Chapitre 20 : La salle sur Demande

Le lendemain matin, les intentions d'Harry concernant son obstination à entrer dans la Salle sur Demande pour surprendre Malefoy n'avaient pas changé. Alors qu'elle venait de recevoir la Gazette du sorcier par hibou postal, Harry lui fit part de son plan d'action qu'il avait décidé de mettre en place durant son heure de temps libre. La jeune fille se montra ostensiblement indifférente à ses projets, bien que son estomac soit noué depuis la veille.

-Écoute, dit-il à voix basse. Je n'ai pas oublié Slughorn, mais je ne sais absolument pas comment lui arracher ce souvenir, alors, en attendant d'avoir une idée géniale, pourquoi ne pas essayer de découvrir ce que Malefoy prépare ?

-Je t'ai déjà dit que tu dois convaincre Slughorn, répondit Hermione. Il ne s'agit pas de le prendre au piège ou de l'ensorceler, sinon, Dumbledore aurait pu régler la question en une seconde. Au lieu de perdre ton temps à traîner devant la Salle sur Demande – d'un coup sec, elle reprit La Gazette et la déplia pour regarder la une –, tu devrais plutôt aller voir Slughorn et essayer de faireappel à ses bons sentiments.

-Ils parlent de quelqu'un qu'on connaît ? demanda Ron pendant qu'Hermione parcourait les titres.

-Oui ! S'exclama-t-elle.

Harry et Ron avalèrent de travers.

-Mais ce n'est pas grave, il n'est pas mort. C'est Mondingus, il a été arrêté et envoyé à Azkaban ! Il s'est fait passer pour un Inferius au cours d'une tentative de cambriolage… Il y a aussi un certain Octavius Pepper qui a disparu… Oh, ça, c'est horrible, un garçon de neuf ans a été arrêté pour avoir essayé de tuer ses grands-parents, on pense qu'il était soumis au sortilège de l'Imperium…

Ils terminèrent leur petit déjeuner en silence. Tout de suite après, Hermione partit à son cours de runes anciennes, tandis qu'Harry et Ron se dirigèrent tous deux vers la salle commune. Ron devait toujours achever la conclusion de son devoir sur les Détraqueurs et Harry se hâtait de prendre sa cape d'invisibilité avant de monter la garde dans le couloir du septième étage.

Lorsqu'elle arriva devant la salle de cours, Hermione vit un mot de son professeur annonçant que le cours était annulé pour cause de maladie. Tout en poussant un soupir de déception, la jeune fille eut alors une idée. C'était l'occasion de s'entretenir avec Drago pour le prévenir qu'Harry avait découvert sa cachette dans la salle sur Demande. Elle y avait longuement réfléchi durant sa nuit d'insomnie, et elle s'était décidée à prévenir Drago de se tenir encore plus sur ses gardes.

Rapidement, elle regarda sa montre. Il était presque neuf heures. Harry devait encore être en chemin vers la salle commune avec Ron… Aussitôt, elle sortit la grosse pièce en or de sa poche, et tapota dessus à l'aide de sa baguette, tout en espérant que Drago ait la pièce à portée de main. Quelques secondes plus tard, elle sentit le Gallion lui chauffer dans le creux de sa paume :

Demande que la salle se transforme en bibliothèque.

En bibliothèque ? Pensa Hermione, ça ne ressemblait pas à Drago, mais l'idée séduisait Hermione. Reprenant rapidement ses esprits, elle se mit à courir vers le couloir du septième étage, de crainte qu'Harry n'arrive avant elle. Elle arriva devant le tableau de Barnabas le follet, à bout de souffle, se tenant les côtés. Au bout du couloir, elle aperçut Crabbe ou Goyle déguisé en petite fille de onze ans, qui tournait le dos. Avant que celui-ci ne se retourne, Hermione pensa de toutes ses forces : « J'ai besoin que tu te transformes en bibliothèque, j'ai besoin que tu te transformes en bibliothèque, j'ai besoin que tu te transformes en bibliothèque ».

Aussitôt, la porte apparut, laissant Hermione entrée dans la Salle sur Demande. Aujourd'hui, l'endroit était une petite pièce confinée semblable à la salle commune de Gryffondor. Une vaste cheminée en pierre dominait le petit salon qui était entouré tout le long de ses murs par de grandes bibliothèques en bois bruts, remplies d'ouvrages aux couvertures dorées. Mais le regard d'Hermione n'était pas pose sur les centaines de livres qui parsemaient la pièce. Elle fixait Drago, nonchalamment étendu sur le fauteuil en cuir noir qui faisait face à la cheminée, un livre à la main. Il leva les yeux de son livre lorsqu'il aperçut la jeune fille qui se tenait devant la porte.

