Note de l'auteure : Merci à tous pour vos adorables commentaires sur Legend of War ! Je vous envoie des cœurs ! Je suis désolée de ne pas y avoir répondu, je suis tellement à la bourre ! XD Mais je les lis et ils font battre mon petit cœur, alors en retour, j'espère que ce chapitre fera palpiter le vôtre ! :D
Je vous embrasse affectueusement ! (f*k le Covid)
LEGEND OF WAR
Chapitre 3
~ La lâcheté est un vilain défaut. Ceux-là ne sont jamais heureux, car prisonniers d'eux-mêmes. ~
Josiane Coeijmans
21h34, quelque part sur les hauteurs de Suna.
Dans le jargon, Sasuke était ce qu'on appelait un tacticien.
Sang-froid. Analyse. Clairvoyance. Une maturité admirable, certes, mais acquise dans la souffrance.
À l'aube de ses trente ans, le Sergent Uchiha ne comptait plus le nombre de peuples qu'il avait vu défaillir, brisés par la guerre. Des villages réduits en cendres dont les murs et la charpente des maisonnettes ne tenaient encore debout que par on ne savait quel miracle, des familles aux abois, les pleurs et les cris dévastés des enfants allongés sur les cadavres glacés de leurs parents...
Il les avait vu lors d'une mission en territoire ennemi, quelques années plus tôt, au détour d'une rue changée en champ de ruines, ces mômes désorientés à la bouille crasseuse, vêtus de haillons, à la plante des pieds ensanglantée et aux yeux remplis de larmes, cherchant désespérément le visage d'un père ou d'une mère dans les amas de corps empilés, quand la veille, ils jouaient encore en toute insouciance sur cette même place, les têtes pleine de rêves et les yeux plein d'espoir.
Il se souvenait des frissons qui lui avaient parcouru la peau comme si cela s'était passé hier, des battements rapides de son cœur quand une fillette, au teint halée et aux yeux verts, aussi grands que le monde, s'était agrippée à son treillis en pleurant toutes les larmes de son corps, lui criant sa souffrance dans une langue qui lui était étrangère, jusqu'à ce qu'un soldat d'une autre unité ne la prenne par le bras pour l'emmener loin de lui, dans une étroite ruelle… Qu'était-il arrivé ensuite à cette enfant ? Sasuke se remémora seulement la chape de plomb dans ses jambes et son inaptitude à détourner le regard.
Parce qu'elle fut identifiée comme la descendante du chef de ce village, parce qu'elle était la fille d'un complotiste, d'un terroriste activement recherché, elle fut fusillée. Elle qui n'avait pas choisi d'être ''la fille de'', elle qui n'avait sûrement que douze ou treize ans, elle qui respirait la fragilité et l'innocence, elle qui avait certainement eu des rêves… fut assassinée, car ordre fut donné.
Quand il comprit qu'elle s'était enfuie pour échapper à son bourreau, que ses mots hachurés, prononcés dans un dialecte dont il ignorait tout, voulurent probablement implorer la pitié, qu'elle avait indubitablement dû espérer qu'il la sauve, il était déjà trop tard.
Jamais il n'oublierait son regard de jade baigné de larmes. Ni celui de ce soldat, plus expérimenté que lui, quand il regagna la rue après lui avoir troué la tête d'une balle fatale. Ce regard cruel, froid, sans émotion et sans chaleur… Ce regard dénué de vie, contrairement à celui de cette adolescente.
Oui, les spectacles de désolation tels que sa mémoire le lui décrivait encore transformaient un homme.
Certains s'endurcissaient, enterrant le moindre sentiment, jugé comme un frein à tout bon sens et pragmatisme. D'autres, au contraire, envahis par un déluge d'émotions, laissaient leur hypersensibilité s'exprimer en pleine conscience, puisant dans celle-ci ce qui faisait tout simplement d'eux : des êtres humains.
