Bonjouuuur à tous !
Tinkerbell et moi-même vous souhaitons une très bonne année 2017 remplie de joie, d'amour et de... bonne lecture bien sûre !
Désolée de ne rien avoir posté mercredi, j'ai été assez occupée avec les fêtes ^^ Mais je me rattrape ici avec le prologue du septième tome, comme promis :p
J'espère qu'il vous plaira et que la suite de notre aventure vous accrochera toujours autant :D
Encore un grand merci pour votre fidélité, n'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires bien sûre !
Sur ce, très bonne lecture et bonnes vacanceeees de fin d'année !
M&T
1 mois plus tard…
Depuis plusieurs jours, Drago était enfermé dans sa chambre, refusant de sortir ni même pour se nourrir ou s'hydrater. Fort heureusement, il disposait pour lui seul des commodités qui se trouvaient dans sa chambre, mais en dehors de cela, il refusait catégoriquement de remettre les pieds dans son salon de peur de croiser à nouveau sa tante et les autres Mangemorts qui avaient élu domicile au Manoir. Dans son Manoir, pensa-t-il rageusement en faisant les cent pas dans la pièce. Il n'y avait rien de plus humiliant que de voir sa maison assiégée de la sorte, de ne pouvoir faire ce qu'il voulait chez lui et de se sentir obligé de rester confiner dans sa chambre à tourner en rond comme un lion en cage.
D'un air las, il contempla par la fenêtre la vue de l'immense jardin qui s'étendait jusqu'à la forêt où son père et lui avaient coutume de partir à la chasse quand il était plus petit. Ce temps lui semblait si lointain et révolu… Ignorant les gargouillements de son ventre qui protestaient de n'avoir plus rien avalé depuis la vielle, Drago se jeta dans son lit, bien que l'après-midi touchait à peine à sa fin… A nouveau, il ressenti son estomac se creuser, mais il ne s'en souciait guère pour le moment, il appellerait plus tard son elfe de maison pour lui demander d'apporter un repas.
Il pensa soudainement à Mr Ollivander, tenu prisonnier dans sa propre cave depuis presque un an. Le pauvre vieil homme, se dit Drago, depuis que le Seigneur des Ténèbres l'avait fait enlever dans sa propre boutique, il connaissait chaque jour la famine, la douleur et la crainte d'être à nouveau torturé. Pour quelle raison le Seigneur des Ténèbres le gardait-il prisonnier ? Il n'en savait rien… Depuis qu'il était rentré chez lui à la fin de l'année, Drago était quelques fois chargé de lui apporter à manger. La première fois qu'il descendit dans sa cave pour le nourrir, il fut frappé par son visage émacié dont sa peau fripée par la vieillesse et la peur collait contre ses os faciaux. D'une main tremblante, Drago avait déposé son bol de soupe froide à ses pieds, comme lorsque l'on nourrit un animal particulièrement dangereux. Il n'osait pas s'approcher du vieillard, il n'osait pas le regarder dans les yeux. Mais lorsqu'il le remercia de sa voix rauque et fatiguée, il ne put s'empêcher de lever les yeux et de croiser son regard bleu perçant.
-La soupe est glaciale, se plaignit-elle en trempant ses lèvres dedans, ne pourriez-vous pas… s'il vous plaît ?
Drago acquiesça et reprit le bol pour le chauffer du bout de sa baguette. Il lui rendit la soupe et Ollivander l'avala d'une traite. Il s'essuya la bouche d'un revers de sa manche sale et remercia à nouveau Drago.
-Je… je vous en pris, répondit-il avant de lui tourner le dos pour quitter la cave.
-Non, attendez ! Implora le fabricant de baguettes. Mr Malefoy, quand quitterais-je ces lieux ? Pouvez-vous me le dire ?
Drago se retourna et le vit agenouillé, les mais jointes dans un signe d'imploration. Voir ce vieillard lui fendait le cœur.
-Je… je suis désolé Mr Ollivander, dit-il d'un ton tremblant, cela… cela ne dépend pas de moi…
-Il me torture ! Il exige des informations… des informations que je ne peux lui fournir !
-Je suis sincèrement désolé pour vous, nous sommes tous sous son emprise.
Il quitta la pièce. Le jour suivant, il fut à nouveau chargé de lui apporter une gamelle d'eau sale. Dégouté de son geste, il vida l'eau dans l'évier de la cuisine et dissimula sous sa veste une miche de pain frais ainsi qu'un grand bol de soupe. Dans les semaines qui suivirent, Drago s'arrangeait pour lui apporter, quand il le pouvait, des provisions qu'il volait à l'insu de ses parents.
