Chapitre 1 : A une nouvelle ère

PROCES MALEFOY :

UNE FAMILLE DECHUE

A l'heure où ces lignes sont rédigées, la date exacte du procès le plus attendu de l'année est encore à ce jour, ignorée. Toutes fois, selon plusieurs sources de notre illustre correspondance, Rita Skeeter-chargée exclusivement de la retranscription de chaque procès des dits « Mangemorts »-nous confirme que l'ouverture de l'audience pourrait débuter pour la fin du mois de septembre. Rappelons à nos lecteurs qui l'ignorent encore que la famille Malefoy est, depuis la chute de Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcé le nom, accusée de haute trahison envers le régime actuel et soupçonné d'avoir été intimement lié au règne de ce dernier.

Selon les déclarations des « Mangemorts » récemment arrêtés, Lucius Malefoy aurait été un des plus fidèles serviteurs du Seigneur des Ténèbres, dont son manoir servait fréquemment de quartier général. Rappelons également que sa femme, Narcissa Malefoy était l'une des sœurs de Bellatrix Lestrange, renommée pour ses innombrables crimes dont principalement, la torture des Aurors, Londubat. De plus, selon plusieurs témoignages qui garderont l'anonymat, leur fils unique, Drago Malefoy, serait de façon obscure, lié à l'assassinat d'Albus Dumbledore.

« Je n'ai rien à déclaré, lança Lucius Malefoy à notre bienveillante correspondante, si ce n'est que ma seule préoccupation à toujours été, et restera la sauvegarde de notre communauté magique. » Accablé, la mine défaite, le sorcier qui était autrefois un membre si respecté du ministère doit faire face, aujourd'hui au déshonneur d'une famille déchue.

Dans l'attente de leur procès, notre premier ministre actuel, Kingsley Shacklebolt, déclare que les trois Malefoy resteront incarcérés dans les cachots de l'école Poudlard, qui servent temporairement de prison depuis la fermeture d'Azkaban, jusqu'à ce qu'un jugement soit prononcé par la cours de justice magique. Pour plus de détails concernant les actes d'inculpation de la famille Malefoy, voir la page 6 de cette édition. Restez informé sur la suite des événements à venir et ne manquer pas d'acheter le nouvel ouvrage de Rita Skeeter, disponible dès à présent chez votre librairie Fleury&Bott : Ces Mangemorts qui vivaient parmi nous.

D'un geste lent, Hermione ferma la page de la Gazette du sorcier et la jeta dans la corbeille à papier qui se trouvait dans l'ancienne chambre de Percy Weasley. Poussant un soupir, elle s'assit sur le lit et repensa, le cœur serré aux derniers événements qui étaient survenus après la chute de Lord Voldemort.

Depuis cette fameuse nuit, le monde des sorciers n'étaient plus le même que celui qu'ils avaient connus autrefois. Ils étaient à l'aube d'un monde nouveau où sorciers et sorcières réclamaient une justice pour tous ceux qui avait perdu un être cher durant la guerre. Dès lors, une chasse à l'homme des Mangemorts qui avaient réussi à s'échapper s'était mise en place au lendemain de la bataille de Poudlard. Les Aurors patrouillaient sans relâche dans toute l'Angleterre, recherchant avec acharnement chaque sorciers et sorcières qui s'étaient rangés aux côtés de Voldemort. Partout où ils mettaient les pieds, de nouvelles affiches du Ministère placardées contre les façades des boutiques représentant les Mangemorts en fuite suivaient leur pas des yeux.

Tous les jours, il était question d'arrestations de toute sorte : Rafleur en fuite, membre du Ministère – dont Ombrage pour le plus grand contentement de Harry, Ron et Hermione- collaborant favorablement à l'ancien régime, sorciers agissant, soit disant, sous le sortilège de l'Imperium… et bien d'autres encore. Plusieurs procès avaient déjà eu lieu et leur jugement était sans pitié. Ainsi, Alecto et Amycus Carrow seront bientôt condamné à passer le restant de leur vie derrière les barreaux, tous les Rafleurs capturés étaient banni de la communauté des sorciers d'Angleterre, sous peine d'emprisonnement à vie. La foule hurlait au baiser du Détraqueur, mais Kingsley restait ferme sur ses positions : le Ministère ne s'alliera jamais plus à ces créatures des Ténèbres. Dès que la prison d'Azkaban sera restaurée, des mesures de sécurités supplémentaires seront installées tout autour de l'île. Une nouvelle ère était sur le point de commencer.

