Traditions et sortilèges

Personnages : OC (Gladys Owain), Drago Malefoy

Genre : Romance

Résumé : Jeune fiancée éplorée cherche une issue à ses problèmes. Fils de mangemort cherche à se faire oublier, pris au piège entre deux camps. Lorsque deux histoires se rencontrent...

Disclaimer : Blabla, JKR a tout, blabla, même Harry Potter, blabla, moi j'ai rien.


Chapitre 5 : Belle de nuit

La lueur naissante du jour joue avec les reflets jaunes des rideaux du baldaquin.

« Debout, la belle au bois dormant ! »

Mes rideaux viennent d'être brutalement tirés, laissant un flot de lumière vive se déverser sur moi. Je me retourne, et cache mes yeux irrités sous les draps.

« Oh, non ! Tu ne vas pas t'en sortir comme ça ! »

Hoummmmpfff !

Mon souffle a été brutalement coupé par une masse qui vient de me sauter dessus.

« Espèce de sadique ! Tu pèse trois tonnes ! Laisse-moi ! »

Je proteste et essaie de me dépêtrer de la créature blonde qui s'est jetée sur moi, avec la force d'un lion.

« Non, non ! Tant que Mâdemoiselle Owain n'aura pas daigné se lever, je resterai là.

- Et comment je fais pour me lever ?

- Ah, ah, mystère ! »

C'est qu'elle rit, la bougresse. Elle ne s'en sortira pas comme ça. Un coup d'oreiller bien placé la déstabilise et je la fais tomber à terre.

« Tu commences bien l'année, Elenor. Il faudra que je me venge, tu le sais. Et arrête de rire comme une tordue !

- Je peux pas m'empêcher, c'est tellement bon de se retrouver ici. Je ne pensais pas que Poudlard pouvait me manquer autant.

- Moi, je le savais, dis-je dans un murmure.

- Vous avez fini, toutes les deux. Vous m'avez réveillée, lance une voix ensommeillée, provenant du lit voisin.

- Lève-toi, marmotte ! Susan est déjà levée, et Hannah est dans la salle de bains. Tu ne voudrais pas être nommée fainéante officielle de notre dortoir, n'est-ce pas, Alis ? réplique Elenor.

- J'aimerais bien savoir pourquoi elles se sont levées aux aurores. Ce n'est pas leur genre d'habitude, je demande.

- Oh, Hannah a une réunion des préfets, avant le petit-déjeuner. Ils doivent former les nouveaux préfets, et faire un topo pour Poufsouffle. Quant à Susan, je tairais le nom de sa motivation.

- Depuis quand une motivation a un nom ? Tu as veillé trop tard, Elenor ! se moque Alis, toujours dissimulée sous ses draps.

- C'est un garçon ? Je suis persuadée, qu'il s'agit de Michaël Corner. Il arrête pas de lui faire du charme, dis-je un sourire aux lèvres.

- Je ne dirais rien, même sous la torture. Tout ce que je peux dévoiler, c'est que je l'ai surprise, elle et sa motivation, dans une proximité étonnante, dans une salle de classe déserte, révèle-t-elle, l'air triomphant.

- Je croyais que tu ne devais rien dire ? taquine Alis.

- Et alors ? Je n'ai pas dit de qui il s'agissait. Ce ne serait pas drôle, si je n'avais rien pu dire.

- Espèce de commère ! »

Un oreiller me fait taire.

« Arrête, il faudrait quand même qu'on se dépêche, si on ne veut pas être en retard, dès le premier jour.

- Il ne faut pas perdre les bonnes habitudes.

- Quelles habitudes ? C'est toi, Elenor qui a la réputation d'être toujours en retard. Je ne tiens pas à être impliquée.

- Bande de râleuses ! »

Après quelques difficultés du même genre, j'arrive à me diriger dans la Grande Salle, pour y prendre une collation sur le pouce. Un toast dans la bouche, je prends l'emploi du temps que me tend le professeur Chourave, en essayant de rendre compréhensible un « merci ».

