Titre : « Vivre »
Auteur : Mokoshna
Manga : Naruto
Crédits : Naruto est la propriété de Masashi Kishimoto et de Jump. Je ne reçois pas d'argent pour cette fic, je ne risque pas d'en donner à qui que ce soit (vu l'état de mes finances ça n'irait pas loin de toute façon).
Avertissements : Spoilers du manga jusqu'au volume 26, chapitre 233. Après ça n'a plus vraiment d'importance puisque la fic suit sa propre voie. Par conséquent l'histoire risque d'être un peu (beaucoup ?) AU. Du Yaoi avec du SasuNaru, du Het avec du NejiHina, du LeeSaku, mais aussi du Yuri à partir d'ici.
Commentaires artistiquement idiots de l'auteur : Désolée pour le temps que ça a pris pour écrire ce chapitre. J'étais en vacances et j'avais d'autres fics sur le feu aussi, alors... Pour cette fois, j'ai voulu relâcher la tension et mettre quelques éléments légèrement... comment dire... différents. Âmes sensibles, je vous conseille de sauter les passages avec Shino. C'est dommage, vous manquerez un élément du scénario mais si vous ne supportez pas ce genre de manifestation faites-le. Et encore, j'ai fait court et peu détaillé. Merci et bonne lecture quand même, n'hésitez pas à me faire part de vos impressions, j'adore ça.
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Chapitre 11 : Abuser
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Iruka fit un immense sourire à la vieille dame un peu sourde qui vivait à côté de chez lui, dans le petit immeuble résidentiel dans lequel il s'était installé depuis qu'il était devenu chûnin. La petite communauté du quartier le connaissait bien et avait été rassurée de le voir rentrer sain et sauf avec ses coéquipiers. Ses voisins avaient même organisé une petite sauterie improvisée la veille chez Mlle Yukari Sakamoto qui possédait le plus grand et le plus bel appartement de leur immeuble. La jeune femme, romancière de son état, passait quelquefois le voir pour discuter missions (fictives) avec lui, argumenter sur une stratégie à suivre, bref pour recueillir des informations précieuses ou des idées de scènes pour les différents livres qu'elle destinait aux amateurs du genre. Elle se spécialisait dans les romans d'espionnage où les ninja étaient sa matière première ; pas étonnant dans ces conditions qu'elle fût si obnubilée par son voisin. Même si ledit voisin s'était finalement avéré être un simple professeur d'académie sans éclat et sans grande ambition.
Il ricana en repensant à son « amie ». Elle avait atteint un âge respectable où la recherche active d'un mari n'aurait pas été pas superflue ; pourtant, elle s'obstinait à rester seule contre vents et marées (et surtout contre les avis de ses voisines et des gens de sa famille). Elle n'avait pas le temps pour un mari ou un foyer, disait-elle. Elle s'était consacrée à son art. Quelque part, Iruka l'admirait et la comprenait. Pourquoi s'embarrasser du grand amour ou d'une vie pathétique d'épouse soumise quand on avait un destin qui vous attendait ? Peu importe lequel, d'ailleurs ; entre la vocation d'écrivain de Yukari et son propre talent d'espion infiltré, il n'y avait pas beaucoup de points communs si ce n'était les thèmes de ses romans... C'était aussi l'une des raisons pour lesquelles il appréciait autant la compagnie de la jeune femme. Sans le savoir, elle tapait vraiment très près de la vérité, et cela le faisait tellement rire qu'il affichait sans complexe sa relation avec elle (si relation il y avait, ils n'étaient pas du tout intéressés par l'aspect amoureux ou même sexuel de la chose). L'ironie du sort, en quelque sorte. Iruka y croyait dur comme fer, comme il croyait à l'injustice dans le monde et à la cruauté des hommes. Rien que des valeurs sûres qui avaient leur place partout, quels que soient le pays ou l'époque.
- Comment vont vos rhumatismes, Mme Asakura ? demanda justement Yukari à ses côtés alors qu'il essayait d'ouvrir la porte de son appartement.
- Couci-couça, fit la vieille dame, mais il fait sec en ce moment, c'est tant mieux. Et vous, mes enfants, comment allez-vous ? Toujours pas fiancés ?
- Mme Asakura, vous savez bien que nous ne sommes que des amis, Iruka et moi.
- Humm... je sais d'expérience qu'un homme et une femme ne peuvent pas rester amis. C'est comme ça que nous avons fini ensemble, mon mari et moi, en commençant par nous dire « amis ».
- Sauf qu'elle n'était pas lesbienne elle-même, et son mari n'était sûrement pas aussi porté vers les hommes que toi, s'exclama Yukari d'un air coquin une fois qu'ils furent rentrés et hors de portée de la faible ouïe de la voisine.
