Chapitre 23 : Sectumsampra
Malefoy claqua la porte de la salle de cours, et tourna les talons en direction de la salle sur Demande. Des larmes de rage ruisselaient sur ses joues. D'un geste brusque, il les essuya d'un revers de manche. Ses pensées étaient toujours tournées vers Hermione quand il arpenta le couloir qui menait à la salle. L'idée de l'imaginer avec cet imbécile de Weasmoche lui était insupportable. Il essaya de fermer son esprit pour ne plus penser qu'à sa mission désastreuse, mais il n'y arrivait pas.
Bouillonnant de rage, d'injustice et de peur, Drago ne put s'empêcher d'imaginer une Hermione anéantie à la fin de l'année quand elle aura découvert la nature de sa mission, tandis que Weasley se tiendrait derrière elle pour la consoler. Petit à petit, il avait la conviction qu'il prendrait sa place dans son cœur, et peut-être même, arriverait-il à lui faire oublier leur histoire…
La porte apparût soudainement, alors que Drago eu à peine fini de penser trois fois pour entrer. Décidément, pensa-t-il, il maîtrisait parfaitement cette salle.
Comme à son habitue à chaque fois qu'il venait travailler dans l'immense pièce semblable à une cathédrale, Drago s'enfonça dans l'une des nombreuses allées qui sillonnaient la salle. Il était tellement habitué à emprunter de chemin qu'il ne remarquait plus tous les trésors cachés par des générations d'élèves de Poudlard. Il tourna à droite, passa devant un énorme troll empaillé, marcha un peu plus loin et tourna à gauche vers l'Armoire à Disparaître cassée dans laquelle Montague s'était perdu l'année précédente.
Il ne supportait plus la vue de cette armoire qui ressemblait vaguement à un gouffre dans lequel il avait l'impression de s'enfoncer, sans pouvoir s'en dégager. Il avait passé des heures, des jours et trop souvent des nuits à travailler sur cet objet. Personne ne pouvait l'aider. Beurk ne lui était d'aucuns secours - sauf en ce qui concerne le plan final de l'opération-. Il lui envoyait quelques fois des instructions codées par hiboux, mais il n'osait pas lui en demander davantage sur la réparation de l'armoire, de peur d'éveiller les soupçons sur le courrier qui était désormais contrôlé.
Il avait également soumis Rosmerta au sortilège de l'Impérium pour qu'elle puisse recueillir des informations à la boutique de chez Derviche et Bang, mais sa tentative était vaine. Personne ne savait exactement lui décrire de quelle manière réparer l'objet tant qu'ils ne l'ont pas sous les yeux pour l'examiner eux-mêmes. Et voila que le jeune homme était toujours au même point de départ, réalisa-t-il dans un soupir de profond désespoir.
Il s'agenouilla devant l'armoire, ouvrit la porte et marmonna ses habituelles formules destinées à réparer l'objet. A nouveau, une lumière rouge vive apparut quelques secondes, puis s'estompa et disparut. D'après la description de Barjow, cette lumière provenait du cœur de l'armoire, affaibli pour une raison inconnue et ouvrant une porte vers le néant d'où était coincé Mondingus. Si Drago réussissait à réparer cette faille, son plan tiendrait la route. Mais aujourd'hui, il en doutait fortement. A plusieurs reprises, il avait déposé une pomme au fond de l'armoire afin de l'envoyer à Barjow. Mais celle-ci était toujours présente lorsqu'il refermait la porte. Au début, il pensait que c'était en raison des propriétés magiques qui définissaient la salle, mais les explications d'Hermione lui avaient démontré le contraire.
Désespéré, il passa ses mains dans ses cheveux, s'arrachant quelques mèches blondes. Il passa le reste de la soirée et une partie de la nuit à tenter divers sortilèges qui seraient susceptibles de réparer l'armoire. Ce fut seulement lorsque la lumière du jour transperça les parois de la cathédrale que Drago s'endormit à terre, lové comme un chat. Il décida de sécher les cours de la matinée et de se reposer un peu avant une longue journée.
Quelques jours avant le match contre Serdaigle, il descendit pour la première fois depuis plusieurs jours prendre son petit déjeuner. Il régnait dans la salle une atmosphère fébrile à l'approche de la prochaine rencontre entre Gryffondor et Serdaigle. La plupart des élèves ne pensèrent plus qu'au match qui allait définir la maison gagnante du tournoi.
