Comme le titre du chapitre l'indique, c'est Noël avant l'heure ! (enfin, c'est une façon de parler…)

Réponses aux reviews :

Chrisanimefan : Merci, merci… ;)

Dragounette : Bah, tu sais que Severus est d'un naturel cachottier (du moins concernant sa vie personnelle). En l'occurrence, il n'a pas du tout dévoilé à Sirius les plans de Voldemort concernant le bébé. Mais Sirius, plus fin qu'il n'en a l'air !, a bien vu que Sev lui dissimulait quelque chose… Quoi ? Il ne le sait pas, mais se doute quand même du rapport avec le Seigneur des Ténèbres…

Manehou : Tu as raison, je vais arrêter de me plaindre (m'en fait, j'me plaignais pas, … beu, si un peu… et puis non en fait… :-) )

Oxaline : Merci ! Et j'espère que je n'ai pas trop tardé !

Nardy : Bah, faut suivre ! (bon, c'est vrai que j'édite un peu au p'tit bonheur la chance…) Et merci !

Koyomi-San : Tu aimes tout, c'est génial !! Merci beaucoup !

Pitchounette : Non, je vais mettre Albus avec Rusard. J'ai toujours trouvé qu'ils seraient supers ensemble… Quant à Dark Vador, il va arriver dans un déferlement d'éclairs, en ouvrant les nuées en deux : le vieil Atlas en lâchera la voûte céleste et, au grand malheur des Gaulois, le ciel manquera de nous tomber sur la tête ! Mais alors le bébé de Sirius et Severus, refusant de passer dans le côté obscur, se rebellera contre Voldemort, alias Sauron, alias Palpatine… Une aube sombre enveloppera le bambin qui, tel Superman sortant de son cocoon de «kryptonic», s'envolera pour créer un nouveau soleil et éblouir le Seigneur des Ténèbres, qui… La suite au prochain numéro pour 10 cens et une review !…

Minerve : Faut se mettre dans la position d'Harry, et avoir Draco sous la main, c'est comme qui dirait tentant d'en profiter, qu'on soit serpentard ou non ! Quant à Ron, il ne se doute évidemment pas qu'Harry est dingue de Draco. Hermione non plus d'ailleurs. Ils sont simplement inquiets de voir que les deux ennemis naturels sont absents, ils craignent peut-être qu'ils se sont battus dans un coin par ex…

Bonne lecture !

PS: Au fait, petite pub ! Je ne sais pas si vous connaissez le journal Pilote (les Français et les Belges peut-être), mais je vous conseille d'acheter le dernier: c'est un magazine de BDs qui avait cessé d'être édité il y a plusieurs années et "qui s'amuse à revenir" de temps en temps. Vos parents connaissent certainement. Bref, si je le conseille, c'est que, d'un point de vue personnel bien sûr, je le trouve génial: vous y trouverez pleins d'histoires sur Noël (plus d'autres pas sur Noël), et ça va du drôle à l'émouvant, en passant par le sordide au cynique (mon histoire favorite est celle du petit squelette... !) Voilou, c'est tout !

--------------------

Chapitre 10 : Noël

Depuis quelques semaines, Sirius restait invariablement avachi dans un fauteuil, sans pratiquement bouger du salon de Severus. Ce dernier s'agaçait fort de cette situation, mais évitait de râler puisqu'il savait en être la cause directe : Sirius lui en voulait d'être toujours aussi secret et ne comprenait pas que son amant puisse lui cacher quelque chose, même si c'était soi-disant pour le protéger. Black avait pensé séquestrer Severus de force jusqu'à le faire parler ; mais se ravisant, il pensa que cela rappellerait peut-être trop à Rogue les interrogatoires que lui avaient fait subir les Mangemorts.

En définitive, il avait décidé d'être patient. Severus parlerait bien de lui-même un jour… En attendant, Sirius se contentait donc d'afficher une mine renfrognée, tout en déchargeant ses puces sur le fauteuil.

