Chapitre 8 : Soupçons

Au cours des semaines qui suivirent, ils se donnèrent fréquemment rendez-vous, le plus discrètement possible, via les Gallions qu'Hermione utilisait l'année précédente pour communiquer avec l'A.D. Chaque jour, elle pressait la pièce au creux de sa main, attendant un message de Drago.

Le plus souvent, ils se voyaient entre deux cours, dans des salles de classe vides ou encore à la fin de la journée. Ils ne restaient jamais très longtemps, craignant d'être vus ou suivis par quelqu'un. Ils s'embrassaient la plus grande partie du temps où ils étaient ensemble, profitant chaque seconde de cet instant qu'ils attendaient impatiemment toute la journée. Cela leur arrivait aussi de discuter, de tout et de rien, évitant d'aborder la situation délicate de leur relation.

Elle aurait voulu en parler. Lui expliquer que ces derniers temps, Harry et Ron s'étonnaient souvent de son absence répétée après les cours. Elle trouvait souvent des excuses, comme une irrésistible envie d'un détour par la bibliothèque, ou encore un besoin pressant. Mais elle devait être prudente et ne pas attirer leur attention.

Drago aussi avait des difficultés à échapper aux griffes de Pansy Parkinson, et aux autres filles de Serpentard qui le coinçaient souvent dans la Salle commune, pour le plus grand déplaisir d'Hermione. Ce fut la raison de leur première dispute. Ils étaient à la fin de leur dernière journée de cours. La date de leur première excursion à Pré-au-Lard avait été fixée pour le week-end qui arrivait.

Comme à leur habitude, les deux élèves étaient en train de s'embrasser dans une salle de classe vide qu'il avait coutume de rejoindre après leurs cours.

Drago était assis sur un banc, tenant Hermione par la taille tandis que celle-ci entourait ses bras autour de la nuque du Serpentard et caressant délicatement ses cheveux.

-J'adore tes cheveux, fit Hermione entre deux baisers. Ils sont si doux

-Moi aussi j'aime tellement les tiens.

-Tu rigoles, tu n'arrêtais pas d'insulter ma tignasse avant.

-Mais ça c'était avant, fit-il en plongeant son visage dans ses cheveux avant de redescendre vers son cou. Je ne savais pas à l'époque qu'ils sentaient si bon.

Hermione gloussa comme une collégienne en sentant les baisers de Drago lui fourmiller le cou.

-Tu veux me rejoindre demain à Pré-au-lard ? demanda-t-elle, je pourrais prétexter que j'ai oublié mon écharpe ?

Elle devenait experte en la matière pour s'éclipser discrètement.

-Je ne saurais pas venir, répondit-il l'esprit ailleurs. Je suis en retenue avec McGonagall. Je ne lui ai pas rendu mes deux derniers devoirs…

-Quoi ?! s'exclama Hermione indignée. Qu'est-ce qu'il t'a pris ?! Elle fixa Drago dans une expression sévère qu'il lui fit penser étrangement au professeur de métamorphose.

-Disons que ces temps-ci, j'ai l'esprit ailleurs, répond-il avec un léger sourire, les yeux pleins de malice.

-Ce n'est pas une raison, lâcha sèchement Hermione.

Elle n'était pas de bonne humeur aujourd'hui, Harry l'avait une fois de plus dépassé en potion et ce n'était pas dans ses habitudes d'être deuxième de classe. Malgré cela, elle était intriguée par ce que venait de lui dire Malefoy.

-Pourtant cette semaine tu m'as dit que tu allais travailler ton devoir à la bibliothèque… dit-elle sur un ton suspicieux.

-Oui je… c'est vrai… répondit-il l'air gêné pour elle ne savait quelle raison, mais je n'arrive pas à me concentrer.

Maintenant qu'elle y réfléchissait, elle n'avait jamais vu Malefoy cette semaine à la bibliothèque, pensant qu'il venait à une heure différente de la sienne. Était-il vraiment là-bas ? Elle eut la désagréable impression que ce n'était pas le cas et qu'il lui cachait quelque chose. Avec un sentiment de jalousie, elle pensa à Pansy Parkinson qui était toujours à ses côtés en classe, un sourire de victoire aux lèvres, comme si elle narguait Hermione.

-Pansy doit trouver les heures longues sans toi, lâcha-t-elle enfin le fond de ses pensées.

-Tu sais bien qu'elle ne m'intéresse absolument pas Hermione ! C'était l'ancien Drago qui était ami avec, plus moi maintenant !

-Alors montre le vrai Drago, celui que tu veux être, répliqua Hermione la voix légèrement plus aiguë qu'à l'ordinaire.

-Tu sais bien que c'est impossible ! Ce n'est pas le bon moment, je ne veux pas attirer l'attention…

-L'attention de quoi ? Pourquoi ce n'est pas le bon moment ? Est-ce qu'il y aura un bon moment ?

-Arrête avec toutes tes questions, je ne peux pas t'expliquer…

Il évita le regard de la jeune fille lorsqu'il dit cette phrase. Furieuse, Hermione lança :

-Tu préfères donner une fausse image de toi aux Serpentards ?! A Pansy, Zabini et toutes ces filles qui t'attendent !

