Bonjour tout le monde !

Nouveau chapitre, sous le regard d'un autre personnage ! Nous espérons qu'il vous plaira ;) n'hésitez pas à nous donner votre avis, ça motive d'avoir qql revieuw XD

Bonne lecture, à très bientot !

M&T


Chapitre 28 : La visite de Ron Weasley

Ces derniers jours, tous les habitants du Terrier remarquèrent le changement d'humeur de Ron Weasley. Depuis les révélations d'Hermione au procès, l'ancien Gryffondor s'enfermait dans une bulle de morosité dont aucune personne de censée n'oserait l'en sortir ou même le déranger. Comme un nuage noir projetant des éclairs au-dessus de sa tête, il pouvait rester des heures sans ouvrir la bouche et lorsqu'Harry ou Ginny essayaient de lui remonter le moral, il leur sautait à la gorge tel un chien enragé. Il pouvait passer des après-midi entières, enfermé dans sa chambre à broyer du noir et imaginer tous les scénarios possibles dans lesquels il étripait, torturait ou étranglait Drago Malefoy. Même son frère ainé, George Weasley, commençait à se demander s'il ne devait le congédier quelque temps du magasin, car sa mauvaise humeur et ses manières abruptes apeuraient le peu de clients qu'il leur restait.

Toutefois, toute la famille Weasley fut soulagée de constater que cette mauvaise période semblait être derrière eux à présent. Désormais Ron affichait un air de satisfaction si appuyé qu'il était difficile de ne pas le remarquer. À plusieurs reprises, ils le surprirent en train de siffloter et quelques fois le soir, il plaisantait en compagnie de Harry, Ginny et George. Évidemment, tous comprenaient ce changement d'attitude si soudaine : l'emprisonnement de Drago Malefoy depuis la soirée d'Halloween.

Ce matin, Ron se leva avec le sentiment que c'était son jour de chance. Enfin, pensa-t-il en descendant prendre son petit déjeuner, la justice allait être rendue et cette fouine de Malefoy sera jugée pour ses crimes ! Il rejoignit Harry et le reste de la famille Weasley à table et se servit son bol de porridge tout en discutant avec animation des dernières nouvelles de La Gazette du sorcier qui ne parlait plus que de la marque des Ténèbres découverte à Poudlard. Il passa le reste de la journée comme sur un petit nuage, son sentiment d'allégresse ne le quitta pas d'une minute et il salua même chaleureusement quelques clients de la boutique.

-Félicitations frangin, lui dit George, quatre baguettes farceuses vendues en une seule matinée, tu viens de battre ton record d'amabilité.

-Il y a des jours comme ça, répondit vaguement Ron en rangeant la réserve à l'arrière de la boutique.

La journée passa à la vitesse de l'éclair et bientôt, il fut l'heure de rentrer au Terrier.

-Bonsoir, mes chéris, fit Mrs Weasley qui servait le dîner, vous arrivez juste à temps pour la soupe aux pois. Harry, mon chéri, prends un morceau de pain.

Ron s'installa à côté de Harry qui discutait à voix basse avec Ginny. Tous deux affichaient un air sérieux sur leurs visages.

-On en discutera tout à l'heure, murmura Harry lorsque Ron s'assied à côté de lui.

-De quoi s'agit-il ? demanda distraitement Ron en attrapant au vol une tranche de pain qui se découpait avec allégresse dans les airs.

-Rien du tout.

Il ne fit pas plus attention à son meilleur ami et savoura sa soupe aux pois qui dégageait un parfum particulièrement attirant. Après le repas, toute la famille Weasley passa le restant de la soirée dans le salon. Mr Weasley s'installa près du feu de la cheminée, ses lunettes écaillées collées à quelques centimètres de l'exemplaire du Chicaneur que le père de Luna envoyait tous les jours depuis sa libération de prison. Mrs Weasley à ses côtés s'était replongée dans le tricotage d'un vieux pull appartenant à Percy. Plus loin, à l'écart des autres, Harry et Ginny reprirent leur conversation à voix basse. Ron les observa plusieurs minutes et il eut la désagréable impression que sa sœur et son meilleur ami trafiquaient quelque chose ensemble. Discrètement il s'approcha d'eux tout en feignant de s'intéresser à la radio qui se trouvait derrière.

