Joyeuses fêtes tout le monde !
Nous espérons que la suite des aventures continue de vous plaire, voilà un petit chapitre qui justement, tombe à pic pour Noel !
Un vrai hasard XD
Passez un très bon Noel,
A très bientôt
M&T
Chapitre 32 : Une visite tardive
La nuit tombait sur la place du Square Grimmaurd qui, à cette période de l'année, était complètement déserte, une fine couche de neige glissante parsemait les rues, obligeant les habitants du quartier à rester cloitré à l'intérieur, bien au chaud. Quelques décorations annonciatrices des fêtes de Noël illuminaient le quartier sombre et lugubre des vieilles maisons moldues. Seule la maison numéro douze, invisible aux yeux des certains habitants, ne semblait pas prendre part à la frénésie des fêtes de Noël.
Depuis plusieurs mois, les habitants ne manquèrent pas de remarquer le va-et-vient d'un jeune homme aux cheveux d'un noir jais et portant des lunettes rondes bien particulières. Pourtant, remarqua Mr Farlow, le riverain le plus âgé du quartier qui ne ratait jamais l'occasion, chaque matin de nourrir les pigeons, il ignorait dans quelle maison vivait ce jeune homme. Quelques fois, il était accompagné d'une jeune fille rouquine et visiblement, de son frère rouquin lui aussi. Mais dès qu'il détournait son regard de ces jeunes gens, ceux-ci semblaient se volatiliser. Ce que Mr Farlow ignorait, c'était que Mr Harry Potter était désormais l'héritier légal du douze Square Grimmaurd et que depuis la fin du procès Malefoy, il avait décidé d'y emménager.
En quelques semaines, avec toute l'aide de Ginny et Ron, Harry avait réussi à transformer cette maison lugubre et sombre en un foyer accueillant. Evidemment, il reste encore quelques vestiges de l'ancienne demeure des Black comme le vieux portrait de Mrs Black dont les rideaux tirés et attachés par un sortilège de glu perpétuel l'empêchaient d'hurler à la mort à chaque fois que quelqu'un passait devant son tableau. De même pour la tapisserie représentant la noble lignée des Black qui se trouvait dans le salon : ne pouvant supporter davantage la vue, Harry décida de cacher cette partie du mur en y installant une bibliothèque dont la plupart des livres se composaient essentiellement des bouquins qu'Hermione avait laissés derrière elle avant son départ précipité pour l'Australie. Grâce au soin acharné de Kreattur et à ses qualités ménagers, la maison brillait et le carrelage était plus que jamais aussi brillant. Le soir, après que les trois amis eurent fini quelques travaux d'aménagement dans la maison –il ne restait plus qu'à améliorer l'état de fonctionnement des commodités de la salle de bain- régnait dans la maison une odeur délicieuse qui s'élevait jusqu'à l'étage. Soir après soir, Kreattur leur concoctait des repas aussi délicieux.
Tout se passait très bien pour eux, excepté le vide énorme laissé par Hermione, pensa Harry tandis qu'il se plongeait dans un ouvrage intitulé « contrecarrer les sortilèges de toilettes régurgissantes ». Il ne se passait pas un seul jour sans que ses pensées ne soient tournées vers sa meilleure amie : où se trouvait-elle ? Avait-elle retrouvé ses parents ? Malefoy prenait-il soin d'elle ? Inlassablement il se posait ses questions, mais il prenait soin de les garder pour lui ou d'en discuter sur l'oreiller avec Ginny. Depuis la fuite de Malefoy et Hermione, ils étaient convenus d'un commun accord de ne pas aborder ce sujet devant Ron. À chaque fois qu'une allusion à Hermione se laissait échapper, ce dernier laissait tomber à terre ce qu'il avait sous la main ou restait plonger dans un silence qui pouvait perdurer jusqu'au lendemain.
-Maître Harry, croassa Kreattur en passant sa grosse tête en forme de groin de l'autre côté de la porte, ce qui le fit sortir de ses pensées. Le dîner sera bientôt servi. Miss Weasley dit que si vous ne descendez pas maintenant, elle vous emmurera dans cette salle de bain, répéta-t-il sans savoir si Ginny était sérieuse ou non.
-Merci Kreattur, tu peux lui dire que j'arrive tout de suite, répondit Harry distraitement.
