Chapitre 10 : Fraîcheur des pins
Le lendemain matin à la première heure, Hermione fut rejointe par Ron et Harry au petit déjeuner. Ce dernier n'avait pas pu raconter à ses deux amis sa séance de la veille avec Dumbledore par peur d'être entendu, mais il les mit au courant au moment où ils traversaient le potager pour se rendre dans les serres. Le vent violent qui avait soufflé tout le week-end avait enfin cessé, mais l'étrange brume était revenue et il leur fallut plus de temps qu'à l'ordinaire pour trouver la serre où le cours avait lieu.
-Wouao, il fait peur, le petit Tu-Sais-Qui, dit Ron à voix basse.
Ils prirent place autour de l'une des souches de Snargalouf aux branches noueuses qui constituaient leur sujet d'étude du trimestre et enfilèrent leurs gants de protection.
-Mais je ne comprends toujours pas pourquoi Dumbledore te montre tout ça. D'accord, c'est intéressant, mais à quoi ça sert ?
-Je n'en sais rien, répondit Harry en glissant dans sa bouche un protège-dents, mais il dit que c'est important et que ça va m'aider à survivre.
- Moi, je trouve que c'est fascinant, assura Hermione d'un air très sérieux. Il est parfaitement logique d'essayer d'en savoir le plus possible sur Voldemort. Sinon, comment découvrir ses faiblesses ?
-Au fait, comment s'est passée la dernière soirée de Slughorn ? lui demanda Harry, l'articulation pâteuse à cause du protège-dents.
-Oh, on s'est bien amusés, répondit Hermione qui mettait à présent ses lunettes protectrices pour éviter de regarder son ami dans les yeux. Bien sûr, il radote un peu sur ses anciens élèves devenus célèbres et il se prosterne littéralement devant McLaggen à cause des gens importants qu'il a dans sa famille, mais on mange très bien chez lui et il nous a présentés à Gwenog Jones.
-Gwenog Jones ? s'exclama Ron, en ouvrant des yeux ronds sous ses propres lunettes. La Gwenog Jones ? La capitaine des Harpies de Holyhead ?
-C'est ça, dit Hermione. Personnellement, je l'ai trouvée un peu imbue d'elle-même, mais…
-Ça suffit les bavardages, là-bas ! Lança vivement le professeur Chourave en se précipitant vers eux, la mine sévère. Vous êtes à la traîne, tous les autres ont commencé et Neville a déjà trouvé sa première gousse !
Ils se retournèrent et virent en effet Neville, la lèvre ensanglantée, un côté du visage sillonné de terribles estafilades, serrant entre ses mains une boule verte de la taille d'un pamplemousse qui palpitait désagréablement.
-D'accord, professeur, nous commençons tout de suite ! dit Ron qui ajouta à voix basse, dès qu'elle se fut éloignée : Tu aurais dû te servir de l'Assurdiato, Harry.
-Non, il n'aurait pas dû ! protesta Hermione, très en colère, comme chaque fois qu'on parlait du Prince de Sang-Mêlé et de ses sortilèges. Bon, allons-y… Il est temps de s'y mettre…
Elle jeta aux deux autres un regard d'appréhension. Tous trois prirent une profonde inspiration puis fondirent sur la souche noueuse posée entre eux. Celle-ci s'anima soudain. De longues tiges épineuses, semblables à des ronces, surgirent en claquant comme des fouets. L'une d'elles s'emmêla dans les cheveux d'Hermione et Ron la repoussa à l'aide d'un sécateur. Harry parvint à attraper deux autres tiges qu'il attacha ensemble. Une cavité s'ouvrit au milieu des tentacules et Hermione plongea courageusement le bras dans le trou qui se referma comme un piège autour de son coude.
Harry et Ron écartèrent les tiges et tirèrent dessus avec vigueur, forçant le trou à se rouvrir. Hermione put ainsi libérer son bras d'un coup sec, les doigts crispés autour d'une gousse identique à celle de Neville. Aussitôt, les tentacules hérissés d'épines se rétractèrent et disparurent à l'intérieur de la souche qui reprit l'aspect d'un innocent morceau de bois.
-Je crois que quand j'aurai ma propre maison, on ne verra pas ce genre de plante dans mon jardin, dit Ron qui avait remonté ses lunettes sur son front et épongeait la sueur de son visage.
-Passe-moi un bol, dit Hermione en tenant à bout de bras la gousse palpitante.
Harry lui en tendit un dans lequel elle la laissa tomber d'un air dégoûté.
-Allons, ne faites pas vos délicats, ouvrez-les, elles sont meilleures quand elles sont bien fraîches ! s'exclama le professeur Chourave.
- De toute façon, dit Hermione, en poursuivant leur conversation comme si elle n'avait pas été interrompue par l'attaque du morceau de bois, Slughorn va organiser une fête à Noël et cette fois, plus question de te défiler, Harry, parce qu'il m'a demandé de vérifier quelles étaient tes soirées libres pour choisir une date où tu pourras venir.
Harry poussa un gémissement. Ron, qui s'était levé et essayait d'ouvrir la gousse en appuyant dessus à deux mains contre le fond du bol, lança d'un ton furieux :
-Ce sera encore une soirée pour les chouchous de Slughorn, bien sûr ?
-Oui, il n'y aura que les membres du club de Slug, répondit Hermione.
