Chapitre 1 : Retour au Terrier

Après plusieurs jours à ranger ses affaires qu'elle avait accumulés au terme de ses six années d'études, Hermione vérifia une dernière fois le contenu de sa malle afin d'être sûre de n'avoir rien oublié. Elle avait décidé d'amener avec elle tous les livres scolaires qu'elle avait lus ainsi qu'une bonne partie de ses vêtements. Plus tôt au cours de l'été, elle avait également retiré de son compte en banque suffisamment d'argent moldu pour survenir à leurs besoins. Elle fouilla à nouveau sa malle, vérifiant que son portefeuille était bien rangé quand elle le vit, rangé soigneusement dans sa petite boîte : le médaillon que lui avait offert Drago. La main tremblante, elle retira l'objet de son couvercle et le contempla d'un regard triste, rempli de nostalgie.

-Drago… murmura-t-elle…

Elle ne s'était toujours pas résolue à lui restituer son collier, car elle savait que ce geste lui briserait le cœur. D'un autre côté, elle se sentait hypocrite de le garder près d'elle…

La jeune fille ne savait plus très bien ce qu'elle ressentait vis-à-vis du Serpentard : par moment, elle était partagée entre un profond sentiment de peine et de chagrin quand elle imaginait Drago, sous l'emprise de Voldemort puis ce sentiment se changea en profond dégoût et rancœur quand elle repensait à sa trahison. Jamais elle ne pourrait lui pardonner, se disait-elle dans ces instants de colère. Cependant, elle ne pouvait s'empêcher de repasser tous les moments passés avec Malefoy l'année dernière, avant de pleurer à chaudes larmes dans son lit.

Chaque soir avant de s'endormir, elle revivait sa dernière nuit passée avec Drago à explorer la salle sur Demande, si seulement elle s'était doutée à ce moment-là quelle était véritablement le but de sa mission… A nouveau, ce même sentiment de culpabilité jaillit en elle, comme à chaque fois qu'Hermione repensait au rôle qu'elle avait joué dans la réparation de l'Armoire… Dumbledore… mort. Elle n'arrivait toujours pas à réaliser, même si depuis le début de l'été elle avait passé son temps à lire les divers articles nécrologiques de La Gazette du sorcier dédié au plus grand sorcier du monde. Elle avait particulièrement été émue par celui rédigé par Elphias Doge, un grand ami de Dumbledore.

Hermione boucla enfin sa valise, prête pour partir au Terrier dans quelques heures.

Elle redoutait particulièrement son départ, mais elle ne pouvait faire marche arrière. A plusieurs reprises, elle avait repoussé ses adieux avec sas parents, à présent elle ne pouvait échapper à cette éventualité : elle devait faire ce qu'elle s'apprêtait à faire, même si cela lui déchirait le cœur. La jeune fille repensa une fois de plus à l'avertissement que Drago lui avait donné dans sa lettre : « Fais-toi oublier, je t'en prie et assure-toi que toi et tes parents quittiez l'Angleterre ».

Oui, elle allait s'en assurer, mais en ce qui la concernait, elle, sa place était auprès d'Harry et pour rien au monde elle ne l'abandonnerait dans sa quête sur les Horcruxes. De toute manière, elle n'avait aucun compte à rendre à personne, et encore moins à Drago Malefoy.

Bien qu'elle ait brûlé la lettre dès l'instant où elle l'avait lue dans son dortoir, les phrases écrites par Drago n'avaient cessé de tourbillonner en boucle dans son esprit, à tel point qu'elle en connaissait presque par cœur le contenu.

À présent que ses valises étaient terminées, Hermione comprit que le moment qu'elle redoutait tant était arrivé. Elle avait suivi le conseil de Drago, elle modifierait les souvenirs de ses parents pour que ceux-ci croient que leur plus grande ambition était de partir vivre en Australie, loin de l'Angleterre… Le cœur lourd, elle hissa sa valise et descendit l'escalier pour rejoindre ses parents dans le petit salon où elle retrouva Mr et Mrs Granger, occupés à compléter des mots croisés.

Ceux-ci ne s'aperçurent pas de la présence de leur fille au pied de l'escalier et n'entendirent pas Hermione sortir sa baguette de sa poche pour la pointer d'une main tremblante vers ses parents.