Chaque matin, Hermione ne manquait pas de se tenir aux nouvelles et elle se hâtait de réceptionner le hibou de la Gazette du sorcier pour suivre le déroulement des différents procès qui s'apprêtaient de commencer, de son procès à lui. Elle ne savait toujours pas si elle se sentait capable d'assister à l'audience mais de toute évidence, elle n'avait pas d'autres choix si elle ne voulait pas attirer les soupçons sur elle. Harry sera, sans nul doute, appelé à comparaître… Ron et elle également, comme pour la plupart des procès auxquels ils avaient déjà assistés. C'était inévitable, elle ne pourrait y échapper.

Durant un certain temps, elle fut tentée de s'enfuir rejoindre ses parents en Australie pour leur restituer leurs souvenirs. L'idée de les retrouver lui remplissait le cœur de joie après cette longue et pénible année sans nouvelle. Cependant, comme le soulignaient Harry et Ron lorsqu'elle leur avait fait part de son envie, elle ne pouvait quitter le pays à cette période où ils devaient remplir leur devoir de citoyen. Inévitablement, Hermione se préparait à affronter à nouveau son regard, depuis son arrestation.

Elle n'oubliera jamais cet instant, alors qu'ils se trouvaient dans la grande salle au lendemain de la bataille de Poudlard. Accompagnée de Harry, Ron et Ginny, ils s'occupaient des blessés installés provisoirement sur des lits de camp quand une horde de sorciers du Ministère surgit par les portes majestueuses de la grande salle, et se dirigea vers Drago et ses parents. Toutes les têtes s'étaient tournées vers eux, l'ambiance semblait s'être figée. Bientôt, un cercle s'était rassemblé autour de la famille Malefoy qui regardait, sans surprise, les membres de la brigade magique s'arrêter devant eux.

-Lucius, Narcissa et Drago Malefoy, vous êtes arrêtés pour collaboration et haute trahison envers la communauté magique. Vous avez le droit de garder le silence jusqu'à votre interrogatoire où vous serez ensuite soumis à une audience devant la justice magique. Veuillez me suivre.

Comme si ils s'y attendaient, les Malefoy se regardèrent l'un l'autre, la tête haute puis emboitèrent le pas aux membres du Ministère. Hermione échangea un regard rempli d'inquiétude avec Ginny et suivit des yeux Drago qui se faisait escorter par la brigade magique. Elle sentit son cœur se serrer car elle savait, au fond d'elle-même, qu'elle ne pouvait pas le sauver, cette fois. Comme s'il avait entendu ses pensées, elle vit Drago tourner la tête dans sa direction et échanger un long regard muet. Elle retenait son souffle tant l'intensité de ses yeux gris était saisissante. Leur regard continuait de se croiser jusqu'à ce qu'il détourna la tête en suivant ses parents se faire escorter avant de sortir de la grande salle. Instinctivement, Hermione fit un pas en avant pour le suivre mais Ginny la retint par le bras. Elle lui lança un regard signifiant « ne fais pas ça » et Hermione s'arrêta net, le cœur brisé.

Elle baisa les yeux et refoula de toutes ses forces les larmes qui commençaient à lui monter aux yeux. Elle ne l'avait plus revu depuis ce jour.

Le mois de juillet défilait à toute allure, apportant avec lui une vague de chaleur étouffante comme jamais ils n'en avait connu de semblable. Depuis que les Détraqueurs avaient déserté le pays, plus une seule journée brumeuse ne vint envahir l'Angleterre. Chaque journée brillait d'un soleil éclatant et les nuits n'avait jamais autant été parsemée d'étoiles scintillantes. Chaque soir, avant de s'endormir, Hermione passait plusieurs minutes à contempler la vue qui s'étendait du Terrier jusqu'à cette colline où se dresser à son pieds, la vieille maisonnette abandonnée.

