Au Temps des Légendes - Salazar
Le Fils du Serpent
Auteurs : Shiri fanfic/ viewuser.php? uid181 ) et Angharrad
Disclaimers: Les personnages des Fondateurs, ainsi que Poudlard et Pré-au-lard ne m'appartiennent pas. Ils appartiennent à JK. Rowling à qui je ne fais qu'emprunter les noms et les lieux.
En revanche l'histoire que je vais vous conter est ma vision de la Fondation de Poudlard et de la vie de Fondateurs.
Pensez à lire la fanfiction sœur de celle-ci « Au temps des Légendes - Rowena »
Avant propos : Cette fic vous est dédicacée à vous, fidèles lecteurs. Voyant que je ne pourrais pas mener de front ATL et ATLFS, j'ai demandé à Shiri de me rejoindre dans cette aventure. Nous sommes à présent 2 à vous préparer cette histoire. Le rythme de parution sera le même que pour ATL, en décalé de 15 jours. Merci à tous de continuer l'aventure avec nous !
Relecture : Oyoooo – Merci pour ces séances de relectures détaillées.
Bonus : Un portrait de Salazar est actuellement disponible sur mon site (voir lien dans mon profil)
2 - L'Ancien Peuple
1019 – Château de Wessex
« Messires allons arrêtez ! » Criait la gouvernante alors que les deux garçonnets se battaient à coup d'eau et de serviette.
« Sven, Slanzar ! » Appela d'une voix impérieuse Morgause. Les deux garçons se figèrent. Sven leva ses yeux plus saphirs qu'émeraudes, vers ceux plus émeraudes que saphirs de son jumeau et cadet Slanzar.
« Oups » laissèrent ils échapper en chœur.
« A vous voilà petites canailles ! » Gronda Morgause en pénétrant dans la pièce inondée et chassant la gouvernante d'un geste de la main.
« Mère ! » S'exclamèrent ils en courant se cacher dans ses jupes alors que leur nourrice quittait la salle les fusillant du regard. Morgause roula des yeux et attendit avant de s'écarter des enfants et de les observer alors qu'ils s'étaient mis au garde à vous devant elle.
Les jumeaux avaient à présent quatre ans. Ils étaient grands pour leur âge, mais leur père l'était aussi, et elle n'était pas petite pour une humaine. On leur donnait facilement deux ans de plus. Et leurs petites bouilles rondes cachées par leurs longs cheveux noirs les rendaient plus espiègles encore qu'ils ne l'étaient. Les deux garçons se tenaient droits dans leur nudité et attendaient le verdict de leur mère.
« Puis-je voir vos doigts jeunes gens ? » Les garçons ouvrirent grands les yeux et cachèrent prestement leurs mains dans leurs dos. « Haha ! » S'exclama Morgause en tournant autour d'eux, ce qui les força à tourner en même temps qu'elle. Elle saisit les mains de ses fils et regarda leurs ongles avec minutie, mais ne trouva rien à redire sur les deux premières. Elle leva les yeux et croisa les regards pétillants de malice des jumeaux.
« Petits Galopins ! » s'exclama-t-elle. Elle lâcha leurs mains et voulu attraper les deux qu'elle n'avait pas regardées, mais déjà, les deux petits monstres s'étaient échappés et courraient dans toutes les directions. Morgause avait cependant de bons réflexes et attrapa Slanzar par la peau du cou.
« Sven... » Supplia son frère alors que Morgause l'attirait dans ses bras et menaçait de le manger en commençant par le cou.
« Non non, Maman ! » Implora Sven en se précipitant à ses pieds et tambourinant de ses petits poings contre la jupe de sa mère. Morgause hésita puis saisissant son second fils, elle le jeta sur sa hanche. Et un garçon sous chaque bras, elle replongea les deux enfants dans le baquet, s'évertuant à leur nettoyer cette fois jusqu'à la moindre trace de terre sous leurs ongles, sous les cris de protestation des jumeaux.
Morgause épuisée s'assit sur le bord du lit alors que les enfants s'étaient enfin décidés à grimper dans leur lit. Un lit large où ils dormaient ensemble. La femme d'Avalon en avait été choquée que chacun ne dispose pas d'une chambre séparée, ni au moins d'un lit simple, mais il était normal dans le monde des humains que des frères et soeurs partagent un même lit, parfois même avec leur mère, pour se protéger du froid principalement.