Et devant la silhouette immobile de Saï, voilà ce qui différencia exactement celui qui, blindé par toute cette violence, avait complètement refermé son cœur après avoir enduré mille tourments, dont la douloureuse perte de son plus proche coéquipier et ami, de celui qui vivait avec des vibrations, des ondes de choc continuelles sur la peau, souvenirs des pleurs inconsolables de ces gamins arrachés à leur famille, souvenirs des hurlements d'effroi des estropiés qui avaient perdu un membre et leur raison sur le champ de bataille… Une souffrance absorbée jusque dans sa chair, mais qui n'était que la preuve qu'il ressentait et était bel et bien vivant.
Voilà ce qui différencia Naruto et Sasuke.
« Saï ! Mais qu'est-ce que tu fous ici !? » persiffla Naruto. « Ça fait vingt minutes qu'on te cherche putain ! »
Ce dernier fit un pas vers le jeune soldat, mais celui-ci le stoppa immédiatement avec véhémence.
« N'avancez pas ! »
Sasuke fronça les sourcils. Sa voix tremblait. Quelque chose n'allait pas.
« Saï… » murmura-t-il avec douceur, pour tenter de l'apaiser. « Tout va bien, on est avec toi. »
« N'avancez pas… » répéta le soldat statufié d'une voix flageolante. « J'ai… J'ai mis le pied sur un truc, je le sais. J'ai entendu du bruit dans cette direction et quand je me suis approché, j'ai senti une résistance contre ma chaussure. Je crois… que j'ai tiré un câble. J'ai déclenché quelque chose, c'est sûr, sûrement un détonateur… Putain… Les gars, je fais quoi maintenant ? »
« Reste calme. On va te sortir de là. » continua l'Uchiha sur le même ton.
Posément, Sasuke analysa le terrain. Saï était transi de peur, il fallait à tout prix éviter qu'il ressente leur propre stress. S'il s'agissait bien d'une bombe, celle-ci risquait d'emporter tout un pan de la falaise si elle venait à exploser et créerait incontestablement un gigantesque éboulement. À en juger par leur position, une partie de Suna allait inévitablement être touchée par l'avalanche de débris de roches et le nuage de sable. Ce scénario catastrophe ne devait absolument pas se produire. Leur venue incognito sur les terres de Suna serait dévoilée au grand jour, rasant l'effet de surprise. Et plus que ça, des milliers de vies se trouveraient en péril. Celles de ce peuple, celle de Saï, la sienne, bien sûr… et celle de Naruto, indubitablement.
« J'appelle l'unité Taka. S'il y a un détonateur, Kiba saura le désamorcer. » notifia le blond, armant déjà ses doigts sur le talkie-walkie.
« Le temps qu'ils arrivent, il sera trop tard. » jugea Sasuke. « Saï ne tiendra pas aussi longtemps dans cette position. Laissez-moi faire. »
« Négatif. N'y pense même pas, c'est trop risqué. On a un expert en explosifs dans l'équipe, c'est pas le moment de jouer les héros. »
Immédiatement, l'agacement se répandit en Sasuke. Il n'était pas question de héros ou de gloire ici, mais de sauver leur peau et celle de tous les habitants en contrebas, déjà persécutés par un commando à cause duquel la guerre avait éclaté. Naruto voulait-il prendre le risque de faire subir plus de terreur à cette population qui abandonnait d'heure en heure l'espoir de retrouver une existence paisible dans un pays libre ? Le risque, c'était plutôt d'attendre sans rien faire. De plus…
« Je sais que vous avez perdu un membre de l'unité Kurama. Je ne connais en revanche pas les détails, mais réfléchissez… Vous voulez vraiment voir la même scène se répéter ? »
Naruto crut mal entendre. De gros yeux stupéfaits répondirent à Sasuke, mais il n'en fit pas cas et s'élança près de Saï pour lui venir en aide, en dépit des avertissements de son chef.
