Bon dimanche tout le monde !
Avez-vous passé un bon w-e ? :)
Voila j'essaye de tenir un rythme régulier avec la reprise des cours :/ donc si j'ai du retard c'est simplement que j'ai beaucoup de boulot en ce moment ^^
Nous voici avec un chapitre repris de JK auquel nous attachions beaucoup d'importance :) en effet il n'était pas entièrement expliqué dans le film c'est pourquoi nous voulions le remettre dans notre Fanfic :)
Donc petit chapitre avant la GRANDE bataille de Poudlard qui arrive à grand pas :o
Sur ce, bonne lecture à tous et à toutes
Nous vous souhaitons un agréable dimanche !
A bientot !
M&T
Chapitre 37 : Abelforth Dumbledore
Les Détraqueurs avaient fui, les étoiles réapparurent et les bruits de pas des Mangemorts se firent de plus en plus proches. Ils étaient pris au piège, se dit Hermione qui commençait sérieusement à paniquer. Elle savait que ce n'était pas une bonne idée d'être venu ici, sans avoir minutieusement préparé de plan. Cependant ils manquaient de temps. D'après les visions que Harry avait eues après qu'ils aient réussi à s'enfuir de Gringotts, Voldemort était au courant pour les Horcruxes et tôt ou tard, il ne tarderait pas à s'envoler pour Poudlard pour s'assurer que l'Horcruxe qu'il y avait caché était toujours en sûreté. Ils devaient faire vite. Cependant ils ignoraient quel était cet objet appartenant à Serdaigle, il n'y avait pas de minute à perdre. Mais maintenant qu'ils étaient piégés à Pré-au-lard et encerclés par des Mangemorts acharnés, Hermione doutait qu'ils puissent arriver à mettre les pieds au château.
A l'instant où elle eut cette pensée, le mécanisme d'une serrure grinça, une porte s'ouvrit du côté gauche de la rue étroite et une voix rude lança :
-Potter, vite, ici !
Tous trois se précipitèrent à travers l'ouverture.
- Montez là-haut, gardez la cape sur vous, taisez-vous ! marmonna un homme de haute taille qui passa devant eux pour sortir dans la rue et claqua la porte derrière lui.
Au début, Hermione n'avait aucune idée de l'endroit où ils se trouvaient, mais bientôt, à la lueur vacillante d'une unique chandelle, il reconnut le bar crasseux, au sol recouvert de sciure, de La Tête de Sanglier. Ils coururent derrière le comptoir puis franchirent une autre porte qui donnait sur un escalier de bois délabré dont ils montèrent les marches aussi vite qu'ils le purent. Ils arrivèrent dans un salon au tapis usé. Au-dessus d'une petite cheminée était accrochée une grande peinture à l'huile représentant une fillette blonde qui contemplait la pièce avec une sorte de douceur absente.
Des cris s'élevèrent de la rue. Toujours recouverts de la cape d'invisibilité, ils s'avancèrent silencieusement et regardèrent par la fenêtre aux
vitres sales.
Leur sauveur, qu'ils avaient reconnu comme étant à présent le barman de La Tête de
Sanglier, était la seule personne qui ne portait pas de capuchon. de capuchon.
-Et alors ? hurlait-il au visage de l'une des silhouettes masquées. Et alors ? Si vous envoyez des Détraqueurs dans ma rue, moi, je leur envoie un Patronus ! Je ne veux pas les avoir à côté de chez moi, je vous l'ai déjà dit, je n'en veux pas !
- Ce n'était pas ton Patronus ! répliqua un Mangemort. C'était un cerf, celui de Potter !
- Un cerf ! rugit le barman.
Il sortit une baguette magique.
-Un cerf ! Espèce d'idiot… Spero Patronum !
Une forme immense et cornue surgit de la baguette : tête baissée, elle chargea en direction de la grand-rue et disparut.
- Ce n'est pas ce que j'ai vu…, dit le Mangemort, avec moins de certitude, cependant.