Il abandonna son livre et reporta au lendemain cette besogne de toilette cassée pour rejoindre Ginny et Ron dans la cuisine du douze Square Grimmaurd. L'endroit était toujours le même que lorsque la cuisine servait de quartier général pour l'Ordre à quelques détails prêts : on pouvait aujourd'hui reconnaître la couleur du carrelage et la longue table qui dominait la pièce avait été poncé puis remise en couleur, ce qui lui donnait un aspect beaucoup plus neuf. Seule la cheminée restait toujours aussi noire de la suie qui s'y échappait.
-Te voilà enfin, s'exclama Ginny qui prenait le même ton réprimant que Mrs Weasley, j'ai cru que Kreattur allait te porter ton assiette dans cette fichue salle de bain.
-Toujours pas terminé ? demanda Ron entre deux bouchées de rosbif.
-Je crois que si je n'y parviens toujours pas demain matin, je demanderai un coup de main à ton père.
-Pourquoi crois-tu que papa y arriverait ?
-Il a l'habitude de traficoter des objets moldus, il doit surement connaître quelques sortilèges utiles.
-Sans doute.
Ils mangèrent en silence, s'échangeant quelques banalités sur leur journée passée. Cela faisait bientôt deux mois que Harry décida après l'ambiance tendue qui régnait au Terrier de prendre son indépendance dans sa maison. Bellatrix étant morte et la famille Malefoy déchue de leurs biens, cette maison lui revenait légalement comme Sirius l'avait souhaité dans son testament. Il aimait Mrs Weasley comme une mère, mais il ne pouvait plus supporter ses crises de nerfs contre le reste du monde ni les remarques désobligeantes envers Hermione. Un soir alors que la famille Weasley et Harry était réunie dans le confortable petit salon autour de la radio avec Celestina Moldubec en fond sonore, une dispute éclata de nouveau entre Ron et Mrs Weasley. Leur querelle commença par le ronchonnement de Ron au sujet de la radio qui crépitait trop bruyamment à son gout et sans que les autres membres de la famille Weasley ne puissent comprendre, le ton monta, Mrs Weasley se braqua et commença à s'emporter contre lui, laissant échapper sur un ton hystérique que Ron « avait été assez bête pour se laisser manipuler par Hermione ». À l'évocation de son nom, un silence pesant s'installa soudainement dans la pièce comme si tout s'était figé en un instant. Puis, en une fraction de seconde, Ron déboula de l'autre côté du salon comme s'il voulait se jeter de son corps sur sa propre mère. Aussi rapidement que s'il se trouvait sur un terrain de Quidditch, Harry le neutralisa pour l'empêcher de commettre l'irréparable.
-Lâche-moi Harry ! S'emporta Ron, fou de colère.
-Désolé mon vieux, mais je ne peux pas ! Calme-toi, Ron !
-Cette fois, intervint enfin Mr Weasley à l'égard de sa femme, tu as dépassé les bornes Molly ! Harry, Ginny, amenez Ron dans sa chambre pour le calmer.
-Oui, Mr Weasley.
Ils étaient à peine arrivés en bas des marches que Mr et Mrs Weasley commençaient déjà à se disputer violemment. Harry essaya de ne pas y prêter attention, mais il ne pouvait ignorer les propos tenus pas Mrs Weasley sur Hermione :
-Tout ce temps où cette traitresse était sous notre toit ! À côtoyer des Mangemorts qui ont tué notre fils ! Arthur ! NOTRE FILS ! Et Ron et Harry qu'ont-ils fait ?! RIEN, TU M'ENTENDS ! RIEN DU TOUT !
-Molly, tu n'as pas le droit de traiter les enfants comme ça ! Tu as encore d'autres fils ! Ni Ron ou Harry n'est responsable de ce qu'il s'est passé ! Ni Hermione... tu es inj…
-NE PRONONCE PAS CE NOM, ARTHUR !
-Tu dois arrêter toutes ces remarques sur elle, Ron et Harry en souffrent énormément et Ginny aussi, même si elle ne dit rien…
Ils étaient arrivés au deuxième étage et enfin, la voix de Mr et Mrs Weasley s'éloigna pour disparaître lorsque la porte de la chambre de Ron se ferma derrière eux.
-Ron, lui murmura docilement Ginny en l'installant sur son lit, n'écoute pas ce qu'elle raconte.