« Hey ! Reviens ici ! C'est un ordre ! » objecta-t-il dans un chuchotis autoritaire.
Mais Sasuke fit la sourde oreille. Très vite, il parvint à la hauteur de Saï, immobile, mais tremblant cependant d'avoir joué les équilibristes sur une jambe fléchie aussi longtemps, et s'agenouilla à ses pieds pour faire un premier bilan. Sasuke s'éclaira avec la torche fixée à son fusil, et dans la lumière, un tendeur poussé en avant par la chaussure de son coéquipier se révéla. Second constat, la terre sous son pied semblait avoir été fraîchement retournée, un indice qui lui indiqua que la charge avait sûrement dû être enterrée en dessous. Subséquemment, avec précaution, il creusa doucement tout autour avec ses doigts, jusqu'à voir apparaître le dispositif et les câbles branchés à celui-ci, à seulement quelques centimètres de l'emplacement de Saï.
Sasuke inspira profondément et leva la tête vers lui.
« Tout va bien se passer. Surtout, ne bouge pas. C'est bientôt fini. Je vais te sortir de là. »
Seule une plainte angoissée lui répondit, lui donnant le signal qu'il pouvait poursuivre. Lentement, il se saisit d'un couteau rangé à sa ceinture et termina de déplacer la terre pour mieux apercevoir les fils.
Un rouge et un vert. Un choix cornélien.
Sasuke analysa minutieusement et sous toutes les coutures le boîtier relié aux explosifs, se remémora les bases qu'il avait appris, les différentes situations qu'il avait vécues, toutes les mises en pratique… et se décida enfin, guidé aussi par une grande part d'intuition. Le fil rouge était trop évident, cela sentait le piège à plein nez. Ce serait donc le fil vert.
« Tu es prêt ? Une fois que j'aurai coupé le câble, nous allons attendre trois secondes, c'est la durée pour oblitérer complètement l'électricité nécessaire à la mise à feu de la mine. Ensuite, tu bougeras lentement ton pied et je retiendrais le tendeur par précaution, le temps que tu te dégages. »
« O-ouais, ok… »
La tension était à son comble. Derrière, même s'il n'en montra rien, Naruto n'en menait pas large.
« Putain… Sasuke… » gronda-t-il entre ses dents.
Il ne fallait pas plus réfléchir. Le temps leur était compté. Sasuke insuffla tout l'air qu'il put… et trancha net le fil.
Trois secondes.
Une…
Deux…
Trois.
Aucune détonation ne se produisit. Et Saï fut enfin libre de ses mouvements.
À peine Sasuke eut-il le temps de se relever ou de pousser un soupir de soulagement que Saï l'encercla dans ses bras pour l'étreindre de toutes ses forces.
« Tu m'as sauvé la vie… » sanglota-t-il en l'enserrant un peu plus fort.
Surpris, Sasuke lui rendit tout de même son accolade, souriant doucement malgré lui.
« On n'abandonne personne… » lui chuchota-t-il en retour.
La joie ne fut que de courte durée, ou du moins, non-partagée. Au loin, Naruto inspecta la scène, bouillonnant. Sur son visage se lisait une certaine furie, comme un orage juste avant une tempête. Certes les choses s'étaient bien terminées, mais l'Uchiha avait désobéi à son ordre. N'avait-il pas été assez clair, quand il lui fit savoir qu'il n'y avait qu'un seul décideur ? Foi d'Uzumaki, Sasuke n'allait pas s'en tirer à si bon compte…
Aussi ne s'attardèrent-ils pas davantage sur la zone. Après avoir soigneusement retiré tous les câblages et barres de dynamites, le retour au camp fut en demi-teinte. D'un côté, il y avait Saï, enjoué et ragaillardi, suivant Sasuke comme son ombre et le collant comme une moule à son rocher. Ce dernier, de toute l'humilité dont il faisait preuve, tempérait ses excès d'enthousiasme en gardant une sorte de barrière entre eux. Il lui avait sauvé la vie, oui, mais son instinct détenait surtout le rôle principal.