Drago s'assit entre Crabbe et Goyle et se servit des œufs accompagnés de bacon dans son assiette. Quelques sièges plus loin, deux élèves de Serpentard de quatrième année discutaient de Quidditch.
-Si Gryffondor l'emporte sur Serdaigle avec trois cents points d'avance, dit le premier, Potter gagnera la coupe.
-Sauf s'ils gagnaient avec moins de trois cents points, ils arriveraient deuxièmes derrière Serdaigle, s'ils perdaient de cent points, ils seraient troisièmes derrière Poufsouffle et s'ils perdaient de plus de cent points, ils seraient quatrièmes, répondit son ami avec espoir.
-Ca serait beaucoup demandé, l'équipe de Potter est vachement entraînée. Ils occupent presque tous les soirs le terrain de Quidditch.
-À part ce Weasley, leur équipe est bien constituée… surtout avec sa sœur, je n'ai jamais vu quelqu'un voler si bien ! Dommage qu'elle soit traître-à-son-sang.
Drago tourna instinctivement son regard vers la table des Gryffondor et aperçut Hermione en pleine conversation avec la sœur Weasley. Pendant plusieurs minutes, il la contempla en train de rire à une plaisanterie avec cette dernière. Elles furent bientôt rejointes par Potter et Weasmoche qui s'installèrent en face d'elles. Une boule de rage et d'injustice lui rongeait à nouveau son estomac. Ne pouvant plus avaler la moindre bouchée, il repoussa son assiette et se leva de table.
-N'oubliez pas vous deux, fit-il à l'intention de Crabbe et Goyle, septièmes étages dans dix minutes.
Il partit avant que ses deux compagnons ne répondent, en jetant un dernier regard vers la table des Gryffondor.
Il aperçut cet imbécile de Weasley en train de servir une nouvelle assiette de porridge à Hermione qui le gratifia d'un grand sourire. Ce dernier parut satisfait de son geste et lui versa également un verre de jus de citrouille.
Fou de rage, Drago sortit en trombe de la grande salle et donna un violent coup de pied dans une armure qui ornait le majestueux hall d'entrée. Éprouvant une douleur à son tibia, Drago monta l'escalier en direction du septième étage, tout en fulminant contre Weasley.
Il passa le reste de la journée dans la salle sur Demande, à essayer de réparer l'Armoire. Plus il y consacrait du temps, plus il trouvait le projet désespérant, voire impossible. Peu avant l'heure du dîner, il ressentit un mal de crâne à s'en fracasser la tête contre le mur. Il fut pris de vertige lorsqu'il se leva et sortit de la salle en titubant. De l'air, pensa-t-il, il me faut de l'air. L'ambiance de cette salle l'oppressait, il se sentait étouffé et il eut du mal à respirer. Ce n'est que lorsqu'il fut dans le couloir qu'il commençait seulement à reprendre ses esprits. La première idée qui lui passa par la tête était de se rendre au deuxième étage dans les toilettes des filles pour se rincer son visage qui commençait à ruisseler de sueur. Il allait prendre la direction des toilettes lorsqu'une voix l'appela :
-Drago, tu vas bien ?
Son cœur chavira lorsqu'il reconnut instantanément la voix. Il l'aurait reconnue entre mille. Hermione. Il se retourna péniblement vers la jeune fille qui l'observait de manière inquiète.
-Ca va bien merci,… réussit-il à articuler entre deux étranglements.
-Mon dieu tu es dans un état épouvantable ! Attends je vais t'aider à te porter.
-Non ce n'est pas la peine… j'y arriverai.
Il se releva avec difficulté, pour lui montrer qu'il était encore capable de se ressaisir.
-Tu dois absolument aller à l'infirmerie ! S'exclama Hermione, tu ne peux pas rester comme ça tu es si… pâle !
-Je vais très bien Hermione, je te le répète, ca va passer comme toujours. Tu ne devrais pas aller rejoindre Weasley au dîner ? Il ne raterait pas l'occasion de te couper ton rosbif en petits morceaux, lança Drago.
Il vit que la jeune fille rougit de colère à sa remarque. Brusquement, son visage se durcit à l'évocation de Ron. Peut-être se rappelait-elle de leur dernière dispute concernant le même sujet de désaccord.
