Chapitre 14 : le témoignage d'Hermione Granger

« Non…non, non, non, ça ne se pouvait pas se passer comme cela…», pensa Hermione sous le choc. Elle n'arrivait plus à bouger, son corps était paralysé d'effroi. À ses côtés, tout le monde se levait pour applaudir la décision de la justice magique. Seuls Ginny et Harry étaient également restés assis, tous deux ébahis de consternation, le choc marquant leur visage devenu blanc comme neige.

La voix de Kingsley résonna dans sa tête « la cour vous condamne… la cour vous condamne à passer trente ans à la prison d'Azkaban… ». Son cœur s'effondra dans un trou néant, elle sentit son corps tout entier tomber en chute libre dans le vide tandis que tout tourbillonnait autour d'elle… trente ans… trente ans… entendit-elle raisonner dans sa tête, ce temps lui sembla une éternité, réalisa-t-elle. Hermione n'arrivait plus à percevoir le bruit d'excitation et de victoirequi provenait de la foule en délire. Sa vue se brouilla, elle ne parvenait plus à distinguer les formes de sorciers et sorcières qui se bousculaient autour d'elle. Elle ne sentit même pas le contact de la main de Ginny se poser contre son épaule, ni la voix de son ami l'appeler à plusieurs reprises en la secouant légèrement. Son regard était vitreux, son expression restait de marbre, comme trop sonné par un coup violent qu'elle aurait reçu sur la tête.

-Hermione, entendit-elle au loin la voix de Harry continuant de l'appeler.

On la secoua de plus belle et la jeune fille se ressaisit. Elle leva les yeux vers Ginny qui la fixait, le regard rempli de larmes. Enfin, elle tourna la tête et vit Drago se faire escorter par les Aurors, sous la huée des centaines de sorciers et sorcières. La scène se figea autour d'elle, comme au ralenti. Sous les nuages de fumée pourpres et violets des dizaines de journalistes, Drago s'avançait vers son destin, loin d'elle à tout jamais.

Drago… elle ne pouvait accepter cette terrible réalité, elle ne pouvait le laisser faire. Il était sur le point de franchir la porte d'entrée de l'audience. Hermione savait que si elle le voyait disparaître de l'autre côté de la porte, elle le perdrait. Cette pensée la fit aussitôt bondir de son siège, plus rien ne comptait. Plus rien n'avait d'important à présent. Bousculant Harry et Ginny au passage, elle se mit à hurler à plein poumon pour couvrir le vacarme de la salle d'audience, oubliant le reste du monde qui continuait de crier autour d'elle.

-Hermione qu'est-ce que tu… entendit-elle au loin, comme un écho.

-NOOOOOON ! ARRETEZ, ARRETEZ JE VOUS EN SUPPLIE ! NE FAITES PAS CA !

Mais on ne l'entendit pas, le brouhaha était trop assourdissant et Drago se rapprochait dangereusement de la sortie.

-Hermione, fit la voix abasourdie de Harry à ses côtés qui essayait de la retenir, c'est trop tard.

Elle essaya de se dégager de son étreinte, mais son ami la retenait.

-NON ! NON ! Fit-elle en sanglotant, sa voix plus aiguë que jamais.

-Harry, laisse-la ! Fit la voix de Ginny.

Elle sentit aussitôt cette force qui la retenait se dégager et sans se soucier des sorciers qui se retournaient sur son passage d'un air intrigué, elle dévala les marches de l'escalier et hurla de toutes ses forces à l'intention de Kingsley.

-ARRETEZ, JE VOUS EN PRIE !

Cette fois, on l'entendit, tout le monde se tourna vers elle et la regarda comme une démente.

-JE DÉTIENS DES INFORMATIONS IMPORTANTES ! JE SOUHAITERAIS COMPARAÎTRE À NOUVEAU COMME TÉMOIN, S'IL VOUS PLAÎT !

Kingsley et Bahli se retournèrent aussitôt vers Hermione, un air de profonde intrigue s'inscrivait sur leurs visages. Le bruit d'agitation de la salle commençait à s'estomper, toute l'attention se porta sur Hermione Granger, l'amie de Harry Potter qui l'aida à terrasser le Seigneur des Ténèbres.

Elle sentait son cœur s'accélérer de plus en plus dans sa poitrine et cogner à vive allure, sur le point d'exploser. Les secondes lui paraissaient comme une éternité et ses joues commençaient à prendre feu, conscient qu'en ce moment même, des centaines de regards se tournaient vers elle dans sa direction.

— Miss Granger, fit Bahli en la scrutant de la tête aux pieds, la cour de justice magique à rendu son verdict, la sentence à été prononcée, vous ne pouvez plus rien apporter de…

-Je vous en prie, supplia Hermione sanglotant, je… je n'ai pas dit toute la vérité ! Je détiens des informations importantes qui pourraient changer le verdict rendu !

Kingsley et Bahli se regardèrent, incertains. Visiblement, ils n'avaient jamais vécu au cours de leur carrière une pareille situation.

-Monsieur le Ministre, implora Hermione, faite-moi confiance… je vous en supplie !

Kingsley la regarda d'un air bienveillant puis hocha la tête, son unique anneau en queue de serpent se balançant à son oreille.

-Très bien… asseyez-vous, Miss Granger.

Hermione se précipita vers le fauteuil en prenant bien soin de ne pas vaciller en marchant tant ses jambes tremblaient.