La gousse glissa brusquement sous les doigts de Ron, fut projetée contre la paroi de verre de la serre, rebondit et atterrit sur la tête du professeur Chourave dont elle fit tomber le vieux chapeau rapiécé. Harry alla la récupérer. Pendant ce temps, Hermione continua :
-Écoute, ce n'est pas moi qui ai inventé le club de Slug…
- Le club de Slug, répéta Ron avec un ricanement proche de ceux que produisait Malefoy. A la seule pensée du Serpentard, Hermione sentit ses joues rougir nerveusement. Elle écouta à moitié Ron, qui continuait de parler.
-… C'est pitoyable… On dirait un nom de limace… Enfin, j'espère que tu t'amuseras bien. Essaye de séduire McLaggen, comme ça, Slughorn pourra vous couronner roi et reine des limaces…
A nouveau, Hermione repensa à la conversation de Malefoy et MacLaggen dans les toilettes des garçons. Pour quelle raison tout le monde était au courant que MacLaggen avait des vues sur elle ? Elle rougit en se rappelant du compliment que lui avait fait Drago : elle embrassait merveilleusement bien.
- On a le droit d'amener des invités, dit Hermione qui reprenait ses esprits. Et je voulais justement te demander de venir avec moi, mais si tu penses que c'est vraiment trop stupide, je ne me donnerai pas cette peine !
Harry revint avec la gousse en main, essayant à présent de l'ouvrir de la manière la plus bruyante qui soit. Irritée par ce bruit et le comportement de Ron à son égard, elle fut surprise du changement de ton de son ami lorsqu'il lui demanda, d'un air incrédule.
-Tu voulais m'inviter ?
-Oui, répondit Hermione, furieuse d'être tournée en bourrique. Mais si tu préfères que j'essaye de séduire McLaggen…
Il y eut un silence pendant lequel Harry continua de frapper vigoureusement la gousse élastique avec un déplantoir.
-Non, j'aimerais mieux pas, murmura Ron à voix très basse.
Harry manqua son coup et abattit le déplantoir sur le bol qui se fracassa.
- Reparo, dit-il aussitôt en tapotant les morceaux avec sa baguette magique et le bol se reconstitua.
Hermione, toujours énervée, se mit à feuilleter fébrilement son exemplaire des Arbres carnivores du monde pour trouver de quelle façon il convenait d'extraire le jus de gousse de Snargalouf. Elle observa sur le coin de l'œil Ron qui de son côté, semblait penaud, mais également assez content de lui.
Elle trouva dans son livre la solution à ce qu'elle cherchait.
-Donne-moi ça, Harry, dit soudain Hermione. Il paraît qu'il faut les percer avec quelque chose de pointu…
Harry lui passa la gousse dans son bol puis Ron et lui remirent leurs lunettes devant leurs yeux et plongèrent à nouveau sur la souche.
Pendant qu'ils s'appliquaient à la tâche, une pensée lui vint à l'esprit à la vitesse de l'éclair. Elle se rappela des propos tenus par Drago la veille, au sujet de Ron. Cela expliquerait-il la réaction de ce dernier ? Elle espérait que non, Ron ayant toujours été son ami. Il est vrai que certains de ses comportements étaient étranges quelques fois… Elle se souvint de sa réaction lorsqu'elle sortait avec Krum. A cette époque, elle croyait qu'il l'accusait d'une déloyauté envers Harry et de « copiner avec l'ennemi » pour reprendre l'expression qu'il lui avait lancée au visage. Mais se pouvait-il que cela soit pour une tout autre raison ?
- Je l'ai eue ! s'exclama Ron en arrachant une deuxième gousse de la souche au moment même où Hermione parvenait à ouvrir la première, remplissant le bol de tubercules qui se tortillaient comme des asticots verdâtres.
Jusqu'à la fin du cours, il ne fut plus question de la soirée de Slughorn. Dans les jours qui suivirent, le comportement de Ron n'avait pas changé, si ce n'est qu'elle remarqua qu'il était un peu plus courtois envers elle qu'à l'ordinaire.
Le jeudi soir, Hermione profita de l'absence de Ron et Harry qui partirent pour leur séance d'entraînement de Quidditch, pour envoyer un message à Drago via son Gallion. Aussitôt, elle sentit la pièce se chauffer dans sa poche. Elle lut la réponse du Serpentard, qui déclina son rendez-vous. Surprise de cette attitude, elle sortit sa baguette et tapota sur la pièce un nouveau message, lui demandant une explication. Quelques secondes plus tard, Malefoy lui répondit qu'il ne pouvait en dire plus. Furieuse, elle décida de s'avancer dans ses devoirs pour la semaine suivante.
Où est-il ? Que faisait-il ? Telles étaient les habituelles questions qu'elle se posait sans cesse. Une idée lui vint à l'esprit ! Contente que la salle commune soit presque vide en raison de l'entraînement de Quidditch, elle monta discrètement dans le dortoir réservé aux garçons de sixième année. Elle toqua à la porte, craignant que Neville ou Seamus soit présent. Pas de réponse. Le dortoir était désert. Elle se dirigea vers la grosse valise d'Harry, rangée sous son lit et sortie la carte du Maraudeur. Dans un murmure, elle tapota la carte du bout de sa baguette et déclara :
-Je jure solennellement que mes intentions sont mauvaises.
Elle ressentit une pointe de culpabilité, comme si elle trahissait son meilleur ami. Mais le besoin de savoir ce que mijotait Drago l'emporta aussitôt sur ses sentiments.