Le jour des dix-huit ans de Harry, il régnait une atmosphère fébrile de festivité et une ambiance chaleureuse envahissait le Terrier, pour la première fois depuis de longues semaines. La perte de Fred, Lupin et Tonks, plongeait la maison dans le chagrin et un silence de mort qui semblait flotter autour de chaque membre de la famille. Les repas étaient longs et silencieux, personne n'osant prononcer un mot. Ils échangeaient à peine quelques banalités sur l'actualité des procès ou de la vie au Ministère mais leurs conversations s'arrêtaient là. Personne n'osait plus regarder en direction de Mrs Weasley qui semblait avoir perdu une dizaine de kilos. Son visage si d'ordinaire bienveillant et rayonnant était sans cesse grave et meurtri. Ses yeux avaient perdu de tout leur éclat pour devenir à présent deux petites fentes bouffies par les larmes et le chagrin. George, qui avait renoncé à vivre dans leur ancien appartement sur le chemin de Traverse était revenu au Terrier. Désormais, Il n'était plus question de blagues, ni de farces et attrapes, comme si cette passion avait disparut avec son frère jumeau. Quand ils étaient tous ensemble le soir, profitant dans la petite cour de la chaleur des nuits d'été, il discutait normalement avec ses frères et sœurs mais toute la malice de sa voix et son humeur facétieuse avait disparus.

Hermione décida de quitter sa chambre et de descendre donner un coup de main à Ginny pour préparer la fête de ce soir. Elle promettait d'être grandiose. Pour les remercier de leur courage, ils avaient convié tous les combattants de la bataille de Poudlard. Ainsi, une centaine d'invités étaient attendu sous la tente qui avait servi au mariage de Bill et Fleur un an plus tôt. Quand elle arriva dans la cuisine, elle vit Mrs Weasley s'éponger les yeux tandis qu'elle préparait des mises en bouche pour la fête. Les petits canapés voletaient en tous les sens et commençaient à s'entremêler entre eux.

-Stop ! Stop ! Couina la petite voix aigue de Mrs Weasley en tapotant avec sa baguette.

Les mises en bouche s'arrêtèrent net et se posa, non sans délicatesse sur le plateau où la plupart d'entre eux s'écrasèrent dans un splash ! sonore.

-Oh non, non, fit-elle à bout de nerf.

-Laissez-moi faire, Mrs Weasley, intervint Hermione en prenant de ses mains tremblantes sa baguette magique.

Elle conduit Mrs Weasley jusqu'à une chaise de la cuisine où celle-ci s'installa.

-Que dois-tu penser de moi Hermione… dit-elle entre deux sanglots, mmm..mêm…même plus capable de confectionner des petits canapés…

-Ne dites pas de bêtises ! Je ne penserai jamais une telle chose !

-Tu es si… si gentille. Je suis tellement heureuse pour toi et Ron, ajouta-t-elle en s'essuyant les yeux.

Hermione ne répondit pas, préférant garder le silence à ce sujet. Depuis le lendemain de leurs baisers à Poudlard, tout le monde était au courant que Ron était devenu « le petit ami d'Hermione ». Les événements avaient pris une telle envergure devant l'enthousiasme de Ron et de ses amis qu'elle n'avait osé éclaircir la situation. Alors qu'un silence gênant commençait à s'installer entre les deux femmes, des bruits de pas descendant les escaliers retentirent et Ginny apparût aux pieds des marches.

-Ginny ! S'exclama Hermione, profitant de ce moment pour s'éclipser. Je te cherchais pour accrocher la banderole dans le jardin.

Ginny jeta un rapide coup d'œil inquiet vers sa mère et comprit qu'il était préférable de la laisser seule.

-Bien sûre, je te suis.

Elles sortirent rapidement de la cuisine et s'avancèrent vers l'immense tente que Mr Weasley, George, Bill et Percy finirent de monter à l'aide de leur baguette.

-Attention les filles ! S'exclama Bill en effectuant un dernier geste.

Elles évitèrent de justesse le piquet qui, à ce moment précis, vint se planter dans le sol du jardin. Lorsque la tente fut installée, Hermione et Ginny s'occupa d'ensorceler la banderole d'anniversaire de Harry tandis que les autres membres de la famille Weasley se hâtait de disposer les petites tables rondes. Dans quelques heures, Harry reviendra du chemin de Traverse en compagnie de Ron, ne se doutant pas qu'une fête avait été organisée en son honneur. Pendant qu'elles s'effectuaient à leur tâche, les deux jeunes filles s'enthousiasmaient de l'instant où tout le monde s'écrira: SURPRISE ! quand Harry arrivera.

-Pour une fois, dit Ginny en suspendant la banderole devant l'entrée, je dois admettre que l'idée de Ron était brillante !

-Il me surprend de jour en jour, commenta Hermione un sourire aux lèvres.

-Les gens vont finir par penser que tu déteins sur lui, s'esclaffa Ginny.