Le regard perdu sur le plafond de sa chambre dont les moulures représentaient les armoiries des Malefoy, le jeune homme restait allongé sur son grand lit en baldaquin. Les journées lui semblèrent si longues dans cette grande pièce presque vide, à l'exception de sa malle - que Crabbe et Goyle lui avait fait ramené de Poudlard à la fin de l'année- qui était encore grande ouverte. Il avait essayé de lire ses vieux manuels scolaires pour passer le temps, mais cette activité lui rappelait trop Hermione pour qu'il ait le cœur à continuer ses lectures. Il aurait également pu entretenir son Nimbus 2001 qui reposait dans un coin de sa chambre, mais à quoi bon, pensa-t-il, il n'en aura peut-être plus jamais besoin… peut-être que jamais plus il ne retrouvera goût au Quidditch. À vrai dire, il n'avait plus goût à rien et il passa la plupart du temps à dormir dans son lit, ou boire du Whisky Pur feu apporté par son elfe, ce qui lui empêchait de penser à sa situation.
Et quelle situation, se dit-il…Sa mère était traitée comme une domestique au service du Seigneur des Ténèbres qui considérait son Manoir comme son quartier général tandis que son père – fraîchement revu d'Azkaban lors de l'évasion massive de la semaine dernière- se contentait de fermer les yeux et de se taire. Jamais il n'avait eu aussi honte de son père, celui qui était censé les protéger sa mère et lui !
Au lieu de cela, il était obligé de subir les railleries des autres Mangemorts ainsi que les nombreuses crises de colère de sa tante qui se défoulaient sur des né-moldus capturés par les Rafleurs. Depuis qu'il était revenu, il ne supportait plus d'entendre depuis sa chambre, les cris et les supplications qui provenaient du salon. Durant ses longues nuits d'insomnie, ces cris résonnaient dans sa tête, le souvenir de la jeune fille moldue revenait sans cesse le hanter, avant de se transformer en l'image d'Hermione allongée à terre, morte sur le plancher du salon. Hermione, pensa-t-il le cœur serré.
Il était malade de son absence, malade de ne plus voir son visage ni de pouvoir la toucher… néanmoins ce n'était rien comparé au sentiment qu'il éprouvait à l'idée qu'elle puisse le haïr à présent. Il savait grâce à Crabbe qu'elle avait bien reçu sa lettre d'adieu, mais il ignorait si cette dernière l'avait lue… il était fort probable qu'elle l'ait directement déchirée après l'enterrement de Dumbledore, ce dont il comprenait.
Resté allongé était insoutenable à présent, il ne savait sur quels pieds dansé et se mit à arpenter la pièce frénétiquement en pensant à Hermione. Malgré lui, il ne put s'empêcher de l'imaginer anéantie, trahie et seule. Entièrement seule, à la merci du premier imbécile venu… de Weasley ! Aussitôt l'image du rouquin en train de poser ses mains sur Hermione s'imposa dans son esprit… malgré lui, il vit dans sa tête un Weasmoche déposer ses lèvres sur le cou de la jeune fille…
Une bouffée de colère contenant toute sa frustration et son irascibilité qu'il ressentait depuis le mois de juin monta en lui et explosa quand il saisit rageusement sa lampe de chevet pour la lancer de toutes ses forces contre la porte de sa chambre. Dans un bruit de porcelaine brisée, l'objet se fracassa en mille morceaux avant de retomber sur le sol. Il poussa un rugissement de désespoir avant de s'effondrer à terre en s'arrachant les cheveux, des larmes commencèrent à couler le long de sa joue lorsqu'il entendit frapper à sa porte :
-Drago ? Fit la voix de mère apeurée, Drago ouvre-moi !
Il se ressaisit et s'essuya d'un revers de manche ses larmes avant de lui ouvrir la porte.
-Qu'est-ce que… fit sa mère en voyant les débris de la lampe de chevet au sol
-Oh ce n'est rien, Reparo !
La lampe de chevet se reconstitua et se posa délicatement sur la table de chevet qu'elle occupait précédemment.
-Drago, assieds-toi, imposa sa mère en lui désignant son lit.
-Maman s'il te plaît ! Épargne-moi une discussion mère-fils, par pitié.
-Non, il faut qu'on parle.
Son ton était sec et cassant, comme à son habitude, mais ses traits exprimaient un profond tourment. Pour elle aussi la situation était particulièrement difficile. Tout comme son fils, Narcissa Malefoy avait perdu quelques kilos et paraissait avoir vieilli de plusieurs années. À contrecœur, Drago se consenti de s'installer sur son lit et écouta attentivement sa mère.
-Je m'inquiète beaucoup à ton sujet, Drago.
-Je ne vois pas pourquoi…
Elle leva sa main longue et fine dont les vernis commençaient à s'écailler sur ses ongles pour imposer le silence à son fils.
-Ne me prends surtout pas pour une idiote, mon fils ! Je vois très bien que quelque chose ne va pas…Tu restes tout le temps enfermé dans ta chambre, tu ne descends plus prendre tes repas, ni même pour venir me parler… que se passe-t-il Drago ?
