Helloooo !

Avec un peu de retard, bonne année 2021 !

Nous nous retrouvons avec un tout nouveau chapitre, d'un point de vue d'une autre personnage cette fois ;) Nous prenons toujours autant de plaisir à écrire à travers le regard des autres dans cette Fanfic, qu'en pensez-vous ?

Nous espérons que vous apprécierez ! Bonne lecture et merci de continuer à nous suivre :D


Chapitre 24 : George Weasley

-George ! George, réveille-toi !

Il remua en poussant des gémissements apeurés, son front ruisselant de sueur tandis que ses traits se crispèrent davantage comme s'il souffrait d'une fièvre particulièrement violente. Voyant que George ne cessait de remuer, elle persista en le secouant encore plus.

-Qu…quoi ? demanda-t-il en sursautant, son torse dégoulinant de transpiration.

-Tu faisais encore un cauchemar.

-Ah oui… répondit-il vaguement en s'épongeant le front de son revers de main.

Lentement, George reposa son dos contre la tête de lit en bois. Son cœur continuait de tambouriner dans sa poitrine tandis qu'il essayait de reprendre ses esprits, mais la vision de son cauchemar continuait de se matérialiser dans son esprit aussi vivement qu'une série de flashs qui apparaissait devant ses yeux. Il se frotta les paupières comme pour chasser les images de son frère jumeau assassiné sous ses yeux.

-C'était Fred ?

-Oui…

-Tu veux en parler ?

-Non.

-Très bien.

Elle se blottit dans ses bras, ses doigts caressant nonchalamment son torse. Ce contact avait le don de l'apaiser et doucement, sa respiration reprit un rythme normal. Tendrement, il lui prit sa main et y déposa un baiser comme pour la remercier d'être là, chaque nuit à ses côtés pour affronter ses cauchemars.

-Merci d'être là, Angelina.

Pour toute réponse, elle tendit son visage vers lui et déposa tendrement ses lèvres charnues sur les siennes. George commença à caresser sa peau mate tout le long de son corps, parcourant ses courbes généreuses, tout son être la désirait encore et encore.

-George, parvint à articuler Angelina entre deux baisers, tu vas être en retard.

-Encore un peu…

-Tu risques d'éveiller les soupçons, lui rappela-t-elle en le repoussant gentiment.

Il poussa un soupir de frustration puis se releva du lit pour commencer à s'habiller. Il jeta un regard furtif vers sa montre qui indiquait sept heures du matin. Il ne devait pas tarder à rentrer au Terrier avant que sa mère ne vienne le réveiller pour se rendre à la boutique. Il lassa rapidement ses chaussures puis enfila sa veste avant de se rendre compte qu'Angelina l'observait fixement sans perdre des yeux le moindre mouvement.

-Tu n'es pas obligé de partir, tu sais…

-Je sais, mais je préfère que les choses se passent de cette manière. Pour le moment, ajouta-t-il devant son expression butée.

-Cela fait plus de deux mois que ça dure.

Il soutint son regard sans sourcilier, conscient que l'ancienne Gryffondor ne lâcherait pas la discussion cette fois-ci.

-Je sais, répondit-il simplement d'un ton distant.

-Tu m'expliques, tu sais que tu peux tout me dire… dit-elle d'un ton docile pour l'inciter à se confier.

En sa présence, il sentait qu'il pouvait parler librement de la peine liée à la perte de son frère jumeau sans éprouver ce sentiment constant d'une main invisible qui lui arrache le cœur de sa poitrine. Au Terrier, parler de Fred était devenu tabou, car dès l'instant où quelqu'un abordait ce sujet, sa mère s'effondrait. Bien sûr, il ne lui en voulait pas, mais il éprouvait ce besoin de parler de lui comme s'il craignait qu'un jour on l'oublie ou que son existence n'était qu'un rêve lointain. Il y avait bien Lee Jordan avec qui ils discutaient de leurs quatre cents coups à Poudlard, leurs fourberies et autres farces, mais cela n'atténuait en rien son chagrin. Rien ne pouvait combler le trou béant, cette partie en lui que Fred représentait comme la pièce manquante d'un puzzle incomplet. Il n'avait pas seulement perdu son frère jumeau, mais une partie de lui-même. À présent, il était seul, réalisait-il la nuit tandis qu'il était incapable de fermer l'œil.