Le sourire d'Hermione disparût aussitôt et elle se concentra sur son sortilège de lévitation. Lorsqu'elles sortirent de la tente pour porter secours à Mrs Weasley dans la préparation du gâteau d'anniversaire, Hermione sentit le regard soupçonneux de Ginny sur elle. A voix basse, son amie lui demanda :

-Que se passe-t-il Hermione ? Tu sembles pensives…

-Il n'y a rien Ginny, répondit-elle d'une voix précipitée, tout va bien.

Elle tenta de lui lancer un sourire convaincant mais elle n'était pas certaine d'y être parvenue. Ginny ne répondit plus et elles passèrent le restant de l'après-midi à aider Mrs Weasley. Bientôt, les invités commencèrent à arriver. Ils retrouvèrent leurs anciens camarades d'école : Neuville Londubat qui était évidemment accompagné de sa grand-mère, portant son habituel chapeau de vautour empaillé et son étole de renard, malgré la chaleur étouffante de cette fin d'après-midi. Seamus et Dean arrivèrent juste après, suivit de Luna, accompagnée de Mr Ollivander.

-Salut ! Fit-elle à l'intention de Ginny et Hermione.

-Salut Luna, répondirent-elles en chœur. C'est pour Harry ? Demanda Ginny en voyant les Ravegourdes qu'elle portait dans ses bras.

-Ah ça, fit-elle d'un air rêveur, il m'en restait plusieurs à la maison je les ai cueillies pour le retour de papa.

Hermione et Ginny lui rendirent un grand sourire. Il y a une semaine à peine, Mr Lovegood avait été innocenté à son procès, principalement grâce au témoignage de Harry, Ron et Hermione.

-Oh ! Je vois Neville avec sa grand-mère, fit-elle les yeux exorbités en pointant du doigt. Excusez-moi.

Elle s'avança vers son ami et laissa les deux jeunes filles accueillir les restes des invités. Hermione salua chaleureusement Hagrid et l'invita à se cacher derrière la tente qui n'était pas assez haute pour sa taille. Elle rencontra également ses anciens professeurs de Poudlard ainsi que Firenze, le centaure qui avait accepté de retourner dans la forêt dans laquelle il était désormais le bienvenu. Kingsley Shacklebolt, leur nouveau premier Ministre arriva en compagnie des membres de l'Ordre du Phoenix qu'il restait. Avec une déchirure au cœur, Hermione eut une pensée pour Fol Œil, Tonks et Lupin qui n'étaient plus parmi eux. Enfin, dix minutes avant que Harry et Ron n'arrivent, la mère de Tonks arriva, portant le petit Ted dans ses bras. Avec amusement, Ginny et Hermione chatouilla le filleul de Harry dont ses cheveux violet changèrent de couleur et devinrent orange vif. De manière frappante, on aurait dit un cousin éloigné à Ron. Tout le monde était réuni sous la tente, attendant avec impatience l'arrivée de Harry, leur héros. Les conversations entre les invités résonnaient, des rires et éclats de joie retentissait et tout le monde affichait un sourire radieux. Enfin, après plusieurs minutes de patience, le Patronus de Ron se matérialisa au milieu de la pièce.

-Nous sommes en chemin, disait la voix de son terrier avant de disparaître.

Tout le monde poussa des cris d'excitation :

-Taisez-vous ! Ils arrivent bientôt bougred'âne ! S'écria la voix grave d'Abelforth.

-Chuuuuut ! Silence !

Tous se turent et attendirent impatiemment l'arrivée de Harry. Il régnait sous la tente une atmosphère fébrile tant la tension était palpable. Hermione sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine, l'excitation lui fourmiller l'estomac quand elle vit une main ouvrir la toile de la tente pour laisser passer son ami qui les regardait d'un air surpris.

-SURPRIIIIIIIIISEEEEEEEE ! Crièrent l'assemblée en jetant de leur baguette magique des éclairs de lumière rouge.

Au même moment, la banderole de Ginny et Hermione s'illumina et laissa apparaître les mots suivants :

Joyeux anniversaire à Harry Potter,

le garçon qui a survécu !

Des étoiles jaillirent et explosèrent le long de la banderole avant de s'envoler et de parcourir toute la pièce. Hermione se jeta dans ses bras et l'embrassa sur la joue. Ron lui donnait des tapes enthousiasmes sur le dos avant que Ginny l'attira vers lui pour l'embrasser fougueusement. Tout le monde s'avançait vers lui tandis qu'il gardait cette expression ébahie sur son visage.

Alors… fit-il d'une voix qui réalisait à peine ce qu'il venait de voir, vous aviez tout organisé !

