Chapitre 17 : surprise d'anniversaire
Février s'approcha de mars sans que le temps change, sauf que le vent s'ajouta à la pluie. Accueilli dans une indignation générale, un avis apparut sur les tableaux d'affichage de toutes les salles communes pour annoncer que la prochaine sortie à Pré-au-Lard avait été annulée.
Cela n'avait rien d'étonnant, pensa Hermione, Katie n'étant toujours pas revenue de Ste Mangouste depuis son accident. À côté de l'annonce figurait une affiche rappelant une quatrième séance de leçon de transplanage. Hermione poussa un soupir à la perspective de cette prochaine leçon qu'elle trouvait ennuyeuse et frustrante. Elle n'était pas la seule à éprouver ce sentiment. Au bout de la troisième leçon, le transplanage se révéla aussi difficile qu'au début, même si quelques autres élèves avaient réussi à se désartibuler. Le mécontentement était général et on commençait à éprouver une certaine animosité à l'égard de Wilkie Tycross et de ses trois D, ce qui lui avait valu divers surnoms dont les plus aimables étaient Dent-de-gargouille et Demi-potion.
Lorsqu'elle vit la date affichée, elle se rappela que c'était le jour de l'anniversaire de Ron. Une boule au creux du ventre, Hermione se demanda si elle devait offrir un cadeau à son ami, en signe de paix. Estimant qu'elle avait encore le temps d'y réfléchir, elle prit ses affaires et partis à son prochain cours.
Le matin du premier mars, Hermione se hâta de se lever pour réceptionner le cadeau d'anniversaire qu'elle s'était finalement décidée à acheter pour Ron. Elle avait eu l'idée de lui offrir une nouvelle écharpe orange vive, représentant les couleurs de son équipe de Quidditch préféré, Les Canons de Chudley. Elle espérait que ce cadeau réveille son côté sensible qui semble profondément enfoui, et avec un peu de chance, elle obtiendrait quelques excuses de sa part.
Elle s'habilla rapidement pour ne pas manquer le hibou qui devait apporter l'écharpe le matin même. Elle s'apprêtait à sortir du dortoir lorsqu'elle vit Lavande fondre en larme dans les bras de Parvati.
-Qu'est-ce qu'il lui arrive ? Demanda froidement Hermione à Parvati.
-Ron l'a complètement rejetée alors qu'elle voulait lui offrir son cadeau d'anniversaire ! Répondit Parvati sur un ton accusateur, comme si Hermione y était pour quelque chose.
Lavande sanglota de plus belle avant de reprendre la conversation :
-Il m'a dit qu'Harry allait le présenter à..à Ro..milda Vane ! Cria-t-elle d'un ton hystérique.
-Quoi ? Mais c'est impossible ! Tu es sûre d'avoir bien compris ?
Les deux amis lui lancèrent un regard noir avant de sortir du dortoir. Indifférente à leur attitude, Hermione descendit déjeuner et rejoignit Ginny dans la Grande Salle. Celle-ci mangeait seule, Dean discutant avec Seamus un peu plus loin.
-Tu ne déjeunes pas avec Dean ? lui demanda son amie, en prenant une assiette d'œufs brouillés.
-Non, il préfère la compagnie de son ami visiblement, répondit Ginny d'un ton glacial.
-Heu… tout va bien entre vous deux ?
-Pour être franche, je commence à en avoir marre, fit-elle. J'ai l'impression que nous ne sommes plus du tout sur la même longueur d'onde. Et puis… il y a…
-Il y a Harry, continua Hermione un sourire au coin des lèvres. En parlant d'Harry, tu ne devineras jamais ce que Lavande vient de me raconter !
Elle lui raconta les propos tenus par Lavande et Parvati dans la salle commune.
-Etrange, tu ne trouves pas ? Demanda Hermione lorsqu'elle eu fini.
-Pourquoi Harry voudrait présenter Ron à Romilda Vane ?
-Aucune idée, mais tu aurais du voir la tête de Lav-Lav, ricana Hermione d'un rire qui ne lui ressemblait pas.
-On dirait que Malefoy déteint sur toi, observa Ginny.
Hermione s'arrêta de rire aussitôt, la mine maussade.
-Ca ne risque pas, on ne se voit plus du tout.