-Je… je n'y arrive plus, répondit Ron qui continuait de trembler de rage, elle va finir par me rendre dingue ! Je ne peux plus supporter ses remarques sur… sur elle ! Je veux qu'on arrête de ressasser cette histoire ! Je veux tout oublier, mais ici je n'y arrive pas !
Harry ne répondit pas, car il comprenait ce que son meilleur ami pouvait ressentir. Lui aussi souffrait des remarques de Mrs Weasley à chaque fois que le nom d'Hermione sortait de sa bouche, il se rappela chaque moment du procès… il se rappela sa trahison. Oui, pensa-t-il, il lui avait pardonné simplement parce qu'il l'aimait profondément et qu'il n'avait jamais oublié qu'elle ne l'avait jamais abandonné alors qu'elle avait eu à plusieurs reprises l'occasion de le laisser tomber pour rejoindre Malefoy, mais il ne pouvait ignorer le sentiment de profonde trahison qu'il avait ressenti au moment où la jeune fille s'était confiée durant le procès… il n'oubliera jamais cette étrange impression que sa meilleure amie était à ses yeux une parfaite inconnue et que tous les mensonges qui entouraient leur amitié avaient fini par les éloigner. Lui aussi voulait oublier cette période de sa vie durant laquelle il ne ressentait plus que de l'incompréhension et surtout, une profonde déception qu'il n'arriverait jamais à oublier définitivement.
Mais comme lui avait souligné Ginny lorsqu'un jour il s'était confié à elle, il ne pouvait ignorer qu'Hermione avait agi de cette manière uniquement par amour pour Malefoy et que c'était cette qualité qu'il chérissait tant chez elle : Hermione n'abandonnait jamais les personnes qu'elle aimait.
C'est pourquoi entendre Mrs Weasley le faisait énormément souffrir. Il était temps, se dit Harry après plusieurs jours de réflexion.
-Je crois que c'est le bon moment, déclara-t-il simplement. Le dos tourné, son regard porté vers le jardin mal entretenu du Terrier, il ne pouvait voir ses amis le regarder d'un air d'incompréhension.
-Quel moment, Harry ?
-Je ne te l'ai pas dit, expliqua Harry d'un ton calme en se retournant vers eux pour leur faire face. Mais la maison de Sirius m'appartient désormais.
-Ce n'était pas déjà le cas ? demanda Ron qui semblait s'être calmé.
-Non, enfin elle ne m'appartenait pas entièrement. En réalité elle était protégée par d'anciens sortilèges magiques pour qu'elle n'appartienne uniquement à la famille Black. Maintenant que Bellatrix est morte et… - il hésita à prononcer son nom- enfin il ne reste plus personne à qui la maison revient de droit d'après Dumbledore, elle m'appartient légalement.
-Ou veux-tu en venir ?
-J'en ai déjà discuté avec Ginny… nous pensons qu'il est temps de prendre notre indépendance.
-Vous voulez quitter le Terrier ? Lui demanda Ron d'un ton incrédule.
-Ca serait la meilleure chose à faire, tu ne crois pas ? La vie ici est complément différent à présent. George habite avec Angélina dans leur appartement et Percy aussi mène sa propre vie. Je pense que l'heure est venue pour nous de faire la même chose et pourquoi pas au douze Square Grimmaurd ? Qu'en penses-tu ?
-On y vivrait tous les trois ? demanda Ron comme s'il avait mal compris.
-Oui ca serait une sorte de collocation. Alors ?
Après un long moment de réflexion, Ginny demanda :
-Qui l'annoncera à maman ?
C'est ainsi que quelques jours plus tard, ils déposèrent leurs valises dans la vieille maison sombre et humide qui n'avait plus été habitée depuis leur courte période où ils s'étaient installés durant leur chasse aux Horcruxes.
À présent ils se trouvaient tous les trois plongés dans la vie active : Ron travaillant avec George dans la boutique de farces et attrapes pour sorciers facétieux, Ginny trouvant sa voie dans le Quidditch, s'entraînait sans relâche dans un petit club local pour passer d'autres sélections et lui, donnant à quelques occasions des cours de défense contre les forces du mal à Poudlard, partagé entre son envie d'enseigner et de devenir Auror.
Sans s'en rendre compte, Harry avec presque terminé son assiette et sortit de ses pensées quand la sonnette de la porte d'entrée retentit.