Autour d'elle, le public restait consterné, ne sachant plus très bien comment réagir de cette étrange et surprenante interruption. Sous les ordres de Kingsley, les Aurors ramenèrent les accusés jusqu'à leur gradin habituel tandis que tout le monde reprit sa place, un murmure d'incompréhension retentissant dans toute la salle d'audience, tel un bourdonnement dans une ruche d'abeille.

Qu'est-il en train de se passer ? Quelles sont ces informations si importantes qu'Hermione Granger aurait dissimulées à la cour ? Toutes ces questions étaient suspendues aux lèvres des sorciers et sorcières qui attendaient impatiemment le retournement de cette situation. Plus que jamais, les journalistes étaient aux aguets, les photographes prêts à dégainer leurs appareils de photographie aux moindres mouvements de Kingsley. Sur le banc des accusés, Drago la dévisageait. Même à la distance où elle se trouvait, Hermione pouvait voir l'effarement se dessiner sur son visage. Il lui fit un signe de négation de la tête comme pour désapprouver ce qu'elle s'apprêtait à faire, mais elle n'avait pas le choix. Elle ne pouvait supporter de le perdre. Non, réalisa-t-elle, elle ne pouvait le laisser partir même au prix de la vérité. Elle garda fixement les yeux rivés droit devant elle, incapable de regarder dans la direction de Harry ou Ron… elle était consciente qu'elle changerait d'avis, mais à présent, il était trop tard pour reculer.

Enfin, le premier Ministre frappa trois fois de son maillet sur le socle en bois dur et exigea d'une voix tonitruante :

-Silence s'il vous plaît, silence !

Les murmures de la foule se turent aussitôt et le silence s'installa dans le cachot. Elle sentit tous les regards rivés sur elle. Certains soupçonneux lui donnèrent l'impression d'être une vulgaire criminelle, d'autres simplement curieux que cette jeune fille si respectable soit-elle, ait caché délibérément des informations lors de son premier témoignage.

Intimidée, elle baissa les yeux et fixa ses mains moites qu'elle tortillait dans tous les sens. Du coin de l'œil, elle sentait toujours le poids de son regard sur elle. Elle se résolut à garder son regard baissé, car elle savait qu'il essaierait à nouveau de la dissuader d'agir.

Cependant, elle n'avait plus le choix : le moment était arrivé. Au fond, elle l'avait toujours su que ses secrets et mensonges finiraient un jour par remonter à la surface seulement à cette époque, elle n'y était pas prête. Aujourd'hui le moment était venu.

La voix lente et grave de Kingsley s'éleva dans la salle :

-Bien, l'audience est à nouveau ouverte : la cour peut entendre le témoin. Weasley, vous êtes prêt ? lança-t-il en tournant la tête.

-Oui, monsieur le ministre, répondit une voix empressée et à la fois déconcertée de Percy Weasley qui était chargé de retranscrire le procès.

Au même moment, elle entendit le bruit familier des plumes qui grattaient le parchemin des dizaines de journalistes présents.

-Vous vous appelez Hermione Jean Granger, née le dix-neuf septembre mille neuf cent septante-quatre, résidente actuellement à Loutry Ste Chaspoule dans le Devon ?

-Oui, fit-elle d'une voix aiguë.

-Bien, l'audience du procès Malefoy peut reprendre son cours. Entendu, ce vingt-six septembre mille neuf cent nonante-huit, Hermione Jean Granger pour témoigner au bénéfice du ministère de la Magie. Vous avez laissé entendre que vous déteniez des informations d'une grande importance pour nous.

-Oui, répondit-elle, je souhaiterai témoigner en faveur de l'accusé, Mr Drago Malefoy.

Quelques murmures retentirent dans l'assemblée, mais le jury ne semblait pas s'en préoccuper.

-Nous vous écoutons, fit la voix sèche de Bahli

À nouveau, la salle était plongée dans un silence de cathédrale. On pouvait sentir la tension qui régnait, tant tout le monde retenait son souffle. Elle eut conscience qu'en ce moment même, tous les regards étaient braqués sur elle. Hermione réfléchissait à toute allure, essayant de trouver la meilleure manière de formuler ce qu'elle s'apprêtait à dire : de révéler au grand jour son histoire, sa véritable histoire.

-Tout a commencé il y a maintenant huit ans…commença-t-elle d'une voix timide. À cette époque, j'étais la petite fille la plus heureuse du monde. Je venais d'apprendre que j'étais une sorcière et que bientôt, j'étudierai dans la plus grande école de sorcellerie du monde : Poudlard. J'étais consciente que j'étais différente des autres enfants c'est pour cette raison que je n'avais pas vraiment d'amis à l'école. Quand je suis entrée à Poudlard, j'étais persuadée que j'allais enfin rencontrer des nouveaux élèves comme moi et que je pourrais me faire de vrais amis… que je ne serais plus jamais seule.

« Seulement voilà : personne ne semblait me trouver réellement sympathique… j'étais toujours considérée comme la « mademoiselle-je-sais-tout », ce qui exaspérait tout le monde. Le jour d'Halloween, Ron Weasley avait souligné ce sentiment de solitude qui me rongeait et devant nos anciens condisciples de Gryffondor, il s'était moqué de moi. J'étais tellement attristée, car je savais qu'il avait raison… après cela je me suis enfermée le restant de la journée dans les toilettes des filles pour pleurer lorsqu'un garçon est entré pour me consoler… il a séché les larmes qui coulaient sur ma joue. Ce garçon… c'était… Drago Malefoy.

Elle marqua une pause, le temps de reprendre le fil de ses pensées avant de continuer.