-Ah, et comment le prend-il ?
-Nous sommes tout les deux d'accord à ce sujet.
Instinctivement, elle regarda à la table des Serpentard. A son étonnement, il était en train de déjeuner en compagnie de Crabbe, Goyle et Pansy Parkinson qui ne manquait pas de lui toucher le bras à plusieurs reprises, ce qui irrita Hermione. Ginny se retourna et remarqua la scène.
-Apparemment, tu n'arrives pas à décrocher, reprit Ginny devant l'air irrité de son amie.
Hermione s'abstient de répondre, un hibou provenant de la boutique de Quidditch venait d'atterrir sur la table de déjeuner, un paquet à la patte.
-C'est le cadeau d'anniversaire de Ron, dit-elle devant le regard interrogateur de Ginny.
-C'est gentil de ta part Hermione.
-J'espère que les choses…iront mieux. Je vais aller à la bibliothèque avant la leçon de transplanage. A tout à l'heure, dit-elle en se levant de la table.
Elle se dirigea vers la grande porte de la salle, en prenant soin de ne pas regarder la table des Serpentard. Mais au dernier moment, elle jeta un dernier coup d'œil vers Malefoy qui croisa son regard, avant de détourner la tête vers Pansy qui lui parlait.
Elle empruntait les escaliers du Hall d'entrée lorsqu'elle entendit la voix du professeur McGonagall l'appelée :
-Miss Granger ! Il faut absolument que vous vous rendiez à l'infirmerie ! Il est arrivé un accident à Mr Weasley !
Elle affichait une mine grave, ce qui inquiéta aussitôt la Gryffondor.
-Que s'est-il passé professeur ?
-Mr Potter vous expliquera lui-même les détails, mais ne vous en faites pas Mr Weasley est hors de danger. Je tiens seulement à vous signaler qu'il a évité le pire.
Elle partit en direction de la Grande Salle, et disparut lorsque les portes se refermèrent derrière elle. Hermione resta quelques secondes debout dans les escaliers, avant de courir vers l'infirmerie.
Elle trouva Harry à la porte de l'infirmerie, et exigea de savoir ce qu'il s'était passé. Une minute plus tard, ils furent rejoints par Ginny qui prit des nouvelles auprès de Harry. Celui-ci expliqua aux deux jeunes filles que Ron a été victime d'un empoisonnement dans le bureau de Slughorn. Apparemment, il avait gardé plusieurs bouteilles d'hydromel vieilli en fût qui était destiné à Dumbledore. L'une de ces bouteilles contenait du poison que Ron avait ingurgité involontairement. Il fut sauvé grâce à un Bézoard qu'Harry lui avait fait avaler tout de suite après.
Ils passèrent la journée à attendre devant les doubles portes, essayant de regarder ce qui se passait à l'intérieur chaque fois que quelqu'un entrait ou sortait.
Madame Pomfresh ne les avait laissés voir Ron qu'à huit heures du soir. Ils furent rejoints par Fred et George qui étaient arrivés un peu après vers dix heures.
Dans l'infirmerie silencieuse, les rideaux étaient tirés devant les fenêtres, les lampes allumées. Le lit de Ron était le seul à être occupé, Harry, Hermione, Ginny, Fred et George étaient assis à son chevet.
-Donc, tout bien considéré, on ne peut pas dire que ce soit l'un des meilleurs anniversaires de Ron ? résuma Fred.
-Ce n'était pas vraiment comme ça qu'on avait prévu de lui donner notre cadeau, dit George d'un air sombre.
Il posa un gros paquet sur la petite armoire, à la tête de son lit, et s'assit à côté de Ginny.
-Oui, quand on imaginait la scène, il était conscient, dit Fred.
-Nous pensions l'attendre à Pré-au-Lard pour lui faire la surprise… reprit George.
-Vous étiez à Pré-au-Lard ? demanda Ginny en levant la tête.
-On envisageait d'acheter la boutique de Zonko, expliqua Fred, d'un ton lugubre. Pour avoir une filiale à Pré-au-Lard, tu comprends, mais à quoi ça peut bien servir si on ne vous laisse plus sortir le week-end pour acheter notre marchandise… Enfin, peu importe, maintenant.
Il approcha une chaise de Harry et contempla le visage livide de Ron.
