Bonjour tout le monde !

Miiiilleeeeeeee excuses pour ce retard ! D'habitude je suis assez ponctuelle pour poster les chapitres mais j'ai été énooormément occupée ce w-e puis ce début de semaine... Je ne vous oublie pas !

J'espère que vous avez passé un bon w-e ? :)

Voilaaa retrouvons nos personnages après qu'Hermione ait découvert sa grossesse :o Evidemment, certaines s'en doutait j'avais laissé un petit indice dans le chapitre de leur escapade et ne sont pas tombée dans le panneau du rêve :p bien joué !

Ici, nous retrouvons un chapitre qui reprend une grosse partie du livre (Merci JKR !), j'ai préféré la laissée car j'ai trouvé que c'etait une continuité importante pour l'histoire et en plus, ce passage-là me marque toujours autant ! Vous l'avez p-t deviné, c'est le départ de Ron ahaaa !

Evidemment, nous nous le sommes appropriées donc dites-nous ce que cette version détournée en Dramione vous plaît :)

Voila, voila nous vous souhaitons une bonne lecture et à ce w-e (oui, oui je m'y tiendrais cette fois :p )

M&T 3


Revieuws anonymes :

Cilou : merci Cilou de ton commentaire ! Ahaha oui bien vu, ces indices-là montre que ce n'était pas possible, surtout au niveau de la trame de l'histoire (6 mois plus tard) ^^ on voit que tu t'y connais très bien :p sinon que veux-tu dire dans "le problème de cohérence et crédibilité" avec l'histoire et les personnages ? S'il s'agit de leur comportement, c'est vrai que ça ne colle pas entièrement avec leur caractère dans HP mais de là à ce que l'histoire soit incohérente et peu crédible me semble fort tout de même :o après tout c'est un côté caché qu'on ne connait pas d'Hermione (même si j'avoue qu'elle prend beaucoup de risque ^^) après tout, c'est surtout pour lui permettre de le voir sinon il ne se passerait pas grand chose non plus... enfin j'espère que ces explications te satisferont et que tu apprécies tjs la Fanfic :) sinon ta prédiction avec Bellatrix... peut-être, tu verras la suite pour ne pas spoil l'intrigue :p merci encore de ta revieuw ! A bientôt :)

MB01 : Bienvenue à toi sur notre Fanfic :D ça nous fait énormément plaisir que tu apprécies notre histoire en tout cas :) tu verras en ce qui concerne l'idée du bébé Malefoy-Granger :p peut-être que... sans vouloir gâcher l'intrigue :) Sinon pour la réaction d'Harry, il ne faut pas oublier que c'est un rêve... donc p-t que dans la réalité :) Merci pour tes reviuews, nous espérons que la suite te plaira toujours autant !

Lilais : Ahaha c'était le but rechercher, faire tomber dans le panneau :p Aaaah peut-être, tu le sauras bien assez tôt :) Merci pour ta revieuws, à bientôt !


Chapitre 22 : La revanche du gobelin

Le lendemain soir, alors qu'ils étaient installés dans la tente sur la berge d'une rivière galloise, Harry et Hermione durent à nouveau subir l'humeur ronchonne de Ron concernant leur modeste repas du soir. Il n'était pas prudent de se rendre régulièrement dans le monde des moldus, même sous la cape d'invisibilité et quand les ressources étaient épuisées, ils devaient cuisiner ce qu'ils trouvaient dans les environs. Étrangement, les champignons trouvés dans les lisières des forêts semblaient adoucir les maux de ventre d'Hermione car de toute la journée, elle n'avait senti aucune nausée, même le matin à son réveil.

Depuis qu'elle avait appris la veille sa grossesse, Hermione était restée cloitrée dans un silence profond et ne répondait que lorsqu'on lui adressait la parole. Elle ne cessait de tourner et retourner en boucle des questions dans sa tête : qu'allait-elle faire à présent ? Que se passera-t-il quand son ventre commencera à grossir ? Harry et Ron allaient-ils le découvrir comme dans le rêve de cette nuit… réagiraient-ils aussi violemment ? Étaient-ils capables de la jeter dehors, seule, dans ce monde hostile ? Arriverait-elle à en parler à Drago… elle devait le prévenir… Sa gorge se noua à cette pensée. Elle fit un effort surhumain pour ne pas éclater en sanglots en plein milieu du repas et reporta son attention sur les jérémiades de Ron. Comme il pouvait l'agacer, se dit-elle. Ces temps-ci, elle n'arrivait plus à gérer ses sautes d'humeur… ce n'est que depuis la veille qu'elle avait compris pour quelle raison…

-Ma mère, dit Ron est capable de faire surgir dans les airs de délicieux petits plats.

L'air morose, il piqua sa fourchette dans les morceaux de poisson grisâtres et carbonisés rassemblés dans son assiette. Hermione jeta machinalement un regard en direction de son cou et vit briller, comme il s'y était attendu, la chaîne d'or de l'Horcruxe.

-Ta mère ne peut pas faire surgir de la nourriture du néant, répliqua Hermione, agacée. Personne ne le peut. La nourriture est la première des exceptions principales à la loi de Gamp sur la métamorphose élémentaire…

Elle repensa à la même conversation qu'elle avait eue avec Drago l'année dernière à ce sujet dans la salle sur Demande. L'estomac noué à ce souvenir, elle reporta son attention sur son assiette peu appétissante.