Et en cette veille de Noël, il ne dérogeait pas à la règle et était assis, dos à la cheminée. D'un air plutôt calme, il regardait Severus emballer quelques affaires en vue d'un court séjour à Londres. Comme d'habitude, le professeur de potions était vêtu des pieds à la tête de noir, sa cape rabattue sur ses épaules. Sirius le regarda se mouvoir en soupirant.

Puis soudain, il n'y tint plus. Il se leva et stoppa Severus au milieu de la pièce. Rogue eut une exclamation de surprise lorsque l'ancien maraudeur s'agenouilla devant lui, l'enserra dans ses bras en posant sa tête sur son ventre, qu'il caressa lentement.

«On ne dirait pas que tu es enceint de trois mois déjà …

- Oh, Sirius, soupira Severus. Tu sais bien que c'est à cause des potions. J'ai demandé à Pomfresh une potion permettant de dissimuler un ventre enceint. Excuse-moi, mais franchement j'avais pas envie de ressembler à une matrone !

- Un jour, je t'empêcherai de boire ça. J'ai un besoin fou de pouvoir enlacer ton ventre rond !

- Sirius ! Déjà que je suis suffisamment gêné comme ça, n'en rajoute pas !»

Exaspéré, Black étouffa un juron dans sa barbe. Il abandonnait à nouveau la partie. Par contre, il ne le laisserait pas partir à Londres sans un dernier petit «tête-à-tête». Il commença donc à déboutonner le bas de la veste de Severus.

«Hé ! Que fais-tu ?! Crois-tu vraiment que ce soit le moment ?!

- Ca ne te prendra que cinq minutes de ton temps si tu me laisses faire.

- Et mon train ? Je vais le louper !

- Chut, t'inquiète pas.»

Après avoir un peu lanterné, Severus céda. Dans la chambre, il s'allongea de lui-même sur le lit et laissa Sirius parcourir son ventre nu avec sa bouche. Depuis quelques temps, c'était une manie de Black : il avait besoin de sentir la chaleur de Severus contre son visage, il avait besoin de parcourir son ventre et de le caresser. Leur enfant était vivant en Rogue et pour Black c'était merveilleux.

--------------------

«Que veux-tu ?»

Le ton était plus glacial encore que le froid régnant dans la pièce. Severus regarda le dos du fauteuil où était assise sa mère et réprima son envie de quitter la pièce sur-le-champ.

«Seulement comme chaque année, mère… Vous savez que je viens toujours vous voir au moment des fêtes…

- Certes… Mais comme je sais que cette corvée annuelle te répugne, pourquoi persistes-tu à venir tout de même ?

- Parce que, commença Rogue en choisissant soigneusement ses mots. Parce que malgré tout ce qui est arrivé, vous êtes toujours ma mère… Je vous dois le respect et je vous le témoigne… Car je vous estime, mère, que vous le croyez ou non.

- En ce qui me concerne, je ne peux pas dire que j'éprouve des sentiments réciproques à ton égard… A ce propos, à l'avenir, tu n'auras plus à te sentir obligé de venir me «témoigner ton respect et ton estime»… Car je ne serai plus ta mère.»

Severus déglutit plus ou moins discrètement : «Que… que voulez-vous dire ?

- Que j'avais un fils dans le temps et que ce fils n'est plus… Car tu sais ce que tu es ? Une fille. Voilà ce que tu es.

- Qu-quoi ?… Mais… Co… comment… ?»

La femme se leva lentement et s'avança vers Severus. Il la considéra telle qu'elle était : une très vieille femme toute blanche, vêtue de gris, au visage autrefois beau mais aujourd'hui affreusement ridée. Ses yeux noirs sans fond étincelaient de rage. De toute évidence, elle se retenait de le gifler.

«Lucius m'a tout raconté, Severus… Et je dois t'avouer, que je n'ai pas été flattée par ce qu'il m'a dit…»

Severus ignorait ce que Lucius avait bien pu dévoiler à sa mère exactement, mais il s'en fichait. Ah, Malefoy s'était vraiment vengé d'une sale manière ! Rogue soutint le regard de sa mère encore un instant puis, lui tournant le dos, se dirigea vers la sortie.

