Titre : « Vivre »

Auteur : Mokoshna

Manga : Naruto

Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto et de Jump. Je ne reçois pas d'argent pour cette fic, je ne risque pas d'en donner à qui que ce soit (vu l'état de mes finances ça n'irait pas loin de toute façon).

Avertissements : Spoilers du manga jusqu'au volume 26, chapitre 233. Après ça n'a plus vraiment d'importance puisque la fic suit sa propre voie. Par conséquent l'histoire risque d'être un peu (beaucoup ?) AU. Et il y a du Yaoi, du SasukeXNaruto pour être précis. D'autres peut-être plus tard ? A voir.

Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Et une fic Naruto, une ! Celle-ci est ma vision personnelle de ce qui a pu arriver aux personnages à partir de la fin de la première grande partie du manga. J'ai changé un peu la fin et la suite n'aura plus grand-chose à voir avec la version officielle, à part peut-être l'apparition des nouveaux persos de la seconde partie... On verra, ceux qui ont déjà lu d'autres fics de moi doivent savoir que je ne décide pas vraiment de la tournure des événements à l'avance. En espérant que cette histoire va plaire aux gens... Je remercie d'avance ceux qui prendront la peine (j'espère qu'il y en aura !) de me laisser une review ou deux...

xxxxx

Comme j'ai eu des reviews plutôt positives et que je suis assez motivée et inspirée (c'est toujours le cas au début), voici le deuxième chapitre. L'éloignement vis-à-vis de Sasuke et de Naruto est volontaire, j'ai préféré m'intéresser à ce qu'étaient devenus ceux qui étaient restés en priorité. Nos deux compères devraient revenir dans quelques chapitres (et oui, j'ai prévu que cette fic serait très longue, même si je ne sais pas encore de combien).

Bonne lecture à tous !

XxXxXxX

Chapitre 2 : « Rester »

xxxxx

Iruka détestait les fins de semaine. C'était sa tâche de fermer les salles de classe et de vérifier que tout était en ordre avant le week-end, sans parler des copies à corriger et des parents d'élèves indisciplinés à aller voir. C'était sans fin ; lorsqu'il rentrait enfin chez lui, il était immanquablement plus de minuit. Mais il n'avait pas le choix ; après tout, tous ses collègues étaient aussi occupés que lui si ce n'était plus. L'invasion d'Orochimaru avait mis un coup dur aux effectifs de Konoha, sans que les ordres de mission ne diminuent pour autant. La situation s'était un peu tassée depuis le temps mais restait problématique à bien des niveaux ; chacun participait de son mieux pour maintenir l'ordre. Alors il n'allait pas se plaindre, lui qui avait plutôt une situation privilégiée...

Quelqu'un frappa légèrement à la porte de la salle de classe, le tirant de ses pensées.

- Entrez, fit-il un peu honteux de s'être laissé surprendre.

Kurenai se tenait sur le pas de la porte, l'air gênée. Ses vêtements étaient déchirés et sales ; une longue entaille lui labourait le bras. Iruka voulut se précipiter vers elle pour l'emmener à l'infirmerie, mais elle l'arrêta d'un geste.

- C'est rien, je ne m'en sors pas trop mal. Mais si tu pouvais venir... c'est Kakashi et Gai. Comme d'habitude.

Le jeune professeur fronça les sourcils.

- Encore ? Ca commence à devenir inquiétant... Que dit Tsunade ?

- Pas grand-chose, elle est débordée. Genma est resté pour éviter le pire, mais tu ferais mieux de te dépêcher.

- Je te suis.

Ils s'élancèrent d'un commun accord. Kurenai le mena vers l'entrée ouest du village ; ils étaient encore loin, mais Iruka pouvait déjà sentir le flot impressionnant de chakra qui se dégageait de l'endroit vers lequel ils se dirigeaient, et ce malgré son niveau médiocre...

