Quelques jours après le Bal, le dernier de l'année, Harry fut finalement convoqué dans le bureau d'Arcturus par Kreattur. Alors qu'il s'y dirigeait, il sentit naitre en lui une pointe d'excitation, teintée d'un étrange sentiment de… peur. Il allait bientôt pouvoir rentrer chez ses parents … chez lui. Et pourtant, une inquiétude grandissante l'envahissait. Mais de quoi ?

« Tout va bien Harry ? » l'interrompra Sirius de ses pensées. Le jeune homme, pourtant maître de son corps à défaut de ses émotions, sursauta. Se maudissant de cette perte de contrôle, il redressa la tête pour croiser le regard interrogateur de son parrain.

« Tout va bien Sirius. » répondit-il alors le plus calmement possible. Il était hors de question de trahir ses émotions. Il avait trop peur qu'on lui refuse cette visite qui hantait son esprit depuis des mois maintenant, juste pour le protéger. Enfin, il est vrai que Sirius le traitait en adulte depuis des années maintenant, mais le jeune Potter ne voulait pas prendre de risque.

Le Black haussa un sourcil, pas dupe, mais ne pressa pas l'affaire, et emboita plutôt le pas de son filleul en direction du bureau de son grand père.

« Entrez. »

La voix dure d'Arcturus s'entendait distinctement même au travers de la porte que le duo venait de frapper pour se signaler. Sirius haussa les yeux au ciel, marmonnant quelque chose au sujet de la famille et des Blacks, avant d'ouvrir la porte et d'entrer sans plus de cérémonies dans la pièce dans laquelle Harry avait été il y a quelques mois. Et, comme il y a quelques mois, Arcturus était assis à son bureau, travaillant sur une pile de parchemins. Sans leur jeter un regard, il leur fit signe de s'assoir et poursuivit sont travail pendant de longues minutes. Finalement, après ce qui sembla une éternité, le patriarche Black se redressa et posa sa plume. S'adossant contre le dossier en bois de son siège, il ferma les yeux et prit une profonde inspiration, ignorant encore totalement ses deux invités. Enfin, après un ultime moment de silence, il grogna d'une voix bourrue.

« Ces crétins de Nott semblent prendre un malin plaisir à me compliquer la vie ces derniers temps. Et les Lestrange, parmi toutes les familles, en rajoutent tous les jours. Ces pouilleux lorgnent allègrement sur une de mes petites-filles. Narcissa et Bella sont en âge de se marier, et ces deux familles de pacotilles font tout leur possible pour me pourrir la vie avec leurs demandes et leur… marchandage à deux ronds. »

Arcturus poussa un profond soupire, mélange de grognements et de marmonnements incompréhensibles. Il ouvrit finalement ses yeux gris acier et fixa Sirius d'un regard dur que celui-ci tenta de soutenir.

« La famille Black ne marchande pas ses membres, et encore moins à des sous-familles qui tentent de s'approprier notre prestige par de pathétiques manœuvres qu'un aveugle alcoolique verrait venir à cent mètres. Tu retiendras cette leçon quand tu prendras la tête de la famille. »

Sirius hocha lentement la tête, tandis qu'Arcturus se désintéressa de lui pour se tourner vers Harry, le visage bien plus amène -autant qu'il puisse l'être tout du moins.

« Je t'ai promis que nous irions visiter le manoir de ta famille, ton manoir, pendant ces vacances. Je l'ai fait observer discrètement et ai moi-même vérifié les schémas de runes qui l'entoure depuis plusieurs semaines et n'y ai rien discerné d'inhabituel. Nous nous y rendrons donc aujourd'hui après le repas. Sirius, tu viendras avec nous. Et personne, en dehors de nous trois, ne sera au courant de cette escapade. Pas même Bellatrix. Suis-je clair ? »

Harry hocha brièvement de la tête tandis que Sirius haussa les épaules sans rien dire.

