Campement Shu, le soir, à l'heure du dîner…
Liu Bei : Les enfaaaanntts ! A taaable !! faisant une pause Bon sang, où ces garnements sont-ils encore pass ?! Et où est mon frère de serment Guan Yu ?!
Zhang Fei [2ème frère de serment de l'empereur Liu Bei] : L'était pas avec les trois jeunots, l ?
Liu Bei : Hum… tu veux dire avec Zhao Yun, Ma Chao et Jiang Wei ? Ah oui, je me souviens qu'il était allé les voir pour les réprimander parce qu'ils faisaient trop de bruit…
Zhang Fei, buvant un coup : Alors tu ne le reverras jamais, frère Bei.
Liu Bei, indign : FEI !!
Zhang Fei : Oh, 'scuse-moi, je sais que j'aurais pas du dire ça…
Liu Bei : Voilà qui est mieux.
Zhang Fei : Tu pourras toujours te recueillir sur sa tombe…
Liu Bei : … …
Un ouragan ouvrit la porte à toute volée.
Vieil archer d'élite, membre le plus expérimenté des Cinq Tigres, le vieux Huang Zhong aimait souvent à dire que l'âge n'avait en rien altéré ses facultés guerrières.
Huang Zhong : L'âge n'a en rien altéré mes facultés guerrières !
Ah, vous voyez, qu'est-ce que je disais.
Liu Bei : Tant mieux pour vous, Huang Zhong. Vous n'auriez pas vu les trois asticots ?
Huang Zhong : Non, je n'ai pas lu les tricots. Comment voulez-vous pouvoir lire une chose pareille ?
Liu Bei : Non, je vous demandais si vous n'aviez pas vu les trois jeunes ?
Huang Zhong : Ah non, jamais de prunes pour mon dessert.
Liu Bei : AVEZ-VOUS VU ZHAO YUN, MA CHAO ET JIANG WEI ?!!
Huang Zhong : NON, JE N'AI PAS VU ZHAO YUN, MA CHAO ET JIANG WEI !!
Liu Bei : Pfff… merci.
Huang Zhong : Quoi ?
Liu Bei : J'AI DIT MERCI !!
Huang Zhong : C'est bon, pas besoin de hurler, j'ai compris !!
Liu Bei : Ah oui ? Et pourquoi je suis toujours obligé de répéter en hurlant ?
Huang Zhong : … … … euh, vous pouvez répéter s'il vous plaît, en un peu plus fort ?
Liu Bei, désespér : …
Entre-temps, la porte s'ouvrit encore. Un garçon du nom de Wei Yan entra. Bien qu'il fût aussi jeune que le célèbre trio, il ne les fréquentait jamais. La raison, vous la connaîtrez bientôt.
Zhang Fei : Yo, v'là le Sixième Tigre.
Liu Bei : Je vais peut-être enfin savoir où sont ces trois garnements ?
Zhang Fei, reprenant du vin : Je crois pas…
Wei Yan : Heure… manger… vite…
Liu Bei : Bonsoir. Alors, Wei Yan, n'aurais-tu pas vu tes trois camarades, Zhao Yun, Ma Chao et Jiang Wei ? Si tu peux me le dire, il y aura du rab de dessert pour toi.
Wei Yan : Allez…
Liu Bei, se tournant vers Zhang Fei l'air victorieux : Ah, tu vois !
Zhang Fei : Hum…
Wei Yan : …vous… faire… foutre…
Liu Bei et Zhang Fei : … soupir de Liu Bei
Voix inconnue : Un peu de politesse envers ton seigneur, impudent !
Tandis que Wei Yan s'éloignait indifférent, les deux hommes se tournèrent vers celui qui avait parlé. C'était une voix à la fois intelligente, responsable, et jeune. Il s'agissait de Ma Dai, le jeune cousin de Ma Chao le Splendide. A la différence de son aîné, Ma Dai était calme, réfléchi et mesuré dans ses propos, bien que moins brillant que lui en arts martiaux. Parfois on se demandait qui était le plus âgé, tant le cadet était plus mûr.
Ma Dai : Bonsoir, seigneur Liu Bei. Bonsoir, seigneur Zhang Fei.
Zhang Fei : Salut, Ma junior. T'aurais pas vu ton frère et ses deux potes ?
Ma Dai : Ah, je vois… quelle sottise mon cousin a-t-il encore commise ?
Liu Bei, fumant de colère : Il est en train de me faire attendre pour la bouffe, lui et ses deux acolytes… voilà la sottise !!
Ma Dai : Je comprends aisément… pourquoi ne faîtes-vous pas appel à dame Huang Yue Ying, la très capable conjointe du seigneur Zhuge Liang ?
Liu Bei : Excellente idée, mais c'est toujours dangereux.
Ma Dai : Il convient certes de mesurer les risques que suppose telle mesure, mais considérant le gain inestimable de temps qu'elle vous procurerait en faveur de vos intérêts – ici votre repas du soir – cela demeurait une solution plus qu'à considérer. s'inclinant pour prendre cong Si vous me permettez, mon seigneur…
Liu Bei : Vas-y.