Même après tout ce temps, il était toujours autant fasciné par la force brute de ses compagnons. Ils se trouvaient en lisière de forêt, mais celle-ci semblait comme raclée par un râteau géant. Une partie des arbres avait été détruite et les troncs restants traînaient misérablement sur le sol retourné ; les animaux avaient déjà fui à plusieurs kilomètres de là. Iruka se précipita vers l'une des deux silhouettes qui avaient causé un tel carnage.

Gai et Kakashi se tenaient l'un en face de l'autre, chacun dans une tenue de Jounin. Tout comme pour Kurenai, leurs vêtements étaient en piteux état. Le bandeau frontal de Kakashi avait été rayé à la limite du méconnaissable ; la manche droite de la tenue de Gai avait été arrachée et de son bras nu, il sommait Kakashi de venir l'attaquer de nouveau, malgré l'état de fatigue apparent qui lui collait à la peau.

- Tu ne crois pas que t'en as eu assez ? fit Kakashi d'une voix grave, un peu enrouée par la fatigue et la poussière.

- Jamais ! Viens te battre si t'es un homme !

- C'est toi qui me dis ça ?

Genma se tenait non loin de là, le corps en alerte. Il ne semblait pas avoir subi trop de dégât ; Iruka poussa un soupir de soulagement. Quand ces deux-là se mettaient à se battre, personne n'y échappait. Il leur était déjà arrivé de blesser des passants innocents lors des querelles incessantes et des défis allant jusqu'au combat à mort qui les avait agités depuis le départ de Sasuke et Naruto ; Tsunade, harassée mais ne pouvant pas vraiment se permettre de mettre aux arrêts deux des meilleurs éléments du village, leur avait alors ordonné de se tenir à l'écart des habitants à chacune de leurs joutes (et elles se révélaient de plus en plus nombreuses et de plus en plus meurtrières).

Si autrefois leurs combats n'avaient été que de petites querelles sans importance qui n'impliquaient vraiment que Gai (dans sa recherche constante de battre son soit-disant rival auto-proclamé), ce n'était plus tellement le cas à présent. Gai tenait Kakashi pour responsable dans l'affaire SasuNaru, comme ils l'avaient dénommée plus tard : il avait été le professeur de Sasuke et Naruto mais n'avait pas réussi à les arrêter ; pire, il les avait laissé filer lorsqu'ils avaient découvert le message laissé par Naruto deux ans plus tôt et avait lui-même déposé un avis de recherche à l'encontre de ses anciens élèves. Pour Gai qui tenait aux siens plus qu'à lui-même, il avait eu une attitude méprisable et surtout, impardonnable. Son éternel rival était devenu son éternel ennemi ; il n'avait de cesse de le défier pour, d'après ses dires, « débarrasser Konoha de la lie de son élite shinobi, afin de lui assurer un avenir radieux teinté d'innocence et non plus de honte et de trahison ». Et pour enfoncer le tout, Kakashi répondait à présent très violemment à ses interjections, là où auparavant il acceptait avec réticence (et une certaine dose de paresse) les défis de son camarade.

Mais celui qui avait le plus changé était bien Kakashi. Peu après avoir rempli le formulaire officiel contre Sasuke et Naruto, il s'était lancé à corps perdu dans son travail. Il avait quitté sa fonction de professeur pour redevenir un Anbu, et il fallait dire pour sa défense qu'il effectuait admirablement bien ses missions. Il y mettait même un zèle particulier qui le faisait plus que jamais craindre de ses ennemis. Personne ne l'avait plus vu lire un seul des livres obscènes qui faisaient sa préférence ; il ne sortait plus, ne parlait plus guère aux autres sauf dans le cadre d'une mission, il s'était complètement refermé sur lui-même. Iruka se demandait quelquefois s'il avait jamais appris ce qui était arrivé à Sakura ; en tout cas, il savait qu'il ne la voyait plus. Pour Kakashi, c'était comme si le monde extérieur avait cessé d'exister. Lorsque Gai le défiait, il se battait toujours contre lui avec le plus grand sérieux, comme s'il était en mission. Il ne réagissait à aucune de ses insultes répétées et à ses cris de rage ; ses coups de pieds et poings ne semblaient pas même l'atteindre. Certains disaient qu'il était devenu fou, d'autres que son coeur était parti avec ses deux élèves.

