Bonjour tout le monde !

Nous espérons que vos vacances (pour certains d'entre vous) se passent bien :)

Tout d'abord, avant de découvrir la suite de notre fanfic, nous tenons à vous remercier pour vos revieuws, encouragements et impressions sur le chapitre précédent (la fameuse scène du manoir). Nous appréhendions beaucoup ce passage car évidement, il n'était pas facile à adapter mais voila, c'est chose faite à présent! Donc MERCIII encore !

Bien sûre, la situation se complique beaucoup pour nos deux protagonistes... :/ sans vous faire plus attendre, nous vous laissons découvrir la suite, qui reprend une bonne partie le livre ^^

Très bonne lecture et à bientôt !

M&T


Revieuws anonymes

Lilais : un très très grand merci pour ta revieuw :D nous sommes vraiment heureuses de constater que ce chapitre t'es plu, car en effet, pas facile du tout ! Il a fallut relire très attentivement entre les lignes pour que tout corresponde, adapter la situation tout en restant dans la trame de l'histoire ^^ enfin, nous sommes vraiment motivées à continuer notre travail lorsque nous lisons ce genre de revieuws :D merci à toi !

Cilou : Oui, c'est la particularité de notre histoire : notre Dramione est cachée entre les lignes de JK donc forcément, ça doit correspondre au livre ^^ Désolée de te décevoir, pas d'élément de surprise... de plus je ne pense pas qu'un tel sortilège existe vraiment :/ et puis Narcissa, Bella et Lucius l'aurait vu donc ça n'aurait pas été discret :/ donc oui, comme tu dis leur relation est très mal partie là :o ca ne va pas être facile ni pour Hermione ou Drago, je peux déjà te le dire (sans spoil ^^) mais bon ne perds pas espoir quand meme, tu verras :p merci de prendre le temps de nous laisser une revieuw :D à bientôt !


Chapitre 31 : la décision de Harry

Ils touchèrent la terre ferme, une odeur d'air salé parcourant les narines d'Hermione. Elle tenait toujours fermement la main de Ron et ne la lâcha pas, même quand ils arrivèrent à destination. Hermione scruta l'obscurité. Il semblait y avoir un cottage, un peu plus loin, sous le vaste ciel étoilé. Pendant un fol instant, elle crut qu'il s'agissait de la maisonnette abandonnée et que Drago sortirait par la porte pour venir la rejoindre, l'aider à marcher. Mais les événements de cette nuit lui avaient appris une chose : Drago ne viendrait jamais la sauver. Elle releva péniblement les yeux vers Ron qui la regardait d'un air bienveillant :

-Tout va bien Hermione, lui murmura-t-il en lui caressa la main, tout est fini maintenant.

Il la souleva, entoura son bras par-dessus son épaule et l'emmena vers le cottage qui se trouvait au bord de la mer.

-Où sommes-nous ? Demanda-t-elle dans un murmure à peine audible, la voix brisée.

Sa douleur au bras persistait, mais elle ne sentait plus que des picotements. Ce n'était rien comparer à la douleur qu'elle ressentait au ventre. Quelque chose n'allait pas depuis que Bellatrix lui avait donné ce violent coup de pied. Le bébé… pensa-t-elle. Elle n'avait plus qu'une seule idée en tête, se retrouver seule pour vérifier que son ventre était toujours aussi rond, que son bébé était toujours là…

-A la chaumière aux coquillages, chez Bill et Fleur.

Au moment où ils atteignirent le portail de la maison, la porte d'entrée s'ouvrit à la volée, laissant apparaître Bill suivit de Fleur, vêtue d'un grand tablier blanc.

-Ron ! S'écria Bill, par Merlin que se passe-t-il ?

-Vite, aide-moi à porter Hermione jusqu'au salon.

-Mais qu'est-ce que…

-Plus tard… je t'expliquerai plus tard. Harry devrait bientôt arriver.

Ils entrèrent dans le petit vestibule du cottage, Bill aida Ron à porter Hermione jusqu'à un canapé du petit living-room. La pièce était jolie, avec des couleurs claires, et des flammes vives brûlaient dans la cheminée. Dean et Luna étaient déjà présents et se tenaient debout derrière le fauteuil.

Ils installèrent Hermione docilement sur le canapé, Fleur déposant derrière son dos un coussin moelleux. La douleur continuait de la faire souffrir. Elle posa sa tête sur l'oreiller et sentit ses yeux s'alourdirent. Comme elle aimerait tellement s'endormir, oublier tout ce qu'il s'était passé, se réveiller et se rendre compte que tout cela n'était qu'un mauvais rêve.

-Est-elle… blessée ? Demanda Fleur d'une voix inquiète.

-Au… au bras, répondit Ron en soulevant délicatement la manche de son pull, révélant son bras mutilé.

Bill et Fleur poussèrent une exclamation de dégoût.

-C'est… horrible ! S'écria-t-elle. Je… je vais chercher de quoi la soigner.

Elle se dirigea vers la petite cuisine, à la recherche d'un remède. Manifestement, Ron préférait rester au chevet d'Hermione car il lui prit la main, ne voulant pas la laisser seule.

-Je… vais bien Ron…

Parler lui demandait trop d'effort. Elle ressentait toujours cette douleur vive au ventre.

-Chuutt, je vais rester près de toi.

-Ne t'en fais pas Ron, je veillerai sur elle, fit la voix de Fleur qui revenait avec une petite bouteille en main.

Bill continuait de scruter les environs par la petite fenêtre du vestibule, attendant l'arrivée de Harry et Dobby. Au bout de quelques secondes, il s'écria :

-Ron ! Harry est là !

Hermione essaya de se relever du divan, mais Ron l'en empêcha.

-Non, reste allongée, je vais rester près de toi !

Elle n'avait pas la force de résister et elle se coucha à nouveau dans le divan. Elle était tellement reconnaissante envers Ron. Jamais elle n'oubliera ce qu'il a fait pour elle. Suivi de Fleur, Dean et Luna, Bill sortit en précipitation du cottage pour rejoindre Harry.

-Ron… fit la voix affaiblie d'Hermione, merci…

-Ne parle pas, lui répondit-il en dégageant une mèche de cheveux humide de son front, repose-toi.

