Bonjour à tous ! Voilaaaaa déjà le dernier chapitre du sixième tome, j'espère qu'il vous plaira et qu'il sera à la hauteur de vos attendes :)

Comme d'hab, je posterai la suite de l'histoire (le 7ème tome), mercredi donc jusque-là, patience ahah :p

Je tenais particulièrement remercier, de la part de mon amie Tinkerbell et moi-même, tous ceux qui ont lu notre histoire, qui nous ont encouragés à chaque chapitre posté et laissé des revieuws ! Un grand merci pour tous vos compliments ! :D

Voila n'hésitez pas à nous laisser votre avis pour ce dernier chapitre et à partager notre Fanfic ;)

Passez de bonnes fêtes de Noel !

Misery & Tinkerbell


Chapitre 31: La décision d'Hermione

Tous les cours furent suspendus et les examens repoussés à une date ultérieure. Dans les deux jours qui suivirent, des parents se dépêchèrent de retirer leurs enfants de Poudlard – les sœurs Patil étaient parties avant le petit déjeuner, au lendemain de la mort de Dumbledore, et Zacharias Smith quitta le château escorté par son père, un sorcier à l'air hautain. Seamus Finnigan, en revanche, refusa tout net de retourner chez lui avec sa mère. Il y eut un échange de cris dans le hall d'entrée et sa mère finit par accepter qu'il reste pour l'enterrement. Selon Harry et Ron qui le tenait de Seamus, elle eut du mal à trouver une chambre à Pré-au-Lard, car de nombreux sorciers et sorcières affluaient dans le village pour venir rendre un dernier hommage à Dumbledore.

Une certaine excitation se répandit parmi les élèves les plus jeunes, qui n'avaient encore jamais vu ce spectacle, lorsque, la veille de l'enterrement, un carrosse bleu pastel de la taille d'une maison, tiré par une douzaine de gigantesques chevaux ailés, tous des palominos, surgit dans le ciel à la fin de l'après-midi et atterrit à la lisière de la forêt. Une femme immense, d'une très grande beauté, les cheveux noirs et le teint olivâtre, descendit le marchepied du carrosse et se jeter dans les bras de Hagrid qui l'attendait.

Pendant ce temps, une délégation de membres du ministère, dont le ministre de la Magie lui-même, étaient reçus au château, pour le plus grand mécontentement de Harry. Ce dernier était certain que, tôt ou tard, on lui demanderait de révéler où était allé Dumbledore la dernière fois qu'il était parti de Poudlard.

Harry, Ron, Hermione et Ginny ne se quittaient pas, hormis quand Hermione se rendait à la bibliothèque pour se retrouver seule dans ses recherches sur R.A.B. Ils passèrent la plupart du temps dehors, sous un ciel magnifique, à profiter des derniers instants qu'ils le resteraient avant le départ du Poudlard express.

Ils se rendaient à l'infirmerie deux fois par jour : Neville en était sorti, mais Bill continuait de recevoir les soins de Madame Pomfresh. Ses cicatrices étaient toujours aussi terribles. Il présentait maintenant une ressemblance frappante avec Maugrey Fol OEil bien que, par bonheur, il eût encore deux bras et deux jambes, mais sa personnalité ne semblait pas avoir subi de changement.

La seule différence, c'était qu'il avait à présent un goût prononcé pour les steaks très saignants.

- C'est une chance qu'il se marie avec moi, assura Fleur d'un ton joyeux en retapant les oreillers de Bill, parce que les British font trop cuire leur viande, je l'ai toujours dit.

- Il faudra bien que j'accepte l'idée qu'il va vraiment l'épouser, soupira Ginny un peu plus tard. Harry, Ron, Hermione et elle étaient assis devant la fenêtre ouverte de la salle commune de Gryffondor et contemplaient le parc à la lumière du soleil couchant.

-Elle n'est pas si mauvaise, dit Harry. Mais pas très jolie, ajouta-t-il précipitamment en voyant Ginny hausser les sourcils.

À contrecœur, elle laissa échapper un petit rire.

-J'imagine que si maman arrive à la supporter, j'y arriverai aussi.

Hermione était assise à terre, lisant la Gazette du Sorcier pour se distraire, s'était-elle convaincue, mais en réalité elle cherchait la moindre information concernant Drago et sa famille.

- D'autres gens qu'on connaît sont morts ? demanda Ron.

La brutalité forcée de sa voix arracha une grimace à Hermione.

- Non, répondit-elle d'un ton réprobateur en repliant le journal. Ils continuent de rechercher Rogue, mais ils n'ont aucune piste.

