Titre : « Vivre »

Auteur : Mokoshna

Manga : Naruto

Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto et de Jump. Je ne reçois pas d'argent pour cette fic, je ne risque pas d'en donner à qui que ce soit (vu l'état de mes finances ça n'irait pas loin de toute façon).

Avertissements : Spoilers du manga jusqu'au volume 26, chapitre 233. Après ça n'a plus vraiment d'importance puisque la fic suit sa propre voie. Par conséquent l'histoire risque d'être un peu (beaucoup ?) AU. Du Yaoi avec du SasuNaru, du Het avec du NejiHina, du LeeSaku, mais aussi du Yuri à partir d'ici.

Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Merci à tous ceux qui ont eu la gentillesse de me laisser une review et qui suivent mon histoire, ça fait toujours plaisir. Bah il se passe des choses ici, mais ce n'est que le début d'une liste qui sera longue, je pense. Et encore une fois, j'avais ce chapitre déjà planifié à l'avance mais il ne s'est pas exactement déroulé comme prévu à l'écriture. Enfin... J'ai parfois l'impression de masteriser une partie de jeu de rôle, ce qui est contradictoire parce qu'à la base, en JDR vous avez des joueurs qui sont des vrais gens pas aussi manipulables que les persos que l'on crée et écrit soi-même... Mais passons. Bonne lecture à tous !

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Chapitre 9 : Jouer

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Iruka servit une pleine louche de bouillie aux céréales à Kiba qui en était déjà à sa troisième portion. Comme d'habitude depuis le début de leur voyage, il avait dû préparer le petit déjeuner au réveil. C'était d'ailleurs le cas pour chaque repas qu'ils prenaient ; Kiba était bien incapable de concocter autre chose que de la viande grillée et quant à Shino, il avait des goûts alimentaires bien particuliers qui ne plaisaient pas vraiment à tout le monde, comme de rajouter du wasabi en grosse quantité à un curry assaisonné de mayonnaise... C'était censé lui donner plus de goût, disait-il. Kiba avait vomi tout son content et Akamaru avait hurlé à la mort pendant deux bonnes minutes, tandis qu'Iruka, un peu plus au fait à cause sans doute de ses années de professorat, s'était contenté d'ingurgiter une bouteille d'eau fraîche ou deux pour faire passer. Il n'osait pas demander comment les deux garçons s'étaient débrouillés jusque-là pour se sustenter sans subir d'intoxication alimentaire. Sans doute les repas étaient-ils assurés par Hinata ou Kurenai, lorsqu'elles faisaient encore équipe avec eux. Quelquefois, Kiba devait partir chasser pour son compte et Iruka savait de source sûre qu'un festin de viande crue ne dérangeait pas le moins du monde les Inuzuka, qui pouvaient se comporter en vraies bêtes sauvages lorsque le besoin s'en faisait sentir. Quant à Shino, il n'avait aucun problème avec sa cuisine puisqu'il l'avait déjà vu ingurgiter son curry spécial sans broncher. Et puis de toute façon, les Aburame n'étaient pas de très grands excités comme l'étaient Kiba ou Naruto.

La pensée de son ancien élève lui arracha un soupir peiné... qui se transforma vite en un ricanement sarcastique dans sa tête. Les autres n'avaient vu et senti que la marque de sa tristesse et ses regrets, qu'il affichait sans vergogne sur les traits malléables de son visage. Grand bien leur fasse. Il n'était plus dans le village, et chaque kilomètre parcouru lui donnait de plus en plus envie de laisser tomber son masque et ses sentiments feints... Mais pas encore. Kiba et Shino avaient beau être assez drogués pour ignorer le passage d'un monstre géant à moins de quelques centaines de mètres d'eux, ils n'en restaient pas moins des êtres intelligents et observateurs, surtout l'héritier des Aburame. Le moindre geste qui ne serait pas propre au professeur Iruka Umino pourrait briser ne serait-ce qu'un tout petit peu l'image du gentil citoyen propre sur lui qu'il avait mis tant d'années de travail acharné à construire. Il avait calculé le moindre de ses gestes, la moindre attitude, allant même jusqu'à s'inculquer des sentiments artificiels pour plus de crédibilité ; il n'allait pas tout jeter à l'eau maintenant, n'est-ce pas ? Même s'ils se rapprochaient de plus en plus de l'endroit où se trouvait son maître. Même si la présence discrète et futile de Jiraiya et Kakashi (il les avait repéré avec certitude au réveil) éveillait en lui des instincts longtemps cachés de meurtre, en particulier en direction du ninja copieur... Il aurait pu se servir des deux imbéciles heureux qui le suivaient en tant que coéquipiers pour tendre un piège au jonin... Il aurait pu. Mais cela aurait été trop voyant, surtout avec la présence du Sannin à ses côtés. Comment Naruto l'appelait-il déjà ? Ah oui, l'ermite pervers. Il en avait entendu des choses, à son sujet. C'était un adversaire à ne pas sous-estimer. Cela risquait fortement de perturber la suite de leurs plans.

Kabuto lui lança un regard interrogateur. Iruka lui répondit par un sourire niais, ce même sourire qui lui avait valu les faveurs du Cinquième Hokage et de Gai Maito. Le sourire qu'il travaillait depuis son enfance, depuis ce jour...

- Ah, je suis repu ! s'écria un Kiba ravi en s'étirant. C'était délicieux comme d'habitude, professeur Iruka !

- Merci, Kiba, fit en riant son interlocuteur, ça me touche beaucoup. Même si je trouve qu'à ton âge, tu devrais manger plus proprement...