-Qu'est-ce qui s'est passé, exactement, Harry ?
Harry répéta l'histoire tout comme il l'avait déjà racontée à Dumbledore, à McGonagall, à Madame Pomfresh, à Hermione et à Ginny.
-… alors, je lui ai enfoncé le bézoard dans la gorge et il a pu respirer un peu mieux, Slughorn est allé chercher du secours, McGonagall et Madame Pomfresh sont arrivées et elles ont amené Ron ici. Elles pensent qu'il ira bientôt mieux. Madame Pomfresh dit qu'il devra rester environ une semaine à l'infirmerie… en continuant à prendre de l'essence de Ruta…
-C'est une chance que tu aies pensé au bézoard, dit George à voix basse.
-Une chance qu'il y en ait eu un dans la pièce, remarqua Harry en tremblant de tous ses membres.
Hermione renifla presque imperceptiblement. Elle avait gardé un silence inhabituel tout au long de la journée. Durant des heures, elle n'avait cessé de se demander si l'incident était en rapport avec la mission secrète de Drago.
Du plus profond d'elle-même, elle espérait que non, mais elle éprouvait un horrible pressentiment qui lui disait le contraire. Elle trouvait les deux attentats similaires sur plusieurs points. Ce ne pouvait être que du même auteur, pensa-t-elle. Pourtant, Drago était en retenue ce jour-là, lui souffla une petite voix timide au fond d'elle-même. Néanmoins, le Serpentard peut avoir des complices à Pré-au-lard, répondit aussitôt une voix semblable à celle de Harry.
Devait-elle parler de ses soupçons à Dumbledore, comme lui avait suggéré Ginny depuis des mois ? Qu'arriverait-il à Drago s'il était mêlé à toutes ces histoires ? Et que lui arriverait-il à elle, si quelqu'un apprenait qu'elle était au courant de sa mission depuis le premier trimestre ?
Elle avait la nausée en imaginant la réaction de ses amis si sa relation avec Drago éclatait au grand jour. Toute la journée, elle avait ruminé ces questions en elle, ne participant pas à la conversation entre Harry et Ginny qui se demandaient comment Ron avait bien pu être empoisonné. Elle s'était contentée de rester à côté d'eux, les dents serrées, l'air effaré, jusqu'à ce qu'on les autorise enfin à entrer.
-Est-ce que papa et maman sont au courant ? demanda Fred à Ginny.
-Ils l'ont déjà vu, ils sont arrivés il y a une heure. Pour le moment, ils sont dans le bureau de Dumbledore mais ils vont revenir bientôt.
Il y eut un silence pendant lequel ils regardèrent Ron émettre un grognement dans son sommeil.
-Donc, le poison était dans son verre ? dit Fred à voix basse.
-Oui, répondit Harry. Slughorn l'avait rempli…
-Crois-tu qu'il aurait pu glisser quelque chose dans le verre sans que tu le voies ?
-Sans doute, admit Harry. Mais pourquoi aurait-il voulu empoisonner Ron ?
-Aucune idée, dit Fred, les sourcils froncés. Tu ne crois pas qu'il aurait pu se tromper de verre ? En essayant de t'empoisonner toi ?
-Pourquoi Slughorn voudrait-il empoisonner Harry ? s'étonna Ginny.
-Je ne sais pas, répondit Fred, mais il doit y avoir plein de gens qui ont envie de l'empoisonner, non ? Avec cette histoire d'Élu et tout ça ?
-Alors, tu crois que Slughorn est un Mangemort ? demanda Ginny.
-Tout est possible, déclara Fred d'un air sinistre.
-Il a peut-être été soumis au sortilège de l'Imperium, suggéra George.
- Ou peut-être qu'il est innocent, dit Ginny. Le poison pouvait très bien se trouver dans la bouteille, auquel cas, c'était Slughorn lui-même qui était visé.
-Qui aurait envie de le tuer ?
-Dumbledore pense que Voldemort voulait Slughorn dans son camp, expliqua Harry. Il s'est caché pendant un an avant de venir à Poudlard. Et…peut-être que Voldemort veut l'écarter de son chemin parce qu'il croit qu'il pourrait être utile à Dumbledore.
