Chapitre 27 : la victoire de Drago
Au cours des semaines qui suivirent, Hermione passa la majeure partie de son emploi du temps à la bibliothèque. Elle avait l'impression d'avoir cherché dans tous les ouvrages possibles, un moyen de réparer la fissure qui se trouvait dans l'Armoire à disparaître, mais aucun livre ne fournissait la moindre explication à ce sujet. A l'évidence, Drago avait raison. Désespérée, elle s'apprêtait à renoncer lorsqu'une piste lui vint à l'esprit. Peut-être que dans les archives de l'école, on parlerait de cette armoire qui se trouvait jadis à Poudlard, avant qu'un élève ne la cache dans la Salle sur Demande. Elle feuilleta un gros ouvrage poussiéreux qui contenait plusieurs articles issus de La Gazette du sorcier : compétition de Quidditch, service rendu à l'école, concours de Bavboules,… Elle s'apprêtait à refermer le livre, convaincue que ce livre ne lui apporterait aucune aide lorsqu'un nom attira son attention. Au-dessus d'une photographie jaunie représentant une jeune fille maigrichonne de quinze ans, une légende indiquait : Eileen Prince, capitaine de l'équipe de Bavboules de Poudlard.
Prince, pensa Hermione. Est-ce possible que cette fille ait une quelconque relation avec ce fichu Prince de sang-mêlé ? Bien que ce ne fût pas la principale raison de sa recherche, Hermione prit l'article en question et se promit de montrer sa nouvelle découverte à Harry. Elle continua ses fouilles jusqu'à la fermeture de la bibliothèque où Madame Pince vint la chasser à coup de regard insistant. Ce n'est que le vendredi en fin d'après-midi qu'Hermione trouva enfin la solution au problème de Drago. Dans un livre qui traitait des Portoloins, Hermione découvrit un chapitre consacré à la création, l'utilisation et la réparation – le cœur d'Hermione bondit en lisant ce mot- de ces objets magiques. Le principe était exactement le même que l'Armoire à disparaître.
Dans les pages qui suivirent se trouvaient plusieurs incantations et formules destinées aux Portoloins défaillants. Il n'était pas question de fissure, mais les symptômes étaient similaires. Tout comme Montague, les sorciers qui utilisent un Portoloins défaillant ou cassé peuvent se retrouver dans un néant, entre ici et là-bas.
Son cœur battait à vive allure, elle réalisait qu'elle avait enfin trouvé la solution au problème de Drago, peut-être même lui sauver la vie ! Elle ferma à coup sec le gros ouvrage, et sortit en courant de la bibliothèque, le livre sous la main. A l'aide de son faux Gallion, elle fixa rendez-vous d'urgence à Drago dans la salle sur Demande. Vingt minutes plus tard, celui-ci entra dans l'immense pièce qui servait de dépôts aux seuls élèves de Poudlard qui connaissaient l'existence de la salle. Il rejoignit Hermione qui était assise devant l'armoire, les jambes croisées, le livre ouvert à la bonne page.
-Que se passe-t-il? Ton message avait l'air très urgent. Tu as trouvé quelque chose ?
-Drago, fit Hermione avec un grand sourire, les joues roses d'excitation. Je crois que j'ai trouvé ce que tu cherches… je crois que j'ai trouvé un moyen de réparer l'armoire !
Drago regarda la jeune fille incrédule, réalisant à peine le sens de ses propos. Il était sauvé. Hurlant de joie, il prit Hermione par la taille et la souleva de toutes ses forces, en la faisant tourbillonner dans le vide.
Éclatant de rire, elle était si heureuse de voir enfin Drago libéré du poids de sa mission. Lorsqu'il aura réparé l'armoire, Drago et ses parents seront sauvés de Voldemort et ensuite… Ensuite quoi ? Se demanda aussitôt Hermione. Elle était tellement obsédée à l'idée de sauver Drago qu'elle ne s'était pas demandé ce qu'il se passerait quand l'armoire serait réparée, ni à quoi elle servirait. Drago perçut l'air soucieux de la jeune fille et la reposa à terre.
-Qu'est-ce qui ne va pas ?
-Que va-t-il se passer après ? Demanda Hermione anxieuse. Pour quelle raison cette armoire est si importante ?
-Je ne peux pas te répondre, Hermione.
-Drago ! Exigea Hermione en le fixant droit dans les yeux, je t'ai aidé à réparer cette armoire, tu me dois bien une explication !
