Chapitre 5 : la convocation

Le lendemain matin, les quatre amis se levèrent aux premières lueurs du soleil et se hâtèrent de se mettre en route pour Poudlard. Rapidement, après avoir avalé leur petit déjeuner, ils transplanèrent vers la gare de pré-au-lard puis se dirigèrent d'un pas pressé vers le château qui à l'horizon, paraissait encore endormi. Le temps était maussade et une petite pluie annonciatrice de l'automne giflait leurs visages. Enfin, ils arrivèrent à la hauteur des grilles de l'école déjà ouvertes pour accueillir les visiteurs. Comme à leur habitude, ils passèrent devant la cabane de Hagrid dont les rideaux étaient tirés depuis son départ pour la France où il était parti rejoindre Mrs Maxime. Tous les trois avaient si hâte de revoir leur grand ami autour d'une grosse tasse de thé bouillante et de ses habituels biscuits durs comme des rochers.

Ils continuèrent de traverser le parc d'un pas pressé avant d'arriver devant la grande porte d'entrée du château. Aujourd'hui, le hall était désert, excepté le petit groupe habituel composé de Neville, Luna, Ernie Macmillan, Dean Thomas et Seamus Finnigan. Ils s'avancèrent vers leurs condisciples au moment où Neville commençait déjà à énoncer les tâches de la journée :

-certaines salles de cours ne sont toujours pas accessibles à cause des débris, particulièrement au quatrième étage, dit-il en feuilletant ses liasses de parchemin. Nous avons perdu beaucoup de temps la semaine dernière à cause de cette histoire toilettes, soupira-t-il, j'ai prévenu McGonagall, Peeves ne devrait plus être un problème…

-Ce qui est un soulagement, ajouta Seamus à moitié amusé, mes mains sentent encore l'odeur de toute la…

-Merci Seamus, coupa sèchement Ginny, provoquant quelques rires.

Sans leur prêter la moindre attention, Neville se replongea entièrement dans sa longue liste de tâches dont le parchemin entièrement déroulé lui arrivait jusqu'aux genoux :

-Très bien, conclut-il lorsqu'il eut terminé. Je pense que nous devrions terminer le quatrième étage avant la fin de la journée.

Tous approuvèrent d'un signe de tête, sauf Hermione. Elle souhaitait retourner avec Ginny dans la classe des potions de Slughorn pour rendre une dernière visite à Drago. Elle échangea furtivement un regard en biais avec son amie qui comprit aussitôt ce que Hermione avait derrière la tête.

-Heu… tenta-t-elle timidement, Ginny et moi n'avons pas fini de nettoyer la classe de potion.

-Ce n'est rien, répondit Neville, McGonagall préfère terminer en priorité les travaux au quatrième étage, car il faut faire tout un détour pour se rendre dans la partie Est du château ce qui est assez ennuyeux.

Personne n'ajouta quoi que ce soit et ils suivirent leurs amis jusqu'aux escaliers qui menaient au quatrième étage. Hermione se sentait frustrée de ne pouvoir s'échapper du groupe pour se rendre jusqu'au cachot. Elle avait promis à Drago qu'elle reviendrait et depuis qu'ils s'étaient embrassés l'autre jour, tout son être n'attendait plus qu'une seule chose : le revoir. Mais comment fausser compagnie à ses amis sans se faire remarquer ? Elle n'en avait aucune idée. La peur d'éveiller les soupçons ou pire encore, que Harry ou Ron la suivent s'empara d'elle. D'un pas traînant, elle suivit le groupe et écouta à moitié la conversation entre Harry, Neville et Luna :

-Je doute fortement que l'école n'ouvre ses portes pour la fin du mois, soupira Neville, même après un tel travaille acharné, nous manquons de plus en plus de baguette et de temps.

-Beaucoup de personnes nous ont abandonnés ces derniers temps, expliqua Luna de son ton habituel qui avait le don de mettre les gens mal à l'aise.

-Pour quand l'école serait-elle terminée d'après vous ? Demanda Harry.