-Depuis ce jour, poursuivit Hermione d'une voix timide, j'ai toujours pensé qu'il y avait un côté caché en lui… mais après, au fil des années… avec toutes les railleries qu'il me lançait au visage, toute la méchanceté qu'il manifestait à l'égard des autres… j'en doutais de plus en plus… jusqu'à ce jour…où

Elle s'arrêta, sa voix vacillait de plus en plus. Elle sentit les larmes embuer ses yeux et elle n'arriva pas à les arrêter. D'un geste tremblant, elle essuya sa joue d'un revers de main et dû reprendre son souffle pour continuer.

-Continuez Miss Granger, fit la voix rassurante de Kingsley.

-Ce jour… lors de notre sixième rentrée à Poudlard où il… il s'est excusé auprès de moi de s'être toujours montré détestable… il… il

Elle n'arrivait pas à ajouter quoi que ce soit. Voyant qu'elle sanglotait de plus belle, la Directrice du département de la justice magique décida d'intervenir et lui demanda sans détour :

-Miss Granger, quelle était la nature de votre relation avec Mr Malefoy ?

Elle leva ses yeux remplis de larmes vers elle. Tous les visages des sorciers du Magenmagot étaient suspendus à ses lèvres. Le cœur battant à vive allure elle déclara d'une voix aiguë, sa gorge sèche :

-Nous sortions ensemble... J'étais la sang-de-bourbe qu'il aimait.

Ce fut comme si une bombe explosait dans l'assemblée. Elle entendit des voix indistinctes s'élever d'indignation, d'autres de stupéfaction ou encore huer de scandale. Hermione ignorait si parmi ses voix, se trouvaient celles de Harry et de Ron. Elle n'arrivait pas à les reconnaître tant le bourdonnement de conversation continuait de résonner dans ses oreilles, tel un essaim d'abeilles indignées. La jeune fille n'osait pas lever la tête et préféra la garder baisser tandis qu'elle séchait ses larmes d'un revers de main.

Elle n'aurait jamais imaginé que cette révélation puisse provoquer un tel état de déchaînement dans la foule. Timidement, elle jeta un coup d'œil furtif en direction de la tribune où se trouvait Drago et le vit, son visage enfuit dans le creux de ses mains comme s'il n'osait regarder la foule qui le dévisageait, bouche bée. À ses côtés, Lucius Malefoy semblait lutter contre lui-même entre l'envie d'étriper Drago ou de se jeter par-dessus la rambarde pour l'étrangler elle.

Voyant le tumulte de la foule résonner de plus en plus, Kingsley frappa de son maillet,

La foule se calma et le silence s'imposa progressivement.

-Miss Granger, fit Kingsley d'un ton incertain, pouvez-vous nous raconter… comment… depuis quand, entreteniez-vous une liaison avec Mr Drago Malefoy ?

Elle déglutit difficilement. Hermione était consciente que le moment de vérité qu'elle redoutait tant était sur le point d'arriver. Elle n'arrivait pas à réaliser qu'elle s'apprêtait à cet instant de révéler le plus lourd secret qu'elle gardait depuis plus de deux ans.

-Tout à commencé au début de notre sixième année, raconta Hermione d'une voix aiguë.

« le premier soir de notre rentrée à Poudlard, il est venu me narguer comme il avait l'habitude de faire... Seulement je remarquais de plus en plus que son comportement était différent avec moi… beaucoup moins méprisable lorsqu'il se trouvait seul. Il se montrait… aimable quand nous n'étions que nous deux, loin de ses camarades de Serpentard. Plus que jamais, le souvenir de notre première année durant cette nuit d'Halloween resurgissait dans mon esprit.

C'est étrange, ce souvenir commençait à disparaître comme un rêve auquel on n'arrive plus à se remémorer le lendemain matin lorsque l'on se réveille. Cependant, cette année-là, ce souvenir refaisait sans cesse surface, expliqua Hermione, songeuse. Au fond de moi, j'ai toujours été persuadée que Drago Malefoy n'était pas celui qu'il paraissait être, seulement à qui pouvais-je dire ça sans que l'on me prenne pour une idiote ?

Un matin, alors que je me rendais en cours, les Serpentard m'ont tendu une embuscade dans le couloir », continua Hermione.

Maintenant qu'elle était lancée dans son récit, la Gryffondor n'arrivait plus à s'arrêter. Elle déballait tout ce qu'elle avait sur le cœur comme lors d'une confession.

« Drago… enfin, Mr Malefoy, contre toute attente, à pris ma défense ! Enfin, pas véritablement, car il n'aurait pas osé devant sa bande de Serpentard mais il a empêché que Théodore Nott me fasse du mal.

-Avez-vous parlé de cette agression à quelqu'un ? Un professeur ou la directrice de votre maison ? Demanda Bahli, intéressée par le récit de la jeune fille.

-Non, non je n'en ai parlé à personne… j'avais honte… honte, car une fois de plus, je subissais la discrimination de mon statut.

« Je ne comprenais pas cet agissement, j'étais persuadée qu'il tendait certainement un autre piège ou autre chose dans ce genre. Et puis un soir, à la bibliothèque nous nous sommes quelque peu rapprochés. Cela paraissait insensé, mais nous nous sommes parlés normalement comme si nous étions amis et même, plaisantions ensemble ! C'était incroyable…

Encore une fois, j'étais la seule à voir cet aspect chez lui, tout semblait naturel jusqu'à l'arrivée de Blaise Zabini où Drago Malefoy redevint… Drago Malefoy.

J'étais tellement furieuse contre lui et contre moi-même d'avoir été si naïve !