-Bien sûr que non, répéta Harry qui se mettait en colère chaque fois qu'ils abordaient le sujet. Ils ne trouveront pas Rogue tant qu'ils n'auront pas trouvé Voldemort et, comme ils n'y sont jamais parvenus depuis tout ce temps…

- Je vais me coucher, annonça Ginny en bâillant. Je n'ai pas très bien dormi depuis… enfin… un peu de sommeil ne me fera pas de mal.

Elle embrassa Harry (Ron prit soin de regarder ailleurs), adressa un signe de la main aux autres et se dirigea vers le dortoir des filles. Dès que la porte se fut refermée derrière elle, Hermione se pencha vers Harry avec une expression très hermionesque sur le visage.

-Harry, j'ai trouvé quelque chose ce matin, à la bibliothèque…

- R.A.B. ? demanda-t-il en se redressant.

- Non, dit-elle avec tristesse, j'ai essayé, Harry, mais je n'ai rien découvert… Il existe deux sorciers relativement connus qui portent ces initiales : Rosalind Antigone Bungs et Rupert « À la Hache » Brookstanton… Mais ils ne semblent pas du tout correspondre. À en juger par ce mot, la personne qui a volé l'Horcruxe connaissait Voldemort et je n'ai pas pu découvrir la moindre preuve que Bungs ou « À la Hache » aient jamais eu affaire à lui… Non, en fait, ce que j'ai trouvé concerne… heu… Rogue.

Elle prononça ce nom d'un air inquiet, car Harry s'énervait toujours lorsqu'on abordait ce sujet.

- De quoi s'agit-il ? demanda Harry d'un ton accablé en s'affalant dans son fauteuil.

- Eh bien, finalement, j'avais quand même raison à propos de cette histoire de Prince de Sang- Mêlé, dit-elle timidement.

- Il faut vraiment que tu insistes, Hermione ? Tu ne crois pas que c'est déjà assez pénible pour moi ?

- Non, non, Harry, ce n'est pas ce que je voulais dire ! répondit-elle aussitôt en regardant autour d'elle pour s'assurer qu'on ne pouvait pas les entendre. J'avais simplement raison au sujet de cette Eileen Prince qui aurait pu posséder le livre. Figure-toi que… c'était la mère de Rogue !

- Je croyais qu'elle n'était pas très belle, fit remarquer Ron.

Hermione ne lui accorda aucune attention.

- En lisant d'autres anciens numéros de La Gazette, j'ai trouvé un minuscule faire-part annonçant le mariage d'Eileen Prince à un homme du nom de Tobias Rogue. Plus tard, une autre annonce disait qu'elle avait donné naissance à un…

-Assassin, lança sèchement Harry.

- Heu… oui, approuva Hermione. Donc… j'avais raison, d'une certaine manière. Rogue devait être fier d'être « mêlé de Prince », tu comprends ? Tobias Rogue était un Moldu d'après La Gazette.

- Oui, ça se tient, admit Harry. Il a mis en avant la branche sang-pur de sa famille pour que Lucius Malefoy et les autres l'acceptent parmi eux… Il est exactement comme Voldemort. Une mère sang-pur, un père Moldu… honteux de ses origines, essayant de se faire craindre par la magie noire, se donnant un nouveau nom plus impressionnant – Lord Voldemort, le Prince de Sang-Mêlé. Comment Dumbledore a-t-il pu ne pas voir…

Il s'interrompit et regarda par la fenêtre l'air pensif. Hermione ne répondait pas à sa dernière remarque, car elle aussi avait fermé les yeux sur Drago.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi il ne t'a pas dénoncé pour t'être servi de ce livre, dit Ron. Il devait bien savoir d'où tu tenais tout ça.

-Il le savait, assura Harry avec amertume. Il l'a su quand j'ai lancé le Sectumsempra. Il n'avait même pas besoin de legilimancie… Peut-être même l'a-t-il su avant, quand Slughorn lui racontait à quel point j'étais brillant en cours de potions… Il n'aurait pas dû laisser son ancien livre au fond de ce placard.

-Mais je le répète, pourquoi ne t'a-t-il pas dénoncé ?

- Je pense qu'il ne voulait pas qu'on l'associe à ce livre, répondit Hermione. Je ne crois pas que Dumbledore aurait été très content s'il avait été au courant. Et même si Rogue avait prétendu que le manuel n'était pas le sien, Slughorn aurait immédiatement reconnu son écriture. En plus, le livre se trouvait dans l'ancienne classe de Rogue et je suis sûre que Dumbledore savait que sa mère s'appelait Prince.