Il fallait avouer qu'elle avait été soulagée, après la frayeur que lui avait faîte Godwin, de pouvoir passer les nuits avec ses fils. Mais elle savait qu'un jour il lui faudrait exiger qu'on sépare les jumeaux. Non pas parce que l'on confondait bien trop souvent les deux garçons. Mais parce qu'ils devaient prouver qu'ils n'étaient pas une seule entité partagée entre deux corps.
Elle se souvenait d'avoir été dans la situation de ses fils bien des années auparavant, quand Morgian et Morgause n'étaient que deux petites filles au potentiel immense. Leur père avait voulu les séparer pour permettre à chacune de développer son pouvoir. Mais la cadette s'était insurgée. Se glissant d'abord dans la chambre de sa soeur qui l'accueillait toujours à bras ouvert, elle fut punie et finalement confiée au temple opposé à celui de sa soeur.
Hélas, le mal avait été fait. Si Morgian avait accepté la discipline de ses pairs, Morgause l'avait violemment rejetée, et ainsi avait perdu la moindre chance qui lui restait d'entrer au service des temples élémentaires d'Avalon. Mais il lui avait fallu bien trop longtemps pour comprendre qu'en s'évertuant à s'attacher à sa soeur, elle lui avait servie de source de pouvoir, et avait enrayé la croissance de ses propres dons.
Elle devrait bientôt séparer les garçons, si elle ne voulait pas qu'il leur arrive la même chose et si elle voulait disposer non pas d'un mais deux sorciers à ses cotés. Mais ses propres souvenirs douloureux la poussaient à attendre que ses fils manifestent un quelconque sens de la magie avant de les séparer.
Elle regarda les enfants s'écrouler sur le lit et pensa pouvoir quitter la chambre une fois les avoir bordés. Mais alors qu'elle déposait sur chacun de leurs fronts un tendre baiser, les jumeaux ouvrirent grands leurs yeux et la dévisagèrent.
« Qu'est-ce qui ne va pas ? » S'inquiéta-t-elle en se redressant.
« Maman ? Pourquoi vous semblez triste en nous regardant ? »
« Pourquoi les gens ont peur quand vous murmurez ? » Demandèrent ils en même temps. Ils se regardèrent surpris par la question de l'autre, éclatèrent d'un rire nerveux et se tournèrent à nouveau vers leur mère.
« Et bien...Je crois que je suis bonne pour vous raconter une longue histoire. » Soupira Morgause tout en laissant le lit plié sous elle.
La femme aux cheveux d'argent grimpa dans le lit est se faufila entre les deux enfants qui lui avait fait une petite place. Elle sourit en remarquant que malgré le temps qui passait, certaines choses ne changeaient pas, comme par exemple la mèche de cheveux que chacun des garçons avait attrapée pour se caresser le nez en espérant repousser le sommeil.
« Alors Maman ? » S'impatienta Sven.
« L'histoire ! L'histoire ! »Reprirent ils tout deux en chœur.
« Une histoire hein ? Mais êtes vous sûrs que vous allez bien la comprendre mes petits démons ? » Demanda-t-elle tout en les menaçant de chatouille sur le ventre rondelets.
« Voyons Maman ! » S'exclama outré Sven.
« Vous savez bien que nous comprenons mieux que beaucoup de notre âge. » Répliqua Slanzar. Morgause sourit mélancoliquement. Oh oui elle le savait qu'ils étaient plus dégourdis que leur jeune âge le laissait paraître. Et c'était pour cela qu'elle passait la plupart de son temps à les surveiller, de peur que leur nourrice ne le remarque et n'en invoque le pouvoir du malin. Un frisson remonta son échine que les jumeaux sentirent.
« Vous avez froid maman ? » S'inquiéta Sven.
« Non mon fils, non. » répondit elle simplement en se callant un peu plus dans les oreillers. Elle attira ses deux fils contre elle et inspira profondément, cherchant la meilleure façon de leur raconter la légende de l'Ancien Peuple.