-Tu sais très bien ce qu'il se passe mère ! Je ne supporte plus cette situation, être en permanence humilié et soumis dans ma propre maison ! Je n'en peux plus d'entendre ces cris et ces hurlements des nés-moldus que ramène tante Bella ! Toutes les nuits je les entends dans ma tête…
Il vit le teint de sa mère se décomposer et devenir pâle quand il eut fini de lui faire part de son mal-être. Instinctivement, elle posa sa main sur la sienne en signe de réconfort. Il se senti rassuré par se geste et posa maladroitement sa tête sur son épaule… et puis pensa-t-il, il ne supportait pas d'être loin d'Hermione. Il n'en vivait plus… c'était comme si la jeune fille avait emporté son cœur et que jamais plus, il ne pourrait mettre la main dessus. Pendant une fraction de seconde, il fut tenté de tout raconter à sa mère. Il savait au fond de lui qu'elle garderait le secret, mais il ignorait comment elle allait accepter la nouvelle : son fils éperdument amoureux d'une Sang-de-Bourbe, et pas n'importe laquelle, la meilleure amie de Potter. Non vraiment, il ne pouvait le lui dire. Par ailleurs, le Seigneur des Ténèbres pourrait s'en servir contre lui s'il le voyait dans l'esprit de sa mère.
-Drago, fit la voix éloignée de sa mère qui le fit sortir de ses pensées. Tout finira par s'arranger, ils ne resteront pas définitivement au Manoir, ce n'est que temporaire… le temps que… que le Seigneur des Ténèbres soit au pouvoir.
-Je sais maman, seulement je ne suis pas sûre que ce soit réellement ce que je veux.
-Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda sa mère les yeux écarquillés. Tu ne veux plus que le monde des sorciers sorte de la clandestinité et qu'enfin, les moldus et tous ces Sang-de-Bourbe soient à leur juste place ?! Rugit Narcissa Malefoy en se redressant de tout son corps.
-Et d'après toi, mère, c'est la meilleure façon d'y parvenir ? En torturant et tuant des personnes innocentes ?!
-Drago que t'arrive-t-il ? Je ne te reconnais plus…
-J'ai ouvert les yeux ! J'ai enfin compris ce qu'il était juste de faire !
Celui-ci se redressa également et plongea son regard dans les yeux effrayés de sa mère.
-Tu devrais en faire autant ! Est-ce la vie que tu désires mener ? Être oppressée et asservie pour le restant de tes jours par le Seigneur des Ténèbres !
-Tais-toi Drago ! Exigea Narcissa en secouant son fils par les épaules. Ne pense plus jamais une chose pareille tu m'entends ?! Si le Seigneur des Ténèbres le voit dans ton esprit, nous sommes tous morts !
-Je sais, mais…
-NON ! Tu dois être fort et prendre sur toi ! Je sais que c'est très dur, mais je ne veux pas te voir mort ou torturé…
Drago culpabilisa en voyant les yeux bleu clair de sa mère se remplir de larmes. Il ne voulait pour rien au monde lui faire de la peine ou la voir souffrir de sa faute, alors il se tut, contraint d'accepter sa situation.
-Ne t'inquiète pas, je… je ne penserais plus ça.
-Très bien, fit Narcissa Malefoy d'un air rassuré. Maintenant il faut que tu descendes avec moi, le Seigneur des Ténèbres nous a tous convoqués.
-Quoi ?! Non, maman je ne peux pas… je n'y arriverais pas !
-Drago il faut que tu viennes ! Tu risquerais d'attirer les soupçons sur nous !
Narcissa ne laissa pas le temps à son fils de répondre et tourna les talons vers la porte de sa chambre.
-Je te laisse cinq minutes pour descendre, fit-elle avant de quitter la pièce.
Lorsque la porte se referma derrière elle, le jeune homme sentit son estomac se contracté à l'angoisse d'affronter une fois de plus le regard reptilien du Seigneur des Ténèbres. Il fut pris aussitôt de nausées et se précipita dans sa salle de bain pour se rincer le visage au lavabo. Pendant plusieurs minutes, il fixa son reflet dans le miroir situé au-dessus de l'évier avant de se décider une bonne fois pour toutes de descendre rejoindre sa mère au salon.
Terrifié à l'idée d'assisté à cette petite réunion imprévue, il descendit lentement les marches de l'immense escalier en marbre et s'arrêta, hésitant, devant la lourde porte de bois qui menait au salon. La main tremblante, il tourna la poignée de bronze et pénétra dans la pièce qui servait de réunion.
Le salon était rempli de visiteurs silencieux, assis autour d'une longue table ouvragée. Les meubles qui décoraient habituellement les lieux avaient été repoussés en désordre contre les murs. La pièce était éclairée par un feu qui ronflait dans la cheminée, sous un splendide manteau de marbre surmonté d'un miroir au cadre doré. Tandis que Drago cherchait des yeux son père et sa mère, il vit une étrange silhouette, apparemment inconsciente, suspendue au-dessus de la table, la tête en bas, et tournait lentement sur elle-même, comme si elle avait été accrochée par les pieds à une corde invisible, son image se reflétant dans le miroir et à la surface nue de la table vernie. Aucune des personnes assises autour de cette vision singulière n'y prêtait attention, tous murmuraient, attendant impatiemment que le siège qui trônait au bout se table soit occupé. Terrorisé, Drago baissa la tête, ignorant le plus possible le corps de la femme suspendue au-dessus de la table et vint se placer à la droite de son père.