-J'aurais dû l'apporter à Dumbledore, dit Harry. Pendant tout ce temps, il m'a montré le mal chez Voldemort, même quand il était à l'école, et moi, j'avais la preuve que Rogue était comme lui…

- Le mot « mal » est un peu trop fort, répliqua Hermione à voix basse.

- C'est toi qui n'as pas arrêté de me répéter que ce livre était dangereux !

- J'essaye de te faire comprendre, Harry, que tu exagères ta responsabilité. Je trouvais que le Prince avait un sens de l'humour détestable, mais je n'aurais jamais pensé que c'était un tueur en puissance…

-Aucun de nous n'aurait pu deviner que Rogue aurait… enfin, vous me comprenez…, dit Ron.

Ils se turent, chacun plongé dans ses réflexions. Elle pensa à la journée du lendemain où aurait lieu les obsèques de Dumbledore.

Hermione avait déjà assisté à des enterrements moldus dans sa famille, suite à la perte d'une vieille tante ou d'un cousin éloigné, mais jamais elle n'avait été à un enterrement chez les sorciers. Le lendemain matin, la jeune fille se leva de bonne heure pour commencer les préparatifs de sa valise. Lorsqu'elle descendit prendre son petit déjeuner dans la Grande Salle, elle remarqua que l'humeur était à la retenue.

Tout le monde avait revêtu des robes de cérémonie et personne ne semblait avoir très faim. Le professeur McGonagall avait laissé vide le fauteuil en forme de trône, au milieu de la table des enseignants. La chaise de Hagrid était également désertée, celui-ci n'avait sans doute pas eu le courage de se joindre à la table des professeurs, pensa Hermione. La place de Rogue, en revanche, était occupée, sans cérémonie, par Rufus Scrimgeour qui balayait la salle des yeux à la recherche d'Harry. Un peu plus loin, Hermione reconnut les cheveux roux et les lunettes à monture d'écaille de Percy Weasley. Ron ne donnait pas l'impression d'avoir remarqué la présence de Percy, mais il transperçait de sa fourchette des morceaux de hareng fumé avec une hargne inaccoutumée.

À la table des Serpentard, Crabbe et Goyle se murmuraient des choses à l'oreille. Avec un déchirement au cœur, Hermione imaginait voir surgir la haute silhouette pâle de Drago entre ses deux acolytes. Soudain, elle croisa le regard de Crabbe qui lui souriait dans un rictus. Elle n'aimait pas du tout cette expression se dessiner sur son visage, car elle avait la désagréable impression qu'il la narguait sur quelque chose qu'elle ignorait. Peut-être avait-il lu la lettre… Elle n'avait toujours pas eu le courage de l'ouvrir et l'avait laissée au fond de son sac de cours.

Le professeur McGonagall s'était levée et la morne rumeur qui résonnait dans la salle s'évanouit aussitôt.

- L'heure est presque arrivée, dit-elle. Veuillez suivre s'il vous plaît vos directeurs de maison dans le parc. Les Gryffondor, regroupez-vous derrière moi.

Dans un silence presque total, ils se levèrent de leurs bancs et sortirent en file indienne. Hermione aperçut Slughorn à la tête des Serpentard, vêtu d'une somptueuse robe vert émeraude brodée d'argent.

Elle n'avait jamais vu le professeur Chourave, directrice de Poufsouffle, aussi impeccable. Son chapeau ne comportait pas le moindre rapiéçage. À leur arrivée dans le hall d'entrée, Madame Pince était debout à côté de Rusard. Elle s'était enveloppée d'un épais voile noir qui lui descendait jusqu'aux genoux ; il portait, pour sa part, un antique costume et une cravate également noirs qui sentaient la naphtaline.

Lorsque Harry, Ron, Hermione et Ginny franchirent la porte et s'avancèrent sur les marches de pierre, ils virent que tout le monde se dirigeait vers le lac. La chaleur du soleil caressa le visage d'Hermione tandis qu'ils suivaient en silence le professeur McGonagall vers l'endroit où des centaines de chaises avaient été alignées. Elles étaient séparées par une allée au bout de laquelle se dressait une table de marbre. C'était une magnifique journée d'été.