-N'insiste pas s'il te plaît ! Et puis d'ailleurs, il faut d'abord que je réussisse à la réparer.
Hermione souhaitait poser d'autres questions, mais Drago avait déjà le nez plongé dans le livre. Se sentant inutile à présent, la jeune fille tourna les talons et sortit discrètement de la Salle sur Demande, l'estomac noué. Elle ne pouvait s'empêcher de penser que quelque chose de grave se préparait. Aurait-elle dû refuser d'aider Drago dans sa mission ? Cependant, l'idée de le perdre lui était inimaginable… Elle remonta jusqu'à la tour des Gryffondor où elle trouva Harry, Ron et Ginny installé dans la salle commune, près du feu qui crépitait dans la cheminée.
Assise par terre, le dos appuyé contre les jambes de Harry, Ginny lisait les dernières nouvelles de La Gazette du sorcier.
-On pourrait penser que les gens ont des sujets de conversation plus intéressants, dit Ginny. Trois attaques de Détraqueurs en une semaine et tout ce que Romilda Vane trouve à me demander, c'est s'il est vrai que tu as un hippogriffe tatoué sur la poitrine.
Ron et Hermione éclatèrent de rire. Harry les ignora.
-Qu'est-ce que tu lui as répondu ?
-Que c'était un Magyar à pointes, déclara Ginny en tournant négligemment une page du journal. Beaucoup plus macho.
-Je te remercie, lança Harry avec un sourire. Tu lui as dit que Ron aussi avait un tatouage ?
-Oui, un Boursouflet, mais je n'ai pas précisé où.
Ron se renfrogna tandis qu'Hermione était prise de fou rire.
-Attention ! prévint-il en pointant un index menaçant sur Harry et Ginny. Le fait d'avoir donné ma permission ne signifie pas que je ne puisse pas la retirer…
- Ta permission ! S'esclaffa Ginny. Depuis quand j'ai besoin de ta permission pour faire quoi que ce soit ? De toute façon, tu as dit toi-même que tu préférais Harry à Michael ou à Dean.
- C'est vrai, admit Ron à contrecœur. À condition que vous ne commenciez pas à vous embrasser en public…
- Espèce de sale hypocrite ! Et quand toi et Lavande, on vous voyait partout enlacés comme des anguilles ? s'indigna Ginny.
Soudain, Hermione se laissa tomber dans un fauteuil, entre Ron et lui, en affichant un air décidé.
-Je veux te parler, Harry.
Entre les recherches qu'elle avait entamées pour Drago, elle avait complètement oublié de parler à Harry de sa découverte d'Eileen Prince.
-De quoi ? demanda-t-il, soupçonneux.
La veille, déjà, elle lui avait vertement reproché de distraire Ginny au moment où elle aurait dû travailler plus que jamais pour préparer ses examens.
-Du soi-disant Prince de Sang-Mêlé.
- Oh, non, pas encore, gémit-il. Tu ne pourrais pas arrêter un peu, s'il te plaît ?
-Non, je n'arrêterai pas avant que tu m'aies écoutée, dit fermement Hermione. J'ai essayé de découvrir un peu qui pouvait bien s'amuser à inventer des maléfices pour passer le temps…mentit Hermione.
-Il ne faisait pas ça pour s'amuser…
- Il, il… comment sais-tu que c'est « il » ?
- On en a déjà parlé, répliqua Harry avec colère. Le Prince, Hermione, le Prince !
- C'est ça ! s'exclama Hermione.
Les joues embrasées de taches rouges, elle sortit de sa poche la vieille coupure de journal qu'elle posa sur la table d'un geste sec, sous les yeux de Harry.
- Regarde un peu ! Regarde cette photo !
Harry prit le morceau de papier craquelé et contempla la photo mouvante et jaunie qui y était imprimée. Ron se pencha à son tour pour y jeter un coup d'œil.
- Et alors ? demanda Harry en parcourant le bref article qui accompagnait la photo d'Eileen Prince.
- Elle s'appelait Eileen Prince. Prince, Harry.
Ils échangèrent un regard et Harry, comprenant où elle voulait en venir, éclata d'un grand rire.
- Impossible.
-Quoi ?
- Tu penses que c'était elle, le Prince de Sang-Mêlé ? Allons…
-Et pourquoi pas ? Harry, il n'y a pas de véritables princes dans le monde des sorciers ! Ou bien c'est un surnom, un titre inventé que quelqu'un s'est donné, ou bien ce pourrait être un nom de famille. Écoute-moi ! Imaginons que son père soit un sorcier du nom de Prince et que sa mère soit une Moldue, ça ferait d'elle une Prince de Sang-Mêlé !