Cette remarque fit rire Iruka. C'était la deuxième (et plus importante) raison qui faisait que Yukari ne se cherchait pas de petit ami. Elle préférait les filles. Ça et elle détestait les enfants, y compris ceux qu'elle aurait éventuellement un jour si elle se décidait à écouter les arguments de sa mère qui n'attendait que ça, elle, d'avoir des petits-enfants.
- N'empêche, je commence à croire qu'il y a quelque chose dans les réserves d'eau de Konoha, avec tous ces homosexuels qui traînent ici, fit-elle en riant à son tour. C'est une théorie assez à la mode dans le milieu. En parlant de ça, l'autre jour, j'ai croisé Mariko, tu sais mon ex qui travaille au restaurant de sushi ? Elle m'a dit qu'elle avait vu cette Kurenai de ton académie en plaisante position avec la fille Yamanaka, de la boutique de fleurs du même nom. C'est vraiment trop...
- Ino ? Avec Kurenai ? s'étonna le professeur.
Ce n'était pas tant Kurenai que la découverte soudaine de la sexualité déviante d'Ino qui le perturbait. Aux dernières nouvelles, la jeune fille n'était-elle pas folle de Sasuke ? Mais Sasuke avait disparu depuis un petit moment déjà, et s'il se rappelait bien, leur dernière rencontre n'avait pas été des plus amicales. C'était à cause de Sasuke qu'elle avait quitté sa fonction de kunoichi.
- Elle est adulte selon les critères de Konoha, soupira-t-il, elle peut donc faire ce qu'elle veut.
- Admettons.
La jeune femme brune s'affala avec bruit dans le canapé usé du salon. Iruka la lorgna d'un air circonspect en s'attendant au pire. Yukari avait le don de poser des questions embarrassantes à tout être humain normalement constitué, et il devait penser à s'indigner à chaque fois au lieu d'éclater de rire ou d'émettre un rictus carnassier comme il avait coutume de le faire avec son maître ou d'autres plus au fait de sa véritable nature. Iruka Umino était un gentil bougre bien propre sur lui qui voyait quasiment tout en noir et blanc, un ninja manqué qui prenait la vie et les gens avec tout le calme et la sérénité d'une mère de famille comblée. Une perle d'homme comme on n'en faisait plus, lui assurait Yukari qui avait aussitôt ajouté qu'elle serait bien devenue hétéro pour lui... De ce fait, ils avaient conclu un marché : si Iruka n'arrivait pas à trouver l'âme soeur à l'approche de ses trente ans (et s'il était encore en vie à cet âge, bien entendu), elle et lui se marieraient pour le plus grand bonheur des marchandes de ragots de leur quartier qui soupireraient sans doute d'aise en affirmant d'un air entendu qu'elles l'avaient bien vu arriver... Yukari se réjouissait d'avance rien que d'y penser. De son côté, Iruka préférait miser sur la tête que ferait son amie (et aussi les autres) le jour où ils apprendraient son véritable rôle dans le village...
- Tu veux des petits gâteaux ? fit-il d'un air mielleux, un sourire artificiel sur les lèvres. Je viens de les acheter dans cette boutique que tu aimes bien, au coin de la rue.
Yukari lui sourit avec tendresse. Il n'y avait pas à dire, il adorait son métier.
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Kana ouvrit péniblement les yeux. Elle se sentait engourdie, sa tête était lourde comme si elle venait de se réveiller un lendemain de beuverie avec une magnifique gueule de bois. Ses membres en particulier semblaient embourbés...
- Enfin réveillée, fit une voix sombre qui la fit sursauter.
Elle ouvrit brusquement les yeux malgré le vertige qui commençait à l'assaillir. Devant elle, se trouvait cet étrange garçon voilé qui lui avait donné tant de fils à retordre (sans jeu de mots aucun)... Elle avait toujours autant de mal à saisir ses émotions, derrière l'immense capuche et le col montant dont il s'était affublé, sans parler de ses lunettes de soleil du plus mauvais effet. Ce type était un vampire, ou quoi ? Il fondait au contact de la lumière ?
Un bref coup d'oeil sur son corps lui fit voir qu'elle était solidement ligotée sur un rocher, sans doute situé dans un repère de leur ennemi. Une salle de torture, peut-être ? Les liens qui la retenaient ressemblaient un peu à des fils de soie fraîchement récupérés ; ils étaient blancs et gluants...
- C'est inutile, fit son geôlier de cette voix monocorde qui l'agaçait, les fils de Kumohime sont quasi indestructibles.