Une assistance d'une extraordinaire diversité s'était déjà installée sur la moitié des chaises : des tenues misérables côtoyaient les mises élégantes, les jeunes se mêlaient aux vieux. Hermione reconnut plusieurs personnes présentes dans l'assemblée : certaines d'entre elles, notamment des membres de l'Ordre du Phénix : Kingsley Shacklebolt, Maugrey Fol OEil, Tonks, ses cheveux ayant miraculeusement retrouvé une teinte rose vif, Remus Lupin, dont elle tenait la main,

Mr et Mrs Weasley, Bill soutenu par Fleur et suivi de Fred et de George qui portaient des vestes noires en peau de dragon. Il y avait aussi Madame Maxime, qui occupait deux chaises et demie à elle toute seule, Tom, le patron du Chaudron Baveur, la bassiste chevelue du groupe des Bizarr' Sisters, Ernie Danlmur, le chauffeur du Magicobus et Madame Guipure, la couturière du Chemin de Traverse. Instantanément, Hermione se remémora sa rencontre avec Drago dans la boutique au début de l'année. À ce moment, elle ignorait tout de lui… elle le prenait toujours pour cet élève hautain et vaniteux de Serpentard. Que ce moment lui semblait loin…

Les fantômes du château étaient également présents, à peine visibles dans la clarté du soleil. On ne les discernait que lorsqu'ils se déplaçaient dans l'atmosphère illuminée, tel un miroitement immatériel. Harry, Ron, Hermione et Ginny allèrent s'asseoir au bout d'une rangée, près du lac. Autour d'eux, des chuchotements bruissaient comme des herbes sous la brise, mais le chant des oiseaux dominait les murmures. La foule continuait de grandir. Au loin, Hermione aperçut Neville s'asseoir, aidé par Luna. Ils avaient été les deux seuls membres de l'A.D. à avoir répondu à son appel la nuit où Dumbledore était mort. C'était sans doute les seuls qui regardaient régulièrement leurs fausses pièces de monnaie dans l'espoir qu'il y aurait une nouvelle réunion…Cornélius Fudge passa à côté d'eux, en direction des premiers rangs, la mine affligée, tortillant, comme à l'ordinaire, son chapeau melon vert entre ses mains.

Une bouffée de colère monta chez Hermione quand elle vit Rita Skeeter serrant un bloc-notes dans sa main aux ongles rouges, pointus comme des serres. Puis, avec un sursaut de colère encore plus vif, elle aperçut Dolores Ombrage, une expression de chagrin très peu convaincante sur son visage de crapaud, un noeud de velours noir sur ses cheveux aux boucles gris fer. À la vue du centaure Firenze qui se tenait comme une sentinelle au bord de l'eau, elle eut un haut-le-corps et se hâta d'aller s'asseoir à bonne distance.

Les professeurs prirent enfin place. Une musique étrange s'éleva alors, comme venue d'un autre monde. De nombreuses têtes se tournaient, un peu inquiètes, en direction du lac. Dans l'eau claire et verte, étincelante de soleil, à quelques centimètres sous la surface, un chœur d'êtres de l'eau chantait dans une langue insolite qu'Hermione ne comprenait pas, des vaguelettes ondulant sur leurs visages blafards, leurs chevelures violacées flottant autour d'eux.

Le chant n'était pas désagréable pour autant. De toute évidence, il évoquait le deuil et le désespoir. À l'écoute de ce chant, contre toute attente, Ron lui prit délicatement la main en signe de réconfort. Ce geste paru si naturel pour Hermione, à aucun moment elle ne se sentit mal à l'aise, même si elle doutait toujours des sentiments amicaux de Ron à son égard. Au contraire, elle se sentait en sécurité près de lui et lui caressa du bout de doigt le dos de sa main. Il lui fit un signe de tête en direction de l'allée, puis Hermione se retourna. Hagrid remontait lentement l'allée qui séparait les chaises. Il pleurait en silence, le visage luisant de larmes. Dans ses bras, enveloppé de velours pourpre parsemé d'étoiles d'or, il portait le corps de Dumbledore.

À cette vision, Hermione réalisa encore plus la gravité de ses actes, de sa naïveté et de la trahison de Drago. Sans qu'elle puisse s'en empêcher, de grosses larmes coulèrent le long de sa joue et sur ses genoux. Ron était blême et bouleversé, mais celui-ci tenta tout de même de consoler Hermione en resserra son étreinte sur sa main. Ils n'arrivaient pas à voir distinctement ce qui se passait devant eux. Hagrid semblait avoir déposé avec précaution le corps sur la table de marbre.