Aussitôt, les murmures des conversations s'interrompirent brusquement à la vue du personnage qui entrait dans le salon. Grand, mince, le visage au crâne chauve, semblable à une tête de serpent, avec ses deux fentes en guise de narines et ses yeux rouges, luisants, aux pupilles verticales, tel apparaissait Lord Voldemort. Lentement, en prenant le temps de scruter chaque visage de ses fidèles Mangemorts, le Seigneur des Ténèbres s'installa sur le siège juste devant la cheminée. Son teint était si pâle qu'il semblait scintiller d'une lueur nacrée et qu'il était difficile de distinguer ses traits. Les yeux baissés, Drago n'osait regarder dans sa direction et préféra fixer ses mains en essayant de vider son esprit de toutes pensées.
Un lourd silence régnait dans la pièce avec comme seul bruit de fond, les crépitements du feu de la cheminé. Personne n'osait parler, attendant le moindre signe du Seigneur des Ténèbres qui manifestement, attendait quelque chose, ou quelqu'un à en juger par le siège vide à sa droite. Les minutes se prolongèrent et Drago sentit de plus en plus de difficulté à maintenir son calme pour faire le vide dans son esprit. Enfin, la porte de du salon s'ouvrit, laissant entrer Rogue et Yaxley, le mangemort.
-Ah, Yaxley et Rogue, dit la voix claire au timbre aigu de Lord Voldemort. Vous avez failli être très en retard.
- Severus, ici, dit Voldemort en indiquant un siège juste à sa droite. Yaxley… à côté de Dolohov.
Les deux hommes s'installèrent aux places qui leur étaient désignées. La plupart des regards suivirent Rogue et ce fut à lui que Voldemort s'adressa le premier :
-Alors ?
- Maître, l'Ordre du Phénix a l'intention d'emmener Harry Potter hors de la cachette où il est actuellement en sûreté samedi prochain, à la tombée du jour.
Cette déclaration suscita un intérêt manifeste autour de la table : certains se raidirent, d'autres s'agitèrent, tous observant Rogue et Voldemort. Drago essaya de rester impassible devant la déclaration de Rogue, mais comme à chaque fois que l'on prononçait le nom de Potter, l'image d'Hermione apparaissait furtivement dans son esprit.
- Samedi… à la tombée du jour, répéta Voldemort.
Ses iris d'un rouge flamboyant fixèrent les yeux noirs de Rogue avec une telle intensité que plusieurs personnes détournèrent la tête, craignant apparemment la brûlure de ce regard féroce. Rogue, en revanche, dévisagea Voldemort avec le plus grand calme. Au bout d'un certain temps, la bouche sans lèvres du Seigneur des Ténèbres s'étira en une sorte de sourire.
-Bien, très bien. Et cette information vient…
- De la source dont nous avons parlé, dit Rogue.
- Maître.
Yaxley s'était penché en avant pour mieux voir Voldemort et Rogue, à l'autre bout de la longue table. Toutes les têtes se tournèrent vers lui.
- Maître, j'ai eu des informations différentes.
Yaxley attendit, mais comme Voldemort restait silencieux, il poursuivit :
- Dawlish, l'Auror, a laissé entendre que Potter ne serait pas transféré avant le 30, la veille de son dix-septième anniversaire.
Rogue souriait.
- Selon ma source, il était question de nous lancer sur une fausse piste. Ce doit être celle-ci.
Dawlish a dû subir sans aucun doute un sortilège de Confusion. Ce ne serait pas la première fois. Il est connu pour être influençable.
- Je vous assure, Maître, que Dawlish était certain de ce qu'il avançait, répondit Yaxley.
- Bien sûr qu'il en était certain, s'il a été ensorcelé, dit Rogue. Je puis t'assurer à toi, Yaxley, que le Bureau des Aurors ne jouera plus aucun rôle dans la protection de Harry Potter. L'Ordre pense que nous avons infiltré le ministère.
- Pour une fois, l'Ordre a raison, pas vrai ? dit un petit homme replet assis non loin de Yaxley. Il eut un petit rire essoufflé qui suscita quelques échos le long de la table.
Voldemort, pour sa part, ne riait pas. Son regard s'était levé vers le corps qui tournait lentement au-dessus d'eux et il semblait perdu dans ses pensées.
- Maître, continua Yaxley, Dawlish pense que tout un détachement d'Aurors sera envoyé pour escorter ce garçon…
Drago releva aussitôt la tête : Hermione ferait-elle partie de cette escorte ? Il doutait que l'Ordre laisse courir d'aussi gros risque à une jeune fille de dix-sept ans, mais il connaissait que trop bien la Gryffondor et était prêt à parier qu'elle se porterait volontaire pour escorter Potter. Il essaya de prêter attention à la conversation qui se poursuivait entre Rogue et le Seigneur des Ténèbres, ignorant les gouttes de sueur froide qui coulait le long de son dos.
-… Où vont-ils le cacher ?