Puis en amont, il y avait Naruto. Naruto qui ne décolérait pas. Était-ce toujours la rancœur qui modifiait ainsi la moindre courbe de son minois et l'assombrissait ? Ou était-ce l'ambiguïté encore plus flagrante entre ses deux autres camarades qui l'indisposait, nonobstant son soi-disant je-m'en-foutisme absolu ? Nul ne saurait le dire… Toutefois, son trot sembla s'exprimer pour lui : il allongeait de plus en plus le pas, importuné par le timbre excentrique de Saï, allouant d'innombrables éloges dégoulinantes d'amour et de reconnaissance à son sauveur.
Arrivés à l'ouverture de la grotte, Saï s'introduisit en premier et si Sasuke voulut suivre le même chemin, somme toute épuisé par de telles émotions infligées à une heure pareille, une poigne ferme enveloppa son bras et le retint d'entrer. En levant les yeux, il fut accueilli par le regard extrêmement farouche de Naruto et un sinistre :
« Faut qu'on parle. »
Sasuke resta coi quand Naruto opéra un demi-tour et longea le sentier par lequel ils étaient venus précédemment. Sa mine atrabilaire ne lui disait rien qui vaille… Pourtant, sans contester, il lui emboîta le pas.
Ils marchèrent, marchèrent, marchèrent encore… s'isolant alors loin du campement. Puis brusquement, Naruto fit volte-face et écrasa Sasuke contre un rocher, bloquant son avant-bras contre sa gorge. Une rage folle transpirait par tous les pores de sa peau, annonçant un déluge tentaculaire.
« Qu'est-ce que tu n'imprimes pas, bordel de merde… ? Ça tourne décidément pas rond chez toi ? Uchiha, c'est MOI qui donne les putains d'ordres ici ! »
Partiellement choqué, plus par le choc que par la grogne de Naruto, Sasuke ouvrit de grands yeux d'une part, avant de froncer les sourcils, répondant de manière quasi-instantanée à l'expression faciale de son supérieur.
« Il y avait urgence, au cas où vous ne l'aviez pas remarqué. » argumenta-t-il sèchement.
« C'était pas à toi d'en juger. T'avais pas à prendre ce genre d'initiatives ! On aurait pu crever par ta faute ! »
« Et on s'en est sortis. Mon jugement était réfléchi et avisé : faire venir l'unité Taka aurait été une perte de temps et d'énergie pour Saï, qui n'en avait plus beaucoup ! La situation était critique ! Il fallait agir ! C'est vous, qui ne savez pas doser ! »
Piqué à vif, l'étranglement de Naruto se resserra.
« Ferme ta grande gueule. Putain ! Je vais te cogner si fort que mes mots vont bien finir par rentrer dans ta cervelle ! »
« Eh bien faites-le, qu'est-ce que vous attendez ?! Vous en mourrez d'envie ! »
Cette ultime provocation ne fut pas du goût de Naruto, puisqu'il propulsa dans la minute Sasuke au sol, qui ne résista pas.
Il l'enfourcha dès lors que son dos toucha la terre battue et un premier coup, visant sa mâchoire, fut donné. Mais Sasuke ne se laissa pas faire : il y répondit, presque avec autant de hargne. Sa patience cristallisée fut brisée en moins de temps qu'il ne fallut pour le dire.
Ils se combattirent, roulèrent l'un par-dessus l'autre, cognant, frappant, malmenant… Mais au fond du cœur de Sasuke, pendant qu'il restituait lui aussi les frappes qu'il recevait, une immense tristesse s'étendit et une question existentielle jaillit : pourquoi Naruto le détestait-il autant ?