Il repartait à présent le long de l'allée, se mouchant avec des bruits de trompette qui lui attirèrent quelques regards scandalisés de Dolores Ombrage… Il rejoignit Graup, son frère géant qui était assis au fond, sa grosse tête repoussante en forme de rocher inclinée, docile, presque humaine. Ce dernier tapota gentiment la tête de Hagrid avec une telle force que les pieds de la chaise s'enfoncèrent dans le sol.

Le chant se tut et un petit homme, les cheveux en épi, vêtu d'une simple robe noire, s'était levé et se tenait à présent devant le corps de Dumbledore. Ils étaient trop loin pour arriver à entendre quoique ce soit du discours du prêtre, mais Hermione réussit à distinguer quelques mots comme « Noblesse d'esprit… Contribution intellectuelle… Grandeur d'âme…».

Il y eut à sa gauche un léger bruit d'éclaboussures et elle vit les êtres de l'eau émerger à la surface du lac pour écouter eux aussi le discours. Le petit homme en noir poursuivait son discours d'une voix monotone, tandis qu'un mouvement parmi les arbres se fit entendre. Les centaures étaient venus eux aussi rendre un dernier hommage à Dumbledore. Ils ne s'avancèrent pas à découvert, ceux-ci restaient immobiles, à moitié cachés dans l'ombre, observant les sorciers, leurs arcs en bandoulière. Quelques minutes plus tard, le petit homme en noir avait enfin cessé de parler et était retourné s'asseoir. Personne d'autre ne prit la parole. Des cris retentirent alors dans l'assistance. Des flammes blanches, éclatantes, avaient jailli autour du corps de Dumbledore : elles s'élevèrent de plus en plus haut, masquant la dépouille. Une volute de fumée blanche tournoya en dessinant d'étranges formes, ce qui impressionna Hermione. Celle-ci crut voir soudain un phénix s'envoler joyeusement dans le bleu du ciel, mais, un instant plus tard, le feu s'était éteint. À la place, une tombe de marbre blanc renfermait le corps de Dumbledore et la table sur laquelle il reposait.

Il y eut d'autres cris lorsqu'une pluie de flèches apparut dans les airs, mais elles retombèrent bien loin de la foule. C'était le dernier hommage des centaures, avant que ceux-ci ne disparaissent à la lisière de la forêt. À nouveau, les larmes coulèrent sur le visage d'Hermione tandis que Ron l'amena vers lui dans ses bras. Celle-ci leva les yeux vers son visage qui était crispé comme s'il avait le soleil dans l'œil. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre, leur regard suffisait à eux seuls. À sa droite, Hermione vit Harry discuter avec Ginny, son visage semblait grave et déterminé.

Elle savait à présent qu'Harry se mettrait à la recherche des Horcruxe, maintenant que Dumbledore n'était plus là… il devait achever sa tâche pour détruire Voldemort. Autour d'elle, la rumeur des conversations reprenait alors que les gens commençaient à se lever.

-Nous devrions nous lever, proposa Ron en caressant tendrement les cheveux d'Hermione. Tout le monde commence à partir.

Hermione se relâcha de l'étreinte de Ron et essuya ses larmes séchées sur sa joue. Elle vit que lui aussi avait pleuré.

-Que va-t-il se passer à présent ?

Elle chercha Harry des yeux et vit que celui-ci était parti en direction du château avant d'être interpellé par le Ministre de la magie.

-Je suppose qu'il faudra rester souder et continuer à sa battre...

-Ron, demanda Hermione pour se rassurer, on sera toujours ensemble quoiqu'il arrive ? Elle avait si peur de perdre son amitié.

-Bien sûr, Hermione pourquoi demandes-tu ça ?

-Pour rien.

Soudain, Ron prit Hermione par la main et l'invita galamment à le suivre. Ils accoururent vers Harry, croisant Scrimgeour qui revenait en sens inverse. Ils le rattrapèrent à l'ombre d'un hêtre sous lequel ils étaient venus s'asseoir en des temps plus heureux.

-Que voulait Scrimgeour ? murmura Hermione.

-La même chose qu'à Noël, répondit Harry en haussant les épaules. Que je lui donne des informations confidentielles sur Dumbledore et que je fasse la publicité du ministère.

Pendant un instant, Ron sembla lutter contre lui-même puis il dit à Hermione d'une voix forte :

- Laisse-moi mettre mon poing dans la figure de Percy !

-Non, répliqua-t-elle fermement en lui saisissant le bras.

-Je me sentirai mieux !

Harry éclata de rire. Hermione elle-même esquissa un sourire qui s'effaça lorsqu'elle regarda le château.

