Titre : « Vivre »

Auteur : Mokoshna

Manga : Naruto

Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto et de Jump. Je ne reçois pas d'argent pour cette fic, je ne risque pas d'en donner à qui que ce soit (vu l'état de mes finances ça n'irait pas loin de toute façon).

Avertissements : Spoilers du manga jusqu'au volume 26, chapitre 233. Après ça n'a plus vraiment d'importance puisque la fic suit sa propre voie. Par conséquent l'histoire risque d'être un peu (beaucoup ?) AU. Du Yaoi avec du SasuNaru, du Het avec du NejiHina, du LeeSaku, mais aussi du Yuri à partir d'ici. Vous verrez.

Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Ce chapitre et surtout l'évolution des personnages risque d'en surprendre certains. C'est normal. Je contrôle parfaitement la situation (pour l'instant).

En outre, à partir d'ici nous arrivons dans la première grande partie du scénario. Les six chapitres précédents n'étaient qu'une sorte de prologue. Je vais sans doute réarranger un peu la présentation d'ici quelques temps mais pour l'instant je me contente de livrer la version bêta de l'histoire. Il faudra sans doute que je relise et que je corrige quelques éléments par-ci par-là mais ça prendrait trop de temps, alors voici le chapitre 7. Bonne lecture et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

XxXxXxXxXxX

Chapitre 7 : Changer

xxxxx

(Village caché de Konoha, Temps présent)

- Mais c'est absurde ! C'est sûrement un piège ! Ils vont se faire tuer !

Tsunade affronta avec calme et détermination le regard courroucé de son élève. Sakura s'était précipitée dans son bureau en apprenant la nouvelle de l'envoi d'Iruka sur le terrain, accompagnée de près par Lee et Gai. Ce dernier fronçait ses sourcils de manière abominable ; on aurait dit que ceux-ci étaient une extension directe de ses cheveux, tellement ils étaient dressés sur son front...

- Le professeur Iruka ne fera pas le poids ! siffla la jeune fille.

- C'est un Chuunin compétent, tout comme ses coéquipiers.

- Mais pour une telle mission !

Elle jeta un coup d'oeil irrité au dossier que lui avait tendu Tsunade un peu plus tôt. C'était le même que celui qu'avaient reçus Kiba et Shino, il contenait tous les détails connus de la mission. Elle l'avait parcouru de long en large, avec une rapidité rodée par ses années d'étude à l'académie et plus tard, en autodidacte. Ce qu'elle vit confirma ses craintes ; elle s'était mise à hurler et à réclamer le retour d'Iruka et des autres.

- Ils ont accepté tout en sachant ce qu'ils risquaient, fit simplement le Hokage. Si vous voulez m'excuser, j'ai du travail.

- Mais Hokage...

- Lee, j'ai dit que j'en avais fini avec vous. Retire-toi, s'il-te-plaît. Toi aussi, Sakura.

Son ton était ferme. Sakura la connaissait trop bien pour tenter le diable ; elle s'inclina avec difficulté et sortit à la suite de ses deux compagnons, mais les frissons qui traversaient son corps s'étaient intensifiés. Le professeur Iruka était l'une des seules personnes en qui elle avait entièrement confiance ; pour elle comme pour la plupart des camarades de sa promotion, le Chuunin était une sorte d'oncle bienveillant qui leur faisait la leçon tout en veillant de son mieux sur les enfants du village. Sa présence discrète était un signe inconscient de stabilité pour bien des gens, signe renforcé par sa relation proche avec le regretté Sandaime., une sorte de... pilier moral. Si ce pilier était détruit...

- J'espère que vous savez ce que vous faites, Tsunade, murmura la jeune fille en lui tournant le dos.

Lee la suivit, un peu indécis sur la marche à suivre.

- Vous ne venez pas, Maître ? fit-il à l'encontre de Gai, qui n'avait pas bougé ni dit un mot depuis le début de leur discussion.

- Elle n'a jamais cité mon nom, Lee.

Ses deux élèves se tournèrent avec hésitation, Sakura en particulier semblait confuse. Le Jounin leur fit un sourire brillant et intense tout en levant le pouce en guise d'encouragement, mais cela ne les renseigna pas pour autant. Ce geste pouvait signifier bien des choses lorsqu'il était émis par Gai Maito : la joie et l'enthousiasme certes, mais si on le connaissait assez il pouvait aussi être la révélation de sa frustration et de son impuissance à contrôler parfaitement les événements qui se passaient autour de lui. Sakura avait mis deux ans à le comprendre, et encore sans l'aide de Lee elle ne s'en serait même pas doutée... Mais le Jounin avait sa tête des jours de printemps de la jeunesse (enfin, c'était comme ça qu'il les appelait).

