Le Dernier Fléau des Dieux...

Prologue :

Les pâles rayons de la lune caressèrent le visage de la jeune fille brune, plongée jusqu'alors dans une profonde léthargie. Elle décolla difficilement les paupières, éblouie par la lumière pourtant faible. Un parterre d'herbe s'étendait sous son corps, lui accordant la douceur d'un lit douillet. Elle se releva, et découvrit avec stupéfaction une immense plaine vallonnée et déserte éclairée par la blancheur argentée ; elle s'étendait à plusieurs milles tout autours d'elle.

« Comment suis-je arrivée là ? » La jeune fille essaya de se rappeler…en vain…c'était trop dur ; le peu d'images qui se formèrent dans sa tête disparurent aussitôt pour laisser place à un néant total de souvenirs… C'était noir…vide… Un sentiment désagréable s'empara d'elle lorsqu'elle jeta un nouveau coup d'œil sur l'étendue herbeuse : un mélange de peur et de surprise ; une étreinte accablante emprisonna son cœur, qu'elle n'osait pas écouter… Et pourtant elle dû se mettre à l'évidence et admettre avec effroi sa situation : elle était seule. Seule, et sans indice de qui elle était, de ce qu'elle était… Elle n'avait rien, hormis sa fine et courte robe déchirée de toutes parts, et ses larmes pour pleurer…

Mais à quoi pouvaient bien servir ses larmes, s'il n'y avait personne pour les voir et pour leur offrir un peu de compassion ?

Elle releva alors la tête, se disant qu'il ne servait à rien de s'apitoyer sur son sort, et commença à marcher, sans réfléchir, tel un funambule sur le mince fil de l'espoir…

Elle n'aurait su dire combien de temps elle avait avancé ainsi, affamée et assoiffée dans cette lande, car de lourds nuages étaient venus cacher l'astre qui lui redonnait un peu l'envie de vivre, et de fines gouttes froides tombaient maintenant sur la peau des bras nus et de sa robe, devenue collante au contact de l'eau.

Des sourds claquements métalliques parvinrent peu à peu à ses oreilles. Ils venaient de l'autre côté de la colline sur laquelle la jeune fille se trouvait ; celle-ci se réjouit aussitôt, déduisant de ces bruits la présence d'autres êtres vivants sur cette terre. Elle se mit à courir de ses jambes affaiblies, espérant gagner l'attention de quelqu'un, et quand elle arriva sur le sommet de la butte, elle découvrit un bon nombre de silhouettes sombres en armures. Elles étaient trop occupées à se battre, et la lumière était trop faible, pour qu'elles puissent la remarquer. Le fracas des armes n'effraya en rien la jeune fille, qui resta là, sur sa colline, à regarder avec grand intérêt la bataille.

L'une des silhouettes semblait se battre seule contre toutes les autres, et repoussait ses adversaires avec une aisance magnifique. Elle faisait tournoyer son arme avec élégance et terrassa un, puis deux, puis cinq de ses opposants en l'espace de quelques minutes seulement. Il ne restait plus que deux attaquants, très peu désireux de jouter contre leur puissant opposant, quand un éclair rouge vif, surgi de nulle part, vint frapper le combattant en pleine poitrine. La lumière écarlate illumina d'un coup la scène et fit sursauter la jeune fille, qui ne s'imaginait pas le danger qu'elle courait en restant à portée des rayons magiques. Durant ce court laps de temps, elle distingua avec plus de précision l'allure de la silhouette solitaire : armé d'un lourd marteau à deux mains, le guerrier portait une cape bleue assez longue pour couvrir sa forte carrure ; ses cheveux en bataille luisaient d'un éclat argenté, et en reflètant la couleur de l'éclair, ils lui avaient donné une allure agressive, voire démoniaque. L'homme fut propulsé à plusieurs mètres en arrière, et tout en poussant un cri de douleur, s'écrasa lourdement sur le sol. Son armure brûlée fumait encore, et une odeur de roussi s'élevait dans l'air humide…

Tandis que les deux guerriers restants se jetaient sur lui pour l'achever, d'un geste agile, l'homme à terre dégaina deux petites lames auparavant cachées dans ses bottes, et les planta dans le ventre des deux assaillants, qui s'écroulèrent dans des râles d'agonie. Alors il se rassit tant bien que mal, une main sur sa poitrine douloureuse. Soudain, un nouvel homme habillé d'une toge apparut, un crâne sur un soleil pourpre se distinguant dans son dos sous la lumière lunaire, et lévitait devant le guerrier en mauvaise posture.

