Traditions et sortilèges

Personnages : OC (Gladys Owain), Drago Malefoy

Genre : Romance

Résumé : Jeune fiancée éplorée cherche une issue à ses problèmes. Fils de mangemort cherche à se faire oublier, pris au piège entre deux camps. Lorsque deux histoires se rencontrent...

Disclaimer : Blabla, JKR a tout, blabla, même Harry Potter, blabla, moi j'ai rien.


Alors tout d'abord, je remercie Magmus, qui m'a permis de reprendre une de ses idées. Du coup, je lui ai fait un petit cadeau dans ce chapitre. Elle reconnaîtra..

Bonne lecture !


Chapitre 6 : Un homme dans les ténèbres

Les draps se referment sur moi, réchauffant mon corps glacé. Mes yeux se closent peu à peu entraînés par l'éternel besoin de sommeil. La nuit s'écoule, morne et lente, m'amenant de rêves en rêves, tous aussi étranges les uns que les autres. Un jeune homme blond y apparaissait successivement dans les rôles de chevalier, bourreau et juge. Ces songes, à mon réveil, ne me laissent que quelques vagues images et une saveur d'angoisse.

La journée ne s'annonce guère mieux. Mes éternuements commencent à déranger mes partenaires de chambrée, et les mouchoirs à s'amonceler dans mes poches. Je me demande encore ce qui a bien pu me passer par la tête, d'avoir voulu jouer les romantiques à pleurer au sommet d'une tour, et de m'être confiée à un inconnu. Un inconnu… on ne peut pas dire que je connaisse Drago Malefoy, mais sa réputation me suffit pour me demander comment le comportement de cette nuit a pu être le sien. A moins que tout ceci ne soit qu'hallucinations, ou un autre de ces rêves bizarres.

Durant les cours, je n'arrive pas à me concentrer, ma tête tombe de fatigue, je me sens tour à tour glacée et brûlante. Une visite à l'infirmerie ne sera finalement pas superflue. Mais cela pourra bien attendre la fin de la journée.

L'heure du déjeuner sonne. Et d'un pas redevenu un peu moins las, je suis mes amis vers la grande salle. A peine installée à table, mes yeux scrutent l'épaisse foule d'élèves affamés.

Je veux le voir, je veux me prouver que la scène d'hier n'était pas un rêve ou une hallucination causée par la maladie couvée. Et nos deux regards se croisent. Il s'empresse de détourner la tête, à ma vue. Mais je m'en moque bien. Il est là, il n'est pas un songe ou un fantôme. Il se sert du rôti, et ses dents mastiquent en rythme comme pour tout être réel.

Ses yeux brillent d'une lueur étrange, une leur où se mêlent mépris, arrogance et souffrance. Oui, beaucoup de souffrances…

&&

Mme Mintle allait s'occuper de son jardin, en sifflant l'air d'une chanson des Gentlemen Wizards. Dance in the rain, puisque tel était le nom de la chanson, lui rappellerait toujours ce jour de bal, où elle avait rencontré M Mintle. Cette soirée avait été enivrante. Ils n'avaient cessé de danser, jusqu'à l'aube où ils étaient tombés morts de fatigue dans les bras l'un de l'autre. Un sourire éclaira le visage fatigué de Mme Mintle. D'un sobre mouvement de baguette magique, elle mit en terre quelques fleurs, qu'elle avait achetées dans la boutique Flower Power, qui venait d'ouvrir ses portes à Eddington.

C'est alors qu'une silhouette derrière un buisson, attira son attention. A pas mesurés, elle s'avança et d'une main, écarta la haie qui dissimulait la forme.

Elle sursauta, poussa un hoquet de frayeur et sa baguette tomba.

Il gisait sur le sol, immobile. Ses cheveux qui devaient être blonds, étaient recouverts de sang et de boue. Deux profondes entailles sur son abdomen laissaient écouler un sang noir et visqueux.

Reprenant ses esprits, elle se pencha sur lui. Il respirait toujours. Mais la pâleur de son visage n'était pas de bon augure.

Elle se précipita chez elle, réveilla son mari qui sommeillait doucement sur un fauteuil. La situation éclaircie, il disparut dans les flammes vertes de la cheminée.