- CA SUFFIT ! hurla Iruka en se mettant entre eux, à égale distance de l'endroit où ils se tenaient. Vous allez finir par vous tuer, si ça continue !

- Iruka... chuchota Kakashi en délaissant la pose de combat qu'il venait de prendre.

- Maître Iruka, vous devriez vous mettre à l'abri ! intervint Gai. Qui sait ce que ce traître va faire !

Et ce disant, il pointa un doigt indigné vers son adversaire, tout en se dirigeant vers Iruka qu'il mit derrière lui d'un geste viril et protecteur.

- Mais ne vous en faites pas, je vous protégerai jusqu'à la mort s'il le faut !

- Gai...

- La ferme, Gros Sourcils, grogna Kakashi en lançant un coup d'oeil vers l'objet de leur dispute.

Iruka se frotta les tempes avec résignation. Il sentait déjà son mal de crâne routinier de fin de semaine revenir avec force.

- Ca suffit j'ai dit, Gai. Kakashi ne me fera pas le moindre mal.

- Ca, c'est ce qu'il dit, cet épouvantail rusé ! Mais qui c'est si, alors que vous aurez le dos tourné par la confiance et votre suprême bonté et indulgence, cette limace perfide n'en profitera pour porter atteinte à votre vie ou pire, à votre innocence ! Aucun homme honnête ne pourrait le laisser faire sans réagir !

- Gai...

- Son « innocence » ? fit Kakashi en poussant un rire méprisant. On aura tout vu...

- Kakashi !

- C'EN EST TROP ! TU VAS PAYER, VIL FELON !

Genma et Kurenai s'étaient tenus à l'écart. Ils savaient très bien à quoi s'en tenir dès qu'Iruka intervenait dans l'équation... mais c'était vraiment le seul moyen à peu près fiable qu'ils avaient trouvé pour arrêter ces deux dangers publics. Et en effet, ça ne traîna pas. Gai se mit à hurler, mais d'une autre façon. Kurenai tira une moue dégoûtée ; Genma se recroquevilla un peu sur-lui-même et une certaine partie de son anatomie (et il était de tout coeur avec Gai, mais il était bien content de ne pas être à sa place en ce moment).

Iruka venait d'enfoncer son pied droit dans l'entrejambe de son collègue qui n'avait plus rien de flamboyant à cet instant. Il savait Gai robuste, sinon il n'aurait pas tenté un tel acte de cruauté sur un ami ; mais quand même... C'était la seule arme qu'il avait contre un tel combattant. Sur n'importe quelle autre partie de son corps, ses coups auraient à peine fait l'effet d'une chiquenaude. Gai venait de se tordre de douleur sur le sol. Le combat était fini.

- Bien joué, Iruka, fit Kakashi en mettant son bras autour de ses épaules (quand s'était-il rapproché ?).

Iruka se retira brutalement et jeta un regard noir à l'Anbu.

- Tu as aussi ta part de responsabilité et tu le sais très bien, Kakashi ! Tu pourrais refuser ses défis !

Son interlocuteur haussa les épaules.

- A quoi bon ? Cet imbécile me harcèle de toute manière. Autant en finir.

- C'est ton ami !

Kakashi détourna la tête. Iruka attendait une réponse ; il se contenta de tendre la main pour lui caresser le front du bout des doigts.

- Tu as de la fièvre, fit-il d'un ton neutre. Tu travailles trop, tu devrais te reposer.

- La faute à qui, à ton avis ? C'est qui qui me fait faire des heures sup' à essayer d'arrêter deux dégénérés en mal de testostérone ?

L'Anbu retira sa main. Iruka crut le voir sourire à travers le bout de tissu qui lui cachait le bas du visage, mais c'était un sourire sans joie. Ses yeux paraissaient vides de toute émotion. Le Chuunin eut un pincement au coeur en contemplant cette carcasse d'homme devant lui.