- Je ne comptais pas les couper, grommela-t-elle, un peu fâchée de s'être fait prendre.
Pour faire bonne mesure, elle détourna le regard d'un air boudeur et observa les environs.
Ils devaient se trouver dans une grotte ou quelque chose s'en approchant. Elle n'arrivait pas à voir plus loin que son tortionnaire ; elle saucissonnée sur un rocher, lui se tenant devant elle avec son expression figée, un sol rocailleux aux éclats pailletés, tels étaient les seuls éléments qu'elle arrivait à percevoir avec la faible lumière qui se dégageait de son interlocuteur. Un instant... il brillait ? Elle ouvrit la bouche pour le faire remarquer. Ce fut à ce moment-là qu'une luciole se détacha du dos de Shino et s'agita devant ses yeux, narquoise. Kana avait vraiment l'impression que le minuscule insecte lumineux se moquait d'elle, et elle eut honte de son sursaut de naïveté.
- Où sommes-nous ? demanda-t-elle avec hargne. Dans une salle de torture de Konoha ? C'est inutile. Je ne dirai rien. Tout ce que vous pourrez me faire sera sans effet.
Elle en était assez fière, d'ailleurs. Elle avait subi un entraînement sévère de la part de son maître, elle et tous ceux de leur clan. Aucune torture, aussi sophistiquée soit-elle, ne pouvait les atteindre quand ils avaient activé leur moyen de défense. Au besoin, elle pouvait aussi avaler sa langue ou déclencher la poche de cyanure qu'on avait placé dans une molaire...
- Si tu cherches tes poisons, c'est inutile, continua Shino. Je les ai fait retirer pendant ton sommeil.
Elle se mordit les lèvres en se rendant compte qu'effectivement, une dent lui manquait... Elle avait été tellement occupée à essayer de comprendre où elle se trouvait qu'elle ne l'avait pas remarqué plus tôt ! Mais ce n'était pas grave, vraiment. La mission était sauve avec elle.
- Je me fiche de ce que tu aurais à me dire, dit Shino en lui prenant délicatement une mèche de cheveux. Je sais déjà tout ce qu'il y a à savoir.
- Mais... pourquoi ne pas me tuer, alors ? s'écria-t-elle, abasourdie.
Elle se maudit immédiatement après avoir prononcé ces mots. Quelle que soit la situation, un bon ninja se devait de garder son calme, on le lui avait suffisamment répété pour toute une vie. Mais c'était difficile quand on était ligoté et qu'on avait devant soi une espèce de pervers en manteau qui manipulait de répugnants insectes. Elle repensa à la manière dont il l'avait capturée. Une nuée de choses noires volantes s'était brusquement précipitée sur elle et l'avait inondée en la piquant de toutes parts. Elle avait cru son heure venue. Sûrement, aucun être humain ne pouvait survivre à la piqûre de centaines d'insectes...
- Ils étaient inoffensifs, fit de nouveau la voix de son tortionnaire. Juste des moustiques dont la morsure laisse échapper une substance soporifique en quantité microscopique. Une seule piqûre n'aurait eu aucun effet sur un bébé.
- Pas comme mille, ajouta-t-elle en ricanant. T'es un marrant, toi, en fait.
Il hocha la tête. Un marrant. S'était-il rendu compte qu'elle se foutait de sa gueule ? Il tira sur la mèche qu'il avait saisie, d'un coup sec qui la fit se basculer légèrement en avant. Son kimono juste-là précairement mis se défit dans un bruissement de soie, juste au-dessus de ses liens, et elle vit avec horreur qu'un de ses seins s'en échappait et pendait d'un air aguicheur en direction de son ennemi.
- Ne t'inquiète pas, ce sera vite fini.
- Quoi ?
- Ça ne fait mal qu'au début. Après, la plupart des gens laissent faire. Il y en a même certains qui finissent par aimer.
Elle frissonna malgré elle. Peut-être eût-il mieux fallu que ces insectes l'aient piquée à mort...
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Kiba contempla avec nervosité les rangées de fleurs fraîches qui se trouvaient devant lui. Elles étaient toutes magnifiques, chacune étant peintes de couleurs éclatantes qui lui faisaient mal aux yeux et lui donnaient envie de s'enfuir en courant. Akamaru n'était pas dans un meilleur état. Son compagnon de toujours avait refusé avec la dernière énergie de le suivre dans la boutique ; soit-disant, les effluves fleuries lui bousillaient le système olfactif...
- Kiba ? Je peux t'aider ? dit Inochi Yamanaka en s'approchant de lui.
