Chapitre 6 : La maisonnette abandonnée
Dans les jours qui suivirent leur séjour au Terrier, le choc provoqué par la mort de Fol OEil hantait la maison. Tout le monde s'attendait toujours à le voir franchir la porte de derrière de son pas claudicant, comme les autres membres de l'Ordre qui entraient et sortaient pour apporter les nouvelles. Hermione n'arrivait pas à supporter cette perte qui la marquait à nouveau, se sentant inexplicablement responsable de la disparition de Maugrey et Drago. Elle essayait de faire bonne figure devant tout le monde, mais dès que Mrs Weasley lui donnait du travail pour le mariage de Fleur et Bill, elle versait les larmes qu'elle retenait tout au long de la journée. A plusieurs reprises, elle vit que Ginny la regardait d'un air empathique, comme si son amie ressentait le chagrin qu'elle éprouvait depuis l'arrivée de Harry.
Mais les moments les plus difficiles à affronter étaient incontestablement les nuits blanches qu'Hermione passait. Les heures lui paraissaient interminables, allongée sur le lit de camp à côté de Ginny, la jeune fille pleurait en silence pour ne pas éveiller les soupçons de son amie. Quand elle arrivait enfin à trouver le sommeil tard dans la nuit, Hermione revoyait sans cesse Fol Œil qui se transformaient en Drago avant de tomber sur son balai. A plusieurs reprises, elle se réveillait en sursaut, le front trempé de sueur et essaya de se rendormir. Cette nuit là encore, elle fut à nouveau tirée de son sommeil par la vision de Drago qui basculait dans le vide de la nuit noire. Le cœur battant, elle se redressa sur le lit dont les draps lui collaient contre sa peau humide. De l'air, pensa aussitôt Hermione en se dégageant du lit, il lui fallait absolument de l'air.
C'était une nuit chaude et l'atmosphère était étouffante dans la petite chambre de Ginny. Sur la pointe des pieds, Hermione enfila une robe légère et sortit en prenant soin de refermer délicatement la porte derrière elle. La maison était calme, hormis les bruits incessants de tuyauteries qui provenaient du grenier où habitait la goule de maison. La jeune fille sortit dans la petite cour et respira à plein poumon l'air qui s'émanait du Terrier.
Elle adorait ce parfait de praire qui lui rappelait tant l'odeur de Drago… Drago, pensa-t-elle anéantie, elle n'arrivait pas à vivre avec cette horrible douleur qui lui transperçait le cœur, cette idée qu'il ne faisait plus parti de ce monde…
Soudain, elle fut prise de vertige. La respiration saccadée, elle tenta de calmer les sanglots qui lui faisaient tressaillir tout son corps, mais en vain. Plus elle pensait à Drago, plus l'air manquait dans ses poumons. Pour la première fois de sa vie, Hermione compris ce que signifiait réellement une crise d'angoisse. Sa respiration se bloquait tandis que les larmes continuaient de couler à flots le long de sa joue. Elle sentit qu'elle commença à perdre l'équilibre sur ses jambes tremblotantes et se raccrocha de justesse à un vieux chaudron en étain qui se trouvait sur la petite cour de la maison.
Hermione essaya de respirer profondément une bouffée d'air pur et senti que le calme commençait à la reprendre.
Au loin, elle vit la colline qui dominait le village de Loutry Ste Chaspoule et se rappela aussitôt son dernier rendez-vous avec le Serpentard dans la maisonnette abandonnée. Elle ne savait pas si c'était le besoin de ressentir une dernière fois la présence de Drago ou l'atmosphère pesante de solitude qui régnait dans la maison, mais elle fut prise d'une irrésistible envie de retourner à cet endroit où ils s'étaient embrassés avant leur adieu. Hermione savait que cette idée n'était pas raisonnable, qu'elle souffrirait peut-être encore plus de son absence, mais elle ressentait ce besoin, comme si elle devait affronter la réalité pour l'accepter enfin.