-Tu as entendu le bruit, le couvre-feu a été violé, intervint l'un de ses compagnons. Quelqu'un était dans la rue, contrairement au règlement…
-Si je veux faire sortir mon chat, personne ne m'en empêchera et au diable votre couvre-feu !
- C'est toi qui as déclenché le charme du Cridurut ?
- Si je réponds oui, qu'est-ce qui se passera ? Vous allez m'expédier à Azkaban ? Me tuer pour avoir osé mettre le nez dehors devant ma propreporte ? Allez-y, si ça vous amuse ! Mais j'espère pour vous que vous n'avez pas appuyé sur votre petite Marque des Ténèbres pour l'amener ici. Il ne serait pas très content que vous l'appeliez simplement pour me voir moi et mon vieux chat, vous ne croyez pas ?
-Ne t'inquiète pas pour nous, répliqua l'un des Mangemorts, c'est plutôt toi qui devrais te faire du souci pour avoir violé le couvre-feu !
- Et comment vous vous y prendrez, tous autant que vous êtes, pour continuer votre petit trafic de potions et de poisons quand mon pub sera fermé ? Comment vous ferez pour arrondir vos fins de mois ?
- Tu nous menaces ?
- Je ne vous ai jamais dénoncés, c'est pour ça que vous venez ici, non ?
- Et moi, je te dis que j'ai vu un Patronus en forme de cerf ! s'écria le premier Mangemort.
-Un cerf ? gronda le barman. C'est un bouc, idiot !
- D'accord, on a fait une erreur, admit le deuxième Mangemort. Mais si tu violes à nouveau le couvre-feu, on ne sera plus aussi indulgents !
D'un pas énergique, les Mangemorts retournèrent dans la grand-rue. Hermione exprima son soulagement en poussant un petit gémissement. Elle se dégagea de la cape et s'assit sur une chaise aux pieds branlants. Harry ferma soigneusement les rideaux, puis ôta la cape d'invisibilité qui les recouvrait encore, Ron et lui.
Ils entendirent le barman verrouiller à nouveau la porte du rez-de-chaussée et monter l'escalier.
Le barman entra dans la pièce.
- Bande d'imbéciles, dit-il d'un ton rude en les regardant tour à tour. Qu'est-ce qui vous a pris de venir ici ?
- Merci, répondit Harry, nous ne pourrons jamais vous être assez reconnaissants. Vous nous avez sauvé la vie.
Le barman grogna. Hermione vit Harry dévisager longuement l'individu avant de s'exclamer :
- C'est votre oeil qui était dans le miroir.
Un silence tomba dans la pièce. Harry et le barman se regardèrent.
- Vous nous avez envoyé Dobby.
Le barman acquiesça d'un signe de tête et chercha Dobby des yeux.
- Je pensais qu'il serait avec vous. Où l'avez-vous laissé ?
- Il est mort, dit Harry. Bellatrix Lestrange l'a tué.
Le visage du barman resta impassible. Au bout d'un moment, il murmura :
- Je suis navré de l'apprendre. J'aimais bien cet elfe.
Il se détourna, allumant les lampes d'un coup de baguette magique, sans regarder aucun d'entre eux.
-Vous êtes Abelforth, dit Harry à l'homme qui lui tournait le dos.
Ne cherchant ni à confirmer ni à démentir, il se pencha pour allumer le feu.
-Comment vous êtes-vous procuré ceci ? demanda Harry.
Il s'avança vers le morceau de miroir appartenant à Sirius, le miroir manquant.
- Je l'ai acheté à Ding il y a environ un an, répondit Abelforth. Albus m'a expliqué ce que c'était. J'ai essayé de garder un oeil sur vous.
Ron sursauta.
- La biche argentée ! s'exclama-t-il, surexcité. C'était vous ?
- De quoi parles-tu ? s'étonna Abelforth.
- Quelqu'un nous a envoyé un Patronus !
- Avec un cerveau comme le tien, tu pourrais devenir Mangemort, fiston. N'ai-je pas montré il y a un instant que mon Patronus était un bouc ?