-À première vue, fit Neville en réfléchissant, je dirai vers la mi-octobre, peut-être un peu plus si nous n'avons pas de coup de main supplémentaire.

-Oooooh, fit Luna en s'arrêtant net.

Surpris, Neville se tourna vers elle et manqua de tomber entre le trou béant formé par les deux escaliers en mouvement. D'un geste vif, Harry et Ron saisirent Neville par les bras et le ramenèrent sur la marche. Comme s'il ne s'était rien passé, Luna poursuivit :

-Nous pourrions rouvrir l'école le jour d'Halloween, suggéra-t-elle, les yeux exorbités. Ça serait l'occasion d'organiser une grande fête, qu'en pensez-vous ?

-Luna ! S'exclama Neville, un grand sourire aux lèvres, ça, c'est une idée merveilleuse ! Nous devrions la soumettre à McGonagall !

Luna lui rendit son sourire puis avança en sautillant par petits bonds lorsqu'ils arrivèrent enfin au quatrième étage. Le petit groupe se sépara et commença aussitôt les tâches que leur avait attribuées Neville dans le hall. Seamus, Dean et Ernie se dépêchèrent de se rendre dans les trois premières salles de cours tandis que Neville, Harry et Ron s'occupaient de dégager l'accès du couloir rendu impossible par les explosions de bloc de marbre. Au fond du couloir qui menait à l'aile Est du château – l'unique partie presque intacte-, Hermione, Ginny et Luna s'occupaient de restaurer les vieilles tapisseries qui pendaient tristement en lambeaux contre le mur ainsi que de vieilles statues éparpillées en morceaux tout le long du couloir.

Enfin, les deux filles se retrouvèrent seules, pouvant ainsi parler en toute liberté :

- Tu veux retourner le voir ? Lui murmura Ginny en faisant léviter le bras de la statue. -Oui, répondit Hermione en analysant d'un bout des doigts une tapisserie brûlée à plusieurs endroits, je lui ai promis que j'irai le voir avant son… procès. Ça sera sans doute la dernière fois… enfin… peut-être, ajouta-t-elle la gorge nouée.

Elle pointa sa baguette vers la tapisserie qui se mit à se recomposer toute seule, comme si une aiguille invisible guidait le fil qui reconstituait l'ouvrage. Hermione observa le résultat et constata agréablement qu'elle s'était beaucoup améliorée dans l'utilisation de sortilèges ménagers.

Ginny et Luna s'approchèrent d'elle et observèrent le résultat par-dessus son épaule.

-Très joli, commenta Luna.

-Il faudrait que tu m'apprennes comment tu arrives à ce que les points soient aussi précis, dit Ginny en soupirant.

-L'entraînement, répondit Hermione en repensant à ses longues soirées à Poudlard, lorsqu'elle tricotait des bonnets et écharpes pour les elfes de maison.

Elles continuèrent leurs tâches tout en reprenant à voix basse leur conversation.

-Comment comptes-tu t'y prendre pour descendre jusqu'au cachot ?

-Je ne sais pas encore… répondit vaguement Hermione.

Elle réfléchissait à un plan. Comment passer devant ses amis sans que ceux-ci ne s'aperçoivent de son absence ? C'était impossible, pensa-t-elle en se mordant les lèvres. Harry, Ron et Neville s'occupaient du couloir.

-On peut faire une diversion, suggéra Luna derrière leur dos.

Toutes les deux sursautèrent et se tournèrent vers leur amie.

-Je pourrais provoquer une petite explosion de fumée, pendant que tu te faufiles jusqu'aux escaliers, qu'en dis-tu ?

Hermione échangea un regard complice avec Ginny avant d'accepter sa proposition. Toutes les trois se tapirent à l'angle du couloir où leurs amis s'effectuaient déjà à leur tâche. Au loin, elles pouvaient voir les morceaux de marbre voler tout seul pour dégager le passage, sous le maniement de baguette de Harry et Ron tandis que Neville s'occupait de réparer les vitraux brisés.