Durant l'entraînement de sélection de Quidditch, j'ai reçu un mot de Drago. Il m'a donné rendez-vous près des serres de Poudlard. J'ignorais ce qu'il me voulait, quelles étaient les intentions de toutes ces étranges cachotteries… j'hésitais à me rendre à ce rendez-vous de peur qu'il ne s'agisse d'un autre coup monté par les Serpentards mais je ne pouvais ignorer les battements de mon cœur qui s'accéléraient ni ce sentiment d'excitation qui montait en moi ! Je savais que c'était lui… j'avais cette certitude que je ne pouvais expliquer. N'avais-je pas encore compris à ce moment les sentiments que je nourrissais déjà pour lui… »

Hermione s'interrompit pour reprendre sa respiration. Elle racontait son histoire d'une traite comme si elle se confiant à un journal intime, oubliant presque les centaines de sorciers et sorcières suspendus à ses lèvres depuis sa révélation. Il n'y avait plus aucun bruit dans la salle. Hermione respira une profonde bouffée puis reprit son récit :

« Je le retrouvai donc près de la serre… j'ignorais si c'était une bonne idée de répondre à ce mystérieux rendez-vous… encore maintenant il m'arrive de me le demander, avoua-t-elle… quoi qu'il en soit nous avions échangé quelques banalités avant qu'il ne s'excuse auprès de moi.

Oui, fit Hermione en laissant échapper un rire timide, Drago Malefoy s'est excusé auprès de moi pour toutes ces années d'insultes, de méchancetés et de sournoiseries ! J'étais bouche bée même si au fond de moi, je savais qu'il n'était pas cet horrible Serpentard arrogant et prétentieux comme il le laissait paraître !

Il eut quelques rires discrets dans la salle et malgré elle, Hermione laissa échapper un léger sourire.

« Depuis ce jour, je ne cessais de penser à lui… à cette déclaration. J'étais perdue, le jour je le voyais jouer au parfait Serpentard et le soir il me parlait de son désir de changer… de devenir une bonne personne. Je voulais mettre les choses au clair entre nous ! Je ne comprenais pas quel genre de relation nous entretenions. Etions-nous amis ? Non, c'était plus que ça… il y a toujours eu entre nous ce sentiment inexpliqué…Enfin, alors que je lui fis part de mes interrogations, nous nous sommes embrassés, avoua Hermione dans un souffle.

Elle sentit le poids du regard de Harry et Ron sur elle. Elle n'osait pas regarder en leur direction, mais Hermione pouvait percevoir toute leur déception comme des ondes à distance. Elle déglutit difficilement, sa voix vacillante et tremblante.

« Nous nous donnions fréquemment rendez-vous dans le château, avant les cours, pendant et souvent après. Nous préférions changer de lieu, le plus souvent dans des classes de cours vides, dans le fond de la bibliothèque… Que faisions-nous la plupart du temps ? Nous nous embrassions, discutions ensemble de banalités comme de vieilles connaissances… chaque jour, j'apprenais à connaître le véritable Drago. Pas cet élève prétentieux, pourri et gâté par sa famille aux mentalités archaïques… non. J'appris à connaître un garçon comme un autre avec cette envie de devenir meilleur, d'avoir des rêves et de pouvoir aimer librement sans être jugé. Tous les jours, j'attendais impatiemment nos rendez-vous que nous nous donnions grâce à une pièce de faux Gallion.

-N'est-ce pas de cette manière que Mr Drago Malefoy communiquait avec ses complices ? Demanda sèchement Bahli.

-Oui… c'est cela, avoua honteusement Hermione. C'est également ainsi que nous communiquions l'année dernière, avec les membres de l'A.D.

-Personne de vos amis ne se demandait où vous passiez tout ce temps ? S'étonna la juge.

-Non… je prétendais me rendre à la bibliothèque comme je le faisais habituellement.

« Au fur et à mesure que le temps passait, je n'arrivais plus à supporter cette situation. Au début, je voulais tout arrêter pour mes amis, ajouta Hermione ses yeux recommençant à se remplir de larmes à nouveau. Je… je ne voulais pas leur mentir ! Mais très vite, je me rendis compte que les sentiments que je nourrissais pour Drago commençaient à m'échapper. Jamais, avoua-t-elle plus à elle-même qu'aux autres, jamais je n'ai aimé quelqu'un de cette manière. C'était plus que de l'amour, notre relation était devenue un véritable besoin ! Je savais que rien de notre histoire n'était raisonnable, après tout nous étions les meilleurs ennemis. Harry et Ron n'auraient jamais accepté notre liaison. À cette époque, nous vivions au jour le jour sans nous soucier du lendemain. Pour la première fois de ma vie, j'évitais de me poser des questions.

Seulement plus le temps passait, plus je ne pouvais ignorer les signes qui commençaient à surgir. Il semblait de plus en plus préoccupé, il séchait les cours, prenaient rarement ses repas à la grande salle. Depuis le début de l'année, Harry le soupçonnait d'être lié à des activités de Mangemort ainsi qu'à tous ces attentats étranges qui survenaient au château.

-De quels attentats parlez-vous Miss Granger ?

-Je parle de l'accident de Katie Bell ainsi que de l'empoisonnement de Ron. Harry soupçonnait Drago, même s'il était à Poudlard le jour de l'accident de Katie, il continuait catégoriquement de croire en son allégeance envers Voldemort.

-Et vous, que croyiez-vous à cette époque ? Demanda Kingsley.

Hermione baissa les yeux et fixa ses mains qu'elle tortillait dans tous les sens.