Il n'avait pensé qu'à la sécurité de Saï, de l'équipe, des habitants de cette vaste contrée… et agi en conséquence. Il l'avait pesé, le pour et le contre, il s'en était réellement inquiété ! Le risque avait été calculé, mesuré, débattu avec son for intérieur… Pourquoi les choses prenaient-elles de telles proportions ? N'était-ce vraiment que son foutu ego, qui guidait son poing à venir heurter violemment sa joue ?
La sentence de Naruto et sa haine incompréhensible contre sa personne lui faisaient plus de mal que les coups qu'il lui portait.
La lutte fut brutale, sans concession. Les poignées de cheveux arrachées, les lèvres fendues, les giclées de sang… Le triste résultat d'un trop-plein refoulé.
Mais Sasuke, plus leste et moins lourd, eut une seconde l'avantage. À califourchon sur le corps étendu de Naruto, il brandit son poing… mais fut finalement incapable de lui porter atteinte, pris d'une soudaine culpabilité. Il resta figé en l'air et le blond, beaucoup moins hésitant, profita de son doute pour rebasculer leur place. Virulemment, il saisit à pleine main le col de sa veste. Sasuke le mima. Leurs visages ne furent qu'à une poignée de millimètres, presque nez contre nez.
La lune, cachée jusqu'alors par les cumulus, s'exposa, réfléchissant sa lumière blanche sur leurs peaux luisantes. Leurs respirations saccadées se mélangèrent l'une à l'autre, leurs grognements éparses jouèrent un chœur éreinté. Ils s'observèrent en chiens de faïence, chacun voulant s'envoyer ils ne savaient trop quel message par ce regard courroucé. Si celui de Sasuke semblait l'assaillir de ''pourquoi ?!'', celui de Naruto délivrait plutôt rancœur… et jalousie.
Les minutes s'écoulèrent, et en même temps que leurs pouls s'apaisèrent, leur colère diminua.
Ils attardèrent leurs yeux dans ceux de l'autre, abandonnant le duel agressif qui venait de les opposer pour une évaluation silencieuse. Ce ne fut plus qu'ensuite d'étranges émotions dont ils n'eurent pas vraiment conscience, mais qu'ils avaient déjà éprouvés : une douce chaleur, l'enfièvrement et la fébrilité d'être si proches, une paradoxale fascination pour l'un et une découverte excitante pour l'autre… Un désir ardent et compulsif.
Dans un mouvement sec, comme pris d'un coup de folie inexplicable, alors que rien ne prévoyait un tel retournement de situation, Sasuke tira sur le tissu froissé entre ses mains et combla la distance qui les séparait encore.
Ses lèvres s'écrasèrent brutalement sur celles de Naruto.
Et ce baiser, mêlé de sang et de salive, incongru et surprenant, eut l'effet d'un coup de fouet, pour l'un comme pour l'autre.
Sans trop comprendre ce qu'il se passait, Naruto le repoussa aussi vite qu'il avait atterri sur sa bouche et se redressa en plaquant une main sur elle, fixant Sasuke de tout l'ahurissement qui l'habitait. Et Sasuke, désormais lui aussi debout, ne sut quoi dire.
« Pardon, je… » bredouilla-t-il.
Comme un violent courant d'air, Naruto lui passa à côté et galopa à la vitesse que ses jambes voulurent bien lui octroyer.
Penaud, Sasuke le regarda s'éloigner jusqu'à ne plus le voir, puis se frotta le front en se mordant la langue.
« Merde… » lâcha-t-il.
Quelle mouche l'avait piqué ? Ça… Ce n'était absolument pas prévu, pas plus que le reste, d'ailleurs…
La pression accumulée en était-elle la cause ? Il y avait peut-être un peu de ça, entre autres… Mais il ne fallait pas se voiler la face : une sorte de connexion entre eux était indubitable. Il l'avait déjà ressenti.