-Attention, fit Ginny à voix basse en pointant sa baguette vers le couloir où un débris de marbre voletait dans les airs. Reducto !

Un épais nuage de fumée apparut au moment où éclata le gros morceau de marbre dans les airs. Hermione profita de l'agitation qui régnait dans le couloir pour se faufiler à travers le nuage vers la sortie du quatrième étage. Elle passa rapidement à côté de ses amis qu'elle entendait toussoter :

-Par Merlin, s'écria la voix de Ron, que se passe-t-il ?!

-C'est encore Peeves, répondit Neville en toussant comme s'il était sur le point de cracher ses poumons.

Hermione continua d'accélérer le pas et arriva bientôt au pied des escaliers qui menaient aux différents étages. Elle se précipita de dévaler les marches en prenant bien soin de ne pas tomber dans le trou béant tout comme Neville, quelques minutes plus tôt. Enfin, elle poussa la porte en bois qui menait vers le hall d'entrée et se hâta de se diriger vers les cachots avant que quelqu'un ne s'aperçoive de sa présence. Elle jeta furtivement un coup d'œil aux alentours. Heureusement, le hall était toujours aussi désert. Hermione descendit les quelques marches de marbres noires qui menaient au cachot et s'enfonça dans l'obscurité à peine éclairée par les lampes de feu suspendues au mur qui donnaient un aspect peu chaleureux. Elle s'apprêta à tourner à droit de l'angle du couloir qui menait aux cachots des prisonniers, à l'opposé de la classe de potion, lorsqu'elle tomba nez à nez avec son ancien professeur de métamorphose.

- Miss Granger ! S'exclama McGonagall, que faites-vous ici ?

-Je…et bien je… balbutia Hermione, cherchant rapidement une excuse qui justifierait sa présence dans les cachots.

Au même moment, elle vit apparaître derrière l'épaule de son professeur Blaise Zabini, qui semblait tout aussi surpris que McGonagall de cette intrusion.

-Je me rendais dans la classe des potions, mentit Hermione en détournant son regard de Zabini.

-La classe des potions est de l'autre côté du couloir, Miss Granger, fit remarquer sèchement le professeur McGonagall.

Hermione fit mine de ne pas s'en être rendu compte et s'excusa auprès de son professeur.

-Ce n'est rien, mais à l'avenir ne venez plus traîner dans cette partie du cachot qui est strictement interdite. Toutefois, je peux faire une exception pour aujourd'hui.

-Merci Professeur.

Elle s'apprêtait à tourner les talons quand McGonagall la rappela.

-Une minute, Miss Granger. Pourriez-vous accompagner Mr Zabini jusqu'au fond du couloir ? Assurez-vous qu'il ne reste pas plus de dix minutes dans les cachots réservés aux prisonniers.

Hermione croisa à nouveau le regard de Zabini avant d'acquiescer.

-Bien sûr, Professeur.

-Merci, je dois recevoir Kingsley dans mon bureau, je crains d'être déjà très en retard.

D'un pas rapide pour son âge, elle sortit des cachots, laissant Zabini et Hermione seuls. Un silence gênant s'installa entre les deux anciens condisciples, le souvenir de leur dernière altercation semblait flotter dans l'atmosphère. Sans dire un mot, ils enjambèrent le pas vers les cachots où se trouvait Drago.

-Écoute Granger… commença Zabini.

-Que viens-tu faire ici ? Coupa Hermione.

-Je viens rendre visite à mon ami Drago avant qu'il ne soit… enfin bon.

-Ton ami ? Répliqua-t-elle sèchement, je te signale que tu nous as menacés de révéler notre secret il y a deux ans !

-Ok, je l'admets, fit-il, je n'aurai pas dû m'en prendre à toi, je m'excuse ! Voilà tu es contente ?

-Pas vraiment.

-J'ignorais que Drago était réellement amoureux de toi, je pensais qu'il s'amusait comme il le faisait quelques fois avec Pansy ou d'autres filles.

Les paroles de Zabini n'apaisaient pas Hermione pour autant, au contraire le simple fait de l'imaginer en train de flirter avec cette harpie de Parkinson lui procura un sentiment d'intense jalousie.