« Il était une fois, deux terres loin d'ici, cachées au regard du monde par les brumes des océans. Sur ces deux îles plus grandes encore que des continents, vivait un peuple étrange. Dans nos contrés, on les appelle démons, anges, parfois on se souvient que ces deux terres s'appelaient Atlantis et Atlantide, et on les nommait alors Atlante. Mais de nos jours, beaucoup trop fut perdu en même temps que le grand cataclysme, et on ne les appelle plus que l'Ancien Peuple. »
« Les membres de l'Ancien Peuple étaient à l'origine facilement reconnaissables. A leur physique, car tous étaient très grands, même les femmes n'avaient rien à envier au plus grand de nos hommes, et ils étaient dotés avec l'âge d'un paire d'ailes qui leur permettait de voyager plus vite à travers les continents. Leur peau semblait aussi dorée que le Soleil lui même, permettant de les différencier facilement des autres êtres humains, et leurs cheveux clairs ne faisaient que renforcer cette impression. Mais c'était surtout leurs regards qui faisaient qu'ils étaient craints. Leurs yeux avaient une brillance et vie surprenantes pour tout extérieur, et aussi naturelle que le don auquel ils étaient associés.
En effet, l'Ancien Peuple était connu pour être un peuple de magie, qui plus est, lié aux forces élémentaires. Ainsi, si un enfant avait les yeux éthérés, c'est à dire brumeux, son éducation était confiée au temple de l'air. Un regard brun et sombre au temple de la terre, un regard flamboyant au temple du feu, et un regard miroitant à celui de l'eau. » Morgause s'interrompit voyant que les jumeaux s'étaient redressés pour observer le regard de leur mère, puis leurs propres yeux.
« Ne commencez pas à ne plus m'écouter, ou vous n'allez pas entendre la fin de l'histoire. Je répondrai à toutes vos questions, mais pour le moment, reprenons le conte. Ces deux continents se trouvaient chacun d'un coté de la terre qu'ils savaient ronde, si éloignée, que les contacts entre leurs habitants se firent avec le temps de plus en plus rare. Les années passant, les deux îles évoluèrent en deux royaumes distincts et des rivalités grandirent. On ne sait pas comment ni pourquoi, mais la guerre éclata. »
« C'est de ce temps que les légendes sur les démons et les anges naquirent, car le conflit s'étendit aux territoires inexplorés ou laissés au peuple humain. Anges et Démons n'avaient pas de signification pour l'Ancien Peuple, aussi ils ne réalisèrent pas la portée du changement de forme de leurs ailes qui n'étaient pour eux que de toute façon les ailes des dieux dragons qu'ils vénéraient, chacun ayant choisi la lune ou le soleil comme astre protecteur. »
« Tu veux dire que les habitants d'un royaume avaient des ailes avec des plumes et les autres des ailes en cuir ? » s'étonna Slanzar.
« Je n'aurais pas formulé de cette manière là, mais on peut le comprendre ainsi, vous pouvez aussi imaginer des anges aux ailes blanches et d'autres aux ailes noires. »
« Mais comment c'était possible ? Il n'y avait pas d'ailes grises ? » Protesta Sven.
« Justement, alors que le conflit menaçait de s'étendre aux territoires libres, un troisième groupe d'Atlante apparut. D'abord secret, il prit peu à peu, par alliance politique le contrôle d'avant postes, puis se mit à proclamer que la paix devait revenir. Mais il était trop tard, car les Guerriers-Mages avaient lancé de terribles sortilèges, puisant dans la force de la nature au point de la déchirer. »
« On ne sait pas qui étaient ses parents, tout ce que l'on sait, c'est que lorsque la destruction des deux royaumes devint inévitable, le Mage Créateur Merlin naquit, et aidé de prêtres élémentaires, sauva ceux qui avaient cru en l'unité et la rédemption du peuple Atlante, laissant le ciel se déchirer, les flammes se propager, la terre s'ouvrir et les flots engloutir les deux royaumes. On raconte que Merlin conduisit les rescapés sur une terre nouvelle où il pansa les blessures de son peuple et aida à reconstruire une nouvelle civilisation. »
« Vous voulez parler d'Avalon, Maman ? » s'étonna Slanzar qui avait toujours été attiré par les histoires de ce peuple. Morgause sourit, tandis que Sven lui mettait un coup de coude pour le faire taire, son attention captivée par le nom de Merlin.