Oui, s'écria Hermione avec un grand sourire aux lèvres, nous voulions te faire une belle surprise !

C'est très réussi, j'étais réellement persuadé que Ron cherchait une potion fortifiante pour ses ongles de pieds sur le chemin de Traverse !

Les oreilles de Ron devinrent aussitôt rouges vives alors que Ginny, Harry et Hermione éclatèrent de rire. Ils n'eurent pas beaucoup l'occasion de discuter tous les quatre ce soir-là. La présence de Harry était tellement sollicitée chez tous les invités qu'il passait la plus grande partie de son temps à saluer tout le monde, boire un verre en leur compagnie ou danser avec la petite sœur de Fleur qui cherchait sans cesse à rester près de lui, pour le plus grand agacement de Ginny. Alors que Mrs Weasley faisait passer sur des plateaux ensorcelés les petits canapés, Hermione discutait vivement avec Ginny et Luna. Ron, un peu plus loin, s'était lancé une nouvelle fois dans le récit de leur aventure avec Seamus, Dean et Neville :

-Alors, l'entendirent-elles s'écrier d'une voix un peu trop enjouée par le Whisky pur feu, ce saleté de petit gobelin nous avait volé sous nos yeux l'épée de Gryffondor au moment nous avions enfin trouvé la coupe de Poufsouffle !

-Je ne l'aurai jamais cru capable d'un tel acte ! S'exclama Dean qui avait bien connu Gripsec. C'est vrai que je ne le portais pas dans mon cœur… mais tout de même…

En souriant, Hermione reporta son attention vers ses amis qui gloussèrent à leur tour.

-Je pense que d'ici dix ans, fit Hermione en s'esclaffant, il cessera enfin de vanter nos aventures.

-C'est encore pire depuis qu'il a appris que vous auriez bientôt une carte de Chocogrenouille à votre effigie, ajouta Ginny.

-Vous êtes au courant qu'à l'arrière de chaque carte Chocogrenouille figure des runes codées représentant les coordonnées des lieux où pourrait se trouver le Ronflak Cornu.

Hermione et Ginny évitèrent soigneusement de se regarder, se forçant de ne pas éclater de rire devant le visage sérieux de Luna. Pour s'abstenir de toute réponse, elle bu une gorgée de champagne et sursauta quand on lui tapota l'épaule. Elle se retourna et s'écria en reconnaissant le nouvel invité :

-Viktor ! Comme je suis heureuse que tu aies pu venir !

-Moi aussi je suis heurrrreux de te voirrrrrr, Herrrrmioone.

Ils se saluèrent chaleureusement et Krum entraîna Hermione plus à l'écart pour discuter.

-Je n'aurrrrai pu manquer pour rrrien au monde l'anniverrsaire de Harrrry. Je viens d'aller le saluer il semblait trrrès surrprrris de la fête.

-Oui, l'effet est plutôt réussit, répondit Hermione en lui souriant à pleine dents.

Elle était très heureuse de revoir son ami. Le souvenir du mariage de Bill et Fleur lui revint en tête. Cette époque lui semblait soudain si lointaine, presque irréelle.

-J'ai l'imprression que ton ami n'est toujourrrs pas aussi heurrrreux de me voirrrrr, fit Krum en désignant d'un coup de tête Ron, qui les observait d'un œil noir.

-Ne t'en fait pas pour lui, il s'en remettra.

-Il a toujourrrrrs l'airrr de t'aimer, observa Viktor.

-C'est assez… compliqué.

-Rien n'est jamais simple avec toi, taquina Viktor, un sourire charmeur aux lèvres. Tu m'accorrrrrdes une danse ? En souvenir du bon vieux temps, fit-il alors que l'orchestre s'était remis à jouer de la musique.

Sans aucun remord, elle accepta la main de Viktor et se laissa entraîner sur la piste de danse. Malgré elle, elle ne pu s'empêcher de penser que la dernière fois qu'elle avait dansé avec un garçon, c'était Drago durant cette nuit inoubliable à Tottenham Court Road. Devant son air préoccupé, Krum fit pivoter Hermione sur elle-même avant de la ramener vers lui. Elle éclata de rire et commença à se détendre.

-Je te trrrouve trrrrès ravissante dans cette rrrobe bleue, Herrrrmioone.

-Heu… merci Viktor, répondit-elle en rougissant. Comment se passe le Quidditch ?

-Trrrès bien, nous avons de bonne chance de rrrremporrter le championnat de cette saison.