-Qui cela peut-il bien être à cette heure-ci ? demanda Ginny en consultant la pendule de la cuisine qui affichait huit heures du soir.
Instinctivement, Harry et Ron sortirent leur baguette magique et se dirigèrent vers la porte d'entrée. Ils n'avaient pas pour habitude qu'on vienne leur rendre une visite tardive et même s'ils ne vivaient plus dans la crainte depuis la chute de Voldemort, ils n'en avaient pas perdu pour autant leurs réflexes. Lentement, Harry tendit la main vers la poignée de la porte, son autre main tenant fermement sa baguette et ouvrit la porte d'entrée pour découvrir …
-Blaise !
-Potter, Weasley, répondit-il simplement de sa voix lente et grave. Je peux entrer ? Il fait froid dehors.
-Bien sûr ! répondit Harry en s'écartant du chemin pour le laisser entrer dans le hall.
Ils accompagnèrent Blaise Zabini jusqu'à l'étage où se trouvait le petit salon complètement métamorphosé. Les vieilles tapisseries avaient été remplacée, l'ancienne moquée usée et rapiécée remise à neuf, Harry avait investi pour un nouveau mobilier et jeter le vieux buffet infesté de Doxy. La décoration avait également été revisitée : les vieux trophées et bibelots remplacés par des vases remplis de bouquet de fleurs qui ajoutaient une touche colorée à la pièce. Dans le coin du salon, Harry, Ron et Ginny avaient décoré leur premier sapin de Noël.
Harry et Ron invitèrent Blaise à s'asseoir sur le nouveau canapé en tissu tandis que Ginny s'affairait dans la cuisine pour préparer des boissons chaudes. Enfin, lorsqu'elle revint cinq minutes plus tard et qu'elle tendit à Blaise une tasse de thé brulant, Harry ne tenant plus lui demanda enfin :
-Alors, Zabini, tu as des nouvelles ?
-Non, tout comme vous je suppose, dit-il en voyant la déception se dessiner sur leur visage. Il ne faut pas se préoccuper de ça, Drago est trop prudent pour prendre le risque d'envoyer des lettres. Sans oublier la distance considérable que le pauvre volatile devrait parcourir. Non, continua-t-il après avoir siroté une autre gorgée de thé chaud, je viens pour d'autres nouvelles.
Harry se redressa de son fauteuil, son attention se portait entièrement sur Blaise Zabini à présent.
-Je crois que j'ai trouvé une piste, reprit-il en plongeant son regard en amende dans ceux de Harry. Une piste très sérieuse !
-Tu en es certain ? demanda Ginny dans un murmure.
-J'ai suivi ta piste, Potter. Tu avais raison, ça ne fait aucun doute, je peux prouver que ce n'est pas Drago l'auteur de cette mascarade.
Après leur fuite, Harry ne cessait d'être perturbé par un détail qui ne collait pas ce soir-là. Après plusieurs jours de réflexion il trouva enfin : la peinture du pinceau de Drago était complètement sèche tandis que celle qu'ils avaient trouvée sur le mur dégoulinait encore.
-Vas-y Zabini, accouche, fit contre toute attente la voix de Ron.
Sans lui prêter la moindre attention, Blaise but lentement une autre gorgée de thé puis commença son récit :
-J'étais de garde toute la semaine, d'après le rapport de Londubat, quelques commerçants du chemin de Traverse avaient eu connaissance d'une reprise des activités du côté de chez Barjow et Beurk sans avoir de preuve ou vu quelque chose… quelques soupçons, seulement. Des échos.
-D'après George, intervint Ginny, certains habitants ont aperçu de la lumière la nuit.
-Pourtant Barjow est toujours en détention, non ? demanda Ron. Comment peut-il se balader dans sa boutique dans ce cas ?
-Peut-être qu'il s'agit d'une personne en qui il a suffisamment confiance pour donner ses clés en son absence, remarqua Harry. Continue, Blaise.