- Tu n'es pas obligé.

- Pas obligé !

Iruka secoua la tête.

- Qu'est-ce que tu racontes ? Vous dévastez le village avec vos affrontements stériles, Gai se bousille la santé à s'entraîner pour essayer de te battre, et toi tu agis comme un fantôme sans âme ! Sans parler des enfants ! Et tu voudrais que je reste sans réagir ?

- C'est bien toi, ça. Toujours à t'inquiéter pour tout le monde. C'est pour ça que Naruto t'aimait autant.

Le visage d'Iruka perdit toute contenance à cet instant. Ses lèvres tremblèrent ; sa vision se brouilla et il lutta de son mieux pour ne pas craquer. Même maintenant, aborder l'existence de Naruto était un sujet délicat pour lui.

- Je...

- Il n'arrêtait pas de parler de toi, continua Kakashi comme dans un rêve, comme s'il ne se rendait plus compte des propos qu'il tenait. Iruka par-ci, « Iruka m'a offert un ramen » par-là, c'était sans fin.

- Ca suffit...

- Je crois qu'il te considérait comme un frère, ou un père peut-être ?

- Alors pourquoi...

Kakashi interrompit son monologue inconscient pour fixer de ses yeux éteints le professeur. Iruka tremblait des pieds à la tête.

- Pourquoi est-ce qu'il ne m'a pas laissé le moindre message, s'il m'aimait autant ? Pourquoi est-ce qu'il a abandonné si facilement son rêve ? J'y croyais, pourtant ! Je pensais qu'il deviendrait le prochain Hokage ! J'étais sûr qu'il resterait pour toujours dans ce village, qu'il voulait le protéger plus que tout !

Un silence pesant et douloureux accompagna sa diatribe. Kurenai et Genma n'osaient plus signaler leur présence ; Gai qui avait fini de se tordre de douleur fixait bêtement la terre en se demandant s'il devait tenter sa chance et prendre Iruka dans ses bras compréhensifs et protecteurs pour le consoler.

Kakashi ne réagit pas pendant une minute. Il regardait intensément Iruka ; on aurait dit qu'il voulait transpercer sa peau de son regard. Puis il plaqua une main sale sur les yeux humides de son ami. Sa voix était tout à fait composée lorsqu'il parla de nouveau.

- Moi aussi, fut tout ce qu'il dit, et il disparut dans une explosion de fumée.

xxxxx

- J'ai entendu dire que Maître Iruka s'est encore interposé dans un combat entre Gai et Kakashi, fit Chouji en attrapant une autre poignée de chips. C'est la cinquième fois ce mois-ci.

- Encore ? s'indigna Ino. Ils n'en ont pas marre ?

Chouji haussa les épaules. Il venait de finir son paquet et sortit un autre de sous son habit. Ino le regarda faire avec une moue dédaigneuse. Elle était à son énième régime et le fait de voir son ami s'empiffrer à longueur de journées la dégoûtait au plus haut point.

- Et Shikamaru est encore à la bourre ! C'est pas lui qui voulait qu'on se rencontre ici ? Chouji, arrête un peu avec tes chips, on va bientôt déjeuner !

- Mais c'est maintenant que j'ai faim !

- Alors tu pourrais prendre autre chose que des chips ! Ca va te passer le goût du poisson, c'est nul !

Ils se trouvaient dans le meilleur restaurant de sushi du village, dans lequel Shikamaru avait fait une réservation de groupe. Celui-ci venait de passer Jounin et il avait tenu à fêter ça avec ses anciens camarades. Chouji et Ino avaient été très surpris d'apprendre en arrivant que la réservation était pour quatre personnes ; ils étaient pourtant persuadés qu'Asuma, leur ancien professeur, était en mission ce jour-là...

- Au fait, comment va la boutique, Ino ?

- Couci-couça, les affaires ne vont pas trop mal mais tu sais ce que c'est, avec la récession... et tes missions ?