- Je ne peux pas supporter l'idée que nous ne reviendrons peut-être plus jamais ici, se désola-telle. Comment pourrait-on fermer Poudlard ?

-Ça n'arrivera peut-être pas. Nous ne courons pas de plus grands dangers ici que chez nous, fit remarquer Ron. C'est partout pareil, maintenant. Je dirais même que Poudlard est plus sûr, il y a davantage de sorciers, ici, pour nous défendre. Qu'est-ce que tu en penses, Harry ?

- Je ne reviendrai pas, même si l'école rouvre, répondit-il. Ron le regarda bouche bée tandis qu'Hermione soupirait avec tristesse :

- Je savais que tu dirais ça. Mais que vas-tu faire ?

-Je vais retourner chez les Dursley parce que Dumbledore le voulait, déclara Harry. Mais je n'y resterai pas longtemps. Après, je partirai pour de bon.

- Où iras-tu si tu ne reviens pas à l'école ?

-Je pensais retourner à Godric's Hollow, marmonna Harry. Pour moi, tout a commencé là-bas. J'ai l'impression que je dois y revenir. Et j'aimerais bien me rendre sur la tombe de mes parents.

- Et ensuite ? demanda Ron.

-Ensuite, il faut que je retrouve les autres Horcruxes, répondit Harry, les yeux fixés sur la tombe blanche de Dumbledore qui se reflétait dans l'eau, de l'autre côté du lac. C'était ce qu'il voulait que je fasse, c'est pour cela qu'il m'a tout révélé. Si Dumbledore avait raison – ce qui est le cas, j'en suis sûr –, il y en a encore quatre. Je dois les retrouver et les détruire, après je partirai en quête du septième morceau de l'âme de Voldemort, la partie qui est toujours dans son corps. Et je serai celui qui le tuera. Si en chemin je rencontre Severus Rogue, ajouta-t-il, tant mieux pour moi, tant pis pour lui.

Il y eut un long silence. La foule s'était presque entièrement dispersée, les retardataires restant à bonne distance de Graup qui essayait de consoler Hagrid dont les longues plaintes retentissaient toujours à la surface de l'eau.

- On viendra te retrouver, Harry, promit Ron.

-Quoi ?

-Chez ton oncle et ta tante. Et on t'accompagnera, où que tu ailles.

-Non, répliqua aussitôt Harry.

-Tu nous as dit un jour, rappela Hermione à voix basse, qu'il était encore temps pour nous de revenir en arrière, si nous le voulions. Ce temps, nous l'avons largement eu, non ?

-Nous serons avec toi quoi qu'il arrive, assura Ron. Mais avant toute autre chose, avant même d'aller à Godric's Hollow, tu devras d'abord revenir à la maison, chez ma mère et mon père.

- Pourquoi ?

- Le mariage de Bill et de Fleur, tu te souviens ?

Harry le regarda, surpris

- Oui, nous ne devons pas rater ça, dit-il enfin.

Ses doigts se refermèrent machinalement sur le faux Horcruxe. En silence, ils partirent se poser au bord du lac, profitant d'une dernière journée paisible et ensoleillée à trois.

Le lendemain matin de cette longue journée, Hermione rangea ses dernières affaires dans sa valise. Le cœur lourd, elle réalisa que plus jamais elle ne mettrait les pieds dans ce dortoir, ni qu'elle ne dormirait dans ce lit douillet qui avait été le sien durant toutes ses années. Des larmes lui montèrent aux yeux, mais elle les refoula. Elle vida sur le lit, son sac de cours qui contenait quelques livres, une plume séchée et la lettre ébouriffée de Drago. Le bruit sourd d'un petit objet lourd tombant sur le sol retentit.

Hermione se pencha sous son lit en baldaquin et aperçut la petite pierre verte attachée à une fine chaîne en argent. Elle avait complètement oublié le pendentif qui était resté tout ce temps dans la pochette de son sac. Elle prit l'objet entre ses mains et le contempla plusieurs minutes.

Elle se rappela comme si c'était hier de ce moment où elle avait ouvert son cadeau de Noel pour découvrir ce présent magnifique. Au dos, elle caressa la lettre « M » représentant les armoiries des Malefoy. C'était en découvrant cet écusson qu'elle avait réalisé qu'elle l'aimait.

Maintenant, elle ne savait plus si elle ressentait encore de l'amour. Oui ses sentiments envers Drago étaient toujours très présents, mais elle se sentait tellement blessée et trahie qu'elle ne se pensait plus être capable d'aimer et de faire confiance désormais.