«Tu sais ce que je te souhaite pour la nouvelle année ? lui cria sa mère. De mourir avec ton sale moutard ! Et ne t'avise plus jamais de revenir me voir ! Tu n'es plus mon fils, tu entends ? Tu ne l'as jamais été !!»

--------------------

Dans le train le ramenant au Poudlard, Severus, seul dans son compartiment, regardait le paysage enneigé défilé devant la vitre. Son menton dans une main, il tâchait de rester rationnel et de relativiser. La vue de la neige l'aidait un peu ; cela lui clarifiait l'esprit.

Ce petit séjour à Londres avait été un fiasco total. Mais en dehors des points négatifs évidents, Severus pouvait se dire qu'au moins, comme avait dit sa mère, il serait «débarrassé à l'avenir de la corvée des vœux de fin d'année». Il ne put cependant pas empêcher sa gorge de se nouer. Il avait rompu avec sa famille et son passé avec elle depuis longtemps, mais il avait tout de même gardé un lien avec sa mère, ne se résignant pas à ne plus la voir. Ce lien n'était plus et sur bien des aspects Severus pouvait en être réjoui : avec un demi-souriree, il se dit qu'il avait enfin coupé le cordon ombilical.

Mais le regret était tenace dans son esprit : sa mère avait été en effet son seul soutient face à son père, puis l'avait aidé après l'école et l'avait poussé dans les études. Certes elle aussi, au même titre que son père, pouvait être très dure, voir odieuse avec lui. Mais malgré cela, Severus devait admettre que les rares moments de bonheur qu'il avait eu dans sa jeunesse, il les devait à sa mère. Et c'en était fini.

Avec désagrément, il se rendit compte qu'il faisait de la nostalgie. Cela le révulsa : il n'avait rien à regretter. Son passé était révolu, mort ! Alors il n'allait pas encore le ressasser ! Sa mère lui avait dit qu'il n'existait plus. Parfait ! Dans ce cas, il se promit de l'enterrer elle aussi dans son esprit ! Elle voulait qu'il ne soit plus, alors elle aussi il la nierait de toutes ses forces et il l'oublierait !

A présent, Severus était pressé de rentrer à Poudlard. Il n'était parti que deux jours, mais ça avait été deux jours de gâchés ! Il se demanda s'il n'avait jamais eu un Noël normal dans sa vie. Dès lors, il se décida à ne plus jamais quitter Sirius aussi longtemps…

Quelqu'un ouvrit la porte de son compartiment et la referma après être entré. Rogue se tourna vers l'intrus avec lassitude. C'était une femme habillée de deuil, dont le visage était caché derrière une gaze qu'elle releva sur ses cheveux : Bellatrix Lestrange.

Severus évita d'être surpris, car il s'attendait à la voir un jour ou l'autre. Il remarqua qu'elle avait les yeux rougis et se demanda avec perplexité si elle avait pleuré. Mais cette idée lui parut absurde : Bellatrix Lestrange ne pleurait jamais car son cœur était aussi dur que la pierre, sa pitié réduite à zéro et ses remords inexistants. Du reste, ayant une position plus élevée encore que celle de Lucius auprès de Voldemort, elle avait tout ce qu'elle voulait : un mari idiot qu'elle pouvait manipuler, des amants à la pelle dont une place d'honneur auprès du Seigneur des Ténèbres, des biens cadastraux innombrables… Bref, rien pour expliquer qu'elle puisse pleurer sur son sort. A moins qu'il s'agisse d'un caprice contrarié, mais Severus ne la croyait pas si gamine.

«Par qui es-tu envoyée, Bella ? demanda Severus d'un ton morne. Par ce cher Lucius ? Ou par notre maître ?

- Par personne, Severus… Je voulais te voir.

- En me pistant, j'imagine ?

- Oui, je t'ai suivi depuis la demeure de tes parents.