Le jeune garçon secoua frénétiquement la tête, aussi gêné que le jour où Shino et Hinata l'avaient surpris en train de nettoyer les draps qu'il avait souillés la veille au soir. Hinata avait rougi jusqu'aux oreilles et s'était excusée d'une toute petite voix ; quant à Shino, il n'avait rien dit ni même laissé transparaître le moindre début de sentiment, mais ce n'était pas nouveau avec lui...
- Je ne suis pas là pour choisir des fleurs ! s'écria-t-il, paniqué.
Inochi se contenta de lui adresser un sourire complice.
- Bien sûr que non, concéda-t-il en riant. Je suis sûr que la demoiselle en question détesterait, de toute manière. Après tout, quel être sensé accepterait des fleurs de nos jours ?
- Maître Iruka n'est pas comme ça ! explosa Kiba, et il s'aperçut trop tard de la bourde qu'il venait de commettre.
Inochi retint un mouvement de recul qui aurait sans douté été mal pris par l'adolescent. C'était nouveau, ça. Il se doutait bien de la raison de la venue en ces lieux de l'héritier Inuzuka (il n'était pas fleuriste attitré de Konoha depuis des années pour rien, il en avait vu passer des dizaines, des jeunes gens confus et amoureux), mais pour Iruka ? C'était un homme tranquille et sans histoires, tout le contraire de Kiba. Qui plus est, il était beaucoup plus âgé et l'avait eu comme élève...
Et pourquoi pas, après tout ? Ne disait-on pas que les contraires s'attiraient ? Mais il avait entendu dire que le professeur d'académie s'était mis en ménage avec le ninja copieur, Kakashi Hatake. Y'aurait-il une faille dans son réseau d'informations, ou bien le jeune Inuzuka était-il aveuglé par l'amour au point de ne pas remarquer l'attraction qu'il y avait entre ces deux-là ? Curieux, il avait lui-même observé ses compatriotes afin de se faire sa propre idée. Il y avait effectivement de l'électricité dans l'air quand ils se croisaient, c'était indéniable. Un peu comme deux animaux sauvages en pleine parade amoureuse. Mais ce n'était pas à lui de briser le coeur de ce pauvre garçon, sans parler du manque à gagner pour son commerce s'il l'envoyait balader sous le prétexte qu'il n'avait aucune chance avec le chûnin.
- Il n'y a pas de quoi avoir honte, voyons, fit-il avec son plus beau sourire de vendeur (et de conseiller du coeur, chose qu'il adorait faire quand il en avait l'occasion). Sais-tu quelles fleurs aime Iruka ?
Kiba secoua la tête avec insistance.
- Je sais pas, un truc qui sent bon ? Ah, et rouge. Je crois qu'il m'avait dit qu'il aimait le rouge.
Bon. C'était vraiment pas gagné. Inochi fit un signe à son épouse qui renseignait un couple de jeunes mariés et prit Kiba par les épaules. Il allait lui réserver sa matinée pour le préparer, ce n'était pas de refus au vu de l'ignorance en matière d'amour de ce jeune chiot. Ah, douce nostalgie ! Il se souvint de ses jeunes années, alors qu'il n'était encore lui-même que chûnin. Le père de Kiba était venu le voir pour lui demander son avis sur la manière de draguer sa future épouse, Tsume Inuzuka. Il l'avait guidé de son mieux, mais la soirée aux chandelles qu'ils avaient minutieusement préparée avait été un fiasco total. Tsume avait été allergique aux fleurs qu'il lui avait offertes et son chien Kuromaru avait été piqué par une guêpe qui traînait par il ne savait quel miracle (une rumeur disait que Shiba Aburame, le père du jeune Shino qui était l'un des partenaires actuels de Kiba, était aussi amoureux de Tsume, sa coéquipière de l'époque). Le dîner sous les étoiles s'était déroulé par temps de pluie, l'odeur des chandelles avait incommodé la jeune fille. En définitive, seul le combat dans la boue entre eux qui avait découlé de cette soirée ratée avait arrangé les choses. Le jeune homme en était sorti vainqueur ; un an plus tard, ils s'étaient mariés dans l'intimité, et Inochi avait été leur témoin. À ce jour, il avait oublié jusqu'au visage du garçon en question ; il se rappelait juste qu'il avait changé son nom de famille en celui de son épouse, car elle faisait partie d'un clan plus influent que le sien... Depuis cette époque, Inochi savait que les méthodes de séduction conventionnelles ne marchaient pas sur les Inuzuka, du moins pour les femmes. Tout ce qui les intéressait, c'était la force brute de leur partenaire et leur capacité à apprécier une sortie dans la nature et les catchs de boue.
- Dis-moi, Iruka aime-t-il les combats de boue ? demanda-t-il du tac au tac.