« C'est en effet un nom que l'on donne au pays perdu des derniers Atlantes, et Avalonia, sa capitale est une des villes les plus belles de l'Ancien Peuple. » Murmura-t-elle avec nostalgie.
« Est-ce que vous venez d'Avalonia Maman ? » demanda tout à coup Sven qui semblait réalisé que leur mère était bien en train de répondre à leurs questions plutôt que de chercher à les endormir avec un conte.
« Et bien, à ton avis ? » demanda Morgause en pointant de son index ses yeux qui se mirent tout à coup à flamboyer plus qu'ils ne brillaient déjà naturellement. Les deux garçons furent pris d'un mouvement de recul puis se rapprochèrent pour mieux regarder leur mère.
« Ouah... » Finit par souffler Sven.
« Alors nous appartenons à l'Ancien Peuple ? » s'interrogea Slanzar.
« Et bien, ma mère n'était pas de sang pur, et votre père étant tout à fait humain, il est fort possible que vous ne possédiez le don de magie. » Avoua Morgause.
« Nous posséderons le don ! » S'exclama Sven.
« Il n'y a qu'à voir nos yeux, Papa ne cesse de répéter que le ciel a placé des pierres précieuses à la place de nos yeux. » Renchérit Slanzar.
« Et bien nous verrons mes trésors, mais vous comprenez maintenant pourquoi je fais toujours attention quand je parle ou quand je vous guéris ? »
« Non... » Avoua Sven dont l'enthousiasme retomba au ton glacial qu'avait employé sa mère.
« Toi non plus Slanzar ? »
« Et bien...Je suppose que si nous montrons en plus du fait que nous sommes jumeaux, des pouvoirs magiques, on nous accusera de sorcellerie... »
« C'est vrai ce que disent les gouvernantes ? Que l'un de nous est bon et l'autre mauvais ? » S'inquiéta Sven.
« Bien sûr que non, mais il est vrai que vous êtes nés à une fête qui dans les esprits n'est pas de bon augure. Et les jumeaux ne sont pas très bien perçus de part les récits idiots de certains prêtres. C'est pourquoi il faudra toujours que vous soyez prudents mes chéris quant à vos origines, et ne pas vous énerver contre ceux qui ne peuvent comprendre, qu'ils soient vos frères, vos cousins, ou même votre père. Vous me le promettez ? » Les supplia Morgause. Elle se mordit la joue se rendant compte de ce qu'elle demandait à ses deux petits garçons.
C'était une belle journée de printemps qui commençait ce jour. Les rayons du soleil faisaient miroiter l'eau chahuteuse de la rivière, sous un ciel limpide où quelques flocons de nuages passaient paresseusement, poussés par une douce brise. Installées sur un drap au bord du cours d'eau, quelques suivantes brodaient tout en surveillant d'un œil plus ou moins vigilant les deux garçonnets, Sven et Slanzar. Ces derniers s'amusaient à se courir après sur une petite plage caillouteuse.
« Evitez de vous approcher du cours, Messires ! » Les prévint pour la énième fois une des suivantes.
« Cesse donc de les importuner ! » La morigéna une autre suivante.
« Mais la maîtresse nous a dit de... »
« Mais tu vois bien qu'ils ne courent aucun danger ici ! » Coupa t-elle en montrant les deux garçonnets qui justement grimpaient dans un arbre, dont les branches s'étendaient au-dessus de la rivière.
A peine ces mots terminés, qu'un cri les firent toutes tourner la tête dans la direction des petits Princes. Sven s'accrochait désespérément à une des branches qui passait au-dessus de l'eau, tandis que Slanzar essayait de s'approcher de son frère pour lui venir en secours. Les suivantes eurent à peine le temps de se lever, que Sven lâchait prise. Il sembla alors à plus d'une des dames, que la chute du petit garçon s'effectuait beaucoup plus lentement que la normal.
Dans ce laps de temps, Sven chercha le regard de son frère, il s'y accrocha mais déjà il tombait lourdement dans l'eau dans une gerbe d'éclaboussure.
« Slanzar ! Au secours ! » Hurla le jeune garçon en réapparaissant.