-Pourquoi cet endroit ? Demanda Hermione en s'asseyant sur l'accoudoir du fauteuil.

Drago referma d'un coup sec son livre et le déposa sur la table basse. Le regard perdu sur les flammes de la cheminée, il répondit d'un ton distant :

-J'ai pensé que l'endroit te plairait… ça m'arrive de venir ici quand je n'ai pas envie d'aller à la bibliothèque de l'école ou que je ne trouve pas les livres que je recherche. Ici, je peux demander à la salle d'apporter tous ceux dont j'ai besoin. Tu sais, je maîtrise vraiment cette pièce, dit-il en regardant Hermione droit dans les yeux, elle peut se transformer selon tous mes désirs… sauf la nourriture, ajouta-t-il en désignant des saucisses enveloppées dans des serviettes, je ne sais pas pourquoi ça ne fonctionne pas, alors j'apporte avec moi quelques nourritures de la Grande Salle ou des cuisines.

-Hmm… réfléchit Hermione, je pense que cela doit avoir un rapport avec la loi de Gamp de Transfiguration élémentaire… tu sais, le fait que tu ne peux produire de la nourriture à partir de rien, expliqua Hermione. La salle sur Demande ne peut pas enfreindre les règles de la magie.

Drago regarda Hermione avec des yeux ronds, comme si c'était la première fois qu'il la voyait depuis son arrivée.

-Tu as raison c'est certainement ça ! Mais la salle peut faire apparaître de la nourriture si c'est transposé d'un point à un autre non ? Un peu comme une… une connexion non ? Si j'envoyais une pomme par exemple, par l'intermédiaire d'un objet magique…

-Tu veux dire comme au Portoloin ?

-Oui à peu près ça…

-Et bien, je pense que dans ce cas, la nourriture ne sors pas du néant alors ça doit être possible… mais je ne pense pas qu'un Portoloin fonctionnerait dans l'enceinte de l'école. Mais en théorie cela me semble plausible.

-Ah… fit-il l'air pensif à nouveau.

Hermione observa le Serpentard plus attentivement. Pourquoi s'intéressait-il à cela tout d'un coup ? Était-ce une conversation purement théorique ou bien Drago avait-il une intention cachée derrière cette question ? Mal à l'aise, Hermione ne put s'empêcher de penser au souvenir de Slughorn, lorsque Jedusor avait interrogé le professeur au sujet des Horcruxes. Elle eut la désagréable impression de vivre exactement la même scène. Chassant cette idée de sa tête, elle se pencha et ramassa l'ouvrage que Drago était occupé à lire avant son arrivée.

-Transfiguration d'êtres vivants vertébrés et invertébrés : lois et propriétés magiques à travers l'historique de la métamorphose ? Lit Hermione à haute voix. Pourquoi tu t'intéresses à tout ça ?

-Oh pour rien, répondit vaguement Drago, c'était pour me distraire avant ton arrivée.

Mais Hermione n'était pas dupe.

-C'est pour ta mission c'est ça ? Tu essayes d'apporter quelque chose à Poudlard ? Par l'intermédiaire de la salle sur Demande c'est ça ?! C'est pour ça que tu restes des journées entières là dedans ! S'exclama la Gryffondor.

Bien qu'elle ne comprenait pas exactement la nature de la mission de Drago, elle avait l'impression d'y voir plus clair, comme une lumière scintillant dans une pièce obscure.

-Je t'ai demandé d'arrêter ! Lui ordonna Malefoy, le ton glacial et menaçant. C'est un avertissement ne te mêle pas de mes affaires, lui cria-t-il en se levant d'un bond furieux du canapé.

-Qu'est-ce que tu vas faire ? Cria Hermione à son tour, en se redressa de toute sa taille pour lui faire face. Tu vas me menacer avec ta marque ?

Elle le fixa, sans sourciller malgré qu'elle sentait ses jambes tremblées. De colère ? De peur ? Peut-être les deux à la fois, mais elle ne voulait pas se laisser intimider par le Serpentard. Ce dernier continua de la fixer de ses yeux gris perçants, le regard plein de reproches.