Il avait eu de la chance. Pourtant, la colère du Seigneur des Ténèbres avait été terrible, quand il avait appris que Drago avait tenu au bout de sa baguette la vie de Dumbledore, et n'avait rien osé faire. S'il ne pouvait tuer un vieillard démuni sur ordre de Sa Seigneurie, aucune confiance ne pouvait lui être accordée. On le tortura sans ménagement. Le Seigneur des Ténèbres ne le jugea pas assez important pour assister à cette charmante séance. Il confia ce travail à d'obscurs et cruels bourreaux. Ceux-ci le croyant mort, jetèrent son corps dans la forêt avoisinante.

Mais dans l'épaisseur de leur cruelle bêtise, ils n'aperçurent pas la maison dissimulée derrière les arbres. Drago luttant contre la douleur, contre la vie qui l'abandonnait lâchement après 16 ans, réunit ses forces pour ramper vers la maison, qui apparaissait comme une lueur d'espoir dans un ciel si sombre.

Le reste n'avait été que chance et humiliations.

La maîtresse de maison l'avait aperçu, et avait alerté le ministère. Il fut envoyé à Sainte-Mangouste. Enfermé dans tout ce blanc, dans cette propreté et cette pureté, son corps se remit vite, mais son esprit resterait marqué à jamais.

Le ministère lui demanda des comptes. Un procès eut lieu. L'estime qu'aurait pu lui procurer jadis le nom des Malefoy, n'était plus. Son père était prisonnier à Azbakan, sa mère avait disparu. Un avocat commis d'office se chargea de sa défense. Accusé de complicité pour meurtre, d'atteinte à la sécurité d'un lieu hautement protégé, et de bien d'autres charges, ce fut les quelques mois qui le séparaient des dix-sept ans requis pour la majorité, qui le sauvèrent d'Azkaban. Il fut condamné à deux mois de travaux d'intérêt général, et un renvoi définitif de Poudlard.

Mais là aussi, le destin l'aida, en la personne d'un certain M Lowell. Le nouveau directeur de Poudlard plaida sa cause, arguant les pressions qu'il avait subies.

« Certaines des personnes présentes ici, n'ont pas mieux agi, il y a dix-huit ans. Certaines personnes ici n'ont pas eu non plus le courage de risquer leurs vies et celles de leurs familles, pour tenir tête au Seigneur des Ténèbres. Comment pouvez-vous penser que ce garçon de seulement seize ans, aurait pu mieux faire ? Ses parents ne sont plus là pour le veiller, et il est déjà confronté à l'emprise d'un esprit malfaisant, qui a manipulé tant d'adultes. »

Il reprit de sa superbe, et lissa un favori.

« Vous voulez l'expulser de Poudlard, c'est-à-dire l'exclure de votre société. Quelle solution idéale ! Vous voulez l'abandonner à son sort. Vous abandonnez l'un des vôtres, une des nombreuses victimes du Seigneur des Ténèbres. Et quand celui-ci saura que M Malefoy est encore en vie, ses jours seront comptés. Vos consciences sont-elles si peu chargées, que vous pourriez endosser un meurtre ? A Poudlard, nous pourrions le surveiller, le remettre dans le droit chemin et le protéger. Choisissez donc en libre conscience d'abandonner un de vos enfants aux loups ou de lui donner une nouvelle chance. »

Ce discours convainquit le jury, il avait su toucher le point faible. Il se proposa pour être son responsable légal, ce qui fut bien sûr accepté.

La sentence d'exclusion de Poudlard fut donc annulée.

Il fut envoyé dans un orphelinat, et passa les deux mois, qui précédèrent la rentrée à Poudlard, à exécuter des travaux d'intérêt général.

Jamais ces deux mois d'été ne furent aussi horribles. On l'exposa à toutes sortes de tâches humiliantes et dégradantes. Il fut homme d'entretien au ministère, à passer le balai, là où son père avait jadis régné par ses relations pécuniaires. Et il voyait tous les jours les regards méprisants des employés qui auraient dû courber l'échine devant lui.