-Ouais, très ingénieux, Hermione…
- Mais c'est vrai ! Peut-être qu'elle était fière d'être à moitié Prince !
- Écoute, Hermione. Je suis sûr que ce n'est pas une fille, j'en suis certain.
-La vérité, c'est que pour toi, une fille ne pourrait pas être aussi intelligente, répliqua Hermione avec colère.
- Tu crois vraiment qu'après t'avoir fréquentée pendant cinq ans, je pourrais encore penser que les filles ne sont pas intelligentes ? Protesta Harry, piqué au vif. C'est simplement la façon dont il écrit qui me fait dire ça. Je sais que le Prince était un garçon, je le vois bien. Cette fille n'a rien à voir dans l'histoire. Et d'abord, tu l'as trouvée où, cette coupure ?
-À la bibliothèque, répondit Hermione, comme on pouvait s'y attendre. Il y a toute une collection d'anciens numéros de La Gazette, là-bas. Je vais essayer d'en savoir plus sur cette Eileen Prince, si je peux.
- Amuse-toi bien, dit Harry, agacé.
- Compte sur moi. Et la première chose que je vais faire, lança-t-elle lorsqu'elle fut arrivée devant le trou du portrait, c'est consulter les listes des anciens élèves qui ont eu des prix en potions !
Elle sortit de la salle commune et se dirigea vers la bibliothèque, déterminée à en savoir plus sur cette histoire. Maintenant que Drago était en train de terminer sa mission, elle pouvait se consacrer à la recherche de ce fameux Prince.
Mais lorsqu'elle arriva à la bibliothèque, Hermione trouva, Madame Pince en train de chasser les derniers élèves qui traînaient dans la pièce. Poussant un soupir, elle décida de remonter dans la salle commune. Quand elle revint, il ne restait plus que Ron qui somnolait sur le divan, la bouche entrouverte. Elle s'assit à côté de lui non sans délicatesse, ce qui fit sursauter son ami.
-Où est Harry ? Demanda Hermione, en espérant qu'il n'était pas à nouveau dans le couloir du septième étage.
-Hein, hmm, fit Ron en sortant de sa rêverie. Dumbledore lui a envoyé un message pour le voir le plus vite possible.
-Que lui voulait-il ?
-Aucune idée.
Hermione ne savait pour quelle raison, mais elle avait un mauvais pressentiment. Même un très mauvais. Était-ce une coïncidence si le Directeur voulait voir Harry le soir même où Drago finissait sa mission ? Décidément, elle devenait paranoïaque. De quelle manière Dumbledore serait-il au courant de cela ? Et pourquoi aurait-il demandé à Harry de venir aussi précipitamment ? Non vraiment, elle devait absolument arrêter de s'inquiéter pour un rien. Néanmoins, elle avait toujours un pressentiment au fond d'elle-même.
-Hermione ? Tu vas bien ? Demanda Ron inquiet.
Plongée dans ses pensées, Hermione avait complètement oublié la présence de son ami qui la regardait d'un œil inquiet.
-Oh oui, ca va très bien, j'étais en train de me demander ce que Dumbledore voulait simplement. C'est inquiétant tu ne trouves pas ?
-Pas vraiment, répondit Ron. Il a toujours été un peu cinglé.
-Ou peut-être qu'il a trouvé quelque chose sur les Horcruxes, dit Hermione à voix basse.
Ils discutèrent encore un petit moment sur l'éventualité que Dumbledore ait découvert ou non un Horcruxe lorsque Harry arriva en précipitation dans la salle commune. Il avait un air à la fois tourmenté, mais déterminé.
-Qu'est-ce que voulait Dumbledore ? demanda aussitôt Hermione. Harry, ça va ? ajouta-t-elle d'un ton anxieux.
- Ça va très bien, répondit brièvement Harry en passant très vite devant eux.
Il se rua dans l'escalier puis descendit quelques secondes plus tard, dans la salle commune en dévalant les marches, s'arrêtant dans une glissade devant Ron et Hermione, abasourdis. Il tenait dans sa main la carte du Maraudeur, ainsi qu'une vieille chaussette roulée en boule.