- Tu ne peux pas parler normalement ? l'interrompit Ron en arrachant une arête d'entre ses dents.

- Il est impossible de faire apparaître de bons petits plats à partir de rien ! On peut utiliser un sortilège d'Attraction si on sait où ils se trouvent, on peut les modifier, on peut en accroître la quantité si on en a déjà…

-Surtout, ne te donne pas la peine d'accroître la quantité de ce truc-là, c'est dégoûtant, coupa Ron.

- Harry a péché le poisson et j'ai fait ce que j'ai pu pour le préparer ! Je constate que c'est toujours moi qui finis par m'occuper de la cuisine. Sans doute parce que je suis une fille !

- Non, c'est parce que tu es censée être la meilleure en magie ! rétorqua Ron.

Hermione se leva d'un bond et des morceaux de brochet rôtis glissèrent de son assiette en étain, tombant sur le sol. Elle devait faire un considérable effort pour ne pas exploser.

-Demain, c'est toi qui t'occuperas de la cuisine, Ron, c'est toi qui te procureras les ingrédients et c'est toi qui trouveras les formules magiques pour les transformer en quelque chose de mangeable. S'énerva-t-elle. Moi, je resterai assise à ronchonner en faisant des grimaces et tu verras comment tu…

- Silence ! trancha Harry, en se levant à son tour, les deux mains tendues devant lui. Plus un mot !

Hermione fut scandalisé qu'Harry prenne la défense de Ron. Les images de son rêve lui revirent aussitôt en tête.

- Comment peux-tu prendre son parti, il ne fait pratiquement jamais la cuisine…

- Hermione, tais-toi, j'entends quelqu'un.

Il tendit l'oreille, les mains toujours levées pour les empêcher de parler. Mêlées au bruit de la rivière dont les eaux sombres bouillonnaient et clapotaient à côté d'eux, Hermione entendit des voix. Harry jeta un coup d'oeil au Scrutoscope. Il ne bougeait pas.

- Tu as jeté l'Assurdiato ? murmura-t-il à Hermione.

-J'ai fait tout ce qu'il fallait, chuchota-t-elle. Assurdiato, Repousse-Moldu et sortilèges de Désillusion, tout. Quels qu'ils soient, ils ne devraient ni nous entendre ni nous voir.

Des grattements, des raclements, auxquels s'ajoutaient des bruits de pierres ou de branchages remués, leur indiquèrent que plusieurs personnes descendaient la pente boisée et escarpée qui menait vers la berge étroite où ils avaient planté leur tente. Ils sortirent leurs baguettes, attendant. Les sortilèges qu'ils avaient jetés autour d'eux auraient dû suffire, dans l'obscurité quasi totale, à les dissimuler aux yeux de Moldus ou de sorciers normaux. Mais s'il s'agissait de Mangemorts, leurs défenses allaient peut-être subir pour la première fois l'épreuve de la magie noire.

À mesure que les nouveaux venus avançaient vers la rive, leurs voix devenaient plus sonores, mais pas plus intelligibles. Le groupe devait être à cinq ou six mètres, mais avec le bruit de cascade de la rivière, il était impossible d'en être sûr. Hermione attrapa le sac en perles et fouilla dedans à la recherche des Oreilles à rallonge qu'elle avait emportées. Au bout d'un certain temps, elle en retira trois Oreilles à rallonge et en jeta deux à Harry et à Ron qui enfoncèrent aussitôt dans leurs propres oreilles l'extrémité de la ficelle couleur chair, dont ils déroulèrent l'autre bout à l'entrée de la tente.

Quelques secondes plus tard, ils entendirent une voix d'homme au ton las :

- Il devrait y avoir des saumons, ici, ou tu crois que c'est trop tôt dans la saison ! Accio saumon !

Il y eut des clapotements caractéristiques puis les claquements d'un poisson qui se débattait entre les mains de l'homme. Quelqu'un poussa un grognement appréciateur. Par-dessus le murmure de la rivière, elle percevait d'autres voix, mais elles ne parlaient pas anglais ni aucune autre langue humaine. C'était un langage rude, dissonant, une suite de sons gutturaux, grinçants. Apparemment, il y avait deux personnes qui s'exprimaient ainsi dont l'une avait une voix plus basse, plus lente que l'autre.

Des flammes jaillirent et dansèrent de l'autre côté de la toile. De grandes ombres passaient entre le feu et la tente. Un délicieux fumet de saumon braisé flotta jusqu'à eux, tentateur. Puis ils entendirent des cliquetis de couverts et d'assiettes et le premier homme parla à nouveau :

- Tenez, Gripsec, Gornuk.

« Des gobelins » dit Hermione en formant silencieusement le mot sur ses lèvres.

Harry approuva d'un signe de tête.

- Merci, répondirent ensemble les deux gobelins, en anglais.

- Alors, il y a combien de temps que vous êtes en fuite, tous les trois ? demanda une nouvelle voix, mélodieuse et agréable à l'oreille.

- Six semaines… Sept peut-être… j'ai oublié, répondit l'homme au ton las. J'ai rencontré Gripsec au bout de deux jours et Gornuk s'est joint à nous quelque temps plus tard. Ça fait du bien d'avoir un peu de compagnie.