- Peace, glapit-il. Je vous rejoins dans un instant. Si vous alliez tenir compagnie à Tenten en attendant ?

Ils échangèrent un regard curieux mais obéirent sans discuter. Lee sortit en dernier et referma la porte derrière lui, non sans jeter un dernier coup d'oeil vers le bureau. La poignée de la porte émit un claquement sonore puissant en calant les deux battants l'un contre l'autre. Le sourire flamboyant qu'avait pris Gai se mua vite en une grimace anxieuse.

- Bon, dit-il gravement, et si vous me disiez pourquoi vous m'avez retenu ?

- J'ai une mission pour toi.

- Dites-moi que c'est pour aller veiller sur Iruka et son groupe.

- Je pourrais, mais j'ai déjà mis quelqu'un sur l'affaire. Non, j'ai besoin de toi ailleurs. Toi et ton équipe. Normalement j'aurais plutôt fait appel à des spécialistes, mais dans ce cas je vais faire une exception.

- Où ça ?

Tsunade se racla la gorge. Normalement, ce groupe n'aurait pas dû être son premier choix mais elle devait bien ça à Sakura... La jeune fille avait fait des efforts titanesques depuis qu'elle était devenue son élève, n'hésitant pas à s'entraîner jour et nuit dans la poursuite de son but. Reste à savoir si elle faisait réellement le poids face à ce qui l'attendait...

- Nous avons reçu des informations de ce visiteur, articula-t-elle d'un air sombre. C'était ces informations contre cette escorte pour le ramener chez lui. Vu les circonstances, nous ne pouvions nous permettre de refuser.

- Et quelles étaient-elles, ces informations ?

- Vous partirez ce soir, pour le pays des Plaines.

- C'est à l'autre bout du continent.

- C'est vrai. Il vaut mieux vaut ne pas trop tarder.

- La cible ?

Il n'avait posé la question que pour la forme. Il connaissait déjà la réponse, à vrai dire.

- Sasuke Uchiha et Naruto Uzumaki.

xxxxx

Kiba vérifia de nouveau les alentours du camp qu'ils avaient dressé. La nuit était fraîche ; ils devaient rester encore un moment en forêt mais ils avaient l'habitude, Konoha étant un village où la montagne et la forêt formaient les principaux éléments du paysage. Akamaru posa un museau humide sur le haut de sa veste, lui signalant que tout était calme. Pas une âme humaine à des kilomètres alentour. Par contre, ça grouillait d'insectes, des insectes qui bourdonnaient, claquaient, grinçaient, et il y en avait partout...

- C'est parce que c'est leur saison de reproduction, lui dit simplement Shino une fois qu'il fut retourné auprès de ses coéquipiers.

- Attends, tu veux dire que ces insectes que j'ai retrouvé dans mes rations étaient en train de...

- Très probablement.

- Pouah !

La mine dégoûtée qu'il tira fit rire Iruka qui était en train de lire un rouleau en face d'eux. Leur client n'esquissa pas même un geste. Il était encore drapé dans son manteau ample et n'avait pas dit un mot depuis leur départ des heures auparavant, malgré les efforts insistants de Kiba et polis d'Iruka. Kurenai leur avait signalé que par mesure de précaution, il resterait silencieux jusqu'à leur arrivée au pays du Son et ne répondrait qu'aux questions où il n'aurait qu'à hocher la tête. Kiba avait grogné et Shino avait semblé émettre une légère opposition de toute la force de son mutisme immobile mais à part cela, ils étaient partis aussitôt sans en demander plus.

- J'espère que Tsunade sait ce qu'elle fait, lança Kiba en jetant un regard sombre à leur client. Je détesterais avoir une mauvaise surprise en arrivant.

Iruka tenta de leur faire un sourire d'encouragement mais cela ne marcha pas aussi bien qu'il l'avait espéré. Kiba et Shino avaient leur attention fixée sur leur compagnon masqué.

- Il est l'heure d'aller dormir, fit-il en soupirant. Allez-y, les garçons, je prendrais le premier quart.

- Ok. Je prends le deuxième, sourit Kiba.

- Et moi le troisième.