-Tu es ridicule Drago ! Répliqua froidement Hermione en tournant les talons pour couper court à la conversation. Pour ton information, je vais voir le Professeur Vector !
-C'est ça, lança Drago en élevant la voix en direction de la Gryffondor qui s'éloignait dans le couloir, va rejoindre ton Weasmoche ! Sors avec, fais ta vie avec lui ! Marie- toi et ayez beaucoup d'enfants puisque vous pouvez vous le permettre !
Il vit au loin Hermione se retourner, le regard rempli de larmes de tristesse, avant de disparaître au fond du couloir. À peine eut-elle disparu que Drago s'en voulut de sa réaction. Elle était la seule qui lui apportait un soutien moral. C'était elle seule qui avait réussi à percer sa carapace et voir à travers lui, qui il était vraiment. C'était la seule fille qu'il n'ait jamais aimée.
Tel un noctambule, il se dirigea vers les toilettes des filles, sentant à nouveau des nausées lui retourner l'estomac. Lorsqu'il entra dans la pièce, le fantôme de la Geignarde l'attendait, ravi de le revoir. Son sourire s'effaça aussitôt quand elle vit son teint blanchâtre, aussi pâle que le sien.
- Tu as mine horrible ! Gémi Mimi, que se passe-t-il ?
Il l'ignora et se précipita vers les lavabos pour se rincer le visage. Il sentit à nouveau des nausées, mais rien ne vint, car son estomac était vide depuis le matin. Tout se bousculait dans sa tête. Sa relation impossible avec Hermione, la crainte de la voir sortir avec un autre – avec Weasley- pensa-t-il. Et sa mission désastreuse qui l'enverrait ses parents et lui vers une mort certaine.
Il fut pris d'une crise d'angoisse en repensant à tous ces événements qui marquaient sa courte vie. A nouveau, il se rinça le visage et se regarda dans le miroir en cramponnant ses deux mains au lavabo, sa tête aux cheveux d'un blond presque blanc penchée en avant.
- Non, calme-toi, dit la voix chantante de Mimi Geignarde qui s'élevait de l'une des cabines. Calme-toi… Dis-moi ce qui ne va pas… Je peux t'aider…
- Personne ne peut m'aider, répondit Malefoy, le corps tremblant. Je n'y arrive pas… C'est impossible… Ça ne marchera pas. Et si je n'y parviens pas bientôt… Il a dit qu'il me tuerait…
Des larmes lui coulaient à présent aux joues, son visage était encore plus livide qu'auparavant. Malefoy sanglota, renifla puis, parcouru d'un grand frisson, regarda dans le miroir craquelé et vit par-dessus son épaule un visage le fixer. En une fraction de seconde, il reconnut la tête de Potter qui le regardait à travers le miroir.
Aussitôt, une bouffé de rage lui parcouru le corps. Instinctivement, il fit volte-face et sortant sa baguette, il lança un sortilège de stupéfixion qui le manqua et toucha une lampe accrochée au mur, juste à côté. Il vit que Potter s'apprêtait à lui lancer un sort et le bloqua avant que celui-ci n'ait le temps de formuler son sortilège. A nouveau, il leva la main pour lui jeter un maléfice…
- Non ! Non ! Arrêtez ! s'écria Mimi Geignarde, l'écho de sa voix résonnant avec force sur le carrelage. Arrêtez ! ARRÊTEZ !
Il y eut un bang ! retentissant et la corbeille à papiers derrière Potter explosa. Il tenta de lancer le sortilège du Bloque-jambes qui ricocha sur le mur, derrière l'oreille de Malefoy, et fit voler en éclats le réservoir de la chasse d'eau, juste au-dessous de Mimi Geignarde. L'eau déferla de tous côtés, ce qui fit glisser le balafré. Celui-ci perdit l'équilibre au moment où Malefoy, le visage déformé par la haine, s'exclamait :
- Endolo ...
-SECTUMSEMPRA ! hurla Potter tombé à terre, en agitant frénétiquement sa baguette.
Une douleur aiguë lui transperça le corps comme des lames de rasoir. Il vit du sang jaillir de son visage et de sa poitrine comme si une épée invisible l'avait tailladé. Il vacilla et s'effondra sur le sol inondé d'eau dans un grand bruit d'éclaboussures, sa baguette tombant de sa main inerte.
