Traditions et sortilèges
Personnages : OC (Gladys Owain), Drago Malefoy
Genre : Romance
Résumé : Jeune fiancée éplorée cherche une issue à ses problèmes. Fils de mangemort cherche à se faire oublier, pris au piège entre deux camps. Lorsque deux histoires se rencontrent...
Disclaimer : Blabla, JKR a tout, blabla, même Harry Potter, blabla, moi j'ai rien.
Chapitre 8 : Grand froid
Ainsi va la vie. Mon premier baiser ne peut mener qu'au néant.
J'ai vraiment été stupide, je savais que cela pouvait arriver un jour, je le savais parfaitement. Et je n'ai rien fait, j'ai même espéré inconsciemment que cela se produirait. Et maintenant… Que faire ? Quelle question idiote ! Je ne peux rien faire.
Le paysage défile, à travers la vitre, monotone et ennuyeux. Les reliefs et les cours d'eau s'enchaînent avec constance.
Je crois que je n'ai jamais été aussi furieuse de ma vie. Contre moi, surtout, qui ai agi sans réfléchir, qui me suis laissée guidée par les évènements. Et contre lui, qui connaît parfaitement ma situation et qui n'a agi qu'à sa guise, en égoïste qu'il est, n'ayant même pas songé aux conséquences pour moi.
Je lève les yeux, et observe la teinte bleu-gris du ciel, qui s'étend vers l'horizon. Je me mens. Je suis malheureuse, et je sais pertinemment pourquoi. Je ne le déteste pas, je ne lui en veux pas et c'est bien pire que tout. C'est moi la seule coupable et la seule responsable. Je me suis laissée gentiment prendre à un piège, que j'avais clairement vu. J'ai été une proie consentante et je ne le regrette même pas.
Si mes parents viennent à l'apprendre…
Les kilomètres défilent et défilent. La neige finit par tomber et recouvre le sol d'un épais manteau glacé.
L'arrivée à King's Cross ne fut pas des plus accueillantes, ni même chaleureux.
Seule sur le quai, la neige s'amoncelant dans mes cheveux noirs, mes valises de chaque côté, je vois mes amis sauter dans les bras de leurs parents. Ils me disent au revoir, me souhaitent un joyeux Noël, et je fais de même.
Merlin, je ne leur ai toujours rien dit. Ils me croient en partance pour de simples vacances en famille. Et je ne le leur dirai probablement jamais.
Les autres élèves quittent peu à peu le quai. Mon souffle exhale une buée épaisse, j'ai froid. On m'a oublié. Je vais devoir transplaner seule dans le manoir. Ce n'est pas une calamité, mais ça augure bien de ces vacances.
Un bruit sonore retentit, je me retourne et aperçois à mon grand soulagement, notre elfe de maison apparaître. Il s'incline, au point que ses longues oreilles effleurent la neige qui recouvre le sol :
« Bonjour Mademoiselle », dit-il d'un ton cérémonial.
Ces mimiques m'énervent. Il prend mes valises, le panier où repose mon chat, s'incline à nouveau et disparaît.
Il est temps de rentrer chez moi. Je me crispe à cette pensée. Je n'en ai pas envie.
Je me retourne et contemple la locomotive rutilante du Poudlard Express. Une légère fumée s'échappe de sa cheminée, se frayant un chemin parmi les flocons de neige, jusqu'à rejoindre les épais nuages gris.
La fugue me tente. Mais avec ce temps, ce serait de la folie.
Après un léger soupir, je me concentre.
Avant même de rouvrir les yeux, je peux déjà sentir cette odeur pompeuse de propreté et de perfection. Nul parfum suspect de cuisine, nul relent de poussière, nulle odeur humaine n'est présente ici.
Et lorsque je pose mon regard sur les tentures parfaitement tirées, les marbres brillants et les tableaux aux couleurs chatoyantes, je me sens exclue, comme si moi seule ici, était souillée ou, imparfaite.