Et ce disant, il lorgna la nourriture aux pieds du chuunin, restes de son son repas avalé avec gloutonnerie. Shino entamait à peine la moitié du sien.

- Bah, c'est pas perdu pour tout le monde !

En effet, Akamaru engloutissait déjà ce qu'il avait laissé, malgré la part royale que lui avait servi Iruka dans une gamelle identique aux leurs. Kabuto observait la scène sans dire un mot. Une fois encore, il avait refusé de partager leur repas, prétextant un mal de ventre. Iruka savait qu'il préférait encore les barres de survie sous emballage sûr (celles-ci avaient été spécialement protégées par un sceau par Kabuto lui-même à leur départ) à la nourriture d'Iruka assaisonnée de drogues de sa composition... Sage décision, mais bien inutile, puisqu'après tout le chuunin ne le considérait nullement comme une menace, du moins pas encore...

- Nous sommes encore loin de la frontière ? demanda Kiba en se passant un cure-dent dans la bouche. J'en ai marre de ce voyage ! J'ai l'impression qu'on tourne en rond !

- C'est sans doute le cas, fit Shino d'une voix monocorde.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Mais à sa grande frustration, son ami resta silencieux.

- Eh ! Réponds-moi !

- Allons, allons, fit Iruka d'une voix apaisante. Ne nous pressons pas. Je suis sûr que nous ne sommes pas loin.

- Mouais... je sais pas. Si ça se trouve, c'est encore un coup de ce type.

D'un geste du menton, il désigna la silhouette encapuchonnée qui se contenta de relever la tête. Les trois autres hommes virent le masque pencher de côté, comme sous l'effet d'une question silencieuse ou peut-être, d'une moquerie quelconque...

- Eh, t'avises pas de te foutre de nous, surtout ! grogna Kiba avec colère.

- Je n'oserais pas, fit la voix étouffée de Kabuto, bien qu'il ne daignât pas ôter son masque. Je suis en position de faiblesse ici, n'est-ce pas professeur Iruka ?

Il avait prononcé ces derniers mots d'une manière maligne qui sembla mettre Iruka mal à l'aise. Par réflexe, Kiba se mit immédiatement entre lui et son compagnon.

- Ne t'avise pas de t'attaquer à Iruka ou je t'explose, c'est bien compris ?

- Kiba... murmura Iruka comme pour le calmer, mais il ne semblait pas l'entendre.

Le visage sérieux, presque grave de son ancien élève surprit un peu le chuunin. Il ne se souvenait pas de l'avoir vu dans un tel état, sauf peut-être le jour où Akamaru avait bien failli mourir de ses blessures... Ce qui fit pousser un autre sourire sur son visage, le sourire qu'il réservait habituellement à ceux qu'il voulait rallier à lui d'une façon plus... intime. A sa grande satisfaction, Kiba se mit à rougir et le regard protecteur qu'il lui lança, ainsi que le geste de défi qu'il fit à Kabuto le confirma sur son hypothèse. Il mit sa main sur l'épaule du jeune garçon comme pour l'arrêter mais celle-ci traîna un peu plus que nécessaire sur son vêtement et il se permit même une légère tape qui aurait pu passer pour paternelle, n'eût été la poigne toute sensuelle qu'il y mit...

- Merci de ton aide, Kiba, mais je crois que tu te trompes. Kabuto ne s'aviserait pas de nous faire du mal dans ces conditions, alors que nous le tenons quasiment à notre merci, n'est-ce pas Kabuto ? Après tout, vous êtes venu de votre plein gré nous voir, et nous allons bientôt nous quitter en bons termes, n'est-ce pas ? Puis nous repartirons chacun de notre côté vaquer à nos affaires, sans rien changer à nos habitudes, n'est-ce pas ?

Le ton de sa voix n'avait pas changé un instant mais il s'était un peu rapproché, dépassant de peu Kiba de telle sorte que Kabuto fut le seul à voir les yeux et le sourire fou que lui adressait Iruka. Même Jiraiya et Kakashi n'avaient pas les moyens de savoir, puisqu'ils étaient dans son dos, bien dissimulés dans cet arbre touffu qui les surplombait...

- Je suppose, fit simplement Kabuto sans se démonter le moins du monde. Non, vous avez raison, professeur Iruka. Nous devrions nous en tenir à ce que nous avons dit. Pardonnez-moi si je vous ai inquiété, cela ne se reproduira plus.

- Tu parles, que ça se reproduira plus, binoclard ! grogna de nouveau Kiba. Au moindre geste déplacé, t'es un homme mort !

Kabuto poussa un petit rire narquois.

- Vous devriez tenir votre animal en laisse, Iruka, il est vraiment déplaisant de l'entendre aboyer pour un oui ou pour un non.

- De quoi... !

- Kiba ! s'exclama Iruka en lui prenant la main d'un geste vif. Calme-toi !

Son compagnon se tut aussitôt. Iruka lui caressa les doigts du bout du pouce pour faire bonne mesure. Surpris et quelque peu inquiet, Kiba leva les yeux vers lui, mais il ne vit qu'un homme pensif et anxieux, le regard porté vers leur client récalcitrant. Le jeune garçon hocha la tête et il se détourna sans hâte, faisant signe à Akamaru qui attendait ses ordres de l'aider à ranger leurs affaires. Le chien géant obéit sans broncher ; Kiba savait qu'une telle docilité était le signe que son ami de toujours était inquiet pour lui... Mais il ne pouvait pas s'en empêcher, mille pensées se bousculaient dans sa tête. Il attrapa une couverture et se mit en devoir de la plier.

