Non cette Fanfic n'est pas encore tout à fait finie... Voici un très long chapitre, difficile de faire plus court lorsque l'on sait de qui il s'agit! :-)
Mrs Bennet
Lorsque Lizzie fit son apparition dans ma chambre ce soir là, je me suis demandée ce qu'elle me voulait. Elle n'a guère l'habitude d'afficher devant moi cet air gêné, des joues rosissantes et cette nervosité, aussi ai-je pensé qu'elle devait me dévoiler quelque secret.
Lizzie et moi sommes comme l'eau et le feu. Nous n'avons jamais de sujets de discussion ni d'intérêt communs. Alors que je la voudrais délicate et docile elle peut se montrer implacable et masculine. Au lieu de se rendre jolie, elle préfère lire ou se promener.
Je la croyais à jamais réfractaire au mariage et pensais qu'il n'existait sur cette terre aucun homme pour la supporter. J'ignorais alors ce qu'il se tramait.
Elle se mit à me parler doucement, semblant craindre ma réaction comme si la nouvelle dont elle voulait m'informer allait me bouleverser.
Dès ses premiers mots, je la regardais, incrédule, et soudain je fus prise d'une grande hilarité. Sacré Lizzie ! Elle a toujours eu le même humour que son père et d'ordinaire je ne ris que rarement à leurs plaisanteries. Oui voilà, une plaisanterie! C'est bien à cela que j'ai d'abord songé.
Lizzie me supplia de l'écouter, et de promettre que c'était la stricte vérité. Elle allait se marier avec Mr Darcy !
Le coup que cette nouvelle me procura fut difficile à quantifier, et il me fallut m'assoir car mon équilibre commençait à manquer. J'en perdis, ma foi, mes mots et mes esprits et dû attendre de longues minutes pour m'en guérir.
Je me levais, puis m'assis, ne trouvant la position qui m'était la plus confortable. Je criais bien malgré moi, ne pouvant y croire. Puis, incrédule, je me mis à la questionner :
– Voyons Lizzie, vous voulez me faire croire que Mr Darcy aurait demandé votre main, lui qui ne daignait guère l'été dernier vous regarder ?
– Oui, mère. Tout cela est bien loin dorénavant et nous avons, depuis, fait la paix.
– Et il veut vous épouser, vous ? Ai-je insisté.
– Oui !
– Et vous l'avez accepté ?
– Évidemment mère ! Je me doute que cela puisse vous étonner...
– Mon Dieu ! Mr Bennet ! Votre père le sait-il ? Comment va-t'il réagir? Il faut qu'il accepte ! Il ne peut refuser comme il a osé le faire avec Mr Collins !
– Mère, soyez tranquille. Père a reçu Mr Darcy pas plus tard que ce soir et il nous a offert à tous deux sa bénédiction.
Je songeais alors au moment de la soirée durant lequel je fus soulagée de voir que cet homme s'était effectivement éclipsé dans le bureau de mon mari, nous offrant à tous un peu de répit.
Miséricorde, je réalise à présent qu'il sera bientôt mon gendre, et que si je veux qu'il tienne sa promesse jusqu'au jour de leur union, il me faudra lui être de bien plus agréable compagnie et cesser de pester sur lui !
– Ma chère fille, voilà un très beau parti que vous avez réussi à attraper dans vos filets ! Qui l'aurait cru ? Je vous félicite ! Que vous allez avoir de beaux attelages, de nombreux bijoux et de belles tenues ! Probablement même plus belles que Jane ! Certes, je ne vous cache pas que cet homme a parfois cet air supérieur qui m'indispose mais je saurais m'en satisfaire si c'est pour vous voir si brillamment mariée ! J'espère que vous arriverez à le supporter et que vous ne l'ennuierez pas trop avec vos lectures et votre caractère. Sachez être pondérée, du moins jusqu'au mariage et la naissance d'un héritier, ensuite vous pourrez alors faire tout ce que vous voudrez !
– Mère...
– Bon, allez vite vous coucher ma fille, il faut que vous soyez fraîche et apprêtée pour demain ! Ont-ils dit quand ils revenaient? Oui, suis-je étourdie ! Oh et quelle robe allez-vous porter? Vous ne pouvez vous présenter à lui deux jours d'affilée avec la même tenue ! Que va-t-il penser de nous? Quel est sont plat préféré ? Le savez-vous ? Est-ce que Mr Darcy aime les cailles? Et le haddock fumé ? Je peux lui en préparer !
A peine Lizzie partie, une myriade de pensées me vinrent en tête. Quand la date sera-elle fixée? Il me faudrait aller prestement à Londres pour faire les trousseaux de Jane et de Lizzie. Ceux-ci devront être à la hauteur de leur nouvelles conditions. Sans compter que nous devons aussi rhabiller Mary et Kitty car Mr Darcy doit connaître de bien beaux et riches messieurs à leur présenter !
Je m'en suis retournée dans la chambre des aînées, tout d'abord une première fois pour leur signifier qu'un mariage de cette ampleur nécessite une licence spéciale. Rendez-vous compte dix milles livres de rentes, sinon plus ?
La seconde fois fut pour les instruire de la chose que seules les futures mariées sont en droit de connaître. Jane pâlit et Lizzie tempêta mais j'en eus que faire.
– Mère, je vous en prie, nous avons encore bien le temps pour cette conversation, murmura Jane rougissante.