- Je n'ai pas beaucoup de temps, dit-il d'une voix haletante. Dumbledore pense que je suis venu chercher ma cape d'invisibilité. Écoutez… Dumbledore m'emmène chercher un Horcruxe, il pense qu'on peut en trouver un à l'endroit où Jedusor était parti en vacances avec l'orphelinat.
-Mais comment est-ce que… Commença Ron.
-Je n'ai pas le temps de tout expliquer Ron ! Répondit Harry précipitamment. J'ai croisé Trelawney tout à l'heure dans le couloir, elle essayait de rentrer dans la salle sur Demande pour cacher ses bouteilles de Xérès, seulement Malefoy y était et il poussait des exclamations de joie !
Horrifiée, Hermione laissa échapper un cri d'exclamation.
- Vous comprenez ce que ça signifie ? Acheva Harry en parlant très vite. Dumbledore ne sera pas là cette nuit, donc Malefoy aura à nouveau le champ libre pour agir.
Ron et Hermione s'apprêtaient à interrompre Harry dans son élan, lorsque celui-ci s'exclama en colère :
-Non, écoutez-moi ! Je sais que c'était Malefoy qui poussait des cris de joie dans la Salle sur Demande. Tiens – il fourra la carte du Maraudeur dans la main d'Hermione –, il faut le surveiller et surveiller Rogue, aussi. Prenez avec vous tous les membres de l'A.D. que vous pourrez rassembler. Hermione, tes faux Gallions qui servaient à se donner rendez-vous doivent toujours marcher, non ? Dumbledore dit qu'il a pris des mesures de protection supplémentaires, mais si Rogue est dans le coup, il les connaît et sait comment les déjouer – seulement, il ne s'attendra pas à ce que vous soyez tous en alerte.
- Harry…, commença Hermione, les yeux écarquillés de terreur.
Elle ne savait plus quoi penser, les propos de Harry la terrifiaient, car elle savait pour quelle raison précise Drago hurlait de joie. Est-ce pour ce soir la phase finale de son plan comme le supposait Harry ? Horrifiée, Hermione se sentait complice d'avoir participé à la réparation de cette armoire, sans savoir en quoi consistait exactement le plan. Elle avait le sentiment de s'être fait manipuler par le Serpentard, même si elle doit admettre qu'elle avait consenti à l'aider
- Je n'ai pas le temps de discuter, répliqua-t-il sèchement. Prends aussi ça – il mit les chaussettes dans la main de Ron.
-Merci, dit Ron. Heu… pourquoi est-ce que j'aurais besoin de chaussettes ?
-Tu auras besoin de ce qu'il y a dedans. C'est le Felix Felicis. Vous vous le partagerez, donnez-en aussi à Ginny. Dites-lui au revoir de ma part. Il faut que j'y aille, maintenant, Dumbledore m'attend…
- Non ! s'exclama Hermione tandis que Ron, impressionné, sortait le petit flacon de potion dorée. Nous n'en voulons pas, garde-le, qui sait ce que tu devras affronter ?
-Je n'ai rien à craindre, je serai avec Dumbledore, répondit Harry. Je veux être sûr que ça se passe bien pour vous… Ne fais pas cette tête-là, Hermione. À plus tard…
Et il repartit, se glissant à travers le trou du portrait pour filer rejoindre Dumbledore.
Ron et Hermione s'échangèrent un regard inquiet. Qu'étaient-ils censés faire ? Devaient-ils suivre les instructions de leur ami et prévenir les membres de l'AD ? Incapable de bouger, Hermione réfléchit au plus vite. Elle devait voir Drago, lui parler. Lui seul serait en mesure de lui expliquer ce qu'il se préparait cette nuit au château, si les soupçons d'Harry étaient fondés.
-Alors, demanda Ron, que faisons-nous ?
-Je vais chercher mes faux Gallions, répondit Hermione, les idées claires. J'enverrai ensuite un message à tous les membres de l'AD pour se réunir. Il faut espérer qu'une bonne partie d'entre eux ait gardé la pièce.
-Et après ?
-Il faudra se diviser. Nous patrouillerons dans les couloirs, l'un de nous deux surveillera Malefoy, et l'autre le bureau de Rogue. Si tu ne vois pas d'inconvénient, je surveillerai moi-même Malefoy et…
-Non ! S'écria Ron, c'est trop dangereux ! On ne sait pas ce que ce fou furieux à préparé… on ne sait pas de quoi il est capable si c'est bien lui qui a commis tous ses attentats au cours de l'année. Non, écoute-moi Hermione, dit-il alors qu'elle s'apprêtait à l'interrompre. Rogue agit peut-être de cette façon sur ordre de Dumbledore et il travaille pour l'ordre, tu seras plus en sécurité à surveiller son bureau.
