Bon dimanche tout le monde !

Dans les temps, je poste la suite des événements qui surviennent après leur capture au Manoir :)

Nous sommes ravies des commentaires sur le chapitre sur Narcissa, elle reviendra ultérieurement ;p

Ici, chapitre très important car on va enfin connaître la réponse à la question : Hermione a-t-elle gardé son bébé :o

Un petit indice aussi : qql va être au courant de l'existence du bébé... à votre avis, de qui s'agit-il ?

Allez je vous laisse découvrir tout ça avec un chapitre plus long que le précédent, mêlant JK et notre fiction :)

PS: UN grand merci pour vos revieuws, continuez à nous donner vos impressions ;)


Chapitre 33 : la chaumière aux coquillages

Le cottage de Bill et de Fleur se dressait seul sur une falaise qui dominait la mer, ses murs incrustés de coquillages et blanchis à la chaux. C'était un endroit magnifique et solitaire. Où que l'on puisse se trouver, à l'intérieur de la petite maison ou dans le jardin, on pouvait entendre le flux et le reflux constants de la mer, telle la respiration d'une gigantesque créature assoupie. Au petit matin, Hermione se réveilla paisiblement avec le son des vagues qui venaient se briser sur les rochers. Pendant une fraction de seconde, elle crut qu'elle rêvait et que d'un instant à l'autre, elle se réveillerait dans la vieille tente de Perkins qui sentait toujours une arrière odeur de moisi. Mais elle constata avec soulagement qu'elle se trouvait toujours dans la petite chambre d'ami chez Bill et Fleur, qu'elle partageait avec Luna.

Elle regarda à sa gauche, le lit de son amie était vide. Il devait être plus de dix heures du matin. Elle avait dormi d'un sommeil de plomb grâce à la potion que lui avait administré Fleur, la veille.

Elle se redressa sur le lit, sa douleur au bras avait disparu, mais les marques étaient toujours profondément inscrites sur son bras : « Sang-de-bourbe ». Elle se sentait écœurée… la vue de cette inscription la dégoûtait. Ce n'était pas l'insulte, ni la douleur qu'elle avait ressentie lorsque la lame transperçait sa peau qui la révoltait, c'était que Drago ait laissé faire… cette folle ! Il n'avait pas réagi, il n'avait pas tenté de la sauver.

Il est vrai qu'il n'avait pas réellement le choix, qu'ils étaient perdus d'avance…Mais elle avait tout de même espéré qu'il interviendrait pour la sauver… qu'il s'interposerait entre elle et sa tante ! Non, repensa-t-elle, les larmes coulant sur sa joue, il n'avait rien fait. Il s'était contenté de regarder, et même de se battre contre eux quand ils tentaient de s'échapper ! Jamais elle n'oubliera… jamais elle ne lui pardonnera. Il n'avait même pas crié lorsque sa psychopathe de tante lui avait donné un coup dans le ventre… quand elle a tué leur bébé.

D'une main tremblante, elle retira la couverture en laine du lit et souleva sa robe de chambre.

Avec horreur, Hermione vit les marques de coups que lui avait donnés Bellatrix. Le bas de son ventre était toujours gonflé, mais elle savait que bientôt il redeviendrait comme avant… quand elle n'était pas enceinte. Elle enfuit son visage entre ses mains et sanglota. Son bébé, pensa-t-elle, son petit bébé… Jamais elle n'avait connu une telle douleur. C'était comme si cette folle avait piétiné, déchiqueté, lacéré, écrasé son cœur. Elle ne trouvait pas les mots assez forts pour exprimer sa douleur. Elle sanglota de plus belle au souvenir de cette nuit passée avec Drago lorsqu'ils cherchaient un prénom pour leur enfant qui jamais ne naîtra… Elle fut prise d'une crise de larmes quand on frappa à sa porte.

-Ermioone ? Fit la voix claironnante de Fleur. Je peux entrer ?

-Oui… répondit Hermione précipitamment en s'essuyant les yeux d'un revers de main, vas-y.

Fleur entra, resplendissante comme toujours. Aujourd'hui, elle était munie d'un tablier rose pâle et ses cheveux étaient coiffés en une queue de cheval.

-Je suis venue te prévenir que le petit déjeuner est servi, mais si tu préfères je peux te le monter au lit pour que tu gardes tes forces ? Ermioone est-ce que tu vas bien ? Demanda Fleur en scrutant son visage dont ses yeux bruns étaient petits et gonflés.

-Oui…oui, merci Fleur, répondit Hermione d'une voix aiguë, c'est très gentil de ta part, mais je vais me lever et descendre saluer tout le monde.

Hermione se leva du lit d'un pas titubant quand elle entendit Fleur pousser une exclamation horrifiée.

-Par Nicolas Flamel ! Ermione… tu saignes ?!

Hermione se retourna aussitôt et vit sur les draps du lit une mare de sang. De son sang ! Celui du bébé, se dit-elle. Sans qu'elle puisse se contrôler, elle éclata à nouveau en sanglots. Elle sentait une véritable douleur lui déchirer son cœur. À côté de cela, les entailles faites par Bellatrix à son bras lui semblaient si insipides !

Fleur la pris dans ses bras et la serra contre elle. Hermione n'osait pas lever les yeux, elle n'arriverait pas à affronter ses grands yeux bleus.

-Ermione, dis-moi ce qu'il se passe enfin !

-R…r..rien, arriva-t-elle à articuler entre ses sanglots.

-Voyons, j'ai le droit de savoir la vérité ! Tu es chez moi ici et tu es blessée ! Qu'est-ce que...

Mais Fleur s'interrompit. Elle venait d'apercevoir le petit ventre rond d'Hermione qui se dessinait en dessous de sa robe de chambre. Aussitôt, elle cacha la forme entre ses mains, mais c'était trop tard. Fleur venait de comprendre. Son regard passa du ventre vers le lit tacheté de sang puis un air d'effroi se dessinait sur son beau visage quand elle comprit.

-Ce n'est pas possible, souffla-t-elle. Ermione !

Elle n'osait pas répondre. Elle se contenta de hocher la tête, les larmes continuant de couler à flot sur sa joue.

-Comment… ? Commença Fleur.

-Tu ne dois rien dire ! Exigea Hermione qui reprenait petit à petit ses esprits. Fleur, je t'en prie ! Personne ne doit savoir pour…

-Mais, enfin Ermioone, c'est insensé ! Je ne peux pas garder ça pour moi !