-Je ne savais plus très bien. Je… je croyais en lui, je lui faisais confiance, car je l'aimais profondément ! À longueur de journée, Harry ne cessait d'émettre des doutes et à chaque fois, je le dissuadais…« Un soir, nous nous étions donné rendez-vous dans la salle de bain des préfets. C'est là que tout bascula, précisa Hermione, sanglotant à moitié. J'ai vu sa marque. Cette marque qu'il portait sur le bras. Cette marque qui me ramena dans une réalité que je m'efforçais de nier. C'est Harry qui avait raison », ajouta-t-elle en se prenant le visage dans le creux des mains pour pleurer.

Elle releva sa tête et du peu de courage qu'il lui restait, affronta le regard de son meilleur ami. Elle n'aurait su dire quel sentiment il pouvait ressentir à son égard. Son visage si d'ordinaire bienveillant avec elle n'exprimait rien. Strictement rien. Telle une statue de marbre, Harry soutint le regard suppliant d'Hermione.

Mais ce regard semblait différent. Froid, distant, inatteignable. Son cœur se déchira en mille morceaux à la manière dont son meilleur ami la regardait, telle une inconnue.

-Harry… gémit Hermione entre deux sanglots, pardonne-moi…

Son regard se porta malgré elle vers Ron. Ron à ses côtés dont le visage rouge vif bouillonnait de colère. La haine. Voilà ce qu'il ressentait à cet instant à son égard. De la haine, de la rancune, de la trahison. Ses yeux reflétaient tous ces sentiments à la fois.

-Comment as-tu pu ?! S'écria Ron en se relevant de tout son corps.

-RON ! S'écria Ginny en se relevant à son tour pour arrêter son frère.

-TU NOUS AS MENTI TOUT CE TEMPS ! Rugit-il en se dégageant de Ginny.

-Non, Ron, arrête ! Intervint Bill en le maîtrisant, calme-toi.

Hermione pleura de plus belle et enfouit à nouveau son visage dans ses mains. La réaction de ses amis était tel qu'elle se l'était imaginé… pire encore. De manière frappante, elle se souvint de son rêve l'année dernière. Elle comprit à cet instant que ce moment était arrivé.

-Calmez-vous Mr Weasley, où je vous fais escorter hors de la salle ! Rugit Kingsley en frappant de son maillet.

Ron continua de gesticuler pour se dégager de son frère aîné puis se rassit, une expression de profond dégoût marquée sur son visage.

-Poursuivez, je vous prie.

-J'étais anéantie… perdue…

« J'avais mis un terme à notre relation. Je ne ressentais plus qu'un sentiment de trahison intense. Drago essayait de me retenir, il me clamait qu'il n'avait pas le choix, que Voldemort le menaçait de le tuer lui et ses parents. Seulement je ne pouvais ignorer ça ! Cette marque qui me rappellerait toujours son allégeance…

Je me sentais si seule… personne à qui me confier, Ron, pour des raisons infantiles me faisait la tête… Harry restait toujours auprès de lui. Cela a toujours été ainsi.

-N'aviez-vous personne à qui vous confier ? Demanda Bahli, sa voix frôlant presque l'émotion.

-Oui… une seule personne. Mais je ne veux pas la mêler à cette histoire et divulguer son nom.

-Miss Granger, beaucoup trop de mensonges planent autour de vous !

-Je…je sais… oui, mais cela importe peu !

-Qui est cette personne ? Qui était au courant de votre liaison avec Mr Malefoy ?! Insista-t-elle sèchement.

-Je ne veux impliquer personne d'autre, répondit-elle d'une petite voix aiguë.

-Donnez-moi son nom ! Exigea Bahli, perdant toute patience.

-C'était moi, fit une voix dans l'assemblée.

À nouveau, des bruits de protestations provinrent des tribunes. Toutes les têtes se tournèrent vers Ginny Weasley qui gardait la tête haute en direction des membres du jury.

-Ginevra Weasley, fit Kingsley étonné, levez-vous je vous prie.

La jeune fille se leva, ignorant les éclairs meurtriers que lui lançait son frère. Hermione fut frappée par le sang froid et la confiance de son amie. Comment arrivait-elle à garder ce calme et cette maîtrise alors qu'elle-même s'effondrait de plus en plus sur ce siège.

-Etiez-vous au courant comme le prétend Miss Granger, ici présente, de sa relation avec Mr Drago Malefoy.

-Oui, je l'étais.

-Depuis quand ?

-Elle me l'a avoué durant ma cinquième année, dans le Poudlard Express qui nous amenait chez nous pour les vacances de Noel.

-Pourquoi n'en aviez-vous parlé à personne ?

-Je ne pouvais pas, j'avais fait la promesse à ma meilleure amie de garder le secret ! Et quand bien même, nous étions liées par un serment inviolable.

Il eut de nouveau ce même bruit général de protestation et d'indignation. Les journalistes se délectaient plus que jamais du scandale. Rita Skeeter affichait une mine si réjouie, révélant l'intégralité de ses dents en or. À ses côtés, sa plume à papote grattait des mètres entiers de parchemins.

Hermione se tourna vers son amie, mais celle-ci ne lui accorda pas un seul regard. Ses yeux restaient fixés sur les membres du jury qu'elle affrontait, l'expression froide et dure.

- Hermione Granger vous a fait faire un serment inviolable ? Répéta Bahli, soulignant ainsi la gravité de leur acte.

-Oui.

-Etes-vous encore sous ce serment ?

-Non, Hermione l'a levé il y a quelques jours…

-Que vous a-t-elle révélé ?

-Tout ce qu'elle vient de vous raconter, répondit Ginny du tac au tac.

-Vous étiez donc au courant que Mr Drago Malefoy était un Mangemort ?