-C'est formidable !

-Tu peux venirrrrr me voirrrr si tu veux, je t'enverrrrais des places à Harrrry et Rrron s'ils le veulent.

-C'est très gentil de ta part, fit Hermione touchée, mais je crains qu'il ne soit pas possible pour nous de quitter le pays en ce moment… avec tous ces procès auxquels nous devons assister.

-Je comprrrrends, tu voudrrrras surrrment assister à celui de Drrrago Malefoy.

Hermione s'arrêta net, comme si elle reçut une décharge électrique.

-Alors, tu as compris qu'il s'agissait de lui, murmura timidement Hermione en reprenant sa danse avec Viktor.

Rapidement, elle parcouru des yeux les invités qui se trouvaient à proximité d'eux, de crainte d'être entendue.

-Il n'y avait pas que Rrrron qui nous regarrrrdait danser toute la soirrrréee au bal de Noel, expliqua-t-il. Depuis ce jourrrr, Drrrrago Malefoy s'est montrrrré moins chaleurreux à mon égaard.

Elle ne pu retenir un léger sourire sur ses lèvres. Elle se souvint, cette soirée-là, avoir sentit plusieurs fois le regard du Serpentard sur elle.

-Oui… répondit-elle d'une voix aigue, j'assisterai certainement à son procès. Mais j'ai… peu d'espoir. Même si Harry intervint en sa faveur, les charges retenues contre lui et sa famille sont trop lourdes…

-Ne perrrds pas espoirrr, Herrrmioone. Harrry détient le Ministèrrre anglais dans sa poche, ils l'écouterrront. Aprrrès tout, il est l'Elu.

Hermione regarda son ami droit dans les yeux et sourit. Viktor avait raison : il y aurait peut-être une chance pour Drago… les circonstances sont assez atténuantes : Voldemort lui faisait du chantage. C'était grâce à ce verdict que Xenophilius Lovegood avait été acquitté. Hermione était plongée dans sa pensée, réalisant pleinement les paroles de Viktor.

-Est-ce que tu l'as rrrrevu depuis ?

-Non, répondit Hermione en baissant les yeux, pas depuis le mois de juin… quand il s'est fait arrêté… Le lendemain de la bataille de Poudlard, nous avions discuté… j'ai préféré mettre un terme à notre relation. Les choses étaient devenues trop difficile. Il y a eu tellement de souffrance et de peine, Viktor. Tout est mieux à présent. J'espère simplement qu'il ne sera pas emprisonné à vie… s'inquiéta Hermione, les yeux brillants.

-Tu devrrrrais aller le voirrrrr.

-Oh Viktor, fit Hermione indécise, je ne sais pas si c'est une bonne idée…

-Pourrrrquoi le serrrrait-ce ? Mais il est clairrrrr que vous vous aimez prrrrofondement, tu ne peux pas ignorrrrrer tes sentiments pour toujourrrrs.

Elle ne répondit pas, se pinçant les lèvres en observant Ron qui semblait bouder aux côtés de Dean et Seamus. Il est vrai que depuis le mois de juin, elle jouait la comédie. Elle s'efforçait de penser qu'elle ressentait plus que de l'amitié envers Ron, mais en vains. Son côté protecteur et rassurant l'apaisait beaucoup depuis qu'ils avaient passé toutes ses épreuves ensemble. Qui plus est, il venait de perdre son frère. Hermione se devait d'être présente pour lui et elle ne se sentait pas la force de lui briser le cœur en lui révélant que son baiser n'était pas sincère. Souvent, elle se persuada qu'elle finirait peut-être par l'aimer et à force de passer des moments intimes avec lui, il trouverait une réelle connexion.

Quelques fois, elle se surprit à le regarder de manière attendrissante, ne sachant s'il s'agissait réellement de sentiments amoureux ou amicaux. Elle se sentait tellement perdue ces derniers temps, sans personne à qui se confier.

Ron n'avait cessé de faire des sous entendu appuyer sur leur relation tout au long de l'été si bien que tout le monde était enthousiasme à l'idée qu'ils sortent ensemble. Durant la première semaine, elle avait essayé de mettre les choses au clair mais entre l'enterrement de Fred, Tonks et Lupin, ainsi que leur longue période de deuil, elle n'avait pu trouvé le moment opportun pour discuter de leur soit disant histoire d'amour. Aujourd'hui, elle se trouvait à nouveau embarqué dans une situation délicate dont elle ne voyait pas le moyen d'en sortir.

