Chapitre 19 : des elfes sur les talons
Le lundi matin, Hermione se leva rapidement du lit et s'empressa de se préparer, excitée à l'idée de retrouver ses deux amis qui quittaient l'infirmerie de bonne heure. Mais à sa grande surprise, elle fut déjà rejointe par Harry et Ron dans la salle commune, qui venaient la chercher pour descendre prendre leur petit déjeuner tous les trois. Alors qu'ils se dirigeaient vers le couloir du septième étage, Hermione les mit au courant des derniers événements du week-end.
-Ah oui, Ginny et Dean se sont disputés aussi… ce n'était pas un week-end joyeux on dirait…
Elle attendait impatiemment la réaction d'Harry à l'annonce de cette dernière nouvelle.
-Pourquoi se sont-ils disputés ? demanda-t-il d'un ton qu'il essaya de rendre désinvolte.
Ils étaient à présent engagés dans le couloir du septième étage, où se trouvait la salle sur Demande. Avec un pincement au cœur comme à chaque fois qu'elle empruntait ce couloir, Hermione se mit à penser à Drago… Était-il dans la salle en ce moment même ? Pensait-il à elle ? Ou était-il trop occupé à mener à bien sa mission… Savoir qu'un seul mur les séparait lui fendait le cœur…
L'endroit était désert, hormis une toute petite fille qui contemplait la tapisserie représentant les trolls en tutu. Elle sembla terrifiée en voyant approché des élèves de sixième année et laissa tomber la lourde balance de cuivre qu'elle tenait à la main.
-Ne t'inquiète pas, dit gentiment Hermione qui s'avança aussitôt vers elle pour l'aider. Voilà… Reparo, dit-elle en tapotant avec sa baguette la balance brisée.
La fille ne la remercia pas et resta plantée là à les regarder s'éloigner. Ron lui jeta un coup d'œil par-dessus son épaule.
-Ils les font de plus en plus petits, commenta-t-il.
-Ne t'occupe pas d'elle, dit Harry, avec une légère impatience. Alors, Hermione, pourquoi Ginny et Dean se sont-ils disputés ?
- Oh, Dean a rigolé à cause du Cognard que t'a envoyé McLaggen, répondit Hermione.
-Ça devait paraître drôle, estima raisonnablement Ron.
- Ça ne paraissait pas drôle du tout ! protesta Hermione avec véhémence. C'était terrible et si Coote et Peakes n'avaient pas rattrapé Harry en plein vol, il aurait pu se faire très mal !
- Il ne fallait quand même pas que Ginny et Dean se séparent pour autant, dit Harry qui s'efforçait toujours d'avoir un ton dégagé. Ils sont restés ensemble ou pas ?
-Oui… Mais pourquoi tu t'y intéresses tant ? demanda Hermione en observant Harry d'un regard aigu.
-Je ne veux pas avoir d'autres ennuis dans mon équipe de Quidditch ! répondit-il précipitamment.
Mais Hermione continuait de le fixer d'un air soupçonneux. Elle avait hâte de raconter à Ginny la réaction d'Harry, avant de se rappeler qu'elles étaient en froid. Qu'attendait-il pour se décider à se lancer ?! Ses sentiments étaient tellement flagrants, sauf pour Ron qui ne remarquait rien, comme à son habitude. Elle fut tirée de ses pensées par l'arrivée de Luna qui appelait Harry.
-Ah, salut, Luna.
-Je suis allée te voir à l'infirmerie, dit Luna en fouillant dans son sac. Mais ils m'ont annoncé que tu étais sorti…
Elle mit dans les mains de Ron une sorte d'oignon vert, ainsi qu'un gros champignon tacheté et une quantité considérable d'une substance qui ressemblait à de la litière pour chat, puis trouva enfin un morceau de parchemin sale qu'elle tendit à Harry.
-On m'a dit de te donner ça.
Hermione se douta qu'il s'agissait d'une nouvelle invitation du Professeur Dumbledore.
-Ce soir, dit Harry à Ron et à Hermione lorsqu'il eut déroulé le parchemin.
-J'ai beaucoup aimé ton commentaire du dernier match ! dit Ron à Luna tandis qu'elle reprenait le champignon et la litière pour chat.
Luna eut un sourire vague.