-Il le faut ! Harry et Ron ne sont pas au courant !

-Tu veux dire que… balbutia Fleur… est-ce que c'est Ron qui est… ?

Hermione ne répondit pas. Elle ne s'était pas attendue à ce que Fleur soupçonne Ron d'être le père. Peut-être qu'il serait plus facile de la laisser croire que Ron l'était. Elle ne devait pas savoir pour Drago ! Hermione devait à tout pris l'égarée de cette piste. Si elle était honnête avec elle, Fleur poserait des questions trop dangereuses. Voyant qu'Hermione ne répondait pas, Fleur poussa une exclamation de surprise et plaqua sa main sur sa bouche.

-Oh Ermioone ! Fit-elle. Ron doit savoir ! Il faut que tu lui dises !

-Non ! Surtout pas ! Je t'en supplie Fleur ne lui dit rien ! C'était un accident… il ne doit pas savoir ! Jure-le-moi que tu ne diras rien à qui que ce soit !

Fleur se mordit les lèvres, apparemment prise entre l'envie de s'enfuir en courant pour appeler Ron ou de ne rien dire du tout. Les yeux brillant de larmes, Hermione soutenait le regard de Fleur.

-Pitié… Fleur. Je sais que nous ne sommes pas véritablement amies. Nous n'avons jamais eu de conversation ensemble, mais j'ai besoin que tu gardes le secret ! Je t'en prie ! Si Harry et Ron sont au courant, ils ne me le pardonneraient jamais de leur avoir caché… notre mission que nous a laissée Dumbledore serait compromise…

Elle continuait de regarder Fleur, espérant de tout son être que son petit plaidoyer réussisse à la convaincre. Enfin, elle remua les lèvres :

-Très bien, je ne dirai rien… tu peux compter sur moi.

Hermione poussa un soupir de soulagement.

-Merci Fleur, je t'en serais éternellement reconnaissante.

-Mais, enfin, Ermioone… je ne te comprends pas ! Pourquoi Ron n'est pas au courant que tu portes…

-Portais, rectifia Hermione, la gorge serrée.

-Tu veux dire… que le sang ?!

-Oui… fit Hermione d'une voix brisée… à nouveau elle pleura.

Fleur la prit une nouvelle fois dans ses bras. Elle fit un geste qui l'étonna, elle lui caressa les cheveux. Hermione lui en était si reconnaissante, elle n'avait plus été consolée par une amie depuis tellement longtemps. Jamais elle n'aurait soupçonné qu'elle vivrait un moment si intime avec Fleur. Pour la deuxième fois depuis qu'elle la connaissait, elle percevait un autre aspect de sa personnalité, comme le jour où Bill s'était fait attaquer.

-Comment est-ce arrivé ? Lui demanda-t-elle d'une voix compatissante après l'avoir relâchée.

-Bellatrix Lestrange.

Fleur fit un « ooooh » qu'elle comprenait mieux à présent.

-C'était elle qui…

-Oui.

-Oh, Ermione, je suis tellement désolée ! Je ne peux que comprendre ta douleur… moi aussi j'ai perdu mon petit bébé il n'y a pas si longtemps de cela.

-Tu veux dire que toi aussi tu étais enceinte ?! S'exclama Hermione.

-Oui, répondit-elle tristement en s'asseyant sur le lit. Depuis quelques temps, Bill et moi essayons d'avoir un bébé. Je sais, reprit-elle, ce n'est pas vraiment le bon moment compte tenu du climat actuel, mais nous voulons réellement répandre de l'amour et des instants de bonheur dans ce monde qui ne connaît plus que le malheur ! Alors je suis tombée enceinte, un mois après notre mariage. Bill était si heureux, olala c'est fou, je ne l'avais jamais vu dans un tel état !

Hermione déglutina. Drago et elle aussi avaient été heureux… il espérait tellement que le bébé soit un petit garçon… Fleur continua :

-Nous avons préféré ne rien dire tant que nous n'étions pas tout à fait sûrs, et nous avions eu raison. Un mois et demi plus tard, je perdais le bébé.

-Que s'est-il passé ? Demanda Hermione.

-Les guérisseurs m'ont simplement dit que j'avais fait une fausse couche, le bébé ne s'était pas bien formé, expliqua Fleur d'une voix brisée. Bill était si triste… mais nous n'avons pas perdu espoir, nous continuons. Plus que jamais nous sommes déterminés à avoir notre enfant.

-Oh Fleur ! J'espère tellement pour vous ! Vous méritez ce bonheur, toi et Bill plus que quiconque après tout ce que vous avez traversé.

-C'est si gentil Emioone de dire ces choses-là !

Elle se leva du lit et regarda Hermione droit dans les yeux.

-La vie est si courte, chaque instant d'amour passé avec la personne que tu aimes est important ! Ron et toi, vous vous aimez !

-Fleur…

-Je le vois à la manière dont il te regarde, c'est si évident enfin !

Hermione ne répondit pas. Elle avait honte de dissimuler la vérité de la sorte à Fleur, lui laisser croire que l'enfant était de Ron. Mais elle ne pouvait faire autrement.

-Je sais… mais c'est compliqué…

-A cause de Harry ?

-Quoi… Harry ? Non, pourquoi ?

-Ah je ne sais pas… répondit Fleur qui commençait à laisser son imagination vagabondée, j'ai toujours pensé que vous étiez une sorte de triangle qui…

-Non ! La coupa Hermione en rigolant à moitié tellement l'idée lui paraissait absurde, Harry et moi sommes seulement ami, il n'y a jamais eu d'ambiguïté à ce sujet !

-Ah bon… tant mieux alors.

Il eut un silence gênant qu'Hermione interrompit :

-Je te remercie Fleur… pour ta discrétion et ton soutien. Je me sentais si seule…

-J'espère prendre la bonne décision de cacher ton secret à Ron. Je vais te donner une pommade que m'ont recommandée les guérisseurs de Ste Mangouste quand j'ai perdu le bébé.

-Merci Fleur, merci pour tout.

Fleur fit un signe de tête puis quitta la petite chambre. Hermione se sentait si vide. Elle était épuisée de toutes ces émotions qu'elle ressentait. Machinalement, elle traîna les pieds jusqu'à la petite salle de bain et se prépara pour le petit déjeuner où elle retrouva tout le monde installé à la table.