Premier cours, défense contre les forces du Mal, c'est l'occasion de voir ce que valent les cours du nouveau professeur.

Fonçant vers le troisième étage, où se trouve la salle de défense contre les forces du Mal, j'arrive à me faufiler entre élèves piailleurs, escaliers capricieux et passages secrets piégés.

La matinée avec le nouveau professeur, Melle Dahlia, se passe plutôt bien. Malgré sa petite taille et son jeune âge, elle a su d'emblée clarifier les choses, et nous faire entendre que ses cours ne sont pas de tout repos, ce que nous avons constaté dès cette leçon-ci. Elle a commencé par nous distribuer un interrogatoire pour évaluer notre niveau. Au fur et à mesure que les élèves lisent ce questionnaire, je vois les yeux s'écarquiller, les têtes se baisser, et les regards se désespérer. Même si toutes les questions sont au programme des années précédentes, il est certain que nos petites têtes ont eu le loisir d'oublier les détails tels qu'ils sont demandés sur les charmants parchemins qu'elle nous a distribués. S'ensuit une mise en pratique de quelques sortilèges, que nous connaissons déjà, et il est clair que pour la majorité des élèves, la pratique est beaucoup plus assimilée que la théorie. Son visage dur réussit à s'orner d'un modeste sourire, lorsque la leçon prend fin. Et les élèves quittent la salle de classe, avec pour la plupart un horrible mal de tête.

Les autres cours de la journée ne m'apportent guère de nouveautés, hormis la rengaine que semblent chanter tous les professeurs : les ASPICs, les ASPICs et les ASPICs. Remarquez, ce n'est pas non plus tout à fait nouveau. Depuis notre cinquième année, il suffit de remplacer le mot « BUSEs » par « ASPICs », et d'y mettre encore plus de persévérance, de menaces voilées, et vous avez le discours que nous a proclamé le corps professoral, et en divers exemplaires. Je commence déjà à regretter ma sixième année.

Les jours s'écoulent ainsi, et les devoirs distribués ne me laissent guère de loisirs, de soirées libres, ni le temps de penser. Mais cela n'est pas plus mal, le travail m'étourdit, et j'ai parfois l'impression de vivre dans un autre monde, un autre univers appelé Poudlard.

Mais ce soir-là, rien n'est pareil. Ce soir-là, mon esprit est embrumé dans la mélancolie, et mes pensées sont à nouveau tournées vers ce futur mari, dont je ne connais rien. Mes amis discutent à côté potions, défense contre les forces du mal et botanique. Ils s'aident mutuellement dans leurs devoirs. Ils sont à côté, et pourtant je ne les entends pas, comme si une barrière invisible s'était établie entre nous. J'essaye de me concentrer sur ma composition de potion, au sujet des différentes propriétés du venin d'Acromentule, mais sans grand succès non plus. J'ai écrit quelques phrases, et l'impression de tourner en rond me submerge. Ma plume risque d'être fortement endommagée si je continue à le mordiller ainsi.

Et puis zut, j'en ai marre d'être ici, à n'arriver à rien. Je me lève, range à la va-vite mes affaires, et sors de la salle commune. Une petite promenade dans les couloirs du château me changera les idées. Ou peut-être que non ? Mes pas me mènent interminablement dans ces couloirs déjà assombris. Je n'ai pas fait attention à l'heure, quand je suis partie. Ces couloirs immenses me font penser au manoir. Je monte quelques escaliers, prend un passage secret, et aperçoit l'escalier qui mène au sommet de la tour d'astronomie. Aujourd'hui, il ne devrait y avoir personne, l'idée de respirer l'air frais, et d'observer les étoiles naissantes me tente et m'entraîne irrésistiblement, tout comme le courant d'air pur que je ressens. L'escalier en colimaçon me donne le vertige, mais je n'ai qu'une idée, monter plus haut. Et c'est avec soulagement, que j'atteins le sommet.