Shino n'avait pas dit un mot durant leur courte altercation, n'avait pas même bougé de sa place. Il avait fini son repas et avait posé sa gamelle à ses pieds, avait observé presque sans émotion ses compagnons de voyage effectuer leur drôle de danse psychologique devant lui. Il avait esquissé un très léger sourire à la tirade d'Iruka, sans plus. En voyant Kiba commencer à lever le camp, il ramassa la vaisselle sale et l'emmena à la rivière qui se trouvait à proximité pour la laver.

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Iruka para avec le kunai qu'il tenait fermement à la main gauche les shuriken qu'un homme d'une force prodigieuse avait violemment lancés, souriant en son for intérieur de l'ardeur avec laquelle leurs ennemis s'en prenaient à lui en particulier. Les étoiles se fichèrent profondément dans un tronc d'arbre attenant. Ils avaient attaqué sans crier gare, ces « bandits de grand chemin », au détour d'une voie forestière très mal entretenue, bien dissimulés dans les fourrés qui les entouraient. Même le flair pourtant réputé infaillible de Kiba et de son familier n'avait pas discerné leur présence. Le groupe se mit immédiatement en position de combat, Kabuto en leur centre.

Plusieurs kunai équipés de parchemins explosifs volèrent dans leur direction. Les quatre hommes et le chien les esquivèrent d'un saut souple, mais leur formation était rompue. Iruka se précipita sur l'adversaire le plus proche, sûr de la sécurité de leur client, tandis que l'explosion projetait plusieurs mottes de terre alentour. Un bref coup d'oeil lui fit voir Kiba en train de s'appuyer avec peine à un arbre, un éclat métallique fiché dans la cuisse tandis qu'Akamaru grognait avec hargne. Devant eux, se dressaient deux hommes gigantesques aux visages identiques dont la musculature proéminente donnait l'impression d'avoir été huilée avec de la graisse. Les connaissant, cela avait sans doute été le cas.

Kabuto avait disparu. Shino avait sauté un peu loin, sans doute pour essayer de suivre leur client mais une silhouette féminine l'avait arrêté dans sa course et le menaçait d'un air effronté. Iruka s'en désintéressa pour faire face à son adversaire.

Celui-ci brandit un katana immense devant lui, pas très épais mais dont la longueur semblait dépasser la taille de son utilisateur. Il avait des cheveux rouge sang qui flottaient derrière lui en une menace silencieuse. Le sourire arrogant qu'il exhiba rappela à Iruka la fierté qu'il éprouvait à manipuler une arme que n'importe quel autre guerrier aurait trouvé inappropriée au combat, voire dangereuse. Bien sûr, l'orgueil de cet homme l'avait emporté sur tous les bons conseils qu'on lui avait prodigué. Du reste, il ne s'en sortait pas mal puisqu'il maniait ledit katana avec une aisance affinée par des années de pratique pas toujours heureuses, comme le montraient les innombrables cicatrices qui zébraient son torse nu.

Iruka regretta presque d'être en mission. Il ne connaissait pas spécialement cet homme à part les quelques séances d'entraînement auxquelles il avait pu assister en tant que spectateur (il ne savait même pas son nom, à vrai dire), mais il était sûr qu'en temps ordinaire leur combat aurait été digne d'intérêt, digne d'attirer le regard de son maître... Mais il n'était pas en position de se battre plus que ce que l'on attendait de lui. Son adversaire du moment était manifestement plus puissant et plus expérimenté qu'Iruka Umino, le petit chuunin de force moyenne qui enseignait à l'académie, il fallait donc qu'il en soit ainsi. Mais ce même Iruka Umino ne se laisserait pas faire sans combattre, surtout lorsque la vie de ses élèves (anciens élèves à vrai dire, mais il les considérait encore comme tels en son for intérieur, tout le monde savait cela) était en jeu. Même si les deux garçons se révélaient sans doute déjà plus puissants que lui.

Son adversaire roux plongea à une vitesse phénoménale, l'arme en avant. Iruka esquiva l'attaque de peu et il voulut contre-attaquer en lui lançant des projectiles explosifs de sa composition, mais il se rendit alors compte qu'un autre larron s'était glissé derrière lui durant l'affrontement et lui cernait à présent le torse. Ses bras avaient été plaqués contre son tronc, seules ses jambes étaient libres mais la hauteur de son assiégeant ne leur permettaient pas de prendre appui sur le sol. L'ennemi poussa un rire rauque, qui mourut sur ses lèvres à l'instant où la silhouette qu'il tenait fermement contre lui disparut en fumée pour laisser place à une bûche. Trois shuriken se plantèrent dans son bras, lui faisant pousser un cri de douleur accentué par la rage d'avoir laissé filer le ninja à l'apparence quelconque qu'il avait pensé tenir entre ses bras. Son compagnon se jeta sur un arbre qu'il laboura d'un geste vif du sabre ; Iruka se précipita à terre, paniqué, alors que la lame raccourcissait ses cheveux qu'il avait attachés au sommet de son crâne avec un élastique serré. Il tomba sans douceur sur les branches élaguées de l'arbre qu'il venait de quitter ; les deux autres acolytes le cernèrent bientôt. Plus d'issue possible. Il leva son kunai.