- Quand on était à l'académie, il a un jour combattu un mercenaire sous la pluie pour nous protéger, pourquoi ?
- Je me demandais, c'est tout. Bon, et si nous allions discuter de tes techniques de drague, jeune play-boy ?
Kiba se mit à rougir. Grand bien lui fasse, pensa Inochi. Il avait entendu dire qu'Iruka détestait les gens trop arrogants. En fait, en y repensant bien, il avait entendu beaucoup de choses sur Iruka, dont la moitié au moins contredisait l'autre. Il ne lui restait donc plus qu'à improviser.
Et à compter sur la bienveillance du professeur envers l'un de ses anciens élèves. C'était la seule donnée stable et constante dont il disposait. Iruka adorait ses élèves, anciens comme nouveaux, et aurait donné sa vie pour assurer leur sécurité et leur bien-être. Il suffisait juste de lui faire croire que la sécurité et le bien-être de Kiba passait par une relation amoureuse entre eux...
Il se mit à rire, à la surprise de Kiba qui se demanda un instant dans quel pétrin il s'était fourré en mettant son sort entre les mains du plus grand séducteur de Konoha. Inochi ne prit pas la peine de le rassurer. Il adorait par-dessus tout s'occuper des affaires amoureuses des autres, et puisque Kiba en avait besoin, il n'avait rien à dire, n'est-ce pas ?
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La sonnerie retentit alors que Yukari était à son quatrième gâteau à la crème. Iruka la regardait s'empiffrer avec l'attention d'un ninja en passe de trouver une nouvelle technique, et cela le faisait tellement se gondoler qu'il s'excusait régulièrement en prétextant un besoin urgent. Il en profitait alors pour introduire subrepticement dans la crème des gâteaux une drogue de son invention qui rendait les gens encore plus affamés qu'il ne l'étaient déjà, et ce quelle que soit la quantité de nourriture qu'ils ingurgitaient. Il lui arrivait assez souvent de tester ses nouvelles concoctions sur sa très chère amie. Une fois, il lui avait fait avaler par le biais de son thé une poudre indécelable qui avait la particularité de faire pourrir à petit feu les organes, faisant cracher une quantité de sang non négligeable à sa victime... Affolée, elle s'était d'abord adressée à lui en connaissance de cause, parce qu'il lui avait dit un jour qu'il avait suivi une formation de médico-nin bien que sa carrière l'ait orienté vers l'éducation. Il lui avait donné une tisane avec l'antidote et avait mis son étrange maladie sur le dos du stress qu'elle éprouvait. Bien entendu, il avait soigneusement choisi un moment où elle était en retard pour rendre son dernier manuscrit ; n'ayant pas le temps de passer chez le médecin, elle s'était tout naturellement précipitée chez lui...
- Tu ne réponds pas ? demanda-t-elle en enfournant dans sa bouche la part gigantesque qu'il lui avait servie.
- Je suis occupé ! Tu peux y aller ?
Elle se dirigea nonchalamment vers la porte. Qui cela pouvait-il bien être ? Iruka lui avait dit qu'il n'attendait personne, et son éditeur ne devait pas passer avant la fin de la semaine... La jeune femme se retrouva nez-à-nez avec un Kakashi en habit de combat, qui portait dans ses bras un plateau géant recouvert d'un drap bleu sombre. Ils se regardèrent avec surprise.
- Euh... vous désirez ? fit-elle nerveusement en remarquant la poche d'armes qu'il portait encore sur lui.
Elle avait vaguement reconnu celui que l'on appelait le ninja copieur. Iruka lui en avait déjà parlé, bien entendu, et elle avait fait des recherches sur lui pour un de ses livres... L'un de ses personnages en était d'ailleurs directement inspiré. Elle se demanda si le shinobi lisait des romans d'espionnage. Elle espérait que non, car elle ne l'avait pas dépeint de manière très flatteuse ; il fallait dire que c'était à l'époque où il avait commencé à harceler ce pauvre Iruka...
- Mlle Yukari Sakamoto, je présume, dit-il.
- Comment...
- Je suis un ninja, la coupa-t-elle. Vous devriez savoir que je me dois de savoir.
- Quoi ?
- Au fait, j'ai beaucoup aimé votre roman.
Était-il en train de sourire derrière son masque ? C'était assez effrayant, mais elle en avait réellement l'impression... Iruka l'avait pourtant prévenue à ce sujet. Ce type avait la particularité de pouvoir exprimer ses sentiments à travers un morceau de tissu opaque. C'était... déroutant, comme pouvoir.
- Euh... merci. Lequel ?