- Héhé... tout va bien, on a de bons résultats. Je peux pas en parler à une civile, mais ça roule.

- Tant mieux.

Ils restèrent encore un moment sans rien dire, dans un silence gêné qui s'appesantit jusqu'à ce qu'une voix lente et connue les tire de là.

- Eh bien , quel entrain vous deux !

Ino releva brusquement la tête, prête à passer un savon à son ancien camarade. Elle s'arrêta net en voyant qui l'accompagnait.

- Temari ?

xxxxx

- Si, si, je t'assure ! Ino et Chouji, tous les deux seuls dans ce fameux resto de sushi ! Ca m'a vraiment bluffé !

- T'es sûr que ce n'est pas vraiment du bluff, Kiba ?

- Naaan... Avoue que ce serait drôle qu'ils sortent ensemble, ces deux-là !

- Je n'y crois pas. Ils devaient voir quelqu'un.

- Qui ?

- Shikamaru, par exemple. J'ai entendu dire qu'il venait de passer Jounin. Ils doivent sans doute fêter ça dans ce resto.

- Arrgh, t'es pas drôle !

Les deux amis marchaient côte à côte dans les rues de Konoha, Akamaru leur ouvrant la marche. Le chien était devenu si énorme que les passants se poussaient naturellement (et un peu craintivement) sur son passage. Et l'apparence de Shino n'arrangeait rien...

- Tiens, en parlant de Chouji, ça y est, Kurenai m'a dit qu'ils avaient presque fini de remplir les papiers qu'il fallait. Dans une semaine, deux tout au plus, il sera avec nous dans le groupe. C'est pas génial ?

- Hmmph.

- Tu pourrais montrer un peu plus d'enthousiasme. Ca faisait si longtemps qu'on était que nous deux, un troisième compagnon ce sera pas de refus ! Et puis, il est plutôt facile à vivre, Chouji, sauf quand il bouffe peut-être. Un vrai gouffre à nourriture ! Enfin, je suppose que c'est normal, ça fait partie des caractéristiques de son clan...

- Hmmph.

- Heureux de voir que tu es toujours aussi causant ! Qu'est-ce t'as, t'es de mauvais poil ou quoi ?

A sa surprise, son ami interrompit sa marche.

- J'ai vu Hinata, hier, fit-il de sa voix traînante.

- Ah ? Et comment va-t-elle ?

- Pas trop mal... tout bien considéré. Je ne suis pas resté longtemps, Neji m'a quasiment chassé dehors. Tu sais comment il est.

- Ouais. Ouais, je sais.

Ils poursuivirent leur chemin tranquillement, mais de temps à autre Kiba lançait un coup d'oeil interrogateur vers Shino. Même maintenant, ils s'inquiétaient encore pour Hinata. C'était normal ; elle avait toujours été timide et fragile (du moins pour une kunoichi), et les deux garçons avaient veillé sur elle depuis le départ comme deux grands frères protecteurs et jaloux. Cela les peinait encore un peu de la savoir hors de portée.

- Ce Neji ! s'écria Kiba avec un grognement sourd de bête énervée. Il pourrait au moins la laisser sortir !

- Je ne crois pas que le problème soit là, fit simplement Shino. Elle a l'air d'aller mieux, mais sans plus.

- Justement ! Elle a besoin de sortir, de voir ses amis...

- Neji a ses raisons. Tâchons de lui faire confiance. C'est son mari, après tout.

- Mouais... n'empêche, elle mérite mieux je trouve.

- Comme qui ? Toi ?

- Arrête tes blagues.

- Naruto, alors ?

- Shino, t'es lourd ! On a déjà dit que Naruto était un mot tabou !

- Je sais, je sais... Ne t'en fais pas, je n'en parle jamais à Hinata.

- J'espère pour toi !