-Enfin c'était avant, ajouta-t-il précipitamment en voyant du coin de l'œil le visage durci d'Hermione.

-Vous vous êtes réconciliés alors ?

-Oui, nous sommes redevenus amis, même plus que ça, des frères. J'étais le seul à être présent pour lui quand il désespérait de ne plus te voir… Tu sais, fit Blaise en se tournant vers Hermione, ses yeux bruns en amande plongés dans les siens, il était complètement anéanti quand il est revenu à Poudlard l'année dernière… après ce qu'il s'est passé entre vous, chez lui.

Hermione ne répondit pas et déglutit difficilement. Les images de cette horrible soirée passée au Manoir lui revinrent en tête comme à chaque fois où l'on abordait ce sujet.

-Je sais ce qu'il s'est passé, reprit Zabini, je suis au courant pour la perte de votre bébé. Je suis désolé.

Hermione ne pouvait plus soutenir son regard et détourna les yeux. Elle ne voulait pas lui montrer les larmes qui commençaient à lui monter, comme à chaque fois qu'elle y pensait.

-Merci, répondit-elle d'une voix aiguë.

Ils arrivèrent devant la porte qui menait à la cellule de Drago. Hermione poussa la porte et trouva le Serpentard assis contre le mur, le regard perdu. Il se releva dès qu'il entendit la porte s'ouvrir et son regard s'illumina lorsqu'il vit Hermione.

-Hermione ! S'exclama-t-il en s'approchant des barreaux.

A son tour, Zabini entra dans la pièce et son visage s'illumina davantage.

-Blaise !

-Salut mon vieux, répondit-il en lui rendant son sourire.

Ils s'échangèrent à travers les barreaux une poignée de main chaleureuse.

-Comment vas-tu ? Demanda Blaise d'une voix hésitante.

-Je vais bien, je suis tellement content de vous voir tous les deux.

-Il a fallu du temps pour que la vieille McGonagall n'accepte que je vienne te rendre visite, elle a fini par consentir.

-Je sais, soupira Drago, personne n'est autorisé à venir. Nous ne sommes censés voir personne… après tout, il ne faut pas oublier que je suis un dangereux criminel.

-Ne dis pas ça, Drago ! S'exclama Hermione, tu es innocent ! Tu auras certainement des circonstances atténuantes.

Elle se tourna vers Blaise, en quête d'un soutien.

-Elle a raison, les jurys savent très bien que Tu-sais-qui menaçait de te tuer, toi et tes parents.

-Je vous remercie de votre soutien, mais je préfère ne pas me faire d'illusions…

-Drago, fit Hermione en lui prenant la main pour le rassurer, Harry sera convoqué pour témoigner lors du procès, il m'a assuré qu'il essayera de te disculper ! Il sait que tu ne voulais pas tuer Dumbledore ! Le seul souci c'est Ron… il te déteste et ces derniers temps il est prêt à tout pour rendre justice. Je crois qu'il veut prendre ma défense et témoigner contre vous après ce qu'il s'est passé au manoir, ajouta-t-elle d'une voix brisée.

-Je le comprends… répondit sombrement Drago.

-Justement, j'y ai réfléchi ! Je vais témoigner moi aussi, j'expliquerai à tout le monde que depuis le début tu es dans le bon camp et que tu nous as aidés à plusieurs reprises !

Elle s'attendait à ce que le visage de Drago s'illumine à l'idée qu'il y ait une chance qu'il soit innocenté, mais au contraire, son visage s'effara à l'instant même où Hermione lui fit part de sa proposition.

-Surtout pas ! Répondit-il précipitamment, Hermione tu vas être impliquée à ton tour dans cette histoire ! Il en est hors de question !

-Drago, il le faut ! Je ne veux pas que tu passes le restant de tes jours derrière des barreaux !

-Et moi je ne veux pas que nous passions tous les deux le restant de nos jours derrière les barreaux ! Ils t'accuseront de complicité, voilà tout !