Dans les jours qu'ils passaient au cottage, Hermione n'avait pas manqué de remarquer que Harry passait la majeure partie de son temps isolé. Il passa les quelques jours suivants à chercher des excuses pour s'échapper du cottage surpeuplé, pour s'asseoir des heures en haut de la falaise, à contempler l'immensité de la mer qui s'étendait sous ses yeux. Une après-midi, alors qu'elle regardait par la fenêtre de sa chambre, elle ne fut pas surprise de retrouver Harry, assis au loin sur le haut de la falaise. Même à cette distance, elle pouvait lire la détresse de son ami. Depuis qu'il avait réussi à s'échapper du manoir des Malefoy, elle savait qu'Harry se demandait sans cesse s'il a eu raison de laisser Voldemort prendre la baguette de Sureau. Un doute que Ron ne cessait de souligner pour son plus grand agacement :

-Et si Dumbledore avait voulu qu'on comprenne le symbole à temps pour pouvoir retrouver la baguette ? Et si le fait de découvrir la signification du symbole te rendait « digne » de conquérir les reliques ? Harry, s'il s'agit vraiment de la Baguette de Sureau, comment diable pourrons-nous en finir avec Tu-Sais-Qui ?

Pour sa part, l'idée d'ouvrir la tombe de Dumbledore et de le dépouiller de sa baguette lui était répugnante !

-Tu n'aurais jamais pu faire une chose pareille, Harry, répétait-elle sans cesse quand ils abordaient le sujet. Tu n'aurais pas pu forcer la tombe de Dumbledore.

-Mais est-ce qu'il est vraiment mort ? demanda Ron, trois jours après leur arrivée au cottage.

Ils se trouvaient près muret qui séparait le jardin du bord de la falaise, lorsque

Ron et Hermione étaient venus retrouver Harry qui s'isolait à nouveau.

-Oui, Ron, il est mort, s'il te plaît, ne recommence pas !

-Regarde les faits, Hermione, répliqua Ron. La biche argentée. L'épée. L'oeil que Harry a vu dans le miroir…

-Harry reconnaît que cet oeil était peut-être un effet de son imagination ! N'est-ce pas, Harry ?

-C'est possible, répondit Harry sans la regarder.

-Mais tu ne le penses pas vraiment ? ajouta Ron.

-Non, je ne le pense pas vraiment, dit Harry.

-Et voilà ! s'exclama aussitôt Ron, avant qu'Hermione ait pu reprendre la parole. Si ce n'était pas Dumbledore, explique-moi comment Dobby a pu savoir que nous étions dans cette cave, Hermione ?

-Je l'ignore… Mais peux-tu m'expliquer comment Dumbledore nous l'aurait envoyé s'il repose dans une tombe à Poudlard ?

-Je ne sais pas, c'était peut-être son fantôme !

-Dumbledore ne reviendrait pas sous la forme d'un fantôme, assura Harry. Il aurait continué.

-Qu'est-ce que tu entends par « continué » ? interrogea Ron.

L'idée qu'il y aura une continuité « après », effraya Hermione. Elle attendit que son ami en dise plus, mais une voix derrière eux l'interrompit :

-Arry?

Fleur était sortie du cottage, ses longs cheveux d'un blond argenté volant sous la brise.

-Arry, Gripsec voudrait te parler. Il est dans la plus petite des chambres. Il dit qu'il ne veut pas qu'on l'entende.

De toute évidence, elle n'avait pas du tout apprécié que le gobelin l'envoie transmettre son message. Elle paraissait de mauvaise humeur lorsqu'elle retourna vers la maison. Gripsec les attendait, comme Fleur l'avait dit, dans la plus minuscule des trois chambres du cottage, là où dormaient Hermione et Luna. Il avait tiré les rideaux de coton rouge contre le ciel brillant, parsemé de nuages, baignant la pièce d'une lueur rougeoyante qui contrastait avec le reste du cottage, où tout était clair, aéré.

-J'ai pris ma décision, Harry Potter, annonça le gobelin, assis les jambes croisées, ses doigts grêles pianotant sur les bras de son fauteuil. Les gobelins de Gringotts verront là une vile trahison, mais j'ai décidé de vous aider…

-Formidable ! s'exclama Harry, Merci, Gripsec, nous sommes vraiment…

-En échange d'autre chose, coupa le gobelin d'une voix ferme, d'un paiement.

Légèrement interloqué, Harry hésita.

-Combien voulez-vous ? J'ai de l'or.

-Pas d'or, répliqua Gripsec. De l'or, j'en ai aussi.

Son regard noir scintilla. Ses yeux étaient dépourvus de blanc.

-Je veux l'épée. L'épée de Godric Gryffondor.

L'enthousiasme de Harry retomba.

-C'est impossible, dit-il. Je suis désolé.

-Dans ce cas, reprit le gobelin d'une voix douce, nous allons avoir un problème.

-Nous pouvons vous donner autre chose, s'empressa de proposer Ron. J'imagine que la chambre forte des Lestrange doit être bien garnie. Quand nous y serons entrés, vous n'aurez qu'à vous servir.

C'était ce qu'il ne fallait pas dire. Gripsec rougit de colère.

-Je ne suis pas un voleur, mon garçon ! Je n'essaye pas de m'emparer de trésors sur lesquels je n'ai aucun droit !

-L'épée nous appartient…

-Ce n'est pas vrai, répliqua le gobelin.

-Nous sommes des élèves de Gryffondor et cette épée était celle de Godric Gryffondor…

-Et avant d'être à Gryffondor, à qui appartenait-elle ? demanda d'un ton impérieux le gobelin qui s'était redressé dans son fauteuil.

-À personne, répondit Ron. Elle a été fabriquée pour lui, non ?

-Pas du tout ! s'écria le gobelin, hérissé de fureur, un long doigt pointé sur Ron. L'arrogance des sorciers, une fois de plus ! Cette épée était celle de Ragnuk Ier et elle lui a été prise par Godric Gryffondor ! C'est un trésor perdu, un chef d'œuvre de l'art des gobelins ! Il appartient aux gobelins ! L'épée sera le prix à payer pour mon aide, à prendre ou à laisser !

Gripsec leur adressa un regard noir. Harry jeta un coup d'oeil aux deux autres et dit :

-Il faut que nous en parlions, Gripsec, pour voir si nous sommes d'accord avec votre proposition. Pouvez-vous nous donner quelques minutes ?