Une minute plus tard, Dean entra dans le cottage, portant le Gobelin dans les bras, Fleur le suivant de près.

-Où sont Harry et Dobby ? Demanda Ron d'une voix inquiète.

Fleur ignora sa question, son beau visage était tourmenté.

-Dean, c'est ça ? Porte le Gobelin…

-Gripsec, coupa l'intéressé.

-… Gripsec dans la petite chambre en haut, à côté de celle de Mr Ollivander.

Dean acquiesça et disparut dans la cage d'escalier. Fleur se tourna vers Hermione, la petite bouteille de dictame en main.

-Attention, la prévint Fleur, ça risque de piquer un peu.

Hermione ne répondit pas, mais elle reconnut cette insupportable odeur de dictame. Elle serra les lèvres quand Fleur appliqua la potion sur ses plaies. Elle sentait cette même douleur aiguë qu'elle avait ressentie quand Bellatrix l'avait tailladée. Une minute plus tard, la douleur était déjà partie. Ses plaies se guérissaient d'elles-mêmes, mais les marques étaient toujours présentes, comme un mauvais sort qu'on ne pouvait effacer.

-Tu… tu vas mieux ? Demanda Fleur.

-Oui… ca va… merci.

-Je vais te passer une robe de chambre que je dois avoir en haut.

Au même moment, Dean descendait les escaliers et les rejoignit. Bill et Luna étaient revenus. Dehors, le soleil commençait à peine à se lever de cette longue nuit interminable.

-Le Gobelin… Gripsec, il se plaint de douleur aux jambes.

-Très bien, je vais aller voir ce que je peux faire, répliqua sèchement Fleur.

-Je ferai mieux d'aller voir ce que fiche Harry, bon sang, pourquoi reste-t-il dehors ?!

-Ron… commença Dean.

-Quoi ?

-Cet elfe, Dobby… il est mort.

C'était comme si une lourde pierre venait de tomber dans sa poitrine. Non, pensa Hermione, pas Dobby !

-Noooon, s'écria Ron en s'asseyant sur le canapé aux pieds d'Hermione. Comment ?!

-Je crois que c'est cette folle, cette Bellatrix Lestrange qui lui a lancé un poignard.

C'était comme si la douleur lui était revenue à l'évocation de ce mot. Comme si elle sentait à nouveau la froideur de l'acier lui transpercer la peau tandis que des frissons lui parcourraient tout le corps. Soudain elle avait froid, très froid, et sans qu'elle ne puisse se contrôler, Hermione fut prise de tremblements. Mais elle s'en fichait. Elle éprouvait trop de peine pour ce petit elfe de maison qui avait perdu la vie pour les sauver…

-Je vais aller voir Harry, décida Ron en se levant.

-Je viens avec toi ! Répondit aussitôt Hermione en essayant de se redresser.

-Non, tu restes ici ! Fleur va s'occuper de toi.

Hermione fit la moue et se reposa.

-Je vais t'accompagner, fit Dean.

Et ils sortirent ensemble du cottage, laissant Fleur, Hermione et Luna seules. Personne ne prononçait de mots. Il régnait dans la pièce un silence pesant. Hermione sentit à nouveau des larmes lui monter aux yeux. Elle ne prit même pas la peine de les refouler et les laissa couler le long de sa joue. Dobby… pauvre Dobby… elle imaginait Harry, se tenant près du petit elfe dont le corps frêle était transpercé par cet horrible poignard… ce poignard… elle essayait de ne pas y penser, mais elle n'y arrivait pas. Les événements survenus au manoir étaient encore trop récents. Elle ne cessait de revoir cette scène… de voir Drago qui la regardait se faire torturer au sol… sans réagir… sans l'aider. A nouveau, elle sentit une douleur fulgurante au bas du ventre. Elle se releva, poussant un gémissement de douleur.

-Tu as mal, Hermione ? Demanda Luna qui s'était approchée d'elle.

-Ca va aller… c'est juste… le choc.

-Je suis désolée. Pour toi et…

Mais elle fut interrompue par l'arrivée de Fleur qui portait une robe de chambre dans ses bras et une bouteille de poussos dans une poche de son tablier.

-Voila, mets ça autour de toi, tu auras beaucoup moins froid.

-Merci Fleur, dit Hermione qui prit la robe de chambre pour s'engouffrer dedans.

-Comment te sens-tu ?

-Mieux, beaucoup mieux. Je voudrai aller voir Harry, dit-elle en se relevant, et… Dobby.

Fleur la regarda de la tête aux pieds, comme pour juger si elle était capable de marcher jusque-là. Après quelques secondes de réflexion, elle consentit que la jeune fille puisse se lever et insista pour l'accompagner. Toutes trois sortirent du cottage et retrouvèrent Bill, muni d'une cape de voyage qui sortait de l'abri de jardin, des pelles en main. Les pelles pour creuser la tombe de Dobby, se douta Hermione. Ensemble, Ils se dirigèrent vers la petite butte où se trouvaient Harry, Ron et Dean. Le cœur serré, Hermione vit le petit corps de Dobby reposé à terre, à côté d'un petit fossé grossièrement creusé. Elle n'arrivait pas à y croire, elle n'arrivait pas à admettre que jamais plus, ils ne le reverraient leur ami…

Le petit elfe était emmitouflé dans le blouson de Harry. A ses pieds, elle vit que l'elfe était chaussé des chaussettes qui appartenaient à Ron. Ce geste était si touchant et significatif à la fois. Elle se rappela avec un serrement au cœur à quel point l'elfe adorait les chaussettes. Aussitôt, le souvenir de leur quatrième année, lorsqu'ils avaient été à Pré-au-lard acheter les chaussettes les plus horribles qu'ils pouvaient trouver pour Dobby surgit dans son esprit. Sur sa tête, l'elfe était coiffé d'un bonnet de laine recouvrant ses oreilles de chauve-souris.

- Il faudrait lui fermer les yeux, proposa Luna.

Harry se retourna, il n'avait pas remarqué leur présence. Lorsqu'Hermione s'approcha de lui, Ron passa un bras autour de ses épaules. Luna, emmitouflée dans un manteau de Fleur, s'accroupit et posa tendrement les doigts sur les paupières de l'elfe qu'elle abaissa sur son regard vitreux.