Les premiers jours de ces vacances passent avec une monotonie, qui m'exaspère. J'attends. J'ai l'impression, que le temps s'arrêtera le jour de Noël, que le monde s'arrêtera de tourner ce jour-là, pour moi. Qu'après cette date fatidique, il n'y aura plus rien. Mes devoirs de vacances restent sur mon bureau, les plumes ne sont pas sorties. L'encre n'a pas effleuré un seul parchemin. Je me contente d'errer, que ce soit dans les couloirs sordides et immenses, dans le jardin triste sous la neige, ou dans mon lit que j'ai peine à quitter, le matin. J'attends.
Ma décision d'inviter Drago me hante, et persiste. Je me dis que le faire assister à mes fiançailles mettra un terme à notre courte histoire.
Ma mère et la gouvernante sont très affairées dans les préparatifs du bal de Noël. Leurs piaillements m'énervent, tout comme l'excitation que je perçois dans leurs voix. Tout les amuse, de la décoration de la salle, à la tenue que je porterai.
Et je joue les potiches devant un miroir, à essayer maintes robes qu'elles ont commandées pour l'occasion. Elles débattent entre elles, pour savoir quelle couleur siérait mieux à mon teint, quelle coupe mettrait mes formes en valeur. Et je laisse les mains de la couturière m'habiller et me déshabiller sans fin, retoucher un ourlet et raccourcir une manche. C'est à en devenir folle.
Après plusieurs heures, la robe parfaite, selon les mots de ma mère, a été trouvée. Sa couleur bleu profond rehausse mon teint très blanc. J'ai l'air malade. Je n'aime pas cette robe.
Ma mère n'arrête pas de me contempler, elle est fière, ça se voit. C'est le moment de tenter le tout pour le tout :
« Mère, je me demandais. Avez-vous pensé à inviter M Drago Malefoy ? »
Elle me regarde interloquée.
« Non, Gladys. Tu devrais savoir que la famille Malefoy n'est pas tenue en très grande estime, ces temps-ci. Pourquoi demandes-tu ça ?
- C'est une amie, qui m'a demandé ce service. Vous connaissez Pansy Parkinson ? Elle est invitée, je crois.
- Oui, et quel est le rapport ?
- Et bien, M. Malefoy et elle sont fiancés et comptent bientôt se marier. Elle m'a fait remarquer que son fiancé n'avait pas reçu d'invitation. Je pense qu'il est légitime qu'il en ait. Il serait malvenu d'inviter sa fiancée et non lui. Et puis, s'il a le caractère des Malefoy, il relèvera vite la tête, et vous pourriez être heureux de le compter parmi vos relations. »
Elle fait mine de réfléchir quelques instants. Mais je sais à son petit sourire satisfait, que j'ai gagné la partie.
Elle relève la tête, et sourit largement :
« C'est une bonne idée, ma chérie. Je ne te savais pas un esprit aussi pratique. Je vais ordonner qu'on lui envoie une invitation. »
Je m'observe à nouveau dans la psyché et esquisse un sourire. Mon visage pâle s'éclaire. Elles ont raison. Cette robe me va très bien. Mon sourire s'efface.
Les jours passent, jusqu'à ce soir-là.
Je suis assise dans un fauteuil dans ma chambre, je contemple cette robe bleue, que je vais devoir bientôt enfiler.
La journée n'a été qu'un vaste remue-ménage. Les couloirs si vides d'ordinaire, sont sans cesse traversés par des elfes et des domestiques en ébullition. On croirait presque que ce manoir a fini par prendre vie. Les cuisiniers s'activent, l'orchestre répète. Je n'ai jamais entendu un tel brouhaha ici. C'en est effrayant. Je ne suis pas descendue. Je n'ose pas. Je les laisse s'affairer. Qu'ils s'amusent à organiser leur petite sauterie ! Ca m'est bien égal. Le résultat sera toujours le même. Les apparences ne cacheront pas la vérité : les Owain ont vendu leur fille. Et leur fille, c'est moi.
La robe me nargue, je la vois. Elle scintille, fait miroiter ses reflets bleus dans la lumière du soleil couchant. Elle fait frémir ses dentelles et ses soieries. Je la méprise comme tout ce qu'elle représente.