Elle avait décidé qu'elle ne leur ferait pas d'adieu, car elle n'avait pas la force de leur dire au revoir. Mais maintenant qu'elle était là, elle ne pouvait plus faire autrement, la vie de ses parents dépendait entièrement de son courage. Ses yeux commencèrent à se remplir de larmes lorsqu'elle murmura l'incantation du sortilège de Faux-souvenirs.

Le regard de Mr et Mrs Granger se perdit dans le vide tandis que le souvenir de leur fille unique s'effaçait de leur mémoire. Au même moment, toutes les photographies d'Hermione qui se trouvaient dans le salon disparurent, laissant place à un décor vide. Sur la pointe des pieds, la Gryffondor quitta la petite maison qu'était son foyer, sans pouvoir retenir ses larmes plus longtemps.

Quelques minutes plus tard, Hermione transplana et se retrouva instantanément sur une grande plaine mal entretenue sur laquelle s'élevait au loin, une grande maison biscornue qui semblait tenir debout par magie. Le Terrier, pensa Hermione, un sourire se dessinant sur ses lèvres à l'idée de retrouver Ron, Ginny et bientôt Harry. Le cœur plus léger, Hermione enjamba le pas vers la maison et frappa délicatement à la petite porte située à l'arrière de la cour qui donnait accès à la cuisine.

-Qui est-ce ? Fit la voix tendue de Mrs. Weasley derrière la petite fenêtre.

-C'est Hermione, Mrs. Weasley. Hermione Granger.

La porte s'ouvrit aussitôt, laissant apparaître la mère de son ami qui se tenait dans l'encadrement. Un sourire illumina son visage anxieux quand elle fit rentrer la jeune fille à l'intérieure de la cuisine.

-Hermione ! Ron ne m'avait pas annoncé ton départ avant ce soir !

-Oui je suis désolée Mrs. Weasley, mais je suis partie plus tôt que prévu.

-Oh bien sûr, il n'y a pas de problème ! Tu as déjà déjeuné Hermione ? J'étais sur le point d'appeler Ron et Ginny pour se mettre à table, ils sont tous les deux très occupés à nettoyer leur chambre pour accueillir tout le monde. Par Merlin, il y a tellement de choses à faire avant que tous les invités n'arrivent, continua Mrs. Weasley en s'épongent le front d'un revers de main.

-Est-ce que je peux vous être utile ?

-Oh c'est gentil ma chérie, mais ne t'en fait pas il y aura du travail pour tout le monde !

Mrs. Weasley tapota gentiment l'épaule d'Hermione et retourna à son ragoût qu'elle était occupée à servir dans les bols à l'aide de sa baguette magique. Hermione fit léviter sa grosse malle dans les escaliers, ce qui demandait une grande habileté en raison de l'étroit passage et arriva devant la porte de la chambre de Ron. Elle frappa doucement, puis entra quand elle entendit la voix de Ron.

-Oui, maman j'ai presque fini de tout ranger…Ah c'est toi, Hermione, fit Ron en voyant manifestement qu'il ne s'agissait pas de Mrs. Weasley. Je pensais que c'était ma mère.

-Elle est en bas en train de servir le déjeuner.

-Tant mieux, elle n'arrête pas d'être sur mon dos pour que tout soit impeccable avant le mariage. C'est assez pénible… enfin, je ne pensais pas te voir avant ce soir, comment se fait-il que tu sois déjà là ?

-Si je te dérange je peux repartir et revenir, s'indigna Hermione.

-Non, non, bien sûr…je ne veux pas dire que tu me déranges… au contraire, enfin… je suis content que tu sois là, Hermione.

Elle remarqua que les oreilles de son ami virèrent au rouge, comme à chaque fois qu'il se trouvait mal à l'aise. Étrangement, elle trouvait son comportement touchant, car elle savait que Ron était sincèrement content de la voir et elle aussi, pour la première fois depuis le début de l'été, elle était heureuse de retrouver un visage amical.