-Voilà, dit-elle avec douceur. Maintenant, c'est comme s'il dormait.

Harry allongea l'elfe dans la tombe, disposa ses membres minuscules de façon à donner l'impression qu'il se reposait, puis ressortit de la fosse et regarda le petit corps pour la dernière fois.

-Je crois que nous devrions prononcer quelques mots, suggéra Luna. Je vais commencer, d'accord ?

Sous les regards qui s'étaient tournés vers elle, elle s'adressa à l'elfe mort, au fond de sa tombe :

- Merci, Dobby, de m'avoir arrachée de cette cave. Il est tellement injuste que tu aies dû mourir alors que tu étais si bon, si courageux. Je me souviendrai toujours de ce que tu as fait pour nous. J'espère que tu es heureux, à présent.

Elle se tourna vers Ron, attendant qu'il parle à son tour. Celui-ci s'éclaircit la gorge et dit d'une voix rauque :

- Ouais… Merci, Dobby.

- Merci, marmonna Dean.

- Adieu, Dobby, murmura Harry.

Hermione garda le silence, incapable de prononcer d'autres mots. Luna avait déjà tout dit. Elle ne se sentait pas la force de parler, encore trop affaiblie.

Bill brandit sa baguette et le tas de terre accumulé au bord de la tombe s'éleva dans les airs puis retomba dans la fosse, se transformant en un petit tertre rougeâtre.

- Ça ne vous ennuie pas que je reste ici un petit moment ? demanda Harry aux autres.

Ils murmurèrent des paroles de compréhension et partirent en direction du cottage. Hermione lui tapota docilement le dos puis, à l'aide de Ron, rentra dans la maisonnette.

Tout le monde s'installa dans le petit living-room. L'ambiance était tendue, chacun était plongé dans ses pensées de cette soirée mouvementée. Enfin Bill leur demanda :

-Que s'est-il passé Ron ? D'où venez-vous ?

Ron et Hermione s'échangèrent un regard signifiant qu'il était préférable de ne pas trop divulguer d'informations.

-Et bien, nous nous sommes faits prisonniers… commença Ron, d'un ton hésitant.

Fleur laissa échapper une exclamation horrifiée et plaqua sa main sur sa bouche. Bill se contenta de regarder son plus jeune frère et attendit qu'il finisse son récit.

-Puis Dobby est venu nous sauver… et vous connaissez la suite.

-Où étiez-vous ? Que faisiez-vous ? Insista Bill.

-Je regrette, Bill, je ne peux pas t'en dire plus.

-Très bien… A présent, reprit Bill, ils savent que tu n'es pas atteint d'éclabouille. Ce n'est plus qu'une question de temps avant qu'il ne fouille entièrement le Terrier… une chance que Ginny soit en vacances. Si elle avait été à Poudlard, ils auraient pu venir la prendre avant que nous ayons eu le temps d'intervenir. Maintenant, nous sommes sûrs qu'elle aussi est en sécurité.

Bill se retourna et vit Harry, debout à l'entrée du living-room.

- Je les ai tous sortis du Terrier, expliqua-t-il. Ils sont installés chez Muriel. Maintenant que les Mangemorts savent que Ron est avec toi, ils vont sûrement s'en prendre à la famille… non, non, ne t'excuse pas, ajouta Bill en voyant l'expression de Harry. Depuis des mois, papa disait que ce n'était plus qu'une question de temps. Nous sommes la plus nombreuse famille de traîtres à leur sang qui existe.

- Comment sont-ils protégés ? demanda Harry.

- Par le sortilège de Fidelitas. Papa est le Gardien du Secret. Nous avons fait la même chose avec le cottage. Ici, c'est moi, le gardien. Aucun d'entre nous ne peut retourner travailler, mais pour l'instant ce n'est pas le plus important. Quand Ollivander et Gripsec iront mieux, nous les enverrons également chez Muriel. Il n'y a pas beaucoup de place, ici, mais chez elle, c'est très grand. Les jambes de Gripsec sont en train de guérir. Fleur lui a donné du Poussoss. On devrait pouvoir les déplacer tous les deux dans une heure ou…

-Non, l'interrompit Harry.

Bill parut interloqué.

-J'ai besoin qu'ils restent ici tous les deux. Je dois leur parler. C'est important, dit-il d'un ton autoritaire.

Tout le monde le regardait, l'air déconcerté.

- Je vais me laver, dit-il à Bill en regardant ses mains toujours couvertes de boue et du sang de Dobby. Après, il faudra que je les voie. Tout de suite.

Il pénétra dans la petite cuisine et Hermione entendit le bruit de l'eau qui coulait du robinet. A nouveau, elle échangea un regard inquiet avec Ron. Qu'avait-il en tête se demandèrent-ils ? Les autres semblaient se poser la même question, d'après leur expression abasourdie. Fleur et Bill se levèrent du canapé, la jeune femme entraîna son mari au pied de l'escalier.

-Il ne va tout de même pas rester ici ? S'indigna Fleur à voix basse.

-Fleur, si Harry décide de lui parler, alors il doit rester.

-Mais… il n'y aura jamais assez de place pour tout le monde enfin, c'est insensé !

-Ce n'est que temporaire, répondit son mari dans un murmure.

Il s'interrompit. Harry venait de sortir de la cuisine.

- Il faut que je parle à Gripsec et à Ollivander, dit Harry.

- Non, non, Arry, répondit Fleur. Pas maintenant. Ils sont malades et fatigués…

-Désolé, répliqua-t-il, sans s'énerver, mais je ne peux pas attendre. Il faut que je leur parle tout de suite. En privé… et séparément. C'est urgent.

- Enfin, Harry, que se passe-t-il ? demanda Bill. Tu arrives ici avec un elfe mort et un gobelin à moitié assommé, Hermione a l'air d'avoir été torturée et Ron vient de refuser de me dire quoi que ce soit…

- Nous ne pouvons pas te révéler ce que nous faisons, déclara Harry d'un ton catégorique. Tu es membre de l'Ordre, Bill, tu sais que Dumbledore nous a confié une mission. Nous ne sommes pas censés en parler à quiconque d'autre.