Ils ne dirent plus rien jusqu'à leur arrivée devant le bâtiment central de l'académie. Kurenai les attendait, qui leur tendit avec le sourire leur ordre de mission. Kiba poussa un juron en lisant le dossier et même Shino semblait contrarié malgré les couches de vêtements qui lui recouvraient le visage. Leur ancien professeur leur fit un sourire d'excuse qui ne les rassura pas pour autant.

xxxxx

- Kiba Inuzuka et Shino Aburame ? Vous n'avez trouvé personne d'autre ?

- Ce sont deux excellents éléments, et les seuls disponibles en un laps de temps si limité. Ne vous en faites pas, j'ai entièrement confiance en leurs capacités.

Tsunade sourit avec aplomb à la grande silhouette noire qui se trouvait devant son bureau. L'homme (en était-ce vraiment un ? Il était difficile de voir avec le grand manteau noir à cagoule qui qui recouvrait le corps) portait un masque entièrement blanc sans aucune décoration et seulement deux fentes pour les yeux. Ces mêmes fentes semblaient s'ouvrir sur un emplacement béant de ténèbres ; Tsunade évitait autant que possible d'y attarder son regard. A ses côtés, se trouvait Jiraiya qui buvait lentement une flasque de sake tout en gardant un oeil sur « l'invité » du Godaime.

- Puisque vous semblez avoir pris votre décision, c'est entendu. Mais je me réserve le choix de la troisième personne.

- Ca me convient, si celle-ci est disponible bien entendu. Et il ou elle devra être une personne de confiance. Qu'elle soit de Konoha serait un plus.

- Bien entendu.

- Alors nous avons un accord.

Et elle tendit le contrat à son interlocuteur.

xxxxx

- Tu es sûre de ce que tu avances ?

- C'est Kiba lui-même qui me l'a dit !

- Ouch, ça ne va pas plaire à Maître Gai...

Ce fut ce moment que choisit Gai pour entrer en trombe dans la salle d'entraînement, Lee sur les talons. Il venait à peine de rentrer de son dernier combat avec Kakashi et il était comme d'habitude en piteux état, sans parler de son humeur massacrante. Tenten frémit en pensant à la nouvelle qu'elle allait lui annoncer.

- Cette crapule de Kakashi ! s'écria leur maître en serrant les poings. Oser faire pleurer Maître Iruka, il n'y a qu'un rustre de la pire espèce pour faire cela ! Foi de « Tornade Scintillante de Konoha », je lui apprendrai à vivre !

Le pauvre Lee était débordé, tentant en vain de calmer son illustre mentor. Tenten était bien contente de ne pas être sa préférée à ce moment-là. Quand Gai partait dans ses discours contre Kakashi, rien ni personne ne pouvait l'arrêter et cela pouvait durer des heures, surtout lorsqu'Iruka était impliqué (et ces derniers temps c'était systématique).

Ce n'était pas de la faute d'Iruka, vraiment. Bien sûr, il avait été horriblement déprimé suite à la désertion de ses anciens élèves, Naruto en particulier qu'il considérait comme un petit frère un peu espiègle. Il avait plus d'une fois eu envie de tout laisser tomber, il s'était même dit qu'il n'était pas fait pour être professeur, lui dont l'élève le plus précieux avait tout quitté pour trahir sa cause. Il avait été d'autant plus démoralisé par le destin de ses anciens élèves restants : Ino avait du jour au lendemain quitté son poste de kunoichi pour reprendre l'affaire de ses parents et vivre simplement en tant que fleuriste ; Hinata s'était retirée du monde après son mariage avec Neji ; quant à Neji lui-même et Sakura...