Le gobelin, la mine revêche, acquiesça d'un signe de tête.

Ron et Hermione suivirent Harry en bas, dans le living-room vide.

-Il se fiche de nous, lança Ron. On ne va pas lui laisser cette épée.

-Est-ce vrai ? demanda Harry à Hermione. Est-ce que l'épée a été volée par Gryffondor ?

-Je ne sais pas, répondit-elle, désespérée. L'histoire telle que la présentent les sorciers glisse souvent sur ce qu'ils ont fait à d'autres espèces magiques, mais je n'ai jamais rien lu qui dise que Gryffondor ait volé l'épée.

-Ça doit encore être une de ces histoires de gobelins qui prétendent que les sorciers essayent toujours de prendre l'avantage sur eux, affirma Ron. On peut s'estimer heureux qu'il ne nous ait pas réclamé une de nos baguettes.

-Les gobelins ont de bonnes raisons de ne pas aimer les sorciers, Ron, rétorqua Hermione. Ils ont été maltraités dans le passé.

-Les gobelins ne sont pas vraiment de mignons petits lapins, fit remarquer Ron. Ils ont tué beaucoup d'entre nous. Ils nous ont combattus sans pitié.

-Mais discuter avec Gripsec pour essayer de savoir laquelle des deux espèces est la plus fourbe et la plus violente ne l'incitera pas à nous aider davantage, tu ne crois pas ?

Il y eut un silence pendant qu'ils réfléchissaient à un moyen de contourner le problème.

-Bon, écoutez-moi, reprit Ron, vous me direz ce que vous en pensez.

Harry et Hermione se tournèrent vers lui.

-On explique à Gripsec qu'on a besoin de l'épée jusqu'à ce qu'on soit entrés dans la chambre forte et qu'ensuite, il pourra l'avoir. Il y en a une copie là-bas, non ? On n'a qu'à échanger les deux et lui donner la fausse.

-Ron, il verrait la différence mieux que nous ! répliqua Hermione. Il est le seul à s'être rendu compte qu'il y avait eu un échange !

-Oui, mais on pourrait filer en douce avant qu'il ne s'en aperçoive…

Ron se recroquevilla sous le regard qu'Hermione lui lança.

-Ça, dit-elle à voix basse, c'est méprisable. Lui demander de l'aide et ensuite le trahir ? Après, tu t'étonneras que les gobelins n'aiment pas les sorciers ?

Les oreilles de Ron étaient devenues écarlates.

-Très bien, très bien ! C'est la seule idée qui me soit venue à l'esprit ! Quelle est ta solution alors ?

-Il faut que nous lui offrions quelque chose d'autre, quelque chose qui ait autant de valeur.

-Brillante idée. Je vais aller chercher une autre épée ancienne fabriquée par des gobelins et tu lui feras un emballage cadeau.

Le silence tomba à nouveau. Leur situation était compromise : L'épée était cependant leur arme unique et indispensable contre les Horcruxes.

-Peut-être que Gripsec ment, suggéra Harry en rouvrant les yeux. Peut-être que Gryffondor n'a pas pris l'épée. Comment peut-on être sûr que la version des gobelins est la bonne ?

-Qu'est-ce que ça change ? demanda Hermione.

-Pour quelle raison Harry insistait autant au sujet de l'histoire de cette épée ?!

-Ça change la façon dont je ressens les choses, répondit Harry. Nous allons lui dire que nous lui donnerons l'épée quand il nous aura aidés à pénétrer dans la chambre forte… mais nous prendrons la précaution de ne pas lui préciser à quel moment exactement il pourra la récupérer.

Hermione n'était pas particulièrement séduite par ce plan. En réalité, elle le trouvait quelque peu malhonnête vis-à-vis de Gripsec. Ron, en revanche, affichait un grand sourire.

-Harry, nous n'allons pas…

-Il l'aura, poursuivit Harry, après que nous nous en serons servis contre tous les Horcruxes. À ce moment-là, je la lui laisserai. Je tiendrai ma parole.

-Mais ça prendra peut-être des années ! s'exclama Hermione.

J-e sais, mais lui n'a pas besoin de le savoir. Je ne lui mentirai pas… pas vraiment.

Harry croisa le regard d'Hermione avec un mélange de défi et de honte.

-Je n'aime pas ça, dit Hermione qui repensait à sa propre discussion avec Fleur.

-Moi non plus, pas beaucoup, admit Harry.

-Moi, je trouve que c'est génial, approuva Ron en se levant. Allons lui annoncer ça.

De retour dans la petite chambre, Harry présenta la proposition au gobelin en évitant soigneusement de donner une date définitive pour la remise de l'épée. Pendant qu'il parlait, Hermione contemplait le plancher, les sourcils froncés. Elle n'osait pas regarder le Gobelin, ses yeux perçants l'intimidaient et Hermione était certaine qu'il verrait que les trois amis lui cachent quelque chose. Heureusement le gobelin ne regardait personne d'autre que Harry.

-J'ai donc votre parole, Harry Potter, que vous me donnerez l'épée de Gryffondor si je vous apporte mon aide ?

-Oui, répondit Harry.

-Alors, serrons-nous la main, dit le gobelin en tendant la sienne.

Harry la prit et la serra. Gripsec le lâcha puis frappa ses mains l'une contre l'autre et dit :

-Alors, allons-y.

C'était comme s'ils avaient préparé une nouvelle expédition au ministère. Ils se mirent au travail dans la petite chambre qui resta plongée, pour respecter les préférences de Gripsec, dans une semi-obscurité.

-Je n'ai vu la chambre forte des Lestrange qu'une seule fois, leur précisa Gripsec, le jour où on m'a demandé d'y placer la fausse épée. C'est l'une des plus anciennes. Les très vieilles familles de sorciers entreposent leurs trésors au dernier sous-sol, là où les chambres fortes sont les plus grandes et les mieux protégées…

Ils s'enfermaient pendant des heures entières dans la pièce à peine plus grande qu'un placard, jusqu'à ce que Fleur vienne les appeler pour le dîner.