Fleur laissa échapper une exclamation irritée, mais Bill ne lui accorda pas un regard. Il fixait Harry. L'expression de son visage profondément tailladé était difficile à interpréter. Enfin, il lui dit :

-Très bien. À qui veux-tu parler en premier ?

Harry hésita un moment.

-Gripsec, répondit Harry. Je vais parler à Gripsec en premier.

- Alors, montons là-haut, dit Bill en passant devant lui.

Harry gravit plusieurs marches puis il s'arrêta et jeta un coup d'oeil derrière lui.

- J'ai aussi besoin de vous, lança-t-il à Ron et à Hermione qui s'étaient approchés silencieusement de la porte du living-room, à moitié cachés dans l'ombre.

Ils s'avancèrent tous deux dans la lumière, Hermione était soulagée de faire quelque chose et de ne plus rester enfermée dans ses sombres pensées.

- Comment vas-tu ? demanda Harry à Hermione. Tu as été extraordinaire… Réussir à inventer cette histoire malgré tout ce qu'elle te faisait subir…

Hermione eut un faible sourire et Ron la serra contre lui, un bras autour de ses épaules.

- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant, Harry ? demanda-t-il.

- Vous verrez. Venez.

Harry, Ron et Hermione suivirent Bill dans l'escalier aux marches raides et ils arrivèrent à un petit palier sur lequel donnaient trois portes.

-Là, dit Bill, ouvrant la porte de la chambre où ils dormaient, Fleur et lui.

Cette pièce-là faisait face à la mer, dont la surface était parsemée à présent des reflets dorés du soleil levant. Hermione s'installa à côté de la coiffeuse et Ron s'assit sur l'un des bras du fauteuil qu'elle occupait.

Bill réapparut, portant le petit gobelin qu'il déposa précautionneusement sur le lit. Gripsec marmonna un « merci » et Bill sortit, refermant la porte sur eux.

- Je suis désolé de vous sortir du lit, dit Harry. Comment vont vos jambes ?

- Douloureusement, répondit le gobelin. Mais elles se remettent.

Il tenait toujours serrée contre lui l'épée de Gryffondor et affichait une étrange expression, mi-intriguée, mi-agressive. Fleur lui avait enlevé ses chaussures : ses longs pieds étaient sales. Il était plus grand qu'un elfe de maison, mais pas de beaucoup. Sa tête bombée était en revanche beaucoup plus volumineuse que celle d'un humain.

- Vous ne vous souvenez sans doute pas…, commença Harry.

- Que je suis le gobelin qui vous a amené dans votre chambre forte, lors de votre première visite à Gringotts ? acheva Gripsec. Si, je me souviens, Harry Potter. Même chez les gobelins, vous êtes très célèbre.

Harry et Gripsec s'observèrent, se jaugeant du regard. le gobelin rompit le silence :

-Vous avez enterré l'elfe, dit-il.

Il y avait dans le ton de sa voix une rancœur inattendue.

- Je vous ai vu depuis la fenêtre de la chambre voisine.

-En effet, répondit Harry.

Gripsec le regarda du coin de ses yeux noirs et bridés.

- Vous êtes un sorcier inhabituel, Potter.

- En quel sens ? demanda Harry qui massait sa cicatrice d'un air absent.

- Vous avez vous-même creusé la tombe.

- Et alors ?

Gripsec ne répondit pas.

- Gripsec, il faut que je vous demande…

- Vous avez également secouru un gobelin.

- Quoi ?

- Vous m'avez amené ici. Vous m'avez sauvé la vie.

- J'imagine que vous ne le regrettez pas, répliqua Harry avec un certain agacement.

- Non, Harry Potter, Assura Gripsec.

D'un doigt, il tortilla la fine barbe noire qu'il portait au menton.

-Mais vous êtes un sorcier très bizarre.

- Admettons, dit Harry. En tout cas, j'ai besoin d'aide, Gripsec, et cette aide, vous pouvez me l'apporter.

Le gobelin ne lui donna aucun signe d'encouragement. Il continuait à regarder Harry en fronçant les sourcils comme s'il n'avait jamais vu quelqu'un de semblable.

-J'ai besoin de pénétrer par effraction dans une chambre forte de Gringotts.

Hermione faillit laisser échapper une exclamation de surprise, mais elle se retint. Sa première pensée fut que Harry perdait la tête :

-Harry…, dit Hermione, mais elle fut interrompue par Gripsec.

- Pénétrer par effraction dans une chambre forte de Gringotts, répéta le gobelin qui grimaça légèrement en changeant de position sur le lit. C'est impossible.

- Non, pas du tout, objecta Ron. Quelqu'un l'a déjà fait.

- Oui, dit Harry. Le jour même où je vous ai rencontré pour la première fois, Gripsec. C'était le jour de mon anniversaire, il y a sept ans.

- La chambre forte en question était vide, à l'époque, répliqua sèchement le gobelin. Sa protection était minimale.

- La chambre forte dans laquelle nous devons entrer n'est pas vide et je devine que ses protections doivent être très puissantes, reprit Harry. Elle appartient aux Lestrange.

Ron et Hermione s'échangèrent un regard inquiet. Tous deux pensant la même chose : Harry devenait fou ! Par quel moyen arriverait-il à pénétrer dans la chambre forte de cette… folle ! L'idée lui donna la chair de poule et elle sentit à nouveau des picotements lui parcourir le bras. Pour quelle raison Harry désirait-il se jeter dans la gueule du loup ? Pensait-il qu'il y aurait… c'était probable…

- Vous n'avez aucune chance, déclara le gobelin d'un ton catégorique. Pas la moindre. « Si tu veux t'emparer, en ce lieu souterrain, d'un trésor convoité qui jamais ne fut tien…»

- « Voleur, tu trouveras, en guise de richesse, le juste châtiment de ta folle hardiesse », acheva Harry. Oui, je sais, je m'en souviens. Mais je ne veux pas essayer de m'emparer d'un trésor, je ne veux pas prendre quelque chose pour mon bénéfice personnel. Pouvez-vous croire cela ?

Le gobelin lui jeta un regard en biais.

- S'il existait un sorcier dont je puisse penser qu'il ne cherche pas un bénéfice personnel, dit enfin Gripsec, ce serait vous, Harry Potter. Les gobelins et les elfes ne sont guère accoutumés à la solidarité ou au respect que vous avez manifestés cette nuit. Pas de la part des porteurs de baguettes.