– Non mes filles, le plus tôt sera le mieux et je crains de ne pouvoir y penser lorsque j'aurais vos mariages à préparer ! Répondis-je rapidement. Comme vous le savez, votre tâche sera avant tout d'offrir chacune un héritier à vos maris. Deux garçons, serait encore mieux ! Oh, Ne faites pas ces têtes là, mes chéries, vous verrez combien c'est important pour eux, même s'ils prétendront le contraire ! Vos futurs maris ont chacun un nom à porter, et non des moindres pour vous ma chère Lizzie, aussi il ne faudra pas trop tarder. Je sais que la chose peut paraître effrayante lorsque, comme vous, on ne connaît rien aux hommes. Mais vous allez vite vous y faire, si si vous verrez !
Jane, je ne sais pourquoi, se cacha sous les draps tandis que Lizzie fut prise de rires nerveux. Je continuais sur ma lancée sans prêter attention à leurs gamineries.
– La première fois ne sera pas des plus commodes, je vous le concède, mais il faut bien passer par là ! Soyez souriantes, avenantes et détendues et cela se passera au mieux. Laissez-les faire et faites tout ce qu'ils vous demanderont sans être trop pudibondes. Vos futurs époux sont loin d'être laids, cela devrait faciliter votre ouvrage.
Par la suite, j'ai prodigué à mes deux filles quelques judicieux conseils pour qu'elles puissent facilement donner naissance à un fils mais Lizzie émit un doute sur leur efficacité puisqu'ils provenaient de moi et que malheureusement j'avais failli à ma propre mission.
– Vos futurs maris sont bien plus jeunes et vigoureux que ne l'était votre père lorsque je l'ai rencontré ! Me défendis je. Aussi je n'ai pas de doute que vous y parviendrez. Comme je vous l'ai dit, Lizzie, plus rapidement vous remplirez votre tâche, plus vite vous en serez délivrée. Avec un homme aussi austère que Mr Darcy, j'espère que vous trouverez vite d'autres manières pour vous amuser.
Puis je regagnais ma chambre, heureuse d'avoir accompli cette besogne. Mais la nuit fut trop courte à penser et repenser à tout celles qu'il y aura encore à préparer.
J'énumérais la liste de mon entourage à qui j'avais le plus envie de leur raconter. Jamais je n'aurais cru que Lizzie puisse m'apporter un jour autant de fierté.
J'en vins à me demander comment ma fille, que je pensais sans attrait, avait pu séduire un homme si fortuné. Qui d'ailleurs aurait pu le supposer? Mon idée était qu'en deux jours elle n'aurait pas pu inverser la tendance et que donc l'attirance devait être antérieure à son retour ici.
Mais depuis quand ? Je repensais à mon mari qui avait refusé Collins, avait-il alors un autre prétendant en tête ? Mr Darcy était-il alors déjà dans la ligne de mire de Lizzie et en aurait-elle informé son père ? Vu comment ces deux là sont cul et chemise, je ne serais pas étonnée qu'ils aient pu tout comploter !
Cela voudrait donc dire que Lizzie fomente cette entreprise depuis bientôt une année? Aurait-elle volontairement médit sur lui dans le seul but d'écarter toutes concurrentes par des rumeurs le dépeignant plus hostile qu'il n'est vraiment ?
Tout devint limpide, y compris son séjour à Netherfield sous couvert de tenir compagnie à Jane qui y était alitée. Sacré Lizzie, elle a été bien culottée ! Moi qui m'inquiétait qu'elle empiète dans le rapprochement entre Bingley et Jane, alors qu'elle œuvrait secrètement à son propre crédit !
Et ce séjour dans le Kent, où elle a sûrement profité pour se faire bien voir de la très renommée Lady Catherine, nièce de mon futur gendre... Mon Dieu, ma fille sera parenté à des nobles désormais !
Mais oui, tout se regroupe ! Mon cher frère, en plus d'aider Lydia a bien se marier, a décidé de modifier son voyage afin que Lizzie puisse revoir le maître de Pemberley en toute intimité. Comme j'aurais aimé les accompagner ! Mon frère, ce petit cachottier, aura bien des choses à me raconter...
Je suppose, dès lors, que Mr Darcy et Lizzie n'ont pas voulu faire de l'ombre et laisser Lydia se marier et Bingley se déclarer avant de nous l'annoncer.
Il semble que Lizzie ait pris un chemin bien peu ordinaire pour se trouver un mari. Un chemin bien trop long et risqué à mon avis. Mais je suppose que pour séduire un homme de cet acabit, il faut bien plus de patience que j'en n'ai, il est vrai. Et bien plus d'ambition aussi. Quelle petite futée cette Lizzie !
En tout cas, je dois avouer que ce n'était pas à elle que je pensais pour nous libérer de ce fardeau qui me pèse depuis tant d'années. Grâce à elle désormais, Mary et Kitty pourront trouver plus facilement un beau parti. Elles pourront toutes habiter dans leur propre maison et fonder leur foyer.
Il faudra que je demande à Mr Darcy de mettre ses querelles mesquines envers ce cher Whickam de côté et qu'il fasse son possible pour lui trouver un poste de sergent, voir de colonel plus près de chez nous.
Oh et je me languis déjà de pouvoir faire le tour de mes filles et séjourner dans chacune de leur belles propriétés ! Mr Darcy a, semble-t-il, une grande maison à Londres, ce sera parfait pour y séjourner durant la saison !