Et puis il avait eu vent de la dispute qui opposait Gai à Kakashi. Il n'avait jamais été très proche des deux hommes, qui étaient au plus des camarades de combat ; ils n'étaient pas de la même génération que lui et de plus leur niveau nettement supérieur au sien ne les faisaient pas se rencontrer beaucoup, sauf pour aborder la question de leurs élèves respectifs. Mais tous deux se disputaient à cause de Naruto et Sasuke ; et rien que pour ça, il ne pouvait pas rester sans réagir. Il les avait rencontré chacun séparément en espérant les rapprocher ; personne n'avait su exactement ce qui s'était passé, mais depuis le bruit courrait qu'en plus de leur querelle à propos des anciens élèves de Kakashi, les deux rivaux se disputaient les faveurs d'Iruka. Vrai ou faux, personne n'était sûr ; mais il fallait avouer que Kakashi se montrait plus réservé envers le jeune professeur et poussait parfois même le vice jusqu'à lui témoigner de l'intérêt ; quant à Gai, ses goûts et ses choix étaient toujours connus de tout le monde à la seconde suivant celle où ils les avaient...

- Ô tendre et respectueux dauphin de mon coeur, puisses-tu apaiser de ta délicate caresse les afflictions de mon âme torturée !(1)

- Qu'est-ce qu'il raconte encore ? fit Tenten en se tenant le front de consternation.

- Lee m'avait dit qu'il lisait beaucoup de pièces dramatiques en ce moment, c'est peut-être ça, lui répondit son interlocutrice en secouant la tête. Tu veux que ce soit moi qui lui annonce ?

- S'il-te-plaît. Dans l'état où il est, j'ai bien peur de ne pas réussir à captiver son attention.

La jeune fille se rapprocha de son professeur, émettant une légère toux qu'il ne remarqua même pas. Elle recommença, un peu plus fort ; même résultat. Puis elle adressa un sourire radieux à Lee qui jugea préférable de s'éloigner en hâte. Tenten le suivit de près.

Gai était de dos. Il entendit brusquement le craquement caractéristique de poings que l'on serrait, les jointures cédant sous la pression en émettant ce son particulier qui faisait frémir d'appréhension même le plus endurci des shinobis ; il eut à peine le temps de s'en rendre compte, et déjà une douleur fulgurante lui traversait le crâne.

Sakura, car c'était elle, venait de lui asséner un formidable coup de poing sur la tête qui l'avait fait virevolter dans les airs dans une valse puissante et traverser l'un des épais murs en pierre de la salle. Heureusement que Gai était solide, comme l'indiquait son nom... (2) Sinon il aurait eu bien du mal à se relever d'un coup asséné par « la Brute épaisse de Konoha », comme l'avaient peu flatteusement surnommée tous ceux qui s'étaient retrouvés face à elle d'une manière ou d'une autre. Lee se précipita pour aider son maître à se relever.

- Il est mort ? fit Tenten en se rapprochant d'elle.

- Ca va, j'ai pas frappé fort.

- Si tu le dis...

Elle n'en pensait pas un mot, évidemment. N'importe quel homme normal aurait eu le cou tordu ; Gai en était quitte pour quelques bleus, et encore...

- Quelle dynamisme, aujourd'hui encore, Sakura ! s'exclama Gai en expulsant d'un mouvement les gravas. C'est bien digne de l'élève chérie du Godaime ! Ta jeunesse et ta beauté s'associent à ta force pour la gloire de Konoha !

- N'importe quoi, grogna la jeune fille. Vous avez appris, pour Maître Iruka ?

- Maître Iruka ? Non, qu'est-ce qu'il y a ? se reprit Gai, le visage sérieux. Il ne lui est pas arrivé quelque chose ? Je viens de le quitter !

- Non, non, enfin pas encore... Mais Tenten a entendu Kiba lui dire qu'il partait en mission de protection avec Shino et lui. Un contrat très important avec un ami de Tsunade, apparemment. Je ne l'ai pas encore vu alors je ne connais pas tous les détails.

- Maître Iruka ? Mais c'est un professeur, qui plus est un simple Chuunin ! Il n'est pas habilité à accomplir des missions de classe A ! Car c'est bien de ce qu'il s'agit, n'est-ce pas ?

- Hum, Kiba et Shino aussi sont des Chuunins, alors ça devrait aller. Mais c'est vrai que c'est bizarre. Je voulais justement me rendre dans le bureau de Tsunade, vous venez avec moi ?