Sur ces mots, Shino se glissa avec une rapidité surhumaine dans son sac de couchage et bientôt sa respiration se fit plus régulière et faible. Kiba le suivit de près mais il n'y avait rien de silencieux dans son sommeil, pas plus que pour Akamaru d'ailleurs. Iruka pensa à deux gros chiots en les voyant collés l'un contre l'autre. Ils pouvaient se montrer discrets quand il le fallait, bien sûr, mais puisqu'ils n'avaient sentis aucun danger et que Maître Iruka veillait sur eux... Ils avaient beau clamer leur indépendance et être du même rang que leur ancien professeur, ils n'arriveraient jamais vraiment à oublier qu'il avait été leur gardien et l'homme qui les avait protégé d'une attaque mercenaire lors d'une sortie en forêt, ou celui qui leur avait collé autant de fessées qu'il y avait d'étoiles dans le ciel (c'était une vision d'enfant).

- Ils sont mignons quand ils dorment, n'est-ce pas ? fit-il à la silhouette sombre qui tentait de s'éloigner discrètement dans son dos.

L'homme poussa un petit rire étouffé par le masque.

- C'était bien la peine de demander une escorte si vous comptiez nous fausser compagnie pendant la nuit... Kabuto.

Son interlocuteur s'arrêta net et le fixa un long moment. Puis, ôtant son masque d'un geste lent, Kabuto Yakushi fit un sourire étrange à Iruka Umino.

xxxxx

- Je refuse, fit Tenten sur un ton ferme.

- Allons, ce n'est pas si terrible...

- Pas si terrible ! On voit bien que ce n'est pas toi qui a dû subir les avances de... de... de cette femme !

Et d'un doigt indigné, elle désigna la jeune femme blonde qui observait la dispute des deux membres féminins de l'équipe Gai avec ravissement. Temari n'avait pas l'air le moins du monde offusquée par le ton insultant qu'avait utilisé Tenten à son encontre ; au contraire, cela semblait l'amuser follement. Derrière elle, Shikamaru arborait un sourire moqueur.

- Tenten ! intervint à son tour Gai, le visage sérieux.

Toutes les personnes présentes se tournèrent vers lui, un peu étonnées de le voir faire une tête pareille... jusqu'à ce qu'il prenne brusquement une pose « puissante et virile », vite imitée par un Lee déchaîné par la perspective de partir enfin en mission avec Sakura. A eux deux, ils formèrent un chant puissant porté par le discours enthousiaste de Gai.

- Dis-toi que c'est pour l'amélioration des relations entre Konoha et Suna ! Ne vois-tu pas la beauté du lien fraternel qui unit nos deux villages, tels deux frères d'armes luttant vaillamment sur le front en arborant fièrement le lien éternel et sacré du printemps de leur jeunesse ! Nous, de Konoha, devons nous montrer digne de la faveur insigne que nous donnent les dieux en renforçant coûte que coûte et en approfondissant les valeurs qui nous unissent !

Il ne sembla pas remarquer l'air consterné qu'arboraient ses deux autres élèves ni le fou rire de Temari. Shikamaru bailla. Le visage de Tenten prit une teinte cramoisie.

- ÇA VA PAS, NON ? JE NE COUCHERAIS PAS AVEC TEMARI POUR « APPROFONDIR » NOS RELATIONS ! hurla Tenten d'un air horrifié.

Elle le regretta aussitôt. Les passants qui déambulaient dans les couloirs de l'académie se tournèrent vers eux avec une palette étendue de réactions, allant de la colère à l'intérêt pervers en passant par l'amusement le plus vif et le dégoût.

- Bien joué, siffla Sakura en secouant la tête. Ça va être discret comme mission, tiens.

- Je ne vois pas où est le problème, fit Shikamaru en se rapprochant d'elle, alors que Tenten se recroquevillait sur elle-même en balbutiant de vagues excuses. Vous devez aussi passer par Suna, non ?

- Oh, ce n'est pas vraiment un problème, lui répondit la jeune fille, mais Tenten est gênée... Si Temari ne passait pas son temps à lui faire du rentre-dedans, aussi !

- Du rentre-dedans, hein ? sourit Shikamaru. Terme intéressant que tu utilises là...

- Tu sais très bien ce que je veux dire !

Ça ne l'empêchait pas de rougir à l'évocation des mots qu'elle venait de prononcer. Décidément, Shikamaru était resté un peu trop longtemps avec cette perverse de Temari, pour qu'il se mette à penser comme elle au moindre terme malheureux que les autres utilisaient ! Elle détourna dédaigneusement la tête. Gai et Lee n'avaient pas fini leurs spectacle ; des vagues battantes, une falaise, un soleil couchant s'étaient joints à leurs larmes émouvantes et leurs voeux de relations saines. Sakura soupira. Qu'ils continuent si cela les amusait, elle était trop lasse pour essayer de faire quoi que ce soit pour les arrêter. Et elle avait autre chose à penser, de toute manière.