-Nous pourrions utiliser les vieilles boites à flemme de George, suggéra Ginny, elles serviraient de diversion.

-Bonne idée, ça devrait suffire... Je lui suggérais cette idée demain après-midi, veux-tu venir…

Harry sentit le poids de son regard puis s'interrompit aussitôt. Ron profita de ce moment pour s'installer à leur côté, prêt à connaître leur manigance.

-Occupe-toi de tes affaires, Ron ! répliqua sèchement Ginny.

-Ça me regarde quand mon meilleur ami et ma sœur font des cachoteries à voix basse !

-Tu n'y es pas du tout mon vieux, on discutait simplement entre nous… de choses personnelles.

-Très bien, grommela-t-il en se levant du canapé, si je vous dérange, je vous laisse entre vous !

-Ron, attends ! Lui dit Harry à contrecœur, tu n'es pas obligé de partir…

-Très bien, s'empressa-t-il de répondre en reprenant sa place sur le canapé, de quoi avez-vous envie qu'on discute ?

Il fit comme s'il n'avait pas vu sa jeune sœur lever les yeux au ciel et passa le restant de la soirée en leur compagnie. Vers onze heures, après que ses parents leur souhaitèrent bonne nuit, Harry et Ginny décidèrent de monter se coucher à leur tour tandis que Ron préféra rester seul quelques minutes, profitant du silence et du calme qui régnaient dans le petit salon du Terrier. Plongé dans ses pensées, il se laissa hypnotiser par les dernières braises qui crépitaient dans la cheminée avant de se consumer entièrement. Pour la première fois depuis de longs mois où il était plongé dans cette brume maussade et déprimante, il se mit à réfléchir à son avenir : se voyait-il faire carrière avec son frère George à la boutique ? Il n'en savait rien… il est vrai qu'il appréciait travailler là-bas même si leur commerce n'était pas très florissant ces derniers temps, mais était-il prêt à s'engager définitivement ?

Lorsqu'il songeait à son propre avenir, il lui arrivait souvent d'imaginer un avenir au sein du Ministère comme Auror, Harry et Hermione à ses côtés pour affronter les forces du mal. Après une dure journée de labeur, Hermione et lui rentreraient à la maison, leurs enfants les accueilleraient chaleureusement autour d'un dîner en famille. Cette image qui, quelque temps auparavant lui paraissait aussi réaliste qu'une photographie s'éloignait de plus en plus de son esprit si bien qu'aujourd'hui, tout était embrouillé… irréel.

Ron sentit ses yeux qui commencèrent à picoter ce qui le fit sortir de sa léthargie déprimante. D'un geste las, il se leva du fauteuil et décida qu'il était l'heure d'aller se coucher.

Sur la pointe des pieds, il monta les marches du vieil escalier grinçant quand il s'arrêta net devant la porte de la vieille chambre de Percy, celle qu'Hermione occupait avant son départ. D'ordinaire, Il évitait cet endroit et il prenait soin à chaque fois qu'il passait devant la porte de ne pas regarder dans cette direction. Soudain il ressentit l'envie irrésistible d'entrer. Comme un somnambule, Ron s'avança lentement sur le palier et tendit la main vers la poignée en bois de la porte. Il déglutit difficilement, réalisant à quel point il se trouvait ridicule. Cette chambre était celle de Percy, son frère. Pas celle d'Hermione. Il ne devrait pas ressentir ce sentiment angoissant à l'idée d'entrer dans cette chambre. Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la porte et pénétra dans la pièce vide.