- Oui, c'est vrai…, admit Ron. En tout cas, j'ai faim ! ajouta-t-il, sur la défensive, alors que son estomac grondait bruyamment.
- J'ai de quoi manger, répondit Abelforth.
Il sortit de la pièce et revint quelques instants plus tard avec une grande miche de pain, du fromage et une cruche d'étain remplie d'hydromel, qu'il posa sur une petite table devant le feu. Ils mangèrent et burent avec avidité et pendant un moment, on n'entendit plus que le craquement des bûches, le tintement des coupes et les bruits de mastication.
- Bien, alors, reprit Abelforth lorsqu'ils eurent mangé à satiété, et que Harry et Ron se furent affalés dans des fauteuils d'un air somnolent. Il faut réfléchir au meilleur moyen de sortir d'ici. On ne peut rien tenter la nuit : dès que le charme du Cridurut se sera déclenché, ils vous tomberont dessus comme des Botrucs sur des oeufs de Doxy. Je ne pense pas que j'arriverai une deuxième fois à faire passer un cerf pour un bouc. Attendez l'aube, quand le couvre-feu sera levé, vous pourrez alors remettre votre cape d'invisibilité et partir à pied. Sortez tout de suite de Pré-au-Lard, allez dans les montagnes et là, vous pourrez transplaner. Vous verrez peut-être Hagrid. Il se cache dans une grotte, là-haut, avec Graup, depuis qu'ils ont essayé de l'arrêter.
-On ne s'en va pas, répliqua Harry. Il faut que nous entrions à Poudlard.
- Ne sois pas stupide, mon garçon, dit Abelforth.
-Nous devons y aller, insista Harry.
- La seule chose que vous ayez à faire, poursuivit Abelforth en se penchant en avant, c'est partir d'ici le plus loin possible.
- Vous ne comprenez pas. Il ne reste pas beaucoup de temps. Il faut absolument que nous allions au château. Dumbledore… je veux dire, votre frère… voulait que nous…
La lueur des flammes rendit les verres sales des lunettes d'Abelforth momentanément opaques, d'un blanc brillant.
-Mon frère Albus voulait toujours beaucoup de choses, l'interrompit Abelforth, et les gens qui l'entouraient avaient la mauvaise habitude de prendre des coups chaque fois qu'il exécutait ses plans grandioses. Ne t'approche pas de cette école, Potter, et quitte le pays si tu le peux. Oublie mon frère et ses savantes machinations. Il est parti là où tout cela ne peut plus lui faire de mal et tu ne lui dois rien.
-Vous ne comprenez pas, répéta Harry.
- Ah, vraiment ? murmura Abelforth. Tu crois que je ne peux pas comprendre mon propre frère ? Tu penses que tu connaissais Albus mieux que moi ?
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, répondit Harry. C'est… Il m'a confié un travail.
- Voyez-vous ça ? Un travail agréable, j'espère ? Facile ? Le genre de choses qu'un jeune sorcier non diplômé peut accomplir sans trop se casser la tête ?
Ron eut un petit rire sinistre. Hermione était tendue. Elle craignait la suite de cette conversation qui commençait à s'échauffer.
- Je… non, ce n'est pas facile du tout, dit Harry. Mais il faut que je…
- Il faut ? Pourquoi « Il faut » ? Il est mort, n'est-ce pas ? répliqua Abelforth avec brusquerie. Laisse tomber, mon garçon, sinon, tu vas bientôt le suivre ! Sauve ta propre vie !
- Je ne peux pas.
- Et pourquoi ?
- Je…
Harry paraissait se sentir dépassé. Ne pouvant donner d'explication, il préféra prendre l'offensive.
- Vous aussi, vous combattez, vous êtes membre de l'Ordre du Phénix…
- Je l'étais, répondit Abelforth. L'Ordre du Phénix est fini. Vous-Savez-Qui a gagné, c'est terminé, et tous ceux qui prétendent le contraire se font des illusions. Tu ne seras jamais en sécurité, ici, Potter, il a trop envie de te retrouver. Pars à l'étranger, cache-toi, sauve ta peau. Et emmène ces deux-là avec toi, ça vaudra mieux.