-Moi aussi je suis heureuse d'être revenue… je me sentais si accablée depuis le mois de juin…

Hermione rejoint son ami assis sur le bord de son lit dont le couvre-lit était d'une couleur orange vive. Elle remarqua accroché à son mur l'écharpe de la même couleur qu'elle lui avait offerte pour son dernier anniversaire.

-Je sais, tout le monde est abattu depuis que Dumbledore est mort… Les gens pensent que maintenant qu'il n'est plus là, il n'y a plus d'espoir face à Tu-sais-Qui.

-C'est si horrible, fit Hermione le cœur serré. Et toi, que crois-tu ?

Ron rapprocha maladroitement sa main près de celle de la jeune fille, puis posa ses doigts sur les siens.

-Je pense que tout se passera bien, répondit-il d'un ton assurant en se rapprochant d'Hermione près du lit. Nous devons faire confiance au plan de Harry.

-Tu as raison, Ron. J'ai déjà fait quelques recherches là-dessus, mais je préfère en parler quand Harry sera là.

Ils se regardèrent quelques secondes dans les yeux, elle se sentait si rassurée avec Ron, comme si tout allait s'arranger. Soudain, la porte de sa chambre s'ouvrit à la volée ce qui fit sursauter les deux amis. Hermione remit aussitôt sa main sur sa jambe tandis que Ron se leva brusquement.

-On ne t'a jamais appris à frapper Ginny ?! S'indigna celui-ci.

-Excuse-moi, je ne savais pas qu'Hermione était déjà arrivée.

-Salut Ginny, fit Hermione les joues légèrement rosées. Heu, tu vas bien ? Demanda-t-elle pour briser l'ambiance tendue qui régnait dans la chambre.

-Très bien merci. Maman m'envoie vous dire que le ragoût est en train de se refroidir en bas, si ça ne vous dérange pas descendre déjeuner.

-Très bien, on arrive.

Les deux amis suivirent Ginny jusqu'à la cuisine où Mrs. Weasley était en train de déjeuner en compagnie de Tonks -dont les cheveux courts étaient d'un rose vif- qui venait d'arriver quelques instants plus tôt. Cette dernière se leva en renversant sa chaise au sol pour accueillir chaleureusement Hermione. Elle avait à peine eu le temps de la saluer que Tonks arbora sous le nez de la jeune fille un joli anneau à son annuaire.

-Remus et moi nous nous sommes mariés !

-C'est super, fit Hermione un grand sourire aux lèvres, félicitations !

-Merci Hermione ! C'était un petit mariage tranquille vu les circonstances actuelles.

Hermione se joignit aux autres et entama le ragoût que Mrs. Weasley venait de faire réchauffer.

-Ron, Ginny, avez-vous fini de nettoyer votre chambre pour accueillir vos amis ?

-Maman ! Harry n'est pas encore arrivé, j'ai le temps pour astiquer le sol de ma chambre !

-Ronald Weasley, s'indigna Mrs Weasley, tu vas me faire le plaisir de nettoyer cette porcherie, même un boursoufflet ne retrouverait pas ses jeunes !

Celui-ci s'apprêta à répliquer, mais Hermione préféra couper court à la discussion :

-Quand Harry arrive-t-il ?

-Nous devons attendre Fol Œil pour organiser un plan d'escorte, répondit Tonks en dégustant son ragoût. Il veut que nous soyons tous réunis la semaine prochaine pour nous en informer, apparemment il aurait une idée de diversion, mais il ne m'en a pas dit plus…

-Est-ce que ça sera dangereux ? S'inquiéta Hermione.

-Il y a toujours un risque, dit Tonks d'un air sérieux. Nous avons fait courir le bruit au Ministère qu'Harry serait transféré la veille de son dix-septième anniversaire, ce qui nous donne un avantage, mais nous devons toujours nous montrer très prudent.

-Qui fera parti de l'escorte ? Demanda Ginny.

-Les membres de l'Ordre bien sûr ! Répondit vivement Mrs Weasley.

-Évidement, je ne sais pas encore qui précisément, il faudra attendre Fol Œil. Merci Molly pour le ragoût c'était très bon, fit l'Aurore en repoussant son bol.

-Tu pars déjà ? Tu ne prends pas un moreau de tarte à la rhubarbe avant de partir ?