Il y eut une pause pendant laquelle on les entendit racler leurs couteaux contre les assiettes, puis prendre et reposer des chopes d'étain.

- Et toi, qu'est-ce qui t'a décidé à partir, Ted ? reprit l'homme.

-Je savais qu'ils venaient me chercher, répondit la voix mélodieuse du dénommé Ted. La semaine dernière, j'ai entendu dire qu'il y avait des Mangemorts dans le coin et j'ai décidé qu'il valait mieux m'enfuir. J'avais refusé de me faire enregistrer comme né-Moldu, par principe, tu comprends ? Je savais donc que ce n'était plus qu'une question de temps. Finalement, j'aurais été obligé de partir. Ma femme ne devrait pas avoir de problème, elle est de sang pur. Ensuite, j'ai rencontré Dean… c'était quand, fiston ? Il y a quelques jours, non ?

-Oui, répondit une autre voix.

Harry, Ron et Hermione échangèrent un regard. Ils restèrent silencieux, mais ils avaient du mal à contenir leur fébrilité, car ils étaient sûrs d'avoir reconnu la voix de Dean Thomas, leur condisciple de Gryffondor.

-Tu es né moldu, hein ? demanda le premier homme.

- Pas sûr, répliqua Dean. Mon père a quitté ma mère quand j'étais enfant. Mais je n'ai aucune preuve que c'était un sorcier.

Pendant un moment, le silence ne fut troublé que par des bruits de mastication, puis Ted parla à nouveau :

- Je dois dire, Dirk, que je suis surpris de tomber sur toi. Content, mais surpris. La rumeur courait que tu avais été arrêté.

-C'est vrai, répondit Dirk. Mais à mi-chemin d'Azkaban, je me suis enfui, j'ai stupéfixé Dawlish et je lui ai volé son balai. C'était plus facile qu'on ne l'aurait cru. Je crois qu'il n'est pas en très bonne forme, ces temps-ci. Il a peut-être subi un sortilège de Confusion. Si c'est le cas, j'aimerais bien serrer la main du sorcier ou de la sorcière qui lui a jeté le sort, ça m'a sans doute sauvé la vie. Il y eut une nouvelle pause. Le feu crépitait, l'eau de la rivière bouillonnait. Enfin, Ted reprit :

- Et vous deux, comment vous vous situez ? Je… heu… j'avais l'impression que dans l'ensemble, les gobelins étaient partisans de Vous- Savez-Qui.

-C'était une fausse impression, répliqua le gobelin à la voix plus aiguë que l'autre. Nous ne prenons pas parti. C'est une guerre entre sorciers.

- Dans ce cas, pourquoi vous cachez-vous ?

-J'ai estimé que c'était plus prudent, répondit le gobelin à la voix grave. Ayant refusé de me soumettre à une exigence que je jugeais impudente, je voyais bien que ma sécurité personnelle était menacée.

- Que vous ont-ils demandé ? interrogea Ted.

- D'accomplir des tâches incompatibles avec la dignité de mon espèce, répondit le gobelin, la voix plus rude et moins humaine. Je ne suis pas un elfe de maison.

-Et vous, Gripsec ?

- Mêmes raisons, dit le gobelin à la voix aiguë. Gringotts n'est plus sous le seul contrôle de mes semblables. Et je ne reconnais aucun maître parmi les sorciers.

Dans un murmure, il ajouta quelque chose en Gobelbabil et Gornuk éclata de rire.

- C'était quoi, la blague ? demanda Dean.

- Il a dit, expliqua Dirk, qu'il y a aussi des choses que les sorciers ne reconnaissent pas.

Il y eut un bref silence.

- Je ne comprends pas l'astuce, avoua Dean.

- J'ai eu ma petite revanche avant de partir, reprit Gripsec en anglais.

- Bravo, bonhomme…, approuva Ted. Bongobelin, devrais-je dire, rectifia-t-il aussitôt. Vous n'avez quand même pas réussi à enfermer un Mangemort dans l'une de vos vieilles chambres fortes inviolables ?

-Si c'était le cas, l'épée ne l'aurait pas aidé à forcer la porte, répondit Gripsec.

Gornuk s'esclaffa à nouveau et Dirk lui-même eut un petit rire sec.

- Encore quelque chose qui nous a échappé, à Dean et à moi, dit Ted.

- Il y a aussi quelque chose qui a échappé à Severus Rogue, mais il ne le sait pas encore, reprit Gripsec.

Les deux gobelins éclatèrent d'un grand rire féroce. À l'intérieur de la tente, l'excitation était palpable et pour la première fois depuis deux jours, Hermione ne pensait plus à sa grossesse. Ils se regardèrent avec Harry, tendant l'oreille pour ne pas perdre le moindre mot.

- Tu n'as pas entendu parler de ça, Ted ? demanda Dirk. Les mômes qui ont essayé de voler l'épée de Gryffondor dans le bureau de Rogue, à Poudlard ?

Figée sur place, Hermione eut l'impression que chaque nerf de son corps était parcouru d'un courant électrique.

- Jamais rien su, dit Ted. Ils n'en ont pas parlé dans La Gazette ?