-Herrrrrmiooone, fit la voix lointaine de Krum, à quoi penses-tu ?

-A Drago, répondit-elle sans détour, il doit m'en vouloir de ne pas être passé le voir depuis tout ce temps…

-Je suis surrrre que ça lui donnerrra du courrrrage, répondit Viktor sagement en lui faisant son habituel baisemain.

Ce geste de galanterie avait toujours le don de la faire rougir, même après toutes ces années.

-A bientôt Herrrrmione.

Elle lui fit un signe de main et le regarda partir, l'air pensif. Leur conversation tournait en boucle dans son esprit. Krum croyait en l'amour sincère et tout comme l'année dernière, il était persuadé que tout finirait par s'arranger… Cependant, bien des événements étaient arrivés depuis l'année dernière, elle n'était plus la même personne à présent. Elle ne savait plus qui elle était véritablement… A cet instant, une main se posa sur ses épaules et elle sursauta.

Oh Ron ! Fit-elle en reprenant sa respiration, tu m'as fait peur !

-Alors, demanda-t-il d'un air grognon, que te voulait-il ?

-Oh rien, simplement discuté de ce qu'il s'est passé à Poudlard.

-Pourquoi ne le demande-t-il pas à Harry ?

-S'il arrive à lui parler, il se fait assiéger par tout le monde, je ne l'ai pas croisé de toute la soirée ! S'étonna Hermione.

Ron ne répondit pas, il gardait toujours cette expression renfrognée. Au même instant, l'orchestre se mit à jouer un nouveau morceau et Ron l'invita à danser. A contrecœur, elle accepta et elle se laissa guider par ses pas. Ce fut un moment très gênant pour elle, ne sachant pas très bien comment agir. Elle ne voulait pas lui donner d'illusions, bien qu'elle savait qu'il était déjà trop tard… elle sentit cette gêne lui monter aux joues lorsque ses mais se posèrent sur sa taille. Ses joues étaient en feu, elle avait l'impression d'être aussi raide qu'un nimbus 2001. Alors qu'elle gardait fixement les yeux rivés au dessus de l'épaule de Ron, elle sentit la chaleur de ses lèvres se rapprocher sur son visage. Sans réfléchir, elle s'exclama :

-Ron, ta mère nous regarde !

Il s'arrêta aussitôt et vit sa mère au loin, s'épongeant les yeux en discutant avec la grand-mère de Neville.

-Relaxe-toi, Hermione. Elle ne s'est même pas aperçue de notre présence.

-De toute façon, fit-elle en se dégageant de son étreinte, je suis fatiguée de danser, allons rejoindre Harry qu'en dis-tu ?

Ron haussa les épaules et suivit Hermione se faufiler à travers la foule d'inviter, cherchant son ami des yeux. Elle le trouva dans le fond de la tente, en train d'embrasser Ginny. Hermione toussa délicatement pour marquer leur présence car les deux amoureux ne semblaient pas s'apercevoir de leur arrivé. Elle remarqua que Ron continuait de lever les yeux au ciel, refusant de voir sa sœur cadette embrasser son meilleur ami.

-Ron ! S'exclama Ginny, il faudra t'habituer à me voir embrasser Harry !

-Je n'ai pas envie d'assister à cette scène merci ! Qu'est-ce que tu dirais si j'embrassais tout le temps Hermione sous tes yeux ?

-Pour ça il faudrait que vous vous embrassiez, plaisanta Ginny avec un grand sourire qui s'effaça aussitôt quand elle croisa le regard noir que lui lançait Hermione.

Harry et Ron semblaient avoir perçu le malaise qui s'était installé entre eux et heureusement, ils furent interrompu par l'arrivé du gâteau, lévité par Mr Weasley et Charlie. Les invités se mirent à chanter en chœur une chanson d'anniversaire.

Aujourd'hui, le gâteau ne représentait plus un énorme vif d'or comme lors de ses dix-sept ans, mais un gigantesque château représentant Poudlard, illuminant de tout son éclat. Une délicieuse crème en chocolat dessinait les murs de l'école et un massepain s'étendait tout le long du château, représentant l'immense parc de Poudlard. Même la cabane de Hagrid était fabriquée en pain d'épice. Le gâteau fut posé devant Harry qui souffla les bougies enchantées qui voletait tout autour du de l'édifice, semblables aux bougies de la grande salle.