Ils allaient retrouver Sasuke et Naruto ! Cela faisait combien de temps qu'elle n'avait plus entendu parler d'eux ? Deux ans ? Depuis le désastre de leur voyage à Hotaru. Depuis qu'Ino avait abandonné sa carrière de ninja et que Hinata avait été fiancée de force, puis mariée à son cousin Neji. Elle serra les poings avec détermination.

Shikamaru l'observait du coin de l'oeil. Il ignorait les détails exacts de leur mission, juste qu'ils avaient besoin de passer par le pays du Vent pour aller à l'autre bout du continent. Mais il n'était pas difficile de deviner, en voyant l'impatience frustrée de Sakura, que l'affaire concernait ses anciens camarades Sasuke et Naruto. On les avait peut-être retrouvé ? Si c'était le cas, ce ne serait pas facile de les ramener ou de les convaincre de rentrer, mais celle qui avait le plus de chances de réussir était sans doute la jeune fille qui se trouvait près de lui, l'esprit perdu dans ses souvenirs. Il priait intérieurement pour sa réussite, mais sans lui en toucher mot.

Cela ne le concernait plus, à présent.

xxxxx

Iruka lança un shuriken en direction de Kabuto qui l'attrapa d'un geste vif. Aucun des deux autres hommes n'avait remué un muscle malgré l'agitation.

- Ils dorment bien, vos élèves.

- Ils ne sont plus mes élèves depuis qu'ils sont sortis de l'académie, vous devriez le savoir.

- Peut-être, mais ils continuent de vous appeler « Maître ». Ils ont beau être Chuunin, je ne pense pas qu'ils oublieront de sitôt leur professeur Iruka. Pas plus que moi, d'ailleurs.

- Je n'ai jamais été votre professeur, Kabuto. Revenez vous asseoir. Nous avons encore une longue route devant nous, vous devez conserver tes forces. Et pas question de vous laisser seul.

- Quelle confiance !

- Si vous essayez de faire du mal à n'importe lequel d'entre nous ou à Konoha, je vous jure que...

- Ok, ok. Je viens.

Le jeune homme fit un sourire à son aîné, puis il le rejoignit près du feu. Iruka remua les braises avec un morceau de bois, faisant voler dans l'air quelques flammèches qui grésillèrent un instant.

- Nous sommes observés, chuchota-t-il calmement. Deux personnes, je dirais.

- C'est bien ce qui me semblait.

- Si ça se trouve, je t'ai sauvé la vie.

Iruka attrapa une barre vitaminée et la lança à Kabuto.

- Vous n'avez pas mangé, je crois, fit-il à voix haute.

- Merci bien, professeur Iruka, et Kabuto croqua à pleines dents dans la confiserie.

- Ça m'étonnerait. Ils sont à nos basques depuis notre départ. Je dirais qu'ils viennent de chez toi.

- Et l'un d'eux est Kakashi.

- Tu le connais bien ?

- Assez pour savoir quand il me suit.

- C'est ennuyeux. Il n'a pas confiance en moi.

- Kabuto, personne en ce bas-monde n'a confiance en toi, pas même ton patron. Non, en fait je dirais que c'est lui qui se méfie le plus de toi.

- Ce n'est pas impossible, fit son compagnon en remettant ses lunettes en place. Surtout après mon départ.

- Il n'est pas au courant ?

- Non, et avec un peu de chance je serais revenu avant qu'il ne se doute de quoi que ce soit.

- Je vois.

Le feu continuait à crépiter doucement en émettant une lueur faible. Seuls, quelques cris d'animaux rompaient de temps à autre le silence ambiant. Iruka détecta un léger mouvement de l'arbre où il avait repéré leurs « spectateurs ». Sans doute essayaient-ils d'entendre leur conversation. Bien leur en prenne ; Kabuto et lui maîtrisaient la ventriloquie à la perfection et leurs murmures n'auraient certainement pas pu atteindre les oreilles de leurs observateurs. Il fit un sourire crispé à la silhouette du déserteur assis à côté de lui et lui demanda tout haut ce qu'il pensait du voyage. Kabuto lui répondit sur le même ton qu'il avait hâte de rentrer, puis ils se turent et firent comme s'ils étaient plongés dans leurs pensées (ce qui était à demi vrai).

- Tu les a drogués ? demanda plus doucement Kabuto en observant la silhouette endormie des deux autres hommes et du chien géant.

- Je voulais qu'on discute seul à seul. Je pensais bien que, timide comme tu es, tu n'aurais pas daigné me parler sinon.

- Comme si tu avais besoin de ça ! fit le plus jeune homme en ricanant. Ça n'a pas dû être de la tarte de trouver la bonne dose de somnifère pour ce monstre.