Plongée dans ses pensées, elle tenait toujours fermement le pendentif en forme de cœur, l'émeraude commençait au chauffer au creux de sa paume. Elle ne savait pas si c'est le fait d'avoir retrouvé ce collier, ni les souvenirs de ses vacances de Noel qui remontaient à la surface, mais elle se sentait prête à lire la lettre à présent.

D'une main tremblante, elle ouvrit l'enveloppe chiffonnée et déplia le papier. Elle reconnut aussitôt l'écriture soignée et fine de Drago.

Le cœur battant à tout rompre, elle lit son message :

Chère Hermione,

Quand tu liras cette lettre, je ne sais pas si je serais encore en vie ou enfuis, mais ce que je sais, c'est que tu auras compris quelles étaient les intentions de ma mission…

J'ignore si Dumbledore sera mort, mais il faut que tu saches que ce que j'ai fait, c'était uniquement pour sauver mes parents. Je n'ai jamais souhaité que les événements se déroulent de cette manière, tout ce que j'aurai aimé, c'était avoir une vie normale et être libre de mes choix. À présent je comprends les conséquences et les implications liées aux forces du mal… c'est le camp que ma famille a choisi depuis des générations, c'est le camp que je suis forcé de suivre…

Je sais qu'au moment où tu liras ces lignes, tu ne voudras plus entendre parler de moi et oublier tous nos moments que nous avons passés ensemble, mais moi jamais je ne les oublierai... Je veux que tu saches, Hermione que si j'avais eu le choix, ma vie aurait été auprès de toi.

J'ai le cœur déchiré à l'idée que cela n'arrivera pas, que jamais plus je ne te verrais et que tu garderas cette image de moi : celle d'un Mangemort. J'espère qu'au fond de toi, tu trouveras la force de me pardonner un jour et surtout, de ne pas culpabiliser d'avoir gardé notre secret, car je ne veux pas que tu te sentes impliquée.

Sois heureuse, vis ta vie même si c'est aux côtés de Weasley ou un autre… savoir que tu sois épanouie est ma seule priorité.

Bonne chance Granger, jamais je ne t'oublierai.

PS : Brûle aussitôt cette lettre après l'avoir lue, et fais attention à toi. Rogue est au courant pour nous, il pourrait s'en servir contre moi et nous dénoncer au Seigneur des Ténèbres, je ne sais pas si je peux avoir confiance en lui, j'ignore quel jeu il joue... Fais-toi oublier, je t'en prie et assure-toi que toi et tes parents quittiez l'Angleterre. Vous serez en danger.

Drago Malefoy

Hermione relis une deuxième fois la lettre que Drago lui avait adressée, sans retenir ses larmes qui lui brûlaient les yeux. Elle se sentait vidée, comme si elle était incapable de ressentir d'autres sentiments que le chagrin. Au fond, elle savait que ce vide était lié au départ de Drago et à sa lettre d'adieu, que jamais plus ils ne s'embrasseraient, ni se reverrait…

Hermione s'essuya les yeux et s'assit sur son lit, la lettre toujours entre ses mains. Elle était perdue, ne sachant plus très bien quoi penser : elle était partagée entre le désir de le pardonner, car elle comprenait les raisons de son acte, mais elle était toujours anéantie à l'idée d'avoir été manipulée et impliquée dans cette histoire, même si Drago affirmait le contraire. Pour elle, jamais cette culpabilité ne partira, elle devra apprendre à vivre avec.

Elle relut à nouveau le post-scriptum. Son sentiment de tristesse fit aussitôt place à un sensation de panique. Comment Rogue aurait-il pu être au courant de leur relation ? Par l'occlumancie ? Celle-ci savait que Rogue était un occlumens hors pair. Et si celui-ci prévenait Voldemort ? Il enverrait des Mangemorts la tuer elle et ses parents pour punir Drago si ce dernier refusait de lui obéir à nouveau… Elle devait trouver une solution…: « Fais-toi oublier, je t'en prie et assure-toi que toi et tes parents quittiez l'Angleterre ».

C'est la seule solution, pensa-t-elle tristement. Cependant, ses parents devront partir sans leur fille, car elle avait pris la décision de suivre Harry dans sa quête des Horcruxes. Déterminée, Hermione brûla la lettre du bout de sa baguette magique et regarda les cendres se décomposer au sol. Elle prit ensuite le médaillon qu'elle avait déposé sur sa table de chevet et le contempla une dernière fois. Résolue à l'idée d'effacer toutes les preuves de l'existence de sa relation avec Drago, elle ouvrit la fenêtre, prit un grand élan et s'apprêta à lancer le pendentif par la fenêtre quand elle arrêta son geste.

