Chapitre 29 : la lamentation du phœnix
Hermione le vit descendre l'immense escalier de marbre en courant. Accompagné de Rogue, ils dégringolaient les marches, comme s'ils étaient poursuivit par le Diable en personne. La fuite de Drago ne présageait rien de bon, pensa Hermione horrifiée. Depuis que le professeur Flitwick avait débarqué en criant que des Mangemorts se trouvaient à Poudlard, il régnait dans l'école un climat de panique générale. Une partie des élèves s'étaient réunis dans le Hall, attiré par les cris du professeur de sortilège. Tous s'inquiétaient et se demandaient si des Mangemorts avaient réellement franchi l'enceinte de l'école.
Elle vit qu'il parcourait la foule d'élèves des yeux, comme s'il était à la recherche de quelqu'un, à sa recherche, pensa-t-elle. Elle su qu'elle avait raison lorsqu'elle croisa son regard d'un gris intense. Ils se fixèrent pendant une fraction de seconde, ses yeux exprimant un profond regret, comme s'il lui implorait son pardon des événements de la soirée. Hermione ne put supporter plus longtemps ce regard. Elle se sentait profondément trahie et blessée, comme jamais elle ne l'avait été auparavant. Elle baissa les yeux et laissa échapper des larmes qui commençaient à couler sur sa joue.
A nouveau, des cris de terreur retentissaient dans la salle lorsqu'un grand Mangemort blond fracassa le sablier géant de Gryffondor, déversant les rubis dans un tintement sonore sur le carrelage. Une seconde plus tard, Rogue lança un sortilège en direction de la porte d'entrée et força le passage, en tenant fermement Drago par le bras pour qu'il le suive. Ils sortirent dans le parc qui était plongé dans la nuit noire, suivit de près par le gros Mangemort.
-Pour quelle raison Rogue essaye de s'enfuir… demanda Hermione à Luna qui était restée près d'elle.
-Il avait l'air d'être poursuivit par ce Mangemort qui lançait des sortilèges partout autour de lui, répondit Luna, pensive.
A peine eut-elle finie sa phrase qu'Harry débarqua à son tour et descendit les escaliers en courant, chaque trait de son visage exprimait une haine profonde.
-Harry! Cria Hermione. Harry, où vas-tu?
Mais son ami ne semblait pas avoir entendu ses appels qui étaient recouvert par les exclamations terrifiés des dizaines d'élèves réunit dans le Hall. Déterminé, Harry fonça en direction de la porte d'entrée, comme s'il poursuivait l'immense Mangemort ou Malefoy, pensa Hermione horrifiée. Mais ce n'était pas possible, Drago était avec Rogue ! Pour quelle raison Harry les poursuivrait-ils ? Un très mauvais pressentiment surgit aussitôt en elle. Elle voulait suivre Harry et Drago dans le parc, leur porter secours, mais une main lui saisit le bras.
-Non, Hermione laisse le faire, tu ne peux pas l'aider.
-Mais il le faut Luna ! Je ne peux pas le laisser partir comme ça !
Elle ne savait plus très bien si elle pensait à Harry ou Drago en disant cela, mais elle ne pouvait rester les bras croisés.
-Viens, insista Luna, nous devons rejoindre les autres pour leur venir en aide.
Les deux amies commencèrent à monter les marches de l'escalier lorsqu'elles aperçurent en haut des marches une silhouette rousse.
-Ron ! Cria Hermione en courant vers son ami qui semblait anéanti. Tu… tu vas bien ?
-C'est Bill, dit-il en déglutinant difficilement, il a été… attaqué.
Hermione plaqua une main sur sa bouche, horrifiée par la nouvelle.
-Ce n'est pas possible ! Est-ce qu'il est … ?
-Non… il est à l'infirmerie… tout le monde est là-bas à son chevet. J'étais venu te chercher Harry et toi, mais je ne sais pas où il l'est. Ginny l'a vu descendre de la tour d'astronomie et courir après Rogue et Malefoy, que se passe-t-il, bon sang ?!
-Nous venons de le voir sortir du château, l'informa Luna. Nous pensions qu'il poursuivait ce gros Mangemort qui était aux trousses de Rogue…
-Tout cela est tellement inquiétant, gémit Hermione. Et si Harry avait raison, si Rogue était bel et bien dans le camp de Voldemort ?
Ron et Luna tressaillirent, mais ne répondirent pas aux inquiétudes de la jeune fille, se contentant de se regarder l'air anxieux.
-Harry nous rejoindra à l'infirmerie, fit Ron d'un ton qu'il voulait rassurant. Ne nous inquiétons pas pour lui, il reviendra.
-Tu as raison, fit Hermione à moitié convaincue.
Elle prit amicalement la main de Ron pour le rassurer, et le guida passivement vers l'infirmerie. Lorsqu'ils arrivèrent dans la pièce, Hermione vit Ginny, Tonks et Lupin rassemblés autour du lit que Drago occupait il y a plusieurs semaines de cela. Sur le lit qui se trouvait à côté de l'entrée, Neville semblait profondément endormi. Ron, Luna et Hermione se dirigèrent vers le lit occupé par Bill à présent.
-Hermione ! Luna ! S'exclama Ginny en se levant de sa chaise, est-ce que vous allez bien ?
-Oui… bien, balbutia Hermione, et Bill, comment va-t-il ?
Ni Lupin, ni Tonks ne répondirent, préférant garder le silence. Horrifiée, elle vit sur l'oreiller un visage méconnaissable, si terriblement lacéré, déchiré, qu'il en paraissait grotesque.
-Mon dieu… fit Hermione dans un murmure.