-Peut-être pas… intervint Blaise. Elle est la meilleure amie de Potter et surtout, elle l'a aidé à se débarrasser de Tu-sais-Qui. Son témoignage sera très précieux.

-Blaise… répondit Malefoy en se tournant vers son ami, elle m'a aidée à réparer l'Armoire à disparaître…

Visiblement, il n'avait jamais raconté ce détail à son ami. Ce dernier se tourna vers Hermione et la considéra longuement, comme s'il venait de la rencontrer pour la première fois.

-Nous… nous ne sommes pas obligés de mentionner ce point-là, répondit Hermione d'une voix aiguë.

-Hermione, ils te poseront plein de questions sur ce soir-là je te connais, tu seras incapable de leur mentir correctement. Tu risques d'être condamné à ton tour pour complicité. Je préférerai encore passer ma vie à Azkaban plutôt que de te savoir en prison de ma faute !

-Mais Drago… fit Hermione en approchant son visage du sien.

-Je t'en prie Hermione, ne témoigne pas ! Lui demanda-t-il d'une voix suppliante.

-Je ne peux pas, Harry et Ron le feront, ça paraîtrait suspect !

-Il faut que tu trouves une excuse !

Hermione repensa malgré elle, aux paroles de Ginny qu'elle lui avait dites la veille alors qu'il prenait leur petit déjeuner : « tu n'es pas obligée de témoigner si tu ne te sens pas encore prête… ».

-Drago je t'en prie… tenta-t-elle à nouveau.

-Fais-le pour moi, Hermione ! Pour nous… tout le monde serait au courant pour nous deux… pense à Potter et Weasley, que diraient-ils ?

-Je suis prête à prendre ce risque ! Pour te sauver !

-Il n'y a plus rien que tu puisses faire cette fois, il est… trop tard pour moi. La seule chose qui puisse me sauver est de savoir que tu sois en sécurité !

Hermione continua de l'observer avant de sentir la main apaisante de Blaise sur son épaule. Surprise par ce geste, elle se retourna vers lui.

-Granger, il a raison. Tu ne l'aideras pas en risquant d'être emprisonnée à ton tour.

Elle jeta un dernier regard suppliant vers Drago mais celui-ci était déterminé à la protéger. D'un ton rassurant, il lui dit :

-Il y aura toujours le témoignage de Potter.

Elle acquiesça silencieusement, se raccrochant à ce mince espoir. Hermione posa délicatement son front contre celui de Drago. Devant ce moment intime, Blaise prit congé de son ami. Il lui souhaita bonne chance et l'informa qu'il sera présent à son procès pour le soutenir. Elle se sentait tellement soulagée que Drago puisse encore compter sur le soutien de son ami c'est pourquoi elle fut reconnaissante envers Zabini et oublia toute l'animosité qu'elle éprouvait pour le Serpentard depuis leur sixième année. Enfin, lorsque Blaise sortit du cachot, ils se retrouvèrent seuls.

-Je ne peux rester plus longtemps, fit Hermione d'une voix brisée. J'ignore si je saurais revenir…

Elle ne put se retenir davantage et pleura silencieusement, les larmes coulant lentement le long de ses joues.

-Savoir que tu penses à moi… que tu ne me détestes pas… c'est déjà tellement important pour moi.

Il prit des deux mains son visage et l'approcha du sien avant de déposer tendrement ses lèvres contre les siennes. Tendrement, ils continuèrent de s'embrasser, réalisant tous deux que ce baiser pourrait être le dernier. Leurs larmes se mélangèrent entre elles avant qu'ils ne se détachèrent lentement l'un de l'autre.

-Je t'aime, Drago, fit Hermione dans un souffle.

Elle s'éloigna des barreaux, mais Drago la retint une dernière fois par la main.

-Attends, lui dit-il en enfonçant sa main dans la poche arrière de son jean.

Il sortit le médaillon qu'Hermione ne connaissait que trop bien, celui qu'elle lui avait rendu juste après la bataille de Poudlard.