- Les porteurs de baguettes ? répéta Harry.

- Le droit de porter une baguette, poursuivit le gobelin à mi-voix, a longtemps été un sujet de controverse entre sorciers et gobelins.

- Les gobelins peuvent pratiquer la magie sans baguettes, fit observer Ron.

- La question n'est pas là ! Les sorciers refusent de partager les secrets de la fabrication des baguettes avec les autres êtres magiques, ils nous dénient la possibilité d'étendre nos pouvoirs :

- Les gobelins ne partagent pas non plus leur magie, rétorqua Ron. Vous ne nous avez jamais appris à fabriquer des épées et des armures telles que vous savez les faire. Les gobelins parviennent à travailler le métal d'une façon que les sorciers n'ont jamais…

- Ça n'a aucune importance ! l'interrompit Harry en remarquant les couleurs qui montaient aux joues de Gripsec. Nous ne sommes pas là pour parler des conflits entre les sorciers et les gobelins, ou toute autre créature magique…

Gripsec eut un rire mauvais.

- Mais si, justement, c'est de cela qu'il s'agit ! Maintenant que le Seigneur des Ténèbres devient toujours plus puissant, votre espèce prend un ascendant de plus en plus grand sur la mienne ! Gringotts est soumis à la loi des sorciers, les elfes de maison sont massacrés, et qui, parmi les porteurs de baguettes, proteste contre cette situation ?

- Nous ! s'exclama Hermione en se redressant son fauteuil, le regard brillant.

- Nous protestons ! Et je suis tout autant opprimée qu'un gobelin ou un elfe, Gripsec ! Je suis une Sang-de-Bourbe ! s'exclama-t-elle en reprenant les mots utilisés par Drago depuis des années.

- Ne t'appelle pas…, marmonna Ron.

- Et pourquoi pas ? coupa Hermione. Je suis Sang-de-Bourbe et fière de l'être ! Depuis le nouvel ordre des choses, je n'ai pas un rang supérieur au vôtre, Gripsec ! C'est moi qu'ils ont choisi de torturer chez les Malefoy !

Elle sentait son cœur battre à vive allure, les événements de la soirée faisant resurgir toute l'indignation qui reposait en elle. Elle écarta le col de sa robe de chambre pour montrer la fine entaille que Bellatrix lui avait faite et dont la couleur écarlate ressortait sur son cou.

- Saviez-vous que c'est grâce à Harry que Dobby est devenu libre ? demanda-t-elle au gobelin. Saviez-vous que depuis des années nous exigeons la libération des elfes ? (Ron se trémoussa d'un air gêné sur le bras du fauteuil d'Hermione.) Vous ne pouvez souhaiter plus que nous la défaite de Vous-Savez-Qui, Gripsec !

Le gobelin observa Hermione avec la même curiosité qu'il avait manifestée envers Harry.

- Qu'est-ce que vous cherchez dans la chambre forte des Lestrange ? interrogea-t-il brusquement. L'épée qui s'y trouve est un faux. La vraie est celle-ci.

Il les regarda tous les trois successivement.

-Je crois que vous le savez déjà. Vous m'avez demandé de mentir pour vous quand nous étions là-bas.

- Mais il n'y a pas que la fausse épée dans cette chambre forte ? Peut-être y avez-vous vu d'autres choses ? demanda Harry.

Le gobelin recommença à tortiller sa barbe autour de son doigt.

- Il est contraire à notre code de parler des secrets de Gringotts. Nous sommes les gardiens de trésors fabuleux. Nous avons des devoirs envers les objets que l'on nous confie et qui, bien souvent, ont été façonnés par nos mains.

Le gobelin caressa l'épée et ses yeux noirs se posèrent tour à tour sur Harry, Hermione et Ron, puis revinrent vers Harry. *

- Si jeunes, dit-il enfin, pour combattre tant d'ennemis.

-Acceptez-vous de nous aider ? interrogea Harry. Nous ne pouvons espérer pénétrer là-bas sans l'aide d'un gobelin. Vous êtes notre seule chance.

- Je vais… y réfléchir, répondit Gripsec, avec une lenteur exaspérante.

- Mais…, commença Ron, énervé.

Hermione lui donna un coup de coude dans les côtes. Il était préférable de ne pas insister, se dit-elle.

- Merci, répondit Harry.

Le gobelin inclina sa tête bombée en guise de salut puis replia ses jambes courtes.

-Je crois, dit-il en s'installant ostensiblement sur le lit de Fleur et de Bill, que le Poussoss a fait son oeuvre. Peut-être vais-je enfin pouvoir dormir. Pardonnez-moi…

- Bien sûr, répondit Harry.

Avant de quitter la pièce, cependant, il se pencha et prit l'épée de Gryffondor, à côté du gobelin. Gripsec ne protesta pas, mais Hermione crut voir une lueur de ressentiment dans son regard lorsqu'il referma la porte derrière lui. Elle n'avait pas un très bon pressentiment.

- Ce petit crétin, murmura Ron. Ça l'amuse de nous faire lanterner.

-Harry, chuchota Hermione en les entraînant tous les deux à l'écart de la porte, jusqu'au milieu du palier encore plongé dans l'obscurité, est-ce que tu penses vraiment ce que je crois que tu penses ? Qu'il y a un Horcruxe dans la chambre forte des Lestrange ?

- Oui, assura Harry. Bellatrix était terrifiée quand elle a cru que nous y avions pénétré. Elle était dans tous ses états. Pourquoi ? Qu'aurions-nous pu voir d'autre, que pensait-elle que nous ayons pu emporter ? Elle était pétrifiée à l'idée que Vous-Savez-Qui vienne à l'apprendre.

- Mais je pensais que nous cherchions des endroits où Vous-Savez-Qui était allé, où il avait fait quelque chose d'important ? dit Ron, déconcerté. Est-ce qu'il a jamais mis les pieds dans la chambre forte des Lestrange ?