« Comme nous l'avons vu ensemble Harry, il y a toujours un risque d'attirer l'attention de gens dont on veut à tout prix resté éloigné, et je ne veux pas prendre cette probabilité à la légère, aussi infime soit-elle. Et non Sirius, répondit-il à la question muette qui s'était affiché sur le visage de son petit-fils, tu ne seras pas mis dans la confidence. Pour une fois dans ta vie, fais preuve de discernement et tais-toi. Tu viens avec nous car tu connais le manoir mieux que personne, et parce que tu es le parrain de Harry, c'est tout. Nous n'aurons pas besoin de passer voir Gringotts, au vu des schémas de runes que j'ai pu apercevoir, Harry pourra pénétrer sans difficultés dans le domaine. Maintenant sortez, j'ai encore beaucoup de travail devant moi. »

Sirius sembla se retenir de répondre en se mordant la langue, et sortit rapidement, suivi de son filleul qui retenait à grand peine un sourire.

Le repas passa et Harry se retrouva dans le jardin du manoir en compagnie d'Arcturus et de Sirius afin de s'éloigner des runes empêchant de transplaner. Alors qu'il prit le bras de son presqu'arrière-grand-père, il sentit l'inquiétude revenir en lui à toute vitesse. Il n'eut pas le temps de le formuler qu'il sentit le crochet habituel le tirer vers l'obscurité du transplanage, avant de le lâcher presqu'aussitôt devant un grand mur en pierre recouvert de mousse.

Reculant de quelques pas, Harry regarda tout autour de lui avec curiosité. Il découvrait pour la première fois depuis près de dix ans son héritage. Il n'en avait que très peu de souvenirs, diffus et lointains. Et finalement, il comprit. Au fond de lui, il avait tout simplement peur d'être déçu. De découvrir une maison, un manoir, sans rapport avec ses parents et sa famille. Ce qui l'intéressait le plus, ce n'était pas ce qui se présentait devant lui, les pierres ou les meubles. Ce qu'il voulait, c'était retrouver sa famille dans ce lieu, quelque chose qui les rappellerait un peu à lui.

Arcturus lança quelques sorts de reconnaissance avant de se tourner vers le duo.

« Il semblerait que l'entrée ne soit plus là où elle se situait la dernière fois que je suis venu… Et hors de question de tenter une escalade ou de forcer l'entrée. »

Ils décidèrent donc de longer le haut mur de pierre qui, pour Harry tout du moins, scintillait d'une magie brillante, presque brulante. Ce n'était pas sans lui rappeler les protections élevées autour du manoir Black. Vieilles et puissantes. Finalement, alors que Arcturus et Sirius continuaient le long du chemin qui semblait entourer le domaine, Harry s'arrêta pour observer ce qu'il était le seul à pouvoir distinguer : des grilles argentées qui fermaient devant lui la seule ouverture de l'enceinte. Derrière elles, il distinguait à peine un jardin dissimulé par des buissons totalement immobiles.

Alors qu'il tendit une main vers la grille, les deux adultes devant lui s'arrêtèrent à leur tour pour se retourner vers Harry, le regard interrogateur.

« Qu'y-a-t-il Harry ? » demanda Sirius en se rapprochant.

Ledit Potter se tourna vers lui sans lui répondre alors qu'un petit sourire apparaissait sur son visage.

« Brillant… murmura-t-il plus pour lui que pour son parrain, tu ne vois rien ?

- Non. Enfin si, juste ce mur haut et long que j'avais complètement oublié d'ailleurs… » marmonna-t-il.

Arcturus, qui était resté à l'écart, sembla soudainement comprendre.

« Charlus ! Cette bouse de mandragore ! ralla-t-il de sa voix grave. Nous sommes victime d'une des protections érigées par la famille Potter. Seul un membre de sa famille peut distinguer l'entrée du domaine. Sans Harry, nous aurions tourné en rond très longtemps à cause de runes de compulsions obligeant toutes personnes voulant entrer ici à chercher à tout prix l'entrée. Il doit également y avoir des runes agissant sur la mémoire puisque ni Sirius ni moi ne sommes capable de nous rappeler que l'entrée se trouvait ici. Ou alors le portail se déplace aléatoirement le long de l'enceinte. A moins que ce ne soit l'inverse.

Sirius et Harry, un peu dépassés, hochèrent cependant la tête avant que Arcturus ne poursuive.