- Ça m'étonnerait, répondit Dirk en gloussant de rire. C'est Gripsec qui me l'a raconté. Il l'a entendu dire par Bill Weasley qui travaille pour la banque. L'un des mômes qui ont essayé de voler l'épée était la jeune soeur de Bill.

Hermione et Ron s'accrochaient à leurs Oreilles à rallonge comme s'il s'était agi d'un filin de sécurité.

-Elle et deux autres amis se sont introduits dans le bureau de Rogue et ont fracassé la vitrine dans laquelle il gardait l'épée. Rogue les a surpris au moment où ils essayaient de s'enfuir dans l'escalier.

- Dieu les bénisse, dit Ted. Pensaient-ils pouvoir se servir de l'épée contre Vous-Savez-Qui ? Ou contre Rogue lui-même :

- Je ne sais pas ce qu'ils avaient en tête, mais, en tout cas, Rogue a estimé que l'épée n'était plus en sécurité là où elle était, poursuivit Dirk. Deux jours plus tard, sur l'ordre de Vous-Savez-Qui, j'imagine, il a envoyé l'épée à Londres pour qu'elle soit conservée à Gringotts.

Les gobelins recommencèrent à rire.

- Je ne vois toujours pas ce qu'il y a de drôle, remarqua Ted.

- C'est un faux, répondit Gripsec d'une voix râpeuse.

- L'épée de Gryffondor !

- Oui. C'est une copie – une excellente copie, il est vrai –, mais fabriquée par des sorciers. La vraie a été forgée il y a des siècles par des gobelins et elle était dotée de certaines propriétés que seules les armes produites par les gobelins possèdent. J'ignore où se trouve la véritable épée de Gryffondor, mais ce n'est certainement pas dans un coffre de Gringotts.

- Je comprends, dit Ted. Et bien entendu, vous ne vous êtes pas donné la peine d'en informer les Mangemorts ?

- Je ne voyais aucune raison de les importuner avec ce genre de détails, répondit Gripsec d'un ton suffisant.

Cette fois, Ted et Dean joignirent leurs éclats de rire à ceux de Gornuk et de Dirk.

Sous la tente, la respiration d'Hermione s'accéléra, attendant désespérément que quelqu'un pose la question de savoir comme se porte Ginny. Se fut Dean qui le demanda et Hermione se rappela que Ginny avait été sa petite copine avant Harry.

- Qu'est-ce qui est arrivé à Ginny et aux autres ? Ceux qui ont essayé de voler l'épée ?

-Oh, ils ont été punis, et cruellement, répondit Gripsec d'un ton indifférent.

- Ce n'est pas trop sérieux, j'espère ? demanda précipitamment Ted. Les Weasley n'ont vraiment pas besoin qu'un autre de leurs enfants soit blessé.

- Autant que je le sache, ils n'ont rien subi de grave, assura Gripsec.

- Une chance pour eux, remarqua Ted. Avec les antécédents de Rogue, on peut s'estimer heureux qu'ils soient toujours vivants.

-Alors, toi aussi, tu crois cette histoire, Ted ? interrogea Dirk. Tu penses que Rogue a tué Dumbledore ?

- Bien sûr que oui, répliqua Ted. Tu ne vas quand même pas m'affirmer tranquillement que Potter a quelque chose à voir là-dedans ?

- On ne sait plus que croire, ces temps-ci, marmonna Dirk.

-Je connais Harry Potter, intervint Dean. Et à mon avis, il mérite sa réputation… c'est bien lui l'Élu, ou quel que soit le nom qu'on lui donne.

- Ouais, il y a plein de gens qui aimeraient bien en être persuadés, fiston, répliqua Dirk. Moi y compris. Mais où est-il ? Apparemment, il a pris la fuite. S'il savait quelque chose qu'on ignore, ou s'il était quelqu'un d'exceptionnel, on pourrait penser qu'il serait là à se battre, à organiser la résistance, au lieu de se cacher. Et tu sais, La Gazette a publié des articles assez convaincants contre lui…

- La Gazette ? l'interrompit Ted avec mépris. Tu mérites bien qu'on te raconte des mensonges si tu continues à lire cette flaque de boue, Dirk. Si tu veux les faits, essaye Le Chicaneur.

Il y eut une soudaine explosion de toux et de hoquets, suivie de grands coups sourds. Apparemment, Dirk avait avalé une arête. Il parvint enfin à balbutier :

- Le Chicaneur ? Le torchon délirant de Xeno Lovegood ?

- Il n'est pas si délirant que ça, ces temps-ci, dit Ted. Tu devrais y jeter un coup d'oeil. Xeno publie tout ce que La Gazette passe sous silence, il ne parle pas une seule fois du Ronflak Cornu dans le dernier numéro. Combien de temps le laisseront-ils faire, je n'en sais rien. Mais Xeno affirme à la une de chaque numéro que tous les sorciers opposés à Vous-Savez-Qui devraient avoir pour priorité d'apporter leur aide à Harry Potter.

- Pas facile d'aider quelqu'un qui a disparu de la surface de la terre, fit remarquer Dirk.

- Écoute, le simple fait qu'ils n'aient pas encore réussi à le capturer est déjà un sacré exploit, poursuivit Ted. J'aimerais bien en prendre de la graine. C'est ce qu'on cherche tous à faire, rester libres, non ?