- Non merci Molly, je suis passée en coup de vent, Remus m'attend à la maison.

D'un coup de baguette, Mrs Weasley débarrassa la vaisselle qui alla se poser délicatement sur le bord de l'évier pour se laver toute seule. Tonks salua tout le monde de la main et sortit par la porte de la cuisine. Ginny, Ron et Hermione discutèrent ensemble des dernières nouvelles de l'été jusqu'à ce que Mrs Weasley ne les interrompe.

-Ginny chérie, peux-tu vérifier si toutes tes robes de soirée sont bien lavées ? Je ne voudrai pas refaire des lessives quand nous serons submergés par les préparatifs du mariage.

Ginny fit la moue et se leva, le pas traînant vers les escaliers tandis que Mrs Weasley profita de la chaise vide de sa fille pour s'asseoir face à Ron et Hermione. Sans détour, celle-ci déclara d'un air anxieux :

-Je suis très inquiète Hermione, Ron laisse sous-entendre que vous ne rentreriez pas à Poudlard finir vos études au mois de septembre. Je t'avoue, je suis très surprise de ta part d'un tel détachement, je pensais que tu accorderais de l'importance aux ASPICS plus que quiconque Hermione.

La jeune fille ne savait pas quoi répondre devant un tel détournement de situation. Elle échangea un bref regard à Ron qui levait les yeux au ciel.

-Maman, tu m'en as déjà parlé et je t'ai déjà dit que je ne pouvais pas t'en dire plus !

-Je sais Ron, mais je n'arrive pas à concevoir que vous laissez tomber vos études ! Je sais que je n'ai aucune autorité sur toi Hermione, mais je serais curieuse de savoir comment tes parents ont appris la nouvelle.

L'estomac noué, Hermione s'abstint d'avouer à Mrs Weasley que pas moins d'une heure plus tôt, elle avait jeté sur ses parents un sortilège de Faux-souvenirs. Préférant ne pas s'orienter sur ce sujet, Hermione décida d'ignorer sa remarque.

-Mrs Weasley, je peux vous assurer que nous avons longuement réfléchi à la question, mais nous avons donné notre parole à Harry que nous le suivrons quoiqu'il arrive.

-Mais peut-être qu'Harry n'a pas besoin de partir, il peut très bien poursuivre sa dernière année avec vous !

-Dumbledore lui a confié une mission, maman !

-Et de quoi s'agit-il ? Pourquoi vous aurait-il confié une mission alors qu'il avait tous les membres de l'Ordre à sa disposition ?

Ron et Hermione s'échangèrent à nouveau un regard gêné. Ils avaient tous deux l'impression de passer devant un interrogatoire de la justice magique.

-Ecoutez Mrs Weasley, nous ne pouvons vous en dire plus…

Voyant qu'elle n'obtiendrait pas davantage d'information, Mrs Weasley capitula malgré elle.

-Très bien, fit-elle contrarier en se levant brusquement. Si vous ne voulez pas en dire plus alors que je me fais beaucoup de soucis pour vous trois, libre à vous d'en décider…

Ron fit un signe de tête à Hermione pour monter dans sa chambre avant que Mrs Weasley s'exclama :

-Pas question de traîner en haut pendant les vacances ! Ron, le jardin doit absolument être désherbé et dégnomé le plus vite possible. Hermione, ma chérie j'ai absolument besoin de ton aide pour astiquer le service en porcelaine de ma grand-mère, il est dans un état épouvantable ! Je compte bien sûr sur votre aide pour rendre cette maison présentable pour le mariage.

-Bien sûre, assurèrent Ron et Hermione en prenant soin de ne pas contrarier Mrs Weasley.

Au même moment, Ginny descendit les escaliers, une pile de robes sous le bras.

-Voila maman, il m'en restait trois.

-Parfait, tu vas pouvoir aider Ron à nettoyer le jardin à présent.

Ginny poussa à voix basse un ronchonnement qui ressemblait vaguement à un miaulement de chat. Elle quitta la cuisine en compagnie de son frère, laissant Hermione seule dans la cuisine avec une Mrs Weasley prête à passer à nouveau à l'attaque.

