Au Temps des Légendes : Le Fils du Serpent

Chapitre 3 : Sorcière

Auteurs : Shiri et Angharrad

Disclaimers : Les personnages des Fondateurs, ainsi que Poudlard et Pré-au-lard ne m'appartiennent pas. Ils appartiennent à JK. Rowling à qui je ne fais qu'emprunter les noms et les lieux.

En revanche l'histoire que je vais vous conter est ma vision de la Fondation de Poudlard et de la vie de Fondateurs.

Pensez à lire la fanfiction sœur de celle-ci « Au temps des Légendes - Rowena »

Avant propos : Cette fic vous est dédicacée à vous, fidèles lecteurs. Voyant que je ne pourrais pas mener de front ATL et ATLFS, j'ai demandé à Shiri de me rejoindre dans cette aventure. Nous sommes à présent 2 à vous préparer cette histoire.Merci à tous de continuer l'aventure avec nous !

Relecture : Oyoooo — Merci pour ces séances de relectures détaillées.

C'était une paisible journée d'été, comme celle qui avait vu se révéler les pouvoirs des fils du Comte Godwin, Sven et Slanzar. De certains couloirs, ceux donnant sur la cour et les jardins du château, on pouvait entendre les paroles didactiques que Morgause prodiguait aux deux garçonnets. Ce qu'apprenaient Sven et Slanzar n'était inconnu de personne : la Magie. Certes, les gens de l'église observaient d'un œil critique les faits et gestes de Morgause, mais les habitants du château trouvaient cela excessif. Comment une si jolie jeune femme et de si mignons petits garçons pouvaient être les enfants du Malin ? Et lorsque Morgause donnait ses leçons, le murmure excité des servantes courait les couloirs, les antichambres, les chambres, les cuisines pour en informer les autres. L'église avait beau faire entendre leurs avertissements, rien ne semblait plus excitant que d'écouter furtivement les paroles de la Comtesse.

C'était donc une fois de plus à ce genre d'occupation que se livraient les petites gens du château. Mais soudain, les portes de la salle de conseil s'ouvrirent avec fracas, laissant passer un Knut furieux, le front barré de deux rides verticales et les yeux rétrécis par la colère. Resté debout en retrait, le Comte Godwin observa d'un air navré le danois quitter la salle à grand pas.

« Comment ce petit Comte de pacotille qu'était Godwin pouvait lui refuser son soutient ? Le mot loyauté n'avait donc pas de sens pour cet homme ? Lui, Knut, qui lui avait rendu définitivement le comté de Wessex que menacé de lui retirer Aethereld ! Lui, qui l'avait laissé affermir son pouvoir sur ces terres ! Comment Godwin ne pouvait-il pas lui apporter son soutient ! »

Les pensées de Knut tourbillonnaient avec violence dans son esprit. Tant et si bien que ses pas le menèrent dans des couloirs inconnus. Ses yeux parcoururent l'endroit, mais rien ne lui rappelait le lieu où il pouvait se trouver. Seul le murmure de plusieurs voix le mena aux jardins où il se retrouva à une cinquantaine de mètre de la Comtesse et de ses fils.

« Chaque plante a son utilité propre, » disait Morgause… « La Fleur de Lune par exemple, est principalement utilisée pour ses propriétés à couvrir le goût âcre des décoctions. Mais si je vous parle à présent de Sélénite, vous vous rappellerez qu'elle possède la capacité d'aiguiser la sensibilité de votre esprit, allant jusqu'à faire oublier que votre corps souffre. Les deux sont une seule et unique plante. » Expliquait elle en agitant le bouquet de fleurs argentées devant elle.

Soudain, Knut vit un jet d'eau, apparemment venu d'un des garçons qui pourtant n'avait pas d'eau à proximité de lui, éclaboussant le frère.

« Slanzar ! » Hurla Sven, « Mère ne t'a pas autorisé à utiliser tes pouvoirs ! »

Le garçon se nommant Slanzar haussa une épaule et esquissa un mouvement pour éviter la main de sa mère qui se tendait vers lui. Un autre jet d'eau surgit alors de l'autre garçon et éclaboussa Slanzar. S'engagea alors entre les deux frères une bataille d'eau.

« Sven, Slanzar, arrêtez immédiatement ! » Avertit leur mère.