- Tu te moques de moi ? demanda-t-elle. Tout le monde a dit que c'était une horreur.
-Non, je suis sérieux ! assura Ron. Je n'ai jamais pris autant de plaisir à écouter un commentaire de Quidditch ! Au fait, qu'est-ce que c'est que ça ? ajouta-t-il en tenant à hauteur d'œil la chose en forme d'oignon.
-Oh, c'est une Ravegourde, répondit Luna qui fourra dans son sac le champignon et la litière pour chat. Tu peux la garder si tu veux, j'en ai plusieurs. Il n'y a rien de plus efficace contre les Boullus Goulus.
Et elle s'éloigna, Ron pouffant de rire derrière elle, sa Ravegourde à la main.
- Je l'apprécie de plus en plus, Luna, dit-il lorsqu'ils eurent repris leur chemin vers la Grande Salle. Je sais qu'elle est cinglée, mais c'est dans le bon…
Il s'interrompit brutalement. Lavande Brown l'attendait au pied de l'escalier de marbre, la mine furieuse.
-Salut, dit Ron, un peu nerveux.
-Viens, murmura Harry à Hermione, et tous deux s'empressèrent de filer.
Hermione eut cependant le temps d'entendre Lavande s'exclamer :
-Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu sortais aujourd'hui ? Et pourquoi est-ce qu'elle était avec toi ?
Ron semblait à la fois boudeur et agacé lorsqu'il apparut une demi-heure plus tard à la table du petit déjeuner et bien qu'il fût assis à côté de Lavande, ils ne s'échangèrent pas un mot tout le long du petit déjeuner. Ravie d'avoir enfin retrouvé leur complicité, Hermione apprécia ce moment de retrouvailles si longtemps attendu. À plusieurs reprises, elle sourit au bonheur d'être enfin réuni tous les trois, même si Ron semblait boudeur à cause de cette cruche de Lavande. Mais les choses ne dureraient certainement pas, pensa-t-elle. Tout au long de la journée, ils restèrent ensemble pendant les cours et la récréation. Au soir, Hermione se consentit même à relire le devoir de botanique d'Harry, chose qu'elle n'avait plus fait depuis des mois, car elle savait que Ron recopierait sur lui. Lorsqu'elle eut terminé, Harry la remercia d'une tape dans le dos, avant de s'exclamer :
- Il faut que je me dépêche si je ne veux pas être en retard chez Dumbledore…
Elle ne répondit pas et se contenta de barrer d'un air las quelques-unes des phrases les plus faibles de son devoir.
Quelques minutes plus tard, Ron tenta une approche pour que son amie relise également son devoir de botanique. Poussant un soupir, Hermione prit son parchemin, dissimulant difficilement un sourire sur ses lèvres. Il prit une chaise et s'assit à côté de la Gryffondor, ce qui étonna celle-ci. D'ordinaire, Ron jouait à une partie de cartes explosives pendant qu'Hermione corrigeait ses devoirs, ce qui avait le don de l'exaspérer. Mais ici, il semblait être intéressé aux remarques qu'Hermione écrivait sur son devoir, lui posant même quelques questions à certains endroits. Cependant, elle ne put s'empêcher de constater qu'il se rapprochait toujours un peu plus d'elle, ce qui la mis mal à l'aise. À cet instant, elle repensa aux propos qu'avait tenus Drago la dernière fois qu'ils s'étaient vus…
Alors que leurs bras se touchaient à présent, le portail de la salle commune s'ouvrit, laissant entrer Lavande et Parvati. Ron se redressa aussitôt, et se leva, la mine renfrognée, vers Lavande. Hermione continua de corriger le devoir de son ami, mais elle ne put s'empêcher d'entendre la conversation animée entre les deux élèves.
-Depuis tout à l'heure que je te cherche dans tout Poudlard, s'exclama Lavande énervée, et je te retrouve ici, avec elle ! Et qu'est-ce que vous faites tous les deux ?! Vos devoirs ?!
La plupart des élèves qui étaient présents dans la salle commune commencèrent à ricaner devant la scène de ménage de Lavande. Horriblement gênées, les oreilles de Ron virèrent au rouge vif, semblable à son pull que lui avait tricoté Mrs Weasley. Celui-ci bafouilla quelques mots et lui tourna le dos, pour se diriger vers le dortoir des garçons. Bien qu'elle gardait les yeux baissés sur le parchemin, Hermione sentait le regard de Lavande lui lancer des éclairs en sa direction.