D'un mouvement discret du menton, il désigna Akamaru qui ronflait comme un bienheureux. Il formait presque un concert avec son maître ; en tout cas, la régularité de leur rythme était assez impressionnant... un peu comme ces vieux couples qui avaient vécus un demi-siècle ensemble. Leurs mouvements et leurs pensées étaient parfaitement synchrones.

- J'aime les chiens, murmura Iruka. C'est normal que je demande au clan Inuzuka des précisions sur leurs compagnons à quatre pattes. Je reçois régulièrement un membre de leur famille dans mes classes, il faut bien que je sache m'occuper aussi des chiens en cas de problème.

- Ah oui ?

- Ça, et le ninja copieur m'a montré.

- Kakashi ? Cela m'étonne. Lui aussi alors, tu l'as mis dans ta poche ?

- Tu ne peux pas savoir à quel point.

Iruka lui fit un petit sourire carnassier. Les flammes se reflétaient dans son regard ; il avait une expression que Kabuto connaissait bien, pour l'avoir côtoyée quotidiennement depuis ces deux dernières années... Il chassa l'image d'Orochimaru de ses pensées pour se concentrer sur Iruka. Oui, cet homme était dangereux, malgré tout ce que l'on pourrait dire sur la « gentillesse » du professeur.

- Qu'est-ce que tu mijotes, avec ton maître ? fit soudainement la voix de son interlocuteur.

- Rien.

- Vraiment ?

- Oui. Je suis seul responsable, cette fois.

C'était inutile de mentir, Iruka saurait voir entre les lignes. Son aîné avait plus d'expérience en la matière. Il contempla un instant les traits paisibles de l'autre homme. Il n'y avait rien de bien extraordinaire dans son apparence : brun, les yeux marrons, il avait une coupe de cheveux typique de leur village et l'allure tranquille d'un homme sans histoires. Le sourire qu'il donnait sans compter était doux et rassurant, son visage avenant avait plus d'une fois été une valeur sûre à laquelle s'accrocher pour bien des enfants de l'académie. Quand il pensait à ce que cela dissimulait en réalité...

- Et comment va-t-il ? poursuivit Kabuto sans se laisser démonter. Ton maître à toi.

- Bien. Il se demande seulement si ceux d'Oto ont perdu toute énergie.

- Nous pourrions dire la même chose de vous. Cela fait combien de temps que tu es à Konoha ? Vingt ans ?

- Suffisamment pour ne pas commettre la même erreur que vous. Orochimaru a été bien impatient dans sa manoeuvre, et ça lui a coûté ; je crois savoir qu'il n'est pas au meilleur de sa forme, non ?

Kabuto ne répondit pas. La lune sortit de derrière un gros nuage, illuminant la petite clairière dans laquelle ils se trouvaient. Iruka fit un signe de tête hâtif en direction du sac de couchage vide qu'il avait préparé pour Kabuto. Sa pose était nerveuse et inquiète.

- Allez vous coucher. Dans une heure, je réveillerais Kiba. Et pas de surprises !

- Soit. Merci pour cette merveilleuse compagnie, professeur Iruka, fit Kabuto sur un ton ironique.

Il se glissa dans sa couche sans insister. Il avait bien fait de réclamer la venue d'Iruka avec eux. Il savait maintenant que l'illustre patron de celui-ci était effectivement en train de préparer un projet de grande envergure. Certes, Iruka n'avait émis aucune indication à ce sujet mais le simple fait d'échanger de telles banalités... et d'admettre l'ambiguïté de sa présence à Konoha, était une preuve indéniable pour lui. C'était comme une sorte d'avertissement. Le maître de Kabuto n'avait rien de prévu ? Parfait, parce que le sien si, alors qu'Oto reste en-dehors de tout ça, ou leur petit pays ne s'en relèverait pas. Pas plus que son maître infirme dans son corps de pacotille.

Il restait maintenant à savoir si Konoha réagirait de la bonne manière aux informations qu'il leur avait transmises. Connaissant leur attachement aux deux garçons, il n'en doutait pas une seconde.

Perdu dans ses pensées, il n'avait pas remarqué que l'insecte minuscule qui s'était fixé dans le col de son manteau à son insu s'envolait en direction de l'un des autres sacs.

xxxxx

- Vraiment trop louche, fit Jiraiya en passant la flasque de sake à Kakashi qui la refusa poliment. Kabuto est allé dormir.

- Et Iruka ?

- Aucune réaction. Il reste à surveiller.

- Ils ne nous ont pas encore repérés ?