- Chez l'un des membres de l'Ordre, répondit Rogue. D'après ma source, l'endroit bénéficie de toutes les protections que peuvent fournir ensemble l'Ordre et le ministère. Je pense, Maître, que nous n'aurons guère de chances de nous emparer de lui une fois qu'il sera là-bas. À moins, bien sûr, que le ministère ne soit tombé avant samedi, ce qui nous permettrait de découvrir et d'annuler suffisamment d'enchantements pour qu'il nous soit facile de détruire ceux qui restent.
- Eh bien, Yaxley ? lança Voldemort au bout de la table, le feu de la cheminée scintillant étrangement dans ses yeux rouges. Le ministère sera-t-il tombé samedi prochain ?
À nouveau, toutes les têtes se tournèrent. Yaxley redressa les épaules.
- Maître, j'ai de bonnes nouvelles à ce sujet. J'ai réussi – avec bien des difficultés et après de grands efforts – à soumettre Pius Thicknesse au sortilège de l'Imperium.
L'annonce fit grande impression parmi ceux qui étaient assis autour de lui. Dolohov, son voisin, un homme au long visage tordu, lui donna une tape dans le dos.
-C'est un début, dit Voldemort. Mais Thicknesse n'est qu'un individu isolé. Pour que je puisse agir, il faut que Scrimgeour soit entouré de gens qui nous sont acquis. Si nous échouons dans notre tentative d'éliminer le ministre, je serai ramené loin en arrière.
- Oui, Maître, c'est vrai, mais comme vous le savez, en tant que directeur du Département de la justice magique, Thicknesse a de fréquents contacts non seulement avec le ministre lui-même mais aussi avec les directeurs de tous les autres départements du ministère. Maintenant que nous exerçons notre contrôle sur un officiel de haut rang, je pense qu'il nous sera facile de soumettre les autres. Ils pourront ainsi travailler ensemble à précipiter la chute de Scrimgeour.
- À condition que notre ami Thicknesse ne soit pas démasqué avant que nous ayons converti les autres, dit Voldemort. En tout cas, il me semble peu probable que le ministère tombe en mon pouvoir avant samedi prochain. Si le garçon reste intouchable lorsqu'il sera parvenu à destination, nous devrons nous occuper de lui pendant son voyage.
- Nous disposons d'un avantage, Maître, déclara Yaxley qui semblait décidé à recevoir sa part d'approbation. Nous avons à présent plusieurs personnes implantées au Département des transports magiques. Si Potter transplane ou utilise le réseau des cheminées, nous en serons immédiatement avertis.
- Il ne fera ni l'un ni l'autre, répliqua Rogue. L'Ordre évite tout moyen de transport contrôlé ou organisé par le ministère. Ils se méfient de tout ce qui est lié à cet endroit.
- Tant mieux, reprit Voldemort. Il sera donc obligé de se déplacer à l'air libre. Beaucoup plus facile pour nous, de très loin.
Voldemort regarda une nouvelle fois le corps qui tournait lentement sur lui-même tout en poursuivant :
- Je m'occuperai du garçon moi-même. Trop d'erreurs ont été commises au sujet de Harry Potter. Je suis responsable de certaines d'entre elles. Le fait que Potter soit toujours en vie est dû beaucoup plus à mes erreurs qu'à ses triomphes.
Autour de la table, tout le monde observait Voldemort avec appréhension, l'expression de chacun – et de chacune – trahissant la crainte de se voir reprocher l'existence trop longue de Harry Potter. Voldemort, cependant, semblait parler plus à, lui-même qu'à aucun d'entre eux, le visage toujours levé vers le corps inconscient qui tournait au-dessus de lui.
- J'ai fait preuve de négligence et c'est pourquoi le hasard et la mauvaise fortune, qui s'acharnent à détruire tout projet insuffisamment préparé, ont fini par me mettre en échec. Mais j'ai beaucoup appris, à présent. Je comprends aujourd'hui des choses qui m'échappaient auparavant. Je dois être celui qui tuera Harry Potter et je le serai.
Comme pour répondre aux paroles qu'il venait de prononcer, une plainte soudaine retentit, un cri terrible, prolongé, de douleur et de désespoir. Nombre de ceux qui étaient assis autour de la table baissèrent les yeux, surpris, car le son semblait provenir de sous leurs pieds.
- Queudver, dit Voldemort, de la même voix calme et pensive, sans détacher les yeux du corps suspendu, ne t'ai-je pas recommandé de faire taire notre prisonnier ?
- Si, M… Maître, balbutia, vers le milieu de la table, un petit homme assis tellement bas que sa chaise, à première vue, paraissait vide.
Il se leva précipitamment et fila hors de la pièce, ne laissant dans son sillage qu'un étrange éclat argenté.
- Comme je le disais, poursuivit Voldemort, qui posa à nouveau son regard sur ses fidèles visiblement crispés, je comprends mieux les choses, maintenant. Par exemple, il me faudra emprunter la baguette de l'un d'entre vous pour tuer Potter.
Une expression d'effarement apparut sur les visages qui l'entouraient. Il aurait pu tout aussi bien leur annoncer qu'il voulait leur emprunter un bras.
