lorsqu'il constata qu'il était bel et bien seul, Naruto soupira de soulagement.
« Ouais, ouais… Ça va. Écoute Hina, je vais te laisser. Je suis crevé, ça a été une longue journée. Je t'appelle plus tard, ok ? »
Comme toujours, Hinata n'insista pas et hocha de nouveau la tête.
« Oui, bien sûr… Sois prudent Naruto. Je t'aime. »
« Je t'aime aussi. » souffla-t-il avant de mettre fin à leur visio.
Excédé, il jeta la tablette au bout de son lit et laissa l'arrière de son crâne tomber contre le mur, pensif.
Pendant tout le repas, il avait soigneusement évité de croiser le regard du brun, mais voilà que son esprit lui jouait des tours… et lui donnait la migraine.
Dans le tiroir de la vieille table de chevet, Naruto attrapa un paquet de cigarettes et s'en alluma une, recrachant généreusement la première bouffée. Il ne fumait pas d'habitude, ou seulement quand quelque chose le contrariait. Mais ce quelque chose prenait la forme de quelqu'un cette fois.
Depuis son arrivée, Sasuke lui donnait une drôle d'impression. Et sans qu'il ne sache pourquoi, avoir été si proche de lui le troublait plus que de raison, alors qu'ils ne semblaient pas être destinés à s'entendre. En un seul jour, le brun n'avait fait que lui chercher des poux en multipliant les actes d'insubordination.
À force de tourner ça dans tous les sens, Naruto eut la sensation d'étouffer. Il fallait qu'il respire un autre air que celui de cette pièce exiguë.
En dehors de la tente, l'air frais qu'octroyait la nuit dans le désert s'engouffra dans ses poumons et il l'apprécia en l'inspirant à plein nez. En tirant sur sa tige, Naruto observa le spectacle de la voûte céleste et son tableau fourni d'étoiles blanches. Pas le moindre son ne venait perturber ce moment de ressourcement, un contraste saisissant avec le vacarme des bombes ou les voix dans sa tête.
Il pensa à Hinata en contemplant le ciel étoilé, puis se dit qu'il avait peut-être légèrement bâclé la conversation. Parfois, il ne se sentait pas à la hauteur de sa femme, si belle, si douce et compréhensive. Il avait toujours été un petit-ami distant, avant d'être un mari absent, mais Hinata ne lui en avait jamais tenu rigueur, restant fidèle, amoureuse comme au premier jour. Il se demandait souvent ce qu'elle pouvait bien lui trouver, elle qui avait tout pour plaire. De longs cheveux noir bleutés soyeux, des courbes généreuses, un visage délicat, une bienveillance des plus extraordinaires… La femme parfaite, en somme. Alors que lui avait toujours eu le sentiment de la gâcher.
Cela ne remettait pas en cause l'amour qu'il éprouvait pour elle, ni le désir de s'être uni à elle et de l'avoir mise enceinte à deux reprises. Mais sans vraiment en être conscient, il manquait quelque chose à leur relation, quelque chose d'indéfinissable. Une sorte de piquant.
Dans un bâtiment voisin, de la lumière attira son regard. Il s'agissait des douches communes et voir qu'il y avait apparemment du mouvement à l'intérieur intrigua Naruto. Qui pouvait bien être éveillé à une heure pareille ?
Il aspira une dernière fois la fumée de sa cigarette avant de l'écraser sous sa chaussure, puis s'en alla vérifier la zone illuminée.
S'il voulut pénétrer à l'intérieur de pied ferme, apercevoir la silhouette nue de Sasuke le stoppa net. Précipitamment, Naruto se cacha dans un renfoncement en se plaquant pour ne faire qu'un avec le mur, le cœur au galop dans sa cage thoracique.
Déglutissant avec peine, Naruto osa passer la tête, juste pour jeter un coup d'œil innocent. Sasuke ne s'était visiblement pas aperçu de sa présence. Le dos tourné, il poursuivit sa toilette en malaxant sa chevelure aplatie par la lourdeur de l'eau.
L'eau savonneuse dévala sa colonne vertébrale, jusque et entre ses fesses rebondies, puis suivie les courbes de ses jambes musclées avant d'être aspirée dans la bonde. Tétanisé, Naruto fut incapable de bouger. Se soumettant à cette hypnose fulgurante, ses yeux suivirent le parcours de l'eau et des bulles de savon sur le corps entier de Sasuke, mettant sur le compte de la température sûrement brûlante du liquide ses bouffées de chaleur soudaines et persistantes.
Les omoplates de Sasuke roulaient sous sa peau lorsqu'il se shampooinait et ses mollets se contractaient pour l'aider à se tenir droit. Longuement et le souffle court, Naruto admira sa musculature travaillée, la cambrure de ses reins, ses hanches fines et son postérieur à la forme parfaitement ronde et bien en chair. Le temps s'était comme arrêté. Jusqu'à ce qu'un tressautement ne vienne secouer les épaules de Sasuke qui, brusquement, fit volte-face.
Ça ne dura qu'une demi-seconde. Pourtant, l'azur rencontra l'onyx d'une manière tout à faire sûre, faisant revenir Naruto à la honteuse réalité. Dans un hoquet étouffé, il ne mit guère plus de temps pour mettre les voiles et disparaître.
Trop tard. L'eau s'était déjà coupée.
À suivre…
Hello !
Je vous présente mon dernier délire en date !
Pour ceux et celles qui me connaissent un peu, non, il n'y aura pas de guimauve qui coule à flot, vous êtes prévenus ! XD
Je précise également qu'il n'y aura pas de rythme de publication précis ; comme vous avez pu le remarquer, je suis plutôt HYPER lente à publier quelque chose ces derniers temps...
J'espère que vous avez apprécié votre lecture ! :D Et n'hésitez pas à me faire un petit retour, si le cœur vous en dit !
A bientôt !
Votre dévouée,
TLIOM