La chambre était plongée dans une obscurité totale, les nuages épais cachant la lumière céleste d'une lune presque pleine. Ron s'avança d'un pas lent, parcourant la pièce des yeux. Ce n'était pas si difficile, réalisa-t-il en s'avançant près de la fenêtre où reposaient toujours les vieilles fleurs séchées. Après tout, cette pièce était totalement vide. Il prit une grosse bouffée d'air pour calmer les battements de son cœur puis s'assied sur le bord du lit, soulagé que rien de particulier ne se produise. Jamais il ne s'était senti aussi idiot, réalisa-t-il en laissant échapper un rire nerveux. Il était sur le point de sortir de la chambre lorsqu'il vit sur l'oreiller blanc et immaculé, un seul et unique cheveu brun ondulé. Son cœur s'arrêta aussitôt de battre dans sa poitrine, car il réalisa à cet instant que c'était tout ce qu'il lui restait d'Hermione. Un seul cheveu. Incapable de se retenir plus longtemps, Ron explosa :

Il laissa échapper toutes les larmes, la colère et la déception qu'il ressentait depuis le mois de septembre. Il se lova sur le lit, le visage enfuit sur l'oreiller sur lequel Hermione dormait. Il n'arrivait plus à se ressaisir, il ne voulait pas se retenir ! Hermione, pensa-t-il en gémissant, Hermione… il arrivait même à sentir l'odeur de framboise que dégageaient les draps. Le cœur brisé, Ron se mit à caresser l'oreiller, imaginant la joue d'Hermione qui reposait dessus quelques mois plus tôt.

N'aurait-il pas vendu son âme pour lui caresser lui-même sa peau de pêche une dernière fois ?! se lamenta-t-il en s'essuyant les larmes qui coulaient le long de son long nez.

Ron resta une partie de la nuit à pleurer à chaudes larmes, le coussin d'Hermione serré contre lui quand il vit un morceau de papier dépasser du matelas. Intrigué, il tira dessus et extirpa une page de la couverture de La Gazette du sorcier sur laquelle figurait une photographie de Malefoy. Aussitôt, Il se releva comme si on venait de lui jeter le sortilège doloris, un sentiment de haine aveugle et complètement démesuré lui parcourra les veines à une vitesse si fulgurante qu'il en tremblait de tout son être.

Malefoy… ne cessa-t-il de se répéter en pesant chaque syllabe. MALEFOYYYYY, hurla-t-il à l'intérieur de lui-même. COMMENT ?! Il se posa cette éternelle question : comment Hermione était-elle tombée amoureuse de cet être abject ?! Comment avait-il réussi à la séduire ?! Lui ! Alors que durant toutes ces années, il n'avait cessé de l'aimer, de la soutenir dans chaque épreuve qu'ils avaient traversée ensemble contre les forces du mal. Et Malefoy ? Qu'avait-il fait tout ce temps, si ce n'est que la mépriser ou l'humilier ? Non vraiment, il n'arrivait pas à comprendre de quelle manière ce misérable avait réussi à la séduire… Inlassablement, ces questions tournaient en boucle dans sa tête. Il avait besoin de réponses à ses questions et il comprit qu'une seule personne pouvait lui répondre. Ses idées étaient claires à présent : il savait exactement quoi faire. D'un pas décidé, Ron se rendit dans sa chambre et réveilla coquecigrue.

-Réveil-toi, mon vieux ! J'ai du travail pour toi.

Le lendemain après-midi, Ron réceptionna à l'abri des regards la réponse du professeur McGonagall qui l'informa que sa requête était acceptée et que l'heure de sa visite était annoncée le lendemain vers sept heures du soir. Ron y avait réfléchi, il prétendrait passer la soirée chez Bill et Fleur, en toute simplicité alors qu'en réalité, il serait en chemin vers Poudlard. Il passa le restant de la journée à appréhender son rendez-vous. Machinalement, Ron acquiesça et se remit au travail, l'esprit tourmenté par ce qui l'attendait.

Vers sept heures, le lendemain soir, Ron arriva à Poudlard où McGonagall l'accueillit dans le grand hall, au pied du grand escalier de marbre. Plus il y pensait, plus l'idée lui paraissait stupide et puérile. Après tout, pensa-t-il la gorge nouée, qu'espérait-il que Malefoy lui dise ? Des réponses, lui souffla une petite voix mesquine. Il voulait des réponses.