- Pas de volontaires ? demanda Voldemort. Voyons… Lucius, je ne vois pas pourquoi tu aurais encore besoin d'une baguette magique.
Drago se raidit sur sa chaise et jeta un coup d'œil en biais à son père dont le teint semblait jaunâtre, cireux, ses yeux enfoncés dans leurs orbites plongés dans l'ombre.
Lorsqu'il parla, sa voix était rauque.
- Maître ?
-Ta baguette, Lucius. J'exige que tu me donnes ta baguette.
-Je…
Lucius Malefoy jeta un regard de côté à sa femme. Les yeux fixés devant elle, elle était aussi pâle que lui, ses longs cheveux blonds tombant le long de son dos mais, sous la table, ses doigts minces se refermèrent brièvement sur le poignet de son mari. En sentant sa pression, Malefoy glissa la main dans sa robe de sorcier, en retira sa baguette et la fit passer à Voldemort qui l'examina attentivement en la tenant devant ses yeux rouges.
- Qu'est-ce que c'est ?
-De l'orme, Maître, murmura Malefoy.
- Et à l'intérieur ?
- Du dragon… du ventricule de dragon.
-Très bien, dit Voldemort.
Il sortit sa propre baguette et compara leurs tailles respectives. Lucius Malefoy fit un imperceptible mouvement. Pendant une fraction de seconde, il sembla s'attendre à recevoir la baguette magique de Voldemort en échange de la sienne. Le geste n'échappa pas à Voldemort dont les yeux s'agrandirent avec une expression mauvaise.
- Te donner ma baguette, Lucius ? Ma baguette ?
Quelques ricanements s'élevèrent dans l'assemblée.
-Je t'ai accordé ta liberté, Lucius. N'est-ce pas suffisant ? Mais j'ai cru remarquer que toi et ta famille ne paraissez pas très heureux, ces temps-ci… Y a-t-il quelque chose qui te déplaît dans ma présence chez toi ?
-Non, rien… Rien du tout, Maître !
- Quel mensonge, Lucius…
Drago Malefoy essaya à nouveau de fermer son esprit, de crainte que le Seigneur des Ténèbres ne lise ses pensées, mais les lamentations de l'invitée qui flottait au-dessus de la table l'empêchèrent de se concentrer. Parmi ces gémissements, il entendit également un petit bruit de sifflements s'accentuer. Quelque chose de lourd glissait par terre, sous la table. L'énorme serpent apparut et se hissa lentement sur le fauteuil de Voldemort. Il s'éleva, apparemment interminable, et s'installa sur les épaules de son maître. Son cou avait l'épaisseur d'une cuisse humaine, ses yeux, avec leur fente verticale en guise de pupille, ne cillaient pas. D'un air absent, Voldemort caressa la créature de ses longs doigts fins, sans cesser de fixer Lucius Malefoy.
-Pourquoi les Malefoy paraissent-ils si malheureux de leur sort ? Mon retour, mon ascension au pouvoir ne sont-ils pas ce qu'ils prétendaient désirer depuis de si longues années ?
- Bien sûr, Maître, répondit Lucius Malefoy. D'une main tremblante, il essuya la sueur qui perlait au-dessus de sa lèvre.
- Nous le désirions… Nous le désirons.
À la gauche de Malefoy, sa femme hocha la tête avec une étrange raideur, sans regarder Voldemort et son serpent.
Drago se rappela les paroles prononcées par sa mère une heure plus tôt, il ne devait rien laisser paraître, il devait absolument rester impassible. Il risqua un rapide coup d'œil en direction de Voldemort puis détourna à nouveau la tête, terrifié à l'idée que leurs regards se croisent.
- Maître, dit sa tante Bellatrix, assise vers le milieu de la table, la voix serrée par l'émotion, c'est un honneur de vous avoir ici, dans notre maison de famille. Pour nous, il ne pourrait y avoir de plus grand plaisir.
Elle avait pris place à côté de sa sœur, aussi différente qu'elle dans son apparence, avec ses cheveux bruns et ses paupières lourdes, que dans son maintien et son comportement. Alors que Narcissa restait rigide et impassible, Bellatrix se penchait vers Voldemort, car les mots seuls ne suffisaient pas à exprimer son désir de proximité.
-Pas de plus grand plaisir, répéta Voldemort, la tête légèrement inclinée de côté tandis qu'il la regardait. Venant de ta part, cela signifie beaucoup, Bellatrix.
Le visage de cette dernière s'empourpra, des larmes de ravissement lui montèrent aux yeux.
-Mon Maître sait que je ne dis rien d'autre que la vérité !
-Pas de plus grand plaisir… même comparé à l'heureux événement qui, ai-je appris, s'est produit cette semaine dans la famille ?
Elle le fixa, les lèvres entrouvertes, visiblement déconcertée.
-J'ignore de quoi vous voulez parler, Maître.
-Je parle de ta nièce, Bellatrix. Et de la vôtre aussi, Lucius et Narcissa. Elle vient de se marier avec Remus Lupin, le loup-garou. Vous devez être très fiers.