- Celui où le héros, un jeune ninja exerçant en tant que médico-nin, est pris en affection par un Anbu pervers qui lui court après au point de trahir son pays pour pouvoir le mettre dans son lit. Très... instructif, vraiment. J'ai particulièrement aimé la scène où il accourt pour empêcher la bagarre entre l'Anbu et un de ses collègues qui voulait défendre l'honneur du médico-nin. Il se passait quoi, déjà ? Ah oui. L'Anbu finissait par tuer son ami sous les yeux du héros et il manque de le violer. Heureusement, le Hokage intervient...
- Vous avez bonne mémoire, fit Yukari d'une voix tremblante.
- Toujours lorsqu'il s'agit d'un livre intéressant.
Elle avait hâte qu'Iruka termine ce qu'il avait à faire, vraiment. Le regard de cet homme la paralysait sur place, et pas de manière agréable... Un bruit derrière elle la fit se retourner avec reconnaissance.
- Kakashi ? fit Iruka avec étonnement. Je ne t'attendais pas. Il s'est passé quelque chose ?
Sacré Iruka. Toujours prêt à s'inquiéter pour les autres. Yukari sentit son appréhension fondre comme neige au soleil et se retira du seuil de la porte. Si ce que son ami avait dit sur Kakashi était vrai, celui-ci était fou de lui. Dans ces conditions, il n'oserait pas lever la main sur l'une des meilleures amies de l'homme qu'il aimait, n'est-ce pas ?
- Non, non, répondit le ninja copieur. Je voulais simplement t'inviter à dîner. J'ai acheté des sushi, tu vois ?
Il brandit sous son nez le plateau qu'il portait. Iruka le contempla d'un air penaud.
- Mais je...
- Malheureusement, il n'y en a que pour deux, reprit-il en envoyant un regard appuyé en direction de Yukari.
Si ce n'était pas une tentative pour la chasser... Yukari rit doucement. Ils étaient bien partis pour finir ensemble, ces deux-là, ou elle ne s'y connaissait pas en ninja. Elle fit un clin d'oeil complice à Iruka qui prit un air confus et se tourna vers Kakashi, tous sourires.
- Je dois y aller, de toute façon, dit-elle. J'ai encore un chapitre entier à écrire.
- Déjà ?
Iruka avait pris une expression désespérée de jeune premier que l'on lançait sur scène sans réplique. Son amie enviait un peu sa candeur et sa pureté. Mais bon, elle était assez intelligente pour savoir quand se retirer avec panache.
- On se reverra demain, je vais passer pour le thé. Tu es libre, je crois ?
- Oui, mais...
- Tu me raconteras ! s'écria-t-elle en riant, et en un instant elle avait passé la porte et disparu vers les escaliers menant à son propre appartement.
Kakashi et Iruka restèrent seuls. Un peu embarrassé, Iruka referma la porte et fit signe au jônin de s'asseoir. Puis il repartit vers la cuisine chercher des couverts. Kakashi suivait du regard le moindre de ses gestes. Le chûnin lui fit un sourire crispé et rangea discrètement les fioles de poison dissimulées en flacon d'assaisonnement qu'il avait laissées sur un coin de table.
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Kana hurla. De toute sa vie, elle n'avait ressenti une telle douleur, même lorsqu'elle s'était faite transpercer par la bonne centaine de senbon qu'un fou furieux d'instructeur lui avait lancé pour vérifier la bonne tenue de ses réflexes... Elle avait évité le tiers mais ceux qui restaient avaient fini par traverser sa peau, la transformant en pelote d'épingle humaine. Elle avait mis des mois avant de s'en remettre. Shino attrapa un mouchoir et essuya la sueur qui dégoulinait en grosses gouttes sur son corps.
- Encore un peu, murmura-t-il. Tiens le coup, ça ira mieux dans quelques instants.
- Va... crever... articula-t-elle avec peine, les yeux troublés par la douleur.
Elle n'osait pas regarder. Elle savait bien qu'elle n'aurait pas pu supporter la vue de son corps en cet instant... Shino continuait à fixer l'avancée du processus d'un air neutre. Elle sentit sa peau bouger, sa chair être déplacée au gré des créatures qui évoluaient dans son corps... Elle faillit étouffer lorsqu'un flot d'insectes sortit de sa bouche et de ses narines. Quelque chose lui chatouillait les oreilles et elle pouvait presque voir une forme mouvante derrière ses yeux, et cela plus que le reste l'effraya. Un bruit de succion abominable dans sa tête, son coeur et ses organes qui semblaient changer de place à chaque seconde, et ses entrailles qui étaient sur le point d'éclater... Son entrejambe s'humidifia de manière inhabituelle et elle retint un cri d'humiliation en s'apercevant qu'une coulée grouillante en surgissait, juste à l'emplacement de son sexe.