- Plutôt deux fois qu'une !

La jeune fille hocha la tête et se dirigea sans préambule vers la porte. Troublé, Gai la suivit, tandis que Tenten les regardait partir sans un mot. Lee avait déjà précédé Sakura et lui faisait un sourire éclatant, qu'elle lui rendit avec plus de douceur. Puis, prenant la main qu'il lui tendait, elle marcha résolument vers le bureau du Cinquième Hokage.

xxxxx

- Neji ? C'est toi ? fit une petite voix qui semblait perdue.

La jeune fille rajusta son kimono pour aller à la rencontre de son mari. Hinata le regarda entrer avec des yeux pétillants. Son sourire doux et heureux réchauffa le coeur de Neji qui revenait d'une mission particulièrement fatiguante et difficile. Il n'avait pas encore eu le temps de se changer ni de se laver ; ses vêtements et son corps étaient sales, il avait grand besoin de repos et d'un bon repas ; mais il voulait avant tout voir sa femme...

- Je suis là, dit-il en lui rendant son sourire. Je t'ai manqué ?

- Si tu savais !

Elle se précipita dans ses bras, malgré sa saleté. Il la serra tout contre son coeur.

- Kiba est passé me voir aujourd'hui avec Shino et Maître Iruka. Il paraît qu'ils partent demain à la première heure et ils sont venus me dire au revoir. Maître Iruka m'a apporté du gâteau ; tu en veux ? Il y a aussi du thé.

- Kiba et Shino ?

Neji fronça les sourcils, l'air assez mécontent, mais la vision de Hinata qui servait activement le thé le rassura. Et elle avait dit que Maître Iruka avait été présent aussi, et le seul fait de le savoir le rendait plus confiant.

- Je comprends pour Kiba et Shino, mais pourquoi Maître Iruka ? Je croyais qu'il était débordé avec l'académie en ce moment.

- Il part avec eux, je crois.

- Maître Iruka ? Mais c'est le professeur des petites classes ! Je veux dire, ce n'est pas son rôle...

Son épouse lui adressa un regard confus. Il préféra se taire et prit la tasse de thé pleine qu'il savoura à petites gorgées. Le liquide chaud lui fit énormément de bien, sans parler de la présence réconfortante de Hinata. Tout allait bien. Il était rentré chez lui, auprès de sa famille et de son épouse bien-aimée. Plus rien d'autre n'importait.

xxxxx

Jiraiya regarda les élèves des petites classes sortir du bâtiment où ils avaient cours pour rentrer chez eux. Il sourit en voyant plusieurs garçons embêter une petite fille aux cheveux courts et se souvint avec nostalgie de ses propres jeunes années. A l'époque, il voulait devenir l'un des ninjas les plus puissants, et il y était arrivé ; mais au prix de quels sacrifices, parfois...

- Tu es sûre qu'on peut faire confiance à ce type ? grogna-t-il en direction de Tsunade, qui était occupée à remplir de la paperasse administrative. Ses informations sont peut-être fausses, ou alors il nous ment. On dois aussi envisager l'option d'un piège.

- Je sais, mais ce n'est pas comme si nous avions le choix. Et nous avons déjà donné notre accord. Nos trois hommes sont prêts à partir.

- N'empêche, c'est louche...

- Iruka a déjà accepté, et ma foi je ne vois pas pourquoi j'irais contre sa décision. Il est...

Trois petits coups secs furent frappés à la porte. Tsunade somma à la personne qui l'avait interrompue d'entrer, tandis que Jiraiya se mettait un peu à l'écart.

Au pas de la porte, apparut la silhouette dégingandée de Kakashi en costume d'Anbu. Et il n'avait pas l'air très heureux.

A suivre...

xxxxx

(1) Comme beaucoup d'entre vous le savent sans doute, « Iruka » signifie « dauphin » en japonais. « Umino Iruka », c'est donc « dauphin de la mer », ou « dauphin marin » au choix.

(2) « Maito Gai », ou littéralement « gars puissant ».