Mais rien n'y fit. Morgause mit un genou à terre, la paume de sa main droite apposée au sol tout en récitant silencieusement des paroles qui n'avaient pas de sens. Soudain, des racines sortirent du sol et ligotèrent mains et pieds des jumeaux. Ces derniers regardèrent leur mère avec ébahissement et ils ne furent pas les seuls. Mais là où on pouvait sentir toute leur admiration pour leur mère, seules les prémisses d'un plan cruel naissait dans l'esprit de Knut. Il fit un pas en arrière, plus surpris qu'effrayé. Alors qu'il s'éloignait vers ses appartements, il entendit les deux garçons s'exclamaient d'admiration et leur mère de répondre que peut-être, un jour, ils pourraient faire mieux. Et dans sa tête, le plan machiavélique prenait forme…

Quel coup du sort ! Le roi gratta sa barbe blonde, les yeux plissés, l'esprit alerte, ingurgitant peu à peu les tenants et aboutissants de cette découverte. Ainsi l'épouse que Godwin n'amenait jamais aux conclaves, et dont pourtant les traits fins étaient vantés au même titre que ceux de la Reine, était également une héritière de l'ancien peuple.

Comme son épouse, il fallait malheureusement l'avouer. Mais là où Emma avait l'apparence et la prestance des descendants d'Atlantis, Morgause y ajoutait la sorcellerie. Ce qui allait jouer en sa défaveur.

Il s'immobilisa, cherchant son chemin dans la lourde forteresse de Wessex. Prit de remord ? Après tout, n'était-ce pas les sorciers danois qui lui avaient prédis un destin qui ne s'accomplirait que sur l'île des Forts ? Il s'était rendu à la cour d'Angleterre suite à cette déclaration et y était tombé fou amoureux. Faisant fit de ses croyances et des conseils qu'on ne manqua de lui prodiguer, il avait alors entrepris la conquête de l'Angleterre.

Mais pour se faire, il avait dû chercher des alliés sur le sol anglais, et après quelques incursions, avait trouvé soutien auprès du clergé, qui depuis le règne légendaire d'Arthur, avait vu le cœur des Bretons partagés entre le dieu unique des chrétiens et les traditions féeriques de l'ancien peuple. Cet appui lui permis de rallier à sa cause les familles aux pouvoirs déclinants, qui profitèrent de l'occasion pour raffermir leur puissance.

Si Godwin l'avait suivi dans sa reconquête de la Grande Bretagne, il s'était depuis retiré sur les terres dont Knut lui avait assuré la possession. Il vivait tant que faire ce peut, en autarcie, loin des intrigues de la cour. Mais la menace croissante des barons du Nord avait forcé le Danois à reforger les alliances du passé, l'église ne pouvant lui fournir le soutien militaire dont il avait besoin. De plus, celle-ci avait vu d'un mauvais œil le mariage de Knut et Emma, malgré la légitimité qu'il s'était donné en épousant l'ancienne Reine. Aussi, livrer au clergé une sorcière aussi bien intégrée et haut placée, tombait à point nommé, mais aussi lui permettrait de plier Godwin à ses desseins.

Sans attendre plus longtemps, il appela le scribe et lui demanda parchemins, plumes et encres qu'il lui fit installer devant le foyer avant de le congédier. Il installa son fauteuil de campagne qu'il emmenait partout avec lui, et s'y laissa tomber, réfléchissant à la missive qu'il allait écrire. Il était si absorbé par cette lettre qu'il ne vit pas que le soleil déclinait rapidement. Finalement satisfait de sa prose, il appela le page qui aurait dû attendre ses ordres. Voyant que personne ne répondait, il se dirigea vers les tentures qui séparaient ses appartements du couloir, et les écarta violemment. Il tomba nez à nez avec deux religieux, chacun accompagné d'un jeune garçon.

« Mon roi, » le saluèrent-ils, s'inclinant légèrement, leurs visages cachés dans la pénombre de leurs capes. Knut les ignora et saisit l'un des enfants par l'épaule.

« Porte ce message au Comte et ne te perd pas en route. » Déclara-t-il tout en fourrant le parchemin dans les mains du garçon. Celui-ci abasourdi regarda d'abord l'objet, puis leva les yeux vers celui qui devait être son maître. L'homme leva légèrement la main gauche, ce que l'enfant saisit. Il hocha la tête et s'en fut à travers l'obscurité croissante de la forteresse. « Brave petit. » Murmura le religieux.

« J'ai bien cru qu'il allait falloir que je répète mes ordres. » Grommela Knut, tout en leur tournant le dos et entrant dans ses appartements. La tapisserie retomba et les deux hommes se dévisagèrent, surpris et incertains. « Et bien qu'attendez-vous pour entrer ? » appela-t-il de l'intérieur, visiblement exaspéré. « Et dîtes à votre garçon d'aller chercher une collation. Ces jeux d'influence m'ont mis en appétit. » Le jeune se pencha pour recevoir au creux de l'oreille les consignes de son supérieur, puis fila prestement à travers les corridors encore déserts.