-Comment peux-tu penser que je ferai une chose pareille ? Souffla-t-il. Je fais tout ça uniquement pour te protéger. Tu n'imagines pas ce qui pourrait arriver si quelqu'un apprenait que tu es mêlée d'une façon ou d'une autre…

Hermione sentit des larmes commencer à lui monter aux yeux. Au fond, il avait raison, pensa-t-elle. Moins elle en savait mieux c'était. Pour lui… pour ne pas lui attirer d'ennuis. Mais également pour elle, si Harry ou Ron apprenait la nature de sa relation, jamais ses amis ne lui pardonneraient. Surtout Harry qui maintient ses idées qu'elle réfutait depuis le début de l'année.

-Harry ne tardera pas à découvrir ce que tu fais, il te suit, il est au courant pour la salle sur Demande ! Et tôt ou tard, il arrivera à te prendre sur le fait !

Elle vit ses pupilles se dilater d'effroi. Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée dans la bibliothèque, Hermione vit Drago perdre le contrôle et s'effondrer sur le fauteuil, le visage entre les mains.

-Je n'y arriverai pas, dit-il en un sanglot. Et avec Potter sur le dos…

-Drago… prononça Hermione dans un murmure en le serrant contre elle. Je voudrai t'aider…

-Non tu ne peux pas, tu ne dois pas !

Au même moment, ils entendirent une voix criant dans le couloir une injure. Ils sursautèrent en même temps du canapé, en se regardant dans les yeux.

-Mon dieu c'est Harry j'en suis sûre ! Il n'arrive pas à entrer dans la salle !

-Et il n'y arrivera pas je peux te l'assurer, dit-il dans un rictus.

-Il est persuadé du contraire. Il pense que si vous y êtes arrivés l'année passée, il y arrivera aussi. Il ne va pas arrêter d'essayer, tu peux me croire.

Sans qu'elle s'y attende, Drago l'embrassa avec fougue. Elle resta étonnée quelques secondes de ce baiser inattendu avant de lui répondre avec la même entraîne. Ses lèvres étaient si douces et tendres à la fois. Hermione se rendait compte à cet instant à quel point Drago lui manquait, à quel point elle ressentait un vide dans son cœur quand elle était loin de lui. Elle avait honte de se l'avouer, mais elle le désirait plus que tout. A ses côtés, elle se sentait entière, comme jamais elle ne l'avait été auparavant. C'était comme si ces dernières années à se détester n'avaient jamais existé, comme s'ils s'étaient toujours aimés au fond d'eux-mêmes.

Drago l'allongea sur le divan tout en continuant de l'embrasser, ses mains lui caressant le corps et s'installa sur elle. Il commença à déboutonner sa chemise pour l'enlever, tandis qu'Hermione desserrait sa cravate.

Pendant plusieurs minutes, ils continuèrent leur étreinte enflammée avant de se ressaisirent.

-Désolé, je n'aurai pas dû t'embrasser, je sais que ça ne nous aide pas, fit Drago en reboutonnant sa chemise.

-Je ne regrette pas une seule seconde.

-Moi non plus, répondit-il en caressant la joue de la Gryffondor.

-Je devrais y aller pour ne pas être en retard au cours, dit Hermione mal à l'aise, en se recoiffant les cheveux.

-Oui tu as raison, Rogue pourrait te mettre une retenue.

-Tu ne viens pas ? S'exclama Hermione indignée.

-Pour quoi faire à part perdre mon temps, fit Drago le ton désinvolte.

-Mais tu te fais déjà remarquer que tu ne viens plus à certains cours, ça paraît suspect ! Sans compter que tu prends un retard monstre dans tes devoirs ! Les ASPIC ne sont plus qu'à quelques mois…

-Je n'en ai rien à faire de ces imbécillités d'ASPIC, fit-il sur un ton qui lui ressemblait bien.

-Très bien, comme tu veux lui, répondit Hermione en hissant son sac sur les épaules. Comment fait-on pour sortir d'ici sans passer par la porte de la salle ? Harry doit être encore dans le couloir.

Tout d'un coup, elle eut le sentiment de se sentir piégée comme une souris dans une boîte de laboratoire. Elle n'osait pas sortir pour pointer le bout de son nez et vérifier si la voie était libre. Harry était caché sous sa cape d'invisibilité. Que dirait-il s'il voyait Hermione sortir de la salle ?!

-Je vais simplement demander à la salle qu'elle te trouve un passage secret, répondit Drago.

Il se concentra pendant quelques secondes avant qu'un passage secret apparût derrière une des bibliothèques.