Dame Huang Yue Ying était mariée au stratège Zhuge Liang – le professeur de Jiang Wei – depuis un certain nombre d'années déjà. C'était en grande partie grâce à son soutien que tout n'était pas allé vau-l'eau, tant pour son mari que le clan Shu entier.
L'instant d'après…
Huang Yue Ying, à Liu Bei : Donc, si je comprends bien, je dois faire venir Jiang Wei, Ma Chao, puis Zhao Yun, c'est cela ?
Liu Bei : … …OUI !!
Zhang Fei : Si vous y arrivez, m'dme, j'veux bien manger ma lance.
Huang Yue Ying : Préférez-vous les oignons ou l'ail ?
Zhang Fei, décontenanc : Mais… j'vois pas le rapp…
Huang Yue Ying : Répondez.
Zhang Fei : Euh… l'ail…
Huang Yue Ying : Je vous remercie. se tournant de l'autre côté, puis criant à haute voix ALERTE !! ALERTE !!
Liu Bei et Zhang Fei : ?!!
Huang Yue Ying : ALERTE !! LE SEIGNEUR DU WEI, CAO CAO, EST EN TRAIN D'ATTAQUER LA CUISINE !!
On entendit un grand bruit de galopade, et un grand adolescent déluré entra en trombe dans la salle.
Ma Chao : Quoi, quoi ?!! Où ça ?!! Il est où, il est où, il est pour moi, JE VEUX SA TÊTE !! (Et sans garniture, je précise…)
Liu Bei et Zhang Fei : !!
Soudain le jeune Ma Chao s'aperçut qu'il manquait quelqu'un, et que ce quelqu'un était Cao Cao. Il voulut tourner talon à la vitesse de l'éclair, mais la formidable femme ne lui en laissa pas le temps.
Ma Chao : !!!!!
Huang Yue Ying, saisissant Ma Chao par le col : Et de un !
Ma Chao, tentant de se dégager, en vain : Ahhhh !!! Lâchez-mooooi !!
Huang Yue Ying : Tiens-toi tranquille, Ma Chao.
Ma Chao, colérique : Lâchez-moi !! OU VOUS SUBIREZ MON ETERNELLE VENGEANCE SANS FIN QUI JAMAIS NE SE TERMINERA POUR NE PAS S'ACHEVER !!
Huang Yue Ying, se tournant de l'autre côt : pause, puis crie de nouveau Ah, au fait, j'ai oublié de vous dire que le seigneur Zhuge Liang a rendu le devoir de Jiang Wei du Bac sur l'Art de la Guerre, ET QUE C'EST TRES MAUVAIS !!
Un autre jeune garçon, plutôt petit entra en trombe, l'air affolé.
Jiang Wei : Ohhh nooonnn !! Impossible, j'avais si bien révisééééé !!! Dites, est-ce que je vais avoir mon BAC ?!!
Soudain le petit stratège s'arrêta net. Il venait de s'apercevoir que c'était impossible, et qu'il ne pouvait pas rater son BAC, parce qu'il n'avait que 11 ans et qu'on ne passait pas son BAC à cet âge, et que surtout qu'en Chine Antique, le BAC ça n'existait pas. Et en plus il avait jamais fait de devoir sur l'Art de la Guerre de Sun Tzu.
Jiang Wei : … !!!
Huang Yue Ying, le saisissant par le col : Et de deux !!
Jiang Wei, tête basse : Comment… ai-je pu me faire avoir ?!!
Huang Yue Ying, se tournant de l'autre côt : pause, puis crie de nouveau AAAHHH !!! NON, NON NE TUEZ PAS LE SEIGNEUR LIU BEI, ENNEMI QUE VOUS ÊTES !!
On entendit une course dans les escaliers, et tout d'un coup, apparut le Petit Dragon, et le dernier du petit trio, aussi grand que le Splendide.
Zhao Yun, débarquant avec sa lance : J'arrive, mon seigneur !! Je donnerais ma vie pour sauver le seigneur Liu Bei !! La mort au combat est honorable !! La mort au combat est…
Soudain, il s'arrêta net, en voyant dame Huang Yue Ying le regarder avec un petit sourire triomphant en tenant ses camarades par le col, et nul trace d'ennemis. Les portes se fermèrent derrière lui sur signe de l'épouse de Zhuge Liang.
Zhao Yun : …
Huang Yue Ying, tenant toujours Ma Chao et Jiang Wei par le col : …et de trois.
Zhao Yun, laconique : … …honorable.
Huang Yue Ying : Ne soyez pas aussi laconique, Zhao Yun. N'est-il pas juste qu'à votre tour, vous et vos amis soient bernés, vous qui tant de fois avez eu raison de vos adversaires ? criant à la cantonade Et MAINTENANT, A TABLE !!