Knut se laissa tomber sur le fauteuil de campagne et tournant le dos aux flammes, fit face aux deux hommes. Positionnement et tactique oh combien efficace pour impressionner les visiteurs, le feu projetant son ombre sur ceux-ci, le rendant mystérieux et flamboyant.

« Et bien messieurs, que me vaut l'honneur de non pas un mais deux saint hommes en visite ? Ainsi que leurs deux disciples ? »

« Nous préférons le terme de novice… »

« Qu'importe le nom que vous leur donnez, et parlons sans détour. » les coupa Knut. « La journée a été longue, et la nuit ne s'annonce pas moins agitée, alors pas de détour, de beau vocabulaire, je veux des faits. » Les deux hommes se dévisagèrent, le plus vieux eu un sourire entendu, auquel le jeune répondit d'un haussement d'épaule.

« Nous savons que vous êtes menacé par les barons du nord et cherchez à restaurer vos forces armées pour marcher contre eux, mais nous savons également que les alliés d'hier préfèrent se terrer dans ces forteresses que vous leur avez octroyées. » Knut grogna un avertissement.

« Nous savons également que la protection de votre règne n'est pas un motif suffisant pour les barons qui n'ont plus grand chose à gagner depuis votre accession au trône, si ce n'est un pays à nouveau dévasté et de nouveaux ennemis à combattre. »

« Si vous voulez m'accuser de tous les maux d'Angleterre, allez donc prier la Sainte Vierge que le temps soit plus clément et que les récoltes soient abondantes. » Gronda le Roi.

« Nous avons cependant des arguments certains pour que l'Eglise retrouve sa foi en son roi et qu'elle lève pour vous le peuple. Les seigneurs n'auront alors plus qu'à suivre à nouveau votre oriflamme et la paix reviendra sur la Bretagne. » Knut n'en croyait pas ses oreilles, mais curieux de voir jusqu'où iraient ces deux inconnus qui semblaient parler au nom de l'Eglise, il les invita à continuer leur plaidoyer.

« Et quelle action m'assurerait donc le support inconditionnel de l'Eglise ? »

« Vous vous êtes égarés près des jardins de la Comtesse. Sans nul doute vous y avez reconnu l'œuvre du Malin. »

« Nous avons tenté à plusieurs reprises de raisonner le Comte. Mais cette Sorcière a sans nul doute jeté sortilèges, charmes, potions et autres incantations, ou dieu seul sait quel artifice du Malin pour gagner ses faveurs. »

« Ainsi que celle des petites gens du château, si impressionnables. »

« J'avais pourtant l'impression que la Comtesse était respectée et aimée. »

« Que Monseigneur ne s'y trompe pas, il s'agit de peur et non de respect. »

« Je vous en prie, Sire ! » S'écria le plus jeune de deux. « Vous seul avez l'autorité pour faire entendre au Comte la parole des Puissances. »

Knut sourit au terme de Puissance. A n'en point douter, le jeune Moine parlait des Anges Supérieurs, alors que la Reine y aurait entendu l'appelle aux divinités éthérées élémentaires. Il réprima le sourire qui vint lui chatouiller les lèvres et prit une expression solennelle.

« Si je vous débarrasse de cette Morgause… ne croyez vous pas que je vais m'aliéner Godwin et ses vassaux ? Il ne s'agit peut-être pas de la meilleure terre d'Angleterre, mais non négligeable quant à sa superficie, sans parler de sa population.

« Et bien rappelez lui que ses héritiers pourraient également lui être enlevés, » déclara d'un ton sec le plus vieux des deux.

« Promettez lui de prendre ses deux jeunes sous votre aile et offrez lui des terres supplémentaires pour chacun de ses fils, en compensation de leur service. Vous lui ôterez un problème de succession épineux. »

« Vous me conseillez tout de même de les prendre en otage ? » S'étonna Knut.

« Un si vilain mot. Nous, nous vous proposons de les attacher à votre service, et si besoin est de punir le père, alors que vous les aurez sous la main. »

« De plus leurs dons n'ont sûrement pas été pervertis par la mère. Imaginez l'importance de tels dons pour maintenir l'ordre divin. »

Oh Knut le savait très bien. N'était-ce pas une raison supplémentaire de son attachement à engrosser aussi souvent que possible Emma ? Mais jusqu'à présent, aucun de ses rejetons n'avait eu de destin vanté par les sorciers aussi prestigieux que celui de l'enfant marqué d'un griffon. S'il avait recroisé le chemin de cette maudite Viviane, elle aurait passée un très mauvais moment, dont il aurait joui de chaque instant.