Elle chercha des yeux l'étiquette portant le nom de Drago Malefoy. Elle parcourra des yeux la salle commune des Serpentard, dans la Grande Salle ou encore la bibliothèque. Il n'était pas non plus dans le parc de Poudlard. Elle continua d'étudier la carte pendant plus de cinq minutes lorsqu'elle se résolut à abandonner. Ce n'est pas possible, pensa-t-elle, se pouvait-il qu'il soit… incartable ?! Ce fut comme si une lumière traversa son esprit. Elle comprit directement où Malefoy se situait… Que faisait-il dans la Salle sur Demande ?! Réfléchissant à cette nouvelle découverte, elle sursauta quand elle vit deux points se déplacer sur la carte, représentant Harry et Ron empruntant leur habituel raccourci vers la tour de Gryffondor. Elle allait rapidement plier la carte lorsqu'elle aperçut deux autres points également présents : Ginny et Dean.
-Méfait accompli, dit-elle.
Elle se releva rapidement du lit de son ami, rangea la carte et quitta le dortoir des garçons pour rejoindre la Salle commune.
Elle était installée confortablement dans le divan, ses pensées divaguant sur les activités secrètes de Drago, quand Harry et Ron rentrèrent de leur séance d'entraînement. Ron passa devant elle, le visage rouge de colère, se dirigeant sans un mot vers les escaliers qui menaient au dortoir. Harry, visiblement incapable de lui expliquer le comportement de Ron, monta lui aussi directement à se coucher sans jeter un regard à Hermione.
Perplexe devant ce comportement, Hermione s'apprêtait également à les suivre lorsque la porte du portail s'ouvrit à nouveau, laissant passer Ginny et Dean. Ce dernier fit un signe de la main aux deux amies et monta lui aussi les escaliers.
-Mauvaise séance d'entraînement ? lui demanda Hermione. Elle se rassit dans le fauteuil à côté de Ginny.
-Pire que ça, répondit la jeune fille, Ron m'a surprise en train d'embrasser Dean dans le couloir.
Elle lui expliqua les détails de leur rencontre accidentelle, ainsi que de la dispute qu'elle avait eue avec Ron.
-C'est parce qu'il est protecteur envers toi Ginny, tenta timidement Hermione pour apaiser son amie. Il ne supporte pas de voir sa petite sœur sortir avec un garçon simplement.
-Ce n'est pas ça Hermione, je suis sûre que c'est parce qu'il n'a jamais eu de copine et que ça lui fait mal de voir que tout le monde grandi à part lui ! Tu aurais dû voir la tête qu'il a faite quand je lui ai dit que tu avais embrassé Krum !
Hermione resta consternée par ce que Ginny lui racontait. Était-ce pour cette raison que Ron s'emportait de la sorte ? Ou à cause de son manque d'expérience comme le prétendait Ginny ? A l'évocation de ce mot, elle pensa à Drago, et leur étreinte passionnée dans l'herbe. Le regard vague, elle revoyait l'image du jeune homme, le torse en sueur sur elle.
-Hermione ? A quoi penses-tu ? Lui demanda la voix lointaine de Ginny.
Pendant une fraction de seconde, Hermione fut tentée de tout avouer à son amie. Elle avait besoin de parler de ce qu'elle avait sur le cœur. Mais elle ne savait pas vers qui se tourner. La réaction de Ron envers sa sœur était déjà excessive, elle n'osait imaginer comment réagirait son ami s'il apprenait qu'elle entretenait une relation avec Drago depuis la rentrée.
Pouvait-elle faire confiance à Ginny ? Elle mourait d'envie d'y croire, mais l'idée qu'elle puisse la juger ou la décevoir lui fit garder le silence.
-Oh je repensais à Ron… J'espère qu'il se calmera.
-Moi aussi, répondit-elle, il lui faut une petite copine pour le faire grandir.
Elle lança à Hermione un clin d'œil complice qui la mit mal à l'aise.
Préférant changer de sujet, celle-ci lui demanda :
-Et avec Harry, vous semblez plus proche ces derniers temps non ?
Elle affichait malgré elle un sourire complice.
-Je ne vois pas de quoi tu parles lui, répondit la jeune Gryffondor en se levant du divan.
Toute fois, elle lui renvoya un grand sourire complice, ses yeux pétillant de malice.
-Je vais me coucher bonne nuit Hermione.
-A demain lui dit-elle avant de la suivre à son tour.
Le lendemain matin, Hermione constata que le comportement ombrageux et acariâtre de Ron ne s'était pas calmé durant la nuit. Au cours de la journée, il traitait avec une indifférence glacée, voire méprisante, une Hermione déconcertée et blessée par son attitude. Malgré les tentatives d'Harry pour maintenir la paix entre les deux amis, Ron se montrait de plus en plus désagréable et irritant envers la jeune fille. Finalement, Hermione monta se coucher d'un air offusqué et Ron se dirigea avec raideur vers le dortoir des garçons après avoir lancé des jurons furieux à quelques élèves de première année apeurés qui l'avaient regardé d'un peu trop près.
Dans les jours qui suivirent, la nouvelle agressivité de Ron ne faiblit pas. Lassée de cette attitude inapaisable, Hermione prétendit partir travailler à la bibliothèque pendant que les garçons se rendaient à leur dernière séance d'entraînement avant le match du lendemain.