- Qu'est-ce que... claqua-t-elle, paniquée.
- Ce sont les insectes de mon clan, fit tranquillement son tortionnaire alors qu'elle agonisait.
Ses cris se répercutèrent dans la caverne. Elle n'était pas dans une salle de torture de Konoha comme elle l'avait cru au départ mais dans une pièce privée de la famille Aburame, bien dissimulée aux yeux du monde sous les fondations du village. Shino l'avait laissée convenablement ficelée après leur combat, la cachant de ses camarades avec l'aide des insectes qui pullulaient dans la forêt. Une fois avoir raccompagné ses compagnons de voyage et fait son rapport au Hokage, il était revenu la chercher et l'avait directement amenée là, où elle reposait à présent au milieu des autres prisonniers. Kana avait eu un mouvement de répulsion lorsque Shino lui avait montré ses « frères et soeurs », comme il avait appelé les pauvres hères que son clan entreposait pour ses besoins dans la salle, emmaillotés dans les fils que l'araignée de la famille, Kumohime, avait tissé à leur intention.
- C'est nécessaire, continua le garçon aux lunettes de soleil. Les miens ont besoin de ces insectes, malheureusement nous n'avons pas assez d'enfants pour qu'ils se développent comme il faut. Alors nous devons les prendre ailleurs. Tu es vraiment chanceuse. Ils sont en train de se familiariser avec ton corps à l'heure qu'il est. Puis ils pondront leurs oeufs dans ton ventre et d'ici quelques jours, ils écloront. Ce seront tes enfants et ils se nourriront de toi. Mais ne t'inquiète pas, tu ne mourras pas pour autant, pas tant qu'on s'occupera de toi. Tu vas voir, tu n'auras plus rien à faire jusqu'à la fin de tes jours. On te donnera à manger et on te nettoiera. N'est-ce pas une vie de rêve ?
- Salaud ! cracha-t-elle dans un excès de fureur. Je te tuerai, toi et toutes les larves de ton village !
Shino poussa un ricanement satisfait.
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- Alors ? Comment tu me trouves ? fit Kiba en présentant son bouquet de fleurs, le genou plié à terre.
Akamaru émit un jappement moqueur. Dans un geste magnifique autant que mature, Kiba lui tira la langue.
- J'aimerais bien t'y voir, tiens ! C'est la première fois que j'offre des fleurs à quelqu'un ! Et Shino qui n'est jamais là quand on a besoin de lui...
Il baissa les yeux sur le bouquet bariolé que lui avait vendu Inochi avec force conseils de séduction. Le chef de la famille Yamanaka lui avait conseillé d'être direct ; après tout, la subtilité et les Inuzuka ne faisaient pas bon ménage... Donc il était censé aller voir Iruka avec ce bouquet et une boîte de gâteaux de luxe qui lui avaient coûté une petite fortune, pour l'inviter à dîner dans un restaurant. Rien de bien classieux pour commencer sinon le chûnin serait trop gêné pour apprécier ; un ramen à Ichiraku faisait amplement l'affaire, et il se sentirait moins nerveux du fait de la familiarité de l'endroit et des gens qui le fréquentaient.
C'était bien joli, mais restait la confession. Être direct était une chose ; néanmoins, Kiba savait très bien que les gens se fâchaient souvent lorsqu'il faisait cela, quand ils ne se mettaient carrément pas à lui lancer des projectiles plus ou moins dangereux... Il avait été direct quand Tsunade lui avait demandé quel âge il lui donnait. Il avait été direct quand Hizashi Hyûga avait voulu savoir ce qu'il pensait de sa fille. Dans les deux cas, il s'était retrouvé à l'hôpital. Il ne pensait pas qu'Iruka réagirait de la même manière (enfin, il l'espérait) mais ce n'était quand même pas rassurant...
- Je peux savoir à quoi tu joues ?
Kiba vit s'avancer vers lui la fille unique de l'homme qu'il venait de quitter. Portant à bout de bras un panier rempli à ras bord de roses de toutes les couleurs, Ino le regardait d'un air perplexe, les yeux rivés sur le bouquet qu'il avait avec lui.
- Ah, salut Ino, dit-il mal à l'aise.
- Bonjour. Tu as acheté ça chez nous, non ?
- Euh. Oui. C'est pour... ma mère.
- Je croyais que Tsume était allergique aux fleurs.
- Ah oui, euh... alors c'est pour ma soeur. C'est ça.
- Tu ne sais pas ce que tu veux, fit-elle remarquer avec une pointe de malice dans la voix.