D'un geste du pouce, il montra Ron et Hermione.
Hermione se sentit mal à l'aise. Elle se souvint, de manière frappante, la même proposition que lui avait fait Drago lorsqu'il était à Londres tout les deux. S'enfuir, partir construire une autre vie loin d'ici…
- Ils seront en danger toute leur vie, maintenant que chacun sait qu'ils ont été à tes côtés.
- Je ne peux pas partir, affirma Harry. J'ai un travail…
-Confie-le à quelqu'un d'autre !
- Impossible. C'est à moi de le faire. Dumbledore m'a bien expliqué…
- Voyez-vous ça… Et est-ce qu'il t'a vraiment tout dit, est-ce qu'il a été sincère avec toi ?
Voyant que Harry ne répondait pas, il continua : Abelforth sembla deviner ses pensées.
- Je connaissais mon frère, Potter. Il a acquis le goût du secret sur les genoux de ma mère. Le secret et le mensonge, c'est là-dedans que nous avons été élevés et Albus… était très doué pour ça.
Les yeux du vieil homme se tournèrent vers le portrait de la fillette, au-dessus de la cheminée. C'était le seul tableau de la pièce. Il n'y avait aucune photo, ni aucun portrait de son frère. Hermione observa plus attentivement le portrait de la fillette, devinant de qui il s'agissait.
- Mr Dumbledore ? demanda Hermione d'une voix plutôt timide. Est-ce votre soeur ? Ariana ?
- Oui, répondit simplement Abelforth. On dirait que vous avez lu Rita Skeeter, ma petite demoiselle ?
Hermione rougit de honte face à ses yeux bleus perçants qui lui rappelait tellement son ancien Directeur. Elle avait l'impression de revoir Dumbledore derrière son bureau, lorsqu'elle était venue se confesser l'année dernière.
-Elphias Doge nous en a parlé, intervint Harry, essayant d'épargner Hermione.
- Ce vieil imbécile, marmonna Abelforth.
Il but une autre gorgée d'hydromel.
- Il a toujours pensé que mon frère répandait le soleil par tous ses orifices, il en était convaincu. Comme beaucoup d'autres, d'ailleurs, y compris vous trois, si j'en crois les apparences.
-Le professeur Dumbledore aimait beaucoup Harry, dit Hermione à voix basse.
- Voyez-vous ça ? s'exclama Abelforth. Il est curieux de voir combien de gens que mon frère aimait beaucoup se sont retrouvés dans une situation bien pire que s'il les avait laissés tranquilles.
- Que voulez-vous dire ? demanda Hermione, le souffle coupé.
-Ne cherchez pas à savoir, répliqua Abelforth.
- Mais ce que vous affirmez est très grave ! insista Hermione. Vous voulez… Vous voulez parler de votre soeur ?
Abelforth lui lança un regard mauvais. Ses lèvres remuèrent comme s'il mâchait les mots qu'il s'efforçait de retenir. Enfin, il explosa :
- Lorsque ma soeur avait six ans, elle a été attaquée, agressée, par trois Moldus. Ils l'avaient vue pratiquer la magie en l'épiant à travers la haie du jardin. C'était une enfant, elle n'arrivait pas à contrôler ses pouvoirs, aucun sorcier ne le peut, à cet âge. J'imagine que ce qu'ils avaient vu les avait effrayés. Ils se sont introduits dans le jardin à travers la haie et comme elle était incapable de leur montrer le « truc » qui permettait d'en faire autant, ils se sont un peu emportés en voulant empêcher le petit monstre de recommencer.
À la lueur des flammes, les yeux d'Hermione paraissaient immenses. Ron semblait pris de nausée. Abelforth se leva, aussi grand qu'Albus, soudain terrible dans sa colère et l'intensité de sa douleur.
