Chapitre 24 : confessions

Hermione sortit de la classe du Professeur Vector, rassurée sur son devoir. Mais elle avait encore l'esprit préoccupé par sa rencontre avec Drago. Elle avait trouvé l'état du Serpentard très préoccupant. Elle tourna les talons et hésita, en l'espace d'une seconde, à passer devant la Salle sur Demande. Elle pouvait toujours essayer d'entrer dans la bibliothèque, mais elle n'était pas certaine que le Serpentard y soit. Ignorant de quelle manière la salle se transformait quand Drago « travaillait sur sa mission », elle décida de terminer son devoir de métamorphose dans la salle commune.

Une heure plus tard, Hermione terminait d'écrire la conclusion de son devoir lorsqu'elle entendit une conversation inquiétante entre deux élèves de deuxième année.

-Ca se serait passé dans les toilettes des filles au deuxième étage,… on dit qu'il y avait du sang partout !

-Comment le sais-tu ? Demanda l'élève horrifiée.

-Je l'ai entendu quand je me rendais aux toilettes tout à l'heure, Mimi Geignard, tu sais ce fantôme qui passe tout son temps à pleurer ? Elle fait le tour des toilettes du château pour répandre la nouvelle.

Le cœur d'Hermione se retourna aussitôt dans sa poitrine. Drago. N'était-il pas dans les toilettes des filles en compagnie de Mimi Geignard lorsqu'elle l'avait surpris ? Que s'était-il passé ? Hermione ne rappela les paroles qu'elle venait d'entendre « on dit qu'il y a du sang partout… ». Elle se leva d'un bond, renversant son encrier sur le tapis. Elle ne savait plus très bien ce qu'elle s'apprêtait à faire, mais lorsqu'elle commençait à reprendre ses esprits, la porte du portail s'ouvrit, lançant passer Harry… couvert de sang ! Sous les regards intrigués de ses condisciples, Harry se dirigea vers Hermione, suivi de près par Ron.

-Harry que se passe-t-il ?! Demanda Hermione inquiète. Pourquoi…

Harry eut à peine le temps d'ouvrir la bouche que le Professeur McGonagall entra dans la salle commune. L'ambiance si tôt joyeuse se figea, personne n'osant faire le moindre bruit devant le visage sévère du Professeur. Chacun de traits exprimait une profonde colère comme jamais Hermione ne l'avait vue auparavant.

-Potter, aboya-t-elle, dans mon bureau.

Sans un mot, baissant les yeux, Harry suivit le professeur et sortit de la tour. Hermione échangea un regard avec Ron lorsqu'ils furent rejoints par Ginny.

-Alors c'est vrai ce que l'on raconte ? Demanda Ginny. Harry à vraiment attaqué Malefoy ?

C'était comme si une grosse pierre s'effondrait dans le ventre d'Hermione. Harry attaqué Drago ? Ce qui expliquait… le sang.

-Quoi ? Demandèrent Ron et Hermione d'une même voix.

-Je n'en sais pas plus, c'est ce que j'ai entendu. Tout le monde en parle dans l'école sans vraiment savoir ce qu'il s'est vraiment passé.

-Je l'ai croisé tout à l'heure, intervint Ron. Il m'a demandé mon livre des potions, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs… mais ça avait l'air grave.

Un mauvais pressentiment submergea aussitôt Hermione. Pour quelle raison Harry avait-il demandé à Ron son livre de potion ? Cette histoire aurait-elle un rapport avec ce Prince ? Ils passèrent les prochaines minutes à essayer de comprendre ce qu'il était arrivé. Harry revint de son entrevue avec McGonagall peu de temps après, la mine complètement démoralisée. Il leur raconta enfin son altercation avec Malefoy dans les toilettes des filles, ainsi que la punition que lui avaient infligée Rogue et McGonagall. Il expliqua également – sous l'air horrifié d'Hermione- de quelle manière il avait caché son livre des potions dans lequel il avait appris la formule.

-Je ne te ferai pas le coup du Je-te-l'avais-bien-dit, déclara Hermione.

-Laisse tomber, Hermione, lança Ron avec colère.

-Je t'avais prévenu qu'il y avait quelque chose de louche chez ce Prince, dit Hermione, incapable de se retenir. J'avais raison, non ?

- Non, je ne crois pas, répliqua Harry, obstiné.