La nuit est si belle. Un velours bleu, transpercé de mille étoiles s'offre à moi. Je m'assois contre le mur. Le ciel dégagé permet une vue imprenable de la lune, belle et scintillante, aiguisée comme une faucille.

Cette contemplation finie, je ne peux empêcher mes pensées de ressurgir, et le désespoir m'envahit. Tout doucement, les larmes finissent par couler. Il fait froid, je resserre instinctivement les genoux contre mon corps. Le vent s'est levé et me transperce comme une lame. Mais je n'ai plus envie de bouger. Le temps se fait infini, dans l'espace de mes songes.

Jusqu'à ce que des bruits de pas retentissent.

Coincée dans mon monde à moi, je n'ai rien entendu, jusqu'au moment où une main se pose sur mon épaule.

« Tu ne devrais pas rester là. »

Je me tourne surprise. Et apparaît l'image d'un garçon brouillée par mes larmes. J'essuie prestement mes yeux. Et il me tend un mouchoir. Il s'est assis en face de moi, et me dévisage. Mes yeux doivent être rougis, je dois avoir l'air complètement pathétique. Et il ne faut pas en penser davantage pour que mes joues se colorent aussi. Je détourne la tête honteuse.

« Tu ne devrais pas rester là, répète-t-il, d'une voix calme. Le couvre-feu est passé depuis longtemps. Et puis tu vas attraper mal.

- Le couvre-feu est écoulé ? Je ne m'en étais pas aperçue. »

Mes yeux osent se lever sur lui.

« Que fais-tu ici ? »

Il sourit. Il doit avoir mon âge. Des cheveux blonds éclairent son visage, tandis que deux yeux gris me fixent.

« En tant que préfet, je dois surveiller les couloirs du château. Mais je ne pensais pas trouver quelqu'un ici, répond-il.

- Tu vas m'enlever des points ?

- Non, dit-il d'un ton grave. Je ne voudrais pas te causer d'autres problèmes, j'ai déjà l'impression que tu en as assez.

- Oh, ce n'est rien d'important.

- Peut-être. Tu es allé te réfugier dans un endroit où tu devais espérer ne rencontrer personne. Tu as les yeux rougis et les joues mouillées. Peut-être il n'y a pas de raison à ça. Mais si tu veux me faire croire que tout va bien, je pourrais toujours faire semblant d'y croire, réplique-t-il en esquissant un sourire ironique.

- Je suis fiancée à un homme que je ne connais pas.

- Que tu ne connais pas ?

- Oui, j'ignore qui il est. »

Ses yeux gris s'assombrirent :

« Je connais un peu ce problème.

- C'est vrai ?

- Sauf que je connais parfaitement ma fiancée, peut-être beaucoup trop. Et je n'ai pas envie de la connaître davantage. Encore moins de me lever chaque jour à ses côtés.

- Je ne sais pas pourquoi je te raconte ça.

- Tu l'as dit à quelqu'un d'autre ?

- Non, j'en ai honte. Et j'ai peur que mes amis ne comprennent pas. »

Il hoche la tête d'un air entendu :

« Tu m'as confié ton secret, et je t'ai confié le mien. Nous sommes quittes. »

Je baisse les yeux, d'un air peu convaincu.

« Je te ramène à tes dortoirs. Je ne voudrais pas que demain, tu sois malade, » reprit-il.

Il me tend la main et m'aide à me lever. Ma main dans la sienne est glacée.

« Quelle est ta maison ?

- Poufsouffle. »

Une lueur étrange brille dans ses yeux, mais je n'y prends pas garde.

Nous descendons ensemble l'interminable escalier, et gardant le silence, nous parcourrons les couloirs, jusqu'à atteindre le rez-de-chaussée.

Devant le tableau représentant les licornes, nous nous arrêtons. Il me regarde et me demande :

« Je ne sais même pas qui tu es.

- Gladys Owain.

- Drago Malefoy. »

Et sur ces mots, il se retourne et disparaît dans l'obscurité.