-Ce qu'ils lui ont infligé l'a détruite. Elle n'a plus jamais été la même. Elle ne voulait plus entendre parler de magie mais elle ne parvenait pas à s'en débarrasser. Alors, la magie, enfermée à l'intérieur, l'a rendue folle, elle explosait hors d'elle quand elle n'arrivait pas à la contrôler, et parfois elle se montrait étrange, dangereuse même. Mais la plupart du temps, elle était douce, craintive, inoffensive.
« Mon père s'en est pris aux voyous qui avaient fait cela, poursuivit Abelforth, il les a attaqués. C'est pour cette raison qu'on l'a enfermé à Azkaban. Il n'a jamais dit pourquoi il avait agi ainsi, parce que si le ministère avait su ce qu'était devenue Ariana, elle aurait été bouclée pour de bon à Ste Mangouste. Ils l'auraient considérée comme une menace grave pour le Code international du secret magique, instable comme elle l'était, avec toute cette magie qui jaillissait d'elle quand elle ne pouvait plus la retenir.
« Nous avons dû la garder dans le silence et l'isolement. Nous avons déménagé, nous avons prétendu qu'elle était malade et ma mère s'en est occupée, elle a essayé de la calmer, de la rendre heureuse.
« J'étais son préféré, ajouta-t-il, et quand il prononça ces mots, on aurait dit qu'un petit garçon crasseux venait d'apparaître derrière les rides et la barbe en broussaille d'Abelforth. Ce n'était pas Albus qu'Ariana aimait le mieux. Lui, quand il était à la maison, il restait toujours là haut dans sa chambre, à lire des livres et à compter ses récompenses, à entretenir sa correspondance avec « les personnalités magiques les plus remarquables de son temps ».
Abelforth ricana.
- Il ne voulait pas qu'on l'embête avec sa soeur.
C'était moi qu'elle préférait. J'arrivais à la faire manger lorsqu'elle refusait d'avaler quoi que ce soit avec ma mère, je parvenais à la calmer quand elle était prise d'un de ses accès de rage, et quand elle se tenait tranquille, elle m'aidait à nourrir les chèvres.
« Puis, quand elle a eu quatorze ans… Je n'étais pas à la maison, vous comprenez, continua Abelforth. Si j'avais été là, j'aurais pu la calmer. Elle a eu une de ses crises de fureur et ma mère n'était plus si jeune, alors… il y a eu un accident. Ariana n'a pas pu se contrôler. Et ma mère a été tuée.
- Et donc, Albus a dû renoncer à son voyage autour du monde avec le petit Doge. Tous les deux sont venus à la maison pour assister aux funérailles de ma mère, puis Doge est parti tout seul et Albus a pris la place de chef de famille. Ha ! Ha !
Abelforth cracha dans les flammes.
- J'aurais été d'accord pour m'occuper d'elle, je le lui ai dit, je me fichais bien de l'école, je serais volontiers resté à la maison pour m'en charger. Mais il m'a répondu que je devais finir mes études et que ce serait lui qui remplacerait ma mère. C'était une dégringolade pour Mr Fort-en-Thème, on ne reçoit pas de prix ou de récompenses pour avoir pris soin d'une soeur à moitié folle en l'empêchant de faire sauter la maison tous les deux jours. Mais il s'en est bien sorti pendant quelques semaines… jusqu'à ce qu'il arrive.
Une expression ouvertement menaçante apparut sur le visage d'Abelforth.
-Grindelwald. Enfin, mon frère avait un égal à qui parler, quelqu'un d'aussi brillant, d'aussi talentueux que lui. S'occuper d'Ariana devint alors très secondaire, pendant qu'ils mijotaient leurs plans pour établir un ordre nouveau chez les sorciers, et chercher les reliques ou faire je ne sais quoi encore qui les intéressait tant. De grands projets qui devaient bénéficier à toute la communauté magique, et si on négligeait de prendre soin d'une fillette, quelle importance, puisque Albus travaillait pour le plus grand bien ?