- Harry, il va falloir que tu nous fasses entrer toi-même chez toi. Je suppose que tu as devant toi deux grandes grilles entourées de deux poteaux sur lesquels se trouvent un griffon et un serpent. »

Et en effet, quand Harry leva les yeux, il vit les deux statuts d'animaux qui semblaient le fixer du regard. Elles étaient si criantes de réalisme qu'il eut presque un mouvement de recul.

« Pour ouvrir le portail, mettre ta main dessus devrait suffire pour te faire reconnaître. Il faudra ensuite que tu nous prennes par le bras et que tu nous fasses rentrer l'un après l'autre. Il existe certainement un rituel assez simple pour nous donner accès à ton domaine, mais il est propre à chaque schéma de rune créé pour les défenses des familles sorcières. »

Harry hocha la tête et se saisit des grilles pour les ouvrir. Aussitôt, il sentit comme un choc électrique parcourir ses bras qui les lui fit lâcher à toute vitesse et bondir en arrière en jurant.

Alors qu'il jetait un regard noir à Arcturus qui se retenait à grand mal de sourire, il vit la grille s'ouvrir en deux, invitant Harry à rentrer. Celui-ci se massait toujours les bras sous le regard goguenard de son parrain.

« Vous auriez pu me prévenir au moins ! s'indigna-t-il en grognant. Il oublia cependant vite sa douleur et s'il avançait avec curiosité vers le portail désormais ouvert.

- Ne nous oublie pas ! » railla Sirius derrière lui alors qu'Harry entrait dans le domaine. Tout était parfaitement immobile, comme si le temps s'était figé. La pelouse au sol, recouverte à moitié de la neige qui était tombée il y a quelque jour, comme les buissons et les haies, dont quelques feuilles résistaient encore et toujours au temps hivernal étaient parfaitement entretenues et coupés, et la longue allée bordée d'arbres sur laquelle Harry se trouvait devait certainement mener vers la demeure, dissimulée selon toute hypothèse après le virage que le chemin prenait un peu plus loin.

Il se retourna pour aller chercher les deux Black qui semblaient regarder dans sa direction sans le voir et sans pouvoir avancer d'avantage et les fit rentrer en les prenant avec lui.

Sirius, qui pouvait enfin voir l'intérieur, semblait très émus, tandis qu'Arcturus restait silencieux et avançait lentement sur le chemin. Il était clair pour Harry que cela perturbait beaucoup les deux Black d'être à nouveau ici près de dix ans après le drame qui avait tué les Potter. Ne voulant pas remuer dans ses propres émotions, il décida d'avancer sur le chemin. Quelques flashs de souvenir revenaient à lui alors qu'il savait qu'il s'approchait du manoir de sa famille. Lui qui courrait sur le chemin alors que son père volait au-dessus sur son balai. Sa mère qui se baladait dans le jardin en s'occupant des massifs de fleurs tandis qu'un petit personnage… leur elfe de maison se rappela-t-il soudainement, la suivait de manière hystérique.

Continuant sur le chemin entouré des arbres qui le bordaient, il arriva finalement dans le virage qui lui dévoila, sur sa gauche, le manoir des Potter.

Il devait avoir deux à trois cents ans et restait pourtant parfaitement conservé. Haut de deux étages et aussi large que le manoir des Black, ses murs en pierre ocre le rendait pourtant accueillant. Alors qu'Harry s'en approchait avec une curiosité mêlée d'excitation, les détails de la demeure se révélaient peu à peu à lui. Elle était formée d'un assemblage curieux de tourelles, de toiture et de balcons, de grandes baies vitrées et de moulures. Sur la droite, accolée à la demeure, une haute serre mêlée de pierre et de vitraux, au toit en coupole de verre, apportait une touche surnaturelle à l'ensemble.

Les trois compagnons entrèrent dans la maison par la grande porte principale en bois, et Harry pénétra dans un grand hall d'entrée où régnait un silence de cathédrale. Avec de grandes boiseries, un escalier mêlé de pierre et de bois sculptés et un épais tapis rouge, Harry semblait replonger dans des souvenirs refloués depuis des années. Sirius était tout aussi silencieux que lui alors qu'il semblait contenir à grand peine ses larmes. Finalement, c'est Arcturus qui avança et les emmena dans un couloir au même style que l'entrée. Quelques peintures y étaient accrochées, mais toutes semblaient étrangement immobiles. Ils arrivèrent devant une porte richement décorée devant laquelle Arcturus s'arrêta et fit signe à Harry de s'approcher.