D'un pas précipité, elle traversa le jardin jusqu'au portail et transplana. Le cœur battant à tout rompre, elle reconnut la vieille ferme abandonnée et se dirigea en courant à l'intérieur. Pendant une folle seconde, elle espéra que Drago s'y trouverait, l'attendant contre le mur où ils s'étaient fougueusement embrassés, mais elle réalisa rapidement que la pièce était vide et sombre. L'endroit lui parut soudainement plus lugubre que la première fois. Le cœur déchiré, Hermione s'effondra au sol et pleura toutes les larmes qu'elle s'était forcée de retenir depuis ses derniers jours. Plusieurs minutes s'écroulèrent avant que la jeune fille se ressaisisse et se leva pour rentrer. Elle ouvrit la vieille porte en bois tout en s'essuyant ses joues quand elle vit une ombre dans le champ.
Effrayée, elle plissa les yeux pour reconnaître la forme de ce visiteur. Plus l'ombre s'approchait, plus sa respiration s'accélérait. Son cœur bondit dans sa poitrine quand elle reconnut le visage du visiteur sous la lumière de la lune : Drago ! C'était impossible ! Se dit-elle, comment pouvait-il être là, devant ses yeux !
Drago ! S'écria-t-elle d'une voix aiguë à en percer les tympans.
Elle courut vers lui, sa robe voletant derrière elle tandis que son pendentif se balançait sur sa poitrine. Elle sentit des larmes couler le long de sa joue, elle les essuya d'un revers de main et se jeta de tout son poids dans les bras de Drago, ce qui les fit tomber dans les hautes herbes.
Ils se regardèrent, une expression de stupéfaction se dessinant sur leur visage avant de s'embrasser fougueusement au sol. Elle n'arrivait pas à réaliser ni à y croire : Drago était là, devant elle, vivant !
-Comment… c'est impossible que tu sois en vie ?! Fit-elle dans un souffle lorsqu'il retira ses lèvres des siennes. Je t'ai vu tomber !
-Remercie mes longues années de Quidditch, je me suis rattrapé à mon balai dans ma chute, ajouta-t-il voyant l'air perplexe de la jeune fille.
-J'adore ce sport ! S'exclama Hermione en se jetant à nouveau sur lui, tous deux éclatant de rire.
Il la serra de toutes ses forces, l'embrassa dans le cou comme elle aimait tant et toucha le pendentif qui ornait le cou d'Hermione.
-Tu l'as gardé ? Lui demanda-t-il les yeux écarquillés. J'avais si peur que tu ne t'en débarrasses…
-J'y tiens comme à la prunelle de mes yeux, répondit Hermione son regard plongé dans celui de Drago, et encore plus maintenant !
Elle se jeta à nouveau dans les bras du Serpentard, serrant de toutes ses forces leur étreinte.
-Mais pourquoi n'as-tu pas répondu à mon message ? Je te croyais mort ! Fit-elle sur un ton de reproche en le relâchant.
-Tu m'avais envoyé un message ? Demanda-t-il incrédule.
Les joues rosies, Hermione ne répondit pas et attendit une réponse du Serpentard.
-J'ai perdu ma pièce cette nuit-là, je l'ai cherchée partout, mais je n'ai pas su la retrouver. J'étais perdu sans elle, je ne savais pas si tu étais en vie ou blessée, je devenais fou ! Alors je suis venu ici, toutes les nuits dans l'espoir de te retrouver, mais je n'y croyais pas trop, car je savais que si tu avais survécu, tu aurais pensé que j'étais mort…surtout que je n'avais plus la pièce pour te prévenir désormais…et puis je pensais que tu ne voulais plus me voir…ajouta-t-il. Mais tu étais là ce soir ! Tu es venue ! Pourquoi ?