-Heu… fit Hermione pour éviter à nouveau le sujet. Où est le service à astiquer ?

-Dans la verrière du salon, répondit froidement Mrs Weasley. Hermione, reprit-elle maintenant qu'elles étaient seules, j'ose espérer que tu vas réfléchir à notre conversation. Je sais que tu es quelqu'un de très raisonnable.

Hermione se sentit mal à l'aise de la dernière remarque de Mrs Weasley car elle avait prouvé au cours de l'année dernière qu'elle avait été tout, sauf raisonnable et qu'à présent, elle vivait constamment avec cette culpabilité au creux du ventre. Non, personne ne savait qui elle était vraiment, pensa-t-elle. Elle devait payer sa dette de la mort de Dumbledore et aidé Harry dans sa quête des Horcruxes.

-Et bien… heu oui, d'accord je vais y réfléchir, répondit la jeune fille sans réellement le penser.

Durant toute l'après-midi, Hermione astiqua la vieille vaisselle de famille appartenant à Mrs Weasley à l'aide de sa baguette magique, mais celle-ci avait sans cesse l'impression que les assiettes et soucoupes se multipliaient. Quand elle eut enfin fini, Mrs Weasley lui trouva encore d'autres tâches ménagères à effectués si bien qu'Hermione eut la désagréable impression que Mrs Weasley essayait délibérément de l'éloigner de Ron. Quelques heures plus tard, la jeune fille eut enfin terminé de dépoussiérer les vieux tapis du salon pour rejoindre Ron et Ginny d'un pas discret, avant que Mrs Weasley ne s'aperçoive de son absence. Elle retrouva ses amis dans le grand jardin délabré du Terrier. Ceux-ci s'abonnaient à leur activité favorite lorsque l'été arrivait : le lancé de gnomes.

Comme des petites pommes de terre courtes sur pattes, Hermione vit les gnomes de jardin vaciller et perdre l'équilibre dans le champ voisin où Ron et Ginny lancèrent les bonhommes.

Sous l'œil réprobateur d'Hermione, il s'abaissa et saisi le gnome par les bras puis le fit tournoyer plusieurs fois avant de le lancé par-dessus la clôture.

-Septante mètres au moins ! S'exclama Ron en lançant le gnome par-dessus la parcelle. Je viens d'écraser ton petit score de cinquante mètre Ginny.

Voyant Hermione le foudroyer du regard, celui-ci ajouta :

-C'est bon, Hermione, ils ne sentent presque rien ! Et ça les amuse regarde ils reviennent ! Dit-il en désignant du doigt un petit groupe de gnomes qui se dandinaient vers le jardin.

-Mais regarde-les, ils sont complètement déboussolés ! Répliqua la jeune fille tandis que deux gnomes se cognaient l'un contre l'autre, sous le rire de Ginny.

-Dans ce cas, pourquoi ne créerais-tu pas une autre association, du genre la Lutte Contre le Dégnomage de Jardin, quelque chose dans ce style-là.

-Ah ah…très drôle !

Ils passèrent le restant de l'après-midi à désherber le jardin, ce qui fut une tâche difficile, car les gnomes ne cessaient de revenir pour les renverser à terre. A présent, Hermione ne trouvait plus à redire lorsque Ron les stupéfixait pour les lancer de l'autre côté du jardin. Enfin, lorsque le crépuscule commençait à tomber, Mrs Weasley vint les appeler pour leur annoncer que le dîner était prêt à être servi.

Les trois amis s'installèrent à table en compagnie de Fred, George, Bill et Fleur.

Tout au long du repas, Fleur continuait de parler sans relâche des préparatifs du mariage ainsi que du peu de temps qu'il restait pour tout organiser.

-Olala, fit-elle en donnant une bouchée de rosbif bien saignante à Bill, c'est fou tout ce qu'il reste encore à prévoir ! Je n'ai toujours pas choisi de robe de mariée et toutes celles que j'ai essayées sont juste horribles. Il n'y a donc pas une seule boutique convenable à Londres ? Ce n'est pas comme à Paris où il n'a que l'embarras du choix, voyez-vous là-bas…

Fort heureusement, Mrs Weasley mit fin au monologue de Fleur sur les boutiques de Paris :

-Je ne comprends pas, fit-elle en regardant pour la dixième fois depuis le début du repas son horloge magique, dont les aiguilles étaient toutes fixées vers « En danger de mort ». Arthur devrait être rentré depuis longtemps !