- Oh, tu m'en diras tant…»

Par contre, il en eut le souffle coupé lorsque Bellatrix éclata en sanglots, en se jetant sur ses genoux pour les étreindre. Il ne comprenait plus rien, mais alors plus rien du tout.

«Oh ! Severus ! gémit-elle. Dis-moi que ce n'est pas vrai ! Oh ! Je t'en supplie ! Dis-moi que ce n'est pas vrai ! Tu ne peux pas être amoureux de Sirius, ce n'est pas possible…»

Sur le point de craquer, Rogue se prit la tête à deux mains. Merlin, qu'avait-il fait pour mériter tout ça ?! ((Qu'avait-il fait, oui, pour écoper d'un auteur aussi sadique que moi ?)) La femme pleurait plus que jamais à chaudes larmes en enfouissant son visage dans la cape de Severus. Assez indécis sur l'attitude à tenir, il lui passa timidement une main dans les cheveux comme pour la consoler.

«Bella, tu sais bien que je n'aime pas les femmes…

- Cruel ! Comment peux-tu être aussi direct ?

- Bella… Bella, je…

- Oh ! Que j'aime t'entendre m'appeler Bella !

- Ecoute, oui, c'est vrai, j'aime…

- Tu aimes qui ?»

Elle s'était soudain redressée, son visage à quelques centimètres de celui du professeur de potions. Mais, nullement intimidé par le regard à la fois implorant et chargé de menaces de la femme, il répondit :

«J'aime Sirius.»

Ce qui suivit se passa très vite, et Severus ne dut qu'à un réflexe ultime de ne pas être transpercé : car saisissant une dague dans un repli de sa robe noire, Bellatrix lui porta un coup extrêmement violent au ventre, qu'il évita en lui retenant le poignet à la dernière seconde. Par deux fois, elle tenta de se dégager, mais Severus la tint ferme et, lui tordant le bras, il parvint à lui faire lâcher son arme. Elle s'effondra sur elle-même, en se recroquevillant au sol : «Je souffre de t'aimer, Severus…

- Désolé de ne pas te croire, répondit-il plus durement qu'il n'aurait voulu. Toi qui as tout ce que tu souhaites, toi qui as connu des hommes infiniment plus beaux et intéressants que moi… Ex-excuse-moi, mais je… je ne saisis pas pourquoi et comment tu pourrais m'aimer ?!

- Ce que tu peux être aveugle…

- Tu ne crois pas que tu inverses les rôles, là ? répliqua-t-il à brûle-pourpoint.»

Il se sentait excédé et fatigué. Et le redoublement des pleurs de Bellatrix ne fit que l'agacer d'avantage. Bien qu'ému –et flatté dans en être l'objet– en son fond intérieur par le désarroi visiblement réel de la femme, il se sentait d'humeur impitoyable : soit dans l'immédiat incapable de ressentir de la compassion pour elle. De plus, il pouvait encore percevoir la froideur de la lame près de son ventre, et cette tentative de meurtre délibérée l'avait passablement mis hors de lui. C'est pourquoi, il lui asséna en guise d'adieu : «Sors, Bella… Quitte mon compartiment, je ne veux plus te voir…»

Et elle s'était exécutée, au grand étonnement de Rogue. Se relevant ainsi, tout en défroissant d'une main sa robe, elle avait ramassé la dague et l'avait rengainée dans le petit fourreau d'argent pendant à sa ceinture. Méthodiquement, elle s'était essuyée les yeux avec un mouchoir brodé. Puis, elle s'était apprêtée à sortir :

«Adieu, Severus… A l'avenir, je ne t'importunerai plus…

- J'en doute, persifla-t-il avec un sourire cynique en coin.

- Pourtant, tu as tord…»

Et elle sortit du compartiment, en refermant le battant de la porte derrière elle. Severus, se pinçant le haut du nez de deux doigts, s'accouda à la fenêtre et soupira bruyamment. Décidément, il lui tardait d'être de retour à Poudlard.

--------------------

Reviews ? Mais oui, bien sûr, n'est-ce pas ! (non, non, Manehou, je ne réclame pas… )