« C'est à toi de mettre la main sur cette poignée. Personne d'autre que toi ne peux entrer » déclara-t-il de sa voix grave en s'écartant.

Levant une main hésitante, Harry toucha la poignée, chaude sous sa main, et l'actionna. La porte s'ouvrit sans difficulté et révéla le même bureau que celui qu'Harry avait vu dans les souvenirs d'Arcturus. Il y entra et la porte se referma aussitôt derrière lui, empêchant les deux Black de le suivre. Malgré le mouvement brusque, Harry ne sursauta pas. En fait, il avait rarement été aussi serein, comme si la maison elle-même tentait de le rassurer et Harry se perdit quelques longues minutes à observer l'ensemble du bureau les meubles en bois confortables, la cheminée noircie par des années d'utilisation, les tableaux qui montraient différents paysages parfois réels, souvent totalement imaginaires et deux belles vitrines sur lesquelles prônaient des artéfacts tels que des griffes de dragons sur lesquelles étaient gravées des runes étranges. S'arrachant à sa contemplation, le jeune sorcier se reconcentra sur ce qu'il était venu faire ici, et s'approcha du grand bureau. Il était propre et bien rangé, comme s'il attendait sagement que son nouveau propriétaire vienne s'installer. D'un mouvement de baguette, il conjura une dague et la prit d'une main avant de se piquer le doigt en grimaçant. Aussitôt le sang coula le long de la lame et Harry en fit tomber une goutte au centre du bureau, comme il l'avait vu faire par le père de son père dans le souvenir d'Arcturus. Et comme dans le souvenir, le bureau sembla s'illuminer légèrement, et un trou se forma aussitôt que la goutte disparut, aspirée par le bureau. Le même livre que celui du souvenir sortit alors par l'ouverture, flottant tranquillement quelques centimètres au-dessus de la crédence du bureau, attendant patiemment qu'Harry s'en saisisse. D'un nouveau geste de la baguette, presque négligent, il fit disparaitre la lame et soigna sa blessure, avant de tendre une main légèrement tremblante vers le livret un cuir vert qui lui faisait face. Quand il s'en fut saisi, le bureau revint à la normale et Harry souffla un instant, avant de se rappeler que Sirius et Arcturus l'attendaient probablement derrière la porte depuis près de dix minutes. Il s'y précipita pour l'ouvrir et se retrouva dans un couloir vide.

« Sirius ? appela-t-il d'une voix assez forte et qui résonna dans le couloir.

- Harry ? C'est bon tu es sorti ? répondit une voix plus lointaine rapidement accompagnée par des bruits de pas et bientôt son parrain lui-même. Désolé, comme tu ne semblais pas vouloir nous ouvrir la porte, nous nous sommes un peu aventurés dans el manoir. J'ai passé de nombreuses heures dans ces couloirs avec James dans mon enfance, à préparer quelques mauvais coups contre les Serpentards ou à écouter ton père parler de Lily. Enfin je m'égare. Je crois que Grand-père est parti dehors dans le parc.»

Ils se dirigèrent donc vers l'entrée pour retrouver Arcturus qui semblait revenir de l'extérieur à la hâte, l'air préoccupé.

« Harry, as-tu récupéré ce pour quoi nous sommes venus ? Demanda-t-il d'une voix pressante.

- Oui je l'ai, mais…

- Très bien nous partons immédiatement » coupa Arcturus en sortant immédiatement sans attendre de voir si Sirius et Harry le suivaient.