Des larmes commençaient à lui monter aux yeux, mais elle ne voulait pas les verser devant lui. Elle les refoula, attendant une réponse de Malefoy.

-Non, bien sûre que non… j'ai juste des choses à faire et ça me prend plus de temps que prévu ! C'est impossible de t'expliquer.

Comprenant qu'elle n'obtiendrait pas davantage d'informations, elle prit son sac puis regarda Drago avant de partir.

-Très bien, dit-elle sèchement, je vais te laisser du temps alors pour faire je-ne-sais-quoi !

Et elle claqua la porte, alors qu'elle entendit Drago crier son nom. Elle se dirigea vers la Salle commune où elle trouva Ginny et Dean enlacés dans le fauteuil qui faisait face à la cheminée. Avec une pointe au cœur, elle monta directement dans son dortoir qui était encore désert. Elle passa la soirée à feuilleter rageusement son Manuel de préparation de potion, sans vraiment comprendre le sens des phrases, bien qu'elle fût décidée de l'étudier un peu plus pour dépasser Harry. Elle avait encore la conversation avec Drago en tête depuis tout à l'heure. Elle savait qu'elle avait réagi excessivement, mais elle ne supportait pas l'idée qui lui cache des choses. Au fond d'elle-même, elle ne cessait de penser à la théorie d'Harry et elle devait se l'avouer : son comportement était suspect.

Toute fois, elle se refusait d'en parler à son ami, car pour cela, elle devrait lui avouer la relation qu'elle entretenait avec Drago depuis plus de trois semaines. Elle se coucha, l'esprit tourmenté par ses inquiétudes.

Le lendemain matin, elle se préparer pour sa sortie à Pré-au-Lard. Avec une pointe au cœur, elle enveloppa son écharpe autour d'elle. Elle descendit prendre son petit déjeuner dans la Grande Salle, dont le plafond décrivait un temps sombre et venteux. Comme à son habitude, Hermione jeta un rapide coup d'œil dans la direction des Serpentards. Drago n'était pas là. A quelle heure commençait-il sa retenue avec McGonagall ? Elle n'en avait aucune idée car elle ne lui avait même pas posé la question…

Elle fut vite rejointe par Harry et Ron, qui s'étaient déjà habillés pour leur sortie au village. Ils s'assirent à face d'elle pour lui faire part de leur aventure matinale. Ron expliqua comment Harry l'avait tiré du lit, les pieds en l'air, par un sortilège qu'il venait de découvrir.

-Alors, il y a eu un autre éclair et je suis retombé sur le lit ! dit-il d'un air ravi en prenant des saucisses.

L'anecdote n'avait pas arraché le moindre sourire à Hermione qui regardait à présent Harry avec une réprobation glaciale.

-Ce sortilège ne viendrait-il pas, par hasard, de ton livre de potions ? interrogea-t-elle.

Harry fronça les sourcils.

-Tu tires toujours des conclusions hâtives…

-Oui ou non ?

-Oui, bon, d'accord, c'est vrai, et alors ?

-Alors, tu as pris le risque d'essayer une incantation inconnue, écrite à la main, pour voir ce qui se passerait ?

-Pourquoi est-ce si important qu'elle soit écrite à la main ? demanda Harry qui préférait ne pas répondre au reste de la question.

-Parce qu'elle n'est sans doute pas approuvée par le ministère de la Magie, répondit Hermione. Et aussi, ajouta-t-elle en voyant Harry et Ron lever les yeux au ciel, parce que je commence à penser que ce fameux Prince était un peu louche.

Harry et Ron se récrièrent aussitôt :

-On a bien rigolé ! protesta Ron, occupé à vider une bouteille de ketchup sur ses saucisses. Rigolé, Hermione, c'est tout !

-En suspendant les gens par une cheville ? dit Hermione. Qui peut bien consacrer son temps et son énergie à inventer des sortilèges comme ça ?

-Fred et George, répondit Ron en haussant les épaules. C'est tout à fait leur genre. Et, heu…

-Mon père, dit Harry.

Il venait de s'en souvenir.

-Quoi ? s'exclamèrent Ron et Hermione d'une même voix.

-Mon père jetait ce sort, avoua Harry. Je… C'est Lupin qui me l'a dit.

-Peut-être que ton père l'utilisait, Harry, reprit Hermione, mais il n'est pas le seul. Nous avons vu toute une bande s'en servir, au cas où tu l'aurais oublié. Suspendre les gens dans le vide. Les promener dans les airs, quand ils sont endormis, sans défense.

Elle pensait bien évidemment aux événements de la coupe du Monde de Quidditch, lorsque des Mangemorts masqués avaient fait irruption pendant la nuit. Mais Ron vint au secours de son meilleur ami, répliquant :

-C'était différent, assura-t-il avec vigueur. Ils en faisaient un mauvais usage. Harry et son père voulaient simplement rire un bon coup. Tu n'aimes pas le Prince, ajouta-t-il en pointant une saucisse sur Hermione d'un air sévère, parce qu'il est meilleur que toi en potions.