Ne sachant pas de quelle manière elle allait s'en sortir, Hermione se pinça les lèvres. Comment allait-elle s'échapper pour parler au Serpentard ?
-Très bien, fit-elle. Je vais appeler les membres de l'AD. Attends-moi ici.
Elle monta rapidement les escaliers en colimaçon et entra dans son dortoir. Elle chercha dans sa malle la pièce qu'elle avait ensorcelée l'année précédente et envoya un message d'urgence aux membres de l'AD, leur donnant rendez-vous devant la salle sur Demande.
Hermione descendit ensuite rejoindre Ron, qui restait debout au milieu de la salle commune, l'air tourmenté.
-Voila, fit Hermione en arrivant. J'ai envoyé le message. Je vais aller attendre tout le monde devant la salle sur Demande, toi tu restes ici pour attendre Ginny.
-Non ! J'y vais moi, toi attends sagement ici.
-Il est hors de question que je reste en arrière ! S'indigna Hermione, les joues rouges.
Elle était en train de perdre du temps à discuter avec Ron. Elle devait voir Drago au plus vite, si les membres de l'AD avaient directement reçu son message, le temps lui était compté avant qu'elle puisse rentrer dans la salle pour discuter avec Drago.
-Écoute Ron, il ne m'arrivera rien. Je vais prendre avec moi la carte du Maraudeur. Et puis, continua-t-elle sans se soucier des exclamations de Ron, tu viendras nous rejoindre dès que Ginny sera là, ok ?
-D'accord, fit-il la mine boudeuse. Mais fais attention à toi, Hermione.
Maladroitement, il lui tapota le bras en signe d'encouragement. Elle acquiesça d'un mouvement de tête et sortit de la tour de Gryffondor.
Jamais elle n'avait couru aussi vite de toute sa vie. C'était comme si ses jambes étaient devenues incontrôlables, telle une marionnette. Malgré son point de côté qui commençait à apparaître, elle continua sa course. Heureusement, le couloir se trouvait à proximité de son dortoir, et elle se retrouva devant la tapisserie de Barnabas le follet en quelques minutes. Elle tourna trois fois la phrase dans sa tête quand la porte apparût soudainement. Avant de rentrer, elle vérifia que la voie était libre, et poussa la porte.
Elle entendait des cris de joie qui résonnaient dans la salle. Hermione reconnu aussitôt la voix de Drago. Elle se dirigea le pas léger vers l'endroit où reposait l'Armoire à Disparaître fraîchement réparée.
Drago lui tournait le dos, trop occupé à savourer sa victoire. Inlassablement, il envoyait divers objets dans l'Armoire, pour s'assurer de son bon fonctionnement. Il sursauta lorsqu'il entendit Hermione l'appelé derrière lui.
-Hermione ? Fit-il. Que fais-tu là ?
-Drago ! Répondit Hermione précipitamment. Je n'ai pas beaucoup de temps ! Mais il faut que tu empêches ce que tu es en train de faire ! Harry est au courant, il sait que tu as fini ta mission et que… que… c'est pour ce soir.
-Quoi ?! Comment peut-il savoir ?
-Nous allons patrouiller dans le couloir, l'informa Hermione en ignorant sa question. Dumbledore à mis en place des mesures de sécurité supplémentaire ce soir. Quoique tu fasses Drago, tu n'y arriveras pas ! Abandonne ce projet, je t'en prie !
-Je ne peux plus reculer, Hermione ! C'est trop tard. Il est au courant.
Horrifiée, Hermione plaqua ses mains sur sa bouche, incapable de dire quoi que ce soit.
-Drago, qu'as-tu fait ? Que va-t-il se passer ? Des larmes d'effarement commencèrent à monter aux yeux de la jeune fille.
Elle se sentait affreusement coupable et idiote de l'avoir aidé les yeux fermés, sans connaître les conséquences de sa mission.
-Tu verras bien assez tôt. Tout ce que je peux te dire, c'est de ne pas te trouver dans ce couloir ! Promets-moi que tu resteras dans ta salle commune, Hermione !
Il se rapprocha et la saisit par les bras, en la regardant droit dans les yeux. Elle ne vit pas de la peur dans le regard de Drago, à son grand étonnement, ses yeux d'un gris profond reflétaient de l'assurance. Comme s'il s'était préparé à ce jour depuis des années.