Ils pressèrent le pas pour retrouver Arcturtus qui allongeait le sien, obligeant presque Harry à courir pour suivre le rythme imposé par les grandes enjambées du patriarche. Sirius à ses côtés le questionnait sur son empressement mais son grand-père ne semblait pas l'entendre. Il avait sorti sa baguette, faisait signe aux deux autres de faire de même et les pressaient encore d'avantage. Cependant, à la grande surprise d'Harry, il ne semblait pas se diriger vers le grand portail d'entrée. Au contraire, il s'enfonçait dans le grand parc en direction des bois qui le bordait. Finalement, alors qu'il arrivait près du bois, il s'arrêta et observa le parc silencieux et toujours aussi étrangement immobile. Harry regarda par-dessus son épaule et fronça les sourcils. Si, depuis qu'il était là, il n'avait pas vu le moindre mouvement ni la moindre perturbation dans les schémas immobiles que la magie formait -sauf lors de l'épisode du bureau, il faisait face à un phénomène étrange et assez inquiétant. Encore invisible à l'œil nu, de petits grains noirs commençaient à s'étaler à travers le parc. Harry ne les percevait que grâce à son don de perception. Il frissonna involontairement, et ce n'était pas, il s'en rendit compte soudainement, à cause de la température hivernale.

« Arcturus… commença-t-il d'une voix hésitante, presque tremblante.

- Ca a déjà commencé ? Et merde. Ces fils de chiens. Vite, nous n'avons plus un instant à perdre.

- Qu'est-ce que… commença Sirius d'une voix perdue.

- Silence gamin ! Nous avons une minute pour atteindre ce mur que vous voyez là-bas, sinon nous sommes morts. Alors courez ! »

Et aussitôt Arcturus s'élança avec une vitesse qui aurait fait rougir de honte un moldue cinq fois plus jeune, Harry et Sirius sur ses talons. Alors qu'ils zigzaguaient entre les arbres, Harry, qui n'osait pas regarder derrière lui, sentit l'atmosphère de plus en plus oppressante autour de lui. La lumière était moins éclatante et un bourdonnement entêtant commençait à résonner dans ses oreilles.

« Plus vite ! » s'écria Arcturus alors qu'ils n'étaient plus qu'à quelques dizaines de mètres du mur. La sensation étouffante s'intensifia encore et Harry commença à ralentir, incapable de respirer correctement. Le regard trouble, il avançait le plus rapidement qu'il le pouvait mais la sensation de la magie oppressante autour de lui réveillait un sentiment de claustrophobie. Il étouffait. Soudainement, il trébucha sur une racine et s'effondra vers le sol, poussant un cri muet. Il fut rattrapé au dernier moment par Sirius qui s'était retourné pour l'attraper alors qu'Arcturus poussait un nouveau juron. Finalement, dans un dernier effort, Harry, porté par Sirius, regarda derrière lui. Le paysage autrefois enchanté qu'offrait le manoir des Potter était débromais totalement obscurcit par un épais nuage noir glacé qui bougeait et semblait tout dévorer sur son passage, s'approchant à toute vitesse du trio qui atteint enfin le mur.

Aussitôt Arcturus le parcourut frénétiquement de sa baguette à la recherche d'une inscription qu'il trouva alors que le nuage n'était plus qu'à quelques mètres. La sensation d'oppression se transformait en étouffement et Harry commença à manquer d'air et à paniquer un peu plus chaque instant. Finalement, dans un cri de victoire, Arcturus trouva la rune qu'il cherchait et appuya dessus avec sa baguette.

« Sirius, transplanage, maintenant ! » s'écria-t-il avant de disparaitre dans un crac sonore, aussitôt suivi par celui de Sirius qui emmenait son filleul à l'abris.

.

Harry se réveilla en sursaut dans son lit en pleine nuit, couvert de sueur. Ses derniers souvenirs étaient ceux d'une brume noire et opaque qui envahissait son champ de vision. Puis, le cri d'Arcturus, ou de Sirius peut-être. Et puis plus rien. Il inspira profondément et prit sa baguette pour savoir l'heure qu'il était. Deux heures trente. Cool, il ne se souvenait déjà pas de ce qui s'était produit, mais il allait en plus devoir attendre plusieurs heures avant d'avoir une réponse. Parce qu'il savait déjà qu'il lui serait impossible de se rendormir. Résigné, il chercha quelque chose à faire du regard, avant de se lever et de partir en direction de la bibliothèque du manoir. Il trouverait bien de la lecture intéressante là-bas. Bella lui avait conseillé un livre sur l'utilisation de certains sorts qui permettaient de contrer et d'amplifier les sortilèges de l'adversaire lors d'un combat. C'était prometteur.