-Je voudrai te le rendre, lui expliqua-t-il en ouvrant sa main, révélant au creux de sa paume le magnifique émeraude. Il doit t'appartenir… j'ignore quel sera l'avenir qui m'est réservé, mais une chose est certaine, tu es la seule fille que j'ai aimée. Je veux qu'il te revienne.

Les yeux embués de larmes, elle fixa la pierre qui scintillait faiblement au creux de sa main. D'un geste lent, elle l'accrocha autour de son cou puis tourna d'un pas hésitant les talons, le cœur déchiré à l'idée de ne plus jamais le revoir… A cette idée, tous ces membres tremblaient si bien qu'elle était persuadée de ne plus pouvoir remonter vers le quatrième étage sans perdre l'équilibre. Elle ouvrit la porte en bois massive puis se retourna une dernière fois vers Drago et lui lança :

-Bonne chance, Malefoy.

-Bonne chance, Granger.

Ils s'échangèrent un dernier regard puis Hermione sortit de la pièce et fit claquer la porte derrière elle. A bout de force, elle ne put retenir laissa ses larmes et éclata de nouveau en sanglot. Drago… se dit-elle, son cœur saignait à l'idée de le perdre. C'était une déchirure insoutenable de ne pouvoir l'aider. Quelques secondes plus tard, Hermione reprit son sang-froid et se dirigea en direction du quatrième étage, comme si elle n'avait jamais quitté son poste.

Le soir même, les quatre amis revinrent exténués de leur longue journée à Poudlard. Dès qu'ils atterrirent sur la petite cour du Terrier, ils virent à travers la petite fenêtre de la cuisine, Mrs Weasley qui s'affairait à préparer le repas du soir. Ils se précipitèrent dans la maison et l'aidèrent aussitôt à dresser la table avant l'arrivée de Mr Weasley et de George.

-Comment s'est passé votre journée ? Demanda Mrs Weasley en découpant les carottes du ragoût grâce à sa baguette magique.

-Exténuante, se plaignit Ron en s'affalant sur la chaise de la cuisine, j'ai l'impression de travailler comme un elfe de maison ! À côté de ça, le douze Square Grimmeraud ressemblait à un nettoyage de printemps.

Harry et Ginny éclatèrent de rire avant de s'installer à leur tour à table. Hermione quant à elle, esquissa tristement un sourire, n'ayant pas le cœur à plaisanter. Quelques minutes plus tard, Mrs Weasley posa la marmite de ragoût au milieu de la table au même moment où ils entendirent un crac sonore annonçant le retour de Mr Weasley, suivi de près par George.

-Bonsoir tout le monde ! S'exclama Mr Weasley en accrochant sa cape de sorcier au vieux portemanteau en bois. Le dîner est déjà servi, super ! Fit-il en s'asseyant, tout en se frottant les mains l'une contre l'autre.

-Bonsoir, Arthur chéri, fit sa femme en déposant sur sa joue un baiser furtif. Ragoût et pomme de terre, annonça-t-elle en le servant avec sa baguette.

-Délicieux, comment s'est passé votre journée les enfants ?

Harry, Ron, Ginny et Hermione lui racontèrent leur journée passée à Poudlard et le manque d'aide auquel ils devaient faire face, retardant ainsi l'ouverture de l'école.

-La plupart des gens ont repris leur boulot après que tout se soit rentré dans l'ordre, expliqua Mr Weasley entre deux bouchées de ragoût. Qui plus est, avec la chasse aux Mangemorts qui est organisée dans tout le pays et l'ouverture des procès, plus personne ne consacre son temps à Poudlard. D'ailleurs, ça me fait rappeler que Kingsley m'a donné vos lettres de convocation pour le procès Malefoy.

Il sortit de sa poche trois lettres semblables à celles qu'ils avaient déjà reçues précédemment et la tendit à Harry, Ron et Hermione. D'une main tremblante, Hermione remit directement la lettre dans la poche tandis que Harry et Ron l'ouvrirent aussitôt.

-Très bien, fit Harry en parcourant la lettre des yeux, le procès commencera après-demain à onze heures, annonça-t-il.