- « Après avoir attendu plusieurs jours que quelqu'un s'aventure dans l'allée des Embrumes, j'étais sur le point de faire demi-tour quand j'ai vu apparaître une silhouette encapuchonnée, exactement comme tu me l'as décrite, Potter. Grâce à ta cape d'invisibilité que tu m'avais prêtée, j'ai pu suivre cette personne à la trace, mais je n'ai pu voir son visage qui restait dissimulé sous son capuchon. Je l'ai suivie jusque chez Barjow et Beurk où il a donné un mot de passe dans une langue bizarre, comme un sifflement, je crois que c'était du Fourchelang, quoiqu'il en soit quelqu'un à ouvert la porte puis l'a aussitôt fermée derrière. Je n'ai pas eu le temps de le suivre à l'intérieur, les rideaux des fenêtres étaient tirés et il semblait ne pas y avoir d'autres moyens de voir ce qu'il se traficotait dans cet endroit quand une idée m'est venue à l'esprit : j'ai lancé un léger sortilège d'amplificatum sur le trou de la serrure et grâce à la lumière de la lune, j'ai enfin pu voir clairement ce qu'il se passait à l'intérieur !
-Que se passait-il ? demanda Ginny, tenue en haleine.
-C'était une sorte de cérémonie, expliqua Blaise dont la voix vacillait d'excitation pour la première fois depuis son arrivée. Ils étaient plusieurs, impossibles à distinguer s'il s'agissait d'hommes ou de femmes, car ils portaient tous des masques et tuniques semblables à ceux que portaient les Mangemorts ! Je ne sais pas à quoi ils s'initiaient, mais ça ressemblait à davantage à un rituel… il y avait des bougies disposées dans tout le magasin, des crânes d'animaux étranges, des serpents morts suspendus au plafond et…
-Et quoi ? demanda Harry sur le ton de l'impatience.
Blaise l'observa attentivement, on pouvait lire la gravité de ce qu'il avait découvert.
-La marque des Ténèbres, peinte sur le mur. Comme le soir d'Halloween.
Sans s'en rendre compte, Harry se releva brusquement de son siège, faisant tomber sa tasse de thé à terre qui se renversa sur la moquette.
-C'est impossible, s'exclama-t-il, presque tous les Mangemorts ont été arrêtés, les autres sont en fuite, ils ne pourraient pas se balader tranquillement sur le chemin de Traverse pour faire leur petit shopping chez Barjow et Beurk.
-Leurs visages étaient dissimulés, lui rappela judicieusement Ginny, il pourrait très bien s'agir des Mangemorts qui ont réussi à échapper au Ministère, qu'en penses-tu Blaise ?
-C'est possible, admit Blaise sans vraiment de conviction.
-Mais qu'essayaient-ils de faire d'après toi ? Voldemort est mort, ils n'ont plus aucun chef.
-Peut-être veulent-ils perpétuer l'œuvre de Tu-sais-qui, essaya de comprendre Ginny.
-Et quel est le rapport avec Drago dans ce cas-là ? demanda Blaise.
-Si ces gens regrettent réellement la chute de Voldemort, ils doivent en vouloir à tous ceux qui l'ont trahi, observa Harry. Ca expliquerait pourquoi ils ont cherché à l'incriminer.
-La véritable question est la suivante : qu'allons-nous faire ? demanda Blaise.
-Prévenir Kingsley, bien sûr ! répondit aussitôt Ginny. Il doit être prévenu de la situation !
-Et pour Drago et Granger ?
-Son innocence sera prouvée et ils pourront revenir en Angleterre dans ce cas. J'irai voir Kingsley lundi matin à la première heure, assura Harry. Blaise, fit-il en se tournant vers l'ancien Serpentard, je ne te remercierai jamais assez pour tout ce que tu as fait.
-Drago est comme un frère, moi aussi je veux qu'il revienne. Tenez-moi au courant de la réponse de Kingsley.
Blaise se leva, remercia Harry pour son hospitalité et prit congé sans tarder. Après son départ, Harry, Ginny et Ron restèrent jusqu'à passer minuit dans le salon à discuter de ces réunions mystérieuses, essayant vainement de deviner qui pouvait se cacher derrière ses lugubres cérémonies. Enfin, alors que Ginny commençait à s'endormir dans le canapé, les trois amis jugèrent qu'ils étaient temps d'aller se coucher, mais Harry ne se sentait nullement fatigué, au contraire il n'avait plus été aussi excité depuis longtemps à la perspective de passer à l'action et surtout, de revoir bientôt Hermione. Si seulement il pouvait joindre son amie pour l'avertir qu'ils étaient sur le point de trouver les coupables. Il passa le restant de la nuit à se retourner dans tous les sens, incapable de trouver le sommeil. Ce fut seulement lorsque les premiers rayons du soleil percèrent les rideaux épais de l'ancienne chambre à coucher de Sirius dans laquelle Ginny et lui dormaient, qu'il parvint enfin à s'endormir.