« Mais au bout de quelques semaines, j'en ai eu assez, vraiment assez. Le moment était presque venu pour moi de retourner à Poudlard, alors je leur ai dit, à tous les deux, face à face, comme je vous parle en ce moment, je lui ai dit : « Il vaudrait mieux que tu laisses tomber, maintenant. Je ne sais pas où tu as l'intention d'aller, mais on ne peut pas la déplacer, elle n'est pas en état, tu ne peux pas l'emmener avec toi pendant que tu passeras ton temps à prononcer de beaux discours en essayant de rassembler des partisans. » Ça ne lui a pas plu, poursuivit Abelforth, et ses yeux furent brièvement occultés par le reflet des flammes sur les verres de ses lunettes qui brillèrent à nouveau d'un éclat blanc, aveugle. Grindelwald n'a pas du tout aimé. Il s'est mis en colère. Il m'a dit que j'étais un petit imbécile qui essayait de leur faire obstacle à lui et à mon frère si brillant… Ne comprenais-je donc pas que ma pauvre soeur n'aurait plus besoin de rester cachée lorsqu'ils auraient changé le monde, permis aux sorciers de sortir de la clandestinité et appris aux
Moldus à demeurer à leur place ?
« Il y a eu une dispute… J'ai sorti ma baguette, il a sorti la sienne et le sortilège Doloris m'a été jeté par le meilleur ami de mon propre frère… Albus essayait de l'arrêter et nous nous sommes affrontés tous les trois. Les éclairs de lumière, les détonations ont provoqué une crise, elle ne pouvait plus le supporter…
Le visage d'Abelforth pâlissait à vue d'oeil, comme s'il avait subi une blessure mortelle.
- Je crois qu'elle a voulu aider mais elle ne savait pas vraiment ce qu'elle faisait et j'ignore qui de nous trois était responsable, ce pouvait être n'importe lequel d'entre nous… En tout cas, elle était morte.
Sa voix se brisa en prononçant ces derniers mots et il se laissa tomber dans le fauteuil le plus proche. Les joues d'Hermione étaient humides de larmes et Ron était presque aussi blafard qu'Abelforth. Harry, lui n'avait l'air que ressentir du dégout.
- Je suis… Je suis navrée, murmura Hermione.
-Partie, murmura Abelforth d'une voix rauque. Partie pour toujours.
Il s'essuya le nez d'un revers de manche et s'éclaircit la gorge.
- Évidemment, Grindelwald a tout de suite filé.
Il avait déjà un dossier, dans son propre pays, et il ne voulait pas qu'on ajoute la mort d'Ariana à la liste de ses méfaits. Quant à Albus, n'était-il pas libre, désormais ? Libre du fardeau que représentait sa soeur, libre de devenir le plus grand sorcier de…
- Il n'a jamais été libre, l'interrompit Harry.
) Je vous demande pardon ? dit Abelforth.
- Jamais, répéta Harry. Le soir où votre frère est mort, il a bu une potion qui lui a fait perdre la tête. Il s'est mis à crier, à supplier quelqu'un qui n'était pas là. « Il ne faut pas leur faire de mal, par pitié… C'est à moi qu'il faut faire du mal. »
Ron et Hermione regardaient fixement Harry. Il n'avait jamais raconté les détails de ce qui s'était passé sur l'île. Hermione écouta son ami, le souffle coupé.
- Il se croyait de retour là-bas, avec vous et Grindelwald, je le sais, poursuivit Harry qui se rappelait Dumbledore gémissant, suppliant. Il croyait voir Grindelwald en train de vous faire du mal, à vous et à Ariana… Pour lui, c'était une torture, si vous l'aviez vu à ce moment-là, vous ne diriez pas qu'il était libre.
Abelforth avait l'air perdu dans la contemplation de ses mains noueuses aux veines saillantes. Après un long silence, il répondit :
-Comment peux-tu être sûr, Potter, que mon frère n'était pas plus intéressé par « le plus grand bien » que par toi ? Comment peux-tu être sûr que tu n'es pas une quantité négligeable qu'on peut laisser tuer, comme ma petite soeur ?
Hermione sentit une bouffée de colère monter en elle. Elle ne croyait pas à tout ce que prétendait Alberforth ! Cependant, elle voyait que ses paroles semaient le doute dans l'esprit de Harry et elle décida d'intervenir :
- Je n'y crois pas. Dumbledore aimait Harry, assura Hermione.