Hermione fit un effort remarquable pour porter sa cuillère jusqu'à sa bouche sans trembler et déverser son contenu sur elle.

-On dit que c'est le procès le plus attendu, commenta George, Rita Skeeter à déjà vendu son livre en plus de mille exemplaires en moins deux jours, il est même sur le point de devenir un best-seller.

-Son livre n'est qu'un ramassis de sottises comme toujours, répondit sagement Mr Weasley.

-Pas cette fois, j'ai entendu dire qu'elle dévoilait pas mal de secrets que détient la famille Malefoy depuis des générations.

-Ça pourrait être intéressant pour toi, papa, intervint Ron.

-Il est hors de question que votre père achète le moindre bouquin écrit par cette peste de Rita Skeeter ! S'indigna Mrs Weasley en jetant un regard noir vers Ron. Elle ne colporte que des ragots malveillants et mensongers en plus !

-Pas toujours, répondit Harry d'un ton hésitant de peur de recevoir les foudres de Mrs Weasley, elle n'avait pas tout à fait tord au sujet de Dumbledore, il était bel et bien ami avec Grindelwald.

-Peut-on parler d'un autre sujet que Rita Skeeter et les procès, s'il vous plaît, coupa Mrs Weasley pour le plus grand soulagement d'Hermione.

Ils passèrent le reste du souper à discuter de l'avancé des travaux à Poudlard et de l'idée de Luna pour organiser la fête d'Halloween le jour de la rentrée scolaire. Au soir, alors que le reste de la famille Weasley passait la soirée à écouter les dernières nouvelles à la radio, Harry, Ron, Hermione et Ginny s'étaient réunis dans la petite chambre de Ron pour discuter en toute intimité de leur convocation au tribunal.

-Ron, dit Harry d'une voix lasse, je sais que jamais tu ne pourras pardonner à Malefoy tout ce qu'il a fait, mais tu sais pertinemment que Voldemort détenait ses parents sous son emprise, nous ne pouvons le nier !

-Harry a raison, essaya de le résonner sa sœur.

-Et selon toi, il n'a jamais essayé de nous tuer dans la salle sur Demande avec Crabbe et Goyle ! Vous voulez que je vous dise : on a eu chaud aux fesses à ce moment-là ! Je suis désolé mais je ne peux mentir devant la cour, je dois dire la vérité.

D'un air boudeur, il croisa les bras et jeta des regards noirs à l'opposé de la pièce. Manifestement, Ron était décidé à rester sur ses positions.

-Malefoy n'est qu'un misérable lâche, reprit-il, sa voix envenimée par la haine. Pendant des années, il nous rabaissait, il traitait constamment Hermione de Sang-de-bourbe, il a même failli m'empoissonné ! Et vous voudriez que je prenne sa défense maintenant que la justice va être rendue ?

-Il ne s'agit pas de justice, s'emporta Hermione en se relevant du lit, il s'agit de sauver une vie ! Malefoy ne mérite pas le sort qui l'attend !

-Et pourquoi cela ? Cria Ron piqué au vif, il a failli nous tuer, il t'a laissé se faire torturer sous ses yeux ! Alors pourquoi prends-tu encore sa défense ?!

-Parce que… balbutia Hermione, il ne nous a pas dénoncés. Il savait très bien qui nous étions et pourtant il n'a rien dit. Ron s'il te plaît, ne laisse pas ta colère et ta rancune prendre le dessus. Fais ce qui doit être juste ! Pour moi…

Pendant un moment, elle crut que Ron se calmerait, que ses traits crispés par la colère s'adouciraient pour reprendre son expression habituelle. Mais il n'en était de rien, Ron gardait un air fermé et observait Hermione d'un regard noir.

-De toute manière, reprit-il sèchement, tu n'es jamais de mon côté.

Il passa juste à côté d'elle et la bouscula avant de sortir d'un pas pressé de sa chambre en faisant claquer violemment la porte.

-RON ! Cria Hermione, RON !