-Ça n'a rien à voir ! répliqua Hermione, les joues rougissantes. Je pense simplement qu'il est totalement irresponsable de se mettre à jeter des sorts sans même connaître leurs effets, et arrête de parler du Prince comme si c'était son titre. Il s'agit sûrement d'un stupide surnom et à mon avis, il ne devait pas être très fréquentable !

-Je ne vois pas où tu vas chercher ça, dit Harry avec fougue. S'il avait été un apprenti Mangemort, il ne se serait pas vanté d'être de sang-mêlé, tu ne crois pas ?

-Les Mangemorts ne peuvent pas tous être des sang-pur, il ne reste pas assez de sorciers qui aient le sang pur, répliqua Hermione avec obstination. Je pense que la plupart d'entre eux sont des sang-mêlé qui se font passer pour purs. Ils ne haïssent que ceux qui viennent de familles moldues, ils seraient ravis que Ron et toi vous alliez les rejoindre.

-Ils ne m'accepteraient jamais comme Mangemort, s'indigna Ron.

Un morceau de saucisse planté au bout de la fourchette qu'il brandissait vers Hermione s'envola soudain et atterrit sur la tête d'Ernie Macmillan.

-Tous les membres de ma famille sont considérés comme des traîtres à leur sang ! Pour les Mangemorts, c'est aussi grave que d'être né chez les Moldus !

- En revanche, ils seraient ravis de m'avoir parmi eux, dit Harry d'un ton sarcastique. Nous pourrions être les meilleurs amis du monde s'ils n'essayaient pas tout le temps de m'assassiner.

Ron éclata de rire. Hermione elle-même consentit à sourire puis ils furent distraits par l'arrivée de Ginny.

-Hé, Harry, je dois te donner ça.

Il s'agissait d'un rouleau de parchemin portant le nom de Harry, tracé d'une écriture fine et penchée

-Merci, Ginny… C'est le prochain cours de Dumbledore ! annonça-t-il à Ron et à Hermione en déroulant le parchemin qu'il parcourut rapidement. Lundi soir ! Tu veux venir avec nous à Pré-au-Lard, Ginny ? demanda-t-il.

-J'y vais avec Dean… On se verra peut-être là-bas, répondit-elle.

Et elle s'éloigna en leur adressant un signe de la main. Hermione remarqua le regard perdu de Harry, qui suivait Ginny des yeux.

Comme d'habitude, Rusard se tenait devant les portes de chêne de l'entrée, vérifiant les noms des élèves qui avaient l'autorisation d'aller à Pré-au-Lard. L'opération prit encore plus de temps qu'à l'ordinaire car Rusard faisait passer tout le monde trois fois de suite au Capteur de Dissimulation.

-Quelle importance si on cache des objets interdits puisqu'on les emporte DEHORS ? demanda Ron qui regardait avec appréhension la forme longue et fine du capteur. C'est ce qu'on rapporte À L'INTÉRIEUR qu'il faut contrôler.

Son impertinence lui valut quelques coups de capteur supplémentaires et il grimaçait encore lorsqu'ils sortirent dans le vent et la neige fondue.

Le chemin jusqu'à Pré-au-Lard ne fut pas très agréable. Sur la route qui menait au village, les élèves avançaient pliés en deux pour affronter le vent glacé. Hermione engouffra son visage dans son écharpe, ses cheveux lui fouettant son visage par ce vent glacial. Les trois amis arrivèrent péniblement devant le magasin de farces et attrapes de Zonko, condamné par des planches. Le village était désert, peu de gens n'osant sortir par ce temps si violent, ou peut-être était-ce pour le climat troublé qui régnait aujourd'hui dans le monde des sorciers. Peu de magasins étaient ouverts. Par chance, Harry désigna le magasin Honeydukes qui était toujours en activité.

Harry et Hermione, vacillant sous le vent, s'engouffrèrent à sa suite dans le magasin bondé.

-Dieu merci, dit Ron qui frissonna tandis qu'une atmosphère chaude aux senteurs de caramel les enveloppait soudain. On n'a qu'à rester là tout l'après-midi.

-Harry, mon garçon ! s'exclama derrière eux une voix de stentor.

non -Oh, marmonna Harry.

Ils se retournèrent et virent le professeur Slughorn. Coiffé d'un énorme bonnet de fourrure, vêtu d'un pardessus au col de fourrure assorti, il serrait contre lui un grand sac d'ananas confits et occupait à lui seul un bon quart de la boutique.

-Harry, cela fait trois fois maintenant que vous manquez mes petits soupers ! dit-il en lui donnant une tape amicale sur la poitrine. Ça ne va pas du tout, mon garçon, je suis bien décidé à vous avoir à ma table ! Miss Granger adore mes soirées, n'est-ce pas ?

- Oui, répondit Hermione, impuissante, elles sont vraiment…

-Alors pourquoi ne venez-vous pas aussi ? Insista Slughorn.

-J'ai mon entraînement de Quidditch, professeur, dit Harry sur un ton de déception très peu convaincant. Hermione soupçonnait ce dernier d'arranger expressément ses séances d'entraînement, aux dates correspondantes aux dîners de Slughorn.