Peu de temps après, Lee Jordan trouva un travail d'animateur radio à la RITM (Radio Indépendante à Transmission Magique) et ses visites s'espacèrent de plus en en plus bien qu'ils correspondaient au moins une fois par semaine. Seulement ce n'était plus la même chose, réalisa George tristement.

Tel un fantôme qui errait sans but précis, George reprit ses activités à la boutique. Un jour, durant les vacances d'été alors qu'Angelina entrait dans sa boutique à la recherche d'une farce et attrape pour sa petite sœur, ils avaient longuement discuté pour finalement garder un contact régulier où ils se fréquentaient de temps à autre pour déjeuner ensemble sur le chemin de Traverse. Durant tout ce temps, Angelina l'écoutait parler de Fred comme personne à qui il pouvait se confier.

Petit à petit, leurs rendez-vous se sont transformés pour devenir plus que de simples rencontres amicales. Depuis, George aimait se faufiler en douce chez Angelina pour passer la nuit à ses côtés même si ces derniers temps, l'ancienne Gryffondor lui faisait de plus en plus part de son désir de vivre ensemble dans son ancien appartement qu'il louait avec Fred.

-Je ne suis pas prêt à retourner vivre là-bas… il y'a trop de souvenirs douloureux…

Angelina se leva du lit, enroulant son drap blanc autour d'elle avant de se diriger en trombe vers George. Celui-ci sourit malgré lui devant son air déterminé comme autrefois sur le terrain de Quidditch de l'école. Ce qu'elle pouvait être coriace pensa-t-il quand elle commença à plonger son regard sévère dans le sien.

-Dis plutôt que tu ne veux pas vivre avec moi !

-Ça n'a rien à voir Angelina !

-Alors pourquoi toutes ces cachoteries ? Au début c'était très amusant, mais maintenant tu pourrais au moins le dire à ta famille, ne plus être obligé de rentrer en douce chez toi !

George poussa un soupir, il n'avait jamais aimé les discussions d'adulte et à présent, il comprenait pour quelle raison il n'avait jamais eu véritablement de petite amie. Cependant, Angelina était plus qu'une simple aventure sans lendemain comme il lui laissait penser, elle était son amie avant tout et il la respectait énormément pour cette raison, aujourd'hui plus que jamais.

-Je ne suis pas prêt à leur dire, du moins ce n'est pas le moment… depuis les révélations du procès l'ambiance est quelque peu tendue à la maison… je ne peux pas laisser tomber ma mère…attendons que la situation se calme pour leur annoncer, veux-tu ?

-Depuis quand George Weasley se soucie-t-il de sa mère ? demanda Angelina en posant ses mains sur ses hanches dans une imitation frappante de Mrs Weasley.

-J'ai changé, Angelina.

Son expression ferme et sévère se radoucit quelque peu et dans un geste délicat, elle lui prit la main.

-Je comprends George, c'est simplement que j'ai envie de vivre avec toi.

-Moi aussi, lui assura-t-il en caressant à son tour la paume de sa main. Ce n'est qu'une question de temps, je te le promets.

Il se pencha vers elle et l'embrassa tendrement puis enfila sa veste en peau de dragon par-dessus ses vêtements, tournoya sur lui-même et transplana.

Lorsqu'il atterrit sur le plancher de son ancienne chambre au Terrier, la maison semblait toujours endormie. Seul le son de cahotement de la goule de maison qui depuis le retour de Ron, était retournée vivre dans le grenier perturbait le silence de l'aube.