- Je ne pense pas, sinon on aurait eu droit à un accueil musclé. Mais c'est vrai que c'est bizarre. Je pensais que le gamin sauvage et sa bestiole auraient eu plus de flair que ça. Et la dernière fois que j'ai croisé un Aburame, j'ai eu un mal de chien à lui dissimuler ma présence ou même ce que je pensais. Ils ont des insectes qui détectent le moindre changement de température d'un corps ou qui sont capables de sentir les phéromones et autres joyeusetés émises par un organisme.

- Ils ont peut-être été drogués ?

- Par Kabuto ? Ça ne m'étonnerait pas de ce type, fourbe comme il est.

- Peut-être. Peut-être pas.

- Qu'est-ce que tu insinues par là, gamin ?

Kakashi hocha gravement la tête. Il fixait la silhouette d'Iruka.

- Au fait, c'est quoi ta relation avec le petit protégé de mon ancien maître ?

- Ma relation ?

- Oui, tu sais, y'a des rumeurs qui courent comme quoi t'aurais le béguin pour lui.

- Et vous, vous en pensez quoi ?

- Foutaises.

Kakashi se tourna vers lui, vaguement surpris. Il pensait être le seul à avoir remarqué...

- Il n'est pas ce qu'il fait croire au monde.

- Hum. Je m'en doutais un peu.

- Vraiment ?

- Ouaip. Le Sandaime aussi me l'avait dit, qu'il se méfiait de ce que ce gamin était capable de faire. C'est pour ça qu'il le gardait près de lui, il voulait l'avoir à l'oeil.

- Pourquoi ne pas être intervenu plus tôt, dans ce cas ?

- Pour faire quoi ? Nous n'avons pas de preuves qu'il mijote un mauvais coup. On ne sait même pas s'il est effectivement un traître potentiel. Après tout, ça fait des années qu'il est un citoyen respectable de Konoha. Il n'a jamais failli à son rôle et je connais un paquet de gens qui lui donneraient le bon dieu sans confession. Enfin, on verra. Qu'est-ce que tu sais exactement sur lui ?

- Iruka Umino, vingt-sept ans, Chuunin et professeur d'académie. Il a perdu ses parents durant l'attaque du Kyuubi. Le Sandaime l'a pris sous son aile. Il est connu pour être un excellent professeur, les gens n'ont pas à se plaindre de lui. Il est sociable, bien intégré à la population et jouit même d'un statut privilégié. C'est aussi... le tuteur de Naruto.

Jiraiya lui fit une tape amicale dans le dos.

- T'as bien potassé ton sujet, on dirait, fit-il en riant. T'es sûr que t'es pas un peu amoureux ?

- Absolument.

Le Sannin prit un air grave.

- Tes gamins, hein ?

- Je ne laisserais personne être un danger pour eux. Ni Orochimaru, ni même le professeur Iruka.

- Ouais, une vraie mère poule.

Il ramena son regard à la clairière. Iruka n'avait pas bougé. Bientôt, il se lèverait pour aller changer de place avec Kiba.

- Pour l'instant, on ne fait rien et on les observe. Si Orochimaru ou qui que ce soit intervient... eh bien, on n'aura qu'à le leur faire regretter.

xxxxx

- Allez ! En avant, mes joyeux compagnons ! tonna Gai à la sortie du village. Que la gloire du village rejaillisse sur nos actions futures !

- Mmm, gémit Tenten en lançant un coup d'oeil morose à la jeune femme accrochée à son bras, un sourire goguenard sur les lèvres.

Temari se serra un peu plus fort contre la fille aux chignons, lui procurant un frisson d'horreur qui la traversa de la pointe des pieds jusqu'aux racines de ses cheveux. Sakura et Lee rirent en les voyant. Ils portaient chacun un sac de voyage assez conséquent ; la route serait longue jusqu'au pays des Plaines et même s'ils faisaient escale à Suna, ils auraient besoin de bien des affaires.

- Ce n'est pas si terrible, fit Sakura à son amie. On sera vite arrivé à Suna.

- Je voudrais bien t'y voir, tiens...

- Quoi, tu n'es pas contente de faire un bout de chemin avec moi, Tenten chérie ? susurra Temari à son oreille en soufflant langoureusement dans le conduit auditif.

Sa victime se mit à trembler et à rougir ; elle lança un regard suppliant au reste de son équipe mais ceux-ci détournaient le regard en souriant... Lee s'amusait même à siffloter un air printanier sur l'éclosion des bourgeons et sur les amours naissants.

- Lâcheurs, traîtres ! pleura la jeune fille en essayant de décoller Temari de son bras, en vain.