-Eh bien, j'espère que ce rude travail vous permettra de gagner votre premier match ! répondit Slughorn. Mais une petite récréation n'a jamais fait de mal à personne. Voyons, si on disait lundi soir ? Vous n'allez quand même pas vous entraîner par ce temps…

-Je ne peux pas, professeur. J'ai… heu… un rendez-vous avec le professeur Dumbledore, ce soir-là.

-Décidément, je joue de malchance ! s'écria Slughorn d'un ton théâtral. Ah, mais, vous ne pourrez pas toujours m'échapper, Harry !

Et avec un geste majestueux de la main, il sortit de la boutique de sa démarche chaloupée, sans accorder plus d'importance à Ron que s'il avait été un présentoir de Nids de cafards.

-Je n'arrive pas à croire que tu aies de nouveau réussi à te défiler, dit Hermione en hochant la tête. Tu sais, ce n'est pas si terrible, finalement… Parfois même, on s'amuse…

Mais elle savait que son ton n'était pas très convaincant… Si elle acceptait ses invitations, c'était uniquement pour rejoindre Drago le reste de la soirée, dans leur salle de cours préférée. Ainsi elle avait un excellent prétexte de rentrer plus tard rejoindre ses amis dans la salle commune. Avec une boule au ventre, elle pensa à Drago et à leurs moments d'intimité qui lui semblait si loin depuis leur dispute de la veille. Retombant de ses pensées, elle surprit alors l'expression de Ron.

-Oh, regardez, ils ont des plumes en sucre Deluxe… Elles durent des heures, celles-là ! Dit-elle pour changer de sujet.

Comprenant sa tactique, Harry manifesta pour les nouvelles plumes en sucre modèle géant beaucoup plus d'intérêt qu'en temps normal, mais Ron continua d'afficher une mine maussade et se contenta de hausser les épaules lorsque Hermione lui demanda où il voulait aller ensuite.

-On n'a qu'à faire un tour aux Trois Balais, proposa Harry. On y sera au chaud.

Ils s'enroulèrent à nouveau dans leurs écharpes et quittèrent la confiserie. Après la tiédeur sucrée de Honeydukes, le vent glacé leur donnait l'impression de prendre des coups de couteau dans la figure. Il n'y avait pas grand monde dans la rue. Personne ne s'attardait pour bavarder, chacun marchant d'un pas pressé vers sa destination. Seuls deux hommes, un peu plus loin, traînaient devant Les Trois Balais. L'un était très grand et mince, il s'agissait du barman de La Tête de Sanglier, l'autre pub de Pré-au-Lard. Quand Harry, Ron et Hermione s'approchèrent, il serra plus étroitement sa cape autour de son cou et s'éloigna, abandonnant son compagnon, un homme de plus petite taille, qui tenait maladroitement quelque chose dans ses bras. Ils n'étaient plus qu'à quelques mètres lorsqu'Harry reconnut l'individu.

-Mondingus!

Le petit homme trapu aux jambes arquées et aux longs cheveux roux en bataille sursauta et laissa tomber une valise ancienne qui s'ouvrit sous le choc, révélant un bric-à-brac suffisant pour remplir à lui seul toute la vitrine d'un magasin de brocante.

-Oh, bonjour, Harry, dit Mondingus Fletcher en tentant sans succès de prendre un air dégagé. Mais je ne veux pas te retenir.

Avec les gestes de quelqu'un visiblement pressé de partir, il entreprit de récupérer le contenu de sa valise répandu à terre.

-C'est à vendre, tout ça ? demanda Harry en regardant Mondingus ramasser un assortiment d'objets crasseux.

-Il faut bien essayer de survivre, répondit Mondingus. Donne-moi ça !

Ron s'était penché et avait pris une coupe en argent.

-Attendez, dit-il avec lenteur. J'ai l'impression de l'avoir déjà vue quelque part…

-Merci ! l'interrompit Mondingus qui lui arracha la coupe des mains et la fourra dans la valise. Bon, alors, à un de ces jours… AÏE !

Harry avait saisi Mondingus à la gorge et le plaquait contre le mur du pub. Le tenant fermement d'une main, il attrapa sa baguette de l'autre.

-Harry ! couina Hermione.

- Vous avez pris ça dans la maison de Sirius ! s'exclama Harry qui était presque nez à nez avec Mondingus. Cette coupe portait les armoiries des Black.

-Je… non… quoi ? Balbutia Mondingus dont le teint tournait peu à peu au violet.

-Qu'est-ce que vous avez fait, vous êtes retourné chez lui la nuit où il est mort et vous avez tout pillé ? gronda Harry.

-Je… non…

-Rendez-moi ça !

-Harry, il ne faut pas ! hurla Hermione alors que le teint de Mondingus devenait bleu foncé.

Il y eut un bang ! et Harry sentit ses mains lâcher malgré lui la gorge de Mondingus. Hoquetant, crachotant, celui-ci saisit la valise tombée par terre puis – CRAC ! – il transplana.

Harry poussa un juron de toute la force de sa voix, tournant sur place pour voir où Mondingus était parti.

-REVENEZ, ESPÈCE DE VOLEUR !