Elle sentit qu'elle fut prise d'un vertige violent à la vue du cœur mutilé de Bill. Ses jambes commençaient à trembler de plus en plus et elle dû s'agripper à Ron pour ne pas tomber. Tout cela était sa faute, pensa-t-elle. C'est elle qui avait aidé Malefoy à réparer cette maudite armoire, elle qui l'avait aidé à introduire les Mangemorts à Poudlard… Une culpabilité insoutenable la rongeait à l'intérieur.
-Assieds-toi, Hermione, fit Lupin en faisant apparaître une chaise. Madame Pomfresh réussira à le guérir, continua-t-il en regardant Ron et Hermione. Par chance, nous avons réussi à l'amener rapidement à l'infirmerie.
-Qui… demanda Hermione dans un souffle, qui à osé… faire ça ?!
-Greyback.
-Nooon!
A nouveau, Hermione plaqua sa main sur sa bouche. Elle n'arrivait pas à y croire, comment Drago pouvait-il avoir fait rentrer ce monstre au sein de l'école ?!
Hermione essaya de se ressaisir pour ne pas attirer l'attention sur elle, mais elle avait l'impression que tout le monde pouvait entendre le bruit des battements de son cœur qui accélérait de plus en plus.
-Je n'arrive pas à y croire, fit Tonks la mine désemparée, comment ces Mangemorts ont-ils réussi…
-Harry pensait que Malefoy préparait quelque chose dans la Salle sur Demande, répondit Ron. Il pourra surement nous en dire davantage quand il reviendra…
-D'ailleurs où est-il ? Demanda aussitôt Ginny.
-Nous l'avons vu sortir de l'école, répondit Hermione qui fixait toujours Bill d'un œil vitreux. Je ne sais pas pour quelle raison, mais il avait l'air de poursuivre ce gros Mangemort, Rogue et Malefoy.
Hermione croisa le regard de Ginny, exprimant silencieusement son inquiétude. Celle-ci se leva aussitôt et se dirigea vers la sortie de l'infirmerie.
-Où vas-tu, Ginny ? Lui demanda Ron.
-Je vais chercher Harry, bien sûre !
-Il en est hors de question ! Il fait nuit et le parc est plongé dans le noir, je ne veux pas qu'un de ces fous furieux s'en prenne à toi par derrière !
-Mais Harry a peut-être besoin d'aide ! Et je dois le prévenir pour Bill, fit-elle tristement en jetant un regard à son frère.
-Laissez-là partir Ron, intervint Lupin, les Mangemorts ont tous réussir à s'enfuir à l'heure qu'il est, je ne sais pas comment ils sont arrivés, mais ils ont réussi à partir par la même issue. Ne vous en faites pas, ajouta-t-il en voyant l'air septique de Ron, toute l'école est alertée, ils ne tenteront plus rien.
Ron fit un signe de tête à Ginny et la laissa quitter l'infirmerie. Un long silence pensant s'installa dans la pièce jusqu'à l'arrive de Madame Pomfresh. Elle tenait dans les mains un petit pot contenant un onguent vert à l'odeur âcre.
-Qu'allez-vous faire avec ça ? Demanda Ron d'un air dégouté.
-Je vais l'appliquer sur ses plaies pour cicatriser les blessures.
-Est-ce qu'il retrouvera une apparence normale ?
-Je l'ignore Mr Weasley, ce sont des blessures très sérieuses.
Elle commença à étaler la pommade sur les plaies de Bill lorsque la porte de l'infirmerie s'ouvrit, laissant entrer Ginny accompagnée d'Harry.
En entendant la porte s'ouvrir, ils levèrent tous la tête. Hermione courut vers Harry et le serra contre elle. Lupin s'avança également, l'air anxieux.
- Ça va, Harry ?
- Très bien… Et Bill ?
Personne ne répondit. Harry regarda par-dessus l'épaule d'Hermione et vit sur l'oreiller le visage méconnaissable de Bill, tandis que Madame Pomfresh continuait ses soins.
- Vous ne pouvez pas le soigner avec un sortilège ou quelque chose comme ça ? demanda-t-il à Madame Pomfresh.
-Aucun sortilège ne peut agir sur de telles blessures, répondit-elle. J'ai essayé tout ce que je connais, mais il n'y a pas de remèdes contre les morsures de loup-garou.
- Il n'a pas été mordu à la pleine lune, dit Ron qui fixait le visage de son frère comme s'il avait pu forcer ses plaies à se refermer par son simple regard. Greyback ne s'était pas métamorphosé, donc Bill ne deviendra sûrement pas un… un vrai…
Hésitant, il se tourna vers Lupin.
- Non, je ne pense pas que Bill deviendra un vrai loup-garou, acheva Lupin. Mais cela ne signifie pas qu'il n'y aura pas une certaine contamination. Ce sont des blessures ensorcelées. Il y a peu de chances qu'elles guérissent jamais complètement et… et il se peut que Bill ait désormais certaines caractéristiques du loup.
-Peut-être que Dumbledore connaît un remède qui serait efficace ? dit Ron. Où est-il ? C'est sur son ordre que Bill s'est battu contre ces fous furieux. Dumbledore a une dette envers lui, il ne peut pas le laisser dans cet état…
- Ron… Dumbledore est mort, annonça Ginny.
- Non !
Lupin jeta un regard effaré à Ginny, puis à Harry comme s'il espérait que celui-ci démentirait la nouvelle mais voyant qu'il n'en était rien, il s'effondra sur une chaise à côté du lit de Bill, le visage dans les mains.
Non…C'était impossible ! Pensa Hermione en passant ses doigts dans ses cheveux, d'un geste désespéré. Dumbledore ne pouvait pas être mort !
-Comment est-il mort ? murmura Tonks. Comment est-ce arrivé ?