-Jamais ! J'ai promis à Harry qu'il pouvait compter sur moi ! Ma place est auprès de mes amis, je ne peux pas les abandonner.
-Hermione c'est trop dangereux ! Tu n'imagines pas les risques….
Tout d'un coup, l'Armoire à disparaître bougea, comme si quelque chose était coincé à l'intérieur.
-Tu dois partir ! Cours dans ta salle commune et restes-y !
-Non Drago ! Rien ne me fera changer d'avis ! Répondit Hermione, la voix de plus en plus aiguë.
-Très bien.
Il relâcha les bras de la jeune fille, et l'embrassa tendrement. Était-ce parce qu'elle était effrayée, ou qu'elle savait au fond d'elle-même que la mission de Drago marquerait la fin de leur histoire, mais jamais ils ne s'étaient embrassés de cette façon. Jamais elle n'oublierait la douceur et la tendresse de ses lèvres contre les siennes. Elle sentait des larmes humides couler de la joue de Drago, et se mêler aux siennes.
Elle aurait souhaité que ce baiser ne s'arrête jamais ou que lorsqu'elle rouvrirait les yeux, qu'ils soient loin de cette Salle sur Demande, loin de cette maudite Armoire et de cette mission. Avec un serrement au cœur, Drago éloigna ses lèvres et posa son front contre celui d'Hermione.
-Je ne sais pas si je saurais… si j'en… aurai le courage.
-Tu as le choix, tu peux choisir d'arrêter tout ça et on restera ensemble !
-C'est impossible, fit-il dans un souffle.
Les yeux plongés dans ceux de Drago, Hermione perçut pour la première fois depuis tout à l'heure de la peur. Plus que cela, il était terrorisé. Son teint était plus pâle que jamais.
-Je dois y aller.
-Fais attention à toi, Hermione je t'en prie, ne reste pas dans ce couloir !
-Je serais près du bureau de Rogue.
Une expression d'effarement traversa le visage de Drago.
-Ne lui fais pas confiance, c'est tout ce que je peux te dire.
Ils se dévisagèrent, puis Hermione tourna les talons et sortit de la salle.
Le couloir était toujours désert. Elle sortit de sa poche la pièce de faux Gallion qui était restée intacte. Une boule au ventre, Hermione se demanda si les membres de l'AD répondraient à son appel. Combien d'entre eux auraient gardé la pièce auprès d'eux ? Même si certains l'avaient gardée, elle devait se trouver au fond d'une malle ou dans une vieille paire de chaussettes. Elle déplia la carte du Maraudeur et vit deux minuscules points se diriger vers elle. Quelques secondes plus tard, Neville et Luna arrivèrent à l'autre bout du couloir. Ils furent aussitôt rejoints par Ron et Ginny qui couraient dans leur direction.
-Ron ! Hermione ! Que se passe-t-il ? Nous avons reçu ton message, fit Neville en désignant la pièce de Gallion.
-Une nouvelle séance de l'AD est programmée ? Demanda Luna les yeux exorbités, comme s'il s'agissait d'une excursion nocturne.
Rapidement, Hermione et Ron expliquèrent la situation ainsi que les instructions laissées par Harry. Tous approuvèrent d'un signe de tête. Personne ne semblait effrayé, constata Hermione. Peut-être étaient-ils tous convaincus qu'il s'agissait d'une ronde, que rien de bien dangereux ne viendrait perturber la nuit.
Depuis le tout début de la soirée, cet horrible pressentiment ne quittait plus Hermione.
-Bien, fit-elle, nous allons nous séparer en groupe de deux. Ginny, Ron et Neville, vous allez surveiller le couloir. Assurez-vous que personne ne quitte cette salle, dit-elle en désignant le mur lisse et intact de la Salle sur Demande. Luna, tu viendras avec moi. Nous allons surveiller le bureau de Rogue.
Ron lui jeta un regard inquiet, signifiant de faire attention. Hermione détourna aussitôt les yeux.
-S'il arrive quoi que ce soit, utilisez les Gallions pour communiquer.
-Très bien, approuva Neville.
-Passe-moi la carte Hermione, fit Ron. Malefoy ne nous échappera pas de cette manière.
À contrecœur, elle tendit la vieille carte de parchemin à son ami.
-Allons-y, Luna. Bon, faites très attention à vous.
Elle jeta derrière son épaule un regard inquiet à son groupe d'ami qui commençait déjà à patrouiller dans le couloir.