Néanmoins, il se trouvait maintenant dans de beaux draps. Naruto allait le détester davantage, si cela était possible…
Piteusement, il traîna les pieds jusqu'à la cavité, peu pressé de rentrer et de croiser potentiellement encore l'Uzumaki. Mais à sa grande surprise, lorsqu'il passa la tête, ce dernier était déjà couché dans son sac de couchage, en position fœtale et face à la roche. Et tout à gauche, dormant comme un bienheureux, Saï ne semblait pas avoir pris la mesure de leurs derniers échanges virils… et inattendus.
Il jaugea la seule place restante, se trouvant entre les deux hommes, et s'y glissa après un soupir, essayant de se faire le plus petit possible pour ne pas réveiller l'un ou gêner l'autre. Tant pis pour sa propre couverture, cette nuit, il était de toute façon certain de ne pas beaucoup dormir.
Il n'y eut pas un son dans la caverne, si ce n'étaient les légers ronflements de Saï. Même Naruto semblait avoir cessé de respirer. Intrigué, Sasuke tourna alors la tête et contempla son dos.
Son dos de géant, ses cheveux clairs éparpillés sur le début de sa nuque… Ses épaules fortes. Sasuke se pinça les lèvres. Qu'avait-il fait… ?
« Je suis désolé. » chuchota-t-il tout à coup.
Aucune réaction ne se fit voir ou entendre. Sans doute n'y avait-il rien à attendre… et quand bien même il ne connaissait pas lui-même les raisons qui l'avaient projeté droit sur la bouche de Naruto, il voulut sincèrement s'excuser, afin de ne pas ternir sinon plus leurs relations.
Si le blond ne souhaitait pas lui répondre, il espérait cependant que ses remords avaient été entendus. Sans cogiter plus durement à ce moment d'égarement, il se laissa finalement transporter vers le sommeil, cette fois sans lutte.
05h12, dans l'excavation.
Ce fut un réveil naturel pour Sasuke. Lentement, son front se contracta en de petits plis et ses paupières s'ouvrirent progressivement. La lumière du jour perçait à travers quelques fissures et remplissait l'entrée de la grotte, signe que l'aube était déjà à l'œuvre. Mais là ne fut pas la surprise : face à lui, la tête appuyée dans le creux de son coude, Naruto l'examinait de ses perçantes billes turquoise.
« Bonjour. » murmura bêtement Sasuke, sans réfléchir, stupéfié par cette profonde observation matinale.
Il n'avait l'air ni contrarié, ni acariâtre. Seulement… songeur.
Naruto, muet, plissa à peine un œil… et rampa finalement pour se lever.
« Réveille Saï. On reprend la mission. »
Son timbre était aussi rêche que l'écorce d'un arbre et aussi polaire que le blizzard. Sasuke se redressa sur les coudes et soupira en le regardant sortir de leur abri. Cette journée allait encore être terriblement longue, autant que l'ambiance entre eux promettait d'être irrémédiablement tendue.
Quelques minutes plus tard, Sasuke sortit de l'antre, Saï à sa suite, baillant discrètement après cette nuit folle, en proie à une charge purement dévastatrice qui avait bien failli lui coûter la vie. Lorsque les rayons d'un soleil déjà bien généreux finirent de lui faire ouvrir les yeux, dont il frotta le coin pour essuyer une larmiche de fatigue, le soldat se figea, abasourdi.
Tour à tour, il balaya le visage de Naruto et de Sasuke, considéra les bleus et les traces de griffures, ainsi que leurs chevelures désordonnées, puis ouvrit la bouche.
« Euh… J'ai loupé quelque chose ? »
Naruto poussa un soupir d'exaspération, quand Sasuke préféra contempler ses chaussures.
« Peu importe. On se remet au boulot, les conneries ont assez duré. » souffla froidement l'Uzumaki, avant de saisir sa radio. « Taka au rapport. »
Un crissement lui répondit tout d'abord, puis la voix de Neji s'éleva dans l'appareil.