-Tu dois être contente de toi… lui lança Lavande d'un ton glacial. Tu as réussi à semer la zizanie dans mon couple !
-Je n'ai rien semé du tout, répondit calmement Hermione en rangeant ses affaires, tu peux très bien le faire tout seule…
Hermione commençait à monter les marches en direction du dortoir pour filles lorsque Lavande lui cria à nouveau :
-Tu te crois supérieur à tout ça, mais je sais très bien qui tu es vraiment Hermione Granger ! Et je suis sûre que tes amis seraient très surpris d'apprendre que tu te défiles comme un serpent !
Hermione se retourna brusquement, et la regarda, les yeux remplis de méfiance. Elle n'aimait pas du tout le sous entendu de cette peste de Lavande. Elle savait parfaitement que c'était une fouineuse et colporteuse de première.
-Mes amis me connaissent très bien, répliqua Hermione, tu n'arriveras jamais à conquérir le cœur de Ron avec ta langue de vipère.
Hermione se dépêcha de monter les escaliers, le cœur battant dans sa poitrine.
« défiles comme un serpent, un serpent,…Drago… »
Les mots de Lavande résonnaient toujours dans sa tête lorsqu'elle prit sa douche. Que pouvait-elle savoir ? se demanda Hermione, elle avait toujours été parfaitement discrète sur sa relation avec Drago. Jamais cette gourde n'aurait pu supposer la moindre chose les concernant… mais une petite voix intérieure lui souffla que Blaise Zabini avait bien fini par les surprendre l'autre jour dans le couloir, pourquoi Lavande n'aurait-elle pas fait de même ? Non, elle s'en serait empressée de raconter la nouvelle à toute l'école, et tout le monde aurait déjà été au courant. Elle finit par admettre que la remarque de la jeune fille était simplement une coïncidence, et qu'elle devenait peut-être paranoïaque…
Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, Hermione retrouva Lavande et Parvati, déjà couchée dans leur lit. Sans leur accorder un seul regard, elle se dépêcha de se glisser dans ses draps, et s'endormit d'un sommeil quelque peu agité, comme toutes les autres nuits.
Le lendemain matin, Harry s'empressa de leur raconter à elle et Ron, sa séance de la vieille avec le professeur Dumbledore. Alors qu'ils se dirigeaient vers leurs cours de DCFM, Harry exprima son embarras à l'échec de la mission que lui avait confiée le directeur.
-Je te l'avais bien dit, ne manqua pas de répondre Hermione, ce souvenir doit être primordial pour réussir à vaincre Voldemort – Ron je t'en prie, tu es ridicule ! - tu dois te consacrer entièrement sur ta mission Harry, et oublier ton obsession pour Malefoy et tout le reste !
Celui-ci ne prit pas la peine de répondre, laissant Hermione le sermonner comme à son habitude quand on abordait le sujet.
Au cours de la semaine suivante, Hermione remarqua que Harry se creusait de plus en plus la tête pour trouver un plan sur la manière d'obtenir le souvenir de Slughorn. Mais Hermione en déduit par son humeur maussade qu'aucune idée ne lui venait à l'esprit. Pire encore, elle le surprit à plusieurs reprises, le nez plongé dans son fichu livre du Prince.
Dimanche, alors que la montre de Harry affichait onze heures du soir, celui-ci était à nouveau en train de feuilleter son manuel.
-Tu ne trouveras rien là-dedans, lui dit Hermione d'un ton catégorique.
-Ne commence pas, Hermione, répliqua Harry. Sans le Prince, Ron ne serait pas assis avec nous en ce moment.
- Oh si, il aurait suffi que tu écoutes Rogue en première année, assura Hermione d'un ton dédaigneux.
Harry ne réagit pas, trop occupé à déchiffrer un gribouillage du Prince.
Ils étaient installés près du feu, dans la salle commune. Les seuls autres élèves encore debout étaient tous des sixièmes années. Il avait régné une certaine agitation un peu plus tôt dans la soirée lorsqu'ils avaient trouvé sur le tableau d'affichage, au retour du dîner, un nouvel avis leur annonçant la date de l'examen du permis de transplanage. Ceux qui seraient âgés de dix-sept ans le 21 avril, ou avant, pouvaient s'inscrire pour prendre quelques leçons supplémentaires qui auraient lieu (sous un contrôle rigoureux) à Pré-au-Lard.