Ron se sentit soulagé de voir que son ancien professeur de métamorphose évitait de lui poser la moindre question sur sa visite et il lui en fut reconnaissant. Elle l'accompagna en silence jusqu'au cachot puis le laisser seul devant la porte. Elle lui jeta pour la première fois depuis qu'il la connaissait un regard inquiet derrière ses lunettes carrées avant de tourner les talons et de disparaître au bout du couloir. Ron se retrouva seul, aucun bruit ne vint perturber le silence qui régnait dans les cachots déserts. Il contempla longuement la porte, hésitant à entrer. Enfin, l'ancien Gryffondor inspira une grosse bouffée d'air et ouvrit un peu trop brusquement l'épaisse porte en bois.

Il parcourra du regard le cachot et trouva Malefoy, debout contre le mur. Il portait toujours les mêmes vêtements que le soir d'Halloween à l'exception de sa veste qui était posée sur son lit de camp. Au bruit de la porte qui se ferma derrière lui, l'ancien Serpentard releva la tête et écarquilla les yeux lorsqu'il reconnut son visiteur. Ron resta planter au beau milieu de la pièce, ses jambes étaient incapables de lui obéir. Durant plusieurs secondes, les deux ennemis continuèrent de s'observer comme si chacun se demandait si cette vision était réelle ou non.

-Qu'est-ce que tu fais là, Weasley ?

Il ne répondit pas et s'avança vers la cellule sans quitter Malefoy des yeux. À nouveau, il ressentit une bouffée de colère envahir ses entrailles, ses poings commencèrent à trembler de colère et son visage s'empourpra, mais il essaya, malgré sa haine qui le submergeait, de ne rien laisser paraître.

-Je suis venu te parler, répondit-il d'une voix tendue.

-Tu rigoles ?! répliqua-t-il de son ton impérieux, détestable.

-Je suis sérieux Malefoy !

Le Serpentard explosa de rire ce qui avait le don de le mettre davantage en colère.

-Ne te moque pas de moi !

-Je sais pourquoi tu es venu ! C'est pour savourer ta victoire ! Tu as gagné, Weasley. Je suis à nouveau derrière les barreaux et cette fois, c'est pour de bon. Satisfait ?

Il ne savait quoi répondre et préféra garder le silence tout en continuant de l'observer comme s'il le voyait pour la première fois. Oui, réalisa-t-il, il savourait ce moment, car Malefoy n'était plus un obstacle désormais.

-Je ne suis pas venu pour cela. Je suis venu pour te parler… d'elle.

Soudain, l'expression de Malefoy changea en une fraction de seconde, passant d'un profond air de dégouté à un visage tourmenté.

-Que se passe-t-il ? demanda-t-il d'une voix prise de panique, il lui est arrivé quelque chose ?!

Son cœur se serra à la manière dont le Serpentard se préoccupa d'elle… il repoussa férocement l'idée qu'il aimait sincèrement la même fille que lui, sauf que contrairement à lui, c'est Drago qu'Hermione aimait… Ron sentit sa gorge se nouer et d'une voix rauque il répondit :

-Elle va bien… enfin, je crois… je ne sais pas à vrai dire.

-Tu refuses toujours de lui parler à cause de moi ?

-Ça ne te regarde pas Malefoy, ce ne sont pas tes affaires !

-Alors pourquoi es-tu là ?! Qu'est-ce que tu veux savoir ?

Il se sentit idiot d'être ici. Il était tenté à plusieurs reprises de rebrousser chemin et de rentrer chez lui, oubliant cette entrevue grotesque. Sa bouche était aussi sèche que du papier, son corps tout entier paralysé tandis que Malefoy continuait de l'observer d'un œil méfiant.

-Je… je voulais savoir comment… comment tu avais réussi, toi ! Toi, ce petit faux jeton minable à... à…

-A quoi ? Vas-y Weasley, ricana Malefoy, crache le morceau ! Sois un homme pour une fois !

-A LA SEDUIRE ! hurla-t-il malgré lui, sa voix raisonnant dans le cachot.

Son cœur battait à vive allure, sa respiration était saccadée, il ne s'attendait pas à ce que sa colère refasse surface aussi rapidement. L'air narquois et prétentieux de Malefoy l'avait fait perdre son sang froid.

-Tu vois, ce n'était pas si difficile.

Il lui lança le regard le plus noir qu'il puisse faire.