Les deux apprentis déboulèrent dans les appartements royaux, le souffle court. Un serviteur les suivait de près, les bras chargés de victuailles. Knut leur fit signe de se retirer alors que la table était dressée. Il dépêcha l'un de deux jeunes auprès de Godwin, et d'un sourire avenant, fit comprendre aux deux hommes que leur requête avait été entendue.

Les gardes vinrent la chercher en pleine nuit, alors qu'elle dormait dans ses appartements. Elle eut à peine le temps de prononcer quelques paroles que ses yeux se posèrent sur l'homme qui se tenait en retrait. Et alors, elle comprit. Elle comprit tout. Tous les tenants et les aboutissans de ce plan machiavélique. Elle le regarda droit dans les yeux mais ne souffla mot. Elle ne voulait pas lui donner le plaisir de ses suppliques et de ses cris.

On la jeta dans l'un des cachots du château. Un endroit où elle n'avait jamais mis les pieds. Un lieu humide et poisseux où pullulaient les rats et leurs couinements. Et alors qu'elle se laissait glisser contre les parois suintantes, deux larmes perlèrent à ses yeux puis roulèrent le long de son visage. Deux uniques larmes de détresse car elle savait que désormais s'en était fini pour elle…

Les deux garçons furent surpris de ne pas être réveillés par leur mère, mais par leur ancienne nourrice. On voyait que des larmes avait mouillé son visage peu de temps auparavant. Elle les habilla en vitesse sous leurs questions de plus en plus pressantes.

« Où est maman ? » demanda Sven.

« Nourrice, dites-le nous ! Nous avons le droit de savoir ! » S'écria Slanzar.

Il tira sur ses jupes et elle essaya alors vainement de leur répondre dans un reniflement sonore. Des grosses larmes s'échappèrent de ses yeux et s'évadèrent sur ses grosses joues. Elle s'empara de leurs petites mains et les entraîna dans son sillage. Ils débouchèrent tous trois dans la cours du château où une cage était posée sur une charrette tirée par une mule.

Le Comte de Wessex parlait fortement avec le souverain.

« Vous ne pouvez pas faire ça ! » Criait-il. « C'est mon épouse devant dieu ! Comment osez-vous… »

Mais il se tut instantanément lorsque Knut lui désigna du menton les deux garçons restés tétanisés, sur le seuil du château. Car après que leurs yeux se soient posés sur leur père en pleine colère, ils étaient revenus se fixer sur la cage de bois. Leurs yeux s'étaient écarquillaient de surprise mais aussi de peur et à leur côté la nourrice s'était effondrée, le visage dans les mains. Revenus du choc Sven et Slanzar se précipitèrent sur la cage.

« Maman ! » Hurla Sven.

« Que se passe-t-il ? Pourquoi êtes-vous là-dedans ! » Cria aussi fort Slanzar.

Des larmes ruisselèrent sur leurs joues. La charrette se mis alors en branle et les petites mains des jumeaux s'arrachèrent de celles de leur mère. Et alors que la mule passait le pont-levis, la voix de Morgause s'éleva. Ses mots chantaient une complainte que seules les oreilles de ses fils entendraient, et dont ils se souviendraient à jamais. Elle parlait de la cruauté de l'incompréhension, et du retour du Mage Créateur qui amènerait la paix pour les fils de l'ancien peuple.

Cachées à l'abri des murs, les servantes frémirent dans leur tablier. Les oiseaux, qui n'avaient pas chanté ce matin-là, s'envolèrent en piaillant des arbres. Godwin serra les poings et baissa la tête, impuissant. Les lèvres de Knut s'étirèrent en un sourire satisfait et cruel. Et les jumeaux, tout tremblants, virent leur mère emportée et entendirent ses cris de désespoir. Des cris qui se turent bientôt.

Morgause avait disparut de leur existence et ses paroles pleines de sagesse ne trouveraient plus d'échos parmi les murs…

Godwin regarda ses fils en larmes, retenus par les suivantes de Morgause. Un pincement au cœur le fit hésiter alors que les lourdes portes de bois raclaient le chemin pavé. Encore un conseil de Morgause qu'il avait suivit pour château de bois et véritable forteresse de pierre imprenable. Beaucoup de chose lui rappelleraient sa femme, mais celle-ci était à présent perdue.