- Rogue l'a tué, répondit Harry. J'étais là, je l'ai vu. En revenant, nous avons atterri au sommet de la tour d'astronomie, là où se trouvait la Marque… Dumbledore était malade, affaibli, mais je crois qu'il s'est rendu compte que c'était un piège quand on a entendu quelqu'un monter l'escalier en courant. Il m'a immobilisé, je ne pouvais rien faire, j'étais sous la cape d'invisibilité… À ce moment-là, Malefoy a poussé la porte et l'a désarmé…
Hermione plaqua ses mains contre sa bouche et Ron poussa un gémissement. Les lèvres de Luna tremblaient. C'était donc ça, comprit enfin Hermione, sa mission : tuer Dumbledore sur ordre de Voldemort. Et s'il y était arrivé, c'était uniquement de sa faute, pensa-t-elle. Comment avait-elle pu être si naïve ?! Comment avait-elle pu l'aider si aveuglément…
- D'autres Mangemorts sont arrivés… Et puis Rogue… C'est Rogue qui l'a tué. Avec l'Avada Kedavra.
Harry fut incapable de continuer. Des larmes commencèrent à couler le long des joues d'Hermione, tandis que Madame Pomfresh fondit en larmes.
Personne ne lui prêta attention, sauf Ginny qui murmura :
-Chut ! Écoutez !
Dans un sanglot, Madame Pomfresh, les yeux écarquillés, pressa ses doigts contre ses lèvres. Quelque part dans l'obscurité, un phénix lançait un chant qu'Hermione n'avait encore jamais entendu : une lamentation déchirante d'une terrible beauté. Elle eut l'impression que la musique ne venait pas de l'extérieur mais qu'elle était en elle. C'était son propre chagrin et sa culpabilité se transformait par magie en une mélodie, qui s'élevait dans le parc et leur parvenait par les fenêtres du château. Hermione se laissa envoutée par cette musique, comme si elle plongeait dans un rêve. Pendant tout le temps qu'à duré la mélodie, elle oublia sa peine et la douleur qu'elle ressentait de cette profonde trahison. Pour la première fois depuis le début de l'année, elle oublia Drago. Pendant combien de temps restèrent-ils à l'écouter, elle ne le savait pas, elle ne savait pas non plus pourquoi entendre ainsi chanter leur chagrin paraissait soulager un peu leur douleur.
Il lui sembla en tout cas qu'il s'était écoulé un temps très long lorsque la porte de l'infirmerie s'ouvrit à nouveau et que le professeur McGonagall entra dans la salle. Comme les autres, elle portait les marques du combat : elle avait des estafilades sur le visage et sa robe était déchirée.
-Molly et Arthur arrivent, dit-elle.
Le sortilège de la musique fut rompu : ils s'éveillèrent comme s'ils sortaient d'une transe, se tournant à nouveau vers Bill, se frottant les yeux, hochant la tête.
-Harry, que s'est-il passé ? D'après Hagrid, vous étiez avec le professeur Dumbledore lorsqu'il… lorsque cela s'est produit. Il dit que le professeur Rogue est impliqué d'une certaine…
- Rogue a tué Dumbledore, déclara Harry.
Elle le regarda un moment dans les yeux puis vacilla dangereusement. Madame Pomfresh qui semblait avoir repris ses esprits se précipita, faisant apparaître une chaise qu'elle glissa sous le professeur McGonagall.
- Rogue, répéta McGonagall d'une voix faible en se laissant tomber sur la chaise. Nous nous demandions tous… Mais il a toujours… eu confiance… Rogue… Je n'arrive pas à y croire…
-Rogue était un occlumens de très haut niveau, dit Lupin, avec une dureté qui ne lui était pas familière. Nous l'avons toujours su.
- Mais Dumbledore jurait qu'il était de notre côté ! murmura Tonks. J'ai toujours pensé qu'il savait sur Rogue quelque chose que nous ignorions…
-Il laissait entendre qu'il avait une raison indiscutable de lui faire confiance, marmonna le professeur McGonagall qui tamponnait à présent le coin humide de ses paupières avec un mouchoir bordé de motifs écossais. Bien sûr… étant donné l'histoire de Rogue… il était inévitable qu'on se pose des questions… Mais Dumbledore m'a dit explicitement que le repentir de Rogue était absolument sincère… Il ne voulait pas entendre exprimer le moindre doute à ce sujet !
- J'aimerais bien savoir ce que Rogue a pu lui raconter pour le convaincre, se demanda Tonks.
- Je le sais, répondit Harry.
Tous les regards se tournèrent vers lui.
- Rogue a donné à Voldemort l'information qui l'a lancé sur les traces de ma mère et de mon père. Il a dit ensuite à Dumbledore qu'il ne s'était pas rendu compte des conséquences de son acte, qu'il regrettait profondément de l'avoir fait, il regrettait que mes parents soient morts.
- Et Dumbledore a cru ça ? S'étonna Lupin, incrédule. Dumbledore a cru que Rogue regrettait que James soit mort ? Rogue haïssait James…
-Et il se fichait complètement de ma mère, ajouta Harry, parce qu'elle était d'origine moldue… Il la traitait de Sang-de-Bourbe…
Personne ne demanda comment Harry savait cela. Tous semblaient abasourdis et terrifiés, essayant de digérer la monstrueuse nouvelle.
-Tout est de ma faute, déclara soudain le professeur McGonagall.
Elle paraissait désemparée, tordant entre ses mains son mouchoir humide.
- Ma faute. J'ai envoyé Filius chercher Rogue, ce soir, je l'ai envoyé chercher pour qu'il vienne nous aider ! Si je n'avais pas averti Rogue de ce qui se passait, peut-être ne serait-il jamais venu prêter main-forte aux Mangemorts. Je ne pense pas qu'il ait été au courant de leur présence avant que Filius ne le prévienne, il ne savait sans doute pas qu'ils devaient venir.