« Rien à signaler Kurama. La nuit a été relativement paisible. Et vous ? »
À nouveau, le blond expulsa un bref sifflement d'air.
« Un beau merdier. Trop long à raconter. On est tous sains et saufs, c'est le principal. Bon, on se rapproche de l'objectif aujourd'hui. Il est temps d'aller faire un peu plus connaissance avec notre bande d'abrutis bouffeurs de sable. On se retrouve à midi aux 4x4. Terminé. »
Neji répondit par l'affirmatif, mais Naruto n'attendit pas de recevoir son retour pour ranger le petit boîtier contre son cœur. Les instructions furent donc données.
Glacialement, il reporta les mains sur son arme et se tourna vers les deux autres.
« Aller vous préparer, faites ce que vous avez à faire avant de partir, parce qu'on ne s'arrêtera pas toutes les cinq minutes. Avant ça, que les choses soient claires : hier soir, vous avez merdé. Si vous pensiez que j'allais jeter l'éponge et passer au-dessus parce que je n'ai rien dit, croyez bien que je vais prendre un malin plaisir à faire cesser vos petits rêves du Père Noël. On reparlera de ce qu'il s'est passé quand on rentrera à la base. En attendant, un conseil : venez surtout pas de me chier dans les bottes aujourd'hui. Vous avez intérêt à vous tenir à carreaux… et à obéir. »
Cette dernière remarque, Sasuke la prit évidemment pour lui. Furtivement, il osa lever les yeux vers Naruto. Et évidemment, deux éclairs bleutés s'abattirent sur lui.
« On part dans dix minutes. Alors traînez pas. »
Si Saï ne se fit pas prier, ce fut tout le contraire pour Sasuke. Bien mal lui en aura pris.
« Qu'est-ce que tu fous encore là ? » l'invectiva l'Uzumaki.
Rapidement, Sasuke regarda autour de lui pour s'assurer que Saï n'était plus dans les parages, puis s'humecta les lèvres.
« Est-ce qu'on peut parler ? De ce qu'il s'est produit hier soir ? »
Sans faute remarqua-t-il la contraction évidente de la mâchoire du blond et son plissement de paupières. Toutefois, ce dernier l'invita par un coup de tête à venir s'isoler guère plus loin. Et soulagé de cette coopération, Sasuke l'accompagna.
Mais s'il s'attendait à une discussion placide entre deux adultes ayant vécu un malencontreux concours de circonstances dont ils voulaient se repentir, malheureusement, les choses tournèrent une fois de plus au vinaigre. Comme une scène avec un goût de déjà-vu, Naruto l'empoigna par l'encolure et le souleva si haut que la pointe de ses pieds ne toucha plus terre ferme.
« Je suis pas de ton bord. » cracha hargneusement Naruto. « Ne. T'avise. Plus. Jamais. De recommencer. Ou je te pète les dents et tout le reste. »
Violemment, son dos rencontra encore la pierre et il tomba lourdement sans qu'il ne puisse se retenir quand le Sergent-Chef le relâcha avant de tourner les talons.
Sasuke toussa légèrement en se massant la gorge et inspira à petites doses, serrant les dents pour ne pas hurler de rage. Il préféra comprimer le poing jusqu'à en avoir mal aux doigts, ravalant toute forme de révolte.
Oui, aujourd'hui et à partir de ce jour, il allait vivre un enfer.
À suivre…
MOUHAHAHAHAHAAAAA !
Pardon ! XD
Vous trouvez que ça va trop vite ?! Tant pis, on adooore voir Sasuke embarrassé et Naruto faire son gros c*nard hyper lâche ! Avouez !
J'espère que ce chapitre vous aura plu ! Moi, en tout cas, je me suis bien marrée ! XD
À très bientôt mes petits lecteurs !
Votre dévouée,
TLIOM