- Je ne sais même pas s'il est jamais entré chez Gringotts, répondit Harry. Il n'avait pas d'or là-bas quand il était plus jeune parce que personne ne lui avait rien légué. Mais il a sûrement vu la banque de l'extérieur, dès la première fois où il s'est rendu sur le Chemin de Traverse. Je crois qu'il aurait envié quiconque avait une clé donnant accès à une chambre forte de Gringotts. Je pense qu'il aurait considéré cela comme un symbole d'appartenance au monde des sorciers. Et n'oubliez pas qu'il avait confiance en Bellatrix et en son mari. Ils étaient ses plus dévoués serviteurs avant sa chute et ils l'ont cherché après sa disparition. Il l'a dit le soir où il est revenu, je l'ai entendu. Harry frotta sa cicatrice.

- Mais je ne crois pas qu'il aurait révélé à Bellatrix qu'il s'agissait d'un Horcruxe. Il n'avait pas non plus dit la vérité à Lucius Malefoy au sujet du journal intime. Sans doute a-t-il expliqué à Bellatrix que c'était un objet qu'il chérissait et il lui a demandé de le conserver dans sa chambre forte. L'endroit le plus sûr du monde quand on veut cacher quelque chose, m'a dit Hagrid… à part Poudlard.

Lorsque Harry eut terminé, Ron hocha la tête.

- Tu le comprends vraiment bien.

- En partie, répondit Harry. Par bribes… J'aimerais avoir compris autant de choses sur Dumbledore. Mais on verra bien. Venez… On passe à Ollivander, maintenant.

Hermione était perplexe du raisonnement de Harry, même si elle devait admettre qu'il devait dire vrai. Après tout, ses leçons passées avec Dumbledore lui avait été très utiles. Lorsqu'ils le suivirent jusqu'à la porte d'en face à laquelle il frappa. Un faible« Entrez ! » leur répondit. Le fabricant de baguettes magiques était allongé sur le lit jumeau le plus éloigné de la fenêtre. Il avait été enfermé dans la cave pendant plus d'un an. Il était émacié, les os de son visage ressortant nettement sous sa peau jaunâtre. Ses grands yeux argentés semblaient immenses dans leurs orbites creuses. Les mains qui reposaient sur la couverture auraient pu être celles d'un squelette. Harry, Ron et Hermione s'assirent sur l'autre lit jumeau. D'ici, on ne voyait pas le soleil se lever. La pièce donnait sur le jardin, au sommet de la falaise, et sur la tombe fraîchement creusée.

- Mr Ollivander, je suis désolé de vous déranger, dit Harry.

- Mon cher ami.

La voix d'Ollivander était faible.

- Vous nous avez sauvés. Je croyais que nous allions mourir dans cet endroit. Je ne pourrai jamais assez vous remercier… jamais.

Étrangement, son regard se porta pendant une fraction de seconde sur Hermione, comme s'il la voyait pour la première fois. Elle se sentit intimidée par l'intensité de son regard bleu pénétrant. A quoi pensait-il en la regardant de la sorte?

- Nous avons été heureux de le faire.

Le vieil homme reporta son attention vers Harry et l'observa fouiller dans la bourse accrochée à son cou pour en sortir les deux morceaux de sa baguette brisée.

- Mr Ollivander, j'ai besoin d'aide.

- Tout ce que vous voudrez, tout ce que vous voudrez, répondit le fabricant de baguettes d'une voix faible.

-Pouvez-vous réparer ceci ? Est-ce possible ?

Ollivander tendit une main tremblante et Harry déposa dans sa paume les deux moitiés de baguette encore reliées par un mince filament.

- Bois de houx et plume de phénix, dit Ollivander d'une voix chevrotante. Vingt-sept Centimètres et demi. Facile à manier, très souple.

- Oui, répondit Harry. Pouvez-vous…

- Non, murmura Ollivander. Je suis désolé, vraiment désolé, mais je ne connais aucun moyen de réparer une baguette qui a subi de tels dégâts.

Déçu, Il reprit les deux morceaux de bois et les remit dans la bourse qu'il portait au cou. Ollivander contempla l'endroit où la baguette brisée venait de disparaître et ne détourna les yeux qu'au moment où Harry sortit de sa poche les deux autres baguettes qu'il avait emportées de chez les Malefoy.

- Pouvez-vous les identifier ? demanda Harry. Ollivander prit la première baguette et l'approcha tout près de ses yeux usés. Il la fit rouler entre ses doigts noueux, la plia légèrement.

- Bois de noyer et ventricule de dragon, dit-il. Trente et un centimètres huit. Rigide. Cette baguette appartenait à Bellatrix Lestrange.

- Et celle-ci ?

Ollivander l'examina également. Hermione la reconnu tout de suite : c'était celle de Drago.

- Bois d'aubépine et crin de licorne. Vingt-cinq centimètres exactement. Relativement souple. C'était la baguette de Drago Malefoy.

-C'était ? répéta Harry. Elle ne l'est plus ?

- Peut-être que non. Si vous l'avez prise…

- En effet…

-Alors, elle est sans doute à vous. Bien sûr, la manière de s'en emparer a une certaine importance. Beaucoup de choses dépendent également de la baguette elle-même. En général, cependant, quand une baguette a été conquise, elle change d'allégeance.

Il y eut un silence qui ne laissa plus entendre que le son lointain des vagues s'écrasant contre le rivage.

- Vous parlez des baguettes comme si elles avaient des sentiments, remarqua Harry, comme si elles pouvaient penser par elles-mêmes.

- C'est la baguette qui choisit son sorcier, répondit Ollivander. Voilà au moins une notion indiscutable pour tous ceux d'entre nous qui ont étudié l'art des baguettes magiques.

-Mais on peut quand même utiliser une baguette qui ne vous a pas choisi, non ? fit observer Harry.

- Oh oui, si vous êtes un vrai sorcier, vous pourrez toujours canaliser votre énergie à travers presque tous les instruments. Mais les meilleurs résultats sont toujours obtenus lorsqu'il existe une forte affinité entre le sorcier et sa baguette. Ces connexions sont complexes. Une attirance de départ, puis la recherche mutuelle d'une certaine expérience, la baguette apprenant du sorcier tout comme le sorcier apprend de la baguette.

On entendait le flux et le reflux de la mer, dans un bruit régulier, mélancolique.

- J'ai pris cette baguette à Drago Malefoy par la force, expliqua Harry. Puis-je l'utiliser en toute sécurité ?