Elle sentit alors une main hardie se faufiler habilement sous son haut rose et glisser doucement, sensuellement sur sa peau en lui donnant la chair de poule, de plus en plus haut jusqu'à la naissance de son sein gauche...

- Temari ! Bas les pattes ! hurla-t-elle en se ressaisissant.

- Hmm, pourquoi ? Tu as la peau si douce, ma petite perle orientale...

Le tout dit alors qu'elle lui mordillait l'oreille... Lee commençait à tourner de l'oeil devant tant d'ardeur amoureuse et Gai émit un sifflement ravi. Sakura était au moins aussi rouge que Tenten et s'ingéniait à regarder partout ailleurs. Quant à Shikamaru, il observait la scène avec désintérêt. Tenten avait de plus en plus de mal à garder sa dignité...

- Si ça te dérange tant que ça, pourquoi tu ne la repousses pas plus fort ? fit alors une voix dans leur dos.

Sakura se retourna pour faire un sourire hésitant à la nouvelle venue, qu'Ino lui rendit sans rechigner. Elle portait une robe printanière qui s'accordait délicieusement avec le bouquet de fleurs des champs qu'elle avait au bras. Un panier de plantes hétéroclites pendait à son autre bras. Lee lui fit un signe amical.

- Vous partez tous ? fit la fleuriste.

- Non, juste l'équipe Gai. Mais comme on doit passer par Suna, Shikamaru et Temari nous accompagnent, lui répondit Lee.

- Je vois. C'est... pratique.

Ce disant, elle lança un regard appuyé à Tenten qui lui fit une grimace. Temari souriait d'un air étrange tout en continuant à tripoter sa camarade brune.

- J'étais en livraison quand je vous ai vu de loin. Les affaires vont bien à Suna ? fit-elle en s'adressant à Shikamaru, mais elle n'avait pas quitté Temari des yeux.

- Couci-couça. Et dans la boutique de tes parents ?

- Oui. Tout va bien, je veux dire, rajouta-t-elle d'un air absent.

Elle se dirigea vers les deux femmes, l'air déterminée. Plongeant sa main dans le panier qu'elle tenait en plus du bouquet, elle sortit une rose de la couleur des cheveux de Sakura et la tendit à Temari avec le sourire.

- Bon voyage, fit-elle doucement. Voici un cadeau pour votre bon retour au pays.

Son vis-à-vis prit délicatement la fleur de ses mains en souriant. Puis, lâchant Tenten qui paraissait confuse, elle se baissa et prit la main encore tendue d'Ino, y collant une bise délicate.

- C'est une gentille attention, fit-elle avec un sourire affectueux.

Le visage d'Ino rosit de plaisir. Les autres les regardaient avec de grands yeux, Tenten en particulier... Sakura ne comprenait plus rien. Lorsqu'elles étaient encore copines à l'académie, Ino n'arrêtait pas de lui parler du langage des fleurs, qu'elle maîtrisait avec la passion de la fleuriste de vocation qu'elle était. Elle semblait beaucoup y tenir et croyait dur comme fer au sens de chacune d'entre elles. Celle-ci en particulier signifiait « Mon amour vous est acquis, avec ma plus grande tendresse ».

- Shikamaru, tu peux me dire ce qui se passe ? chuchota Sakura à l'encontre de son ami.

- C'est Temari, elle a un peu trop bu l'autre soir alors qu'on fêtait ma promotion, elle s'est jetée sur Ino et lui a roulé un patin.

- QUOI !

- Bah forcément, tu connais Ino, elle s'est tout de suite fait des idées...

- Et Temari la laisse faire ?

- Temari ? Tu plaisantes ou quoi ? Son but dans la vie c'est d'être la plus grande playgirl du pays du Vent. Alors une conquête de plus, tu penses...

- Mais c'est dégueulasse ! Et Tenten ?

- Quoi, elle est intéressée peut-être ? On dirait pas, pourtant, du moins c'est ce qu'elle arrête pas de répéter...

- Tu sais bien que si elle ne voulait vraiment pas elle lui aurait déjà collé un pain !

- Hum, peut-être...

Sakura lui adressa un regard mécontent. Le pauvre Lee ne savait plus où donner de la tête et Gai avait des étoiles dans les yeux. Il avait dû trop lire de romans d'espionnage mettant en scène des lesbiennes ninja...

- On y va ? fit alors la voix énervée de Tenten. On a une mission je vous rappelle, et pas énormément de temps !

Elle attrapa le bras de Temari d'un geste violent et l'entraîna avec elle. Cette dernière fit un geste d'au revoir à Ino avec la rose qu'elle lui avait offerte. Shikamaru les suivit en traînant les pieds.