Elle retrouva Drago qui lui avait fixé rendez-vous dans la journée. Cachée derrière une pile de livres, elle rejoignit le Serpentard discrètement au fond de la bibliothèque, où il avait coutume de s'asseoir. L'avantage de cette place est qu'elle se situait assez loin du bureau de Mme Pince pour parler en toute tranquillité.
-Tu as pu te libérer plus tôt, lui murmura Drago.
-Oui, Harry et Ron avaient une séance d'entraînement avant demain…
Elle évitait de parler Quidditch quand elle était en compagnie de Malefoy, craignant créer des tensions. De plus, le premier match de la saison confrontait Gryffondor et Serpentard. Mais à sa plus grande stupéfaction, elle constata que ce sujet ne semblait nullement l'intéresser.
-Je ne pense pas participer au match de demain, lui lança-t-il sur le ton de la conversation.
-Pourquoi ça ? L'idée lui était inconcevable, connaissant son côté compétiteur au Quidditch.
-Ca ne m'intéresse plus, j'ai d'autres choses à faire simplement.
Il lui faisait comprendre à son regard qu'il ne fallait pas insister davantage.
-Je vois, dit-elle froidement, comme à chaque fois qu'il abordait le sujet de ses activités-secrètes-dans-la-Salle-sur-Demande. Décidément, je ne vous comprendrai jamais vous les garçons, et votre jeu. dit-elle en appuyant volontairement sur le dernier mot. C'est comme Ron, depuis quelques jours, il est d'une humeur massacrante.
Elle lui expliqua en quelques mots son comportement envers elle.
-C'est parce qu'il t'aime voyons ! Tout le monde le sait chez les Serpentard depuis plusieurs années ! Je croyais même que c'était réciproque… il avait dit cette phrase en la regardant d'un air inquiet.
-Je t'ai déjà dit que je ne ressentais rien Malefoy.
Elle aussi utilisait de temps en temps son nom de famille et le jeune homme semblait aimer ça.
-Alors pourquoi réagit-il ainsi avec toi ?
Hésitante, Hermione lui rapporta la conversation qu'elle eut avec Ginny dans la Salle commune.
-Ah oui… Krum, se rappela jalousement Drago, avec une expression de défi sur son beau visage pointu. Je l'avais oublié celui-là...
-Oh ne t'y mets pas non plus, c'était en quatrième année ! Fit-elle, bien qu'elle aime le voir jaloux à son sujet. Il était encore plus séduisant que d'habitude, une flamme brûlant dans ses yeux gris à l'idée qu'Hermione puisse appartenir à un autre. Et puis d'ailleurs, je te signale que…
-Chut, L Drago interrompu.
Madame Pince venait de passer devant eux.
-Quoiqu'il en soit, j'ai une excuse pour fuir sa compagnie à présent. Et justement je me disais, dit-elle timidement, en se rapprochant encore plus du jeune homme.
A présent, son nez touchait presque le bout du sien. Ses yeux gris allant de son regard à ses lèvres, ils résistèrent quelques secondes à l'envie de s'embrasser fougueusement là, maintenant, dans cette bibliothèque. Enfin dis-moi ce que tu en penses… dit-elle en reprenant ses esprits, mais j'ai pensé que tu pourrais venir me rejoindre après le dîner, à la salle de bain des préfets ?
Il la regarda, intrigué par l'audace de ce rendez-vous. Elle vit directement que cette proposition lui déplût bien qu'elle en ignora la raison.
-Oh, si tu n'en as pas envie je comprendrais, c'est peut-être trop audacieux de ma part comme rendez-vous ? Enfin je me disais, continua Hermione rouge de honte, comme le vendredi soir il n'y a jamais personne, peut-être…
Malgré les explications d'Hermione, Drago restait de marbre.
-Je ne sais pas Hermione, et si quelqu'un nous voyait tout de même ? Tenta-t-il
-Aucun risque, je jetterai des sortilèges de protection sur la porte d'entrée. Allez Drago, relaxe-toi dit-elle en reprenant ses propres mots. Il se mordit ses lèvres fines, comme elle avait l'habitude de le faire aussi.
-D'accord, d'accord, répondit-il a court d'argument. Mais…mais tu auras quelque chose sur toi quand même ?! demanda-il en rougissant soudainement.
Une bouffée de chaleur monta également aux joues d'Hermione qui lui assura qu'elle portait toujours un maillot.
Ils se mirent d'accord pour l'heure du rendez-vous, et rangèrent en silence leurs affaires.
Hermione sortit la première de la bibliothèque, suivit par Malefoy de quelques secondes. Elle monta dans la salle commune ranger son sac, et sortit à l'avance ses affaires pour tout à l'heure. L'idée de passer un moment si intime avec le Serpentard lui procura un fourmillement à l'estomac qui persista jusqu'au dîner. Incapable de tenir en place, elle ne cessait de jeter des coups d'œil furtifs en direction de la table de Serpentard, ce qui rendait Ron encore plus grincheux et acariâtre avec Hermione, malgré les encouragements de Harry.
Furieuse contre l'attitude de son ami, elle se dirigea vers la tour de Gryffondor, pris ses affaires, et partit en direction de la salle de bain des préfets, au cinquième étage. Hermione passa devant la statue de Boris le Hagard, qui se trouvait à quelques portes de la salle de bain.