Elle ne pouvait jeter le collier qui avait appartenu si longtemps à la famille de Drago… Il était, à présent, le seul lien qui se rattachait au Serpentard… Elle le caressa du bout des doigts, se rappelant des paroles qu'avait prononcées Drago en lui offrant pendant les vacances de Noel : « je devrais le donner à la femme que je veux voir devenir la prochaine Madame Malefoy »

Jamais cela ne se produira pensa tristement Hermione en serrant le pendentif au creux de sa main… Devait-elle lui renvoyer son collier ? Peut-être trouvera-t-il plus tard l'occasion de l'offrir à une autre femme… une sorcière qui faisait parti de son milieu… Le cœur serré à l'idée que Drago puisse un jour en aimé une autre lui était insupportable…mais elle devait tourner la page à présent. Elle décida de ne pas se préoccuper du collier pour le moment et le rangea dans sa malle.

Le cœur lourd, elle poussa un soupir et boucla enfin sa valise. Elle se sentait si seule dans ce grand dortoir vide. Les sœur Patil étaient parties la vieille et cette bourrique de Lavande avait déjà fini ses valises, pour le plus grand plaisir d'Hermione. La jeune fille s'assit sur le lit et contempla une dernière fois la pièce circulaire. Qu'aurait-elle donné pour revenir en arrière, à sa première année d'étude. Cette époque lui semblait si loin tout d'un coup. Elle avait l'impression que plus jamais elle ne retrouverait cette insouciance que l'on ressentait autrefois, quand on était enfant. À présent, elle se sentait si vidée, comme si jamais plus elle ne pourra retrouver le bonheur et cette envie d'aimer, de faire à nouveau confiance. À cette pensée, elle se rappela Dumbledore. Que lui aurait-il dit dans ce cas-là ? Sûrement un discours prônant l'amour inconditionnel et le pardon. Elle aurait tellement aimé s'entretenir avec lui une toute dernière fois, même si elle avait été fortement intimidée de s'être retrouvée en tête à tête avec le Directeur dans son bureau pour parler de ses sentiments et inquiétudes envers Drago.

Subitement, l'image du Dumbledore assis à son bureau lui revint à l'esprit. Quelque chose qu'elle n'avait plus pensé depuis des mois l'intriguait. Le livre que Dumbledore lisait lors de son entretien et l'inscription qu'elle avait eut le temps d'apercevoir au dos. Que disait-elle déjà ? Elle ferma les yeux et se remémora la scène puis se souvint : « Secrets les plus som… ». Que pouvait bien signifier le « som… » ? Sommaire, somptueux, sombre… Sombre ! Pensa-t-elle. Elle en était certaine, ce gros livre obscur ne pouvait être qu'un livre de magie noire. Mais que ferait Dumbledore d'un livre pareil, si ce n'était que pour…

Soudain, les yeux d'Hermione s'écarquilla, comprenant enfin où Dumbledore avait caché les livres concernant les Horcruxes. Et si depuis tout ce temps, ils étaient simplement dans l'armoire du Directeur, celle qui se situait derrière son bureau ?

Elle leva sa baguette, un sentiment d'excitation comme elle n'avait plus ressenti depuis longtemps monta aussitôt dans sa poitrine et elle articula distinctement : -Accio livres sur les Horcruxes !

Elle attendit, le stress commençant à monter de plus en plus. Les secondes se transformèrent en minutes sans que rien ne passe. Enfin, elle entendit des petits bruits de martèlement qui résonnaient contre la vitre lorsque les livres s'engouffraient à sa fenêtre.

Elle attrapa les livres au vol et reconnus parmi ceux-ci le gros livre noir volumineux intitulé « Secrets les plus sombres des forces du mal ». Elle l'ouvrit et feuilleta rapidement les pages qui contenaient des incantations horribles et formules magiques compliquées lorsqu'on frappa à la porte de son dortoir. Elle sursauta et cacha rapidement les livres derrière sa malle.

-Hermione ? Fit la voix de Ginny derrière la porte. Tu es prête ?

-Oui, oui Ginny j'arrive. Je range encore deux bouquins et je descends.

Reprenant ses esprits, Hermione ouvrit à nouveau sa malle et rangea les livres sous une pile de robes. La jeune fille referma sa valise et sortit pour la dernière fois du dortoir, en route pour le Poudlard express qui la ramènerait chez elle.