Quand il rentrait à l'orphelinat, il ne retrouvait que misère, une misère à laquelle il était peu habitué. Ici la loi de la jungle régnait. Et si l'on voulait se faire respecter, il fallait savoir s'imposer. Le grand âge de Drago l'aida.

Orgueil et fierté périrent en lui. Et il apprit à ses dépens, qu'il ne pouvait que compter sur lui-même, et non sur la situation et la fortune qu'avaient bâtis ses aïeux. Il se promit désormais qu'il n'aurait plus ni maître, ni serviteur, seulement lui dirigeant sa propre vie. Il leur montrerait à tous, non plus ce qu'était un Malefoy, mais qui était Drago Malefoy. La vengeance brûlait en son cœur, et elle y brûlerait toujours. Elle serait le moteur de son ambition.

La rentrée à Poudlard, même si elle marquait la fin des asservissements dans les couloirs du ministère et la fin de sa vie misérable à l'orphelinat, ne fut pas non plus facile. Revenir dans ce nid de vipères qu'étaient devenus les dortoirs de Serpentard, ne fut pas des plus aisés. En apparence, la situation ne changea pas. Les Serpentards continuèrent à lui vouer une admiration sans bornes, et les autres le craignaient. Mais il sentait que cette admiration était factice, et qu'il valait mieux éviter de leur tourner le dos. Dès qu'il se retournait, il pouvait sentir le souffle avide de ces carnassiers, qui n'attendaient qu'une faiblesse de sa part pour l'achever. Peu à peu, il s'éloigna d'eux.

Seule Pansy lui resta fidèle, et il ne saurait dire si cela lui apporta du réconfort ou non. Ses parents aussi n'étaient plus en position de s'occuper d'elle. Son père tenait sûrement compagnie à son propre paternel, dans les geôles d'Azkaban. Et sa mère… sa mère n'avait jamais été d'une quelconque utilité, elle vaquait dans les couloirs de leur manoir, tel un pantin. Il y avait pourtant une chose qui n'avait pas changé, et ce n'était pas une bonne chose pour lui. Mme Parkinson tenait toujours à leur futur mariage, et elle sut lui rappeler l'engagement qu'il avait pris auprès de sa fille, lors de leurs fiançailles. Il ne comprenait pas cette obstination, et essaya de l'en dissuader, mais en vain. Il pensait qu'elle était convaincue, qu'ayant le sang des Malefoy dans ses veines, il saurait se rétablir de cette fâcheuse situation. Et elle n'avait peut-être pas tort, du moins, il l'espérait.

Ainsi, malgré les épreuves traversées, il n'avait toujours pas réussi à se libérer de toutes ses chaînes. Et Pansy continuait à vouloir obstinément partager sa destinée avec lui. Cela ne se ferait pas. Il s'enfuirait plutôt.

&&

Il lève la tête, et nos regards se croisent à nouveau. Ces yeux gris brillent étrangement, comme deux poignards acérés. Je baisse la tête, et me plonge dans l'observation du contenu de mon assiette.

L'après-midi, les cours finirent à seize heures. La bibliothèque, havre de paix et seconde maison pour les septièmes années, nous accueillit. Je réussis enfin à finir mon devoir de potions, et je plonge dans les méandres de mes cours de métamorphose. Mais des éclats de voix interrompent bientôt mes révisions.

« Je te dis que les racines de Mandragore ne peuvent être cueillies que quand elles ont atteint leur maturité.

- C'est faux, on peut aussi se servir de leurs racines, quand elles ont immatures, lance Mikaël.

- Tu es vraiment trop têtu ! Regarde donc dans ton manuel ! réplique Elenor.

- Justement ils ne disent nulle part qu'on ne peut pas utiliser les racines de Mandragore immature.

- C'est toujours comme ça, avec toi ! Il faut toujours que tu aies raison !

- C'est bien de le reconnaître, car j'ai toujours raison ! Je dois vraiment te rappeler que tu avais tort quand… »

Ils n'ont pas le loisir d'en dire davantage. Mme Pince arrive, rouge de fureur :

« C'est une bibliothèque ici ! Si vous ne vous taisez pas immédiatement, je vous exclus ! »

Elenor prend ses affaires, et part l'air furieux. Alis et moi n'en menons pas large, il est vrai que les disputes entre Mikaël et Elenor sont monnaie courante, mais nous ne savons vraiment plus que faire pour y mettre un terme.