-Mais tu as dit que Slughorn avait l'intention d'offrir cette bouteille à Dumbledore pour Noël, lui rappela Ginny. Donc, l'empoisonneur pouvait tout aussi bien viser Dumbledore.
- Dans ce cas, il ne connaissait pas très bien Slughorn, intervint Hermione qui parlait pour la première fois depuis des heures.
Elle avait la voix de quelqu'un qui a attrapé un mauvais rhume.
-Quiconque connaît Slughorn aurait su qu'il y avait de bonnes chances qu'il garde pour lui quelque chose d'aussi délicieux.
- Er-my-nie, dit brusquement Ron d'une voix gutturale.
Tout le monde se tut en le regardant d'un air anxieux, mais après avoir marmonné quelques paroles incompréhensibles, il se mit simplement à ronfler.
Soudain, les portes de la salle s'ouvrirent à la volée en les faisant tous sursauter et Hagrid s'avança vers eux à grands pas, les cheveux tachetés de pluie, une arbalète à la main, son manteau en peau d'ours lui battant les jambes. Il laissait sur son passage des traces de boue de la taille d'un dauphin.
-Passé la journée dans la forêt ! dit-il d'une voix haletante. L'état d'Aragog empire, je lui ai fait la lecture. Je viens juste de rentrer dîner et le professeur Chourave m'a prévenu pour Ron. Comment va-t-il ?
-Pas mal, répondit Harry. Il devrait guérir bientôt.
-Pas plus de six visiteurs à la fois ! avertit Madame Pomfresh en surgissant de son bureau.
- Avec Hagrid, on est tout juste six, fit remarquer George.
-Ah… Oui…, admit Madame Pomfresh.
Apparemment, la taille immense de Hagrid lui avait donné l'impression qu'il représentait plusieurs personnes à lui tout seul. Pour masquer sa confusion, elle se hâta de nettoyer les traces de boue à l'aide de sa baguette.
-Je n'arrive pas à y croire, reprit Hagrid d'une voix rauque.
Il regardait Ron en hochant sa grosse tête hirsute.
-Je n'arrive vraiment pas à y croire… Regardez-le, allongé là… Qui aurait envie de lui faire du mal ?
-C'est justement de ça qu'on parlait, dit Harry. On n'en sait rien.
-Est-ce que quelqu'un aurait une dent contre l'équipe de Quidditch de Gryffondor ? interrogea Hagrid d'un ton angoissé. D'abord Katie, maintenant Ron…
-Je ne vois pas qui voudrait détruire une équipe de Quidditch, répondit George.
-Dubois aurait sûrement essayé avec celle de Serpentard s'il avait pu y arriver en toute impunité, assura Fred, dans un souci d'impartialité.
- À mon avis, il ne s'agit pas de Quidditch, mais je crois qu'il existe un lien entre les deux attaques, dit Hermione à voix basse.
-Qu'est-ce qui t'amène à penser ça ? demanda Fred.
-Eh bien, d'abord, elles auraient dû être fatales dans les deux cas. Or, elles ne l'ont pas été, même si c'est par simple chance. Ensuite, ni le poison, ni le collier ne semblent avoir atteint la personne à laquelle ils étaient destinés. Bien sûr, ajouta-t-elle d'un air grave, d'une certaine manière, ça rend le coupable encore plus dangereux car il ne paraît pas se soucier du nombre de gens qu'il risque d'abattre tant qu'il n'aura pas atteint sa victime désignée.
Elle ne savait toujours pas si elle pensait à Malefoy en exposant sa théorie, mais elle pesait avec inquiétude chaque mot qu'elle venait de prononcer. Avant que quiconque ait pu réagir à cet inquiétant exposé, les portes s'ouvrirent à nouveau et Mr et Mrs Weasley se précipitèrent dans la salle. Lors de leur visite précédente, ils s'étaient simplement assuré que Ron serait bientôt entièrement rétabli. Cette fois, Mrs Weasley prit Harry dans ses bras et le serra très fort contre elle.
-Dumbledore nous a raconté comment tu l'avais sauvé grâce au bézoard, sanglota-t-elle. Oh, Harry, je ne sais pas quoi te dire… Tu as sauvé Ginny… Tu as sauvé Arthur… Maintenant, tu sauves Ron…
-Oh, il ne faut pas… je n'ai…, marmonna Harry, mal à l'aise.