-Ça ne sert à rien, Harry.

Hermione se retourna, au son de cette voix familière.

-Ça ne sert à rien, Harry. Dit Tonks qui venait de surgir de nulle part, ses cheveux couleur souris mouillée par la neige fondue. Mondingus doit sans doute être à Londres, maintenant. Inutile de crier.

- Il a volé des choses qui appartenaient à Sirius ! Il les a volées !

-Oui, d'accord, dit Tonks que cette information laissait parfaitement indifférente, il n'empêche que tu ne devrais pas rester dehors par ce froid.

Et elle leur fit franchir la porte des Trois Balais. Dès qu'il fut à l'intérieur, Harry laissa exploser sa colère.

-Il a volé des objets qui étaient à Sirius !

-Je sais, Harry, mais ne crie pas, s'il te plaît, les gens nous regardent, murmura Hermione. Allez vous asseoir, je vais vous apporter à boire.

Harry fulminait toujours lorsque Hermione revint à leur table quelques minutes plus tard avec trois bouteilles de Bièraubeurre.

-L'Ordre ne peut donc pas surveiller Mondingus ? Chuchota furieusement Harry aux deux autres. Ils ne peuvent pas au moins l'empêcher de voler tout ce qui lui tombe sous la main quand il est au quartier général ?

- Chut ! dit désespérément Hermione en regardant tout autour d'elle pour s'assurer que personne ne les écoutait. Deux sorciers assis non loin d'eux regardaient Harry avec beaucoup d'intérêt et Zabini était nonchalamment appuyé contre un pilier proche.

-Je te comprends, Harry, moi aussi, ça m'énerverait, je sais que ce qu'il a volé t'appartient…

-Oui, ça m'appartient ! dit-il. Pas étonnant qu'il n'ait pas été très content de me voir ! Je vais raconter à Dumbledore ce qui se passe, il est le seul qui fasse peur à Mondingus.

-Bonne idée, murmura Hermione, visiblement contente que Harry se calme enfin. Ron, qu'est-ce que tu regardes ?

- Rien, répondit-il en détournant aussitôt les yeux du bar.

Mais elle savait qu'il cherchait à croiser le regard de Mme Rosmerta. Ne pouvait-il se concentrer sur leur conversation deux minutes ! Trouvant le comportement de Ron grossier, elle répliqua d'un ton irrité :

-J'imagine que « rien » est partie derrière chercher d'autres bouteilles de whisky Pur Feu ?

Ron ignora ses sarcasmes et sirota sa Bièraubeurre en s'enfermant dans ce qu'il considérait apparemment comme un silence plein de dignité. Hermione pianotait sur la table, évitant de regarder en direction de Zabini qui se trouvait face à elle. Elle préférait porter son attention sur Ron, et Mme Rosmerta qui n'avait pas quitté le bar. Elle eu la désagréable impression que Zabini l'observait. Était-il au courant de quelques choses ? Sûrement que non, Drago tenait formellement à ce que leur relation soit discrète. Cependant elle n'était pas rassurée, préférant quitter l'endroit maintenant. Elle attendit qu'Harry finisse sa bierraubeurre avant de demander :

-Et si on revenait à l'école dès maintenant ?

Les deux autres approuvèrent d'un signe de tête. Leur sortie n'avait pas été très amusante et le temps empirait. Une fois de plus, ils attachèrent étroitement leurs capes autour du cou, remirent leurs écharpes et enfilèrent leurs gants. Puis ils sortirent du pub derrière Katie Bell et une de ses amies et remontèrent la grand-rue. Tandis qu'ils pataugeaient dans la gadoue gelée qui recouvrait la route de Poudlard, Hermione pensa à Drago, en retenue avec McGonagall. Pense-t-il à elle en ce moment ? Elle marcha avec de plus en plus de difficulté, le vent ne cessant de crier à ses oreilles, lorsqu'elle entendit deux voix aiguës et perçantes se disputer devant elle.

Elle releva péniblement la tête, et s'aperçut que Katie et son amie, une dénommée Leanne selon elle, se disputaient à propos de quelque chose que Katie tenait à la main.

-Tu n'as rien à voir avec ça, Leanne ! s'exclama Katie.

Elles suivirent la courbe que décrivait la route à cet endroit. Au moment où il leva sa main gantée pour les essuyer, Leanne fit un geste pour prendre l'objet que tenait Katie. Celle-ci résista en tirant dans l'autre sens et le paquet finit par tomber sur le sol.

Aussitôt, Katie s'éleva dans les airs, non pas à la façon de Ron, suspendu par la cheville dans une position burlesque, mais avec grâce, les bras tendus, comme si elle s'apprêtait à s'envoler. Quelque chose, cependant, paraissait bizarre, inquiétant… Ses cheveux tournoyaient autour de sa tête, fouettés par le vent féroce, mais elle avait les yeux fermés et son visage était vide de toute expression.

Harry, Ron, Hermione et Leanne s'étaient arrêtés net et la regardaient.