-Harry, dit Hermione, comment peux-tu encore défendre ce livre alors que le maléfice…

- Tu vas cesser de me harceler avec ce bouquin ? l'interrompit sèchement Harry. Le Prince a seulement copié la formule ! Il n'a jamais conseillé de l'utiliser ! Sans doute a-t-il simplement pris note de quelque chose dont on s'était servi contre lui !

- Je n'y crois pas, reprit Hermione. En réalité, tu justifies…

-Je ne justifie pas ce que j'ai fait ! protesta Harry. Je regrette d'avoir jeté ce sort et pas seulement parce que ça me vaut une douzaine de retenues. Tu sais très bien que je n'utiliserais jamais un sortilège comme celui-là, même contre Malefoy, mais tu ne peux pas en vouloir au Prince, il n'a jamais écrit : « Essayez donc ça, c'est très efficace ! » Il prenait des notes pour lui, rien de plus, et pour personne d'autre…

-Tu veux dire par là, insista Hermione, que tu vas retourner…

- Et reprendre le livre ? Oui, exactement, répondit Harry avec vigueur. Écoute, sans le Prince, jamais je n'aurais gagné Felix Felicis, je n'aurais jamais pu sauver Ron de l'empoisonnement, je n'aurais jamais…

- … acquis une réputation imméritée d'élève brillant en potions, acheva Hermione, féroce.

- Fiche-lui un peu la paix, Hermione ! Intervint Ginny. Apparemment, Malefoy a essayé de jeter un Sortilège Impardonnable, alors tu peux être contente que Harry ait eu quelque chose dans sa manche pour se défendre !

- Bien sûr, je suis contente qu'il ait échappé au maléfice ! répliqua Hermione, piquée au vif, mais il n'empêche que ce Sectumsampra n'est pas un sortilège acceptable, Ginny, regarde où ça l'a mené ! Et j'aurais pensé, étant donné les chances qui vous restent maintenant de gagner le match…

- Je t'en prie, n'essaye pas de nous faire croire que tu comprends quelque chose au Quidditch, coupa sèchement Ginny. Tu ne parviendrais qu'à te rendre ridicule.

La remarque irrita Hermione, car elle savait que l'excuse du Quidditch n'avait pas échappée à Ginny qui comprenait la véritable raison de sa colère. Il avait failli tuer Drago ! Évidemment, Ginny défendait Harry, bien que son comportement soit tout à fait inqualifiable.

Énervée contre le manque de soutient de son amie, Hermione passa le restant de la soirée assisse, jetant des regards noirs dans la direction opposée de Ginny. Lorsque cette dernière monta se coucher, Hermione jugea qu'elle devait avoir une conversation en tête-à-tête avec son amie.

Elle poussa la porte du dortoir qui était vide, excepté Ginny qui rangeait ses vêtements dans sa malle. Elle interrompit son geste en remarquant la présence d'Hermione, et la regarda droit dans les yeux.

-Tu es complètement folle ! Lui lança Ginny, toujours irritée par leur récente dispute. Comment oses-tu encore défendre Malefoy après ce qu'il a voulu faire à Harry !?

-Je ne le défends pas Ginny, je suis simplement horrifiée du sort qu'à utilisé Harry sur lui ! C'est de la magie noire, il aurait pu se faire renvoyer ! Il aurait pu le tuer !

Tout d'un coup, Hermione éclata en sanglots, réalisant pour la première fois depuis le début de la soirée qu'elle aurait pu le perdre. Pourtant elle devait se préparer à cette éventualité. A la fin de l'année, d'une manière ou d'une autre, Drago partira…

Ginny s'avança et prit son amie dans ses bras, tout en lui tapotant gentiment le dos.

-Je sais Hermione qu'il compte beaucoup pour toi, mais tu ne peux éternellement le protéger et lui trouver des excuses. Que se serait-il passé si Harry ne s'était pas défendu ? Il allait le torturer avec un sortilège impardonnable !

Hermione sanglota de plus belle, ne sachant quoi répondre. Elle était à nouveau partagée entre les deux : son meilleur ami ou son amour ? Comme si elle avait lu dans ses pensées, Ginny continua :

-Hermione tu devrais mettre un terme à cette liaison… tout cela va très mal se terminer je le sens. Qu'espères-tu de cette histoire ? Même si Drago survit à sa… sa « mission », penses-tu réellement qu'il serait possible de sortir avec ?