Slanzar sauta au bas de l'arbre et courut le long de la rivière, essayant de rester à sa hauteur. Derrière lui, les suivantes avaient soulevé leur jupes et jupons, et trottinaient tant bien que mal. L'une d'elle au contraire se dirigea prestement vers le château.
Slanzar vit avec horreur la tête de son frère disparaître sous les flots. Elle réapparut aussitôt, Sven crachant de l'eau et respirant comme il le pouvait. Il cria encore, mais le grondement des eaux se faisait de plus en plus sourd. Scrutant le bout de la rivière, Slanzar sentit une sueur froide lui remonter le dos. A quelques mètres de là, la rivière se terminait par une chute d'eau. Quand Sven s'aperçut où le menait le courant, il hurla de terreur tout en essayant de rester la tête hors de l'eau. Il s'agrippa désespérément à des branchages flottants mais ceux-ci furent emportés par le poids du garçonnet.
N'écoutant alors que son courage, Slanzar sauta à son tour dans l'eau tumultueuse, sous les cris de stupéfaction et d'effroi des suivantes. Il fut aussitôt emporté par le courant.
« Sven, tiens bon, j'arrive ! » Cria t-il.
En quelques secondes, il fut à la hauteur de son frère et ils s'accrochèrent mutuellement. Le grondement de la cascade se fit alors tout proche. Ils se regardèrent dans les yeux et soudain se fût le vide sous leurs pieds. Ils tombèrent.
Un cri déchirant accompagna leur chute, qui sembla sans fin. Sven avait le regard révulsé par la terreur et s'accrochait à son frère comme si le simple fait de le tenir entre ses bras le ramènerait sur la terre ferme. Slanzar, lui était d'un calme surprenant. Pendant cette chute sans fin, il sentit une force tourbillonner en lui, puis s'amplifier jusqu'à ce qu'il puisse la sentir parcourir son corps, du bout de ses orteils jusqu'à la racine de ses cheveux. Un frisson le parcourut, son jeune corps se tendit comme un arc prêt à décocher une flèche, et l'étrange force qui le submergea, s'échappa avec puissance par toutes les entrées de ses points vitaux.
L'eau de la cascade ondula soudainement, sous le regard terrifié des suivantes et celui vitreux de Morgause, qui dès prévenue, avait laissé ses tâches et s'était élancée, le cœur bondissant dans sa poitrine à chaque foulée qui la rapprochait de ses enfants. La chute se sépara en deux cours. Tandis que le premier continuait sa course précipité vers le bas, le second entoura les deux garçons, toujours accrochés l'un à l'autre, les souleva hors de la chute pour venir les déposer sur la berge où se tenaient les femmes. La langue d'eau se retira vivement avant que l'idée ne vienne à l'une des suivantes de la toucher, puis réintégra la cascade et celle-ci reprit son état premier.
Morgause se jeta au côté des ses fils, déjà prête à leur dispenser les premiers soins. Sven toussota, crachota de l'eau et se leva sur son séant.
« Tout va bien désormais, Sven ! » Murmura Morgause, prenant l'enfant dans ses bras, tout en scrutant son visage. Elle lui caressa les cheveux, puis son regard se porta sur Slanzar qui n'avait toujours pas bougé. Lâchant alors son premier fils, elle se précipita sur le cadet et l'observa intensément, espérant peut-être le réanimer d'un simple regard, mais celui-ci n'eut aucune réaction.
Ses dons de guérisseuse reprenant alors leur droit, elle pencha la tête au-dessus de celle de son fils, joue contre bouche. Elle sentit un léger souffle lui effleurer la peau. Elle posa ensuite son oreille là où le cœur de Slanzar devait se trouver, elle entendit alors avec soulagement son cœur battre, rapidement certes, mais battre prouvantqu'il était bien en vie. Elle se releva, serrant un peu plus contre elle l'enfant figé par le choc, et ordonna qu'on la suive avec son aîné. A vive allure, elle traversa le champ qui la séparait de la route du château, qu'elle gravit prestement, espérant y réanimer son fils, épuisé par l'éveil de son don.