- Je pense, oui. La possession des baguettes est gouvernée par des lois subtiles, mais la baguette qui a été conquise se plie généralement à la volonté de son nouveau maître.

- C'est donc de celle-ci que je devrais me servir ? dit Ron en sortant de sa poche la baguette de Queudver qu'il tendit à Ollivander.

- Bois de châtaignier et ventricule de dragon. Vingt-trois centimètres. Cassante. J'ai été obligé de la faire pour Peter Pettigrow, peu après mon enlèvement. Oui, en effet, si vous l'avez gagnée au combat, elle est plus susceptible qu'une autre de vous obéir, et de vous obéir docilement.

- C'est valable pour toutes les baguettes, n'est-ce pas ? demanda Harry.

- Il me semble, oui, répondit Ollivander, ses yeux protubérants fixés sur Harry. Vous posez des questions profondes, Mr Potter. L'art des baguettes constitue un domaine complexe et mystérieux de la magie.

- Il n'est donc pas nécessaire de tuer son ancien propriétaire pour prendre pleinement possession d'une baguette ? interrogea Harry.

Ollivander déglutit.

- Nécessaire ? Non, je ne dirais pas qu'il est nécessaire de tuer.

- Il existe pourtant des légendes, reprit Harry. Des légendes à propos d'une baguette ou de plusieurs baguettes qui sont passées de main en main à la suite d'un meurtre.

Ollivander pâlit. Son visage avait pris une teinte gris clair sur son oreiller d'une blancheur de neige et ses yeux étaient devenus énormes, injectés de sang, écarquillés par la peur.

- Il n'existe qu'une seule baguette de cette nature, murmura-t-il.

- Et Vous-Savez-Qui s'y intéresse, n'est-ce pas ? demanda Harry.

- Je… Comment ? murmura Ollivander d'une voix éraillée en jetant à Ron et à Hermione un regard suppliant, comme un appel au secours. D'où tenez-vous cela ?

- Il voulait que vous lui expliquiez comment surmonter la connexion qui lie nos deux baguettes, dit Harry.

Ollivander parut terrifié.

- Il m'a torturé, il faut me comprendre ! Le sortilège Doloris, je… je n'avais pas d'autre choix que de lui dire ce que je savais, ce que je devinais !

- Je comprends, répondit Harry. Vous lui avez parlé des plumes de phénix jumelles ? Vous lui avez dit qu'il devrait emprunter la baguette d'un autre sorcier ?

Ollivander sembla horrifié, pétrifié, par l'étendue de ce que Harry savait. Il acquiesça d'un lent signe de tête.

- Mais ça n'a pas marché, poursuivit Harry. Ma baguette l'a emporté sur celle qu'on lui avait prêtée. Vous en connaissez la raison ?

Avec la même lenteur, Ollivander hocha à nouveau la tête, en signe de dénégation, cette fois.

- Je n'avais… jamais entendu parler d'une chose pareille. Cette nuit-là, votre baguette a agi d'une manière unique. La connexion entre les coeurs semblables de deux baguettes magiques est extraordinairement rare, mais la raison pour laquelle la vôtre a brisé celle qu'il avait empruntée, je ne la connais pas…

- Nous parlions de l'autre baguette, celle qui change de main par le meurtre de son propriétaire. Quand Vous-Savez-Qui s'est rendu compte que ma baguette avait eu un effet étrange, il est revenu vous voir et vous a posé des questions au sujet de cette autre baguette, c'est bien cela ?

- Comment le savez-vous ?

Harry ne répondit pas.

- Oui, murmura Ollivander. Il voulait savoir tout ce que je pouvais lui dire sur la baguette qu'on désigne sous les divers noms de Bâton de la Mort, Baguette de la Destinée, ou Baguette de Sureau.

Harry jeta un regard en biais à Hermione. Elle était abasourdie. Elle se sentait honteuse de n'avoir pas fait confiance son ami.

- Le Seigneur des Ténèbres, continua Ollivander d'une voix étouffée, apeurée, a toujours été satisfait de la baguette que j'avais faite pour lui – bois d'if et plume de phénix, 33,75 centimètres – jusqu'à ce qu'il découvre la connexion entre les deux coeurs jumeaux. Maintenant, il en cherche une autre, plus puissante, qui sera le seul moyen de vaincre la vôtre.

- Mais il saura bientôt, si ce n'est déjà fait, que ma baguette est cassée et irréparable, dit Harry à mi-voix.

- Non ! s'exclama Hermione, effrayée. Il ne peut pas le savoir, Harry, comment pourrait-il…

- Priori Incantatum, l'interrompit Harry. Nous avons laissé chez les Malefoy ta baguette et la baguette de prunellier, Hermione. S'ils les examinent avec attention en reproduisant les sortilèges qu'elles ont jetés récemment, ils verront que la tienne a brisé la mienne, ils verront que tu as essayé en vain de la réparer et ils s'apercevront que, depuis ce moment, je me suis servi de la baguette de prunellier.

Le peu de couleurs qu'Hermione avait retrouvées depuis leur arrivée dans la maison avaient quitté son visage. Elle culpabilisa de plus belle. Elle se sentait si honteuse, tout était de sa faute, pensa-t-elle. Ron lança à Harry un regard de reproche et dit :

- Ne nous inquiétons pas de ça maintenant.

Mais Mr Ollivander intervint :

-Ce n'est plus seulement pour vous détruire, Mr Potter, que le Seigneur des Ténèbres cherche la Baguette de Sureau. Il est décidé à la posséder parce qu'il croit qu'elle le rendra véritablement invulnérable.

- Et ce sera le cas ?

- Le possesseur de la Baguette de Sureau doit toujours craindre d'être attaqué, répondit Ollivander, mais l'idée que le Seigneur des Ténèbres puisse disposer du Bâton de la Mort est, je dois l'avouer… redoutable.

- Vous… vous pensez vraiment que cette baguette existe, Mr Ollivander ? demanda Hermione.