Kiba eut l'impression qu'Akamaru se riait encore de lui dans son dos.
- Oh, et puis merde, ton père est au courant de toute façon, alors d'ici demain tout le village l'apprendra. Elles sont pour Iruka.
Ino haussa un sourcil inquisiteur.
- Pourquoi tu lui offres des fleurs ? Son anniversaire n'est pas pour tout de suite, à ce que je sache.
Il fit une moue boudeuse qui intrigua davantage la jeune fille.
- Et toi, est-ce que je te demande de qui tu es amoureuse ?
Ino ouvrit des yeux de la taille d'une soucoupe. Son cri fit écho dans les rues de Konoha, attirant l'attention des passants et les faisant s'arrêter pour observer les deux amis. Kiba aurait bien voulu se terrer dix mètres sous terre.
- Tu es amoureux d'Iruka !
- J'ai jamais dit ça !
Mais elle ne l'écoutait déjà plus.
- Attends que je le dise aux filles ! Iruka, hein ? Wow, quel succès !
Il avait envie de se pendre, à présent.
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Iruka contempla la masse inerte qu'était le corps repu de Kakashi. Son lit était complètement défait, les draps froissés par leur activité précédente. Çà et là, des taches d'ampleurs différentes décoraient le tissu mais aussi le sol, les murs... Toutes n'étaient pas que du sperme ou autres fluides sexuels. Il s'attarda sur le cercle de sang qui ornait le haut de ses draps. Il avait griffé le dos de son amant sans se retenir et celui-ci s'était frotté au tissu, laissant une marque qu'il serait malaisé d'effacer.
Leur repas avait pourtant démarré de façon anodine. Kakashi avait apporté des sushi qu'ils avaient partagés ensemble sur la table de son salon. Ils avaient discuté de tout et de rien, en évitant néanmoins les sujets plus épineux comme le contenu de la dernière mission d'Iruka ou le comportement plus que douteux du ninja copieur. Naruto n'était qu'une donnée lointaine qu'ils ignoraient le mieux possible.
Et puis, au moment où il s'apprêtait à nettoyer la table et à donner congé à Kakashi, ce dernier s'était précipité sur lui et l'avait embrassé à pleine bouche, avec toute la fureur d'un animal en rut. Bien évidemment, Iruka ne s'était pas laissé faire et leur session s'était vite transformée en accrochage violent où chacun défendait de son mieux sa virilité sans pour autant utiliser de technique ninja.
Le chûnin avait finalement pris le dessus, à la grande surprise de son aîné. Souriant, il avait forcé Kakashi à se plier à ses désirs ; et bien que mal à l'aise, son compagnon n'avait pas paru si contrarié par cette configuration... Sang et cris, ils avaient fini par assouvir leur passion, non sans avoir au passage dévasté une partie de son appartement. Mais au moins, Kakashi ne se réveillerait pas avant quelques heures.
Il réfléchit aux conséquences de ses actes. Il passait son temps à cela, à vrai dire. Chacun de ses gestes étaient calculés, soupesés, pensés selon un schéma d'efficacité optimal. Il avait commis une erreur en permettant à Kakashi de se rapprocher autant de lui ; on ne l'y reprendrait plus. Maintenant, il devait compter sur la présence constante de son ennemi à ses côtés, qui sous couvert de son amour indéfectible aurait une excuse pour rester auprès de lui, pour le couver de ses attentions toutes intéressées... Il n'ignorait pas que Kakashi nourrissait de sérieux soupçons à son égard. Soit, il lui en donnerait donc pour son argent.
- Surtout dors bien, mon amour, susurra-t-il à l'oreille de l'autre homme, un sourire sarcastique aux lèvres. Dors, et rêve de notre avenir à tous les deux, un avenir où chaque pensée, chaque action sera hantée par mon existence...
Il adorait son métier, mais ce qu'il aimait par-dessus tout, c'était de vivre au milieu de ces êtres fragiles et obstinés qu'il croisait sur sa route. Il se délectait de leurs faiblesses et de leur ignorance, il s'abreuvait sans fin dans le ruisseau de leur dévotion sincère... Et lorsque ces êtres étaient de la trempe de Kakashi, eh bien...
Il n'avait plus qu'à se montrer impitoyable et à les écraser.
A suivre...
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Je suis une grande fan de yaoi et de hentai gore. Pas de films d'horreur à proprement parler, mais bon des fois ça se voit quand on discute avec moi. J'espère ne pas avoir trop dégoûté certains (pour moi la scène avec Kana et Shino n'était pas si terrible mais bon...). Merci encore d'avoir suivi jusqu'au bout et à la prochaine !