-Fraîcheur des pins, dit-elle et la porte s'ouvrit, laissant passer la jeune fille dans une grande salle recouverte de marbre blanc, avec en son centre, une immense baignoire de la taille d'une piscine.
Elle remarqua que le tableau représentant la Sirène était vide aujourd'hui. Après avoir jeté quelques sorts de protections, elle se dépêcha d'aller enfiler son maillot de bain dans le vestiaire destiné aux filles. Elle releva ses cheveux, laissant quelques mèches folles le long de son cou et enroula un essuie rouge et or autour de sa taille.
Elle décida d'attendre l'arrivée du Serpentard au bord de la piscine, ses pieds trempant dans l'eau chaude. La porte s'ouvrit, laissant apparaître Drago, un sac à la main. Il lui fit signe, avant de partir se changer dans les vestiaires destinés aux garçons. Quelques minutes plus tard, il arriva dans un maillot noir, en dessous d'un peignoir vert émeraude qui était ouvert, laissant apparaître son torse dévêtu.
Hermione se jeta à l'eau, invitant le jeune homme à venir la rejoindre, ce qu'il fit dans un moment d'hésitation. À peine eut-il le temps de déposer son peignoir sur une chaise longue, qu'Hermione poussa un cri d'exclamation.
-Qu'as-tu fais à ton bras ?
Il avait recouvert son avant-bras gauche d'un bandage.
-Oh ça, dit-il sur un ton qu'il voulu dégagé, je me suis foulé le bras en me battant avec Goyle tout à l'heure.
Il se glissa dans l'eau, rejoignant la jeune fille. Ils s'amusèrent à ouvrir une grande partie des robinets, faisant couler de l'eau et des bulles de bains variées. Ils jouèrent ainsi, quelque temps, se lançant de l'eau au visage, Drago poursuivant Hermione dans l'eau aux quatre coins de la grande baignoire. Il réussit à l'attraper par la taille, lui chatouillant le ventre, ce qui fit éclater de rire la jeune Gryffondor.
Elle lui agrippa le cou, avant de l'embrasser tendrement, ses lèvres humides contre les siennes. Il lui rendit passionnément son baiser, en la soulevant contre lui, les jambes d'Hermione agrippant sa taille. Il leur semblait impossible de se détacher l'un de l'autre, savourant tout deux ce moment de passion intense.
Après quelques minutes, Drago la relâcha délicatement dans l'eau. Ils nagèrent ensemble sur plusieurs mètres, en discutant de tout et de rien. Il l'interrogea longuement sur la vie qu'elle menait auprès de ses parents, leurs voyages qu'ils avaient vécus ensemble et bien d'autres choses.
-Si on m'avait dit un jour que Drago Malefoy s'intéresserait au monde des moldus, gloussa-t-elle en lui lançant de la mousse au visage.
-Comme quoi, il n'y a que les Cracmols qui ne changent pas d'avis, Granger. Dit-il avec un sourire aux lèvres, lui répondant par le même geste. Il la trouvait craquante, les cheveux pleins de mousse.
-Je ne vais pas tarder, je pense, lança la jeune fille, estimant qu'ils étaient dans la salle de bain depuis plus de deux heures. Harry et Ron vont se demander où je suis passée tout ce temps.
-D'accord, répondit-il en se dirigeant dans une nage parfaite vers le bord du bassin.
Il se releva au bord de la piscine, s'appuyant sur ses deux bras qui faisant apparaître les muscles tracé de ses biceps.
Elle fit de même, mais elle était intriguée par ce qu'elle venait de voir. Comment Drago pouvait-il s'appuyer sur son bras gauche alors qu'il prétendait être foulé…
-Ne me prends pas pour une idiote, dit-elle en se couvrant l'essuie sur son dos, tu n'as absolument rien au bras ! Sans qu'il n'eut le temps de réagir, elle lui saisit l'avant-bras gauche, et enleva son bandage.
Poussant un cri suraigu, elle lâcha son bras, comme si celui-ci était brûlant. Avec une expression d'horreur inscrite sur le visage, elle regarda son bras, puis Malefoy qui la regardait, ses yeux se remplissant de larmes.
La marque des Ténèbres était tatouée sur le bras du jeune Serpentard. Noire, représentant la forme d'un crâne avec un serpent qui lui sort de la bouche, ce signe ramena Hermione dans une réalité qu'elle s'était forcée de nier.
Harry avait raison. Telle fut sa première pensée. Elle eut l'impression que le monde s'écroulait sous ses pieds, qu'elle venait de perdre le garçon qu'elle aimait depuis des semaines. Les larmes commençaient à lui monter aux yeux, elle s'éloigna de lui, comme si elle avait peur d'être contaminée par ce virus, tel un poison qui coule dans les veines.
-C'est impossible, réussit-elle à articuler. Je ne peux pas y croire, dit-elle en clignant des yeux, des larmes coulant à son tour. Comment as-tu pu faire ça ?! COMMENT AS-TU PU ME CACHER CA ?! Hurla-t-elle hystérique.
-Hermione, répondit-il d'un ton suppliant, écoute-moi je t'en prie !
-Non… ce que tu as fait est… inacceptable pour moi… elle arrivait difficilement à arrêter ses larmes. Je ne pourrais pas…
-JE N AVAIS PAS LE CHOIX HERMIONE! cria Malefoy, sa voix raisonnant dans toute la salle. Il va tuer mes parents ! Il va me tuer !