-Non… je sais que cela n'arrivera jamais… personne ne le tolérerait, ni sa famille, ni Harry et Ron…

En une fraction de seconde, elle imagina les réactions de ses amis en apprenant qu'elle entretenait depuis la rentrée scolaire une relation secrète avec leur meilleur ennemi.

-Je te le répète Hermione, s'il te plaît, parle-en à Dumbledore !

-J'irai le voir demain, lâcha Hermione, décidée.

Soulagée, Ginny fixa sans amie d'un regard rempli d'empathie. A nouveau, elles s'étreignirent amicalement.

-Excuse-moi pour tout à l'heure, lança Ginny, je sais que tu vis une situation très difficile.

-Merci Ginny, moi non plus je n'aurai pas dû m'emporter de la sorte.

Hermione souhaita bonne nuit à son ami et quitta le dortoir.

Le lendemain matin, Hermione prit une importante décision. Elle irait s'entretenir avec le Directeur le soir même. Son estomac était retourné à l'idée de ce rendez-vous, mais Ginny avait raison. Elle ne pouvait garder ce secret plus longtemps. D'une manière ou d'une autre, elle en savait trop.

Mais avant, elle tenait à aller voir Drago à l'infirmerie, s'assurer qu'il aille bien. Elle décida de se lever de bonne heure, sans réveiller ses condisciples qui dormaient toujours profondément. Le couloir qui menait à l'infirmerie était désert, à cause de l'heure matinale. Hermione ouvrit doucement la pièce, et trouva Drago allongé dans le lit au fond de la pièce. Elle s'avança vers lui, les yeux rivés sur son visage qui dormait paisiblement. Sur sa petite table de chevet, une petite fiole de potion de sommeil était à moitié vide.

Sur tout son corps, Hermione remarqua ses plaies qui commençaient à se cicatriser. Horrifiée, la Gryffondor caressa le bras du Serpentard du bout de ses doigts. Il ne réagissait pas, trop plongé dans son sommeil. Se laissant guider par une envie irrésistible de lui caresser les cheveux, Hermione glissa ses doigts entre ses mèches blondes qui lui tombaient sur les yeux.

A ce contact, Drago commençait à remuer dans son sommeil, ses yeux s'entrouvrant légèrement.

-Herm…ione, articula-t-il entre deux marmonnements.

-Chuuuut…rendors-toi Drago, fit-elle en lui déposant un baiser sur ses lèvres sèches.

Drago cessa de remuer, et referma aussitôt ses yeux. A nouveau, il dormait profondément, croyant peut-être que la visite d'Hermione était un rêve. Les larmes lui montant aux yeux, Hermione quitta l'infirmerie et se dirigea vers la Grande Salle prendre son petit déjeuner. Une heure plus tard, elle fut rejointe par Harry et Ron, sous les railleries et mécontentements des élèves de Serpentard.

-N'y fais pas attention Harry, lui dit Ron. Ils croient que Gryffondor va perdre le dernier match à cause de tes retenues.

Hermione leva les yeux au ciel, le Quidditch. C'est tout ce qu'ils leur importaient. Personne à part elle ne se préoccupait réellement de l'état de santé de Drago. Ignorant leur conversation qui s'orientait à nouveau sur le match de samedi, Hermione déplia l'exemplaire de la Gazette du sorcier, apporté par le hibou.

-Est-ce que quelqu'un qu'on connait est mort ? Demanda Ron comme à son habitude.

-Non, il parle seulement de plusieurs attaques de Détraqueurs à Londres, à proximité du Chaudron Baveur.

-Ils ne vont tout de même pas tenter une attaque sur le Chemin de Traverse, s'horrifia Ron.

-Je ne pense pas, plusieurs Aurors patrouillent là-bas ces derniers temps, c'était écrit la semaine dernière dans la Gazette.

-Je me demande s'il y a eu des perquisitions dans le magasin de chez Barjow et Beurk, intervint Harry. Peut-être que l'objet en question aurait été confisqué.

-Harry, je t'en prie laisse tomber cette histoire ! S'énerva Hermione. Tu ne trouves pas déjà suffisant d'être privé de Quidditch ?! Tu as failli être renvoyé ! Tu aurais pu tuer Dra…go Malefoy ! Continua-t-elle précipitamment.