-Quand j'y pense, la moitié de notre famille te doit la vie, déclara Mr Weasley, la gorge serrée. Tout ce que je peux dire, c'est qu'on a eu de la chance le jour où Ron a décidé de s'asseoir pour la première fois dans ton compartiment du Poudlard Express, Harry.
Ils furent interrompus de cette émouvante étreinte par Madame Pomfresh qui venait leur rappeler qu'il ne devait pas y avoir plus de six visiteurs autour du lit de Ron. Hermione et Harry se levèrent aussitôt pour partir et Hagrid décida de les accompagner, laissant Ron en famille.
- C'est terrible, grommela Hagrid dans sa barbe tandis qu'ils retournaient vers l'escalier de marbre. Toutes ces nouvelles mesures de sécurité et les enfants qui sont quand même touchés… Dumbledore se fait un sang d'encre… Il ne dit pas grand-chose, mais je le sens bien…
- Il n'a pas une idée de ce qui se passe ? demanda désespérément Hermione, inquiète à l'idée que les soupçons de Dumbledore se portent sur Drago.
Des idées, il en a des centaines, j'imagine. Tu penses, un cerveau comme le sien ! répondit Hagrid avec une loyauté indéfectible. Mais il ne sait pas qui a envoyé ce collier ni qui a mis le poison dans cette bouteille, sinon, on aurait attrapé le coupable, non ? Ce qui m'inquiète, poursuivit-il à voix basse en jetant un regard par-dessus son épaule c'est de savoir combien de temps Poudlard pourra rester ouvert si les élèves se font attaquer. Ça va recommencer comme avec la Chambre des Secrets. Ce sera la panique, de plus en plus de parents enlèveront leurs enfants de l'école, et ensuite, le conseil d'administration…
Hagrid s'interrompit lorsque le fantôme d'une femme à la longue chevelure les croisa, flottant dans le vide d'un air serein, puis il reprit dans un murmure rauque :
- … le conseil d'administration voudra fermer l'école pour de bon.
- Quand même pas ? dit Hermione, effarée.
- Il faut se mettre à leur place, répondit Hagrid d'une voix accablée. C'est toujours un peu risqué d'envoyer un enfant à Poudlard, non ? On s'attend forcément à des accidents avec des centaines de jeunes sorciers enfermés ensemble, mais des tentatives de meurtre, c'est différent. Pas étonnant que Dumbledore soit en colère contre Ro…
Hagrid se figea sur place et une expression coupable qui leur était familière apparut sur ce que sa barbe noire et hirsute laissait voir de son visage.
-Quoi ? s'exclama Harry. Dumbledore est en colère contre Rogue ?
- Je n'ai jamais dit ça, répliqua Hagrid, trahi cependant par son air soudain paniqué. Vous avez vu l'heure ? Il est près de minuit, il faut que je…
-Hagrid, pourquoi Dumbledore est-il en colère contre Rogue ? interrogea Harry d'une voix forte.
- Chut ! dit Hagrid, qui paraissait à la fois inquiet et courroucé. Ne crie pas ces choses-là, Harry, tu veux que je perde mon travail ? Remarque, ça vous serait égal, je suppose, puisque vous avez laissé tomber les cours de soins aux créa…
-N'essayez pas de nous donner mauvaise conscience, ça ne marchera pas ! protesta Harry d'un ton tranchant. Qu'est-ce qui s'est passé avec Rogue ?
-Je ne sais pas, Harry, je n'aurais jamais dû être au courant ! Je… Je revenais de la forêt l'autre soir et je les ai entendus parler – ou plutôt se disputer. Je ne voulais pas attirer l'attention sur moi et donc je suis resté dans l'ombre en essayant de ne pas écouter, mais c'était… une discussion animée et j'avais du mal à ne pas entendre.
-Alors ? le pressa Harry tandis que Hagrid dansait maladroitement d'un pied sur l'autre.
- Alors… j'ai simplement entendu Rogue dire à Dumbledore qu'il avait un peu trop tendance à penser que tout allait de soi, mais que lui – Rogue – n'avait peut-être plus envie de le faire…
- Faire quoi ?