Il y eut dans toute l'assemblée une explosion de rires sarcastiques. Certains, les plus nombreux, se penchèrent en avant pour échanger des regards réjouis, d'autres martelèrent la table de leurs poings. Drago ne supportait pas être ridiculisé de la sorte, mais il était trop terrifié pour oser répondre quoi que ce soit. Tout comme ses parents, il préféra garder le silence et fixer le corps inerte suspendu au-dessus de la table. L'énorme serpent, dérangé par le tumulte, ouvrit grand sa gueule et siffla avec colère, mais les Mangemorts ne l'entendirent pas, tout à leur joie de voir humiliés Bellatrix et les Malefoy. Le visage de Bellatrix, qui avait exprimé tant de bonheur quelques instants auparavant, s'était couvert de vilaines plaques rouges.
- Ce n'est pas notre nièce, Maître, s'écria-t-elle au milieu du déferlement d'hilarité. Narcissa et moi n'avons plus jamais accordé un regard à notre sœur depuis qu'elle s'est mariée avec le Sang-de- Bourbe. Cette sale gamine n'a rien à voir avec nous, pas plus que la bête qu'elle a épousée.
- Qu'en dis-tu, Drago ? demanda Voldemort dont les paroles, bien qu'il parlât à voix basse, résonnèrent clairement parmi les sifflets et les railleries. Accepterais-tu de garder leurs louveteaux ?
Les éclats de rire redoublèrent. Drago Malefoy lança un coup d'oeil terrifié à son père qui contemplait ses genoux, puis croisa le regard de sa mère. Elle eut un hochement de tête presque imperceptible, signifiant qu'il devait gardé la tête froide et se rappeler de leur conversation, avant de fixer à nouveau d'un air impassible le mur qui lui faisait face.
- Ça suffit, dit Voldemort en caressant le serpent furieux. Ça suffit.
Et les rires s'évanouirent aussitôt.
- De nombreux arbres généalogiques, parmi ceux de nos plus anciennes familles, sont atteints de maladie avec le temps, dit-il, tandis que Bellatrix, haletante, posait sur lui un regard implorant. Il faudrait élaguer le vôtre pour le maintenir en bonne forme, ne croyez-vous pas ? Couper les branches qui menacent la santé des autres.
- Oui, Maître, murmura Bellatrix, les yeux à nouveau baignés par des larmes de gratitude. À la première occasion !
- Cette occasion vous sera donnée, assura Voldemort. Dans votre famille, comme partout dans le monde… nous arracherons le chancre qui nous infecte jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le sang authentique…
Voldemort leva la baguette magique de Lucius Malefoy, la pointa droit sur la silhouette suspendue qui tournait lentement au-dessus de la table et lui imprima un minuscule mouvement. La silhouette s'anima en poussant un gémissement et commença à se débattre contre ses liens invisibles.
- Reconnais-tu notre invitée, Severus ? demanda Voldemort.
Rogue leva les yeux vers le visage qui lui apparaissait en sens inverse. Tous les Mangemorts regardaient à présent la prisonnière, comme si la permission leur avait été donnée de manifester leur curiosité. Tournant sur elle-même vers la lumière que projetait le feu de la cheminée, la femme dit d'une voix brisée, terrorisée :
- Severus ! Aide-moi !
- Oui, je la reconnais, répondit Rogue, et la prisonnière continua de pivoter lentement.
-Et toi, Drago ? interrogea Voldemort, qui caressait de sa main libre la tête du serpent.
Drago fit non d'un hochement de tête saccadé. Maintenant que la femme avait repris conscience, il semblait incapable de la regarder à nouveau.
- Tu n'aurais pas choisi sa classe, dit Voldemort. Car pour ceux d'entre vous qui ne le sauraient pas, nous recevons ce soir Charity Burbage qui, jusqu'à une date récente, était professeur à l'école de sorcellerie de Poudlard.
Des murmures d'assentiment s'élevèrent autour de la table. Une femme aux épaules larges, le dos voûté, les dents pointues, lança d'une petite voix caquetante :
- Oui… Le professeur Burbage enseignait aux enfants de sorciers et de sorcières tout ce qu'il faut savoir des Moldus… en leur expliquant qu'ils ne sont pas très différents de nous…
L'un des Mangemorts cracha par terre. Charity Burbage pivota une nouvelle fois vers Rogue.
- Severus… s'il te plaît… s'il te plaît.
- Silence, coupa Voldemort.
Il remua à nouveau d'un petit coup sec la baguette de Malefoy et Charity se tut comme si on l'avait bâillonnée :
- Non contente de polluer et de corrompre l'esprit des jeunes sorciers, le professeur Burbage a publié la semaine dernière dans La Gazette du sorcier une défense passionnée des Sang-de- Bourbe. Les sorciers, affirme-t-elle, doivent accepter ces voleurs de leur savoir et de leurs pouvoirs magiques. La diminution du nombre des Sang-Pur est une tendance qu'elle estime souhaitable… Elle voudrait nous marier tous à des Moldus… ou, sans doute, à des loups-garous.