-Ce passage te mènera au premier étage près de la classe.

-Très bien, fit Hermione avant d'enjamber le couloir étroit.

-Hé Granger !

-Oui ?

-Merci de m'avoir prévenu pour Potter.

Elle se contenta d'un signe de tête et se plongea dans l'obscurité du couloir. Ce passage ne devait certainement pas exister sur la carte du Maraudeur car c'était une invention de la salle sur Demande, ce qui rassura Hermione. Elle serait même avant Harry au cours de DCLFM. Ni vu ni connu comme avait coutume de dire sa mère. Avec un pincement au cœur quand elle pensait à sa mère, elle descendit les étroits escaliers en pierre qui menaient au premier étage.

Lorsqu'elle arriva au bout du parcours, elle poussa une épaisse tapisserie poussiéreuse et se glissa entre l'ouverture. Le couloir était désert. Rapidement, elle se dirigea vers la classe de Rogue et se mêla à la foule d'élèves qui attendait le cours. Ron était déjà présent en compagnie de Seamus et Dean qui discutaient de l'article de La Gazette du Sorcier parût ce matin. Lavande, la mine boudeuse d'être ignorée de la sorte, se tenait juste derrière lui avec Parvati.

-Ah te voila enfin ! Fit Ron en voyant arriver Hermione

-J'étais en train de relire un devoir d'étude de runes, mentit Hermione.

-J'espère que le professeur Babbling se rétablira vite… intervint Parvati.

Ron eut l'air perplexe et regarda Hermione d'un air douteux. Mais celle-ci fut sauvée à temps par Rogue qui ouvrit la porte et laissa entrer les élèves.

La Gryffondor se dirigea vers une place de libre et sorti son livre de cours quand Ron lui demanda :

-Babbling était malade ? Demanda Ron.

-Heu… oui il était indisposé à donner cours aujourd'hui, pourquoi ?

-Pour rien…Où étais-tu alors si tu n'avais pas cours ?

-A la bibliothèque répondit instinctivement Hermione, en prenant soin de ne pas regarder son ami dans les yeux.

Celui-ci parut satisfait de sa réponse et s'assit sur le banc. Quelques secondes plus tard, ils furent rejoints par Harry.

-Encore en retard, Potter, lança Rogue d'un ton glacé alors que Harry entrait en hâte dans la classe éclairée par des chandelles. Dix points de moins pour Gryffondor.

Harry regarda Rogue d'un air mauvais et se laissa tomber sur une chaise à côté de Ron. La moitié des élèves étaient encore debout, prenaient des livres, disposaient leurs affaires. Il n'était pas beaucoup plus en retard qu'eux.

-Avant de commencer, je vais ramasser vos devoirs sur les Détraqueurs, dit Rogue.

Il agita sa baguette d'un geste nonchalant et vingt-cinq rouleaux de parchemin s'envolèrent pour venir atterrir sur son bureau en une pile bien nette.

- Et j'espère pour vous qu'ils seront meilleurs que les détritus auxquels j'ai eu droit la dernière fois sur les moyens de résister au sortilège de l'Imperium. Maintenant, si vous voulez bien ouvrir vos livres à la page… Qu'y a-t-il, Mr Finnigan ?

-Monsieur, dit Seamus, je me demandais comment on peut distinguer un Inferius d'un fantôme ? Parce qu'ils ont parlé d'un Inferius dans La Gazette…

-Non, ils n'ont parlé de rien du tout, répliqua Rogue d'une voix lasse.

-Mais monsieur, j'ai entendu des gens raconter que…

-Si vous aviez véritablement lu l'article en question, Mr Finnigan, vous auriez su que le soi-disant Inferius n'était en fait qu'un petit chapardeur malodorant du nom de Mondingus Fletcher.

- Je croyais que Rogue et Mondingus étaient dans le même camp ? murmura Harry à Ron et à Hermione. Normalement, l'arrestation de Mondingus devrait l'attrister…

- Mais Potter semble avoir beaucoup de choses à dire sur le sujet, poursuivit Rogue qui pointa soudain l'index vers le fond de la salle, ses yeux noirs fixés sur Harry. Demandons donc à Potter de nous expliquer la différence entre un Inferius et un fantôme.

Toute la classe se retourna vers Harry qui essaya de se rappeler ce que Dumbledore lui avait dit la nuit où ils étaient allés voir Slughorn.

-Heu… eh bien, les fantômes sont transparents…, répondit-il.