Il regarda à nouveau sa montre, il était trop tôt pour descendre déjeuner, songea-t-il en s'asseyant sur le bord de son lit. George décida de s'étendre un court instant en attendant que les autres membres de la famille se lèvent à leur tour. Les mains accoudées derrière la tête, il ressentit cet habituel sentiment d'angoisse à l'idée de retourner travailler au magasin. Depuis la disparition de Fred, il n'éprouvait plus le même intérêt en ce qui concernait les farces et attrapes, pire encore il n'arrivait plus à trouver la moindre inspiration dans la conception de ses farces et au fur et à mesure que le temps passait, le magasin dépérissait à petit feu… Les clients semblaient se lasser des articles habituels tels que les baguettes farceuses ou encore les boites à flemmes dont les cartons étaient à présent recouverts d'une fine couche de poussières et ils privilégiaient depuis quelque temps la boutique Zonko, à pré-au-lard.

L'estomac noué, il se força d'imaginer de nouvelles idées, mais rien ne lui vint à l'esprit, seuls le vide et le désarroi s'emparaient de lui… plus rien n'était pareil sans Fred, pensa-t-il en battant rapidement des paupières pour ne pas se laisser submerger par les larmes. Plus rien ne lui paraissait drôle et amusant… même les farces et attrapes. Une partie de lui avait disparu ce soir-là, à présent il était seul.

Non, lui souffla une voix lointaine dans sa tête, tu n'es plus seul, Ron est avec toi désormais. C'est vrai, réalisa-t-il, depuis que Ron l'accompagnait dans la boutique il sentait beaucoup moins seul et quelques fois, il se surprenait à plaisanter à nouveau. Il n'avait jamais osé l'avouer à son petit frère, mais sa présence l'aidait énormément à surmonter son deuil. Sur ces pensées, George commençait à somnoler jusqu'à ce que des coups secs retentissent contre sa porte.

-George, le déjeuner est prêt ! fit la voix de Ron derrière la porte.

Il poussa un grognement inaudible puis se leva du lit en se frottant ses yeux. Lorsqu'il descendit l'escalier, il put constater que tout le monde était déjà réuni autour de la table et prenait leur petit déjeuner dans un silence lourd. Il salua tout le monde puis s'installa à côté de Harry qui lisait La Gazette du sorcier, sa cuillère de porridge suspendue dans le vide, sa bouche à moitié ouverte.

-Quelles sont les nouvelles du jour ? demanda Ginny.

Ron poussa un grognement rauque comme à chaque fois que l'on parlait de La Gazette. Habituellement, Harry se contentait de lire les gros titres puis de refermer aussitôt le journal tout en prenant soin de ne pas révéler la dernière page à potins et autres histoires ridicules à l'eau de rose sur Hermione et Malefoy. Un jour, alors que George s'était rendu dans la chambre de son frère pour le réveiller de bonne heure, il eut le temps d'apercevoir plusieurs morceaux de journal rageusement déchirés cachés derrière sa malle d'école. Sur l'un des morceaux, la photographie du visage d'Hermione au procès le dévisageait d'un air attristé. George se souvint comme si c'était hier de leur retour à la fin du procès. Ron avait débarqué au Terrier dans une rage folle avant de disparaître plusieurs heures, ce n'est qu'en fin d'après-midi qu'il revint en compagnie de Harry pour prendre ses affaires et s'installer quelques jours chez Bill et Fleur. Après plus d'une semaine, Harry, Ginny et lui le persuadèrent de revenir à la maison pour reprendre le cours d'une vie normale et George du même admettre à contrecœur que ses plaisanteries, si idiotes soient-elles, lui manquaient.