- Oh, oui, répondit-il. Oui, il est parfaitement possible de reconstituer le parcours de la baguette à travers l'histoire. Il y a, bien sûr, des périodes – et elles sont parfois longues – pendant lesquelles elle disparaît, temporairement perdue ou cachée. Mais elle revient toujours à la surface. Elle possède certaines caractéristiques que savent identifier ceux qui connaissent bien les baguettes magiques. Il existe des relations écrites, certaines obscures, que moi-même et d'autres fabricants de baguettes nous faisons un devoir d'étudier. Elles ont un accent d'authenticité.

- Donc, vous… vous ne pensez pas que ce soit un conte de fées, ou un mythe ? demanda Hermione avec espoir. Elle essaya de se rattacher à cette idée, bien qu'elle en doutait fortement à présent.

-Non, répliqua Ollivander. Que le meurtre soit ou non nécessaire pour qu'elle passe d'un propriétaire à un autre, je n'en sais rien. Son histoire est sanglante, mais cela est peut-être dû au fait qu'il s'agit d'un objet infiniment désirable, qui soulève des passions chez les sorciers. D'une puissance considérable, dangereuse en de mauvaises mains, elle représente un objet d'extraordinaire fascination pour tous ceux d'entre nous qui étudient le pouvoir des baguettes magiques.

- Mr Ollivander, reprit Harry, vous avez dit à Vous-Savez-Qui que Gregorovitch était en possession de la Baguette de Sureau, n'est-ce pas ?

Ollivander devint, si c'était possible, encore plus pâle. On aurait cru un fantôme. Il déglutit avec difficulté.

- Mais comment… comment avez-vous… ?

- Peu importe comment je le sais, répliqua Harry. Vous avez dit à Vous-Savez-Qui que Gregorovitch possédait la baguette ?

-C'était une rumeur, murmura Ollivander. Une rumeur qui circulait il y a des années et des années, bien avant votre naissance ! Je crois que c'est Gregorovitch lui-même qui a commencé à la répandre. Vous comprenez combien il pouvait être bénéfique pour ses affaires de laisser entendre qu'il étudiait et reproduisait les qualités de la Baguette de Sureau !

- Oui, je comprends, dit Harry.

Il se leva.

- Mr Ollivander, encore une dernière chose, ensuite nous vous laisserons vous reposer. Que savez-vous des Reliques de la Mort ?

- Les… Les quoi ? s'étonna le fabricant de baguettes, visiblement décontenancé.

-Les Reliques de la Mort.

- J'ai bien peur de ne pas savoir de quoi vous parlez. Est-ce qu'il s'agit de quelque chose qui a un rapport avec les baguettes magiques ?

Apparemment, le vieillard semblait véritablement ne rien savoir, ce qui était encourageant.

- Merci, dit Harry. Merci beaucoup. Nous vous laissons tranquille, maintenant. Ollivander avait l'air accablé.

- Il me torturait ! haleta-t-il. Le sortilège Doloris… Vous n'avez aucune idée…

- Si, répliqua Harry. Je sais très bien. Reposez-vous, s'il vous plaît. Merci pour tout ce que vous m'avez dit.

Il descendit l'escalier, suivi de Ron et d'Hermione. Bill, Fleur, Luna et Dean étaient assis autour de la table de la cuisine, devant des tasses de thé. Tous levèrent les yeux vers Harry lorsqu'il passa devant l'encadrement de la porte, mais il leur adressa à peine un signe de tête et poursuivit son chemin dans le jardin, Ron et Hermione toujours sur ses talons. Le tertre rougeâtre qui recouvrait le corps de Dobby se trouvait un peu plus loin et Harry retourna devant la tombe. Il ne prononça pas un mot, la mine préoccupé, comme s'il devait faire un considérable effort pour parler. Inquiet, Ron et Hermione attendirent les explications de leur ami.

- Gregorovitch possédait la Baguette de Sureau il y a très longtemps, dit-il. J'ai vu Vous-Savez-Qui essayer de le retrouver. Lorsqu'il y est parvenu, il s'est aperçu que Gregorovitch ne l'avait plus : elle lui avait été volée par Grindelwald. Comment Grindelwald avait-il découvert qu'elle était chez lui, je n'en sais rien – mais si Gregorovitch a été assez stupide pour en répandre la rumeur, ça n'a pas dû être si difficile. Grindelwald s'est servi de la Baguette de Sureau pour accéder à la puissance. Et quand il est parvenu au sommet du pouvoir, Dumbledore a compris que lui seul avait la force de l'arrêter. Il s'est alors battu en duel contre Grindelwald, il l'a vaincu, et il a pris lui-même la Baguette de Sureau.

-C'était Dumbledore qui avait la Baguette de Sureau ? s'étonna Ron. Mais alors… où est-elle, maintenant ?

- À Poudlard, répondit Harry — Dans ce cas, allons-y ! dit Ron d'un ton pressant. Harry, allons-y et prenons-la avant lui !

- Trop tard, répliqua Harry.

Il ne put s'empêcher de se prendre la tête entre les mains, comme s'il souffrait.

- Il sait où elle est. Il y est en ce moment même.

- Harry ! s'exclama Ron avec fureur. Depuis quand sais-tu tout cela ? Pourquoi avons-nous perdu tout ce temps ? Pourquoi as-tu parlé à Gripsec en premier ? On aurait pu aller… On peut toujours aller…

- Non, coupa Harry.

Il s'effondra à genoux dans l'herbe.

- Hermione a raison. Dumbledore ne voulait pas que la baguette me revienne. Il ne voulait pas que je la prenne. Il voulait que je retrouve les Horcruxes.

- Enfin, quoi, la baguette invincible, Harry ! gémit Ron.

-Je ne suis pas censé m'en occuper… Je suis censé m'occuper des Horcruxes…

Tous trois se turent, chacun plongé dans leurs propres pensées.


Fiiiin !

Alors, qu'avez-vous pensé de ce chapitre qui est plus un chapitre intermédiaire ^^ Bien sûre, il ne faut pas négliger dans l'histoire la quête des horcruxes !

Mais bon on voit assez bien l'état d'esprit d'Hermione qui est très secouée et surtout, qui souffre au ventre ! Beaucoup d'entre vous, se posaient la question quant à sa grossesse, vous serez réellement fixés dans 2 chapitres ;)

Petite info, le prochain chapitre se portera sur un nouveau personnage :p ! A votre avis, de qui s'agit-il ?

Voila, sur ce, à bientôt :D

M&T