-Je ne sais pas, Harry. Apparemment, Rogue trouvait qu'il avait trop de travail, c'est tout – et Dumbledore a répondu d'un ton très sec qu'il avait accepté et que c'était comme ça. Il a été assez dur avec lui. Et puis, il a aussi parlé à Rogue d'une enquête qu'il devrait mener dans sa maison, à Serpentard. Eh bien, quoi, ça n'a rien d'étonnant ! ajouta précipitamment Hagrid en voyant Harry et Hermione échanger des regards éloquents. Il a demandé à tous les directeurs de maison de chercher ce qui avait pu se passer dans cette histoire de collier…
-Oui, mais Dumbledore ne s'est pas disputé avec eux, fit remarquer Harry.
-Écoute…
Hagrid tritura son arbalète d'un air gêné. Il y eut alors un craquement sonore et elle se cassa en deux.
-Je sais ce que tu penses de Rogue, Harry, et je ne veux pas que tu ailles imaginer des choses.
- Attention, dit Hermione d'un ton bref.
Ils se retournèrent juste à temps pour voir l'ombre d'Argus Rusard se dessiner sur le mur derrière eux, suivie de Rusard lui-même qui tourna le coin, le dos voûté, les bajoues frémissantes.
-Oho, lança-t-il de sa voix sifflante. Dans les couloirs à cette heure-ci ! Ça signifie une retenue !
-Non, pas de retenue, Rusard ! répondit sèchement Hagrid. Ils sont avec moi, non ?
- Et qu'est-ce que ça change ? demanda Rusard d'un ton odieux.
- Ça change que je suis un enseignant, espèce de Cracmol sournois ! répliqua Hagrid, en s'enflammant aussitôt.
Rusard se gonfla de fureur et on entendit soudain un sifflement. Miss Teigne venait d'arriver en catimini. Elle se faufila, sinueuse, entre les chevilles décharnées de son maître.
-Allez-y, dit Hagrid du coin des lèvres
Ils ne le firent pas répéter deux fois, Harry et Hermione filèrent aussitôt, Hagrid et Rusard haussant le ton derrière eux, dans des éclats de voix qui résonnèrent tout au long du couloir. Ils croisèrent Peeves près du passage qui menait à la tour de Gryffondor mais il ne s'intéressa pas à eux et fila joyeusement vers la source du tumulte, caquetant et hurlant :
Quand il y a d'la bagarr' quand ça chauffe au château
Appelez donc Peevy, il viendra illico !
La grosse dame sommeillait et ne fut pas très contente d'être réveillée, mais elle consentit malgré tout à pivoter d'un air grincheux pour les laisser entrer dans la salle commune vide et, fort heureusement, paisible. La nouvelle de ce qui était arrivé à Ron ne semblait pas encore connue. Évitant à tout prix une conversation sur Rogue et Malefoy, Hermione souhaita bonne nuit à Harry et monta se coucher, l'esprit troublé. Elle savait ne savait plus quoi penser de toute cette histoire. Et si c'était lui l'auteur de ces attentats, se demanda-t-elle inlassablement tout en se glissant dans ses draps. Dumbledore doit se douter de quelque chose, sinon pourquoi s'était-il disputé avec Rogue ?
A nouveau, elle ne réussit pas à ferme l'œil de la nuit. Alors qu'elle avait réussi enfin à s'endormir brièvement, elle eut un cauchemar dans lequel Ron l'accusait d'avoir versé du poison dans son jus de citrouille du matin. Elle pleurait en suppliant son ami que ce n'était pas sa faute, mais Ron qui était à présent accompagné de Ginny et Harry la pointait du doigt en la désignant de meurtrière. A nouveau, Hermione se réveilla en sursaut, la respiration haletante. Elle essaya vainement de se rendormir, mais trop de questions tourbillonnaient encore dans son esprit.
Le lendemain matin, Hermione se leva péniblement jusqu'à la salle de bain, et observa son reflet dans le miroir. Elle avait toujours une mine épouvantable, si pas pire. Ses traits étaient tirés et ses yeux soulignés de cernes. Elle essaya tant bien que mal d'arranger son aspect et descendit prendre son petit déjeuner avant de se rendre à l'infirmerie.
Harry était déjà au chevet de Ron, qui était toujours inconscient dans son lit.
-Comment va-t-il ? Demanda Hermione en s'asseyant à ses côtés.