Depuis ce jour, Ron était revenu l'aider dans sa boutique. Cependant il ne put manquer de constater que son frère restait renfrogné, grognon et quelques fois désagréable avec leurs clients qui désertaient petit à petit les lieux. À plusieurs reprises George lui fit part de son manque de tact, mais il du rapidement se rendre à l'évidence que son comportement ne changerait pas de si tôt.

-Rien d'intéressant, répondit Harry en repliant comme à son habitude le journal en quatre. Apparemment les Aurors ont arrêté trois Rafleurs de plus à Londres, ils se faisaient passer pour des Détraqueurs.

-Ces Rafleurs, commenta Mr Weasley en sirotant son thé, ils ne reculent devant rien. Ils sont recherchés pour la plupart avec autant de vigueur que certains Mangemorts ce qui ne les empêche pas de semer le trouble sur le passage chez ces pauvres Moldus. Combien de poubelles explosives n'avons-nous pas du conjuré depuis la fin du règne de Vous-Savez-Qui, ajouta-t-il dans un soupir.

-Mais ils risquent tout de même une condamnation, n'est-ce pas papa ? demanda Ginny.

-Bien sûr que oui, tous les actes commis à l'encontre des moldus sont à présent très sévèrement punis et…

Ron laissa échapper un ricanement et toutes les têtes se tournèrent vers lui. Indifférent à cette interruption, Mr Weasley continua son discours sur le changement de statut des moldus et nés-moldus lorsque plusieurs hiboux atterrirent dans la petite cuisine du Terrier pour lâcher de leurs becs plusieurs lettres qui vinrent se déposer en tournoyant dans le vide devant chacun de leur bol de porridge.

-Ce sont des lettres de l'école, s'étonna George en reconnaissant le sceau.

-C'est étrange, s'étonna Ginny, plus personne ne reprend les cours.

-Ouvrez-la, les enfants ! Suggéra Mr Weasley avant de s'apercevoir qu'il y en avait également une à son nom et celui de sa femme.

Quelques secondes plus tard, ils terminèrent la lecture de leurs lettres respectives, un air de profonde stupéfaction inscrit sur chacun des visages.

-J'avais presque oublié que les travaux de Poudlard étaient terminés, avoua Harry.

Depuis la fin du procès, plus aucun d'entre eux ne s'était rendu à l'école, le contrecoup des révélations d'Hermione étant encore trop présent dans leur esprit. George savait que Ginny continuait de communiquer avec l'ancienne Gryffondor, Harry évitait généralement de donner son opinion à ce sujet quant à Ron, jamais une personne saine d'esprit n'aurait songé à prononcer le nom d'Hermione ou de Malefoy devant lui.

-Je crois bien que tu n'es pas le seul, ajouta George en échangeant un regard honteux avec les autres autour de la table.

-Qu'est-ce qu'ils veulent dire par « une cérémonie d'honneur » ? demanda Ginny en relisant sa lettre.

-C'est certainement à ce moment qu'ils nous décerneront l'Ordre de Merlin, annonça Harry.

Il eut un silence, tout le monde tourna sa tête d'un coup sec en direction de Harry puis Ron.

-L'Ordre de Merlin ! S'exclama Mr Weasley incrédule, Wouah ! Félicitations !

Ils se levèrent avec entrain, félicitant Harry et Ron qui semblèrent avoir reçu un coup de massue sur la tête. Tout le monde se passait la lettre de Poudlard, souhaitant lire de leurs propres yeux la nouvelle. Un large sourire sur le visage, George tentait de dissimuler la tristesse qui l'envahissait à l'idée que son frère jumeau avait également donné sa vie dans la bataille de Poudlard. Il tenta de chasser ce sentiment déchirant et il s'aperçut très vite qu'un autre membre de la famille ne semblait pas se réjouir autant de cette nouvelle.

-Ça ne va pas, Ron ?

-Si… ca va très bien, répondit-il d'une voix gutturale.