-Pourquoi ne lui a-t-il pas conseillé de se cacher, dans ce cas ? rétorqua Abelforth. Pourquoi ne lui a-t-il pas dit : « Prends soin de toi, voici comment survivre ? »
- Parce que, répliqua Harry avant qu'Hermione ait pu répondre, parfois il faut penser à autre chose qu'à sa propre sécurité ! Parfois, il faut penser au plus grand bien ! Nous sommes en guerre !
-Tu as dix-sept ans, mon garçon !
- Je suis majeur et je vais continuer à me battre même si vous, vous avez abandonné !
- Qui te dit que j'ai abandonné ?
- « L'Ordre du Phénix est fini, répéta Harry. Vous-Savez-Qui a gagné, c'est terminé, et tous ceux qui prétendent le contraire se font des illusions. »
- Même si ça ne me plaît pas, c'est la vérité !
- Non, répondit Harry. Votre frère savait comment venir à bout de Vous-Savez-Qui et il m'a transmis ce savoir. Je continuerai jusqu'à ce que je réussisse… ou que je meure. Ne croyez pas que j'ignore comment les choses pourraient finir. Je le sais depuis des années.
Abelforth se contenta d'afficher une mine renfrognée.
- Nous devons entrer à Poudlard, répéta Harry. Si vous ne pouvez rien pour nous, nous attendrons l'aube, nous vous laisserons tranquille et nous essayerons nous-mêmes de trouver un moyen. Mais si vous pouvez nous aider… ce serait le moment de nous le faire savoir.
Abelforth resta figé dans son fauteuil, fixant Harry de ses yeux si extraordinairement semblables à ceux de son frère. Enfin, il s'éclaircit la gorge, se leva, contourna la petite table et s'approcha du portrait d'Ariana.
- Tu sais ce que tu dois faire, dit-il.
Elle sourit, tourna les talons et s'en alla, non pas à la manière habituelle des portraits, en sortant du cadre, mais en suivant ce qui semblait être un long tunnel peint derrière elle. Ils regardèrent sa mince silhouette s'éloigner jusqu'à ce qu'elle disparaisse, engloutie par l'obscurité.
- Heu… Qu'est-ce que… ? commença Ron.
- Il n'y a plus qu'un seul moyen d'entrer, maintenant, l'interrompit Abelforth. Il faut que vous le sachiez : d'après mes sources, tous les passages secrets sont surveillés à chaque extrémité, des Détraqueurs sont postés tout autour des murs d'enceinte, des patrouilles font régulièrement des rondes dans le château. Jamais l'endroit n'a été aussi bien gardé. Comment espérez-vous tenter quoi que ce soit quand vous serez à l'intérieur, avec Rogue comme directeur et les Carrow comme adjoints… mais ça, c'est votre affaire, n'est-ce pas ? Tu as dit que tu étais prêt à mourir.
- Qu'est-ce que… ? balbutia Hermione qui fronçait les sourcils en regardant le tableau d'Ariana.
Un minuscule point blanc était réapparu tout au bout du couloir peint. Ariana revenait vers eux, sa silhouette grandissant à mesure qu'elle approchait. Mais à présent, quelqu'un d'autre l'accompagnait, quelqu'un de plus grand qu'elle, qui marchait en boitant, l'air surexcité. Harry ne lui avait jamais vu des cheveux aussi longs. Des entailles barraient son visage et ses vêtements étaient troués, déchirés. Les deux silhouettes continuèrent de grandir jusqu'à remplir le tableau de la tête et des épaules. Puis le cadre pivota sur le mur à la manière d'une petite porte qui révéla l'entrée d'un tunnel, un vrai cette fois. Grimpant à travers l'ouverture, les cheveux trop longs, le visage tailladé, sa robe lacérée, Neville Londubat en personne poussa un rugissement de joie, sauta du manteau de la cheminée et s'écria :
- Je savais que tu viendrais ! Je le savais, Harry !