Hermione s'interrompit brusquement, craignant d'avoir commis une grave erreur. Harry et Ron perçurent son mal aise, et regardèrent leur amie d'un œil soupçonneux.

-Je regrette ce qu'il s'est passé dans les toilettes Hermione ! Crois-moi, je n'aurai jamais dû utiliser ce sortilège. Mais cela ne m'enlèvera pas l'idée que Malefoy prépare un sale coup. Et d'après ce que j'ai entendu dans les toilettes, sa mission ne se passe pas du tout comme prévu.

Harry se lança dans l'explication détaillée de sa rencontre avec Malefoy, et de la profonde détresse dans laquelle celui-ci était plongé. Hermione sentit son petit déjeuner lui retourner l'estomac en imaginant la scène. Elle se sentait coupable de s'être disputée avec le Serpentard, plus tôt dans cette journée.

-Hermione, tu ne te sens pas bien ? Demanda Harry lorsqu'il eut fini son récit.

-Je vais très bien, merci. C'est simplement le fait qu'un tel sortilège m'effraie. Harry, tu dois te débarrasser de ce livre ! Ce Prince comme tu dis ne me plaît pas du tout. D'ailleurs, rajouta-t-elle, je compte dès aujourd'hui entamer des recherches à la bibliothèque !

Elle se leva aussitôt et hissa son sac de cours sur ses épaules.

-C'est ça, lui lança Ron, bon amusement !

Hermione ignora sa remarque et quitta la Grande Salle, sous le regard noir que lui lança Pansy Parkinson à l'autre bout de la table des Serpentards. Durant toute sa journée de cours, Hermione appréhenda son rendez-vous avec Dumbledore. A plusieurs reprises, elle eut l'envie d'y renoncer, se persuadant que cette entrevue était une mauvaise idée. Mais sa raison – qui avait étrangement la voix de Ginny- lui prouvait le contraire.

Elle avait décidé de se rendre dans le bureau du Directeur après le Dîner. Durant tout le repas, Hermione resta silencieuse, touchant à peine son dîner et prétendit souffrir d'un mal de tête pour ne pas prendre part à la conversation avec ses deux amis. Lorsqu'elle fut incapable d'avaler un morceau de plus, Hermione quitta la table des Gryffondors. Le pas traînant, elle se dirigea vers le deuxième étage où se trouvait le bureau du Directeur. Maintenant qu'elle se trouvait devant la gargouille en pierre, Hermione se demanda si Dumbledore était présent. Après tout, elle ne l'avait pas aperçu au dîner. Peut-être le prenait-il son repas seul dans son bureau ?

Durant une fraction de seconde, Hermione hésita à tourner les talons et rentrer dans la salle commune. Mais la gargouille d'une extrême laideur commençait à s'impatienter.

-Heu, fit Hermione. Elle se souvint du mot de passe qu'avait écrit Dumbledore sur le parchemin destiné à Harry, mais elle ne savait pas si c'était toujours celui-là. Suçacides, tenta-t-elle timidement.

Avec étonnement, la gargouille laissa passer Hermione qui monta l'escalier en colimaçon mobile, menant à une grande porte en chêne. La boule à l'estomac s'accentua de plus belle lorsqu'elle frappa à la porte à l'aide d'un heurtoir en cuivre en forme de griffon. La Gryffondor attendit derrière la porte jusqu'à ce qu'une voix l'invita à entrer.

C'était la première fois qu'elle mettait les pieds à l'intérieur du bureau du Directeur. Pendant quelques secondes, elle oublia le motif de sa visite. L'air ébahi, Hermione observa l'immense pièce circulaire, rempli d'instruments en argent qui bourdonnaient étrangement. Un sentiment de curiosité jaillit aussitôt à l'intérieur de la jeune fille, devant tous ces objets magnifiques. Le long du mur, plusieurs portraits représentants les anciens directeurs de Poudlard somnolaient dans leur cadre dont celui de Phineas Nigellus Black, qui se trouvait également au 12 square Grimmeraud. Plus loin, installé sur un perchoir en or, Fumseck observait Hermione d'un œil soupçonneux. La jeune fille continua d'avancer vers le grand bureau aux pieds en forme de serres derrière lequel Dumbledore était assis, un livre volumineux posé devant lui.