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Plus loin, Shino avait été affublé d'une jeune femme blonde à l'apparence frêle habillé d'un kimono rose simple et très court. Elle se tenait sur une branche haute, juste entre lui et la direction générale vers laquelle était parti Kabuto. Saluant brièvement son ennemi d'une courbette, elle se releva brusquement en projetant nombre de fils dans sa direction. Shino esquiva la plupart et laissa ses insectes sectionner ceux qui réussissaient à échapper à sa vigilance. Ils étaient faits de chakra habilement concentré qui les rendaient aussi tranchants qu'un diamant taillé ; il vit plusieurs de ces fils perdus (ou son adversaire les avait-il laissé traîner pour l'intimider ?) sectionner net plusieurs arbres et même un pan de rocher. Pas question de perdre sa concentration s'il ne voulait pas finir en petits morceaux sur le sol, à servir d'engrais aux arbustes.

Il commanda à ses insectes de renforcer sa défense et attaqua en la bombardant de shuriken. Pas la peine de prendre des gants avec un tel adversaire. Sa capacité spéciale était utile aussi bien en combat rapproché que distant ; restait à savoir jusqu'à quelle mesure elle pouvait contrôler ses fils. Il ne s'inquiéta pas beaucoup des autres armes éventuelles qu'elle aurait pu avoir. Elle semblait jeune, à peine plus âgée que lui à vrai dire ; à cet âge-là, sauf si l'on était un génie tel que Kakashi Hatake, il était déjà assez difficile de maîtriser un seul type de technique spéciale sans s'encombrer des autres, surtout si elles paraissaient en comparaison moins efficaces ou moins personnelles. Il était bien placé pour le savoir, lui et tous les autres héritiers de leurs clans respectifs. N'empêche, il lui arrivait quand même de se battre de manière plus « conventionnelle » quand le besoin s'en faisait sentir.

La jeune fille fit élégamment voler les fils devant elle, un cri strident s'échappant de ses lèvres. Ses sourcils étaient froncés par la concentration. Shino évita une fois de plus l'assaut et s'éloigna peu à peu. Elle ne le suivit pas physiquement ; au lieu de cela, ses fils s'allongèrent en une longueur effarante jusqu'à ce qu'il ne restât aucun faîte d'arbre debout sur plusieurs mètres. Le lieu d'embuscade était loin derrière. Tant mieux ; autant éloigner le plus possible cette furie de ses compagnons. Elle ne connaissait manifestement pas la demi-mesure, s'il en croyait la manière désordonnée avec laquelle elle agitait ses fils. C'en était du gâchis. Un pouvoir si utile, entre les mains d'une écervelée incapable de voir que son adversaire ne s'exciterait pas à la vue de deux ou trois rochers coupés en dés. Ou cela faisait-il partie de ses atouts habituels, l'effet de panique qu'une telle méthode provoquait à ses ennemis ?

Elle était bien mal tombée. Shino pouvait lire de la frustration dans son regard, de la surprise... Et un soupçon de peur. Elle n'était pas une guerrière expérimentée, cela crevait les yeux. Sans doute, la propre apparence de Shino servait-elle à aviver son désarroi : le visage et le corps dissimulés par d'épaisses couches de vêtements, les yeux, fenêtres de l'âme et de ses émotions pour qui savait les lire, soigneusement recouverts de lunettes noires aussi opaques que les ombres que manipulait Shikamaru Nara... Cette fille était presque son négatif dans sa façon de s'habiller et de se tenir, pas étonnant qu'elle ait l'air si perdue. Il l'aurait été aussi, s'il n'avait pas eu à ses côtés depuis de nombreuses années un compagnon aussi remuant qu'une meute de jeunes chiens, premier candidat dans la longue liste des amis étranges et hétéroclites qu'il avait appris à connaître et à estimer...

Mais ce n'était pas le moment de songer au passé. Il fit un rapide calcul basé sur les observations qu'il avait pu faire jusque-là. Cette fille n'était pas une combattante expérimentée, avait du mal à maîtriser son sang-froid (il pouvait voir et sentir la sueur qui perlait de sa peau à cause de la nervosité) et elle avait un pouvoir certes dévastateur, mais limité en nombre, puissance et portée. Elle pouvait au plus manipuler une dizaine de ces fils de chakra sur une portée de vingt mètres environ, même si elle arrivait à les orienter à sa guise dans la zone immédiate de son corps. Parfait. Restait à trouver un plan d'attaque.

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La cuisse de Kiba lui faisait un mal de chien, c'était le cas de le dire. Il avait commis une erreur en esquivant l'explosion qui leur était tombée dessus : il n'avait pas fait attention aux ennemis qui fonçaient sur lui. L'un des deux (il ne savait pas vraiment lequel, ils se ressemblaient un peu trop à son goût) lui avait planté un truc pointu dans la cuisse qui le faisait saigner comme un porc. C'était bien sa veine. En plus, les deux gars en face de lui ressemblaient vraiment à des porcs.

Grands, très grands (ils dépassaient même Ibiki, c'était dire !), ils avaient une face aplatie sertie d'un nez porcin du plus mauvais goût. Pour combler le tout, ils étaient jumeaux. Kiba commençait à en avoir marre, de se récolter à chaque fois les duos assortis du coin... N'aurait-il pas pu affronter un adversaire unique, pour une fois ? Mais non, c'était comme si le destin ou une force supérieure aux motivations troubles voulait absolument les faire se battre au maximum, Akamaru et lui. Non pas qu'il eût le moindre scrupule à utiliser son fidèle compagnon ; la technique cachée (enfin, façon de parler) de son clan consistait en la collaboration synchronisée de l'humain et de son/ses chien(s)...Même s'il se sentait malade comme un chien, trop pour se battre à vrai dire. Et il fallait qu'il arrête les jeux de mots canins pourris, sa mère le grondait à chaque fois pour le peu de respect qu'il témoignait à leurs partenaires mais il ne pouvait vraiment pas s'en empêcher. Pourquoi il repensait à ça dans cette situation ? Il commençait à tourner de l'oeil... Y avait-il eu du poison dans l'arme qui l'avait blessé ? Ça s'annonçait mal.