Il entendit la voix lointaine de Potter murmurer à côté :
- Non…Non… je ne voulais pas…
La douleur était telle qu'il fut pris de convulsion, son corps tremblant dans une marre de sang. Il entendit au loin l'écho de Mimi Geignard :
- AU MEURTRE ! MEURTRE DANS LES TOILETTES ! AU MEURTRE !
Il avait des difficultés à entrouvrir les yeux. Le regard flou, il vit une masse de cheveux noirs se pencher vers lui. Il crut tout d'abord qu'il s'agissait de Potter, mais il reconnut quelques secondes plus tard le nez crochu de son ancien maître des potions. A l'aide de sa baguette, il l'entendit marmonner une incantation qui ressemblait presque à une chanson. La douleur semblait disparaître, Le flot de sang parut s'assécher.
Rogue essuya le sang qui maculait le visage de Malefoy et répéta son enchantement. Les blessures se refermaient à présent.
Mimi Geignarde sanglotait, gémissait, au-dessus de leur tête. Lorsque Rogue eut exécuté pour la troisième fois son contre-maléfice, il souleva à moitié Malefoy pour le remettre debout. Il ressentait toujours une douleur aiguë, mais ce n'était rien comparer à ce qu'il avait éprouvé quelques secondes plus tôt.
- Vous devez aller à l'infirmerie. Il restera peut-être des cicatrices, mais si vous prenez tout de suite du dictame, on peut l'éviter… venez…
Il le soutint pour l'aider à traverser les toilettes puis, arrivé devant la porte, lança avec une colère froide :
- Vous, Potter, vous m'attendez ici.
Soutenu par Rogue, Drago marcha péniblement vers l'infirmerie. Lorsqu'il fut assez loin des toilettes, Rogue en profita pour l'interroger.
-Bon sang Drago, que faisiez-vous dans les toilettes des filles avec Potter ? !
Celui-ci garda le silence, il n'avait pas le courage d'engager une conversation moralisatrice avec Rogue. Il se sentait vidé, à bout de force par la perte de son sang. Rogue était intervenu à temps, mais il en avait perdu une quantité importante. Il sentit des picotements douloureux lui parcourir le corps.
-Aie, se plaignait-il à Rogue. Il vit au travers de sa manche que les cicatrices commençaient à s'ouvrir à nouveau. Quel est donc ce maléfice ?!
-De la magie noire. Je n'aurais jamais pensé que Potter connaîtrait un tel sortilège dans la matière.
Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Drago perçut de la crainte dans la voix de Rogue. Pour une raison qui lui était inconnue, le professeur semblait préoccuper par le sortillège de Potter. Il essaya d'entrer dans son esprit, mais Rogue était un légimens hors pair. Il préféra économiser ses forces pour marcher jusqu'à l'infirmerie. Heureusement, il le laissait tranquille tout le long du chemin. Lorsqu'ils arrivèrent dans la salle, Drago sentit à nouveau des spasmes lui parcourir le corps : la douleur commençait à revenir.
Rogue l'installa sur un lit de l'infirmerie et partit appeler Madame Pomfresh qui arriva quelques secondes plus tard, une petite bouteille de dixam à la main. Elle appliqua l'essence sur toutes les cicatrices de son corps et sentit une horrible odeur d'essence et une brulure insoutenable sur chaque centimètre de sa peau. Il eut à nouveau une crise de tremblements, puis sa vue commençait à se brouiller. Avant de s'évanouir, il eut une dernière vision des yeux marron d'Hermione.
-Herm…io…ne fit-il, avant de sombrer dans un sommeil profond.
Lorsqu'il se réveilla, la salle d'infirmerie était plongée dans la pénombre de la nuit. Il ne sentait plus que des picotements sur toute la surface de son corps, ce qui n'était rien comparé à la douleur qu'il avait ressentie la veille. Il ouvrit doucement ses paupières, et aperçut une ombre noire qui se tenait à son chevet. Pendant une fraction de seconde, il eut l'idée absurde qu'il s'agissait du Seigneur des Ténèbres qui venait lui rendre visite pour lui rappeler sa mission.