Lui aussi pleurait de plus en plus à présent, ses larmes se mêlant à l'eau qui coulait de ses cheveux mouillés. Je t'en prie… ne me quitte pas…
Il lui lança un regard suppliant à travers les larmes qui remplissaient ses yeux incroyablement gris. Hypnotisée par son regard, Hermione eut du mal à résister. Mais son cœur était trop blessé, comme s'il lui avait enfoncé une épée à l'intérieur.
-Je… je suis désolée Drago… il faut que je parte… il faut que je réfléchisse à tout ça !
Drago essaya de se rapprocher de la Gryffondor, mais celle-ci recula aussitôt.
-Non ! Reste loin de moi, ne m'approche plus jamais !
Elle quitta en précipitation la salle de bain, ses habits lui collant au corps, car elle s'était rapidement habillée, fuyant Drago le plus loin possible. Ce n'est que lorsqu'elle fut arrivée à son dortoir, qu'Hermione lâcha enfin toutes les larmes de son corps, la tête enfouie dans son coussin. Elle se sentait trahie, blessée, brisée et même salie par lui. Comment avait-elle été aussi aveugle alors que depuis le début, c'était évident. Harry lui, avait raison. Elle était dégoûtée à l'idée de lui avoir accordé sa confiance à la place de son ami.
Elle fit semblant de dormir dès qu'elle entendit le bruit de la porte s'ouvrir, laissant entrer Parvati et Lavande. Les heures lui semblèrent longues…
Le lendemain matin, le petit déjeuner se déroula dans l'habituelle excitation des jours de match. Les Serpentards sifflèrent et conspuèrent à grand bruit l'équipe de Gryffondor à son entrée dans la Grande Salle dont le ciel bleu clair annonçait une belle journée ensoleillée. Épuisée, les yeux séchés, elle avançait en direction de ses amis qui prenaient leur petit déjeuner. Elle regarda rapidement la table des Serpentard, et ne fut pas surprise de constater que Drago n'était pas là.
-Comment vous vous sentez, tous les deux ? demanda-t-elle timidement, en fixant la nuque de Ron.
-Très bien, assura Harry, occupé à tendre à Ron un verre de jus de citrouille. Tiens, Ron, bois.
Celui-ci venait de porter le verre à ses lèvres lorsque Hermione lança brusquement :
- Ne bois pas ça !
Harry et Ron levèrent les yeux vers elle.
- Et pourquoi pas ? S'étonna Ron.
Hermione regardait à présent Harry comme si elle n'en croyait pas ses yeux.
-Tu viens de mettre quelque chose dans ce verre.
-Pardon ? dit Harry.
- Tu as très bien entendu. Je t'ai vu. Tu as versé un liquide dans le verre de Ron. Tu as encore la bouteille dans ta main droite !
-Je ne sais pas de quoi tu parles, répliqua Harry, glissant en hâte le flacon dans sa poche.
- Ron, je te préviens, ne bois pas ça ! répéta Hermione, alarmée, mais Ron prit son verre et le vida d'un trait.
- Arrête de me donner des ordres, Hermione, dit-il.
Elle parut scandalisée. Se penchant vers Harry pour que personne d'autre ne l'entende, elle chuchota à son oreille :
- Tu pourrais être renvoyé pour ça. Je ne t'aurais jamais cru capable d'une chose pareille, Harry !
-Écoutez-moi l'experte ! répondit-il dans un murmure. Tu n'as pas jeté d'autres sortilèges de Confusion ces temps derniers ?
D'un pas furieux, elle s'éloigna le long de la table et parti en direction du stade de Quidditch sans manger. Tout au long du chemin qui menait au stade, elle ne cessait de fulminer contre Ron et Harry… s'efforçant de ne plus penser à Drago, ni à l'image de la marque des Ténèbres dessinée sur son bras… cette image qui ne cessait de la hanter depuis la veille.
Elle trouva une place près de Neville et Luna, qui était coiffée de son habituel chapeau en forme de lion. Tous deux discutant joyeusement du match qui allait se dérouler dans quelques instants. Le regard perdu dans le vide, elle sursauta au tumulte d'acclamations et de huées qui provenait de la foule, à la vue des joueurs de l'équipe. Elle aperçut Ron qui grimpait sur son balai pour se diriger vers les buts. Harry s'approcha de Madame Bibine, l'arbitre, qui se tenait prête à libérer les balles de leur boîte.
- Les capitaines, serrez-vous la main, dit-elle, et Harry se fit écraser la sienne par Urquhart, le nouveau capitaine des Serpentard. Enfourchez vos balais. À mon coup de sifflet… trois… deux… un…
Le sifflet retentit. Harry et les autres joueurs décollèrent en flèche du sol gelé et s'élevèrent dans les airs. A ce moment, la voix de Zacharias Smith s'éleva dans le stade, commençant les commentaires du match.
- Voilà, c'est parti, et je crois que nous sommes tous très surpris de voir l'équipe que Potter a constituée cette année. Étant donné les performances très inégales de Ronald Weasley à son poste de gardien l'année dernière, beaucoup pensaient qu'il ne ferait peut-être plus partie de l'équipe, mais bien sûr, des liens d'amitié très étroits avec le capitaine peuvent arranger bien des choses…
Cette remarque fut accueillie par des huées et des applaudissements du côté des Serpentard.