Ron avait été saisi de panique en lisant l'information. Il n'avait toujours pas réussi à transplaner et craignait de ne pas être prêt le jour de l'examen. Hermione, qui était parvenue à transplaner deux fois, était un peu plus confiante. Harry, lui, devrait attendre encore quatre mois d'avoir dix-sept ans et ne pourrait donc pas se présenter, prêt ou pas.
Ayant perdu beaucoup de temps à s'inquiéter à haute voix des questions de transplanage, Ron s'efforçait à présent de terminer pour Rogue un devoir atrocement difficile que Harry et Hermione avaient déjà achevé.
- Je te dis que cet imbécile de Prince ne peut pas t'aider pour ça, Harry ! Insista Hermione en haussant la voix. Le seul moyen de forcer quelqu'un à faire ce que tu veux, c'est le sortilège de l'Imperium, qui est illégal…
-Oui, je sais, merci, répondit Harry sans lever la tête de son livre. Voilà justement pourquoi je cherche autre chose. Dumbledore pense que le Veritaserum serait inefficace, mais il existe peut-être une potion ou un sortilège…
- Tu prends la mauvaise voie, affirma Hermione. Il n'y a que toi qui puisses recueillir ce souvenir, a dit Dumbledore. Ça signifie sans doute que toi seul peux convaincre Slughorn. Il ne s'agit pas de lui verser une potion en douce, n'importe qui pourrait le faire…
- Comment tu écris « belligérant » ? demanda Ron qui secouait vigoureusement sa plume, l'œil fixé sur son parchemin. Ça ne peut pas commencer par B-E-T-E…
- Non, sûrement pas, répondit Hermione en lui prenant son devoir des mains. Et « augure » ne commence pas non plus par O-R-G. Qu'est-ce que tu utilises comme plume ?
- Un de ces modèles à vérificateur d'orthographe qu'on trouve chez Fred et George… Mais je crois que le sortilège doit être usé…
-J'en ai bien l'impression, dit Hermione en montrant le titre du devoir, car la question était comment combattre les Détraqueurs et non pas les « Détartreurs » et, à ma connaissance, tu n'as pas changé ton nom en Roonil Wazlib.
- Oh non ! s'exclama Ron qui contempla son parchemin d'un air horrifié. Ne me dis pas que je vais devoir tout réécrire !
- Ce n'est pas grave, on va arranger ça, assura Hermione. Elle posa le devoir devant elle et tira sa baguette magique.
- Je t'adore, Hermione ! s'exclama Ron.
Il s'enfonça dans son fauteuil en se frottant les yeux d'un air las.
Hermione rosit légèrement au compliment de son ami, si peu habituée à avoir de la reconnaissance à son égard.
-Ne répète pas ça quand Lavande est dans les parages, dit-elle en pensant à la soirée de lundi soir.
- Non, dit Ron, le visage dans les mains. Ou plutôt si… Comme ça, elle me laissera tomber…
- Pourquoi tu ne la laisses pas tomber toi-même si tu en as assez ? interrogea Harry.
- Tu n'as jamais laissé tomber personne, toi ? Remarqua Ron. Avec Cho, vous avez simplement…
-… cessé de nous voir, oui, acheva Harry.
- J'aimerais bien que ça se passe de la même façon entre Lavande et moi, marmonna Ron d'un air lugubre.
Il regardait Hermione tapoter en silence du bout de sa baguette chacun des mots mal orthographiés qui se corrigeaient d'eux-mêmes au fur et à mesure.
- Mais plus j'essaye de lui faire comprendre que je voudrais en finir, plus elle s'accroche. J'ai l'impression de sortir avec le calmar géant.
- Et voilà, dit Hermione vingt minutes plus tard en rendant son devoir à Ron.
- Merci mille fois, répondit Ron. Je peux t'emprunter ta plume pour la conclusion ?