Le grognement sourd d'Akamaru le sortit de sa torpeur. L'un des jumeaux était en train de ricaner bêtement en le montrant du doigt ; quant à l'autre, il avait disparu...

Disparu ! Ce n'était pas bon. Il laissa Akamaru sauter sur lui et chercha autour de lui. Son flair semblait diminué ; le poison ? Atteignait-il aussi les sens, en plus d'affaiblir l'organisme ? Il voulut repérer ses compagnons. Aucun n'était à portée de vue. D'ailleurs celle-ci était si brouillée qu'il ne s'y fiait plus guère. Ça n'était vraiment pas bon. Il vit tourner le sol à ses pieds, il avait un goût immonde dans la bouche, comme des harengs pas frais qu'on aurait trempé dans du vinaigre...

Une main ferme l'agrippa alors qu'il allait plonger le nez dans la terre. Il fit un dernier effort pour lever les yeux, et une silhouette familière en tenue de jonin, les cheveux gris flottant au vent, se découpa clairement dans le ciel.

Kakashi Hatake ? Que faisait-il là ? Kiba eut à peine le temps de se poser la question avant de perdre connaissance.

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L'homme au katana émit un léger cri de triomphe, contrairement à son compagnon qui lorgnait Iruka avec suspicion. De sa position, le chuunin pouvait voir que Kiba était en mauvaise posture ; heureusement pour lui, Akamaru avait ingurgité moins de nourriture et donc moins de drogue, il pouvait encore protéger son maître... Mais ce ne serait pas facile de le faire face à deux adversaires en même temps, qui de surcroît connaissaient parfaitement leur affaire et étaient capables de prédire ce que l'autre pensait sans même faire un effort... Les jumeaux Kooki avaient beau être prodigieusement laids, ils n'en étaient pas moins très sensibles et intelligents. Même lui aurait eu du mal face à de tels adversaires.

Ses adversaires à lui semblaient attendre quelque chose... Il leur fit un signe discret en sentant se rapprocher les deux ninja qu'il avait laissé de côté. Le katana se leva et s'apprêtait à lui trancher la tête, son ennemi avait déjà baissé le bras...

L'homme roux fut stoppé net par la sensation glacée d'une lame contre son cou et un souffle brûlant qui lui labourait l'épaule. Il lâcha sa lame à terre. Son compagnon n'était pas moins occupé puisqu'une grenouille à taille humaine venait de lui saisir le corps en l'enserrant si fort qu'il en avait le souffle coupé.

- Eh bé, on peut pas dire que vous soyez bien remuants, vous autres, quand vous avez des adversaires à votre taille ! s'exclama la voix joviale de Jiraiya.

- Jiraiya ! Kakashi ! s'écria Iruka en faisant mine de s'étonner. Qu'est-ce que vous faites ici, si loin de Konoha ?

Il aperçut brièvement les deux autres ennemis attachés dans un coin, inconscients, et Akamaru qui veillait sur un Kiba avachi qui n'avait pas bonne mine. Cela n'était guère étonnant. Iruka avait préparé sa mixture et l'avait mélangée au repas de telle sorte qu'une assiette seule aurait suffi à modérer les sens d'un ninja normal ; alors avec tout ce que Kiba avait ingurgité dans la matinée, plus le poison que les jumeaux avaient l'habitude d'utiliser sur toutes leurs armes, un poison certes commun... mais qui combiné avec le sien pouvait s'avérer fatal. Dommage pour Kiba, mais sans médico-nin et sans connaître la nature exacte des produits utilisés, tout soin était inutile. En outre, le village le plus proche disposant des médecins et des outils appropriés se trouvait à plus de quatre heures de course en faisant vite, et avec un blessé sur les bras... Iruka estima que Kiba en avait au plus pour une heure ou deux à vivre, s'il en croyait son teint et sa respiration saccadée.

- Oh, on avait des choses et d'autres à régler dans le coin, tu sais ce que c'est, gamin, dit Jiraiya. Une chance qu'on soit passé dans le coin, n'empêche !

L'ermite lorgna avec dédain les deux prisonniers qu'ils venaient de faire et qu'ils avaient attaché solidement avec des liens spéciaux. Ils les avaient mis côte à côte avec les deux autres, histoire de ne pas les perdre de vue. On les interrogerait plus tard ; pour l'instant, le gamin sauvage avait besoin de soins, et vite. Ce fut à ce moment qu'ils sentirent un brusque flot d'énergie en provenance des inconnus, qui allait en s'intensifiant à une vitesse anormale...

- Kakashi ! hurla-t-il en direction de son coéquipier tandis qu'il attrapait Iruka pour le plaquer à terre. Ils vont sauter !

La réaction de son compagnon ne se fit pas attendre. Akamaru s'était jeté sur un Kiba inconscient pour le protéger de son corps, Jiraiya avait presque fait de même avec Iruka de telle sorte que ce dernier ne put voir ce que Kakashi faisait. La pupille gauche du jonin se dilata en épaississant l'intérieur de l'iris... Dix secondes plus tard, il n'y avait toujours pas eu de déflagration, malgré l'annonce de Jiraiya. Iruka leva les yeux malgré la masse du plus vieil homme qui lui cachait la vue avec insistance. Dans les airs, au-dessus de l'endroit où se trouvaient auparavant les corps explosifs de leurs ennemis, une fente qui allait en se refermant tourbillonnait sur place, de plus en plus petite jusqu'à ce quelle disparaisse entièrement en crachant un peu de fumée...