-Je voulais…balbutia Hermione de plus en plus gênée, elle ne savait pour quelle raison elle se sentait intimidée par le regard intense du Serpentard dont les yeux gris clair reflétait l'éclat de la lune. Je n'arrivais pas à y croire…je ne voulais pas…alors je suis venue ici, pour me souvenir de la dernière fois où l'on s'est vu et puis tu es arrivé…
Ils se regardèrent quelques instants dans les yeux, puis Drago s'approcha de son visage et l'embrassa à nouveau tendrement.
Lentement, il colla son corps contre celui d'Hermione et la coucha au sol dont les hautes herbes étaient aplaties sous leurs poids. Ils continuèrent de s'embrasser tout en se caressant fébrilement le corps. Hermione sentit les brindilles des hautes herbes séchées lui fourmiller le dos, mais elle ne s'en souciait pas, tant elle était envoûtée par les lèvres du Serpentard et la tendresse de ses gestes. Sensuellement, Drago commença à l'embrasser dans le cou pour descendre lentement sur ses épaules tout en abaissant les bretelles de sa robe. Sous cette nuit chaude d'été, leur ardeur s'accélérait, tous deux s'assouvissant de cette envie qu'ils ressentaient dans leur étreinte enflammée.
Une heure s'écoula avant que les deux amoureux se reposèrent dans l'herbe, paisiblement installés dans les bras l'un de l'autre. Elle était si heureuse de le retrouver, si entière quand elle était à ses côtés. Pendant un long moment, ils ne parlaient pas, tout deux préférant regarder les étoiles dans le ciel qui scintillaient au-dessus de leurs têtes, comme si le monde leur appartenait et que rien ne les séparait à jamais.
-Alors, fit enfin Drago en brisant le silence, que s'était-il passé pour toi ce soir-là ?
Hermione raconta à Drago la poursuite des Mangemorts après que celui-ci soit tombé de son balai et lui fit part également de la mort de Fol Œil.
-J'étais au courant… je suis désolé, Hermione, répondit Drago lorsqu'elle eu fini son récit, c'était un grand sorcier, et un des meilleurs professeurs de défense contre les forces du mal.
-Tu le penses vraiment ?
-Oui, je t'assure.
-Je n'arrive pas à y croire… c'est une grande perte pour l'Ordre…
-Le Seigneur des Ténèbres devient plus puissant chaque jour, bientôt le Ministère tombera, ce n'est plus qu'une question de temps…
Hermione se redressa et regarda le Serpentard d'un œil inquiet.
-C'est ce que tu as entendu ?
-Oui.
-Qu'as-tu entendu d'autre ? Comment étaient-ils au courant de la date du transfert de Harry ? Qui est la source de Rogue ?
-Hermione…c'est dangereux tu poses trop de questions !
- Ne recommence pas comme l'année dernière Drago ! Dis-moi la vérité !
-Je ne peux pas ! J'ignore qui est cette source, je n'ai rien entendu c'est entre Rogue et Tu-sais-qui, moi tout ce que je sais c'est ce que j'entends dans les réunions auxquelles je suis obligé d'assister !
Hermione ne répondit pas, car elle voyait l'air tourmenté se dessiner sur les traits de Malefoy. A la manière dont il en avait parlé, elle se doutait bien que ces réunions devaient être horribles et terrifiantes pour lui… La jeune fille lui rappela qu'elle était la pour lui et qu'il pouvait se confier à elle. C'est ce qu'il fit. Drago lui raconta toutes les épreuves qu'il était obligé de subir chez lui, dans sa propre maison. Avec des frissons, il revécut le moment – sous les exclamations effrayées d'Hermione- où l'ancien professeur de l'étude des moldus de Poudlard mourut sous ses yeux pour finir – Hermione le pria de ne pas lui expliquer les détails- englouti par Nagini.
-C'est horrible, Drago, fit Hermione dans un souffle, alors que le jeune homme eut fini se confier à elle.