- Oui, c'est vrai, sur ce point, tu as raison, reconnut Dirk d'un ton lourd. Avec le ministère et tous ses informateurs à ses trousses, je m'attendais à ce qu'il soit en prison, à l'heure qu'il est. Mais finalement, qui peut assurer qu'ils ne l'ont pas déjà arrêté et exécuté sans l'avoir annoncé ?

- Ah, ne dis pas ça, Dirk, murmura Ted.

Pendant la longue pause qui suivit, on entendit de nouveaux bruits de couverts entrechoqués. Lorsque la conversation reprit, ce fut pour décider s'ils feraient mieux de dormir sur la berge ou de remonter le flanc boisé de la colline. Estimant que les arbres leur offriraient un meilleur abri, ils éteignirent leur feu et gravirent la pente, leurs voix s'évanouissant au loin.

Harry, Ron et Hermione enroulèrent les Oreilles à rallonge.

- Ginny… L'épée… fit Harry d'une voix tremblante.

Si seulement il avait un moyen de connaître ce qu'il s'était passé dans le bureau de Rogue ! Se dit Hermione, si seulement… mais une idée illumina soudain son esprit !

-Je sais ! s'exclama Hermione excitée.

Elle se rua sur le sac en perles et y plongea cette fois le bras tout entier.

- Ça y est… le… voilà…, dit-elle entre ses dents serrées.

Elle tira quelque chose qui se trouvait dans les profondeurs. Lentement, le coin d'un cadre ouvragé apparut. Harry se précipita pour l'aider.

Tout en hissant hors du sac le portrait vide de Phineas Nigellus, Hermione gardait sa baguette pointée dessus, prête à jeter un sort à tout instant.

- Si quelqu'un a échangé la véritable épée contre sa copie pendant qu'il était dans le bureau de Dumbledore, dit-elle d'une voix essoufflée, tandis qu'ils posaient le tableau debout contre la toile de la tente, Phineas Nigellus l'aurait vu, il était accroché juste à côté de la vitrine !

- À moins qu'il n'ait été endormi, objecta Harry.

Mais il retint quand même son souffle lorsque Hermione s'agenouilla devant la toile vide, sa baguette dirigée en son centre, et dit, après s'être éclairci la gorge :

- Phineas ... Vous? Phineas Nigellus?

Il ne se passa rien.

- Phineas Nigellus ? répéta Hermione. Professeur Black ? Pourrions-nous vous parler ? S'il vous plaît ?

- « S'il vous plaît » est toujours utile, répondit une voix froide et narquoise.

Phineas Nigellus se glissa alors dans son tableau. Hermione s'écria aussitôt :

- Shady!

Un bandeau noir apparut soudain sur les yeux sombres et vifs de Phineas Nigellus qui se cogna contre le bord du cadre et poussa un cri de douleur.

- Que… Comment osez-vous… ? Qu'est-ce que vous…

-Je suis vraiment désolée, professeur Black, s'excusa Hermione, mais c'est une précaution indispensable !

- Ôtez immédiatement cet ajout détestable ! Otez-le, vous dis-je ! Vous êtes en train de détruire une grande oeuvre d'art ! Où suis-je ? Que se passe-t-il ?

- Peu importe où nous sommes, répondit Harry.

Phineas Nigellus s'immobilisa, abandonnant toute tentative d'effacer le bandeau peint.

-Est-il possible qu'il s'agisse de la voix de l'insaisissable Mr Potter ?

-Peut-être bien, admit Harry, sachant qu'il éveillerait ainsi l'intérêt de Phineas Nigellus. Nous avons deux ou trois questions à vous poser… au sujet de l'épée de Gryffondor.

-Ah, dit Phineas qui tournait la tête dans tous les sens pour s'efforcer d'apercevoir Harry. Oui, cette petite sotte a agi d'une manière bien imprudente…

- Ne parlez pas comme ça de ma soeur, s'insurgea Ron d'un ton abrupt.

Phineas Nigellus haussa des sourcils dédaigneux.

- Qui d'autre se trouve ici ? demanda-t-il, tournant à nouveau la tête de tous côtés. Votre ton me déplaît ! Cette jeune fille et ses amis se sont conduits avec une extrême témérité. Voler le directeur !

- Ils ne volaient pas, répliqua Harry. L'épée n'appartient pas à Rogue.

- Elle appartient à l'école du professeur Rogue, déclara Phineas Nigellus. Pourriez-vous me dire exactement quel droit cette fille Weasley peut avoir sur cet objet ? Elle a mérité sa punition, ainsi que cet idiot de Londubat et cette grotesque petite Lovegood !

- Neville n'est pas un idiot et Luna n'est pas grotesque ! protesta Hermione.

- Où suis-je ? répéta Phineas Nigellus qui recommençait à se débattre avec son bandeau. Où m'avez-vous amené ? Pourquoi m'avez-vous enlevé de la maison de mes ancêtres ?

- Peu importe ! Quelle punition Rogue a-t-il infligée à Ginny, Neville et Luna ? demanda Harry d'un ton pressant.

- Le professeur Rogue les a envoyés dans la Forêt interdite accomplir quelques tâches pour ce gros balourd de Hagrid.

- Hagrid n'est pas un gros balourd ! s'écria Hermione d'une voix perçante.