-Ah, et voici la première attaque de Serpentard, reprit-il c'est Urquhart qui fonce vers les buts et… Weasley bloque le tir. Il a parfois de la chance, j'imagine…
Se mordant les lèvres, Hermione pensa directement à la potion versée par Harry. Qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête ?!
Après une demi-heure de jeu, Gryffondor menait par soixante points à zéro. Ron avait réalisé quelques arrêts spectaculaires, bloquant parfois le tir d'extrême justesse, du bout de ses gants, et Ginny avait marqué quatre des six buts de Gryffondor. Zacharias dut cesser de se demander à haute voix si les deux Weasley n'étaient là qu'en raison de leurs liens d'amitié avec Harry et il s'en prit plutôt à Peakes et à Coote :
-Bien sûr, Coote n'a pas vraiment la carrure qu'on attend d'un batteur, dit Zacharias d'un ton hautain, généralement, ils ont un peu plus de muscles…
Mais en réponse à ce commentaire, Coote envoya un coup de cognard à Harper, l'attrapeur des Serpentard, qui croisait Harry en sens inverse.
Les Gryffondor ne rataient jamais leur coup. Ils marquaient, marquaient inlassablement, et à l'autre bout du terrain, tout aussi inlassable, Ron arrêtait les tirs avec une apparente facilité. Il souriait à présent et quand la foule, après un blocage particulièrement remarquable, l'acclama en chantant le bon vieux refrain Weasley est notre roi, il fit des gestes de chef d'orchestre, comme s'il dirigeait le chœur de là-haut. Hermione suivit Harry des yeux, qui de toute évidence n'avait pas encore aperçu le vif d'or. Les Gryffondor poussèrent un cri d'indignation lorsque leur capitaine de l'équipe fut poussé délibérément de son balai par Harper. Quelques secondes plus tard, Zacharias annonça :
-Je crois que Harper, de Serpentard, a repéré le Vif d'or, annonça Zacharias Smith dans son mégaphone. Oui, il a sûrement vu quelque chose qui a échappé à Potter !
Mais Harper n'avait pas foncé sur Harry par hasard, il avait aperçu le Vif d'or loin au-dessus d'eux, étincelant dans le ciel bleu et clair. Harry accéléra, mais Harper était toujours devant lui et Gryffondor ne menait que de cent points.
Si Harper se montrait plus rapide, Gryffondor perdait le match… À présent, Harper n'était plus qu'à un ou deux mètres du Vif d'or, la main tendue…
Harry arriva à sa hauteur, provocant un moment d'hésitation chez le joueur. Avec un large mouvement du bras, Harry parvint alors à saisir la minuscule balle qui volait devant lui.
-OUAIS ! hurla-t-il.
Il exécuta un demi-tour et redescendit en piqué, levant la main qui tenait le Vif d'or. Lorsque la foule comprit ce qui venait de se passer, une immense clameur s'éleva dans le stade, couvrant le bruit du sifflet qui signalait la fin du match.
Criant de joie, les supporteurs de Gryffondor sautillaient tous sur place, brandissant les drapeaux de leur maison. Sur le ton de la fête, Seamus annonça en criant :
-Soirée dans la Salle commune ce soir !
Décidant de descendre vers les vestiaires pour rejoindre Harry et Ron, Hermione se dégagea péniblement de la foule qui commençait à sortir du stade.
Ron et Harry étaient restés les derniers dans les vestiaires. Mal à l'aise, elle tortillait son écharpe de Gryffondor entre ses mains, déterminée à leur parler.
- J'ai un mot à te dire, Harry.
Elle prit une profonde inspiration.
- Tu n'aurais pas dû faire ça. Tu as entendu Slughorn, c'est illégal.
-Qu'est-ce que tu as en tête, tu veux nous dénoncer ? demanda Ron.
- De quoi vous parlez, tous les deux ? S'étonna Harry qui se retourna à la fois pour accrocher sa robe et leur cacher son sourire.
- Tu sais très bien de quoi on parle ! répliqua Hermione d'une voix perçante. Ce matin, au petit déjeuner, tu as ajouté au jus de citrouille de Ron une dose de Felix Felicis ! La potion qui porte chance !
-Non, ce n'est pas vrai, protesta Harry en se tournant à nouveau vers eux.
- Si, c'est vrai, Harry, et c'est pour ça que tout s'est bien passé, certains joueurs de Serpentard n'étaient pas là et Ron a arrêté tous les tirs !
-Je ne l'ai pas versée ! affirma Harry avec un grand sourire.
Il sortit de sa poche le minuscule flacon qu'Hermione l'avait vu tenir dans sa main le matin même. Il était rempli de potion dorée et le bouchon était toujours solidement fixé par de la cire.
-Je voulais que Ron ait l'impression que j'en avais mis dans son verre, j'ai donc fait semblant en sachant que tu me voyais.
Il regarda Ron.
- Tu as bien joué parce que tu croyais que tu avais de la chance. Mais en réalité, tu as tout fait toi-même.
Il remit la potion dans sa poche.
-Il n'y avait rien dans mon jus de citrouille ? dit Ron, stupéfait. Mais le beau temps… Et Vaisey qui n'a pas pu jouer… Alors, vraiment, je n'ai pas bu la potion de chance ?