- Qu'est-ce que... fit Iruka, abasourdi.

- Tout va bien, répondit le ninja copieur. Je les ai envoyé dans une autre dimension.

- Comment est-ce possible ?

- Tu vas bien ? demanda Kakashi sans lui répondre.

Iruka hocha la tête.

- Oui, moi ça va, mais les enfants... et Kabuto ?

- On l'a perdu dans la mêlée, dit Jiraiya en se relevant. C'est peut-être pas un mal.

Une main tendue se présenta devant Iruka qui l'attrapa sans réfléchir. Kakashi tira d'un geste un peu trop violent et ils se retrouvèrent dans les bras l'un de l'autre, presque collés comme des amants... Iruka cligna des yeux d'un air abruti tandis que Kakashi détournait le regard, mais ses mains étaient solidement plaquées sur les hanches de l'autre homme. Un grognement plaintif les fit se retourner alors que le chuunin observait avec fascination l'oeil gauche de Kakashi, un oeil dont l'iris avait pris une forme étrange et nouvelle...

- Il a pas l'air bien, le gamin, fit Jiraiya en examinant Kiba.

- Kiba ? Qu'est-ce qui lui arrive ? Il a été blessé ?

Le visage d'Iruka était crispé en une grimace angoissée. Kakashi se rapprocha de lui et doucement, sans que l'autre homme ne s'en rende compte, il lui prit la mais et la serra. Le regard troublé d'Iruka rencontra le sien ; dans ses yeux, il pouvait voir mille et un sens cachés, la promesse de secrets à découvrir... Il poussa un petit rire amer qui ne passa pas inaperçu. Lui aussi, il pouvait jouer à ce jeu-là.

- Tout ira bien, fit-il de sa voix la plus rassurante, celle qu'il avait utilisée pour calmer Naruto lorsque Sasuke était au plus mal, deux ans auparavant. Kiba est un garçon solide.

Iruka lui adressa un sourire timide teinté de tristesse, tout en rendant son geste. Il appuya son front sur la poitrine de Kakashi et soupira.

- Je m'en voudrais toute ma vie s'il arrivait quelque chose aux enfants alors qu'ils étaient sous ma responsabilité... Mais...

Il releva brusquement la tête, paniqué.

- Et Shino ? Il était parti à la poursuite de Kabuto, la dernière fois que je l'ai vu il était aux prises avec une de nos ennemis !

- Pas exactement, fit la voix monocorde de Shino à ce moment.

Iruka se précipita vers lui et voulut l'ausculter. Shino se contenta de reculer d'un pas.

- Je vais bien.

- Tu es sûr ?

- Oui.

Ce n'était pas la peine d'insister, Iruka connaissait la manière de faire de son ancien élève. S'il disait qu'il allait bien, c'était vrai, pas comme pour Kiba qui adorait frimer et faire le fort. D'ailleurs, en parlant de Kiba...

- Comment va-t-il ? s'enquit-il auprès de Jiraiya.

- Kiba ? Qu'est-ce qu'il a ? intervint Shino.

- On dirait qu'il a été empoisonné, et on a pas fait semblant, rétorqua l'ermite qui était à ses côtés. Si on ne fait rien très vite, il risque d'y passer. Malheureusement, je ne suis pas un médico-nin, mes connaissances sont limitées de ce côté-là.

- Je m'en charge, fit simplement Shino. Mes insectes sauront le purger du poison.

- On dirait que tu n'as pas compris, petit. Ce genre de saleté a l'air très virulent, et en plus j'ai l'impression que ce n'est pas aussi simple...

- Ça ira, fit-il en lançant un coup d'oeil rapide vers Iruka, et il se mit au travail.

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Il ne s'arrêta qu'une demi-heure plus tard en affirmant que Kiba était sauvé. Akamaru, qui était resté jusque-là immobile au pied de son maître en poussant des gémissements sinistres, se mit à hululer de joie en remuant la queue.

- Il aura besoin de repos.

Jiraiya lui fit un signe de victoire qu'il ignora. Il remarqua que, pendant le temps qu'il avait mis à s'occuper de Kiba, Kakashi et Iruka avaient installé un petit camp pour la nuit. Le ninja copieur allumait un feu en discutant de choses et d'autres avec le chuunin.

- Shino ! s'écria Iruka en voyant que celui-ci avait fini. Alors ?

Le jeune garçon se contenta de hocher la tête. L'expression inquiète d'Iruka se changea vite en soulagement, puis un sourire encourageant vint illuminer son visage.

- Je vais lui faire son plat préféré, ça lui fera plaisir !

Il se précipita vers l'endroit où il avait laissé ses ustensiles de cuisine et se mit en devoir de préparer un festin en l'honneur de son élève et de leurs invités. Jiraiya avait allumé sa pipe et il lorgnait avec suspicion leur « cuisinier ».

- Bon boulot, petit, dit-il à Shino qui était sur le point de s'éloigner pour vaquer à ses affaires. Mais comment ça se fait que tu savais quel poison avait agi ? Certains demandent une autre manière d'être traités, même pour tes insectes c'est pas évident.

Shino sembla le jauger, lentement, longuement...

- Coup de chance, fut la seule réponse qu'il donna.

Jiraiya sourit.

- Bien sûr...

Un bruit sourd suivi d'un juron attira leur attention. Iruka venait de renverser un pot d'épices sur le sol. Il tenta maladroitement d'en récupérer le maximum mais les herbes odorantes s'étaient déjà répandues en un amas informe...