À présent, ils n'étaient plus que trois dans la salle commune, Seamus étant monté se coucher quelques instants auparavant en maudissant Rogue et son devoir. On n'entendait que le crépitement du feu et le grattement de la plume d'Hermione avec laquelle Ron rédigeait le dernier paragraphe sur les Détraqueurs. Harry venait de refermer en bâillant le livre du Prince de Sang-Mêlé lorsque…
Crac !
Hermione laissa échapper un petit cri, Ron renversa de l'encre sur toute la surface de son devoir et Harry s'exclama :
- Créateurs!
L'elfe de maison s'inclina bien bas et s'adressa à ses orteils noueux.
- Le maître a dit qu'il voulait des comptes rendus réguliers sur les activités du jeune Malefoy, Kreattur est donc venu donner…
Hermione n'eut pas le temps de saisir complètement l'information, aussitôt, un deuxième craque sonore retentissait dans la salle commune.
Dobby apparut à côté de Kreattur, son chapeau cache-théière de travers.
- Dobby aussi a aidé, Harry Potter ! Couina-t-il en jetant à Kreattur un regard amer. Et Kreattur devrait dire à Dobby quand il vient voir Harry Potter pour qu'ils puissent faire leur rapport ensemble !
- Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Hermione, encore sous le choc de ces apparitions soudaines. Que se passe-t-il, Harry ?
Elle était paniquée par les propos tenus par Kreattur, que signifiait « comptes rendus réguliers sur les activités du jeune Malefoy » ?
- Eh bien… ils ont suivi Malefoy pour moi, répondit-il.
Horrifiée, Hermione se retint de poussa un couinement de terreur. Elle essaya de garder un visage impassible, malgré la panique qui lui montait aux joues.
- Nuit et jour, croassa Kreattur.
- Dobby n'a pas dormi pendant une semaine, Harry Potter ! déclara fièrement Dobby en se balançant sur ses talons.
Un sentiment d'indignation se mêla également au sentiment d'angoisse qu'Hermione éprouvait.
- Tu n'as pas dormi, Dobby ? Voyons, Harry, ce n'est quand même pas toi qui lui as dit de ne pas…
-Bien sûr que non, affirma aussitôt Harry. Dobby, tu peux dormir, d'accord ? Mais est-ce que l'un d'entre vous a découvert quelque chose ? S'empressa-t-il de demander avant qu'Hermione ait pu intervenir à nouveau.
Rapidement, elle s'empressa de réfléchir à la dernière fois qu'elle était entrée en contact avec Malefoy. Dobby et Kreattur devait le suivre depuis une semaine environ. Rassurée, elle se souvint qu'ils s'étaient parlé la semaine précédente devant le cachot du maître des potions.
- Le jeune Malefoy marche avec la noblesse qui convient à son sang pur, dit Kreattur de sa voix rauque. Ses traits rappellent la finesse de ma maîtresse et ses manières sont celles de…
- Drago Malefoy est un mauvais garçon ! Couina Dobby avec colère. Un mauvais garçon qui…qui
Le cœur battant, Hermione attendit que l'elfe de maison finisse sa phrase, mais celui -ci frissonna depuis le pompon de son cache-théière jusqu'au bout de ses chaussettes puis se précipita vers la cheminée comme s'il voulait plonger dans les flammes. Harry, qui s'était un peu attendu à une telle réaction, l'attrapa par la taille et le maintint fermement. Pendant quelques secondes, Dobby se débattit puis son corps s'affaissa.
-Merci, Harry Potter, haleta-t-il. Dobby n'arrive pas encore à dire du mal de ses anciens maîtres…
Harry le relâcha. Dobby redressa son cache-théière et lança à Kreattur sur un ton de défi :
- Kreattur devrait savoir que Drago Malefoy n'est pas un bon maître pour un elfe de maison !
- Oui, on n'a pas envie d'entendre parler de ton grand amour pour Malefoy, dit Harry à Kreattur. Passons directement à ce qu'il a fait pendant que tu le suivais.
Hermione sentit des frissons lui parcourir tout le corps. À présent, elle savait qu'Harry apprendrait ses activités dans la Salle sur Demande, ce qui le rapprochait dangereusement de la vérité.
Kreattur s'inclina, l'air furieux, puis répondit :
-Le jeune Malefoy prend ses repas dans la Grande Salle, il dort dans le dortoir des cachots, il suit des cours dans plusieurs…
- Dobby, raconte-moi, coupa Harry. Est-ce que tu l'as vu aller dans un endroit où il n'aurait pas dû être ?