Harry confirma d'un signe de tête. Ron, bouche bée, le contempla un instant puis il se tourna vers Hermione et imita sa voix :
- Tu as ajouté du Felix Felicis dans le jus de citrouille de Ron, ce matin, c'est pour ça qu'il a arrêté tous les tirs ! Tu vois, Hermione, je peux défendre mes buts sans aucune aide !
-Je n'ai jamais prétendu que tu ne le pouvais pas. Toi aussi, tu croyais avoir bu la potion !
Mais Ron était déjà passé devant elle et sortait des vestiaires son balai sur l'épaule.
- Heu…, dit Harry dans un silence soudain.
Apparemment, il ne s'était pas attendu à ce que son plan ait cet effet-là.
-On… on va à la fête ? proposa-t-il.
-Vas-y sans moi, répondit Hermione en clignant des yeux pour refouler ses larmes. J'en ai assez de Ron pour le moment, je ne sais pas ce que je lui ai fait…
Et à son tour, elle sortit en trombe des vestiaires.
Elle n'arrivait plus à en supporter davantage. Sa situation avec Malefoy, ce secret trop lourds à porter et maintenant le comportement de Ron à son égard. Elle arriva devant le portrait de la Grosse Dame, et entra dans sa Salle commune dont la fête battait son plein. Elle chercha à éviter la foule, se faufilant entre les élèves qui fêtèrent la victoire de leur équipe. Elle vit Ginny, qui se promenait au loin avec Arnold le Boursouflet sur son épaule, et continua son chemin sans se faire voir.
Comme si elle avait reçu une claque au visage, Hermione aperçut Ron, à la vue de tous, enlacé Lavande Brown si étroitement qu'on n'arrivait plus très bien à distinguer leurs mains les unes des autres. Quelle hypocrisie… Révoltée, elle tourna les talons pour sortir de cette ambiance festive qui lui donnait mal au crâne.
Tout se mélangeait dans sa tête… elle était tellement déçue de son ami, de son comportement depuis ces derniers temps. Déçue de la trahison de Drago, déçue d'elle-même de lui avoir fait confiance… de l'aimer.
Elle entra précipitamment dans une salle de cours vide, celle où elle avait l'habitude de rejoindre Drago après les cours, pensa-t-elle le cœur serré.
Elle s'assit sur le même bureau du professeur, au fond de la classe, tout en fixant la porte d'entrée, comme si Drago allait arriver instantanément. Cette pièce débordait de souvenirs trop douloureux pour elle. Le silence qui y régnait était trop pensant. Elle prit sa baguette, et fit apparaître un petit cercle d'oiseaux jaunes qui volaient en gazouillant au-dessus de sa tête quand une voix l'appela. Drago ! pensa-t-elle directement. Mais ce n'était pas lui.
-Oh, c'est toi, Harry, dit-elle d'une petite voix crispée. J'étais justement en train de m'entraîner.
- Ah, oui… Ils sont… heu… très beaux…, répondit Harry.
Hermione était touchée que son ami soit près d'elle, se souciant de ce qu'elle ressentait.
-Ron semble bien s'amuser, lança-t-elle d'une petite voix aiguë qui ne lui était pas naturelle.
-Heu… Ah bon ?
- N'essaye pas de me faire croire que tu ne l'as pas vu, répliqua Hermione. On ne peut pas prétendre qu'il ait vraiment cherché à se cacher, tu ne…
Derrière eux, la porte s'ouvrit brusquement. Ron entra dans la salle, hilare, et tenait Lavande par la main et l'entraînait avec lui.
- Oh, dit-il, s'immobilisant devant Harry et Hermione.
- Oups ! s'exclama Lavande qui sortit de la salle à reculons en pouffant de rire.
La porte se referma sur elle. Un terrible silence s'installa, enfla, s'épaissit. Hermione fixait Ron qui refusa de la regarder et lança à Harry dans un mélange de bravade et de maladresse :
-Salut, Harry ! Je me demandais où tu étais passé !
Hermione se laissa glisser du bureau. Les oiseaux d'un jaune doré continuaient de gazouiller en volant autour de sa tête, comme de petites boules de plumes qui lui donnaient l'air d'une étrange représentation du système solaire.
-Tu ne devrais pas faire attendre Lavande dans le couloir, dit-elle à voix basse. Elle va se demander où tu es parti.
Hermione sentait la colère bouillonner au creux de son estomac, elle voulut lui crier à quel point il l'avait blessée ces derniers jours ! Qu'il ne réagissait pas comme un ami ! Elle pensa aussi à la conversation qu'elle avait eue avec Ginny. Était-ce pour cette raison qu'il se comportait de la sorte ?
Elle s'avança très lentement vers la porte, la tête bien droite. Tournant sur ses talons, elle brandit sa baguette sur Ron. Avec une expression de férocité sur son visage, elle se rappela tous ces moments où il l'avait blessée. Lui, son ami.
-Oppugno!
L'incantation proférée d'une voix perçante avait retenti derrière Harry et Ron. Telle une grêle de projectiles dorés, les oiseaux foncèrent alors droit sur Ron qui laissa échapper un petit cri et se protégea le visage de ses mains ; mais les volatiles l'attaquèrent, piquant de leur bec et griffant de leurs pattes chaque centimètre carré de peau qu'ils pouvaient atteindre.
-Enlèvmoiça ! hurla-t-il, mais avec un dernier regard de fureur vengeresse, Hermione ouvrit brutalement la porte et disparut dans le couloir, laissant échapper un sanglot.