Puis, à deux mètres au-dessus du sol, Katie poussa un horrible hurlement. Ses yeux s'ouvrirent et ce qu'elle voyait, ou ce qu'elle ressentait lui causait manifestement une terrible angoisse. Elle hurlait, hurlait sans cesse. Leanne se mit à hurler à son tour et agrippa les chevilles de Katie, essayant de la ramener à terre.

Harry, Ron et Hermione se précipitèrent pour l'aider, mais au moment où ils saisissaient à leur tour les jambes de Katie, elle retomba sur eux. Harry et Ron parvinrent à l'attraper, mais elle se tortillait tellement qu'ils avaient du mal à la maintenir. Ils l'allongèrent par terre où elle se débattit avec force en continuant de hurler, apparemment incapables de les reconnaître.

Harry jeta un coup d'œil de tous côtés. Les alentours semblaient déserts.

- Restez ici ! cria-t-il aux autres, sa voix dominant à grand-peine le mugissement du vent. Je vais chercher du secours !

Il se mit à courir en direction de l'école.

Ron, Hermione et Leanne restaient tous les trois en retrait, auprès du corps de Katie qui se tortillait toujours par terre en hurlant.

Quelques minutes plus tard, Harry revient en compagnie d'Hagrid

-Reculez-vous ! s'exclama Hagrid. Laissez-moi la voir !

- Il lui est arrivé quelque chose ! sanglota Leanne. Je ne sais pas quoi…

Hagrid regarda Katie un instant puis, sans un mot, il se pencha, la prit dans ses bras et courut vers le château. Quelques secondes plus tard, les cris perçants de Katie s'étaient évanouis et on n'entendait plus que le rugissement du vent.

Hermione se précipita sur l'amie de Katie, gémissante, qu'elle prit par les épaules.

-Tu t'appelles Leanne, c'est ça ?

Elle acquiesça d'un signe de tête.

-Ça s'est passé tout d'un coup ou bien…

-C'est arrivé quand ce paquet s'est ouvert, hoqueta Leanne en montrant sur le sol un papier kraft détrempé qui s'était déchiré, laissant apparaître un scintillement vert.

Ron se pencha, la main tendue, mais Harry lui saisit le bras et le tira en arrière.

- N'y touche pas !

Il s'accroupit. Un collier d'opale ouvragé dépassait du papier.

-J'ai déjà vu ça, dit Harry, en observant la chose. Exposé chez Barjow et Beurk il y a très longtemps. L'étiquette disait que le collier était ensorcelé. Katie a dû y toucher.

Il leva la tête vers Leanne qui s'était mise à trembler de tout son corps.

- Comment Katie l'a-t-elle eu ?

-C'est pour ça qu'on se disputait. Elle l'avait quand elle est sortie des toilettes, aux Trois Balais, elle a dit que c'était une surprise pour quelqu'un à Poudlard et qu'elle devait le remettre en mains propres. Elle paraissait bizarre quand elle m'a raconté ça… Oh, non, oh, non, je parie qu'on lui a jeté le sortilège de l'Imperium et je ne m'en suis même pas rendu compte !

Leanne fut à nouveau secouée de sanglots et Hermione lui tapota doucement l'épaule.

- Elle ne t'a pas dit qui le lui avait donné, Leanne ?

-Non… elle ne voulait pas… et moi, je lui ai répété qu'elle était idiote, qu'il ne fallait pas l'emporter à l'école, mais elle refusait de m'écouter… alors, j'ai essayé de le lui prendre des mains…et… et…

Leanne poussa une plainte désespérée.

-On ferait bien de revenir à l'école, suggéra Hermione, qui tenait toujours Leanne par l'épaule. Nous irons voir comment elle va. Viens…

Harry hésita un instant puis il ôta l'écharpe qui lui protégeait le visage et, sans tenir compte de l'exclamation de Ron, il en enveloppa le collier et le ramassa.

-Il faudra montrer ça à Madame Pomfresh, dit-il.

Ils marchèrent en silence, jusqu'à l'entrée du parc lorsqu'Harry ouvrit la bouche :

-Malefoy connaît l'existence de ce collier. Il était exposé dans une vitrine chez Barjow et Beurk il y a quatre ans. J'ai vu qu'il le regardait pendant que je me cachais de son père et de lui. Voilà ce qu'il voulait acheter le jour où on l'a suivi ! Une opale ensorcelée ! Il s'en souvenait et il est retourné la chercher !

Hermione paniqua à cette nouvelle idée. Elle était mal à l'aise de ce qu'affirmait son ami. Mais c'était impossible, il était en retenue toute la matinée… Était-ce un mensonge ? Pouvait-il avoir donné le collier à Katy ? Mais pour quelle raison ? Les questions se bousculaient rapidement dans la tête d'Hermione, qui préférait garder le silence.

-Je… je ne sais pas, Harry, répondit Ron, hésitant. Il y a plein de gens qui vont chez Barjow et Beurk… et cette fille dit que Katie a trouvé le collier dans les toilettes.

-Elle a dit qu'elle en était sortie avec le collier, ça ne signifie pas qu'elle l'ait vraiment trouvé là…

-McGonagall! prévint Ron.

Hermione sursauta à la vue du professeur. Celle-ci descendait en hâte les marches de pierre, bravant les tourbillons de neige fondue pour venir à leur rencontre.