- Laisse, fit Kakashi, ce n'est pas grave.

- Quel étourdi je fais ! Je... je suis vraiment trop nul !

Il poussa un soupir résigné.

- Je suis désolé, décidément je ne suis vraiment pas fait pour aller sur le terrain... j'ai honte...

- Il ne faut pas, tu es un excellent professeur, sans parler des enfants qui t'aiment et ont besoin de toi, lui dit Kakashi d'une voix douce, et Iruka pouvait sentir le sourire derrière son masque.

- De vrais jeunes mariés, ces deux-là, s'esclaffa Jiraiya en se tapant sur le ventre. Je me demande si on devrait les laisser seuls...

- Ce ne serait pas prudent, on ne sait pas si nos ennemis sont effectivement partis.

- Détends-toi, petit. Tout est ok.

- Si vous le dites...

Et sans préambule, il partit chercher de l'eau.

- Drôle de gamin, pensa Jiraiya. Et futé, avec ça. Je me demande bien ce qu'il a fait de son adversaire...

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- Ce sale vieillard ! Comment ose-t-il contrecarrer nos plans ! Je vais lui faire avaler sa crinière, vous allez voir !

L'homme roux qui avait menacé Iruka un peu plus tôt pestait du haut de la falaise où ses compagnons et lui minus une s'étaient installés pour observer la progression de l'avancée de leur cible. Il jeta un coup d'oeil méprisant à la légère colonne de fumée, presque imperceptible pour qui ne savait pas qu'il y avait un groupe de personnes à cet endroit-là, qui s'élevait en volutes sophistiquées des arbres. Une partie de la forêt avait clairement été rasée de haut, sans doute le fait de leur membre manquant...

- Et elle est où, cette idiote de Kana ? Elle devait nous rejoindre sitôt son boulot fini !

- Aucune idée, fit son plus proche compagnon, le géant qui avait cerné les bras du clone d'Iruka. Elle n'a donné aucun signe de vie.

- Elle se serait faite tuer ? Ou capturer ?

- Hum... je l'ignore. Mais ça va mal. Ces deux gars n'étaient pas supposés être là, non ?

- Qu'est-ce que j'en sais, moi ? Le patron a affirmé que ce serait facile ! Iruka était censé avoir tout arrangé, et voilà qu'il y en a deux de plus, en pleine forme en plus ! Ce sale vermisseau ! Je suis sûr qu'il nous a trahi ! s'écria-t-il avec colère, le katana levé en signe de malédiction.

- Ce n'est pas si certain, fit son ami. C'est peut-être aussi un hasard.

- Hasard mon cul, ouais ! Tu sais pertinemment qu'il n'y a jamais de hasard avec ce type, Kojiro !

- Eh bien je ne sais pas. Mais ne va pas te faire des idées, Kaeru. Si tu te trompes et que tu fais du mal sans raison au précieux bras droit du patron, tu auras de ses nouvelles.

- Fichu espion de mes deux...

- Hum...

Kojiro tira une mine sombre.

- Quoi ? Toi je te connais, quand tu fais cette tête c'est que t'as un truc qui te chiffonne !

- C'est à propos de ce type, Iruka.

- Ouais, et ?

- Il a l'air tout à fait capable de se débrouiller tout seul, alors... je ne sais pas. Ce n'est sans doute rien. Il ne nous reste plus qu'à attendre les ordres. J'ai envoyé un messager pour avoir des nouvelles directives, vu que tout a changé avec ces deux types en plus. Et y'a pas que ça.

- Quoi d'autre ?

- T'as pas l'impression de les connaître ?

- Qui ça ? Le vieux et l'autre ?

- Oui. Ils ont battu nos clones sans problèmes. Surtout ce vieux...

- On s'en fout ! Il va payer !

Kojiro hocha la tête sans y penser. C'était comme ça qu'il fallait se comporter avec Kaeru ; son ami était un guerrier puissant mais il n'avait pas une once de jugeote ou de patience, contrairement aux jumeaux qui attendaient bien sagement dans leur coin en s'entraînant.

Leur mission était quand même très étrange, en y repensant, surtout avec l'avantage que la présence d'Iruka leur donnait à Konoha... Mais il n'était pas en position de discuter. Leur chef leur transmettait des ordres, il n'avaient d'autre choix que d'obéir. Et c'était comme ça que ça marchait.

Il secoua la tête pour se débarrasser de ces pensées superficielles et se joignit aux jumeaux.

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Kiba ne se réveilla pas avant le lendemain. Ils voyagèrent sans hâte, leur mission ayant été prématurément écourtée par la fuite de Kabuto. Les deux ninja qui s'étaient joint au groupe de départ affirmèrent avoir envoyé des éclaireurs à sa poursuite, mais aussi loin sur les terres d'Orochimaru ils n'avaient guère de chance de le retrouver... A cette heure, il était déjà sans doute retourné auprès de son maître, ce qui à la base était quand même l'objectif de cette mission. Ils ne lui devaient donc plus rien.

- N'empêche, je me demande qui étaient ces types, fit Kiba alors qu'il se rétablissait lentement en chevauchant Akamaru. Ils ont attaqué sans raison. Ils en avaient après Kabuto ?

- Sans doute, fit Iruka d'un air pensif. Des mercenaires payés par une autre puissance ? Ils n'avaient pas l'air de ninja officiels venant d'un village caché.