Lundi matin arriva enfin, et Harry se leva à l'aube pour se trouver dès la première heure devant la porte du bureau de Kingsley. Il attendit plus d'une heure avant que le Premier Ministre n'arrive enfin, les bras chargés de vieux rouleaux de parchemin sur le point de tomber à terre. Malgré son bureau surchargé de travail, Kingsley prit tout de même le temps d'accueillir chaleureusement Harry et de l'inviter à s'asseoir sur le fauteuil en cuir bordeaux qui faisait face à son bureau majestueux.
-Que me vaut le plaisir de votre visite, Harry, à cette heure si matinale, demanda-t-il de sa voix lente et rassurante après qu'il ait échangé quelques banalités.
-Samedi soir, expliqua Harry sans détour, Blaise Zabini est venu me voir pour m'expliquer une découverte très intéressante…
Il expliqua en détail le récit du Serpentard et découvrit avec stupéfaction que Kingsley n'avait pas l'air très surpris de la nouvelle.
-C'est vrai, soupira-t-il lorsqu'il eut terminé, nous avons recensé quelques phénomènes étranges dans ce genre : la marque des Ténèbres est apparue plusieurs fois dans Londres, généralement sur des maisons moldues qui ignorent complètement de quoi il s'agissait et qui pensent que c'est simplement l'acte de vandales. Évidemment le Ministère s'efforce d'étouffer l'affaire, inutile d'affoler la communauté magique pour de simples graffitis sur un mur, surtout après l'épisode d'Halloween, mais les Auror recherchent activement les auteurs, ne vous en faites pas. Je leur ferai part de la découverte de Mr Zabini afin que Robards prenne ses dispositions, je vous remercie Harry de m'accorder votre confiance.
-C'est tout naturel, répondit Harry. Après tout vous faites toujours parti de l'Ordre.
-Même si à présent l'Ordre n'a plus réellement d'utilité, j'aime toujours penser que nous continuons de former une grande famille, fit-il avec une pointe de nostalgie dans la voix. Mais peut-être serait-ce plus simple que je vous mette directement en relation avec Gawain Robards.
Il leva sa baguette, effectua quelques moulinets et aussitôt, un avion en papier se forma puis voleta jusqu'à la porte de son bureau.
-Dans tous les cas, reprit Harry plus impatient que jamais, si le Ministère arrive à arrêter ces individus, cela voudrait dire que Drago Malefoy serait innocenté ?
-Hélas, Mr Harry, c'est beaucoup plus compliqué que cela. Tout d'abord, il faut prouver que Mr Malefoy n'a aucun lien avec cette « organisation ». Ensuite cela ne dépend pas entièrement de moi, mais de Gawain Robards, le chef du bureau des Aurors, c'est lui qui supervise l'enquête.
-Mais vous êtes le premier Ministre ! N'avez-vous pas votre mot à dire ?
-Bien sûre, mais depuis l'affaire Fudge, le Ministère de la magie à instaurer quelques décrets visant à limiter les pouvoirs du Premier Ministre. Toutes les décisions doivent être approuvées par les membres du Magenmagot ainsi que le département de la justice magique. Le département des Aurors intervient également pour faire part de leur enquête, expliqua-t-il lassé. C'est pour cette raison que je suis le plus souvent submergé par la paperasse comme vous pouvez le constater vous-mêmes, dit-il en désignant le capharnaüm qui recouvrait la surface de son bureau. Ah, voilà Gawain Robards.
Un homme grand et mince, les sourcils froncés, il s'avança sur le pas de la porte et observa la pièce comme s'il redoutait de subir les réprimandes de Kingsley.
-Gawain, fit Kingsley en se levant de son bureau, je vous présente…
-Harry Potter, acheva-t-il d'une voix rauque, quel plaisir de faire enfin votre connaissance.
Les deux hommes se serrèrent la main et Harry ne manqua pas de remarquer, sans étonnement, plusieurs cicatrices qui marquaient le dos de sa main. Il observa attentivement l'Auror, ne sachant très bien ce qu'il pensait de lui et de son air renfrogné. En quelques mots, Kingsley le mit au courant des activités douteuses qui se déroulaient chez Barjow et Beurk et le pria de prendre les dispositions nécessaires pour enquêter sur la boutique.