Cette fois, personne ne rit : il n'y avait aucune équivoque dans la colère et le mépris qu'exprimait la voix de Voldemort. Pour la troisième fois, Charity Burbage pivota vers Rogue. Des larmes ruisselaient de ses yeux et coulaient dans ses cheveux. Rogue l'observa, imperturbable, tandis qu'elle continuait de tourner sur elle-même.
- Avada Kedavra!
L'éclair de lumière verte illumina les moindres recoins de la pièce. Dans un fracas retentissant, Charity s'effondra sur la table qui trembla et craqua sous le choc. Assis sur leurs chaises, plusieurs Mangemorts eurent un mouvement de recul. Drago glissa de la sienne et tomba par terre.
- Le dîner est servi, Nagini, dit Voldemort d'une voix douce.
Le grand serpent se dressa alors en oscillant puis glissa des épaules de son maître vers la table de bois verni.
Tremblant de sueur, Drago se réveillait en sursaut pendant la nuit et enfonça sa tête dans son oreiller pour s'empêchait d'hurler. Il revoyait dans son rêve ce spectacle horrible auquel il avait assisté quelques heures plutôt dans son propre salon, la manière dont cet horrible serpent avait englouti cette pauvre femme…sauf que dans son rêve, ce n'était pas le professeur de Poudlard qui était suspendue au-dessus de la grande table, c'était Hermione qui le regardait d'un air suppliant. Mais il n'arrivait pas à bouger, il était enchaîné à sur sa chaise par des lianes qui se tortillaient à la manière de serpents. Il regarda ses pieds et vit Nagini qui le contemplait de ses grands yeux jaunes terrifiants avant de se glisser entre ses jambes et de remonter sur la table vers Hermione. Celle-ci hurla de terreur et supplia Drago de lui venir en aide… l'immense serpent ouvrit la gueule vers Hermione dont le visage se transforma en celui de la jeune fille moldue… il entendit un dernier cri résonner dans sa tête avant de se réveiller de son cauchemar.
A présent, il tremblait comme une feuille dans son grand lit et essaya en vain de reprendre son calme. La respiration saccadée, il n'arrivait pas à s'enlever de la tête l'image d'Hermione et de ce gros serpent qui s'apprêtait à… Il se leva aussitôt de son lit et se dirigea vers la fenêtre : de l'air, il avait besoin d'air. Il ouvrit sa fenêtre et respira profondément l'air frais de l'été. C'était une soirée calme et étoilée, idéale pour un cours d'astronomie. Quand il était petit, se souvint-il, il adorait observer les étoiles avec le télescope que lui avait offert son grand-père Abraxas à Noel. L'atmosphère paisible lui calma les nerfs et il contempla pendant plusieurs minutes la lune qui éclairait son grand jardin si parfaitement entretenu. Que ne donnerait-il pas pour enfourcher son Nimbus 2001 et s'enfuir loin de cette prison qu'était devenue sa maison… si seulement il n'était pas si effrayé de laisser ses parents seuls, il savait que sa mère serait anéantie de son départ précipité… Un départ précipité, pensa-t-il aussitôt.
Instantanément, il se souvint du départ de Potter qu'avait annoncé Rogue au cours de la réunion. Selon une source secrète de Rogue, il serait escorté samedi prochain par l'Ordre du Phoenix. Drago ignorait qui exactement ferait partie de cette opération, mais une chose était sûre, il ne prendrait pas le risque de laisser Hermione s'embarquer dans cette aventure périlleuse.
Il devait absolument la prévenir que le Seigneur des Ténèbres n'avait pas été dupe sur la fausse rumeur lancée par l'Ordre, la mettre en garde qu'en ce moment même, Voldemort tendait une embuscade destinée à capturer Potter et tuer tous ceux qui se mettrait en travers de son chemin…
Cependant, il ignorait de quelle manière il allait s'y prendre pour la prévenir, et encore moins si elle acceptait de l'écouter… Mais il devait tout de même essayer ! Les idées claires, il se mit à fouiller sa malle frénétiquement, jetant à terre ses robes de sorciers usées et ses vieux flacons de potions qui se fracassèrent au sol. Il fureta les moindres recoins de sa grosse valise et trouva enfin la minuscule pièce d'or avec laquelle ils communiquaient l'année dernière. Comment avait-il pu oublier ce faux Gallion qui était son unique espoir d'entrer en contact avec Hermione – à condition qu'elle n'est pas jetée la pièce- se dit-il, l'estomac contracté.
La main tremblante, il prit sa baguette magique et tapota sur la pièce les mots suivants :
Hermione, j'ai besoin de te parler, c'est urgent.
D.G
Son cœur tambourinait dans sa poitrine quand il vit la minuscule inscription s'effacer sur la pièce, à l'endroit même où figure habituellement, le numéro de frappe du gobelin ayant forgé la pièce. Il serra la pièce au creux de sa main avant de se remettre au lit. Étrangement, le contact de l'objet l'apaisait et lorsqu'il posa sa tête sur son oreiller, il ferma les yeux puis s'endormit aussitôt.