-Elle ne t'a jamais aimé, Weasley. Elle avait pitié de toi, car elle n'osait pas t'avouer qu'en réalité, tu étais un perdant ! Durant tout ce temps, Potter et toi vous vous berciez d'illusions à son sujet ! Personne ne l'a connais aussi bien que moi, j'étais là, Weasley ! J'ai vu la manière dont tu la traitais durant toutes ces années à Poudlard. Combien de fois ne l'ai-je pas vu seule, en train de pleurer à chaudes larmes à la bibliothèque parce que vous refusiez de lui parler pour des raisons puériles ! Combien de fois ne l'ai-je pas entendu se plaindre de toi ! « Oh Ron refuse de me parler parce que j'ai embrassé Viktor Krum il y a deux ans », fit-il en imitant la voix haut perchée d'Hermione, « Harry et Ron me font la tête parce que McGonagall a confisqué son éclair de feu »… Elle était belle votre amitié ! Tu étais odieux avec elle, Weasley ! Tu n'étais rien d'autre qu'un ami lamentable à ses yeux ! Comment espérais-tu qu'elle tombe amoureuse de toi… ajouta-t-il en ricanant.

Ron ne savait quoi répondre… même si ça lui brisait le cœur de l'admettre, il se rendit compte que Malefoy avait raison sur un point : il avait été un ami lamentable pour Hermione. Combien de fois avait-il refusé de lui adresser la parole quand ils étaient élèves à Poudlard ? En troisième année… lorsqu'il l'avait accusé injustement du meurtre de Croutard… en quatrième année… quand elle s'était rendue au bal de Noël avec Victor Krum… en sixième année… quand il sortait avec Lavande Brown et enfin, l'année dernière… au moment où il les avait abandonnés dans cette forêt. C'est vrai, réalisa Ron, il était un ami médiocre.

-Pourtant, réussit-il à répondre d'une voix tremblante, toi aussi tu étais odieux avec elle… alors pourquoi… comment… ?

Le visage de Drago blêmit. Il venait de toucher un point sensible, réalisa-t-il fièrement. Il passa sa main dans ses cheveux décoiffés dans un signe de profond désespoir.

-A quoi cela peut-il servir désormais, je suis en prison. Je n'arriverai plus à sortir d'ici.

-Non ! Je veux savoir, c'est pour cette raison que je suis venu te voir ! Réponds-moi !

-Pourquoi tu ne lui demandes pas toi-même ?!

-Je… je ne sais pas…je suppose parce que c'est trop douloureux de l'entendre de sa propre bouche. Je ne voulais pas lire de la peine ou de la pitié dans ses yeux… ni la voir pleurer à nouveau.

Contre toute attente, Drago Malefoy ricana à sa dernière remarque et répondit d'une voix à moitié amusée :

-C'est vrai qu'elle pleure un peu trop facilement.

Les deux jeunes hommes laissèrent échapper un rire gêné comme si aucun des deux ne savait quoi répondre. Cette situation était trop étrange, réalisa Ron.

-Je suppose, poursuivit Malefoy, que tout a commencé dans le Poudlard Express…

« La première fois où je l'ai vue, je me suis senti profondément perturbé…Je me souviens parfaitement des battements de mon cœur qui s'accélérait, une chaleur envahissante s'était emparée de moi sans que je ne sache pourquoi. Tout ce que je savais, c'est que cette fille m'obsédait. J'éprouvais le besoin constant de la voir… quelques fois en cachette… à la bibliothèque la plupart du temps, car elle y était souvent seule… jusqu'à ce que je comprenne que j'étais tout simplement amoureux. Moi, un Malefoy, amoureux d'une née-moldu, ricana-t-il. La tête de mon père s'il connaissait mes pensées les plus profondes. J'étais malade à l'idée d'éprouver de tels sentiments si bien que je la détestais encore plus. Chaque fois que je la croisais dans les couloirs de l'école, en classe ou n'importe où ailleurs, j'essayais de me prouver que ces sentiments n'étaient que des idioties, une faiblesse de ma part rien de plus.