Les autres évitèrent de le regarder, tous pensants à la même chose : Hermione sera également présente ce soir-là. Un silence gênant s'installa autour de la table, tout le monde revint à sa place initiale et ils terminèrent leur petit déjeuner dans un silence pensant, chacun étant plongé dans la contemplation de leur bol de porridge. Quelques minutes plus tard, Harry et la famille Weasley quittèrent la table, chacun partant à ses occupations. Comme chaque jour, George et Ron partirent en direction de la boutique de farces et attrapes, sans échanger un seul mot.

Le chemin de Traverse était presque désert à cette heure de la matinée, les volets des boutiques se levèrent sur leur passage laissant découvrir les mines fatiguées des marchants. Des nuages gris commencèrent à se former au-dessus de leurs têtes suggérant une journée nuageuse et pluvieuse en ce début de l'automne. Le carillon de l'entrée retentit en un grincement usé et les lumières du magasin s'allumèrent aussitôt, éclairant la boutique vide et silencieuse. Ron passa devant George dans un geste bourru, et fonça sans se retourner vers la réserve à l'arrière de la boutique. Ce dernier poussa un soupir, il avait le pressentiment que la journée allait être longue. À ses côtés, le portrait de son frère jumeau lui lança un clin d'œil, un sourire malicieux dessiné sur son beau visage. Comme chaque jour, George ignora ce geste et préféra suivre son frère cadet jusqu'à l'arrière-boutique.

Comme George l'avait pressenti, la journée se poursuivit avec une lenteur indécente si bien qu'à plusieurs reprises, George crut que le cadran de sa montre avait cessé de fonctionner. Comme chaque jour, peu de clients affluaient entre les rayons de la boutique de farces et attrapes qui autrefois, regorgeait d'adolescents malicieux avides d'espiègleries, mais ce n'était rien comparé à aujourd'hui où seul un groupe de quatre enfants âgés approximativement de moins de dix ans arpentaient les allées, regardant distraitement les objets magiques qui reposaient depuis un certain temps dans les rayons. Mais ce n'était pas sans compter sur l'humeur massacrante de Ron qui s'en prie à une pauvre fillette apeurée qui l'observait de trop près selon lui. Furieux, il lui conseilla de reposer sa baguette farceuse ou de l'acheter si elle ne voulait pas qu'il la brise sur sa tête.

-Ron, espèce de parfait petit crétin ! S'écria George en l'empêchant de balancer la baguette farceuse vers les enfants qui s'enfuyaient en courant de la boutique.

-Ils l'ont cherché ces morveux !

-Tu n'as pas à passer ta mauvaise humeur sur les clients !

-Quels clients ?! S'exclama Ron en désignant la boutique, il n'y a jamais plus personne, George ! Chaque jour la boutique se vide de plus en plus, tu ne confectionnes plus aucune farce ! Tu n'as même plus les moyens de payer la location, lui cracha Ron en plein visage, les traits crispés par la haine.

Son souffle se coupa, comme s'il avait reçu comme un coup de poing en plein dans l'estomac. De quelle manière Ron avait-il eu connaissance de ses problèmes d'argent ?

-Alors tu fouilles dans mes papiers maintenant ? S'indigna George.

-Je n'ai même pas eu cette peine, toutes les factures impayées reposent sur ton bureau !

Tous deux continuèrent de s'affronter d'un regard noir par-dessus la caisse enregistreuse. Ce n'est qu'au bout de quelques secondes qu'il sentit ses yeux lui piquer et qu'il consentit à détourner la tête. Il parcourra sa boutique des yeux et contempla ce spectacle désolant. Il n'y avait plus de rire, plus de cri de joie, seulement un avion en papier qui s'écrasa tristement au sol. Que dirait Fred de cela ? pensa-t-il la gorge nouée.

-Écoute Ron, ces derniers temps sont particulièrement pénibles pour moi… je n'arrive plus à concevoir la moindre farce et attrape, c'est vrai, mais ce n'est pas une raison pour terroriser le peu de clients que nous ayons ! Ce n'est pas parce que tu as reçu cette lettre de Poudlard que tu dois…

-Ça n'a rien à voir avec ça, le coupa Ron en fixant honteusement ses pieds.