« Et bien, Krydh, voilà qu'on fait moins le malin, à vouloir s'échapper comme un voleur ! Tu n'as jamais mérité d'intégrer notre groupe ! Maintenant, tu vas payer pour ta traîtrise et toutes ces morts !

Si j'avais su plus tôt à quelles ignominies vous vous adonniez, toi et les autres, crois-moi que j'aurais fait le nécessaire pour vous éliminer de ce monde avant de partager vos atrocités, Voronad ! C'est toi le meurtrier, ici ! »

Le mage ne lui fit pas l'honneur d'attendre la fin de sa phrase et lui lança un sort d'étau : une énorme main de la taille d'un homme se matérialisa devant le mage et, suivant les mouvements de l'invocateur, enserra sa victime pour la soulever de terre…

La jeune fille, du haut de son tertre, se prit d'admiration pour l'homme qui s'était battu seul contre tous, et fut déçue de voir sa mort incarnée par ce magicien orgueilleux… Les craquements grotesques des côtes du guerrier se faisaient déjà entendre en même temps que ces hurlements. La jeune fille coura silencieusement vers les cadavres, ramassa un petit coutelas, s'approcha, et enfonça machinalement la lame dans le dos du mage, au niveau du crâne à l'allure repoussante… Aussitôt l'étreinte du poing magique se relâcha, puis il disparu, tandis que le sorcier s'écroula face contre terre, ainsi que l'homme en armure. Celui-ci sombra dans l'inconscience, après avoir vaguement remarqué sa salvatrice.

L'adolescente regarda avec indifférence le corps inerte du mage. Elle n'avait rien ressentit. Même pas une once de crainte, ou de culpabilité, ne l'avait atteinte avant de frapper ; elle n'avait pas un brin de dégoût à la vue du sang sur la lame. Elle se sentait complètement vide face à la froideur de son crime. Elle y avait presque trouvé une certaine satisfaction, un brin de plaisir à s'être débarrassée d'un être malveillant, comme si ce fut son destin que de commettre cet acte la nuit de sa…renaissance ?

Mais, comment savoir si elle avait fait le bon choix en tuant cet être, comment savoir si le méchant en question n'était point l'homme qu'elle avait sauvé?

Peu lui importait, après tout, puisque le guerrier lui devait à présent la vie. En le sauvant, elle s'était sauvée elle-même. Elle était sûre qu'il s'occuperait d'elle, c'était tout ce qui importait.

Elle s'approcha de lui et le secoua pour le réveiller. Le guerrier se redressa brusquement, ramassa une de ses dagues et la pointa sur la jeune fille. Son souffle était saccadé, ses côtes se soulevaient dans de légers soubresauts de surprise et de douleur. Il la dévisagea longuement, et se sentit légèrement gêné en voyant sa robe mouillée révéler les chairs attirantes de son corps d'adolescente. La reconnaissant, il baissa la garde, et lança d'un ton souffrant, mais néanmoins ironique :

« Je te remercie, petite ; sans toi, les rapaces des Neufs Enfers, avec eux les adeptes de Cyric, seraient déjà en train de se repaître de ma chair… »

Il se releva péniblement, sorti une petite fiole de sa ceinture et but d'un trait son contenu. Les yeux envieux de la jeune fille, qui sentait sa bouche saliver, regardaient, impressionnés, la peau du torse se reconstituer entièrement… Plus aucune marque de brûlure ne striait les muscles qui luisaient sous l'armure calcinée et sous l'eau de pluie… Remarquant alors son allure fragile, ses cheveux qui frisaient sous l'effet de l'humidité et son regard intensément fixés sur lui, le guerrier toisa l'inconnue d'un air incompréhensif avant de s'exclamer, comme se réveillant d'un rêve illusoire :

« Mais d'où tu sors, toi ? »

Disclamer: L'univers des Royaumes Oubliés appartient aux auteurs de Wizard of the Coast et Cie... Cependant, Krydh, la jeune fille, le méchant mage et ses compratiotes (paix à leur âme) sont issus de ma propre imagination. Vàlà!

NdA: Alors, il vous a plu, mon prologue? Je sais, c'est court, mais c'est une des caractéristiques du prologue, non? En espérant que vous ne m'en voudrez pas trop pour les fautes d'orthographe qui pourraient d'être glissées à mon insu (sisi!) dans le texte, étant donné que c'est ma première fic. JOIE! Alors... à vos claviers, et allez-y pour les reviews, je voudrai savoir vos opinions. Merci d'avance!