-Je n'arrive plus à vivre là bas…je voudrai partir, mais le Seigneur des Ténèbres n'accepte pas de lettre de démission…il s'en prendrait à mes parents et à toi, s'il le découvrait…
-Je suis déjà recherchée, ils savent que Harry est mon meilleur ami, Rogue a dû leur raconter plein de détails sur notre amitié.
-Rogue… fit Malefoy songeur, il ne parait pas ce qu'il laisse croire.
-Que veux-tu dire ? S'exclama Hermione.
-C'est grâce à lui que j'ai pu participer à la mission l'autre jour, il a pris ma défense et s'est porté garant de moi.
-Pour quelle raison a-t-il fait ça ?
-Je ne sais pas… quelques fois j'ai l'impression qu'on se comprend.
-Je ne sais pas Drago… c'est Rogue ! Il a tué Dumbledore, il a trahi l'Ordre et il a toujours détesté Harry !
-Je sais Hermione, je le savais depuis toujours qu'il était resté du côté des forces du mal, même après son repenti. Je pensais qu'il faisait bonne figure comme mon père. Mais quand il est revenu après le retour de Tu-sais-Qui, j'ai su à qui appartenait sa vraie allégeance.
-Il a très bien joué son rôle… sauf pour Harry, il l'a toujours su au fond de lui.
-Potter est très perspicace.
-Ca ressemble à un compliment, fit Hermione d'un ton moqueur.
-On dirait bien, répliqua Drago un léger sourire aux lèvres. On dit que Potter ne retournera pas à Poudlard l'année prochaine, est-ce que c'est ton intention ?
Hermione fut prise aux dépourvues, ne s'attendant pas à ce que le jeune homme aborde ce sujet. Elle réfléchit à toute vitesse, puis jugea que le moment était venu de lui dire la vérité.
-Et bien, en réalité… c'est le cas. Je ne retournerais pas à Poudlard, je vais rester aux côtés d'Harry.
-Où ça ? Demanda Drago en se levant.
-Je ne peux pas te le dire.
-Les rôles sont inversés, répliqua Drago sèchement.
-En effet.
-Et je suppose que Weasmoche sera de la partie.
-Oui… écoute Drago, je sais que c'est mystérieux, mais j'ai fait une promesse et je vais la tenir quoiqu'il arrive. Il faut que tu le comprennes.
-Je comprends, fit Drago en plongeant son regard droit dans ses yeux marron, mais je ne supporte pas l'idée que Weasley soit avec toi !
Hermione ne répondit pas, trop touchée par la jalousie du Serpentard. A chaque fois qu'il mentionnait Ron, elle croyait voir l'étincelle d'une flemme se dessiner dans le gris de ses yeux. Ce regard flamboyant lui faisait frissonner son corps tout entier.
-Il n'y a rien avec Ron, je t'assure.
Mais elle eut la désagréable impression que Drago essayait d'entrer dans son esprit.
-Arrête, fit-elle énervée.
-Arrêter quoi ?
-Je sais ce que tu es en train de faire !
-Pas du tout ! Je n'ai pas besoin de légimencie pour voir à quel point tu tiens à lui, répliqua-t-il sèchement.
-Drago…
-Ok, je n'insiste pas ! Et pour quand est prévue votre petite année sabbatique ?
-Harry voudrait partir après le mariage de Bill et Fleur, la semaine prochaine.
Hermione vit l'air effaré de Drago, visiblement il se s'attendait pas à ce que la date soit si proche.
-Est-ce qu'on continuera à se voir ? Demanda-t-il d'un ton anxieux.
-Je ne sais pas, Drago, fit Hermione en se pinçant les lèvres, ça sera très dangereux de continuer à se voir… si quelqu'un s'en apercevait. Et puis d'ailleurs, nous n'avons plus de moyen de communication maintenant que tu as perdu la pièce.
Soudain, les yeux de Drago s'écarquillèrent comme si une idée lui était venue en tête.