J'ai une terrible envie de hurler, de tout détruire, mais surtout de déchirer cette robe. De mes mains, j'arracherais les dentelles, je tirerais les jupons, je la découperais en petits morceaux. Violer la beauté de cette robe complice, elle plaira aux hommes, je le sais. Je pourrais la réduire en futiles morceaux de soie, qui voleraient au vent. Et je les regarderais s'éloigner et découvrir le vaste monde.
Mais non, je reste assise bien droite, bien comme il faut, sur ce fauteuil.
On frappe à la porte. C'est la domestique de ma mère. Elle se charge de me vêtir, de me coiffer et de me maquiller. Mes longs cheveux noirs sont élégamment relevés et une touche de maquillage met en valeur la pâleur de mon teint et mes yeux bleus.
C'est l'heure. Avant que les premiers invités n'arrivent, il faut que je rejoigne mes parents. Je descends les escaliers de marbre, j'ai l'impression d'être une princesse dans un de ces livres pour les midinettes. Sauf que pour l'occasion, la fin ne sera pas heureuse et je ne me fie pas au prince charmant pour venir me délivrer.
Le Hall d'entrée servira de pièce où apparaîtront les invités. Un système de sécurité très sophistiqué, reposant sur les cartons d'invitation, a été mis en place. D'ailleurs, dans le jardin et au rez-de-chaussée, sont postés des gardes, prêts à intervenir à la moindre alerte.
A l'entrée de la salle de réception, mes parents se tiennent, très dignes et élégants dans leurs habits d'apparat. Ils me font signe de les rejoindre. Ma mère me sourit. Ca me met mal à l'aise, je n'en ai pas l'habitude. Aucune remarque désagréable sur ma tenue, ou mon comportement, l'angoisse m'étreint. On dirait que mes parents ont soigneusement veillé à mon éducation et mon savoir-vivre, et qu'aujourd'hui, ils attendent de voir leurs efforts enfin récompensés.
La salle de réception a été largement agrandie pour l'occasion. Au fond, a été établie une estrade, où l'orchestre est installé. Sur tout le côté de la salle, de larges tables sont garnies de bouteilles et de mets divers, de nombreux serviteurs sont ici pour satisfaire les appétits des invités.
Les convives commencent à apparaître, dans des tenues plus éblouissantes les unes que les autres. La file est impressionnante et me semble sans fin. Au bout d'une heure, j'ai serré tant de mains, vu tant de visages, que j'en ai la tête qui me tourne. Penser à avoir un mot pour chacun, demander des nouvelles, essayer de se rappeler d'un nom, c'est vraiment éreintant.
De grandes dames, que je connais à peine de nom, engagent la conversation. Elles piaillent sans cesse, et de choses inintéressantes. Les rumeurs s'enchaînent, elles déballent les soucis des personnalités de ce monde, avec une frivolité et un mépris qui me donnent envie de vomir. J'ai à peine le courage de hocher la tête de temps en temps, et d'essayer d'avoir l'air présente. Je suis lasse. J'arrive à trouver un prétexte, pour fuir. Je me dirige vers le buffet. Ma gorge est sèche à force d'avoir tant parlé. Le serveur me toise d'un regard méprisant, quand j'ose lui demander s'ils ont du jus de citrouille. Non, ici que des alcools délicats, du champagne, des vins de Toscane, des liqueurs et du Firewhisky. Très bien, un verre de vin fera l'affaire.
Je me retourne, mon verre à la main et observe cette société si particulière, que j'ai eu le loisir de côtoyer pendant si longtemps. Malheureusement ma mère me voit, et m'entraîne à sa suite. Elle me présente à un riche industriel, dont j'ai déjà oublié le nom. Il me faut recommencer les mondanités, jouer les femmes du monde, complimenter à outrance. Son jeune fils est à ses côtés, si droit et si sérieux, que c'en est irréel pour un garçon de son âge. Je lui adresse un sourire, mais il me renvoie un regard si sombre, qu'il me glace le sang.