-Laisse-le Hermione, répondit Harry en lui tapotant l'épaule, il a besoin de respirer un peu.

-Pourquoi… ? Fit Hermione en retenant ses larmes, pourquoi est-il si… si hostile ?

-Il déteste Malefoy, expliqua Ginny.

-Non ce n'est pas ça, dit Harry simplement.

Toutes les têtes se tournèrent vers lui, pour le plus grand étonnement d'Hermione.

-Que veux-tu dire ?

-Je sais que je ne devrais pas t'en parler, Hermione. Ce qu'il se passe entre Ron et toi ne me concerne pas…mais… fit Harry d'une voix hésitante.

-Mais ? Insista Hermione, intriguée.

-Ron s'inquiète beaucoup au sujet de votre relation. Il pense que tu vas peut-être le quitter. Il ne se sent pas à la hauteur, il a peur de te perdre. Je suppose que le fait que tu prennes la défense de Malefoy et non la sienne l'irrite encore plus…

-Je ne prends absolument pas la défense de Malefoy ! Mentit honteusement Hermione, je pense simplement que son attitude n'est pas digne d'un Gryffondor !

-Peut-être, mais on ne peut pas lui reprocher… Hermione il a perdu son frère, c'est normal qu'il ressente ce sentiment de justice à assouvir.

Hermione baissa les yeux, honteuse de s'être disputée avec son ami. Harry avait raison : Ron ressentait une soif de vengeance qu'il voulait satisfaire par son témoignage, même si Drago était innocent. Elle se sentait piégée, avec cette crainte coincée au fond de son estomac.

-Il faut que tu sois plus présente pour lui, Hermione, reprit Harry, il a besoin de toi dans cette épreuve.

-Harry, commença Hermione la gorge nouée…

Elle échangea avec Ginny un regard anxieux avant de reporter son attention vers Harry qui l'observait d'un air trouble.

-Je… et bien voilà, je ne suis pas amoureuse de Ron.

Harry la regarda bouche bée comme si elle venait de déclencher une bombe nucléaire.

-Comment ça, tu n'es pas amoureuse de Ron ? Mais… je croyais que… depuis tout ce temps… et le baiser à Poudlard ? Demanda-t-il, abasourdi.

-C'était spontané, je n'imaginais pas qu'il allait prendre une telle ampleur. Ensuite Ron a cru que nous sortions ensemble… il y a eu la mort de Fred et je n'ai pas osé l'attrister davantage pour lui dire la vérité…

Contre toute attente, Harry se retourna vers Ginny et lui demanda sèchement :

-Tu étais au courant ?

Ginny n'eut pas le temps de répondre qu'Hermione intervint :

-Je lui ai dit il y a seulement quelques jours, Ginny n'en savait rien.

-Merci Hermione, je peux répondre seule à mon petit copain. De toute façon, reprit-elle en se redressant de toute sa taille pour faire face à Harry, cela concerne uniquement Ron et Hermione.

-Ils sont mes meilleurs amis !

-Et moi, Ron est mon frère et je considère Hermione comme une sœur. Ce n'est pas à nous d'intervenir.

Ils s'observèrent un long moment puis Harry ne put soutenir davantage le regard noir que lui lançait Ginny.

-Je comptais lui en parler, expliqua Hermione, mais il fuit les conversations d'adulte. Harry, essaye de lui faire entendre raison.

-Tu sais très bien quelle tête de mule il peut être, lui rappela Harry. Toute fois, je pense qu'il serait plus raisonnable d'en discuter avec lui quand le procès Malefoy sera fini. Tu sais très bien que sa rendrait son humeur encore plus acariâtre.

Elle ne répondit pas, forcée d'admettre que lui révéler la véritable nature de ses sentiments juste avant le procès de Drago ne serait pas une bonne chose. Lessivée, elle souhaita une bonne nuit à Harry et Ginny puis se dirigea vers la chambre de Percy qu'elle occupait et passa le restant de la soirée à essayer de s'occuper l'esprit en se plongeant pour la énième fois dans le livre L'histoire de Poudlard.