Mikaël nous lance un regard désolé. Brusquement, il se lève, faisant crisser la chaise, et sort précipitamment hors de la bibliothèque, sous le regard enragé de Mme Pince. Je me rassure en me disant qu'il va aller lui présenter ses excuses.

Me rappelant que je devais aller à l'infirmerie pour mon rhume, je remballe mes affaires et laisse Alis plongée dans un épais bouquin.

Je sors de la bibliothèque, et au détour d'un couloir, je m'arrête brutalement de surprise. Mikaël et Elenor sont enlacés et s'embrassent au beau milieu du couloir. Les livres que je tiens dans mes bras, tombent. Dans le fracas, ils se séparent brusquement. Elenor rougit et s'enfuit. Mikaël bredouille des paroles incompréhensibles et part dans la direction opposée.

Encore sous le choc de la surprise, je ramasse les livres éparpillés au sol, quand une idée traverse mon esprit. Moi, qui voulais les réconcilier, ils ont trouvé eux-même un excellent moyen de mettre fin à leurs querelles. Un sourire malicieux se pose sur mes lèvres.

Alors que je me dirige vers l'aile est, où se trouve l'infirmerie, j'éternue à nouveau, et en tentant désespérément de sortir un mouchoir de ma poche, les livres se répandent à nouveau par terre. Je me penche pour les ramasser, en pestant. C'est alors que j'entends plusieurs voix :

« Tu n'es qu'un minable, Potter ! Ecarte-toi de mon chemin !

- Ce que tu as fait est ignoble, Malefoy ! J'espère que tu en prends conscience !

- Il y a eu un procès et j'ai payé ma dette ! Fous-moi la paix, maintenant !

- Pour moi, tu resteras toujours le complice de son meurtre, et tes mains sont tâchées de sang !

- Comme si je me préoccupais de cet homme sénile ! Il est mort, Potter !

- Harry, range cette baguette ! Malefoy, ne le mérite pas.

- C'est bien, Potter ! Ecoute ces sages conseils, nous règlerons nos problèmes plus tard. »

Les voix se taisent et je m'empresse de ramasser les livres, quand un jeune homme blond passe tout près de moi. Mon cœur bat fort dans ma poitrine. Mais il m'a dépassé, sans me faire ne serait-ce qu'un signe, me prouvant qu'il m'a reconnue.

Soudain, une main se tend et m'aide à prendre les livres. C'est lui.

« Tu as tout entendu, n'est-ce pas ?

- Oui.

- Pense ce que tu veux.

- Je ne te connais pas, je ne me permettrai pas de te juger. »

J'éternue à nouveau, et il reprend de justesse les ouvrages qui allaient encore m'échapper.

« Je crois que je vais les garder, avant qu'ils ne retombent. Finalement, tu as bien attrapé mal, hier soir.

- Oui. »

Je sors un mouchoir.

« Et mon mouchoir trouve enfin une utilité.

- …

- Où allais-tu ?

- A l'infirmerie.

- Très bonne idée. Je t'accompagne, si ça ne te dérange pas. Je ne voudrais pas que tu abîmes encore ces livres. »

Arrivés à la porte de l'infirmerie, il me rend mes livres. Nous restons là, sans rien dire. Mais ses yeux se posent irrémédiablement sur moi :

« J'aimerais te revoir.

- Si tu le veux.

- Que dis-tu de demain, à vingt heures, devant la statue de Boris le Hagard ?

- D'accord. A demain alors.

- A demain. »

Je l'observe s'éloigner, sa cape virevoltant, jusqu'à ce qu'il disparaisse au détour d'un couloir.

La main posée sur la poignée de la porte de l'infirmerie, j'hésite. Je me dis déjà que la Pimentine va me rendre ridicule, avec de la fumée sortant des oreilles. Mais la menace d'un éternuement imminent efface vite mes doutes, et je rentre.