-Harry Potter, monsieur, s'écria Dobby de sa petite voix aiguë, ses grands yeux globuleux brillant à la lueur des flammes, Malefoy n'a violé aucun règlement que Dobby connaisse, mais il tient beaucoup à ne pas être vu. Il s'est souvent rendu au septième étage avec divers autres élèves qui font le guet pour lui pendant qu'il se trouve dans…
- La Salle sur Demande ! s'exclama Harry en se frappant le front avec son exemplaire du Manuel avancé de préparation des potions.
Voila, pensa Hermione, Harry venait enfin de comprendre….
- Voilà où il se cache ! Voilà où il prépare… ce qu'il prépare ! Et je parie que c'est pour ça qu'il disparaît de la carte… Maintenant que j'y pense, je n'ai jamais vu la Salle sur Demande représentée sur la carte du Maraudeur !
Elle fut surprise de constater qu'il avait mis du temps à faire le lien entre la salle magique et la carte du Maraudeur.
-Les maraudeurs ignoraient peut-être son existence, fit observer Ron.
- À mon avis, ce doit être une des propriétés magiques de la salle, dit Hermione. En cas de besoin, elle devient incartable.
- Dobby, est-ce que tu as pu y entrer pour regarder ce que fabriquait Malefoy ? demanda avidement Harry.
-Non, Harry Potter, c'est impossible, répondit Dobby.
-Bien sûr que si, c'est possible, répliqua Harry. Malefoy a réussi à pénétrer dans le quartier général que nous y avions installé l'année dernière, j'arriverai donc moi aussi à y entrer et à l'espionner.
- Je ne pense pas que tu y parviendras, Harry, dit lentement Hermione. Elle se rappela qu'elle-même avait déjà tentée l'expérience, sans succès. Malefoy savait déjà à quoi nous servait cette salle parce que cette stupide Marietta avait bavardé. Il lui suffisait de demander que la salle devienne le quartier général de l'A.D. pour qu'elle apparaisse. Mais toi, tu ne sais pas ce qu'elle devient lorsque Malefoy s'y rend et donc tu ne sais pas en quoi il faut lui demander de se transformer.
- Je trouverai la solution, assura Harry, balayant l'objection. Tu as été merveilleux, Dobby.
- Kreattur aussi a bien travaillé, ajouta Hermione avec gentillesse.
Mais loin de paraître reconnaissant, Kreattur détourna ses énormes yeux injectés de sang et regarda le plafond en lançant de sa voix croassante :
- La Sang-de-Bourbe parle à Kreattur, Kreattur va faire semblant de ne pas l'entendre…
- File d'ici, lui ordonna sèchement Harry.
Kreattur s'inclina profondément une dernière fois et transplana.
-Tu devrais aller dormir un peu, Dobby.
- Merci, Harry Potter, monsieur ! Couina Dobby d'un ton joyeux.
Et lui aussi disparut.
- Vous avez vu ça ? s'écria Harry, enthousiaste, en se tournant vers Ron et Hermione dès que la salle fut débarrassée des deux elfes. Nous savons maintenant où va Malefoy ! On va pouvoir le coincer !
Hermione fit mine de ne pas s'intéresser à la nouvelle piste de son ami, bien qu'elle avait l'esprit embrouillé par la nouvelle.
- Oui, fabuleux, commenta sombrement Ron.
Il essayait d'éponger la masse d'encre gluante qui avait été, quelques instants auparavant, un devoir presque achevé tandis qu'Hermione fit glisser vers elle le parchemin détrempé et entreprit de siphonner l'encre à l'aide de sa baguette.
Cependant, elle était intriguée par les paroles qu'avait tenues Dobby quelques secondes plus tôt :
-Mais qu'est-ce que c'est que cette histoire des « divers autres élèves » qui l'accompagnent là haut ? interrogea Hermione. Il a combien de personnes autour de lui ? Normalement, ils ne devraient pas être nombreux à être au courant de ses manigances…
Hermione sentit une pointe de trahison en imaginant Pansy Parkinson et d'autres élèves de Serpentard faire le guet pour lui, alors que ce dernier refusait catégoriquement de lui expliquer la moindre chose.