- Hagrid dit que vous avez vu tous les quatre ce qui est arrivé à Katie Bell… Montez tout de suite dans mon bureau, s'il vous plaît ! Qu'est-ce que vous avez là, Potter ?

-L'objet qu'elle a touché, répondit Harry.

Grand Dieu ! s'exclama le professeur McGonagall, alarmée, en prenant le collier à Harry. Non, non, Rusard, ils sont avec moi ! ajouta-t-elle précipitamment alors que le concierge traversait le hall d'entrée de son pas traînant, le regard avide, brandissant son Capteur de Dissimulation. Apportez tout de suite ce collier au professeur Rogue, mais n'y touchez surtout pas, gardez-le bien enveloppé dans l'écharpe !

Ils suivirent le professeur McGonagall dans l'escalier puis dans son bureau. Les vitres criblées de neige fondue tremblaient dans leurs châssis et la pièce était froide malgré le feu qui craquait dans la cheminée. Le professeur McGonagall referma la porte et se précipita derrière son bureau, face à Harry, Ron, Hermione et Leanne, qui continuait de sangloter.

-Alors ? Que s'est-il passé ? demanda-t-elle sèchement.

D'une voix hachée et en s'interrompant souvent pour essayer de contrôler ses larmes, Leanne raconta au professeur McGonagall que Katie était allée aux toilettes des Trois Balais et en était ressortie avec un paquet qui ne portait aucune marque ; elle lui avait alors paru un peu bizarre et elles s'étaient disputées sur l'opportunité d'accepter de livrer des objets inconnus, la dispute culminant lorsqu'elle avait essayé de lui arracher des mains le paquet dont l'emballage s'était déchiré. À ce point de son récit, Leanne fut si bouleversée qu'il était impossible de lui tirer un mot de plus.

-Très bien, dit le professeur McGonagall, non sans douceur, montez à l'infirmerie, s'il vous plaît, Leanne, et demandez à Madame Pomfresh de vous donner quelque chose pour remédier à votre état de choc.

Quand elle eut quitté la pièce, le professeur McGonagall se tourna à nouveau vers Harry, Ron et Hermione.

-Que s'est-il passé quand Katie a touché le collier ?

-Elle s'est élevée dans les airs, répondit Harry avant que Ron et Hermione aient pu parler. Puis elle s'est mise à hurler et elle est retombée par terre. Professeur, est-ce que je peux aller voir le professeur Dumbledore, s'il vous plaît ?

-Le directeur est absent jusqu'à lundi, Potter, l'informa le professeur McGonagall, l'air surpris.

-Absent ? répéta Harry avec colère.

-Oui, Potter, absent ! répliqua le professeur McGonagall d'un ton cassant. Mais je suis sûre que tout ce que vous avez à dire sur cette horrible affaire peut m'être confié !

Quelque peu hésitant, Harry exposa au professeur son hypothèse :

-Je pense que c'est Drago Malefoy qui a donné ce collier à Katie, professeur.

Ron se caressa le nez, apparemment gêné ; de son côté, Hermione changea de position, ses pieds glissant sur le sol, comme si elle tenait à mettre un peu plus de distance entre elle et Harry. Elle ne voulait pas laisser paraître qu'elle adhérait à cette idée, s'inquiétant des répercussions que cela pourrait porter à Drago si Harry était pris au sérieux.

-C'est une accusation très grave, Potter ! s'exclama le professeur McGonagall après un silence choqué. Avez-vous une preuve ?

-Non, admit Harry, mais…

Et il lui raconta la conversation qu'ils avaient surprise entre Malefoy et Barjow.

Lorsqu'il eut terminé, le professeur McGonagall parut un peu perdue.

-Malefoy a apporté un objet chez Barjow et Beurk pour le faire réparer ?

-Non, professeur, il n'avait pas l'objet avec lui, il voulait seulement que Barjow lui explique comment le réparer. Mais la question n'est pas là, l'important, c'est qu'il a acheté quelque chose en même temps et je pense qu'il s'agissait de cette opale…

-Vous avez vu Malefoy quitter la boutique avec un paquet semblable ?

-Non, professeur, il a dit à Barjow de le lui mettre de côté.

-Mais, Harry, l'interrompit Hermione qui tentait de trouver une faille à son récit, Barjow lui a demandé s'il voulait l'emporter avec lui et Malefoy a répondu non…

-Parce qu'il ne voulait pas y toucher, de toute évidence ! répliqua Harry avec colère.

-Il a dit exactement : « De quoi aurais-je l'air si je portais ça dans la rue ? » rappela Hermione.

- Il aurait l'air d'un crétin avec un collier, remarqua Ron.