-Oui.

-Qu'avez-vous fait ensuite ?

Pour la première fois, Ginny pâlit. Elle perdit le contrôle des son regard et instinctivement, celui-ci se porta sur Hermione.

-R…rien, évidemment ! J'étais sous serment. Je… je lui ai conseillé d'aller en parler au Professeur Dumbledore.

-L'a-t-elle fait ?

-Oui.

-Qu'a-t-il dit ?

-Ce n'est pas à moi de vous le dire ! Répliqua froidement Ginny

Bahli lui lança un regard noir par-dessus ses lunettes ovales comme si elle était outrée de son insolence.

-Ca sera tout, Miss Weasley.

Ginny se rassit en prenant soin de ne pas regarder Harry et Ron.

-Continuez, Miss Granger.

« Pendant plusieurs semaines, nous évitions de nous parler et de se voir…

« Durant la soirée de Noel organisée par le professeur Slughorn, Drago essaya de s'infiltrer discrètement à la fête pour venir me parler. Malheureusement pour lui, il se fit prendre sur fait par Rusard, le concierge de l'école. Le professeur Slughorn l'invita tout de même à rester à la fête, mais Rogue, enfin le professeur Rogue le réprimanda et l'escorta jusqu'à la sortie. Tout ceci était curieux, voire même très suspect ! Il n'en fallut pas plus pour que Harry se mette à les suivre, persuadé que les deux hommes cachaient un secret. À contrecœur, je rentrais au dortoir, l'esprit préoccupé par cette interruption. Le lendemain, j'eus une conversation avec Drago… Il ne voulait pas me dire de quoi il s'agissait… Il évitait mes questions à chaque fois qu'il le pouvait si bien que je m'efforçais de ne pas y penser… de refouler mes incertitudes à chaque fois que quelque chose de suspect se produisait. La veille des vacances de Noel, il voulait me dire au revoir avant mon départ pour le Poudlard Express. Je fus étonnée d'apprendre qu'il passait ses vacances de Noël, car « il avait des choses à faire », me disait-il. Je n'en savais pas plus, il prenait soin de me tenir à l'écart de ses affaires, mais je savais que Drago travaillait sans relâche sur quelque chose au point de rester à Poudlard pour les vacances de Noël .

-Etiez-vous au courant en quoi consistait ce travail ?

-Non… j'ignorais tout ! Je savais seulement que Voldemort le menaçait de le tuer lui et ses parents s'il n'exécutait pas cette tâche… Drago refusait de me dire quoi que ce soit pour me protéger. Tout ce que j'avais découvert c'était qu'il passait la plupart de son temps dans la salle sur Demande.

-Ne lui avez-vous jamais demandé ce qu'il manigançait dans cette salle ?

-Si ! S'écria Hermione à moitié hystérique, à plusieurs reprises ! Mais il refusait catégoriquement de me dire quoi que ce soit !

« Tout comme Harry, j'ai… j'ai essayé d'entrer dans cette salle sur Demande pendant qu'il s'y trouvait, sans succès. J'ai compris bien assez tôt que c'était impossible sans savoir exactement en quoi la salle se transformait quand quelqu'un était déjà à l'intérieur.

-Miss Granger, la coupa Bahli, je ne vois pas très bien où vous voulez en venir et surtout, quelles sont ces informations que soi-disant vous détenez.

-Laissez-la poursuivre son récit, répondit sèchement Kingsley.

-Mr le Ministre, insista-t-elle, je souligne simplement que la relation entre Miss Granger et Mr Malefoy ne change rien aux accusations qui lui sont portées. Et quand bien même, où se trouve la preuve que ce que prétend miss Granger soit vrai ?

-Je peux le prouver, répondit Hermione. Avant de partir, il m'a offert un cadeau pour Noël, expliqua Hermione d'une voix brisée.

D'un geste tremblant, elle sortit le pendentif qu'elle dissimulait sous son chemisier et le montra au jury. L'émeraude scintillait à la lueur des torches qui éclairaient la salle d'audience. C'est… un bijou qui appartient à sa famille… expliqua Hermione.

-Faites parvenir la pièce à conviction, exigea Kingsley.

Percy Weasley pointa sa baguette vers le collier qui s'envola vers le premier Ministre.

-Hmm… fit-il en analysant la pierre, nous retrouvons bien les armoiries des Malefoy. Regardez par vous-mêmes Mrs Bahli.

-C'est exact, approuva la sorcière en retournant sur toutes les coutures le pendentif.

C'était trop pour Lucius Malefoy qui ne tenait plus.

-C'est un mensonge, rugit-il en se relevant. Mon fils unique n'aurait jamais offert cet héritage à une… à une…

-Lucius ! Le coupa Narcissa Malefoy.

-Toute cette histoire est fausse ! ELLE MENT !

-Asseyez-vous Mr Malefoy ! Exigea Kingsley, vous n'êtes pas dans une position à pouvoir contredire le témoignage de Miss Granger.

Lucius lui jeta un regard assassin au premier Ministre qui soutint son regard. À contrecœur comme si son corps tout entier refusait de lui obéir, Lucius s'assoit. Son visage crispé par la haine, son irascibilité n'avait jamais autant atteint ce point. Hermione risqua à autre coup d'œil vers Drago mais celui-ci tentait de croiser le regard de son père. En vain…

« À la fin des vacances de Noel, continua-t-elle, Harry m'informa de ce qu'il avait entendu de la conversation entre Drago et Rogue, durant la soirée du professeur Slughorn.