Le soir même, alors que Ron, Harry et Gripsec étaient sortis de la chambre pour aller se coucher dans leur chambre respective que Fleur avait aménagée pour eux, Hermione commençait à se déshabiller quand une lueur apparût dans la pièce. Surprise, elle interrompit son geste et vit se matérialiser au milieu de la chambre le Patronus de Drago en forme d'Hermine. Son cœur battait à toute allure. Elle n'arrivait plus à respirer. Elle ne voulait pas entendre son message, elle ne voulait plus rien savoir ! Elle voulait l'oublier, lui et toute sa famille qui l'avait torturée… sa tante qui avait tué leur bébé !

-Hermione, fit la voix suppliante de Drago à travers le Patronus, je t'en supplie, réponds-moi !

Puis le Patronus disparut, replongeant la pièce dans un profond silence que seul le bruit des vagues venait perturber. Elle continua de fixer le sol d'où s'était élevé le Patronus, comme si elle pensait avoir rêvé. Mais ce n'était pas un rêve, Drago l'attendait, il s'inquiétait pour elle. Trop tard, pensa Hermione, il était trop tard… elle avait trop été blessée. Jamais elle ne pourrait lui pardonner de l'avoir laissé souffrir de la sorte.

Ses pensées commençaient à s'entrechoquer dans sa tête. Elle se sentait chanceler, ses jambes étaient aussi molles que du coton humide et elle dut s'asseoir sur son lit pour ne pas tomber à terre. Hermione n'arrivait plus à contrôler sa respiration qui devenait de plus en plus saccadée, comme s'il elle était enfermée dans un espace trop confiné. De l'air, pensa-t-elle, elle devait sortir de cette petite chambre, sentir l'air marin pour l'apaiser et ne plus penser à rien ! Cette idée lui donna la force de se lever et de s'habiller pour sortir dehors. D'un pas discret, elle traversa la maison sans être vue par Fleur, Bill, Luna et Dean qui buvait une tasse de thé dans la petite cuisine.

La nuit était venteuse et les épais nuages gris cachaient à moitié la lune qui était à son premier quartier. Resserrant son blouson à son cou, Hermione s'avança contre le vent et avança machinalement vers le haut de la falaise, là où la vue était la plus spectaculaire. Le bruit des vagues se fracassant contre les rochers atténuait déjà la crise d'angoisse qu'elle avait eue dans la petite chambre. Elle respira profondément une bouffée d'air marin. Instantanément, Hermione se sentit mieux, comme si le vent avait emporté avec lui tous ses problèmes… ses souvenirs avec Drago. Elle arriva à hauteur de la tombe de Dobby. Les larmes aux yeux, Hermione lit les entailles que Harry avait gravées sur la tombe

CI-GÎT DOBBY, ELFE LIBRE

Dobby… pensa Hermione… Oh, Dobby ! L'elfe avait donné sa vie pour les sauver, pour sauver Harry. Drago aurait-il fait de même pour elle ? Non, se dit-elle aussitôt, jamais ! Il était à Serpentard, pas à Gryffondor ! Comment avait-elle pu être aussi aveugle ?! Soudain, elle éclata en sanglots devant la tombe. Le visage enfui dans ses mains, ses larmes coulaient à flot entre ses doigts quand elle sentit une main se poser sur son épaule. Elle se retourna aussitôt et vit avec étonnement, Luna qui se tenait derrière elle.

-Ne pleure pas Hermione, lui dit-elle, ses cheveux d'un blond sale voletant au rythme du vent, tout finira par s'arranger.

-C…co…comment peux-tu en être si sûre ?

-Je le sais c'est tout, parce que c'est toujours comme ça non ? Je suppose qu'il faut passer par des instants de malheur pour connaître enfin le bonheur.

Hermione regarda Luna d'un air étonné, ses grands yeux bleus globuleux ne lui donnaient plus cet air de folie qui s'affichait habituellement sur son jeune visage. Pour une fois, Luna disait quelque chose de censé.

-Je suppose que tu as raison, répondit Hermione en s'essuyant les yeux.

-Il t'aime beaucoup, tu sais.

Hermione arrêta son geste et regarda Luna. Par pitié, qu'on arrête de lui parler de l'amour inconditionnel de Ron, se dit-elle.

-Je sais Luna, moi aussi je l'aime beaucoup, mais nous ne serons jamais plus qu'ami !

-Pourtant vous n'étiez pas ami avant, souligna Luna. Il n'a jamais été très gentil avec toi, mais c'est simplement parce qu'il t'aimait.

Hermione n'était plus très sûre de comprendre où Luna voulait en venir.

-Heu… Luna de quoi parles-tu ? Ron a toujours été gentil, même avec son épouvantable caractère je dois l'admettre…

-Je ne parle pas de Ron mais de ce garçon ! Drago Malefoy, bien sûre !

Le cœur d'Hermione se serra à l'évocation de son nom.

-Qu… qu'est-ce que… voyons, Luna que racontes-tu ?! S'exclama Hermione en feignant d'avoir l'air surpris.

-J'étais enfermée dans sa cave depuis Noel, en fait, il était très gentil. Il venait quelques fois nous apporter de la nourriture en cachette, pendant la nuit. C'est ainsi que j'ai appris qui il était véritablement et les sentiments qu'il éprouvait à ton égard.

Hermione avait le souffle coupé. Jamais il ne lui en avait parlé ! À vrai dire, il ne lui parlait plus de ce qu'il se passait chez lui et elle comprenait pourquoi.

-Écoute Luna…

-Oh, ça ne sert à rien de me le cacher ! Je le vois très bien sur ton visage.

-Tu as raison, avoua Hermione dans un souffle.

Elle n'avait plus la force de nier ou de le cacher. Après tout, Luna était au courant et elle savait que la jeune fille n'en démordrait pas.

-Je l'aimais, Luna. Je l'aimais comme je n'ai jamais cru pouvoir aimer quelqu'un un de cette façon, un jour.

-Et maintenant, tu ne l'aimes plus ?

Hermione ne répondit pas, à nouveau les larmes coulaient sur sa joue. Elle releva la manche de son blouson et montra à son amie les cicatrices sur son bras : « Sang-de-bourbe ».

-A chaque fois que je regarde cette inscription, je ne vois pas Bellatrix Lestrange, ni ses insultes sur mon sang ! S'écria-t-elle d'une voix aiguë. Je vois Drago qui l'a laissé faire !

Son regard brun baigné de larmes soutenait celui de Luna. Il n'exprimait pas de la pitié, ni de la peine, simplement de la compréhension.