Il s'en voulait d'avoir cédé aussi facilement à Knut, mais celui-ci avait su jouer des quelques cordes sensibles du Comte : la sécurité de ses fils, un accroissement significatif de leur patrimoine, ainsi que l'occasion de s'approcher plus près encore de la couronne que lui même n'avait osé l'espérer. La nouvelle épouse que Godwin (ça ne serait pas plutôt Knut ? ) lui avait promise, n'était qu'une preuve de plus de la volonté du Roi à sceller une alliance définitive. Gytha, la sœur du Roi, arriverait du Danemark d'ici quelques lunes, le temps pour Godwin de faire son deuil, et de nettoyer le château de la présence de Morgause.

Un nouveau pincement au cœur lui fit baisser les yeux de la tour de guet vers la forêt où avait disparue sa femme et ses geôliers. Morgause, sa belle étrangère, étonnante magicienne, charmeuse à ses heures, bien que glaciales face à ceux qui la menaçaient. Il avait détourné le visage, devant le regard brûlant qu'elle lui avait lancé alors qu'on la jetait sans aucun ménagement dans la lourde cage de bois. Haine, mépris, déception. Mais avait-il seulement eu le choix ?

Il devait assurer sa lignée et le futur de celle-ci. Elle même n'avait-elle pas abandonné plusieurs de ses enfants pour venir accomplir ses ambitions ? Qu'en était-il de ce fils Breton dont elle lui avait parlé lors de l'incident qui dévoila l'affinité aquatique des jumeaux, s'étonnant de les voir si fort à manipuler l'eau alors que son aîné avait clairement des affinités pour le feu. N'avait-elle pas commencé à former les garçons aux arts de l'ancien peuple justement au cas où elle ne serait plus présente ?

Il n'avait pas eu le choix. Il voulait s'en convaincre, et oublier ces moments volés aux cieux et à dieu qu'il avait passé dans l'ombre de Morgause. Il s'était laissé égarer, et maintenant devait expier ses fautes. Tel était le sens de ce sacrifice à l'Eglise.

Il se détourna du paysage et de ses tentatives d'autojustification pour croiser le regard de son cadet, intense fureur d'émeraude mêlée de saphir. Il fixait son père, le regard sévère, les lèvres pâles et tremblantes. Godwin recula devant cet enfant qui en cet instant lui rappelait les murmures des esprits lors de sa naissance. Ce n'était plus un petit garçon qui se tenait devant lui, mais bien le fils du serpent.

L'enfant dévisageait son père, du haut de ses presque 6 ans, et Godwin recula, effrayé par cette force étrange et glaciale qui émanait de son fils.

« Je n'avais pas le choix, » s'entendit-il murmurer, essayant tant bien que mal de se redresser, refusant de se laisser écraser par la culpabilité.

« Papa, nous pouvons encore rattraper les Moines et sauver Maman. » S'écria Sven qui surgit de l'ombre de son frère, ses yeux saphirs inondés de larmes. Il attrapa la main de son père et le tira vers l'escalier.

« Il suffit Sven. Votre mère est perdue ! » Répondit avec force Godwin, arrachant sa main à l'enfant qui se figea d'horreur.

« Que va-t-il se passer si elle est reconnue sorcière ? » Siffla Slanzar entre ses dents serrées au point de lui faire mal. Godwin sursauta et son assurance vacilla devant la véhémence de son cadet et les ténèbres qui semblaient à présent l'entourer.

« Quelque soit la sentence, vous ne reverrez plus votre mère. Le mieux que nous puissions lui souhaiter, est une mort rapide et honorable. » Claqua d'un ton ferme le Comte, mettant fin à toute conversation future sur le devenir de Morgause. « A partir de demain, vous serrez transférés dans la nouvelle aile et ferez chambre séparée. Nous irons chercher les poulains que je vous avais promis pour vos 6 ans, et vous commencerez votre formation de chevalier dès que le sieur Maëlwys-Kaï aura évalué vos capacités. Vous n'avez que trop longtemps traîné dans les jupes de cette femme. »

Il se détourna des jumeaux, Sven pleurant silencieusement dans les bras de Slanzar qui toujours droit comme un pique dévisageait avec haine cet homme qui avait prétendu aimé leur mère. Il se figea sur la première marche de l'escalier, et sans se retourner pour leur faire face ajouta : « Un jour, vous comprendrez mes fils, que j'ai fait ce qu'il y'avait de mieux pour nous tous. »

Notes de Shiri : Un peu long à venir… On en est vraiment désolée… Mais bon pas facile de concilier tout ce qu'on voudrait dans la vie… Enfin mieux vaut tard que jamais comme dit le dicton ! Bonne lecture

Notes d'Angharrad : Un chapitre difficile à finaliser vus les changements de vie de chacune. Nous espérons sortir le chapitre 4 avec moins de retard :)

6 Septembre 2006 - Angharrad et Shiri