- Oh, excellent, l'interrompit Rogue, avec une moue méprisante. Tout le monde pourra aisément constater que les six années, ou presque, pendant lesquelles on vous a enseigné la magie n'auront pas été une perte de temps, Potter. Les fantômes sont transparents.

Pansy Parkinson laissa échapper un petit rire aigu. Plusieurs autres élèves ricanèrent. Harry respira profondément et poursuivit d'une voix calme, bien qu'Hermione le sentit bouillonner.

-Oui, les fantômes sont transparents, alors que les Inferi sont des cadavres, ils ont donc une consistance solide…

- Un enfant de cinq ans aurait pu nous en dire autant, répliqua Rogue d'un ton moqueur. L'Inferius est un cadavre qui a été réanimé par les maléfices d'un mage noir. Il n'est pas vivant, c'est une simple marionnette qui obéit à la volonté du sorcier. Un fantôme, je pense que vous devez le savoir maintenant, est l'empreinte qu'un défunt a laissée sur la terre… et bien entendu, comme Potter nous l'a fait si judicieusement observer, il est transparent.

-Ce que Harry a dit est bien plus utile à savoir quand on essaye de les reconnaître ! fit remarquer Ron. Si on se retrouve face à l'un d'eux dans une allée obscure, il vaut mieux jeter un coup d'œil pour voir s'il a une consistance solide plutôt que de lui demander : « Pardon, monsieur, ne seriez-vous pas par hasard l'empreinte d'un défunt ? »

Il y eut une vague d'éclats de rire aussitôt étouffée par le regard que Rogue lança à la classe.

-Encore dix points de moins pour Gryffondor, annonça-t-il. Je ne m'attendais à rien de plus raffiné de la part de Ronald Weasley, le garçon à la consistance si solide qu'il est incapable de transplaner de deux centimètres.

-Non ! chuchota Hermione en saisissant le bras de Harry qui ouvrait la bouche d'un air furieux. Ça ne sert à rien, tu vas encore finir avec une retenue, laisse tomber !

-À présent, ouvrez vos livres à la page 213, reprit Rogue, légèrement goguenard, et lisez les deux premiers paragraphes sur le sortilège Doloris…

Pendant tout le reste du cours, Ron paru très effacé. Lorsque la cloche retentit, à la fin de la classe, elle sortit en compagnie de ses deux amis jusqu'à ce qu'elle voit Lavande les rattraper. Aussitôt, elle ralentit l'allure et prit un autre chemin.

Tout au long de la journée, elle ne cessait de repasser en boucle les images de Drago et elle, enlacés dans la salle sur Demande. Cependant, elle n'arrivait pas à définir ce mal aise qui persistait lorsqu'elle repensait à leur conversation. Elle avait l'étrange impression qu'elle touchait presque au but, que bientôt, elle découvrirait ce qu'il fabrique réellement dans cette salle.

Mais souhaitait-elle véritablement le savoir ? Après tout, Drago avait raison, c'était trop dangereux pour elle comme pour lui, se dit Hermione alors qu'elle se trouvait dans la salle commune, les yeux perdus dans le vide. Cependant, elle se trouvait trop impliquée, elle était trop attachée au Serpentard pour ne plus pouvoir s'en soucier.

-Hermione ? Fit la voix de Harry au loin, tu sembles soucieuse.

-Hein ? Oh heu… non je rêvassais sans plus… Bon je pense que je vais me coucher, bonne nuit Harry !

- Bonne nuit, répondit-il d'un air distrait.

Sans se retourner, elle monta les marches en colimaçons qui menaient au dortoir des filles. Elle se félicitait intérieurement que Harry n'avait jamais véritablement réussi à devenir un bon occlumens. Que dirait-il en lisant ses pensées ? Se demanda Hermione, ses joues commençant à rougir. Comment réagirait-il en voyant les images de Drago et elle qui tourbillonnaient en boucle dans sa tête ? Elle se sentait si honteuse… honteuse de lui mentir de la sorte, de lui cacher un tel mensonge, ce poids qu'elle portait sur ses épaules.

Lorsqu'elle arriva dans le dortoir, elle vit que Lavande et Parvati interrompirent aussitôt leur conversation. Instinctivement, elle sut que ses condisciples parlaient sur elle, mais elle ne s'en souciait guère. Avec froideur, elle leur souhaita bonne nuit et se glissa rapidement dans ses draps pour s'endormir quelques minutes plus tard.