Tout le monde applaudit avec joie et se servit une assiette du gâteau d'anniversaire. Bientôt, il ne restait plus que le premier étage de Poudlard sur le plateau en argent. Sous la tente, l'ambiance devint de plus en plus festive. Tous les invités allaient et venaient, discutant entre eux en riant aux éclats. Certains s'étaient même mis à chanter et la voix tonitruante de Hagrid commençaient à résonner de plus belle jusqu'à ce qu'on le prie de chanter moins fort pour ne pas effrayer les gnomes de jardin. Très vite, tout le monde réclama un discours de Harry. Du coin de l'œil, Hermione vit son ami devenir rouge écarlate et elle lui donna un coup de coude d'encouragement pour qu'il se lève. Toutes les têtes étaient tournées vers Harry qui semblait ne pas trop savoir quoi dire. Il s'éclaircit la gorge et dit :

-Et bien… heu… merci d'être venu ce soir. Heu… je ne m'attendais pas à faire un discours et je ne suis pas très doué pour ça, mais je remercie chaleureusement tout le monde d'être présent pour ce jour particulier.

« Car ce jour n'est pas seulement celui de mon anniversaire, c'est aussi le commencement d'une ère nouvelle, celui où la paix et la tolérance règneront dans le monde des sorciers. Alors je lève mon verre à tous ceux qui ont combattu à mes côtés, à tous ceux qui nous sont chers et qui devraient être là parmi nous. Je pense à Fred, Lupin, Tonks, Dobby, Sirius, Severus Rogue, Dumbledore et bien d'autres encore pour qui j'ai chaque jour une pensée. Construisons ensemble un monde meilleur en leur honneur pour que ce jour reste à tout jamais gravé dans nos mémoires. »

Il leva son verre et au même moment, toute la foule l'imita. Alors que les murmures des conversations reprirent de plus belle, un tintement de verre résonna à nouveau sous la tente. Toutes les têtes se tournèrent vers Bill Weasley qui s'était levé de sa chaise, sous le regard admiratif de Fleur.

-S'il vous plaît, fit-il en élevant la voix pour se faire entendre. Je profite de cet instant où nous sommes tous réunis, amis et famille, pour vous annoncer que Fleur et moi attendons un bébé.

Une explosion de joie retentit à l'annonce de cette merveilleuse nouvelle. Tout le monde se serra dans les bras, la famille Weasley était au comble du bonheur. Même le visage de Mrs Weasley s'illumina pour la première fois depuis des mois, des larmes de bonheur coulant le long de sa joue. Les frères de Bill vinrent le féliciter d'une tape dans le dos ou d'une étreinte chaleureuse. Ginny et Hermione s'empressèrent de féliciter Fleur.

-Je suis si heureuse pour vous deux, Fleur, fit Hermione un immense sourire aux lèvres. Vous méritez tellement ce bébé !

Fleur la regarda d'un air bienveillant, elles n'avaient pas besoin de mot pour se comprendre. Contre toute attente, elle serra chaleureusement Hermione dans ses bras et lui murmura à l'oreille :

-Merci, Ermione. Toi aussi tu trouveras le bonheur j'en suis certaine, ajouta-t-elle en la relâchant.

Au même moment, Fleur jeta un bref regard vers Ron qui se tenait à côté de son frère, heureux plus que jamais. Cette dernière remarque mis Hermione profondément mal à l'aise car elle avait laissé croire à Fleur que Ron était le père de son bébé. Attendait-elle à nouveau à ce qu'elle tombe enceinte de son beau-frère maintenant qu'ils « sortaient officiellement ensemble » aux yeux de tous. Elle essaya d'imaginer quelle serait la vie aux côtés de Ron s'ils étaient mariés avec des enfants. Cette image lui était tellement insensée… Malgré elle, c'était Drago qu'elle voyait à ses côtés, tenant leur bébé dans ses bras… Elle chassa aussitôt cette pensée, préférant dépasser ses illusions auxquels elle ne croyait plus désormais.

-C'est une belle victoire sur la vie, mes enfants ! S'écria Mr Weasley en enlaçant son fils et sa belle-fille.

-Mon garçon va avoir un… un… bébé ! Pleura à chaude larme Mrs Weasley en dégageant d'un geste brusque son mari pour mieux étreindre son fils.

C'était une soirée comme jamais ils n'en avaient vécu de plus joyeuse depuis des années. Vers minuit, George avait même commencé à sortir d'anciennes boites à flemme qu'il avait transformée en un magnifique feu d'artifices. Tout le monde chantait d'un air joyeux et fêtèrent le commencement d'une ère nouvelle.