- Désolée, Ino, on est pressé, s'excusa Sakura en partant en dernier. On se fait une bouffe à mon retour ?

- Ok, acquiesça son amie. Et dépêche-toi, Lee t'attend.

- Oui. Et... euh... tu ne devrais peut-être pas trop t'emballer pour Temari, tu sais...

- T'inquiètes, je suis une grande fille.

- Si tu le dis...

Elle s'éloigna rapidement, après avoir lancé un dernier regard à la fleuriste. Celle-ci remit son panier en ordre et rentra dans le village. Elle avait encore beaucoup de travail à faire, et après cela elle pourrait peut-être passer voir Hinata...

xxxxx

Deux bras puissants entourèrent ses épaules et le tirèrent en arrière. Sasuke leva les yeux vers ceux de son compagnon. Une mèche de cheveux blonds lui chatouillait le front. Il la retira d'un geste presque inconscient et sourit à son amant.

- J'ai bientôt fini, fit-il d'une voix douce.

- J'espère bien ! Je me sens seul, moi, dans ce grand lit vide !

- Tu n'aimes pas ? Il me semblait pourtant bien t'avoir entendu t'extasier dessus à notre arrivée.

- Oui, en pensant aux trucs qu'on pourrait faire dedans ! Mais on n'a même pas eu encore le temps de le baptiser !

- Qu'est-ce que tu racontes encore comme idioties ?

- Ben oui, c'est la patronne qui m'a dit que quand on dort dans un nouveau lit, il fallait le baptiser avec ses fluides corporels et...

- Naruto, tu ne devrais pas écouter tout ce qu'on te raconte.

- Mais...

- Va te coucher. J'arrive dans un instant.

- Grumph...

Pourtant, le jeune homme obéit. Le regard coquin qu'il lança à Sasuke le confirma sur la manière dont il l'accueillerait dans leur couche... Son ami ne s'en inquiéta pas. Naruto avait toujours été très remuant et intense, ce n'était pas ici qu'il allait changer.

- Tout se passe comme prévu ? fit une voix nasillarde après que Naruto soit parti.

- Parfaitement bien, répondit Sasuke avec un sourire cruel. Ni Naruto ni le Kyuubi n'ont l'air de faire de mauvaise réaction à la drogue, au contraire. Je ne l'ai jamais vu aussi heureux.

- Tu y est sans doute aussi pour quelque chose, je me trompe ?

- Peut-être, ricana le jeune homme. En tout cas, vous pouvez dire à votre patron que tout est en règle.

- Parfait. Au fait, vous risquez d'avoir de la compagnie.

- Comment ça ?

- L'un de nos informateurs nous a signalé que Kabuto Yakushi du village du Son avait vendu votre position. Attendez-vous à recevoir une petite visite d'ici quelques jours. Ou vous comptez fuir ?

Sasuke remit une mèche de cheveux rebelle en place. Ceux-ci avaient poussés jusqu'au milieu de son dos ; il les tenait attachés avec un morceau de corde bleue que lui avait donné Naruto, le jour où il s'était plaint qu'ils lui tombaient dans les yeux et la bouche. Son sourire s'était encore agrandi.

- Surtout pas, fit-il. Nous allons voir si cette bande de faibles a fait des progrès. Et puis, j'ai encore besoin de tester un peu ce nouveau Naruto... Tant mieux s'il s'agit de personnes que nous connaissons, cela n'en sera que plus intéressant. Dites à votre maître que je maîtrise parfaitement la situation.

- Comme vous voudrez, dit son interlocuteur en s'inclinant, et il disparut dans un murmure.

Sasuke se trouva de nouveau seul. Réajustant la ceinture de son kimono, il se leva et quitta la pièce pour rejoindre Naruto dans leur chambre. En chemin, il bouscula une servante qui portait des serviettes. Elle voulut s'excuser poliment avant de ramasser ses affaires,mais ce fut à peine s'il la remarqua, et il passa son chemin.

Il avait une mission à accomplir, et rien ne pourrait le détourner de son chemin. Surtout pas quelques éléments disposables.

A suivre...

XXXXX

Argh, beaucoup d'éléments de scénario d'un coup, résultat il se passe pas grand chose... désolée, mais ça devait être fait. Ça sera pire dans le prochain chapitre je pense. J'ai la fâcheuse tendance à écrire au fur et à mesure même quand j'ai un scénario prédéfini, certaines choses changent ou se rajoutent toutes seules comme l'apparition de Sasuke et Naruto en fin de chapitre...

Merci d'avoir lu et à la prochaine fois !