-Alors c'est quoi le problème ? demanda George au bout de quelques secondes de silence.

-Rien, laisse tomber veux-tu ?

George observa plus attentivement son petit frère et à voix basse, il demanda :

-C'est Hermione c'est ça ?

Un air d'effarement s'inscrivit sur le visage de Ron à l'évocation du nom de Hermione qui depuis le mois de septembre, évitait d'être prononcé sous peine de subir le regard assassin de Ron.

Le regard fuyant, il hocha la tête d'un bref mouvement de tête puis ajouta d'une voix brisée :

-Elle sera là… à Poudlard… pour l'inauguration et je…

-Tu n'es pas prêts de la voir, acheva George sans étonnement.

En temps normal, il n'était pas très doué pour analyser les gens.

-C'est ça… et lui… il sera certainement là aussi ! ajouta Ron rageusement, son teint virant au rouge.

Il tapa rageusement sur la manivelle de la caisse enregistreuse dont le ressort explosa en un nuage de fumé mauve.

-Je n'arriverai pas à affronter son regard… pas en sachant tout ce qu'elle a fait !

-Ron…

-Elle nous a menti, George ! Trahi, humilié… elle m'a fait croire qu'elle m'aimait ! S'écria-t-il, des larmes de rage lui montant aux yeux.

Il ne put se contrôler davantage et attrapa la caisse enregistreuse pour la fracasser au sol. Hors de lui, il se retourna, cherchant un autre objet pour se défouler, mais George l'attrapa à temps pour le calmer.

-Ron ! Ron ! S'écria-t-il en lui secouant les épaules, calme-toi ! Ça ne changera rien de tout détruire !

-Je…veux…le… tuer ! Malefoy !

-Tu dois accepter la réalité ! Ils… ils s'aiment Ron ! Tant que tu ne l'accepteras pas, tu vivras sans cesse avec cette rage en toi.

-Qu'est-ce que tu veux dire ? Lui demanda son frère en le regardant pour la première fois dans les yeux.

-Que tu ne pourras tourner la page qu'en étant confronté à la réalité.

-Alors tu crois que je devrais me rendre à cette soirée à Poudlard.

-C'est indispensable si tu veux vivre une vie normale ! Il faut te ressaisir Ron ! Écoute, rentre à la maison je m'occuperai de fermer la boutique ne te tracasse pas avec ça, je ne pense pas que d'autres clients viendront à présent…

-Désolé, balbutia Ron, les oreilles rouges jusqu'aux pointes.

-Ne te tracasses pas avec ça, fit George le lui donnant une tape amicale sur l'épaule.

Dans un silence gêné, Ron prit ses affaires et s'en alla sans ajouter de mot. George ignorait si sa conversation avec son plus jeune frère allait changer quoique ce soit dans ses sentiments, mais il eut l'intuition que ses conseils porteront leurs fruits un prochain jour.

Le ciel commençait à s'assombrir et voyant qu'aucun client ne franchisait le pas de la porte, George décida de fermer la boutique plus tôt que prévu. D'un coup de baguette, les flammes des chandeliers suspendus disparurent et seul un faible halo de lumière provenant du crépuscule traversait les vitrines de la boutique. Comme tous les soirs, George boutonna sa veste en peau de dragon puis passa pour la deuxième fois de la journée devant le tableau de son frère jumeau qui lui envoya un clin d'œil complice. Sa conversation avec Ron lui revint en tête quand il répondit à son tour, pour la première fois depuis des mois par un clin d'œil malicieux. Fred semblait ravi et lui fit un signe de la main en suivant des yeux son frère jumeau qui referma derrière lui la porte de la boutique « Weasley, farces et attrapes pour sorciers malicieux »