Les jumeaux s'étaient endormis sans discuter ce soir là. Sans doute épuisés par les manifestations de leurs pouvoirs magiques, aussi bien que par leurs jeux et l'agitation qu'avait provoqué l'incident autour d'eux. Morgause les surveillait encore quand leur gouvernante en titre, nerveuse et à la limite des tremblements vint souffler les bougies à leur chevet.
Elle croisa le regard étincelant de la Comtesse et s'inclina bien bas, espérant ne pas avoir fâché sa maîtresse. Elle se retira aussi vite qu'elle le put et rejoignit une de ses amies servantes. Leurs murmures qu'elles voulaient étouffer, portaient dans le silence de l'étage familial et tout ce qu'elles disaient parvenait nettement à la femme de l'Ancien Peuple. « Le démon... Sven ou Slanzar ? Rejetés des eaux... Les prêtes auraient dû l'étrangler avec le cordon ombilical...Dangereux pour le peuple...Tu crois que ce n'est pas le soleil qui a trop tapé ? Pauvre maître Godwin... »
Morgause inspira profondément. D'un mouvement vif et faisant claquer les plis de sa robe, elle quitta la chambre de ses fils et laissa retomber la tapisserie qui séparait la pièce d'eau, puis la salle commune qui menait aux appartements de son époux.
Elle le trouva faisant les cent pas devant la grande cheminée de son bureau. Les prêtres qui avaient assisté à la naissance et se faisaient un devoir de surveiller ses fils étaient là. Ils avaient déjà du entendre mille récits déformés par les commères du château et prévenaient le Comte.
« Mon époux ? » appela Morgause de l'entrée, espérant que la lumière vacillante et le courant d'air qui faisait danser sa robe et ses cheveux autour d'elle ne renforceraient pas cette aura sombre et mystérieuse qu'on lui reprochait.
« Morgause ma mie. Savez vous ce que mon père vient de me conter ? » Demanda-t-il d'une voix incertaine.
« Que vous n'avez pas encore assez donné pour la paroisse et que le toit de l'église ne passera point l'hiver ? » répondit-elle d'un ton détaché tout en approchant de son mari et lui adressant un léger sourire dont elle avait le secret.
« Ma Dame, pas cette fois, bien que nous aurions en effet... » Commença l'un des frères avant de se taire sous le regard menaçant du Père.
« Nous sommes ici pour parler de ce qui est arrivé à vos fils aujourd'hui. » Reprit-il.
« Ah ? Et bien ils sont tombés à la rivière, et sont arrivé à retrouver la berge avant de se noyer. » Déclara-t-elle avec le même détachement, et faisant signe à son époux de s'asseoir. Sciemment, elle s'installa sur les genoux de son époux, qui bien que surpris, passa ses bras autour de sa taille pour qu'elle ne glisse pas. Elle posa ses mains sur les siennes et les serra, rassurante.
« On nous a dit qu'ils avaient été rejetés par la rivière, et comme vous le savez... »
« Rejetés par la rivière ? » s'étonna Morgause. « Je n'ai pas eu cette impression, plutôt que Slanzar est arrivé à tirer son frère de l'eau, alors que leur gouvernante pleurait déjà leur mort. »
« De bons petits que ce ventre a engendrés, forts et vifs, des survivants, » murmura Godwin.
« Mon Seigneur. Vous savez très bien que l'eau élément pur ne rejette que les sorciers. Comme nous le craignons, l'un de vos fils est marqué du sceau du malin. Permettez nous de... »
« Du sceau du malin ? N'était-ce pas déjà ce que vous aviez dit le soir de leur naissance ? Pourtant aucun malheur n'a eût lieu, au contraire, notre famille a reçu en partage de nouvelle terre rendant au Wessex sa taille d'origine. » Les railla Morgause.
« Et pourtant nous nous permettons d'insister. » Poursuivit le prêtre.
« Permettez, n'était-ce pas Slanzar que vous vouliez voir mort le jour de sa naissance ? Hors il me semble que d'après vos récits, c'est cette fois Sven qui a été rejeté par les flots. » Le Coupa Morgause. Les moines la foudroyèrent du regard, mais elle tint bon, puis se pencha vers Godwin et lui susurra quelque chose à l'oreille qui ne leur parvint pas. Le Comte sembla oublier leur présence un instant, se permettant une familiarité excessive avec son épouse, en présence d'homme d'église, avant d'être interrompu par leurs toussotements.