- Rogue a peut-être pensé que c'était une punition, dit Harry, mais Ginny, Neville et Luna ont dû bien s'amuser avec Hagrid. La Forêt interdite… Ils ont vu pire ! Ce n'est pas grand-chose !

Hermione se sentit soulagée. Elle avait imaginé des horreurs, le sortilège Doloris, au minimum.

- Ce que nous voulons vraiment savoir, professeur Black, c'est si quelqu'un d'autre a un jour… heu… pris l'épée ? Peut-être pour la nettoyer ou… ou autre chose ?

Phineas interrompit à nouveau ses efforts pour se débarrasser du bandeau et ricana.

- Ah, les nés-Moldus ! répliqua-t-il. Les armes et armures fabriquées par les gobelins n'ont pas besoin d'être nettoyées, petite simplette. L'argent des gobelins repousse la vulgaire saleté et n'absorbe que ce qui le renforce.

- Ne traitez pas Hermione de simplette, protesta Harry.

- Je commence à me lasser d'être sans cesse contredit, déclara Phineas Nigellus. Peut-être est-il temps pour moi de retourner dans le bureau du directeur ?

Les yeux toujours bandés, il tâtonna le bord de son cadre, essayant de sortir du tableau et de revenir dans celui de Poudlard à l'aveuglette. Harry eut une inspiration soudaine.

- Dumbledore ! Vous pouvez faire venir Dumbledore ?

- Je vous demande pardon ? s'étonna Phineas Nigellus.

- Le portrait du professeur Dumbledore… Ne pourriez-vous pas l'amener dans le vôtre ?

Phineas tourna la tête dans la direction d'où lui parvenait la voix de Harry.

- De toute évidence, il n'y a pas que les nés- Moldus qui sont ignorants, Potter. Les portraits de Poudlard peuvent aller d'un tableau à l'autre, mais il leur est impossible de voyager hors du château sauf pour se rendre dans une autre peinture qui les représente ailleurs. Dumbledore ne peut pas venir ici avec moi et après le traitement que j'ai dû subir entre vos mains, je puis vous assurer que je ne renouvellerai pas ma visite !

- Professeur Black, reprit Hermione, ne pourriez-vous simplement nous préciser, s'il vous plaît, à quel moment l'épée a quitté sa vitrine pour la dernière fois ? Je veux dire, avant que Ginny la prenne ?

Phineas eut un petit grognement impatient.

- Je crois que la dernière fois que j'ai vu l'épée de Gryffondor sortir de sa vitrine, c'est quand le professeur Dumbledore s'en est servi pour fendre une bague.

Hermione se retourna soudain vers Harry. Ils ne voulaient pas en dire plus devant Phineas Nigellus qui avait enfin réussi à trouver la sortie.

- Je vous souhaite une bonne nuit, lança-t-il, d'un ton un peu aigre.

À nouveau, il commença à disparaître. On ne voyait plus que le bord de son chapeau lorsque Harry poussa un cri soudain.

-Attendez ! Avez-vous raconté à Rogue ce que vous aviez vu ?

Le visage aux yeux bandés de Phineas réapparut à l'intérieur du cadre.

- Le professeur Rogue a bien d'autres soucis en tête que les nombreuses excentricités d'Albus Dumbledore. Adieu, Potter !

Cette fois, il s'effaça complètement, ne laissant derrière lui que la toile de fond d'un brun terreux.

- Harry ! s'écria Hermione.

-Je sais ! s'exclama Harry.

Tout s'éclairait dans son esprit. Pour la première fois depuis des semaines entières à être resté dans l'obscurité, ils comprirent ! Incapable de se dominer, Harry donna un coup de poing dans le vide et commença à faire les cents pas d'un air excité. Hermione fourra à nouveau le portrait de Phineas Nigellus dans le sac en perles. Lorsqu'elle l'eut refermé, elle le jeta un peu plus loin et leva vers Harry un visage rayonnant.

- L'épée peut détruire les Horcruxes ! Les lames fabriquées par les gobelins n'absorbent que ce qui les renforce. Harry, cette épée est imprégnée de venin de Basilic !

- Et Dumbledore ne me l'a pas donnée lui-même parce qu'il en avait encore besoin, il voulait l'utiliser pour le médaillon…

- Et il a dû prévoir qu'ils ne te laisseraient pas la prendre s'il te la léguait par testament…

-Il en a donc fait faire une copie…

- Et a mis la fausse épée dans la vitrine…

- En laissant la vraie… Où ?

Leurs regards se croisèrent. Tout s'estompa : où l'épée pouvait-elle bien être ?!

- Réfléchis ! murmura Hermione. Réfléchis ! Où aurait-il pu la cacher ?

- Pas à Poudlard, répondit Harry en recommençant à faire les cent pas.

- Quelque part à Pré-au-Lard ? suggéra Hermione.

- La Cabane hurlante, peut-être ? Personne n'y va jamais.

- Mais Rogue sait comment y entrer, tu ne crois pas que ce serait un peu risqué ?

- Dumbledore avait confiance en Rogue, lui rappela Harry.

- Pas suffisamment pour lui révéler qu'il avait échangé les deux épées, fit remarquer Hermione.

- C'est vrai, tu as raison !

- Dans ce cas, aurait-il caché l'épée loin de Pré-au-Lard ? Qu'est-ce que tu en penses, Ron ? Ron ?