Aussitôt, ses yeux s'agrandirent puis il reconnut le teint cireux et les cheveux noirs graisseux qui encadraient le visage de Severus Rogue.
-Que faites-vous ici ? Demanda Drago en se relevant péniblement.
-Restez allongé, lui répondit Rogue dans un murmure.
Il sortit sa baguette magique de sa robe de sorcier et la pointa en direction du bureau de Madame Pomfresh.
-Nous pourrons parler tranquillement – ce dont Drago redoutait- maintenant, continua-t-il, vous pourriez m'expliquer ce que vous faisiez dans les toilettes des filles avec Potter, Drago.
-Ca ne vous regarde pas ! Potter m'est tombé dessus et nous nous sommes battu en duel, c'est tout. Et à la place de me harceler, vous devriez interroger Potter pour savoir où il a appris ce sortilège et le renvoyer !
-Potter ne sera pas renvoyer, l'informa Rogue. Je lui ai imposé une retenue pour le restant de l'année.
-Quoi ?! S'exclama Drago en se relevant. Une Retenue ! Vous plaisantez ?! Il a failli me tuer si vous n'étiez pas intervenu !
-Justement c'est pour cette raison qu'il n'est pas renvoyé. Vous savez pertinemment Drago que c'est le chouchou de Dumbledore, cela n'a plus d'importance désormais, leurs jours à Poudlard sont comptés. Par ailleurs, fit Rogue en levant la main devant l'ai buté de Drago, là n'est pas l'objet de ma visite. Je suis venu à nouveau vous proposer mon aide, Drago.
-Désolé, mais je n'ai pas changé d'avis. Vous perdez votre temps ! Le Seigneur des Ténèbres m'a confié la mission à moi seul !
-Soyez raisonnable, insista Rogue. Vous êtes dans l'incapacité d'accomplir votre mission dans cet état, vous devrez sans nul doute rester plusieurs jours à l'infirmerie. Si vous m'expliquez quels sont vos plans, je pourrai peut-être…
-Non ! Personne ne doit savoir ce que je fais…
-Même Miss Granger ?
L'expression de Drago se figea aussitôt, comme si Rogue venait de mettre à jour toutes ses pensées les plus intimes. Il avait l'impression d'avoir été espionné sous sa douche. Aussitôt, Drago ferma son esprit aux moments passés avec Hermione qui défilaient dans sa tête.
-De quoi parlez-vous ? Balbutia Drago en essayant de reprendre ses esprits.
-Vous avez encore des efforts à accomplir en occlumancie Drago, particulièrement lorsque l'on parle de Granger, si le Seigneur des Ténèbres découvrait…
-Je vous interdis d'entrer dans mon esprit ! Ma vie privée ne vous regarde pas !
-Sauf si votre vie privée risque de compromettre votre mission. Méfiez-vous d'elle, Drago. C'est une fouineuse, je sais de quoi je parle. Depuis sa première année, elle passe son temps à se mêler des affaires qui ne la concernent pas avec Potter. Est-elle au courant de quoi que ce soit sur votre mission ?
-Non… enfin je ne pense pas… elle sait simplement que le Seigneur des Ténèbres m'a confié une tâche et que je passe beaucoup de temps à travailler dessus. Mais elle ignore tout de cela, reprit Drago.
-Si jamais elle découvrait quelque chose, continua Rogue, elle irait tout répéter à Potter ! Et ça serait désastreux !
-Non ! Hermione ne me trahirait pas !
Drago commençait à s'énerver. Ses joues virèrent au rouge, irrité par la conversation sur sa vie privée qu'il avait avec Rogue. Il avait toujours apprécié la relation qu'il entretenait avec son ancien maître des potions, mais cette année, sa présence était trop envahissante. Il savait que l'unique raison de son insistance était parce que sa mère avait fait un serment inviolable, mais il était également convaincu que si Rogue réussissait la mission à sa place, le Seigneur des Ténèbres n'hésiterait pas à se débarrasser de lui. Qui plus est, sa vie amoureuse ne regardait absolument pas Rogue. Que pouvait-il comprendre là dedans ? Il avait confiance en Hermione, il savait que jamais elle ne le dénoncerait à Potter.