« Sire ? »
« J'ai pris note de vos remarques et conseils, c'est à présent à moi de voir quelle sanction appliquée à mes fils et de déterminer si oui ou non, le malin réside en mes murs. »
« Seigneur nous avons des méthodes qui... »
« Il suffit, je vous ferai mander. » Termina-t-il avec un geste de la main qui signifiait clairement qu'ils le dérangeaient. Ils se regardèrent ahuris, mais déjà le comte avait reporté son attention sur son épouse qui s'était retournée et jouait à présent avec ses cheveux châtains qui s'échappaient de sa queue de guerrier. Elle poursuivit son petit manège jusqu'à ce que Godwin lui saisisse les deux mains et la regarde droit dans les yeux.
« Ma Dame, expliquez moi donc quelle mouche a piqué le château aujourd'hui. »
« Mon seigneur, n'aimez vous pas passer un peu de temps avec votre épouse ? »
« Tait toi femme, et dit moi si ce qu'on dit les moines est vrai. »
« A votre avis ? » le railla Morgause en faisant mine de se relever, mais Godwin avait ses mains bien callées autour de sa taille et la maintint assise.
« Tous les deux ? » demanda-t-il d'un ton où grondait la fureur. Elle se contenta d'acquiescer silencieusement. Godwin se redressa, manquant de renverser Morgause, mais celle-ci se rattrapa et s'écarta. Il se mit à faire les cent pas devant la cheminer et elle le regarda faire.
Elle connaissait ce comportement. Toutes les informations étaient en train de se mélanger dans sa tête. Elles allaient tournoyer, se mêler et sa colère grandiraient, obscurcissant el jugement auquel il essayait d'arriver. Dans une rage glaciale il se tournerai vers elle et la menacerait, et elle l'écouterait,
Puis au moment où il s'y attendrait le moins, elle le prendrait dans ses bras. Elle murmurerait des paroles rassurantes et encourageantes, le consolerait alors que les larmes couleraient sur ses joues. Puis elle lui parlerait sérieusement, tenant son visage entre ses mains, à hauteur du sien et il boirait ses paroles. Et demain, les rumeurs sur les dons de ses fils seraient réprimées, les appartements de ses fils aménagés à part et elle pourrait se consacrer à leur éducation.
Godwin se tourna vers elle et la prit dans ses bras, l'embrassant fougueusement. Peut-être avait il deviné ce qu'elle comptait faire, et par ce baiser, il scellait cet accord muet qui avait fait d'eux plus que mari et femme, des alliés...
Réponses aux Reviews
Miya Black J'espère que ce chapitre va t'inspirer une review un peu plus longue ;p J'aime beaucoup ma version de Slanzar, mais bon je crois qu'il va en surprendre plus d'un par rapport aux clichés que l'on croise dans toutes les fics. Enfin bref
Zoizo De rien pour la fic, j'avais tellement pas envie de massacrer l'histoire en répondant par deux phrases bateaux, que finalement, la réponse la plus simple m'a parue la fic. Et oui, Salazar comme je me l'imagine a effectivement un certain charme Merci pour mon Anniv'
Miss Serpentard On a tous nos petits travers. J'avoue, je les aime tous tellement ces sacrés fondateurs, que si j'avais le temps, j'écrirais une histoire chacun...Malheureusement dans mon plan initial, je ne m'attardais que très peu sur Serpentard, du coup, j'ai craqué. J'espère que l'histoire te plaira (et que tu continueras à lire ATL qui après tout compose l'arc principal dont ATLFS n'est qu'un complément)
Lu7ine Tient, encore une qui ne review pas Ton nom est noté, pas de prochain chapitre si j'ai pas ta review L'art et la manière de faire chanter ses lecteurs fidèles ! Meuh non je déconne.
BastetAmidala C'est tout moi ça, changer la vision des gens sur des personnages peu connus et/ou aimés. Promis tu ne le regretteras pas ! Morgause et Morgian sont jumelles (au cas où le doute subsisterait ) Merci bcp, j'ai rougis en lisant ton petit mot !
Angharrad, accompagnée de Shiri – 21 Septembre 2004