Ils regardèrent autour d'eux. Pendant un instant d'incrédulité, elle crut que Ron était peut-être sorti de la tente puis s'aperçut qu'il était simplement allongé dans l'ombre d'un des lits superposés, le visage immobile.

-Ah tiens, vous vous êtes souvenus de mon existence ? dit-il.

- Quoi ?

Ron laissa échapper un petit ricanement, les yeux fixés sur le lit supérieur, au-dessus de sa tête.

-Continuez tous les deux, je ne veux surtout pas jouer les rabat-joie.

Hermione tourna la tête vers Harry et vit qu'il paraissait tout aussi perplexe qu'elle. Quelle mouche le piquait ? Mal à l'aise, elle avait une impression de déjà vu… l'ambiance tantôt fébrile et excitante était soudainement froide, comme dans son rêve.

-C'est quoi, le problème ? demanda Harry.

- Le problème ? Il n'y a pas de problème, répondit Ron, refusant toujours de regarder Harry. Selon toi, en tout cas.

Ils entendirent plusieurs ploc ! sur la toile, audessus de leurs têtes. Il avait commencé à pleuvoir.

- Toi, en revanche, on voit que tu en as un, reprit Harry. Alors, vas-y, raconte.

Ron balança ses longues jambes hors du lit et se redressa en position assise. Il avait un air méchant qui ne lui ressemblait pas.

- D'accord, je vais raconter. Ne compte pas sur moi pour marcher de long en large dans cette tente en me demandant où peut bien se trouver un de ces fichus objets qu'il faudrait se procurer. Tu n'as qu'à l'ajouter à la liste de tout ce que tu ne sais pas.

- Que je ne sais pas ? répéta Harry. Que je ne sais pas ?

Ploc ! Ploc ! Ploc ! La pluie tombait plus fort et plus dru. Elle tambourinait autour d'eux sur la berge recouverte de feuilles mortes et sur l'eau de la rivière qui murmurait dans l'obscurité. Ron était en train de dire exactement tout ce qu'ils se disaient à voix base ses derniers temps ! Hermione sentit la situation s'envenimer. Son ventre commençait à lui faire mal, elle ne savait si c'était le bébé ou l'angoisse de voir ses deux amis se disputer.

-Je m'amuse comme un petit fou, ici, croyez-le bien, poursuivit Ron, avec mon bras estropié et rien à manger, à me geler les fesses toutes les nuits. J'avais simplement espéré qu'après avoir passé des semaines à courir partout, on aurait fini par obtenir un résultat.

- Ron, dit Hermione, mais à voix si basse qu'il pouvait faire semblant de ne pas l'avoir entendue avec le martèlement de la pluie sur la tente.

- Je croyais que tu savais à quoi tu t'étais engagé, lança Harry.

- Oui, moi aussi, je le croyais.

- Alors qu'est-ce qui n'est pas à la hauteur de tes espérances ? interrogea Harry, la colère commençant à monter dans le ton de sa voix. Tu pensais que nous allions descendre dans des hôtels cinq étoiles ? Que nous trouverions un Horcruxe tous les deux jours ? Tu croyais pouvoir revenir chez maman pour Noël ?

-On croyait que tu savais ce que tu faisais ! s'exclama Ron en se levant.

Son cœur se serra. Non, se dit-elle, Ron ne pouvait pas dire ça ! Mais elle comprit, elle vit le médaillon pendre à son cou.

-On croyait que Dumbledore t'avait expliqué comment t'y prendre, on croyait que tu avais un véritable plan !

- Ron ! s'écria Hermione.

Cette fois, sa voix était parfaitement audible malgré le fracas de la pluie sur le toit de la tente, mais il ne lui prêtait toujours pas la moindre attention.

- Eh bien, désolé de t'avoir déçu, répondit Harry d'un ton très calme, J'ai été franc avec toi dès le début, je t'ai répété tout ce que Dumbledore m'avait révélé. Et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, nous avons trouvé un Horcruxe…

- Oui, et on est aussi près de s'en débarrasser que de retrouver les autres… C'est-à-dire fichtrement loin.

- Enlève le médaillon, Ron, le pressa Hermione, la voix étrangement aiguë. S'il te plaît, enlève-le. Tu ne parlerais pas comme ça si tu ne l'avais pas porté toute la journée.

- Oh, si, il dirait exactement la même chose, assura Harry qui ne voulait pas trouver d'excuses à Ron. Vous croyez que je n'ai pas remarqué vos messes basses derrière mon dos ? Vous croyez que j'ignorais ce que vous aviez dans la tête, tous les deux ?

- Harry, nous n'étions pas… fit Hermione d'une voix suppliante. Elle culpabilisa de son comportement, elle aurait dû parler à Harry de ses craintes…

-Ne mens pas ! lui lança Ron. Toi aussi, tu m'as avoué que tu étais déçue, toi aussi, tu pensais qu'il en savait un peu plus que…

- Je ne l'ai pas dit comme ça… Harry, ce n'est pas ce que j'ai dit ! s'écria-t-elle.