J'arrive à nouveau à m'esquiver. Un troisième verre de vin prend place dans ma main.
Un jeune homme m'invite à danser. Et me voilà partie sur la piste de danse, passant de cavalier en cavalier, sans ne rien retenir d'eux. Ils ne sont que des mains qui me tiennent, qui me guident, que des sourires faux, que des cheveux gominés. Je suis fatiguée, je m'excuse auprès du cavalier du moment.
Je me dirige vers le buffet, et reprend un verre de vin. La salle est comble. Je jette des regards ci et là.
C'est alors que je l'aperçois. Je souris. Il est là. Dans un costume de seconde main, il est là, parlant à ce qu'il me semble être Mme Parkinson et sa fille. Je pose mon verre, et entreprend de traverser la foule, pour aller les rejoindre.
Mais un monsieur très distingué d'une quarantaine d'années, me coupe la route et me propose de danser. Je n'ai même pas le temps de prononcer un mot, qu'il me prend déjà le bras, et m'entraîne sur un air de valse endiablé. Le morceau fini, j'essaye de retrouver Drago, mais il a disparu. Je me réfugie vers le buffet. Un autre verre de vin fera l'affaire pour me remonter. Et je prends un toast, pour calmer mon estomac.
« Mademoiselle, m'accorderez-vous cette danse ? »
Non, pitié, je n'en peux plus. Je suis fatiguée, j'en ai marre. Je ne suis pas un jouet qu'on peut se passer de cavalier en cavalier. Je me retourne pour voir l'homme, qui va subir ma mauvaise humeur.
Et c'est lui ! Le salaud, il est fier de son petit effet ! Son visage s'orne d'un sourire triomphant. Je vide hâtivement mon verre et prend son bras. Il ne dit rien. Il m'entraîne au milieu de la salle et me fait danser. Les pas s'enchaînent, et je ne peux détacher mes yeux des siens. Il me fait tourner, virevolter, je me sens légère entre ses bras. La tête me tourne, c'est enivrant. La distance entre nos deux corps n'est plus très réglementaire, et je m'en moque, personne n'y fera attention au milieu de cette foule. La pression que sa main exerce au bas de mon dos me laisse une sensation étrange. Je n'ai pas besoin de paroles, juste qu'il soit là tout contre moi.
Soudain, la magie de l'instant est rompue. L'orchestre s'est tu. Tous les visages se sont tournés vers l'estrade, où est monté mon père. A regret, je me sépare de Drago. Mon père hausse magiquement sa voix, devant les regards attentifs du public.
J'ai peur, mon cœur bat la chamade et les toasts que j'ai avalés commencent à manifester de l'inconfort dans mon estomac.
« Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, je suis fier de vous accueillir en mon manoir pour ce Bal de Noël. J'espère que cette soirée vous plaît, que le champagne coule à flots, et que la musique vous enivre. Je vous connais tous ici, certains sont des amis de longue date, d'autres des relations d'affaire. Et si je vous ai tous convié en ce jour, c'est qu'il s'agit d'un jour important pour la famille Owain. Un jour qui restera gravé dans ma mémoire... Je suis désolé, je ne suis pas très doué pour les discours. »
Des rires s'élèvent parmi l'assemblée.
« Oui, c'est vrai, réplique-t-il d'un ton jovial, que je ne lui connais pas. Je sens que je vous ennuie, alors je vais en venir aux faits. Aujourd'hui, naît une union nouvelle et, qui je l'espère, s'avérera fructueuse. Vous connaissez tous mon unique enfant, Gladys. »
De nombreux visages se tournent un instant vers moi, avant de se diriger à nouveau vers l'estrade. Ma respiration s'arrête, et mon cœur bat fort dans ma poitrine.
« Aujourd'hui, je la confie à un autre, qui prendra soin d'elle. Je vous annonce donc les fiançailles de Gladys Owain et de Ludovic Lowell. »
Faut-il pardonner à l'auteure ses idées saugrenues ?
Faut-il qu'elle arrête d'écrire au beau milieu de la nuit ?
Faut-il qu'elle arrête d'écrire tout court ?
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