C'est Sirius qui retrouva Harry dans la bibliothèque alors que les rayons du soleil levant pénétraient à peine dans la grande pièce à travers les fenêtres. A cette heure, les livres prenaient la teinte orangée de la lumière du soleil.

« Bonjour Harry, commença Sirius alors qu'il s'asseyait à côté de lui. Comme ça va ?

Harry réfléchit un instant avant de répondre :

- Ca va tout compte fait. Même si j'aimerais bien savoir ce qui s'est passé hier.

- Je suppose que grand père pourra mieux répondre à ces questions que moi. Il a refusé de m'en parler en rentrant. D'ailleurs tu aurais dû voir Bellatrix quand elle t'a vu inconscient. Je crois qu'elle a failli aller au manoir Potter pour tout détruire.

- Je ne sais pas si j'aurais voulu voir ça. Bella est… effrayante quand elle le veut. »

Sirius lui donna une tape dans l'épaule avant de répondre en secouant la tête.

« Comme tu dis, cher filleul, comme tu dis… »

Ils partirent à la recherche d'Arcturus et le retrouvèrent dans un des salons réservés à la famille. Assis sur un fauteuil en face d'un feu nourrit, il semblait plongé dans ses pensées. Quelques livres trainaient sur le sol à côté, mais Harry ne parvint pas à en lire les titres. Quand il les vit arriver, il fit négligemment un mouvement de la main et les livres s'animèrent pour aller se ranger dans une étagère qui se referma sur eux.

« Harry, je suis content de voir que tout va bien. Bellatrix était dans tous ses états hier soir.

- Bonjour Grand-père, répondit Harry avant de s'avancer pour s'installer sur un fauteuil à côté du patriarche Black. Sirius était resté légèrement en retrait, comme pour jauger si sa présence était nécessaire.

- Je suppose que tu as des questions au sujet d'hier ?

Voyant que Harry hochait lentement de la tête, Arcturus se retourna vers son petit-fils et le toisa :

- Sirius, tu sors. Peut-être que je t'apprendrais un jour ce qui s'est passé, mais pas aujourd'hui. »

Hochant la tête, l'héritier sorti sans un mot et ferma la porte derrière lui. Le silence s'installa dans la pièce, uniquement troublé par le craquement du feu. Finalement, Arcturus poussa un soupire.

« Je t'avais dit que je surveillerais la demeure avant que nous y allions, afin de s'assurer que tout était sûr. Et bien il semblerait que je me sois trompé. En fait, il semblerait que je me sois foutrement gouré, en toute beauté. Toutes ces années à ne me frotter qu'à ces gamins du Magenmagot m'ont ramolli. Un ramassis de crétin et d'incompétents ceux-là », grommela-t-il tout en fixant son regard en direction du feu.

Harry regarda son presque-grand-père avec un peu plus d'attention. Courbé, celui-ci se triturait les mains, comme s'il avait préféré qu'elles tiennent un verre. Et la lumière orangée du feu, bien que pâle à la lumière du jour, approfondissait les rides et les traits du vieil homme. A cet instant, il faisait bien ses presque cent quatre-vingts ans. Un âge impossible pour un moldue et plutôt respectable pour un sorcier.

« Ce qui s'est passé hier confirme mes craintes les plus profondes. Notre ennemi… il est plus fort que nous. Nous ne pourrons pas le vaincre à coup de politique et de belles paroles. Nous ne pourrons pas l'affronter du bout de notre baguette. Et nous ne pourrons pas le frapper de nos poings.

Nous sommes face à la grande horloge, dont la grande et la petite aiguille avancent inlassablement sans se soucier des problèmes qui les entourent, et qui sonne le gong impitoyable de la fin de la journée.