La pluie continuait de marteler la tente, des larmes ruisselaient sur le visage d'Hermione et l'excitation qu'ils avaient ressentie quelques minutes auparavant s'était évanouie, tel un bref feu d'artifice dont l'éclat se serait trop vite éteint, ne laissant autour d'eux que l'obscurité, l'humidité et le froid. L'épée de Gryffondor était cachée quelque part, ils ne savaient pas où, et pour l'instant, ils n'étaient plus que trois adolescents dans une tente, avec pour seul résultat à leur actif le fait de ne pas être encore morts.

-Alors, pourquoi es-tu toujours ici ? demanda Harry à Ron.

- Je n'en sais rien, répliqua celui-ci.

- Rentre chez toi, dans ce cas, suggéra Harry.

- Ouais, c'est peut-être ce que je vais faire !

Il s'avança en direction de Harry qui ne recula pas.

-Tu n'as donc pas entendu ce qu'ils ont dit au sujet de ma soeur ? Mais bien sûr, tu t'en fiches comme d'un pet de rat, on l'a seulement envoyée dans la Forêt interdite. Harry Potter, Celui-Qui-A-Vu- Pire, ne se soucie pas de ce qui a pu lui arriver, eh bien, moi, figure-toi, je me soucie des araignées géantes et de tous ces trucs de dingues…

- Je disais seulement… elle était avec les autres, ils étaient avec Hagrid…

- Ouais, c'est bien ça, tu t'en fiches ! Et le reste de ma famille ? « Les Weasley n'ont vraiment pas besoin qu'un autre de leurs enfants soit blessé », tu l'as entendu ?

-Oui, je…

- Mais tu ne t'es pas inquiété de savoir ce que ça pouvait bien signifier, hein ?

- Ron ! s'exclama Hermione, se glissant entre eux de force. Je ne pense pas que ça veuille dire qu'il se soit passé quelque chose de nouveau, quelque chose que nous ignorons. Réfléchis, Ron, Bill a eu le visage tailladé, plein de gens, à l'heure qu'il est, ont dû voir que George avait perdu une oreille et tu es censé être sur ton lit de mort, terrassé par l'éclabouille, je suis sûre que c'est la seule chose qu'il voulait dire…

- Ah, tu es sûre ? Très bien, alors, je ne vais plus me faire de souci pour eux. Tout va bien pour vous deux, vos parents sont en sécurité…

-Mes parents sont morts ! beugla Harry.

- Et il pourrait arriver la même chose aux miens ! hurla Ron.

- Alors, VA-T'EN ! rugit Harry. Va les retrouver, fais semblant d'avoir guéri de ton éclabouille, comme ça, maman pourra te préparer à manger et…

Ron fit un mouvement brusque. Harry réagit, mais, avant que l'un d'eux ait eu le temps de tirer sa baguette de sa poche, Hermione brandissait déjà la sienne.

- Protego ! s'écria-t-elle, et un bouclier invisible se déploya, Harry et elle d'un côté, Ron de l'autre.

Sous la force du sortilège, tous trois furent projetés en arrière de quelques pas et Harry et Ron se regardèrent d'un air féroce, de part et d'autre de la barrière transparente, comme si c'était la première fois qu'ils se voyaient distinctement.

- Laisse l'Horcruxe, dit Harry.

Ron enleva la chaîne de son cou en la passant par-dessus sa tête d'un geste brusque et jeta le médaillon sur un fauteuil proche. Puis il se tourna vers Hermione.

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Que veux-tu dire ?

- Tu restes ou quoi ?

- Je…

Elle parut angoissée. C'était tellement plus facile de rejoindre Ron. Elle partirait avec lui au Terrier, elle pourrait peut-être revoir Drago et puis partir loin pour élever ensemble leur bébé en cachette. Oh oui, comme ils seraient heureux ensemble. Peut-être rejoindraient-ils ses parents en Australie. En l'instant d'une seconde, toutes ses idées passèrent dans sa tête. Mais elle ne pouvait pas, elle avait fait une promesse à Harry. Elle avait choisi son camp et elle devait payer sa dette envers Dumbledore. Même si la première option semblait plus facile, plus séduisante, elle ne pouvait laisser Harry seul, face à son destin… face à Voldemort.

- Oui… oui, je reste. Ron, nous avions dit que nous partirions avec Harry, nous avions dit que nous l'aiderions…

- Compris. C'est lui que tu choisis.

- Ron, non… s'il te plaît… reviens, reviens !

Son propre charme du Bouclier l'empêcha de passer. Lorsqu'elle l'eut annulé, Ron avait déjà filé dans la nuit. Elle sortit de la tente, la pluie coulant sur ses cheveux.

-RON ! Cria-t-elle dans la nuit, RON, REVIENS !

Elle le chercha des yeux dans la pénombre, mais il était déjà parti. Elle ressentit une douleur au ventre, comme si une lame la transperçait lentement et éclata en sanglot. Qu'allaient-ils devenir ? Ron était parti… elle était seule et enceinte… Drago était loin….

Quelques minutes plus tard, elle revint dans la tente, ses cheveux ruisselants collés contre son visage.

-Il… Il est p… parti ! Il a transplané !

Elle se jeta dans un fauteuil, se recroquevilla et fondit en larmes. La douleur était trop horrible, elle venait de perdre son meilleur ami. Harry se pencha, prit l'Horcruxe et l'accrocha autour de son cou. Puis il arracha les couvertures du lit de Ron et les étala sur Hermione.