La seule solution que j'ai trouvée pour être digne de mon père et de l'image que l'on attendait de moi c'était de me montrer odieux avec elle. Je vous détestais tous les trois : toi, Potter et elle. Je vous détestais, car vous je vous enviais, en réalité. J'enviais votre amitié, mais surtout, je désirais plus que tout partager ces moments avec elle… être moi-même. »

Une expression dure marqua le visage de Malefoy. Il s'interrompit quelques secondes, les souvenirs surgissaient dans son esprit puis il reprit d'une voix à moitié amusée et triste à la fois.

« Hermione, c'était différent. J'ai toujours senti qu'elle savait qui j'étais réellement. Elle est tellement intelligente et perspicace, au fond nous savions tous les deux pourquoi j'agissais de cette manière envers elle… c'était comme si on se comprenait par un simple regard sans jamais en parler. Ce n'est que durant ma sixième année à Poudlard que j'ai décidé d'être sincère envers moi-même, une bonne fois pour toutes.

Je voulais simplement qu'elle me pardonne… je te jure Weasley, jamais je n'aurai cru que les choses se passeraient de cette manière ! Mais c'est arrivé si… naturellement…comme si nous n'attendions que ça toutes ces années. Elle était la seule à me comprendre, me soutenir et surtout, m'aimer comme je suis. Tu ne peux pas comprendre ça, Weasley. »

Non… réalisa Ron, il ne pouvait pas comprendre. Hermione ne lui avait jamais manifesté un tel amour. Des sentiments si profonds qu'ils vous pousseraient à dépasser vos propres limites comme si plus rien n'avait d'importance, à part l'être que l'on aimait. Ron resta planté au milieu de la pièce, son regard perdu dans le vide. Pour la première fois depuis les révélations d'Hermione au procès, il comprit que Malefoy l'aimait éperdument et que rien ne pourra détruire leur amour, même les barreaux de cette prison.

-Elle ne m'aimera jamais, répondit-il d'une voix rauque. Même si tu restes enfermé à Azkaban, elle continuera de t'aimer, toi.

Malefoy laissa échapper son habituel ricanement méprisable.

-Garde ta pitié, Weasley. C'est ce que tu voulais, n'est-ce pas ? Me voir enfermé ici, dans ce cachot minable et pendant ce temps, tu aurais tout le loisir de la consoler pour l'attirer vers toi !

-C'est faux ! Jamais je ne profiterai de la détresse d'Hermione pour qu'elle m'aime !

-Alors, réagis comme un ami, pour une fois dans ta vie ! Soi présent pour elle quand elle en a besoin ! répliqua-t-il en haussant la voix qui résonnait dans le cachot. Ne lui tourne pas le dos, Weasley. Elle a trop besoin de toi.

Sur ces paroles, Ron sentit les larmes qui recommençaient à lui monter aux yeux. Il avait entièrement raison… malgré tout ce qu'il s'est passé, Hermione restait son amie. Sa meilleure amie. Il réalisa à quel point elle lui manquait soudainement. Aurait-il la force de nier les sentiments qu'il ressentait à son égard, au nom de leur amitié ? Il l'ignorait… Machinalement, il tourna les talons vers la sortie. Il ne désirait plus qu'une chose : finir cette entrevue. Au moment où saisissait la poignée de la porte, Malefoy l'interpella une dernière fois.

-Attends, Weasley !

-Quoi ?

-Est-ce que c'est toi qui as fait ça ?

-Fais quoi ?

-Mis en place ce coup monté.

Ron écarquilla les yeux, surpris que Malefoy puisse imaginer qu'il soit l'auteur de ce traquenard.

-Tu as plus d'un ennemi Malefoy, c'est ça l'inconvénient d'être un mangemort.

Ron ouvrit la porte et quitta précipitamment le cachot au moment où Malefoy lui hurlait qu'il n'était pas un mangemort. Le cœur battant de cette entrevue, il accéléra le pas pour quitter cet endroit sombre et humide. Les paroles de Malefoy ne cessaient de tournoyer en boucle dans sa tête : « jamais je n'aurai cru que les choses se passeraient de cette manière ! Mais c'est arrivé si… naturellement…comme si nous n'attendions que ça toutes ces années ». Il était plongé dans ses pensées lorsqu'il se heurta à quelque chose de dur. Il se redressa de justesse et reconnut la personne sur qui, il s'était cogné :

-Hermione !