- Oui, c'est bizarre, admit Harry, les sourcils froncés. Je l'ai entendu dire à Crabbe que ce qu'il faisait ne le regardait pas… Alors qu'est-ce qu'il raconte à tous ces… tous ces…
La voix de Harry se perdit. Il contemplait le feu dans la cheminée.
- Mon Dieu, ce que je peux être bête, dit-il à voix basse. C'est pourtant évident, non ? Il y en avait tout un chaudron dans le cachot… Il pouvait en voler à n'importe quel moment pendant le cours…
- Voler quoi ? demanda Ron.
- Du Polynectar. Celui que Slughorn nous a montré à notre premier cours de potions… Il a dû en prendre un peu… Et donc, il n'y a pas « divers autres élèves » qui font le guet pour Malefoy… C'est simplement Crabbe et Goyle, comme d'habitude… Oui, tout se tient !
Harry se leva d'un bond et se mit à faire les cent pas devant la cheminée.
- Ils sont suffisamment bêtes pour lui obéir même s'il ne leur dit pas ce qu'il fabrique… mais il ne veut pas qu'on les voie rôder autour de la Salle sur Demande, alors il leur donne à boire du Polynectar pour qu'ils changent d'aspect… Ces deux filles avec lesquelles je l'ai vu quand il a raté le match de Quidditch… C'étaient Crabbe et Goyle !
- Tu veux dire, murmura Hermione, que cette fille dont j'ai réparé la balance…
Maintenant qu'elle y réfléchissait, elle se souvint de la dernière fois qu'elle avait consulté la carte du Maraudeur et qu'elle avait vu le point de Crabbe et Goyle immobiles, représenté sur la carte. Elle n'en revenait pas… Malefoy ne reculait devant rien, et n'hésitait pas à manipuler les autres pour arriver à ses fins… l'avait-il manipulée elle aussi ?
- Oui, bien sûr ! s'écria Harry en se tournant vers elle. C'est évident ! Malefoy devait être à l'intérieur de la salle à ce moment-là et donc elle a qu'est-ce que je raconte ? – il a laissé tomber la balance pour le prévenir qu'il ne devait pas sortir parce qu'il y avait du monde dans le couloir ! Et aussi la fille qui a fait tomber les œufs de crapaud ! À chaque fois, nous sommes passés devant lui sans nous en rendre compte !
Hermione se pinça les lèvres, consciente que son ami avait touché le point sensible du problème. À présent, Harry était déterminé à connaître les manigances de Malefoy dans la Salle sur Demande. Elle le sentait piégé, comme une souris dont un chat guettait le trou.
- Il a obligé Crabbe et Goyle à se transformer en filles ? dit Ron en s'esclaffant. Pas étonnant qu'ils n'aient pas l'air très heureux, ces temps-ci… Je suis surpris qu'ils ne l'envoient pas promener…
- Ils ne se le permettraient pas s'il leur a montré sa Marque des Ténèbres.
- Hmmm… La Marque des Ténèbres, nous ne sommes pas sûrs qu'elle existe, intervint Hermione, espérant mettre le doute.
Elle roula le parchemin de Ron avant qu'il ne subisse d'autres dégâts et le lui rendit.
- Nous verrons bien, dit Harry, d'un ton confiant.
-Oui, nous verrons, répéta Hermione sur un ton qu'elle espérait distant
Elle se leva et s'étira.
- Mais, Harry, avant de t'emballer, je continue de penser que tu ne pourras pas entrer dans la Salle sur Demande sans savoir d'abord ce qu'elle contient. Et à mon avis, il ne faudrait pas oublier – elle hissa son sac sur son épaule et l'observa d'un air très sérieux – que tu es censé te concentrer sur la façon d'obtenir le souvenir de Slughorn. Bonne nuit.
Elle espérait que ses dernières paroles ralentiraient Harry dans son élan. Mais dans son for intérieur, la Gryffondor savait que c'était perdu d'avance. Il était trop près du but… À nouveau, le même dilemme venait de se reformer dans sa tête : devait-elle prévenir Drago et trahir son ami ? Ou ne pas s'impliquer et laisser les choses aller de soi ? Au risque que Drago se fasse prendre… Toute la nuit, ses questions tournaient en boucle.