- Ron, soupira Hermione d'un ton découragé, l'opale aurait été enveloppée pour qu'il ne la touche pas et très facile à cacher sous une cape ! Je crois plutôt que ce qu'il a commandé chez Barjow et Beurk était un objet bruyant ou encombrant, quelque chose qui attirerait l'attention s'il se promenait avec dans la rue. En tout cas, poursuivit-elle en élevant la voix avant que Harry ait pu l'interrompre, j'ai demandé si le collier était à vendre, tu te souviens ? Quand je suis entrée dans la boutique pour essayer de savoir ce que Malefoy voulait qu'il lui garde, je l'ai vu exposé. Et Barjow m'a indiqué le prix, il ne m'a pas dit qu'il était déjà vendu…

-Tu n'as pas été très habile, il n'a pas dû mettre plus de cinq secondes pour deviner ce que tu avais derrière la tête et bien sûr, il n'allait pas t'avouer la vérité… De toute façon, Malefoy a très bien pu envoyer quelqu'un le chercher entre-temps…

-Ça suffit ! coupa le professeur McGonagall alors qu'Hermione s'apprêtait à répliquer, la mine courroucée. Potter, je vous remercie de m'avoir raconté tout cela, mais nous ne pouvons accuser Malefoy simplement parce qu'il est entré dans la boutique où ce collier a peut-être été acheté. Des centaines d'autres personnes sont sans doute dans le même cas…

-C'est ce que je disais…, marmonna Ron.

-Et d'ailleurs, nous avons pris des mesures de sécurité très rigoureuses cette année, je ne pense pas que ce collier aurait pu être introduit dans l'école sans que nous le sachions…

-Mais…

-Par surcroît, poursuivit le professeur McGonagall d'un ton affreusement catégorique, Malefoy ne se trouvait pas à Pré-au-Lard aujourd'hui.

Hermione aurait voulu pousser un soupir de soulagement, rassurée que Drago ait été honnête avec elle.

-Comment le savez-vous, professeur ?

-Parce qu'il était en retenue avec moi. Il a omis deux fois de suite de faire ses devoirs de métamorphose. Merci de m'avoir confié vos soupçons, Potter, dit-elle en passant devant eux, mais je dois maintenant me rendre à l'infirmerie pour voir comment va Katie Bell. Je vous souhaite une bonne fin de journée à tous les trois.

Elle leur ouvrit la porte du bureau et ils n'eurent d'autre choix que de sortir en file indienne sans ajouter un mot.

Hermione sentit qu'Harry était en colère de ne pas l'avoir encouragé auprès du professeur McGonagall. Cependant, il ne put s'empêcher de participer à la conversation entre Ron et Hermione sur ce qui venait de se passer.

-À qui Katie devait-elle donner le collier, d'après vous ? interrogea Ron tandis qu'ils montaient l'escalier menant à la salle commune.

-Dieu seul le sait, répondit Hermione. Mais qui que ce soit, il l'a échappé belle. Personne n'aurait pu ouvrir ce paquet sans toucher l'opale.

-Il pouvait être destiné à des tas de gens, dit Harry. À Dumbledore – les Mangemorts seraient ravis de se débarrasser de lui, il doit être une de leurs cibles prioritaires. Ou à Slughorn. Dumbledore pense que Voldemort le voulait vraiment avec lui et il ne doit pas être content qu'il se soit rangé dans l'autre camp. Ou à…

-Ou à toi, dit Hermione, inquiète.

-Impossible, affirma Harry, sinon Katie n'aurait eu qu'à se retourner pour me le donner quand on était sur la route. Je suis resté derrière elle depuis le moment où on a quitté Les Trois Balais. Il aurait été beaucoup plus logique de livrer le paquet en dehors de Poudlard, à cause de Rusard qui contrôle tout le monde. Je me demande pourquoi Malefoy lui a demandé de l'emporter au château.

Agacée par ses accusations, Hermione s'exclama en tapant du pied, exaspérée :

-Harry, Malefoy n'était pas à Pré-au-Lard !

-Alors, il avait sûrement un complice, répliqua Harry. Crabbe ou Goyle – ou, si on y réfléchit, peut-être un autre Mangemort. Il doit avoir des copains plus intelligents que Crabbe et Goyle maintenant qu'il a rejoint leurs rangs…

Ron et Hermione échangèrent un regard signifiant clairement qu'il était décidément inutile de discuter avec lui.

-Potage royal, dit Hermione d'un ton assuré lorsqu'ils furent arrivés devant la grosse dame.

Le portrait pivota aussitôt pour les laisser entrer dans la salle commune. Il y avait beaucoup de monde et une odeur de vêtements mouillés flottait dans l'air. Nombre d'élèves avaient dû rentrer de Pré-au-Lard plus tôt que prévu à cause du mauvais temps. L'atmosphère n'était cependant ni à la peur, ni aux spéculations. Manifestement, personne ne savait encore ce qui était arrivé à Katie.

-En fait, l'attaque n'a pas été très bien menée, quand on y songe, dit Ron.

Il chassa négligemment un élève de première année installé dans le confortable fauteuil, auprès du feu, pour s'y asseoir à sa place.

- Le sortilège n'a même pas pénétré dans le château. On ne peut pas dire que le plan était infaillible.

-Tu as raison, approuva Hermione, en donnant à Ron un petit coup de pied pour qu'il se lève du fauteuil qu'elle rendit à l'élève de première année. Ce n'était pas du tout bien pensé.

-Depuis quand Malefoy est-il un grand penseur ? demanda Harry.

Ni Ron, ni Hermione ne lui répondirent.