-Papa aussi, il vous a vendu. C'est Drago qui me l'a dit. Il a appelé les Mangemorts pour qu'ils vous capturent et me libère de cette cave.

-Luna, ça n'a rien à voir…

-Si ! Au contraire, s'exclama-t-elle, papa à fait ça parce qu'il tenait à moi plus qu'à quiconque. Il n'a plus que moi au monde depuis que maman est partie ! Je ne lui en veux pas d'avoir fait ça…

-Mais Drago…

-Drago ne pouvait rien dire, que te serait-il arrivé s'il avait avoué qu'il t'aimait ?

Hermione réfléchit à la question. La première pensée qui lui vint à l'esprit est que sa chère tante « Bella » n'aurait pas du tout été contente… l'aurait-elle tué sur le champ ? Elle en était parfaitement capable. Après tout, pensa-t-elle, Bellatrix ne voudrait pas d'une mauvaise herbe au sein de sa précieuse famille et aurait préféré coupé les mauvaises feuilles avant qu'elles ne poussent.

-Elle m'aurait tuée, répondit Hermione dans un souffle.

-Exactement, et ni Drago, ni sa mère n'aurait pu empêcher ça ! Il a essayé de gagner du temps avant que Tu-sais-qui n'arrive ! N'a-t-il pas eu raison ?

-Oui, bien sûr ! Nous sommes en sécurité à présent, nous sommes tous… sains et saufs, dit Hermione d'une voix à moitié convaincue.

-Non, ils n'étaient pas tous sains et saufs. Dobby n'était plus là. Son bébé ne vivait plus en elle. Et ce n'était pas grâce à Drago qu'ils étaient en vie.

-Luna, c'est Dobby qui nous a sauvés, pas Drago. Lui, il ne faisait rien !

Hermione tourna les talons, elle ne voulait plus en discuter davantage. D'un pas pressé, elle retourna au cottage, le vent soufflant de plus en plus sur elle. Elle monta précipitamment dans sa chambre et s'effondra sur le lit. Cette rencontre inattendue avec Luna lui avait embrouillé encore plus les esprits. Que devait-elle faire ?

Elle n'arrivait plus à pleurer. Ses yeux étaient trop secs, comme si elle avait vidé tout le contenu de ses larmes depuis qu'ils étaient revenus du Manoir. C'était la première fois qu'elle avait mis les pieds dans cet endroit. A chaque fois que Drago mentionnait sa grande maison, Hermione imaginait un manoir chaleureux, majestueux et accueillant. Quelques fois, alors qu'ils étaient tous deux enlacés après avoir consommé leur amour, dans ces fous instants, elle imaginait que Drago l'emmènerait dans sa maison, qu'il lui ferait visiter les pièces et qu'il l'inviterait dans sa chambre… Mais à présent, elle ne voyait plus de cet endroit comme un lieu de torture, froid et effrayant. Comment pouvait-il vivre dans un tel foyer ?! Se demanda-t-elle écœurée.

Elle entendit des pas derrière la porte et comprit que Luna venait se coucher à son tour. Aussitôt elle fit semblant de dormir et attendit que la jeune fille s'endorme. Épuisée, Hermione somnola quelques instants plus tard, son habituel cauchemar de Bellatrix venait à nouveau la hanter, comme toutes les nuits depuis qu'elle était arrivée au cottage.

Lentement, les jours s'étirèrent en semaines. Il fallait résoudre une succession de problèmes dont le moindre n'était pas la diminution considérable de leurs réserves de Polynectar.

-Il n'en reste plus qu'une seule dose, dit Hermione en penchant à la lumière de la lampe le flacon qui contenait l'épaisse potion couleur de boue.

-Ce sera suffisant, assura Harry qui examinait le plan des passages souterrains les plus profonds de Gringotts que Gripsec leur avait dessiné.

Les autres habitants de la Chaumière aux Coquillages pouvaient difficilement ignorer que quelque chose se préparait, car Harry, Ron et Hermione n'apparaissaient plus qu'aux heures des repas.

Plus ils passaient de temps ensemble, plus ils se rendirent compte qu'ils n'aiment pas beaucoup Gripsec. Ce dernier se montrait étonnamment sanguinaire, s'esclaffait à l'idée que des créatures de moindre importance puissent souffrir et semblait ravi lorsqu'on envisageait l'éventuelle nécessité de malmener d'autres sorciers pour accéder à la chambre forte des Lestrange. Le gobelin ne prenait ses repas avec eux qu'à contrecoeur. Même après que ses jambes furent guéries, il avait exigé qu'on lui apporte à manger dans sa chambre, comme on le faisait pour Ollivander qui, lui, était encore très faible.

Jusqu'au jour où Bill (à la suite d'un accès de colère de Fleur) était monté lui annoncer que cet arrangement ne pouvait plus durer. À partir de ce moment-là, Gripsec s'était joint à leur table, trop petite pour tant de convives, mais refusait de manger les mêmes plats qu'eux, insistant pour qu'on lui serve des morceaux de viande crue, des racines et divers champignons.

L'organisation du cottage s'organisait difficilement car le petit cottage n'avait pas suffisamment d'espace pour accueillir tout le monde. Heureusement, l'état de Mr Ollivander s'améliorait de jour en jour et il put bientôt partir chez la Tante Muriel pour se rétablir entièrement. Un soir, tandis que Ron et Hermione mettaient la table pour le souper, Bill apparut dans l'escalier, aidant Mr Ollivander à descendre les marches. Le fabricant de baguettes paraissait toujours terriblement affaibli et se cramponnait au bras de Bill qui le soutenait, une grande valise dans l'autre main.

-Vous allez me manquer, Mr Ollivander, dit Luna en s'approchant du vieil homme.

-Vous aussi, chère amie, vous me manquerez, répondit Ollivander.

Il lui tapota l'épaule.

-Vous m'avez apporté un indicible réconfort dans cette horrible cave.

-Alors, goudebaille, Mr Ollivander, dit Fleur en l'embrassant sur les deux joues. Et je voulais vous demander si vous pourriez me rendre le service d'apporter un paquet à la tante Muriel ? Je ne lui ai jamais rendu sa tiare.

-Ce sera un honneur pour moi, assura Ollivander en s'inclinant légèrement. C'est la moindre des choses que je puisse faire pour vous remercier de votre généreuse hospitalité.