- Non, ce n'est pas votre faute, Minerva, assura Lupin d'un ton ferme. Nous voulions tous des renforts, nous étions contents que Rogue vienne nous rejoindre…
Hermione commençait à avoir des nausées, elle se dégoutait elle-même de garder le silence devant les aveux du Professeur McGonagall. Elle aurait voulu crier à tout le monde la vérité, qu'en réalité tout était de sa faute à elle, que depuis le début elle était au courant de la mission de Drago, mais qu'elle avait préféré gardé le silence par amour pour le Serpentard. Mais de tels aveux étaient inconcevables pour elle, jamais on ne lui pardonnerait sa trahison. Honteuse, elle baissa les yeux et fixa ses souliers, sans dire un mot.
-Alors, quand il est arrivé pendant la bataille, il s'est rangé du côté des Mangemorts ? demanda Harry.
- Je ne sais pas exactement ce qui s'est produit, répondit le professeur McGonagall, égarée. Tout était si confus… Dumbledore nous avait dit qu'il quitterait l'école pendant quelques heures et il nous a demandé de patrouiller dans les couloirs, au cas où… Remus, Bill et Nymphadora devaient se joindre à nous… Nous avons donc patrouillé. Tout paraissait tranquille. Les passages secrets communiquant avec l'extérieur étaient tous surveillés. Nous savions que personne ne pouvait arriver par la voie des airs. Chaque entrée du château était protégée par de puissants enchantements. Je ne sais toujours pas comment les Mangemorts ont fait pour entrer…
-Moi, je le sais.
Harry leur parla en quelques mots des deux Armoires à Disparaître et du chemin magique qui les reliait entre elles.
- Ils sont donc arrivés par la Salle sur Demande.
Presque contre sa volonté, il lança un regard à Ron et à Hermione. Anéantie, Hermione baissa à nouveau les yeux, ne supportant davantage les reproches silencieux de son ami.
- J'ai tout fait de travers, avoua Ron d'un air sombre. On a suivi tes instructions : on a regardé la carte du Maraudeur et comme Malefoy n'y était pas, on a pensé qu'il devait se trouver dans la Salle sur Demande. Ginny, Neville et moi, on est allés la surveiller… mais Malefoy a réussi à nous échapper.
- Il est sorti de la salle environ une heure après qu'on ait commencé la surveillance, dit Ginny. Il était seul et il serrait contre lui cette horrible main desséchée…
- La Main de Gloire, précisa Ron. Elle permet à celui qui la tient d'avoir de la lumière quand les autres sont dans le noir, tu te souviens ?
-Il avait dû aller vérifier si la voie était libre avant de laisser sortir les Mangemorts, reprit Ginny. Dès qu'il nous a repérés, il a jeté quelque chose en l'air et tout est devenu d'un noir d'encre…
- La poudre d'Obscurité Instantanée du Pérou, dit Ron avec amertume. On en trouve chez Fred et George. Je vais leur dire un mot sur la façon dont ils choisissent leurs clients.
-On a tout essayé, Lumos, Incendio, poursuivit Ginny. Pas moyen d'obtenir la moindre lueur. Tout ce qu'on a pu faire, c'est sortir du couloir à tâtons et pendant ce temps-là, on entendait des gens qui passaient en courant à côté de nous. Malefoy, lui, pouvait voir et les guider grâce à cette main mais on n'a pas osé lancer de maléfices pour ne pas risquer de se les envoyer les uns aux autres. Quand on a enfin réussi à atteindre un couloir éclairé, ils avaient disparu.
Avec un déchirement au cœur, Hermione imagina parfaitement la scène. Toute l'action se passait dans les couloirs, c'était pour cela que le Serpentard avait tant insisté pour qu'elle parte le plus loin possible. Il savait que des Mangemorts arriveraient…
- Heureusement, dit Lupin d'une voix rauque, Ron, Ginny et Neville sont presque tout de suite tombés sur nous et ils nous ont raconté ce qui s'était passé. Quelques minutes plus tard, on a trouvé les Mangemorts qui se dirigeaient vers la tour d'astronomie. De toute évidence, Malefoy ne s'était pas attendu à ce qu'il y ait d'autres personnes en faction. En tout cas, il avait épuisé ses réserves de poudre d'Obscurité. Un combat s'est engagé, ils se sont dispersés et nous les avons poursuivis. L'un d'eux, Gibbon, a réussi à s'enfuir dans l'escalier de la tour…
- Pour faire apparaître la Marque ? demanda Harry.
-Sans doute, oui. Ils avaient dû prévoir ça avant de quitter la Salle sur Demande. Mais je pense que Gibbon n'aimait pas trop l'idée d'attendre Dumbledore tout seul au sommet de la tour parce qu'il a très vite redescendu l'escalier pour se lancer à nouveau dans la bataille et il a été touché par un sortilège de mort qui m'a raté de peu.
- Et toi, où étais-tu pendant que les autres surveillaient la Salle sur Demande ? interrogea Harry en se tournant vers Hermione.
-Devant le bureau de Rogue, murmura Hermione, les yeux brillants de larmes. Avec Luna. Nous sommes restées là une éternité et tout était calme… Nous ne savions pas du tout ce qui se passait là haut, Ron avait emporté la carte du Maraudeur… Il était presque minuit quand le professeur Flitwick a dévalé l'escalier des cachots. Il criait qu'il y avait des Mangemorts dans le château, je ne crois pas qu'il ait remarqué qu'on était là, Luna et moi, il est simplement entré en trombe dans le bureau de Rogue et on l'a entendu lui dire qu'il devait absolument venir les aider, ensuite, il y a eu un bruit de chute et Rogue est sorti en courant de son bureau, il nous a vues et… et…
-Quoi ? demanda Harry d'un ton pressant.