-Réveillez-vous Drago ! Elle est à Gryffondor et vous à Serpentard, elle choisira Potter quoiqu'il arrive. Comment croyez-vous qu'elle réagira quand la fin de l'année arrivera, quand elle apprendra ce que vous avez fait ?! Elle ne vous le pardonnera jamais, tandis que Potter, lui sera là. Ca a toujours été ainsi, ajouta Rogue, le visage tourmenté.
Malefoy ne réagit pas et reposa sa tête sur le coussin douillet de l'infirmerie. Il avait l'esprit embrouillé par les paroles de Rogue, tel un poison qui coule dans ses veines jusqu'à son cerveau. Il du admettre que Rogue avait raison sur un point : lorsqu'il aura accompli sa mission, plus jamais Hermione n'acceptera de le voir, ni de lui parler. Cette pensée lui brisa le cœur, comme si le sortilège de Potter l'avait entaillé.
Voyant que Drago gardait le silence, Rogue se leva.
-Réfléchissez à ce que je viens de vous dire, il est encore temps d'accepter ma proposition.
-Merci, mais ma décision est prise.
-Comme vous voudrez Drago.
Rogue tourna les talons et sortit de l'infirmerie. Malefoy se sentait épuisé de cette conversation. Il essaya de retrouver le sommeil, mais les paroles de Rogue tournaient en boucle dans sa tête. Il vit la petite fiole de sommeil posée sur la table de son chevet, et décida de la boire d'une traite. Aussitôt, son esprit s'embrouilla et il sombra dans un sommeil profond.
Dans la matinée, alors qu'il dormait profondément, il sentit des fourmillements sur sa peau. C'était une douce et tendre chaleur qui avait coutume de lui donner la chair de poule, comme lorsqu'Hermione le caressait. A ce souvenir, il sentit ce parfum qui lui rappelait une merveilleuse odeur de framboises, semblable à celles qu'il cueillait en été lorsqu'il accompagnait son père à la chasse au Licheur.
Il ne s'était plus rappelé de cette odeur depuis le tout premier cours de Slughorn, lorsqu'il avait respiré le parfum de l'Amortentia. Mais maintenant qu'il la sentait à nouveau, de si près, il se souvint de cette même odeur familière. A nouveau, l'image d'Hermione se forgea dans son esprit. Il essayait d'ouvrir ses paupières, mais elles lui semblèrent si lourdes. Il eut le temps d'apercevoir entre deux battements des yeux marron le regarder, avant de fermer ses yeux. Une voix doucereuse lui murmura quelques mots à l'oreille, puis il se rendormit.
Quelques heures plus tard, il commença à se réveiller. Il ouvrit les paupières, plus facilement cette fois, quand il vit à nouveau des yeux marron le regarder. Son cœur fit un bond dans sa poitrine quand il crut reconnaître la même couleur d'yeux qu'Hermione, mais il fut déçu de constater que ce regard-là était totalement différent et ressemblait davantage à celui d'une fouine. Un cri aigu perça ses oreilles, et confirma qu'il s'agissait bel et bien de Pansy.
-Oh mon dieu Drago tu es réveillé ! Comment te sens-tu ? Ne t'en fais pas, je t'ai vengé, j'ai répandu les pires rumeurs que l'on puisse entendre sur Potter dans toute l'école ! Et je n'ai pas été de main morte, je peux te l'assurer, tu me connais. D'ailleurs tu devrais entendre celle-là, j'ai insinué…
-Pansy, s'il te plaît boucle là, j'ai un mal de tête horrible.
Il commençait à ressentir des douleurs à sa tempe, furieux d'avoir imaginé qu'Hermione serait là à son chevet. Aussitôt, les paroles de Rogue lui revinrent en tête : « elle choisira Potter quoiqu'il arrive…ça a toujours été ainsi… ». Il devait se faire une raison, Hermione ne viendra pas. Potter avait dû très certainement lui raconter qu'il avait tenté de lui jeter un sortilège impardonnable.
Il serra les poings de rage et reposa sa tête sur l'oreiller tout en fermant les yeux. Son mal de tête le faisait de plus en plus souffrir, sans compter que les jérémiades de Pansy l'exaspéraient du plus haut point.
Il resta à l'infirmerie jusqu'au lendemain, puis partit de bonne heure pour retourner dans la Salle sur Demande. Durant les jours qu'il avait passés à l'infirmerie, ses doutes concernant Hermione se confirmèrent : elle ne viendrait plus.