-Excusez-moi de vous déranger Monsieur, fit timidement Hermione, la gorge sèche.

-Miss Granger, répondit Dumbledore en relevant les yeux de son livre vers la jeune fille. Que me vaut le plaisir de votre visite ?

D'un geste de main – celle qui n'était pas noircie- il invita Hermione à s'asseoir sur le siège situé face au bureau, celui sur lequel Harry s'asseyait durant leur rendez-vous, supposa-t-elle. Dumbledore se leva et rangea le livre dans une armoire située derrière le meuble. Hermione aperçut rapidement les premiers mots du titre du livre intitulé « Secrets les plus som… ».

-Hé bien… en fait… reprit Hermione, le ton hésitant. Maintenant qu'elle se trouvait devant le Directeur, elle ne savait pas de quelle manière aborder la situation.

Comme s'il avait lu dans ses pensées, Dumbledore intervint, le regard bienveillant :

-Je présume, Miss Granger que votre visite tardive à un rapport avec le malheureux incident qui est survenu entre Mr Potter et Mr Malefoy hier après-midi ?

Hermione sentit une chaleur lui monter subitement aux joues.

-Oui, avoua-t-elle en baissant les yeux.

-En quoi puis-je vous être utile ?

-En fait… je suis venue parce que… ce n'est pas facile à expliquer, Professeur.

-Miss Granger, vous avez ma parole que tout ce qui sera dit dans ce bureau ne sortira pas de ces murs. Vous pouvez me faire confiance, ajouta-t-il d'un air bienveillant.

Même si Hermione était toujours autant impressionnée par Dumbledore, celle-ci se sentait étrangement en confiance pour lui faire part de ses soupçons envers Malefoy. Elle savait, en son for intérieur, que Dumbledore ne la jugerait pas, qu'il la rassurerait et même qu'il lui conseillerait quoi faire…

-Depuis un certain temps, se lança Hermione, j'ai des raisons de penser que Drago Malefoy… prépare quelque chose… une mission que lui aurait confiée Voldemort.

Honteuse de son comportement, Hermione laissa échapper un sanglot qu'elle était incapable de retenir. La voix brisée, elle continua :

-Je suis venue vous en parler, car j'espérais... vous comprenez, reprit-elle en s'essuyant ses yeux humides, Voldemort l'a menacé de le tuer ainsi que ses parents s'il ne remplissait pas sa mission !

-Et d'après vous, quelle est cette tâche que Voldemort lui aurait confiée ?

-Je l'ignore… mais j'ai le sentiment que cela est lié avec l'agression de Katie Bell et l'empoissonnement de Ron… Il ne m'a jamais avoué que c'était lui l'auteur de ces agressions, mais il ne l'a jamais nié non plus…

-Il ne s'agit que de soupçons si je comprends bien ?

-Oui, en effet.

-Est-ce que quelqu'un d'autre porte également ces soupçons vis-à-vis de Mr Malefoy ?

-Oui Monsieur. Depuis le début de l'année, Harry est persuadé que Drago manigance quelque chose… il ne sait pas quoi exactement, c'est pour cette raison qu'il l'espionne et le suit partout, il essaye de découvrir ce que prépare Drago… c'est ce qu'il s'est passé hier dans les toilettes des filles.

A nouveau, Hermione baissa les yeux et fixa ses mains, ne pouvant plus supporter le regard bleu perçant du Directeur. Tout au long de sa confession, Dumbledore observait attentivement Hermione par-dessus ses lunettes à demi-lune, ce qui lui donnait l'impression d'être passé au rayon X. Celui-ci garda le silence avant de déclarer d'un ton rassurant :

-Merci de me faire part de vos inquiétudes concernant la mission de Mr Malefoy, Miss Granger. Soyez sans crainte, je veillerai personnellement sur sa sécurité de et je vous donne ma parole que je mets en place toutes les mesures nécessaires à sa protection.

-Merci Professeur, fit Hermione reconnaissante. Je ne savais pas réellement vers qui me tourner, je me sens si perdue et seule face à ce qui lui arrive…

A nouveau, Hermione n'arriva pas à retenir ses larmes qui coulaient le long de sa joue.

-Puis-je vous demander Miss Granger, de quelle nature est la relation que vous entretenez avec Mr Malefoy ?