-J'ai été tellement bête, Harry ! murmura Hermione d'une petite voix aiguë. Il nous a dit que le professeur Flitwick s'était évanoui et que nous devrions nous occuper de lui pendant que… pendant qu'il allait aider à combattre les Mangemorts…
Elle se couvrit le visage dans un geste de honte et continua de parler entre ses doigts, la voix étouffée :
-Nous sommes entrées dans son bureau pour voir si nous pouvions aider le professeur Flitwick et nous l'avons trouvé étendu par terre, inconscient… et… oh, c'est tellement évident, maintenant. Rogue a dû stupéfixer Flitwick, mais on ne s'en est pas rendu compte, Harry, on ne s'en est pas rendu compte, on a simplement laissé filer Rogue !
-Ce n'est pas votre faute, assura Lupin. Hermione, si vous n'aviez pas obéi à Rogue, si vous vous étiez mises en travers de son chemin, il vous aurait sans doute tuées, vous et Luna.
Elle laissa échappée un sanglot, honteuse que Lupin soit si rassurant envers elle, elle qui ne méritait aucune compassion.
-Il est donc monté dans les étages, dit Harry, et il a très vite découvert l'endroit où se déroulait le combat…
-Nous avions des difficultés, nous étions en train de perdre, expliqua Tonks à voix basse. Gibbon avait été tué mais les autres Mangemorts semblaient prêts à livrer un combat sans merci. Neville avait été blessé, Bill sauvagement attaqué par Greyback… Il faisait noir… les maléfices volaient en tous sens… Le jeune Malefoy avait disparu, il avait dû réussir à se faufiler et à monter dans la tour… Puis d'autres ont couru à sa suite et l'un d'eux a bloqué derrière lui l'accès à l'escalier, avec je ne sais quel sortilège… Neville a foncé droit dedans et il s'est retrouvé projeté en l'air…
-Aucun de nous n'a pu passer, dit Ron, et pendant ce temps-là, cet énorme Mangemort jetait des maléfices de tous les côtés, ils ricochaient sur les murs et nous manquaient de justesse…
- Et puis Rogue est arrivé, poursuivit Tonks, et il a très vite disparu…
- Je l'ai vu courir vers nous, reprit Ginny, mais à ce moment-là, un des sortilèges du gigantesque Mangemort m'a ratée de peu, je me suis baissée et je n'ai plus suivi ce qui se passait.
- Il a foncé droit sur la barrière ensorcelée et l'a traversée comme si elle n'existait pas, raconta Lupin. J'ai essayé de le rattraper, mais j'ai été rejeté en arrière comme Neville…
- Il devait connaître un antisort que nous ignorions, murmura McGonagall. Après tout, il était professeur de défense contre les forces du Mal… J'ai simplement cru qu'il s'était lancé à la poursuite des Mangemorts qui s'échappaient dans l'escalier de la tour…
- En effet, dit Harry, d'un ton féroce, mais c'était pour les aider, pas pour les arrêter… Et je vous parie qu'il fallait avoir la Marque des Ténèbres sur le bras pour traverser cette barrière invisible… Qu'est-ce qui s'est passé quand il est redescendu ?
- Le gros Mangemort venait de jeter un sort qui avait fait s'effondrer la moitié du plafond et avait également détruit le maléfice de la barrière invisible, expliqua Lupin. Nous nous sommes tous précipités dans l'escalier – ceux d'entre nous qui tenaient encore debout – puis Rogue et le jeune Malefoy ont émergé de la poussière et, bien entendu, nous n'avons pas songé à les attaquer…
-On les a laissés passer, dit Tonks d'une voix éteinte, on a pensé qu'ils étaient poursuivis par les Mangemorts… Un instant plus tard, les autres Mangemorts et Greyback étaient revenus se battre contre nous. Il me semble avoir entendu Rogue crier quelque chose, mais je n'ai pas compris quoi…
- Il a crié : « C'est fini », dit Harry. Il avait fait ce qu'il avait décidé de faire.
Tout le monde se tut. Au-dehors, la lamentation de Fumseck continuait de s'élever dans l'obscurité du parc. Tandis que l'écho de son chant résonnait dans les airs, les pensées d'Hermione se dirigèrent malgré elle vers Drago. Où était-il à présent ? Est-il en sécurité ? Voldemort l'a-t-il épargné lui et sa famille ? Pensait-il à elle… Elle se dégoutait de se poser encore ce genre de question après la trahison de ce dernier.
Tout à coup, la porte de l'infirmerie s'ouvrit à la volée en les faisant tous sursauter : Mr et Mrs Weasley traversaient la salle à grands pas, suivis de Fleur, son beau visage terrifié.
- Molly… Arthur…, dit le professeur McGonagall qui s'était levée d'un bond et se précipitait pour les accueillir. Je suis vraiment navrée…
- Bill, murmura Mrs Weasley qui passa très vite devant elle en voyant le visage ravagé de son fils. Oh, Bill !
Lupin et Tonks se levèrent aussitôt et s'écartèrent pour que Mr et Mrs Weasley puissent s'approcher du lit. Mrs Weasley se pencha sur son fils et posa ses lèvres sur son front ensanglanté.
-Vous m'avez dit que c'est Greyback qui l'a attaqué ? demanda Mr Weasley, effaré, au professeur McGonagall. Mais il n'était pas métamorphosé ? Alors, qu'est-ce qui va se passer ? Qu'est-ce qui va arriver à Bill ?