-Je sais, fit-il excité, j'ai trouvé un moyen ! Mais je t'expliquerai demain !
-Drago, je ne sais pas si je pourrai venir demain, je risque d'éveiller les soupçons si quelqu'un…Elle poussa un cri aigu qui fit sursauter le Serpentard. Ginny ! S'exclama-t-elle.
-Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?
-Ca fait plus d'une heure que je ne suis plus dans mon lit ! Si jamais elle s'aperçoit de mon absence, elle va se demander où je suis partie !
-Du calme, Granger, tu n'auras qu'à inventer quelque chose dans le style, j'ai été prise de nausée ou mon estomac était gargouillé, dit-il dans une imitation exagérée d'Hermione.
La jeune fille lui jeta un regard noir avant d'éclater de rire devant son air moqueur.
-Allez, rejoins-moi demain à la même heure et je te montrerai c'est quoi.
-C'est bon, ok je viendrai !
-Vraiment ?
-Vraiment !
Il se releva, prit Hermione dans ses bras et la souleva du sol en la faisant tournoyer dans le vide.
-Très bien, fit Hermione en riant, maintenant que tu m'as déposée je dois absolument rentrer au Terrier !
-D'accord, fit-il en l'embrassant, je t'attendrai demain !
Celui-ci tourna sur lui-même et transplana dans un léger craquement sonore. Hermione fit de même et atterrit dans le jardin des Weasley. Elle jeta un œil en direction de la fenêtre de Ginny dont la lumière était toujours éteinte. Lorsqu'elle entra dans la petite chambre, elle vit que son amie était toujours profondément endormie. Soulagée, Hermione marcha sur la pointe des pieds jusqu'à son lit de camp et se coucha dans les draps. Un sourire aux lèvres, elle repensa à son étreinte dans l'herbe avec Drago avant de s'endormir.
Le lendemain matin, alors que les premières lumières des rayons de soleil transperçaient la petite fenêtre de la chambre, Mrs Weasley vint réveiller Hermione et Ginny qui eurent du mal à se lever. La jeune fille se frottait les yeux dans un long bâillement. Elle essaya de se lever, mais son corps refusait de bouger du lit. Elle était toujours fatiguée de sa longue nuit et resta un moment allongée. Quelques minutes après elle, Ginny se réveilla à son tour.
-Salut, fit-elle les yeux entrouverts, bien dormi ?
-Oui, mais je me suis réveillée à plusieurs reprises à cause de la chaleur.
Les jeunes filles se levèrent et s'habillèrent en silence avant de rejoindre Harry et Ron à la table du petit déjeuner. Ils passèrent la matinée à arracher le restant des mauvaises herbes du jardin, mais la tâche ménagère se transforma en grande partie par un lancer de gnomes entre Fred, George, Harry, Ron et Ginny. Seule Hermione préféra ne pas se lancer à cette animation qu'elle jugeait offusquant pour les petits bonshommes. Ils éclatèrent de rire quand il vit le gnome de George courir après celui de Fred avant que Mrs Weasley n'emmène Harry à l'écart des autres en lui demandant de l'aider à identifier une chaussette solitaire qui, d'après elle, était peut-être tombée de son sac à dos. Ce dernier jeta un regard par-dessus son épaule à Ron et Hermione avant de disparaître avec elle. Tous deux s'échangèrent un regard signifiant clairement que l'interrogatoire de Harry venait de commencer.
À présent que le Terrier était devenu le nouveau quartier général de l'Ordre, plusieurs membres allaient et venaient tout au long de la journée dans la maison, si bien qu'aux heures de repas, la petite cuisine était généralement bondée. Après le dîner, les membres de l'Ordre avaient coutume de rester jusqu'à une heure très tardive pour discuter des rapports tenus par l'Ordre du Phoenix. Minuit passa quand Mr et Mrs Weasley allèrent enfin se coucher. Sur la pointe des pieds, Hermione sortit de la maison et transplana pour rejoindre Drago.