Caché sous sa cape d'invisibilité, il les avait délibérément suivis…C'est de cette manière qu'il apprit que le professeur Rogue avait exécuté lui aussi un serment Inviolable avec Narcissa Malefoy, promettant de protéger son fils jusqu'au bout de sa mission… ce qu'il fit en tuant lui-même le professeur Dumbledore.

Cette situation me ramena aussitôt à la réalité dans laquelle je m'étais forcée de nier… depuis les événements n'ont cessés de se dégrader… plus le temps avançait… plus mes inquiétudes remontaient aussitôt la surface.

Puis il eut l'empoisonnement de Ron auquel Harry le soupçonnait une fois de plus d'être étroitement lié. Il ne cessait de répéter que Malefoy était un Mangemort, qu'il avait pris la place de son père dans le rang… je le savais, je savais tout cela et pourtant je continuais de le nier, j'essayais de toutes mes forces de l'éloigner de cette théorie ! S'écria Hermione en fondant une fois de plus en larmes. P…p…parce que je l'aimais !

-L'aviez-vous interrogé à ce sujet ? Demanda Bahli pour couper court aux pleurnicheries d'Hermione.

-Oui… oui… je lui avais posé la question.

-Que répondait-il ?

-Il se contentait de répondre que ce n'était pas de sa faute si Ron s'était empoisonné.

-Et vous vous êtes contentée de cette réponse ?! S'exclama la Directrice, stupéfaite.

-Oui… de toute manière, nous n'étions plus ensemble. Tout était terminé entre nous à ce moment-là.

« Pendant ce temps, Harry s'acharnait à découvrir ce que préparait Drago. Il suivait chacun de ses déplacements, mais à chaque fois il disparaissait, il était devenu complètement insaisissable. Et moi… tout ce temps je priais pour ne pas qu'il découvre son secret… j'avais peur.

Peur que Harry ne découvre la mission de Drago, qu'il en parle au professeur Dumbledore ! Qu'arriverait-il dans ce cas ? Me demandais-je sans cesse. Sa mission aurait échoué et Voldemort l'aurait tué ! Je ne pouvais supporter de le perdre ! Je devais être là pour lui… alors je l'ai prévenu… je l'ai mis en garde à plusieurs reprises de Harry… j'ai trahi mon meilleur ami par amour pour lui !

A chaque fois, je le prévenais que Harry le suivait de près, qu'il avait découvert sa cachette et qu'il le guettait sans relâche derrière la salle sur Demande…

-Miss Granger, la coupa Bahli, ce que vous nous racontez est très grave ! Vous jouiez le rôle de complice !

Hermione ne savait quoi répondre… elle se sentait déconcertée, effrayée comme un oiseau tombé de son nid. Elle ouvrit la bouche puis la referma. Oui, elle avait joué le rôle de complice tout au long de l'année… elle en payait le prix désormais.

-Je… je ne voulais pas… c'était malgré moi… que pouvais-je faire d'autre ? S'exclama Hermione consciente qu'une centaine de personnes la jugeait en ce moment.

-Continuez, l'encouragea calmement Kingsley.

« Mes sentiments étaient toujours aussi forts, mon cœur saignant de ne pouvoir l'aider, le sauver…. Seulement c'était beaucoup mieux de ne plus se voir...

Quelque temps après, il eut un accident entre Harry et Drago… Harry lui lança un terrible maléfice et Drago se retrouva à l'infirmerie. Si Rogue ne l'avait pas suivi, il serait mort à l'heure qu'il est.

Lorsque j'appris la nouvelle, je réalisai à quel point je tenais à lui ! J'étais encore plus perdue, j'ignorai vers qui me tourner ! Plusieurs fois, Ginny me conseillait d'en parler au professeur Dumbledore. Comme elle vous l'a dit tout à l'heure, c'est ce que je fis… le professeur Dumbledore me reçut dans son bureau et…

sa voix s'étrangla. Le souvenir de sa conversation avec Dumbledore revint dans son esprit, aussi précis qu'un film qu'elle visualisait à l'écran.

-Que vous a-t-il dit ?

-Je… je lui ai tout avoué, ma relation avec Drago, les soupçons que je portais sur lui et surtout… ma crainte qu'il ne se fasse tuer !

« Le professeur s'est montré très rassurant. À mon plus grand étonnement, il était déjà au courant de sa mission. Il m'a promis de faire tout ce qui était en son pouvoir pour protéger Drago. Je me sentais si rassurée… j'avais besoin de son réconfort ! Savoir que Dumbledore portait un regard protecteur envers lui enlevait tout le poids de mes inquiétudes.

Il… il m'a également ouvert les yeux, il m'a fait comprendre que plus que jamais Drago avait besoin de moi pour l'aider à surmonter son épreuve ! Que le pouvoir de mon amour pourrait le sauver et choisir entre le bien et la facilité, fit-elle d'une voix aiguë en citant la phrase de Dumbledore.

Après cet entretien, j'accourus aussitôt rejoindre Drago où pour lui annoncer que j'avais pris ma décision : je serai à ses côtés quoiqu'il arrive ! Je voulais le sauver, je voulais qu'il renonce à sa mission pour moi !

Hélas, les choses ne se passèrent pas comme je l'aurai souhaité… qui plus est, sa mission n'aboutissait pas vraiment… plus les jours passaient, plus Drago se décomposait. Je pouvais ressentir son désespoir. Il vivait chaque jour avec cette peur comme une épée au-dessus de sa tête ! Jusqu'au jour où cette terrible armoire soit enfin réparée…

-L'armoire à disparaître par laquelle les Mangemorts sont arrivés à l'école ?