- Nous ne le savons pas encore, répondit le professeur McGonagall en regardant Lupin d'un air désemparé.
-Il y aura sans doute une forme de contamination, Arthur, déclara Lupin. C'est un cas étrange, peut-être unique… Nous ne savons pas ce que sera son comportement quand il se réveillera…
Mrs Weasley prit des mains de Madame Pomfresh l'onguent malodorant et commença à l'étaler sur les plaies de Bill.
-Et Dumbledore…reprit Mr. Weasley. Minerva, est-il vrai qu'il est… Il est véritablement…
Tandis que le professeur McGonagall confirmait la nouvelle d'un signe de tête, Hermione essuya d'un revers de manches les larmes qui coulaient à flot sur sa joue. Elle se sentait responsable du malheur de Mme Weasley, jamais elle ne se le pardonnerait.
-Dumbledore est mort, murmura Mr Weasley, mais Mrs Weasley ne s'intéressait qu'à son fils aîné. Elle se mit à pleurer, des larmes tombant sur le visage mutilé de Bill.
-Bien sûr, l'apparence physique ne compte pas beaucoup. Ça n'a pas t… tellement d'importance… Mais c'était un très beau petit g… garçon… il a toujours été très beau… et il… il devait se marier !
-Qu'est-ce que vous voulez dire par là ? s'exclama soudain Fleur. Qu'est-ce que vous voulez dire par il devait se marier ?
Mrs Weasley, interloquée, leva son visage ruisselant de larmes.
-Eh bien… maintenant…
- Vous pensez que Bill ne voudra plus se marier avec moi ? demanda Fleur d'un ton impérieux. Vous pensez qu'à cause de ces morsures, il ne m'aimera plus ?
-Non, ce n'est pas ce que…
-Parce qu'il m'aimera toujours ! répliqua Fleur qui se redressa de toute sa taille et rejeta en arrière sa longue chevelure d'un blond argenté. Il faudrait plus qu'un loup-garou pour empêcher Bill de m'aimer !
- Certainement, j'en suis sûre, répondit Mr s Weasley mais je pensais que peut-être… étant donné… la façon dont il…
-Vous croyez que je ne voudrais plus me marier avec lui ? Ou c'est peut-être ce que vous espérez ? lança Fleur, les ailes du nez frémissantes. Qu'est-ce que ça peut me faire, son physique ? Je suis suffisamment belle pour deux, il me semble ! Ces cicatrices montrent simplement que mon mari est courageux ! Et d'ailleurs, c'est moi qui vais m'occuper de lui ! ajouta-t-elle d'un ton féroce en écartant Mrs Weasley et en lui prenant l'onguent des mains.
Mrs Weasley tomba en arrière contre son mari et, avec une expression très étrange, regarda Fleur étaler l'onguent sur les blessures de Bill. Personne ne prononça un mot, attendant l'explosion de Mme Weasley.
-Notre grand-tante Muriel, dit Mrs Weasley après un long silence, possède un très beau diadème – fabriqué par des gobelins – et je suis sûre que je pourrais la convaincre de vous le prêter pour le mariage. Elle aime beaucoup Bill, et ce diadème vous irait à merveille, avec vos cheveux.
-Merci, répondit Fleur avec raideur. Ce sera sûrement ravissant.
Un instant plus tard – ne sachant plus très bien comment les choses s'étaient passées- les deux femmes pleuraient dans les bras l'une de l'autre. Complètement désorientée, se demandant si le monde n'était pas devenu fou, Hermione échangea avec Ginny un regard surpris, lorsqu'une voix crispée s'écria :
- Tu as vu !
Tonks regardait Lupin d'un œil noir.
- Elle veut toujours l'épouser, même s'il a été mordu ! Elle s'en fiche !
-C'est différent, répondit Lupin, remuant à peine les lèvres, l'air soudain tendu. Bill ne sera pas un loup-garou à part entière. Les deux cas sont très…
-Mais ça m'est égal, ça m'est complètement égal ! s'écria Tonks.
Elle attrapa Lupin par le devant de sa robe et le secoua.
- Je te l'ai répété un million de fois…
Soudain, les suppositions d'Harry au sujet de Tonks s'éclaira dans la tête d'Hermione… ce n'était pas de Sirius que Tonks était tombée amoureuse…
- Et moi, je t'ai répété un million de fois, répliqua Lupin, les yeux fixés sur le sol, refusant de croiser le regard de Tonks, que je suis trop vieux pour toi, trop pauvre… trop dangereux…
-Je t'ai dit depuis le début que ton attitude était ridicule, Remus, lança Mrs Weasley par-dessus l'épaule de Fleur qu'elle tapotait dans le dos.
- Je ne suis pas ridicule, répondit Lupin avec fermeté. Tonks mérite quelqu'un qui soit jeune et sain.
-Mais c'est toi qu'elle veut, objecta Mrs Weasley en esquissant un sourire. D'ailleurs, Remus, les hommes jeunes et sains ne le restent pas forcément.
Elle montra d'un geste triste son fils étendu entre eux.
- Ce n'est pas… le moment d'en parler, déclara Lupin, qui évita le regard des autres en détournant les yeux d'un air égaré. Dumbledore est mort…
- Dumbledore aurait été plus heureux que quiconque de penser qu'il y a un peu plus d'amour dans le monde, dit sèchement le professeur McGonagall.
Avec un profond malaise, Hermione repensa à son entrevue avec Dumbledore, de ses paroles réconfortantes et rassurantes que le Directeur lui avait dites. Elle fut tirée de ses pensées par l'arrivée d'Hagrid à l'infirmerie.
La petite partie de son visage que sa barbe et ses cheveux laissaient voir était humide et bouffie.