Celui-ci l'attendait déjà à l'intérieur, assis sur le lit de camp qu'il avait récuré et se releva aussitôt quand il vit Hermione arriver.
-Tu en as mis du temps ! S'impatienta Drago.
-C'est difficile de sortir en douce si tout le monde est encore debout, répliqua Hermione en fermant la porte.
Elle rejoignit le jeune homme sur le lit où elle s'assit à côté, les jambes croisées.
-Alors, fit Hermione en parcourant des yeux la pièce, que devais-tu me montrer ?
-Ferme les yeux, lui dit-il.
Elle sentit qu'il lui prit sa main et déposa entre ses doigts un objet lourd. Quand il lui demanda de rouvrir ses yeux, elle découvrit un petit miroir ovale incrusté de pierres bleues parfaitement taillées. Mais à la place de son propre reflet, elle vit le visage de Drago la fixer.
-Attends un peu… fit lentement Hermione dans un murmure, ce miroir me rappelle vaguement quelque chose…
- Tu ne te souviens pas ? Ce sont les deux miroirs à Double vue qu'on avait trouvés dans cette étrange malle dans la salle sur Demande !
Tout d'un coup, Hermione revit l'image de cette nuit d'exploration et la grosse malle où ils avaient trouvé les deux miroirs parmi de longues robes de sorciers africains. Ils avaient un nouveau moyen de communiquer, réalisa-t-elle soudain ! Mais son excitation disparue aussitôt… était-ce une bonne idée ?
Devant l'air tourmenté de la Gryffondor, Malefoy lui demanda :
-Tu n'as pas l'air très réjouie ? Ca ne va pas ?
-Si, si je vais très bien… mentit Hermione en posant le miroir sur le lit de camp. C'est juste que…
-Que quoi ? Insista Drago.
-Je ne pense pas que ça soit une très bonne idée.
Drago la fixa un long moment d'un air étonné puis ajouta d'une voix lente :
-Je ne comprends pas pourquoi tu dis ça, Hermione…
-Je ne sais pas où je serais cette année Drago, ça sera sûrement des endroits très dangereux dont il vaut mieux, pour toi et moi, que tu n'apprennes rien.
-Je sais ! Tu me l'as déjà dit, tu ne peux pas me dire où se déroulera votre petit voyage, mais comment vais-je tenir sans nouvelle de toi ? Non, écoute, fit Drago en voyant qu'Hermione s'apprêtait à ouvrir la bouche pour protester, tu ne seras pas obligé de m'indiquer l'endroit où tu te trouveras, ni de me faire visiter la région ! Mais nous pourrions toujours communiquer ensemble… je pourrai m'endormir le soir sachant que tu seras en sécurité, ajouta-t-il en caressant lentement la joue d'Hermione.
-Oh Drago, je ne sais pas… c'est tellement risqué, si Harry et Ron…
-Nous avons réussi à leur cacher notre relation pendant une année entière.
-C'était différent ! Nous étions à Poudlard !
Mais Drago ne semblait plus l'écouter et commença à dégager les cheveux ondulés d'Hermione derrière son oreille pour ensuite lui mordiller son lobe délicatement. La Gryffondor se laissa faire, savourant la douceur de ses lèvres qui descendait sensuellement sur le long de son cou avant de remonter vers sa bouche. Dans un souffle, il lui murmura en effleurant ses lèvres :
-réfléchis-y Granger, tu me donneras ta réponse demain.