-Toujours dans le même état qu'Hier. Madame Pomfresh dit qu'il ne devrait pas tarder à se réveiller, peut-être cette après-midi.
Il poussa un soupir et se tourna vers la fenêtre, le regard perdu.
-Je sais que c'est Malefoy, Hermione. Tous les événements concordent ! Rogue doit être au courant, seulement Dumbledore ne veut pas l'admettre. Mais je suis sûre qu'il...
-Harry ! coupa Hermione, lassée de son insistance. Dumbledore fait à confiance en Rogue, nous devrions faire de même ! Il ne veut pas que tu t'occupes des affaires de Malefoy, il veut que tu te procures le souvenir de Slughorn !
Elle était dégoûtée par son attitude envers Harry, car à dire vrai, elle savait que les soupçons d'Harry étaient fondés, bien qu'il n'ait aucune preuve concrète. C'était à cette idée qu'Hermione se raccrochait pour continuer à croire en Drago. Mais au fur et à mesure que le temps passait, sa confiance envers le Serpentard vacillait.
Malgré cela, elle tentait tout de même de dissuader son ami, pour le protéger lui et Drago. Elle regarda Ron, toujours inerte, un sentiment de culpabilité la submergea à nouveau. Et si Harry avait raison depuis le début ?
Elle sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle se leva et tourna le dos à Harry pour lui cacher sa peine, feignant de regarder le parc.
-Je sais Hermione, répondit son ami, mais je n'ai pas la moindre idée de comment m'y prendre, avoua-t-il.
Ils restèrent plusieurs heures au chevet de Ron, attendant son réveil. Ce n'est qu'en début d'après-midi que leur ami remua enfin. Mais il restait encore très affaibli. En début de soirée, ils furent chassés par Madame Pomfresh qui exigea à Harry et Hermione d'aller manger un bout au dîner.
Ils rejoignirent les autres élèves de Gryffondor à leur table respective, s'attendant à être assiégés de question sur l'empoissonnement de Ron. Mais celle-ci ne causa pas la même sensation que l'agression contre Katie. On pensait généralement qu'il pouvait s'agir d'un accident, étant donné qu'il se trouvait à ce moment-là dans le bureau du maître des potions et que, ayant tout de suite absorbé un antidote, rien de grave ne s'était passé. En fait, les Gryffondor étaient beaucoup plus intéressés par le prochain match contre Poufsouffle. Nombre d'entre eux voulaient voir Zacharias Smith, un des poursuiveurs de l'équipe adverse, subir la défaite cuisante qu'il méritait pour son commentaire lors du match d'ouverture contre Serpentard.
Alors qu'ils étaient sur le point t'entamer leur dessert, Hermione aperçut MacLaggen qui se dirigeait vers elle. Affolée, elle laissa tomber sa fourchette pour se cacher sous la table quand elle vit le Gryffondor se tourner vers Harry.
-Potter, j'ai deux mots à te dire concernant nos prochaines séances d'entraînement.
Lassé, Harry lui prêta à peine attention quand il répondit :
-Je n'ai pas encore défini de date, MacLaggen.
Hermione se leva, évitant ainsi l'éternel sujet du moment : le Quidditch. Comme à son habitude, elle jeta un coup d'œil vers la table des Serpentards. Drago n'était pas là. Crabbe et Goyle non plus d'ailleurs. Elle croisa le regard de Zabini qui reporta aussitôt ses yeux sur le pudding qu'il était en train de manger.
Elle quitta la Grande Salle et s'apprêta à prendre les escaliers en direction de la tour de Gryffondor lorsqu'elle vit une tête blonde passer par la Grande porte, avant de disparaître dans le parc.
Que faisait Drago à cette heure tardive dans le parc ? Il était plus de cinq heures du soir, et le couvre-feu n'allait pas tarder à arriver. Intriguée, Hermione hésita à le suivre, se rappelant son altercation avec ce dernier dans les toilettes des filles. Mais la situation était différente à présent. Elle désirait surtout lui parler de l'empoissonnement de Ron.
Hermione sortit du château et traversa le parc sous une pluie battante qui couvrait le crépuscule. La Gryffondor se hâte d'emboîter le pas à Drago qui était à mi-chemin de la volière. Elle baissa la tête, le vent glacial lui fouettant le visage.