Elle se leva à nouveau et regarda par la fenêtre de la cuisine, prête à voir son mari surgir d'un moment à l'autre dans la cour du jardin.

-Tu sais bien qu'ils ont beaucoup de travail au Ministère en ce moment, fit Bill en débarrassant la table d'un coup de baguette.

Mrs Weasley leur servir leur désert quand la porte de la cuisine s'ouvrit à la volée, laissant entré Mr Weasley l'air parfaitement exténué :

-C'est la folie au Ministère, dit-il en s'asseyant à côté de Fred. Il y a encore eu une attaque de Détraqueurs dans un quartier moldus… les pauvres gens ils ne comprennent pas ce qu'il est en train de se passer, le premier ministre moldu essaye tant bien que mal d'étouffer l'affaire, mais il n'arrive toujours pas à expliquer les événements.

C'est dans une ambiance moins joyeuse que se termina la première soirée au Terrier. Après avoir souhaité une bonne nuit à tout le monde, Hermione monta les escaliers en compagnie de Ginny jusqu'à la chambre de Fred et George qu'elle occupait pour le moment. Quand elle ouvrit la porte, elle vit que Mrs Weasley avait fait monter sa malle près de son lit. Hermione alluma la lampe de chevet qui baignait la pièce d'une agréable lueur dorée. Un grand vase de fleurs vide était posé devant la petite fenêtre. A son étonnement, l'odeur de poudre à canon qui persistait dans la pièce avait disparue, tout comme les d'innombrables boîtes en carton fermées qui occupaient une grande partie du plancher l'année passée, laissant supposer que Fred et George avait repris leurs affaires laissées au Terrier. Hermione se dirigea vers sa malle et commença à défaire ses affaires lorsqu'elle entendit frapper à la porte.

-Hermione ? Fit la voix de Ginny derrière la porte, je peux entrer ?

-Oui, bien sûre !

Elle était occupée à déplier une chemise de nuit quand son amie vient s'asseoir au pied du lit appartenant à Fred ou George, l'un des deux.

-Nous n'avons pas eu l'occasion de beaucoup parler aujourd'hui… comment te sens-tu depuis… enfin depuis le mois de juin.

Hermione comprit que Ginny voulait aborder le chapitre «Malefoy » ainsi que son sentiment de culpabilité sur le rôle qu'elle avait joué dans la mort de Dumbledore.

-Ca va très bien, répondit précipitamment Hermione, ignorant les nouements qu'elle ressentait à son estomac chaque fois qu'elle pensait au Serpentard. J'ai passé beaucoup de temps avec mes parents, je me sens beaucoup mieux à présent.

-Tu en es sûre ? Demanda timidement Ginny.

-Oui, oui… ne t'en fait pas Ginny, c'est derrière moi maintenant, dit-elle d'une voix plus aigue qu'à l'ordinaire.

Mais son amie continua de l'observer attentivement d'un œil sceptique.

-Hermione, je sais qu'il a beaucoup compté pour toi… je comprendrai que tu sois encore bouleversée, tu peux me le dire.

La main tremblante, Hermione fit tomber le jean qu'elle était en train de déplier, sans se rendre compte qu'au même moment, la pièce de faux Gallion qui se trouvait dans la poche arrière, roula au sol pour se poser sous le lit. Les yeux embrumés de larmes, Hermione se pencha en évitant de regarder son ami pour ramasser son pantalon.

-J'ignore ce qu'il est devenu et je ne veux même pas le savoir, Ginny. Je t'assure, je suis beaucoup mieux sans lui.

-Je te comprends, c'est la meilleure solution…

Voyant que son amie gardait le silence, Ginny tenta à nouveau de la réconforter :

-Il ne faut pas que tu culpabilises, Hermione. Tu as fait ce que Dumbledore t'avait demandé, tu as continué à l'aimer !

-Je devais le soutenir et non l'aider à devenir un… un assassin !

-Il n'a tué personne, c'est Rogue l'assassin.