-Demain ? Fit Hermione les yeux écarquillés tandis que Drago continuait à l'embrasser furtivement puis leurs lèvres se caressant de plus en plus fougueusement. C'est risqué, je ne sais pas si…
-Chuuuut, fit-il dans un murmure à peine audible en commençant à coucher la jeune fille sur le lit de camp, ne pense pas qu'une seule nuit puisse m'assouvir de toi…
Hermione ne protesta pas et sa laissa guider par Malefoy qui commençait à parcourir son corps de baisers. A présent, elle ne pensait plus à ces miroirs à Double face, ni si l'idée de rester en contact avec Drago était une bonne chose ou non. Rien ne comptait plus que ce moment passé avec le jeune homme dans la vieille maison abandonnée
.allongés dans le petit lit, ils étaient étroitement enlacés, leurs corps fébrilement serrés l'un contre l'autre sous la chaleur qui émanait dans la petite cabane. Leurs baisers devinrent de plus en plus fougueux tandis que leurs caresses ne cessaient de se parcourir le corps, comme s'ils se découvraient pour la première fois. Quand se reverraient-ils ? Ils l'ignoraient et préféraient ne pas y penser pour le moment. Désormais, seul l'instant présent comptait pour eux.
Tout en poussant un dernier gémissement, Drago reposa sa tête contre la poitrine dénudée d'Hermione et essaya de reprendre le souffle de sa respiration saccadée. La jeune fille pouvait sentir son cœur tambouriner contre sa poitrine au même rythme que le sien. Ils restèrent plusieurs minutes dans le silence, se passant de mot pour réaliser tous deux que c'était peut-être leur dernière nuit ensemble. Hermione n'avait toujours pas pris de décision concernant le miroir. Elle y penserait demain matin, se dit-elle tandis que ses paupières commençaient à s'alourdir. A présent, Drago était blotti dans ses bras et semblait si paisible, si serein. La vue du jeune homme en train de s'endormir sur elle lui procurait un sentiment de sécurité qu'elle s'endormit aussitôt d'un sommeil sans rêve, pour la première fois depuis le mois de juin.
L'aube pointait le bout de son nez quand Hermione réalisa avec sursaut qu'elle avait découché du Terrier. Elle se dégagea non sans douceur des bras de Drago et se leva aussitôt du lit de camp inconfortable. Elle ressentait seulement maintenant son dos se crisper d'avoir dormi dans une position pliée.
-Drago ! Fit-elle tandis que le Serpentard s'étendait dans le lit, il faut se lever ! On s'est endormi !
-Quelle heure est-il ? Demanda-t-il en un bâillement.
-Aucune idée, je n'ai pas de montre ! S'exclama Hermione qui commençait à paniquer. A en juger par la lumière du jour, je dirais six heures du matin.
Le jeune homme ouvrit aussitôt les yeux et se leva d'un bond.
-Je dois absolument rentrer, tout le monde va bientôt partir travailler au Ministère !
D'un pas précipité, ils s'habillèrent et quittèrent la petite cabane sous les premières lueurs du jour. Mais avant de se quitter, Drago prit la main d'Hermione et la regarda droit dans les yeux avant de lui déclarer :
-J'ai passé une nuit magnifique.
-Moi aussi, tu m'avais tellement manqué.
Ils s'échangèrent un regard complice et Hermione sentait déjà ses joues prendre feu.
-Est-ce que ça signifie que tu vas garder le miroir à Double face près de toi ?
-Je ne sais pas Drago… je dois y réfléchir…
Il lui lâcha aussitôt la main et lui lança avant de transplaner :
-J'attendrai ta réponse pendant trois jours, si je n'ai aucune nouvelle je briserai le miroir.
-Non, attends Drago !
Mais celui-ci avait déjà disparu dans un craquement sonore. Hermione se dépêcha de transplaner à son tour, souhaitant de tout son cœur que tout le monde ne soit pas déjà levé. Mais lorsque ses pieds heurtèrent le sol du Terrier, elle constata avec soulagement que la maison semblait encore être endormie, car les petits rideaux de la cuisine tricotés par Mrs Weasley étaient encore fermés. Discrètement, Hermione regagna son lit et se leva une petite heure plus tard, comme si rien ne s'était passé.