Fleur sortit un coffret de velours usé qu'elle ouvrit pour en montrer le contenu au fabricant de baguettes. La tiare reposait à l'intérieur, scintillante, étincelante à la lumière des deux lampes basses suspendues au plafond.

-Pierres de lune et diamants, dit Gripsec qui était entré furtivement dans la pièce sans qu'on le remarque. Fabriquée par des gobelins, je pense.

-Et payée par des sorciers, ajouta Bill d'une voix douce.

Le gobelin lui jeta un regard à la fois sournois et provocateur. Un vent fort soufflait en rafales contre les vitres du cottage lorsque Bill et Ollivander s'éloignèrent dans la nuit. Les autres se serrèrent autour de la table, coude à coude, et commencèrent à manger en ayant à peine la place de remuer les bras. À côté d'eux, le feu ronflait et craquait dans la cheminée. Fleur ne mangeait pas grand-chose. Elle lançait de fréquents regards vers la fenêtre, mais Bill revint avant qu'ils n'aient terminé leurs entrées, ses longs cheveux emmêlés par le vent.

-Tout va bien, annonça-t-il à Fleur, Ollivander est installé, maman et papa vous disent bonjour. Ginny vous envoie toute son affection. Fred et George rendent Muriel folle de rage. Ils continuent de faire marcher leur service de vente par hibou dans la chambre du fond. Elle a quand même été contente de retrouver sa tiare. Elle croyait que nous l'avions volée, m'a-t-elle dit.

-Ah, ça, elle est vraiment charming, ta tante, répliqua Fleur avec colère.

Elle leva sa baguette et les assiettes sales décollèrent de la table pour s'empiler toutes seules dans les airs. Fleur les attrapa au vol et les emporta dans la cuisine d'un pas énergique.

-Papa aussi a fabriqué une tiare, intervint Luna. En fait, c'est plutôt une couronne.

Hermione esquissa un léger sourire tandis que Ron croisa le regard de Harry et sourit. Tous trois se rappelaient de cette coiffe ridicule qu'ils avaient vue chez Xenophilius.

-Il a essayé de reconstituer le diadème perdu de Serdaigle. Il pense avoir identifié la plupart de ses éléments. Ajouter des ailes de Billywig l'a beaucoup amélioré…

Quelqu'un cogna à la porte. Toutes les têtes se tournèrent. Fleur sortit en courant de la cuisine, l'air apeurée. Bill se leva d'un bond, sa baguette pointée sur la porte. Harry, Ron et Hermione l'imitèrent. Silencieux, Gripsec se glissa sous la table pour se mettre hors de vue.

-Qui est là ? demanda Bill.

-C'est moi, Remus John Lupin ! lança une voix qui dominait le hurlement du vent.

Hermione ressentit une soudaine frayeur. Que s'était-il passé ?

-Je suis un loup-garou, marié à Nymphadora Tonks, et c'est toi, le Gardien du Secret de la Chaumière aux Coquillages, qui m'as donné l'adresse en me demandant de venir en cas d'urgence !

-Lupin, murmura Bill.

Il se précipita vers la porte et l'ouvrit brutalement. Lupin trébucha sur le seuil. Enveloppé dans une cape de voyage, il avait le visage blafard. Il se redressa, regarda dans la pièce pour voir qui était là, puis s'écria :

-C'est un garçon ! Nous l'avons appelé Ted, comme le père de Dora !

Hermione poussa un cri perçant.

-Que… Tonks ? Tonks a eu son bébé ?

-Oui, oui, elle a eu son bébé ! hurla Lupin.

Des exclamations de joie et des soupirs de soulagement s'élevèrent tout autour de la table. Hermione et Fleur lancèrent d'une petite voix aiguë : « Félicitations ! » et Ron ajouta : « Nom d'une gargouille, un bébé ! » comme s'il n'avait jamais entendu parler d'une chose pareille. C'était tellement formidable pour Lupin ! Elle sentait que les larmes commençaient à lui monter aux yeux. Quel instant de bonheur ! Cependant, malgré la joie qu'elle partageait avec tout le monde, elle ne pu s'empêcher de sentir une pointe au cœur. Elle croisa le regard de Fleur et comprit qu'elle pensait toutes deux à la même chose, à leur bébé qu'elles n'avaient plus.

-Oui… Oui… un garçon, répéta Lupin qui semblait ébloui par son propre bonheur.

Il contourna la table à grands pas et serra Harry dans ses bras. On aurait dit que la scène qui s'était déroulée dans le sous-sol du square Grimmaurd n'avait jamais eu lieu.

-Tu veux bien être le parrain ? lui demanda-til en relâchant son étreinte.

-M… Moi ? balbutia Harry.

-Oui, toi, bien sûr, Dora est tout à fait d'accord, on ne peut pas trouver mieux.

-Je… oui… ça, alors…

Harry semblait submergé, abasourdi, ravi. Bill se hâta d'aller chercher du vin et Fleur essaya de convaincre Lupin de boire un verre avec eux.

-Je ne peux pas rester longtemps, il faut que j'y retourne, répondit-il en leur adressant à tous un sourire rayonnant. – il n'avait jamais autant paru si jeune. Merci, merci, Bill.

Bill eut bientôt rempli toutes les coupes. Ils se levèrent et portèrent un toast.

-À Teddy Remus Lupin, dit Lupin. Un futur grand sorcier !

-À qui ressemble-t-il ? demanda Fleur.

-À Dora, je crois ; mais elle, elle pense plutôt qu'il me ressemble. Il n'a pas beaucoup de cheveux. Ils semblaient bruns quand il est né, mais je vous jure qu'ils sont devenus roux une heure plus tard. Ils seront sans doute blonds quand je reviendrai. Andromeda dit que les cheveux de Tonks ont commencé à changer de couleur le jour même de sa naissance.

Il vida sa coupe.

-Bon, d'accord, encore un, ajouta-t-il, radieux, tandis que Bill la remplissait à nouveau.

Le vent secouait le petit cottage et le feu aux flammes bondissantes craquait dans la cheminée. Bientôt, Bill ouvrit une autre bouteille de vin. La nouvelle apportée par Lupin les avait rendus fous de joie, les avait arrachés provisoirement à leur état de siège : l'annonce d'une vie nouvelle avait quelque chose d'exaltant. Seul Gripsec paraissait indifférent à la soudaine atmosphère de fête et au bout d'un moment, il retourna furtivement dans la chambre qu'il n'était plus obligé de partager, à présent.