Un grand mouchoir à pois à la main, il était secoué de sanglots.
- Je… je l'ai fait, professeur, annonça-t-il d'une voix étranglée. Je… j'ai transporté son corps. Le professeur Chourave a renvoyé les élèves se coucher. Le professeur Flitwick est allé s'allonger mais il pense qu'il sera très vite remis et le professeur Slughorn m'a dit que le ministère avait été informé.
-Merci, Hagrid, répondit le professeur McGonagall.
Elle se leva aussitôt et se tourna vers le groupe rassemblé autour du lit de Bill.
- Il faudra que je voie les gens du ministère quand ils seront là. Hagrid, s'il vous plaît, dites aux directeurs de maison – Slughorn peut représenter Serpentard – que je veux tout de suite les rencontrer dans mon bureau. J'aimerais que vous soyez là aussi.
Hagrid acquiesça d'un signe de tête, pivota sur ses talons et ressortit d'un pas traînant. Le professeur McGonagall regarda alors Harry.
- Avant cette réunion, je voudrais vous dire rapidement un mot, Harry. Si vous voulez bien venir avec moi…
Harry se leva, murmura : « À tout à l'heure » à l'adresse de Ron, d'Hermione et de Ginny, et suivit le professeur McGonagall hors de la salle.
Lorsque la porte se referma derrière eux, on n'entendait plus que les sanglots de Mme Weasley qui brisait le silence qui s'était à nouveau installé.
-Nous allons vous laisser avec Bill, fit Lupin à l'intention de Mr et Mme Weasley.
Il se leva et fit un signe de tête à Tonks de le suivre. Hermione, Luna, Ron et Ginny se levèrent également.
-Merci Remus, répondit Monsieur Weasley tandis que sa femme pleurait à nouveaux à chaudes larmes dans les bras de Fleur. Merci pour tout…
Ils quittèrent tous ensemble l'infirmerie, tout en se demandant ce qu'il adviendrait de Poudlard.
-Je doute que l'école reste ouverte, fit Lupin. Pas après que des Mangemorts se soient introduits dans l'école et la mort de Dumbledore. C'est une grande perte pour Poudlard…
-Mais où iront les élèves ? Se demanda Ginny. C'est encore plus dangereux de rester chez soi… à Poudlard les professeurs sont là pour veiller sur les élèves, et les membres de l'Ordre aussi !
-Je sais Ginny, répondit Tonks. Mais après l'échec de ce soir, les parents voudrons garder leurs enfants près d'eux, ce qui est normal en soit, ils penseront que l'Ordre n'a pas réussi à protéger le plus grand sorcier de tout les temps… ajouta-t-elle la voix tremblante.
Hermione était rongée par la culpabilité en entendant les propos de Tonks. Elle aurait voulu la réconforter, lui dire qu'ils avaient fait tout leur possible et risquer leur vie pour protéger l'école, mais elle n'y arrivait pas. Elle était incapable de dire quoi que ce soit et resta silencieuse.
-Ne dis pas des choses pareilles Tonks ! Dumbledore serait fière de nous.
-Tu as raison Remus, nous devons garder la tête froide, surtout maintenant. La mort de Dumbledore va provoquer une vraie tempête au Ministère, nous devrions nous mettre en route le plus vite possible, Maugrey attend de mes nouvelles.
Sur ces paroles, Tonks et Lupins les saluèrent et quittèrent l'école. Il ne restait plus que Ron, Ginny et Hermione dans le Hall d'entrée, Luna étant restée au chevet de Neville. Ils montèrent en silence jusqu'à la tour de Gryffondor, chacun plongé dans ses propres pensées. Tout au long du trajet jusqu'au septième étage, Hermione essayait de ne pas penser à Drago. Mais les images de celui-ci en train de s'enfuir dans le hall tourbillonnaient dans sa tête. Elle essayait d'oublier le regard de regret qu'il lui avait lancé au loin, mais ses yeux gris la hantaient…
-Branchiflore, fit Ron à l'intention de la Grosse Dame.
-C'est vrai ce que l'on raconte, demanda-t-elle, Dumbledore serait…
Aucun ne lui répondit, tandis que le portail pivotait pour les laisser passer. Tous les élèves étaient réunis dans la salle commune, un air affligé marqué sur tous les visages qui les regardaient passer.
-Ron, interpela Seamus. Que se passe-t-il ? Tout le monde prétend que Dumbledore serait…
-Oui, répondit simplement celui-ci.
Seamus se retourna vers Dean l'air encore plus assombri. Sans demander son reste, Ron monta directement vers le dortoir des garçons, laissant Ginny et Hermione seule.
-Viens, lui fit Ginny, montons dans mon dortoir tu as besoin de parler Hermione.
Elle acquiesça docilement et suivit son amie jusqu'au cinquième étage. Comme d'habitude, la pièce était vide. Seule la valise de Ginny marquait une présence dans la pièce. Elle invita son ami à s'asseoir au bord de son lit, et l'observa attentivement. Pendant plusieurs minutes, Hermione fixa le sol, sentant le regard de Ginny sur elle. Enfin, elle releva la tête et regarda son amie, droit dans les yeux.
-Je suis un monstre, Ginny.
-Ne dis pas une chose pareille Hermione ! Tu ne savais pas que sa mission consistait à tuer Dumbledore ! Qui aurait pu penser une chose pareille…
-Non, mais je l'ai aidé ! C'est moi qui lui aie montré comment réparer l'Armoire… avoua honteusement Hermione. C'est de ma faut si les Mangemorts ont réussi à s'introduire dans l'école, si Bill été blessé et si Dumbledore est… mort ! Hurla-t-elle en sanglotant. Comment arriverais-je à vivre avec ca ?!