- Et même si c'était le cas, intervint Kakashi, je doute qu'ils l'affichent comme cela, surtout s'ils avaient vu que vous étiez de Konoha. Mais leur façon de se battre semblait un peu désordonnée. D'autant plus qu'il ne s'agissait que de clones, pas des vrais. Qui serait assez puissant et surtout pour quelle raison nous aurait-on affublé de copies plutôt que des originaux ?

- Qui sait ? Ils voulaient peut-être tout faire sauter ? fit remarquer Kiba. C'est louche quand même, qu'ils se soient mis à péter comme ça.

- Louche hein ? fit Iruka d'une voix étrange.

- Professeur ? Vous n'allez pas bien ?

Iruka fit un sourire peu assuré à Kiba. Il avait insisté pour accompagner Akamaru durant tout le trajet, au cas où le jeune garçon sur son dos se sentirait mal en cours de route. Cela toucha énormément Kiba, même s'il trouvait que son ancien professeur était un peu trop protecteur vis-à-vis d'un collègue de travail du même rang que lui. Il remarqua aussi que Kakashi était resté près d'Iruka, très près même. Il avait entendu parler des rumeurs sur ces deux-là mais il les avait écartées en se disant que ce n'était que des ragots... S'était-il trompé ? Y avait-il effectivement quelque chose entre Kakashi Hatake et Iruka Umino ?

Il ne savait pas pourquoi, mais cette pensée lui serra le coeur. Il était aussi un peu inquiet à cause de Kakashi, mais il fallait avouer que le jonin s'était montré extrêmement prévenant envers Iruka, en l'aidant à préparer les repas et en insistant pour faire diverses autres tâches à sa place, comme prendre son tour de garde... Jiraiya avait passé son temps à leur faire des plaisanteries déplacées, Iruka avait rougi mais n'avait pas vraiment protesté...

C'était normal, quelque part. Kakashi venait de leur sauver la mise (avec l'aide de Jiraiya, il était vrai), alors Iruka devait lui en être reconnaissant... Ça devait être ça. Iruka ne pouvait pas avoir des vues sur ce type, pas quand il répétait à qui voulait l'entendre que son rêve était de fonder une famille avec la femme qu'il aimerait... Mais était-ce bien une preuve ? Après tout, pendant qu'il avait été inconscient son professeur aurait bien pu subitement tomber amoureux de Kakashi, surtout avec le comportement chevaleresque de celui-ci ces derniers temps ! Ça n'était pas si incroyable, n'est-ce pas ?

- Kiba ? Pourquoi est-ce que tu serres les dents comme ça ? demanda un Iruka troublé.

- Ah !

Il secoua la tête, un peu gêné de s'être fait surprendre.

- C'est rien, je pensais juste à ces types qui nous ont attaqués !

- Ah ?

Iruka lui fit alors un sourire tout doux, tout doux... Avait-il toujours été aussi adorable ? Comment avait-il fait toutes ces années pour ne pas s'apercevoir à quel point son ancien professeur était si gentil et si... mignon ?

Et mince. Il était tombé amoureux de lui, ou quoi ? C'était impossible. Fortement improbable. Il rendit son sourire à Iruka et décida qu'il devait avoir une conversation avec Shino en privé le plus vite possible. Après tout, son vieil ami était plus intelligent que lui, il aurait sûrement une réponse valable à lui donner qui ne concernait pas le professeur Iruka et lui nus dans un lit ?

Il y avait pensé. Il ne pourrait plus regarder Iruka en face, c'était fini. Il décida de rester silencieux jusqu'à ce qu'il puisse parler seul à seul avec Shino. Et tant pis si Iruka le prenait mal, après tout c'était dans sa nature de s'inquiéter pour les autres.

Ça ne l'empêcha pas de jeter des coups d'oeil furtifs à son ancien professeur lorsqu'il pensait que celui-ci ne regardait pas...

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Iruka tendit une assiette pleine à Kakashi en souriant. Le jonin avait été étonnamment serviable ces derniers jours, l'assistant dans la moindre tâche...

Cela commençait sérieusement à l'énerver.

Il lui avait bien crié dessus lorsqu'ils avaient été hors de portée des autres, en allant tirer de l'eau à la rivière, mais son vis-à-vis avait plaidé sa cause en affirmant qu'il avait peur qu'une autre tragédie que celle qui leur était tombée dessus avec ces mercenaires ne recommence. Qu'il serait là pour le protéger, toujours. Qu'il voulait lui être dévoué jour et nuit et d'autres niaiseries du genre. En résumé, il lui avait fait une déclaration d'amour. Qui sonnait aussi faux que Naruto disant qu'il détestait les ramen.

Il fallait vraiment qu'il s'occupe de son cas.

Mais pas maintenant. Pas avec le Sannin Jiraiya qui les observait du coin de l'oeil en feignant un intérêt purement pervers et voyeur. Pas avec Shino qui lui lançait de temps à autre de drôles d'oeillades et des remarques en apparence anodines mais qui, rajoutées à sa connaissance de tantôt sur le poison inoculé à Kiba, n'étaient pas sans être lourds de signification. Dans quel sens, il se le demandait bien.

Heureusement, Kiba ne se doutait de rien. Brave garçon. Et s'il en croyait l'air abruti qu'il prenait lorsqu'il s'aventurait à flirter innocemment avec lui, le gamin avait le béguin pour son ancien professeur. C'était bon à savoir, ça.

Mais chaque chose en son temps. Le plan d'origine n'avait pas marché, eh bien ! Il fallait en trouver un autre. Bientôt, parce qu'ils passeraient sans tarder à la prochaine grande étape, et il fallait que tout soit prêt d'ici-là.

En particulier Sasuke et Naruto...

A suivre...