-Mais c'est comme si je l'avais aidé… je lui ai dit comment réparer cette armoire, s'écria Hermione en se prenant le visage dans les mains.

- Tu lui as sauvé la vie, Hermione. Dumbledore connaissait les risques, il ne voulait pas que tu le laisses tomber ! Il voulait que ton amour le sauve et c'est ce que tu as fait.

Hermione s'essuya ses yeux humides et regarda longuement Ginny, se souvenant d'un détail que Harry lui avait appris au mois de juin.

-Il a abaissé sa baguette… cette nuit-là. Il était sur le point de se repentir lorsque les Mangemorts sont arrivés.

Elle vit le visage de Ginny se déconcerter avant qu'elle ne déclare sagement :

-le pouvoir de l'amour.

Hermione ne répondit pas. Elle songeait à Drago, si seulement il avait accepté plus tôt sa proposition lorsqu'ils passaient les vacances de Noel ensemble. Un silence s'installa dans la pièce quand Ginny lui demanda d'un ton taquin pour rompre le silence.

-Et avec Ron ? Vous sembliez plutôt proches tout à l'heure quand je suis entrée dans sa chambre.

Malgré elle, Hermione laissa esquiver un léger sourire sur ses lèvres. Ginny ne perdait jamais l'espoir de la voir devenir sa future belle-sœur.

-Ron est mon meilleur ami, je me sens tellement en sécurité avec lui mais il n'y aura jamais rien de plus.

-Ah bon. Je pensais que peut-être, comme tu as tourné la page avec Malefoy.

-J'ai besoin de temps, Ginny. Et puis d'ailleurs, Ron est simplement un ami, rappela-t-elle d'un ton appuyé.

-Très bien, je n'insisterai plus, répondit Ginny, toujours avec ce petit air malicieux.

Hermione lui jeta un regard de reproches. Elle était incorrigible, pensa-t-elle.

-Et toi avec Harry ? Tu tiens le coup ?

-Je suppose que oui… je n'ai pas vraiment le choix, fit Ginny en essayant vainement de sourire. Pour quand est prévu son départ ?

-Nous pensons partir après le mariage, si Harry est toujours décidé à attendre ce jour-là.

-Alors vous partirez vraiment avec lui ?

-Oui, Ron et moi sommes décidés à le suivre, répondit Hermione déterminée.

-Je veux venir avec vous !

-Non, Ginny ! Tu dois rester en sécurité à Poudlard ! Ca sera très dangereux ! Harry ne le permettrait pas de toute manière, même pour nous il est réticent…

-Vous l'accompagnerez quand même ?

-Bien sûr ! Affirma Hermione, je ne peux plus reculer désormais, j'ai… j'ai dû prendre mes dispositions.

Les larmes coulant sur sa joue à présent, Hermione raconta à son amie le sortilège qu'elle avait infligé à ses parents.

-Je suppose qu'ils vont partir en Australie dans les prochains jours… ils croient que c'est la plus grande ambition de leur vie…

-Oh Hermione ! Je suis désolée, fit Ginny en tapotant le dos de son ami. Tu pourras toujours lever le sortilège à ton retour…

-Je l'espère…

Ginny continua de la rassurer avant de lui souhaiter une bonne nuit. La jeune fille se changea puis se glissa dans les draps propres que Mrs Weasley avait changés pour elle. La tête lourde, Hermione se reposa sur l'oreiller, sans arriver à fermer les yeux. La dernière image de ses parents refaisait sans cesse surface dans son esprit. Si seulement elle avait appris l'occlumancie, pensa-t-elle, elle arriverait enfin à oublier toutes ses pensées sur ses parents, Harry, les Horcruxes… Drago. Ses yeux commencèrent à lui picoter comme à chaque fois que le nom du Serpentard remontait à la surface. Se retournant de l'autre côté, Hermione se mit à penser à toutes les affaires qu'elle commencerait à préparer pour leur voyage dès demain, si bien qu'au bout de dix minutes, la jeune fille s'endormit enfin. Au même moment, une lueur rouge jaillit de la pièce de faux Gallion qui reposait sous le lit d'Hermione, avant de s'estomper.