Le Coven… il faut bien que tu comprennes, Harry, que ces gens ne sont pas là pour le pouvoir ou pour la richesse, la gloire ou je ne sais quelle autre foutue chose. Cette organisation respecte un plan. Un plan millénaire qui a pour objectif de prendre le contrôle du monde Sorcier et moldue. J'ai passé ses deux derniers mois à chercher le plus discrètement possible tout ce que je pouvais savoir. Des murmures et des ombres. Voilà ce que j'ai récolté. Et parmi tout cela, une prophétie. C'est cette prophétie, faite il y a des siècles, qui aurait poussé plusieurs sorciers puissants à mettre en place un plan gigantesque. Un plan qu'aucun d'eux ne verraient se réaliser de leur vivant. Alors ils créèrent le Coven, qui aura pour mission de réaliser le plan. Où en sommes-nous aujourd'hui ? Je ne sais pas. Quel est ce plan, ou cette prophétie ? Je ne sais pas. Peut-être n'a-t-elle-même jamais existé ?

En tous cas, hier, nous avons eu la confirmation : le Coven existe. Il est là et il a déjà frappé. La famille Potter a été décimée et il ne reste que toi. Et ils semblent décidé à finir leur mission. »

Arcturus se tu et ferma les yeux.

« Hier, ce sont les runes du manoir qui nous ont attaqué. Ce que tu as vu est une des protections du manoir contre les intrus. Comment ont-ils fait pour les déclencher alors que nous étions à l'intérieur, je ne sais pas. Je suppose que cela a un lien avec le sort de stase lancé sur le manoir à la mort de ton père et que nous n'avons pas enlevé en arrivant. »

Harry regarda son grand-père, silencieux. Il ne savait quoi dire, certainement dépassé par ce qu'il venait d'apprendre. Il avait eu des doutes sur l'ampleur de ce qui se tramait, mais là il était dépassé.

« Et mes parents, dans tout ça ? finit par demander Harry après un moment.

- Tes parents… et bien, je ne pourrais te le dire avec certitude. Ce crétin de Charlus avait une fierté digne d'un Black. Il ne m'a jamais dit ce qui le liait au Coven, à part ce que je t'ai déjà montré. Il fait partie d'une organisation encore plus secrète que le Coven. Mais les deux sont liés. En quoi ? Je ne sais pas. Il est fort à parier que ton père et ton grand-père s'opposaient au plan du Coven, et que celui-ci les a éliminés. Tu trouveras certainement plus de réponses dans le livre que Charlus t'a laissé. Maintenant laisse-moi. Ces événements m'ont remémoré de mauvais souvenirs encore douloureux, et je ne suis plus aussi jeune que j'en ai l'air.

- Bien Grand-père, répondit Harry en se levant pour sortir.

- Ah, Harry, l'interrompit Arcturus alors que le jeune homme se retourna pour le regarder, interrogateur. N'oublie jamais… tes parents auraient été fiers de toi. »

Harry hocha silencieusement la tête, les yeux humides, avant de sortir et de laisser le patriarche Black dans ses sombres pensées.

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Le soir même, Harry s'effondra à nouveau dans son lit, les yeux déjà à moitié clos et fixant le vide… avant de se redresser brusquement. Le carnet de son père était posé sur sa table basse. Trop absorbé dans ses pensées ou occupé à fuir une Bellatrix qui semblait décidée à lui briser tous ses os pour lui montrer son affection, il avait oublié de se pencher dessus. Curieux et à nouveau totalement réveillé, il s'assit sur le bord de son lit et se saisit du carnet vert. Il n'avait aucun titre et rien, à part ses bords un peu usés, ne pouvait le différencier avec un autre livre. Tendant la main, Harry l'ouvrit pour… tomber sur une page blanche. Interloqué, il parcouru le reste des pages, toutes aussi blanches. Le livre entier était vide de toute inscription. Frustré, le jeune homme le regarda toujours plus en détail, tenta d'observer toute trace de magie qui pourrait y être lié, mais rien. La frustration se teinta vite d'énervement. Tout l'espoir qu'il avait mis en ce livret était gâché et Harry se retrouvait à nouveau à la case départ sans plus de réponses à ses questions. Il jeta le livret au loin et s'allongea à nouveau dans son lit.

« Papa, maman, qu'est-ce que vous faisiez ? Qu'est-ce que je vais faire… ? »

Ce n'est que très tard ce soir-là qu'il parvint enfin à trouver le sommeil.


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Bonjour !

Un petit chapitre un peu plus court cette fois, pour avancer petit à petit dans l'histoire. La première année avance bien et le décor sera bientôt complètement posé.

A bientôt !