-Oui c'est celle-là.

-Comment Mr Malefoy a-t-il réussi à la réparer ? Interrogea Bahli, perplexe. D'après le témoignage de Mr Barjow, cela était presque impossible.

-Drago avait passé toute l'année à essayer de la réparer. Après plusieurs mois d'essais, il y était enfin parvenu.

-Miss Granger, insista Bahli, nous connaissons tous vos capacités intellectuelles et magiques, êtes-vous certaine que Mr Malefoy ait réussi à réparer cette armoire seul ? Sans votre aide ?

-Oui… répondit Hermione, je vous assure !

-Mr le Ministre, fit-elle en se tournant vers Kingsley, j'ai la certitude que Miss Granger ne nous dit pas entièrement la vérité.

-C'est faux ! Intervint Drago pour la première fois depuis qu'Hermione témoignait. Elle n'a rien à voir dans cette histoire !

-Votre intervention ne changera rien, Mr Malefoy ! Répliqua sèchement Bahli. Mr le Ministre ?

Kingsley semblait plongé dans des profondes réflexions. Durant ce temps, le public gardait toujours le silence attendant une décision du premier Ministre. Les secondes durant lesquelles Kingsley réfléchissait à prendre une décision duraient une éternité. Enfin, d'un ton calme et réfléchit, il déclara :

-Miss Granger, la justice magique ne peut pas se permettre de douter d'un témoignage. Dans un cas similaire, divers moyens sont disponibles afin de tirer la vérité de la bouche de ses témoins ou accusés. Je pense que vous êtes assez intelligente pour comprendre cela et nous raconter l'entière vérité. Vous comprenez ?

-Ou… Oui Mr le Ministre.

-Hermione ! Cria à nouveau Drago dans sa direction. Non !

Elle se tourna vers lui et à travers ses yeux embués de larmes, elle lui fit comprendre qu'elle ne pouvait plus reculer.

-Je n'ai pas le choix, lui murmura-t-elle. C'est vrai, avoua-t-elle à l'intention de Kingsley. Lorsqu'il me demanda mon aide pour réparer une vieille armoire, je n'ai pu refuser ! Je…je n'avais qu'une idée en tête ! Le sauver ! S'écria-t-elle. Jamais je n'avais pu… je n'avais pas fait le lien… ce n'est que lorsqu'il réussit à la réparer, cette nuit-là que je compris l'énorme erreur que j'avais commise…

Ce fut de trop, Hermione explosa en sanglots, son cri de désespoir résonnant dans toute la salle. Personne ne parla, tout le monde était abasourdi par cette révélation : Hermione Granger : la sang-de-bourbe complice dans le meurtre d'Albus Dumbledore.

-Vous… vous voulez dire, résuma Kingsley incrédule, que vous avez aidé Drago Malefoy à introduire des Mangemorts à Poudlard ?

Sur ces mots, la foule semblait enfin sortir de sa torpeur. Il eut des chuchotements de protestations suivies de cris scandalisés, certains huaient après elle, d'autres hurlaient à la traitrise. Mais le pire de tout, fut le hurlement déchirant de Mrs Weasley :

-TRAITRESSE ! MANGEMORT ! hurla celle-ci au bord de l'hystérie. MENTEUSE ! TOUT EST DE SA FAUTE ! MON FILS, BILL ! DUMBLEDORE ! FRED !

-Mrs Weasley, calmez-vous, je vous prie !

Mais Mrs Weasley continua de vociférer comme une démente. Son mari essaya de la calmer, mais elle le repoussa avec une force surhumaine, son visage d'ordinaire si bienveillant était défiguré par la haine et la colère.

-MENTEUSE ! MANGEMORT ! NE T APPROCHE PLUS JAMAIS DE MA FAMILLE, HERMIONE GRANGER !

TAM TAM TAM TAM

Mais rien ne fit, l'assemblée continua de s'indigner de plus belle. Les coups de maillet de Kingsley ne changèrent rien, tout le monde se retournait sur Mrs Weasley qui essaya de s'échapper de force de l'étreinte de ses enfants pour se précipiter sur Hermione.

-Silence où je fais évacuer la salle d'audience ! Hurla-t-il à plein poumon tout en continuant de frapper.

-NE VOYEZ-VOUS PAS ?! Continua d'hurler Mrs Weasley à plein poumon, ELLE NOUS A TOUS MENTI !

-MAMAN ARRETE ! Crièrent Bill et Ginny en même temps, essayant de retenir Mrs Weasley qui continuait de se débattre comme une lionne sauvage.

-ELLE ÉTAIT COMPLICE DEPUIS LE DEBUT AVEC CE MISERABLE TRAITRE ! ELLE NE VAUT PAS MIEUX QUE TOUT CES MANGEMORTS !

-Non… non, s'écriait Hermione qui commençait à s'étrangler tant les larmes coulaient à flots.

-NE VOUS EN PRENEZ PAS A ELLE, PAUVRE FOLLE ! Cria à son tour Drago qui se releva à son tour pour affronter Mrs Weasley.

Celle-ci s'arrêta net et lui répondit en hurlant de toutes ses forces.

-VOUS MERITEZ TOUS LE BAISER DU DETRAQUEUR !

-Williamson, Robards, faites-là évacuer de la salle !

Sous les nuages de fumée des appareils de photographie qui mitraillaient Mrs Weasley, cette dernière fut escortée de la salle, sa voix continuant de hurler des injures jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la porte qui se claqua derrière elle dans un bruit sourd. À cet instant, Hermione comprit que jamais plus elle ne pourrait retourner au Terrier.