Hermione sentit son cœur se serrer. Elle savait au fond d'elle-même que Dumbledore l'interrogerait à ce sujet, mais elle ne se sentait pas prête à l'avouer à quelqu'un. Encore moins à Dumbledore qui l'intimidait par sa grandeur. Pendant une fraction de seconde, Hermione croisa le regard du Directeur par-dessus ses lunettes à demi-lune, puis les baissa à nouveau. Elle sentait ses joues prendre feu à l'idée d'évoquer sa relation avec Drago. Instantanément, elle revoyait défiler les images de tous les moments passés avec le Serpentard dans les classes de cours. Les mains moites, elle se tortilla les doigts avant de déclarer :

-Pour tout vous dire Professeur… nous nous aimons. Depuis le début de l'année nous nous voyons en secret, avoua-t-elle gênée.

-Cela semble surprenant quand on connaît Monsieur Malefoy, fit Dumbledore un léger sourire aux lèvres.

-Je sais Monsieur, mais voyez-vous, Drago a changé. Il ne veut plus être enfermé dans ce personnage que sa famille l'oblige à être, il veut devenir quelqu'un de meilleur ! Je ne sais pas pourquoi, mais il m'a dit qu'avec moi les choses étaient différentes, que je suis la seule personne avec qui il ose être lui-même, car il sait que je le vois tel qu'il est vraiment… Seulement personne ne le comprendrait… C'est pour cette raison que je n'ai rien dit à Harry, ni à Ron.

Un silence gênant s'installa après les confessions d'Hermione. Le regard pétillant, Dumbledore sourit amicalement à Hermione.

-La peur d'avouer ses véritables sentiments et d'affronter le regard des êtres qui nous sont chers, Miss Granger est une épreuve difficile que beaucoup de personnes préfèrent taire, des fois à tout jamais, fit-il gravement. Certains le regrettent plus tard, d'autres trouvent que c'est mieux ainsi.

-Cette situation vous semble familière, Monsieur ? Remarqua Hermione.

-En effet, j'ai connu deux élèves appartenant également à la maison de Gryffondor et de Serpentard caché leurs sentiments aux autres, préférant la taire à tout jamais.

-Deux élèves de Serpentard et de Gryffondor peuvent-ils s'aimer au grand jour ? S'interrogea tristement Hermione. Il y a une telle différence entre nos valeurs… je suis une née-moldue ! Jamais on ne m'acceptera chez les Serpentards. Drago serait banni par sa famille alors qu'Harry et Ron penseront que je les ai trahis. Depuis le début Harry est au courant pour sa mission, il a toujours eu cette certitude. Mais moi, j'essaye de l'en dissuader pour protéger Drago, au lieu de le soutenir. Je ne suis pas digne d'être son amie ! Sanglota Hermione en se tenant le visage dans ses mains.

-Mr Potter vous considérera toujours comme sa meilleure amie, Miss Granger, soyez-en certaine. Tout ce que je peux vous dire, c'est que Mr Malefoy à besoin de vous. L'épreuve qu'il traverse est terrible, un jeune homme de son âge qui vit chaque jour avec la menace de voir mourir ses parents est horrible. L'amour que vous lui apportez ne peut que l'aider à sa survie, si je peux vous donner un dernier conseil.

-Alors d'après vous, je devrais fermer les yeux sur mes soupçons et rester aux côtés de Drago ?

-Hélas, je ne peux décider pour vous. Beaucoup d'entre nous sous-estime le pouvoir d'aimer, mais c'est ce pouvoir qui peut faire changer bien des décisions. Il faut garder foi en cet amour, car ce sont nos sentiments qui détermineront nos actes, qui feront toute la différence entre le bien et la facilité.

-Je comprends Monsieur.

D'un geste de la main, il invita Hermione à se lever pour mettre un terme à leur entrevue.

-Je vous remercie Professeur de m'avoir écoutée.

-Vous avez mon entière confiance, répéta-t-il. Bonsoir Miss Granger.

-Bonsoir Monsieur.

Hermione quitta le bureau du Directeur, le cœur plus léger de sa confession. Elle avait l'esprit plus clair à présent. Elle avait foi en Dumbledore et ses convictions : elle serait là pour Drago, pour le guider et le soutenir quoi qu'il arrive.