Ginny ne répondait pas, réalisant les aveux qu'Hermione venait de lui faire. Elle n'arrivait pas à déchiffrer l'expression de son visage qui restait de marbre. Elle allait surement la détester, même la haïr… Hermione savait que Ginny ne pourrait en parler à personne, mais elle, arriverait-elle à garder le poids de sa culpabilité toute sa vie ? Elle n'en était pas certaine. Cependant, si elle avouait sa part de responsabilité ainsi que sa relation avec Drago depuis le début de l'année, elle perdrait pour toujours tous ses amis, pire encore, elle serait appelée à comparaître à une audience devant le département de la Justice magique.
La jeune fille sanglota de plus belle entre ses mains, elle était incapable de regarder son amie après de telle aveux, elle serait même incapable de regarder qui que ce soit d'autre. Pendant une fraction de seconde, elle eut la folle idée de s'enfuir loin, de retourner près de ses parents et d'oublier le monde magique auquel elle appartenait. Elle sursauta lorsqu'elle senti une main amicale se poser sur son épaule.
-Hermione, tu voulais aider Malefoy parce que tu l'aimais, Dumbledore ne t'aurai jamais reproché d'avoir agit par amour pour le sauver…
-C'est ce qu'il m'avait demandé de faire, fit Hermione en essuyant ses larmes. Dumbledore, quand j'étais dans son bureau… il m'avait demandé de continuer à aimer Drago et à le soutenir quoi qu'il arrive. Il disait qu'il était au courant depuis le début de l'année de sa mission et qu'il… qu'il le protégeait.
-Il croyait en chacun de nous, il était le seul à voir la part de bonté même quand tout le monde pensait le contraire.
-Mais regarde où cela l'a mené, Ginny. Rogue l'a tué. Harry avait raison depuis le début et pourtant, je m'obstinais à nier pour protéger Drago.
-Tu dois tout lui avouer, Hermione. Harry et Ron sont tes amis ils doivent connaître la vérité.
-NON ! s'écria-t-elle en se levant brusquement. Ils ne doivent jamais savoir Ginny. Surtout pas Ron, il me haïrait ! Et Harry… il est comme un frère pour moi, jamais il ne me pardonnerait…
-Mais…
-Non ! Personne ne doit être au courant ! C'est pour cela que j'ai fait un serment inviolable, ajouta Hermione en voyant que son amie s'apprêtait à répondre. Et puis d'ailleurs, Drago est loin, je ne le verrai sans doute plus jamais…
-Que va-t-il lui arriver d'après toi ?
-Je n'en ai aucune idée… j'espère seulement qu'il va bien, que ses parents et lui sont en sécurité.
-Tu te doutes bien qu'ils sont surement sous l'emprise de Tu-sais-qui.
-Je sais, fit Hermione le regard perdu vers la fenêtre du dortoir. Il doit se débrouiller et survivre seul à présent. Je ne peux plus l'aider… tout ce que je veux, c'est oublier cette histoire… l'oublier, lui.
-Tu as raison, répondit Ginny. Cette histoire ne t'aurait emmenée nulle part… qu'espérais-tu tirer de votre relation ?
Perdue dans ses pensées, Hermione ne répondit pas. Qu'attendait-elle de son histoire avec Drago ? Au fond d'elle-même, elle avait toujours espérer que le Serpentard abandonne sa mission et se range du côté de l'Ordre. Elle avait eu la sottise de penser que Drago et sa famille se battrait à leurs côtés pour vaincre Voldemort et qu'enfin ils puissent vivre leur histoire au grand jour. En une fraction de seconde, des images défilèrent dans sa tête : c'était elle et non Bill et Fleur qui se marierait. Elle se voyait coiffée d'une tiare tandis qu'il l'attendrait devant l'autel…
-Hermione ?
Hermione sortit de sa rêverie, culpabilisant d'imaginer un tel scénario alors que Drago l'avait trahie et manipulée.
-Rien du tout, conclu-t-elle d'un air déterminé. Au fond, je ne sais même pas s'il m'aimait vraiment… Peut être qu'il se sentait seul et qu'il avait besoin de mon aide pour cette Armoire… je me sens utilisée, Ginny ! Jamais je ne lui pardonnerai.
-Oublie cette histoire, c'est du passé, désormais il faut te concentrer sur l'avenir, maintenant que Dumbledore n'est plus là, les événements vont s'aggraver encore plus… fit Ginny sombrement.
-Tu as raison, je ne peux plus me mettre de m'apitoyer, Harry aura besoin de moi.
-J'ai l'impression qu'il prépare quelque chose, je ne sais pas depuis la mort de Dumbledore j'ai l'impression qu'il y a quelque chose de déterminer dans son regard.
-Je suis sûre qu'il t'en parlera bientôt, fit Hermione pour couper court à la conversation, elle ne voulait pas mettre Ginny au courant des Horcruxes, c'était le devoir de Harry s'il le désirait.
-J'avais espéré que tu puisses m'en dire plus…
-Je suis désolée Ginny, mais la décision appartient à Harry.
-Je comprends. Bon je vais commencer à faire ma valise, fit Ginny.
Devant le désordre dans la malle ouverte de Ginny au pied de lit, Hermione ne pu retenir un sourire se dessiner sur ses lèvres. C'était une impression étrange et merveilleuse à la fois que de sourire à nouveau, elle qui pensait ne plus jamais retrouver de joie.
-Oui, je vois que tu as du pain sur la planche, répondit Hermione en désignant les tenues de Quidditch de Ginny étalées à terre.
Pour toute réponse, elle lui lança au visage un rouleau usé de parchemin, avant d'éclater de rire avec Hermione.