-Voyez si vous pouvez trouver des indices concernant le jeune Malefoy.
-A ce propos, enchaîna Gawain Robards, nous avons reçu un message curieux provenant de l'Australie – le cœur de Harry sursauta dans sa poitrine à cet instant- d'un de nos correspondants d'un village magique, perdu dans une forêt sans grand intérêt.
-De quoi s'agit-il ? demanda Kingsley, intrigué.
Robards sortit sa baguette de sa robe de sorcier et fit apparaître un parchemin jaunâtre. Dessus, il reconnut le portrait d'Hermione et Malefoy.
-Les deux suspects se seraient présentés dans ce petit village de –il dut relire le parchemin- Little Tall Creek- où ils prétendent rechercher deux moldus ayant subi un sortilège d'amnésie. Je connais ces anciens villages, leurs habitants se montrent très protecteurs lorsqu'il s'agit de sauvegarder leur patrimoine. Il est probable que le vieux gardien du village se soit méfié d'eux. Quoiqu'il en soit nous avons pu retrouver leur trace, répondit-il fièrement espérant entendre des félicitations de Kingsley.
Harry échangea un regard inquiet avec le Premier Ministre et sentit la panique monter en lui. La gorge nouée, il demanda :
-Vous…vous comptez envoyer des Aurors en Australie ? balbutia-t-il.
-C'est déjà fait, répondit aussitôt l'Auror, nous avons reçu cette missive la semaine dernière. Je me suis permis d'envoyer deux de mes meilleurs Aurors sur le terrain. Ils sont partis vendredi passé par un Portoloin reliant Londres à Melbourne.
-Vous ne m'avez demandé aucune autorisation pour ce Portoloin, remarqua Kingsley à moitié irrité.
-Mais… balbutia Robards, le décret numéro quarante-trois stipule clairement que les Aurors peuvent prendre des décisions dans des cas d'urgence sans l'accord du premier Ministre… hors nous étions dans une situation d'urgence au cas où Malefoy le Mangemort nous échapperait !
-Je comprends, répondit Kingsley en se frottant les yeux dans un signe de fatigue.
-Il faut absolument prévenir vos Aurors ! S'exclama Harry. Malefoy est innocent !
-Je ne crains Monsieur Potter que nous devons en premier lieu perquisitionner la boutique de chez Barjow et Beurk afin de prouver l'innocence comme vous dites de Monsieur Malefoy. Sans cela, je ne peux rappeler mes agents à Londres.
Les espoirs que Harry avait pu éprouver en début de matinée s'envolèrent à l'instant pour ne laisser que ce gout amer de la déception, l'incapacité de ne pouvoir agir.
-Quand comptez-vous enquêter sur cette affaire de rituel ? S'impatienta Harry. Il faut agir le plus vite possible !
-Il nous faut du temps pour élaborer une stratégie, Monsieur Potter, ce n'est pas si simple de lancer une telle opération !
-Le temps presse, insista Harry, vos Aurors peuvent à tout moment retrouver leur trace et les renvoyer, Hermione et lui à Azkaban !
-Harry, intervint enfin Kingsley d'un ton compréhensif, nous ne pouvons faire autrement.
Il n'insista pas et préféra prendre congé de Kingsley, rentrant chez lui le pas trainant. À vrai dire, pensa Harry tendit qu'il sortait du Ministère, il ne désirait pas rentrer immédiatement et annoncer la nouvelle à Ginny. Il préféra déambuler dans les rues de Londres, ses pas l'amenant petit à petit devant la porte du Chaudron Baveur. Machinalement, il poussa la porte de l'établissement et s'installa à une table au fond de la salle, là où personne ne pourrait remarquer sa présence dans la pénombre. Il réfléchit le restant de la journée, cherchant désespérant un plan d'action. En boucle, il se remémora la conversation qu'il eut avec Blaise, le moindre détail susceptible de l'aider. Enfin, après la deuxième bouteille de bierraubeurre qu'il se commanda, il trouva la réponse à sa question. Un grand sourire aux lèvres, il vida le fond de sa bouteille et s'en alla, le cœur beaucoup plus léger et excité que jamais.