Pour quelle raison Drago se rendait à la volière à une heure si tardive, alors que tous les autres élèves dînaient à la Grande Salle ? D'habitude, il envoyait son courrier par l'intermédiaire de son hibou grand-duc. Alors, pourquoi emprunter un hibou de l'école ? Peut-être voulait-il être discret sur sa correspondance et ne pas attirer les soupçons des autres élèves…
Hermione était trempée de la tête au pied quand elle arriva à la volière. Elle était en train d'ouvrir la porte quand elle fut saisie violemment contre le mur du pavillon. Drago se tenait devant elle, lui tenant fermement la gorge, sa baguette levée à la main. Son visage était à quelques centimètres du sien, elle vit dégouliner les gouttes de pluies qui tombaient de ses cheveux blonds sur son visage.
Lorsqu'il reconnut Hermione, il baissa aussitôt sa baguette et lâcha son emprise, la mine déconcertée.
-Désolée Granger, balbutia-t-il, je croyais que c'était Po... enfin peut importe.
-Et comment aurais-tu réagi si c'était Harry ? demanda froidement Hermione.
-Il aurait compris qu'il devait arrêter de se mêler de mes affaires !
Quelques hiboux hululèrent en signe de protestation, mais Drago n'y prêta pas attention.
-Je croyais qu'on ne devait plus se voir, fit-il en regardant Hermione, pourquoi tu m'as suivi ?
-Je voulais te parler de l'empoissonnement de Ron, dit Hermione sans détour.
-Et alors, en quoi Weasley me concerne ?
-J'ai l'impression que ta… mission n'est pas sans rapport avec ça.
-Qu'est-ce qui te fait penser ça ?!
-C'est simplement… un pressentiment.
-Je t'ai déjà dit de ne pas te mêler de tout ça Hermione.
-Je ne suis pas la seule à avoir des soupçons !
-Je sais, Potter me suis à la trace !
-Il n'y a pas que lui, Drago ! Dumbledore se méfie d'un élève chez les Serpentard, et je suis prête à parier que…
-Comment tu sais ça ? Dit-il, effrayé.
-Cela n'a pas d'importance … alors tu n'essayes même pas de nier que tu es responsable de son empoissonnement ! S'indigna Hermione, la voix aiguë.
-Ce n'est pas de ma faute si Weasley à failli mourir ! Et puis, Potter l'a sauvé non ? Encore une chose à ajouter sur sa liste du parfait petit Élu ! Cracha Malefoy, le regard rempli de haine.
Hermione s'immobilisa devant Malefoy, elle crut reconnaître la même expression de supériorité et de dégoût sur son visage que celle qu'il affichait les années précédentes. Elle avait l'impression de revoir l'ancien Malefoy.
-Il aurait pu mourir, Malefoy ! Commença à crier Hermione, des larmes de rage lui montant aux yeux.
-Ce n'est pas mon affaire, un Weasley en plus ou en moins…
-Comment peux-tu dire ca ?! Ron est mon ami !
-Tiens, il est de nouveau ton ami maintenant…
-Oui, et je ne permettrais pas qu'on s'attaque à mes amis ! Répliqua Hermione en élevant la voix.
-VA LE REJOINDRE ALORS ! Lui cria Malefoy, cours au chevet de ton sale petit traitre-à-son-san…
Clac ! Hermione le gifla de toutes ses forces, ce qui renversa la tête du Serpentard. Il porta sa main à sa joue qui commençait à rosir. Il regarda Hermione les yeux effarés, comprenant qu'il avait été trop loin dans ses propos.
-Tu n'as pas changé Malefoy ! lui cria Hermione.
Les hiboux commençaient à voler dans toute la volière, effrayés par leurs cris qui retentissaient dans toute la pièce.
-Malgré tous tes beaux discours, tu ne changeras jamais ! Tu resteras toujours le même, un Malefoy ! Continua de crier Hermione, ses larmes coulant sur ses joues. Ne t'avise plus de m'approcher ! L'avertit Hermione alors que Drago s'avançait vers elle.
-Hermione, excuse-moi !
Mais la jeune fille se dirigeait déjà vers la porte de la volière, et fit claquer la porte alors que Drago criait son nom.