Zhang Fei essaya discrètement de s'éclipser.
Huang Yue Ying : Au fait, seigneur Zhang Fei… vous êtes toujours sûr de votre choix ?
Zhang Fei, faussement étonn : De quoi voulez-vous parler ?
Huang Yue Ying : Êtes-vous toujours sûr de vouloir manger votre lance à l'ail ? En cas d'indigestion, les oignons seraient plus faciles à supporter.
Zhang Fei : … …
Liu Bei, tapotant sur l'épaule de Zhang Fei : …
Ma Dai : Certes, il y avait des risques, comme dans toute opération, seigneurs…
Campement Wei…
Quelles obscures pensées volent et germent en ton esprit, empereur du Wei ? Seigneur du Wei, Messager du Chaos, le tel nommé, avait pour nom Cao Cao. Légendaire dirigeant du Wei, à présent il se tenait, le front penseur, dans ses appartements.
Cao Cao, contemplant le ciel : …
Un homme survint. C'était un très joli homme, dont la taille fémininement svelte comme sa pose embrasait les femmes et les hommes les plus froids, tandis que ses yeux d'un émeraude pur brillaient de mille expressions, aussi dansantes que ses longs cheveux couleur d'arbre finement reliés par une superbe barrette. Il y avait peu d'ennemis qui le devinaient à première vue, mais c'était aussi un talentueux officier au service du Messager du Chaos.
Zhang He, s'approchant de Cao Cao [qui est de dos] : …mon seigneur ?
Cao Cao, contemplant le ciel : …
Zhang He : Mon seigneur… voilà tant de temps que vous restez ainsi, sans mot dire.
Cao Cao, contemplant le ciel : …
Zhang He, voix douce : Mon seigneur… n'y-a-t-il rien qui tracasse votre bel esprit, en la beauté resplendissante de votre corps ?
Cao Cao, contemplant le ciel : …
Zhang He, voix douce : Comme je comprend en mon âme que vous ne désirez parler, ainsi partager vos profondes pensées, en votre esprit plus profond encore. Mais n'oubliez, mon seigneur, que profondes pensées furent filles de tourment, restant mère de chagrin.
Cao Cao, contemplant le ciel : …
Un instant passa. Alors, s'approchant doucement de lui, Zhang He le Paon recoiffa joliment ses cheveux, en une pose plus belle encore. Il savait le chagrin de son seigneur et maître, et allait l'apaiser par la plus belle des façons. D'une voix chantante, le Paon du Wei consola les noirceurs de son seigneur, par le plus beau poème qui fût en cette heure de tourmente.
Zhang He, voix chantante :
« Mon Mignon, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu sa vêprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Las ! voyez comme en peu d'espace,
Mon Mignon, elle a dessus la place
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !
Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse;
Comme à cette fleur la vieillesse
Fera ternir votre beauté.
Mon petit Colombeau,
Mon petit tout si beau,
Mon petit œil, baisez-moi;
D'une bouche toute pleine
D'amours, chassez la peine
De mon amoureux émoi. »
Cao Cao, commençant à se retourner : … …oohhh… enfin… ENFIN !!
Le jeune Zhang He s'approcha du Messager du Chaos. O, ce mot !!
Zhang He, ému : Mon seigneur… enfin…
Cao Cao, se retournant brusquement : Oui, ENFIN !! ENFIN J'AI REUSSI A REMETTRE MON DENTIER EN PLACE AVEC MA BOUCHE !! Il était tellement mal mis que j'avais une crampe horrible dans la mâchoire et que je pouvais pas parler… Vous disiez, général Zhang He ? Je n'ai pas écout
Zhang He : … … … c'est pas grave. Oubliez.
Cao Cao : Vous n'aurez qu'à me faire votre rapport dans le compte rendu général.
Zhang He : (Comptez là-dessus.) Si vous sortiez votre réplique, mon seigneur ? Les spectateurs vont s'impatienter.
Cao Cao : C'est tout à fait juste. changeant de pose et de ton Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de sa nature et cet homme ce sera moi. Eh oui, vous pensiez que ça allait être qui ? L'empereur de Chine ? Ah ouais, mais au fait, je SUIS l'empereur de Chine… --
Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus j'ose croire n'être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. (…)
Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra. Je viendrai, ces paroles à la bouche, me présenter devant mes valeureux ennemis. Je dirais : « Voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, ce que je fus et si vous êtes pas d'accord, allez vous faire foutre. »
Zhang He : Bzzzzzzz…
Cao Cao, se tournant vers Zhang He : Alors, général, cela est-il grandiose ? Cela impressionnera-t-il mes ennemis ?
Zhang He : Bzzzzzz… ah ? Ah, c'est parfait. Bzzzzz…
Cao Cao : Lorsque ces trois et si brillants officiers nous seront amenés, nous verrons s'ils seront capables de résister à toutes les épreuves que je leur ai concoctées… Niark ha ha ha ha ha ha ha ha ha ha !!!