-Non… Non… Cette fois, il faut vraiment que j'y aille, dit enfin Lupin en refusant une nouvelle coupe de vin.

Il se leva et s'enveloppa dans sa cape de voyage.

-Au revoir, au revoir, j'essaierai de vous apporter des photos dans quelques jours… Ils seront tous ravis de savoir que je vous ai vus…

Il attacha sa cape et fit ses adieux, embrassant les femmes, serrant chaleureusement la main des hommes puis, le sourire toujours aussi rayonnant, il replongea dans la nuit agitée par la tempête.

-Tu vas être parrain, Harry ! s'exclama Bill.

Les autres continuaient de célébrer l'annonce de cette nouvelle dans le petit living-room tandis que Harry aidait Bill à débarrasser la cuisine.

-C'est… tellement formidable ! S'exclamait Ron, wouah un bébé je n'arrive pas à y croire !

-Oui, c'est tellement merveilleux.

Soudain, Hermione fondit en larmes.

-Hermione ! S'exclama Ron en la prenant dans ses bras.

Du coin de l'œil, Hermione vit Fleur observer la scène avant d'ouvrir la porte de la cuisine et de revenir aussitôt, comme si Bill l'avait congédié.

-C'est parce que, fit Hermione d'une voix aiguë, je suis tellement heureuse pour Lupin et Tonks !

Ron éclata de rire.

-Hermione, tu es trop sensible ! Dit-il pour la taquiner

-Ca doit te paraître bien étrange, toi qui a la capacité émotionnelle d'une petite cuillère !

En s'essuyant du coin de l'œil ses larmes, ils rirent ensemble, Luna et Dean se joignant à eux. Elle ne savait pas si c'était l'effet du vin, mais elle passait si vite du rire aux larmes. Des larmes de joie, de bonheur, mais aussi de tristesse à l'idée que jamais elle ne saura si son bébé était une fille ou un garçon, que jamais elle n'annoncera à Drago la nouvelle…

Hermione sortit de ses pensées par le retour de Harry dans le living-room. Étrangement, il avait l'air préoccupé, se dit Hermione en l'observant. Elle fit un signe de tête à Ron en désignant Harry et tous deux prirent congé de Luna et Dean.

-Qu'il y a-t-il ? Demanda Ron à voix basse.

-Pas ici, dit-il, Fleur risque d'entendre. Venez.

Discrètement, ils s'esquivèrent jusqu'à la cage d'escalier. Harry leur expliqua la conversation qu'il avait eue avec Bill dans la cuisine.

-Harry… commença Hermione horrifiée, je te l'avais dit que c'était très risqué !

-Comment veux-tu faire autrement ? Lui demanda-t-il. Nous avons besoin de l'épée pour détruire l'Horcruxe !

-Alors, tu vas tout de même faire ça ?! Après l'avertissement de Bill !

-Relaxe-toi Hermione, intervint Ron, Harry sait très bien ce qu'il fait, fais-lui confiance !

-J'ai confiance en Harry, bien sûr ! S'exclama-t-elle énervée, c'est de Gripsec dont je me méfie, tu as entendu ce que Bill a dit : il croit que l'épée lui est due !

-Et Harry lui donnera quand on en aura plus besoin ! N'est-ce pas Harry ?

Ils se tournèrent vers lui, attendant sa réponse.

-On tiendra notre promesse, dit-il d'un air déterminé, nous n'arriverons pas à détruire les Horcruxes sans elle… je sais que tu n'approuves pas ce plan, Hermione. Mais nous ne pouvons faire autrement.

Hermione se pinça les lèvres. Elle devait bien admettre qu'ils étaient coincés.

-Très bien, consentit-elle à contrecœur, si c'est le seul moyen de détruire les Horcruxes. Bon, je vais me coucher !

Elle montait les marches d'un pas précipité sous les chuchotements de Harry et Ron. Elle était parfaitement consciente que ses deux amis ne comprenaient pas son point de vue- particulièrement Ron- mais elle n'arrivait pas à effacer ce sentiment de mal-être vis-à-vis de Gripsec. Bill avait raison, il vaut mieux se méfier lorsque l'on a affaire à des gobelins. Seulement quel autre choix leur restait-il ? Perplexe, Hermione entra dans la petite chambre et s'appétait à enfiler sa robe de chambre quand une autre lumière jaillit dans la pièce. Drago avait à nouveau envoyé son Patronus. Cette fois, l'animal parla d'une voix brisée, marquée par un profond désespoir :

-Hermione… pitié… réponds-moi je t'en supplie ! Je t'attendrai, tous les soirs tu sais, où… il faut que l'on parle !

Le Patronus se volatilisa aussitôt. La voix si brisée de Drago retentissait dans sa tête. Elle imaginait très bien le Serpentard, complètement anéanti dans sa chambre en train de lui envoyer le Patronus. C'était elle qui lui avait appris à en faire… elle qui lui avait dit qu'il n'était pas un Mangemort. Maintenant, quand elle y repensait, elle n'en était plus certaine. Les scènes du Manoir tourbillonnaient en boucle dans sa tête. C'était trop insoutenable pour elle. Hermione ne se sentait pas prête à le voir, ni à lui parler. En réalité elle voulait s'éloigner le plus possible de lui. Instinctivement, elle releva la manche de son pull et caressa du bout des doigts sa cicatrice. Jamais elle n'oubliera. Elle sera marquée à vie.

D'un geste déterminé, elle posa sa baguette sur la table de nuit, se changea puis se glissa dans les draps de son lit. De longues journées avant leur intrusion dans Gringotts les attendaient.


Alors, vous vous doutiez qu'il s'agissait de Fleur ?

Étonnant car elle n'a pas de très grand rôle ^^ mais malgré leurs préjugés l'une envers l'autre, on découvre vraiment leur sensibilité et surtout, elles se réconfortent sur la perte de leurs bébés :/ avez-vous aimé ce passage ?

Petit moment intime aussi avec Luna, qu'avez-vous pensé de leur discussion? Va-t-elle faire entendre raison à Hermione avec ce pauvre Drago qui désespère :( alalala ça ne sera pas facile !

Voila, je vous laisse nous donner vos impressions, remarques sur ce dernier chapitre et je vous dis à la semaine prochaineeeeeeee !