Vous ne trouvez pas qu'il manque quelque chose à ma fic ? Oui ?
La fin ?
Oui, ça viendra. Vous voyez autre chose ?
Une happy end ?
Non, je vous parle d'un perso qui n'aurait pas encore eu son chapitre… Et oui, notre petit Johnny n'y a pas encore eu droit. Que diriez-vous de réparer cette erreur ?
Bon, alors, je préviens, c'est du FRIENDSHIP !
oooOOOoooOOOooo
Il errait sans but dans les couloirs de la cité. Il savait que certain de ses subordonnés l'avaient surnommé « le zombie ». Il se souvenait de la fois où il avait surpris l'un d'eux l'appeler ainsi. Sheppard avait croisé deux soldats au détour d'un couloir, et l'un d'eux, se croyant hors de portée de voix avait soufflé à l'autre que leur chef lui faisait penser à un zombie. Si Ronon n'était pas arrivé à ce moment là, Beckett aurait eu fort à faire avec le visage du soldat en question : Sheppard s'était brusquement retourné pour lui sauter à la gorge. Heureusement, le runner s'était interposé. Il avait ensuite renvoyé les deux soldats pour rester seul avec Sheppard. Ce dernier, n'ayant aucune envie de voir Ronon s'essayer au sermon moralisateur, s'éclipsa en remerciant son co-équipier qui le laissa partir, non sans lui lancer qu'il ferait bien de parler à quelqu'un avant de faire quelque chose qu'il regretterait.
Quelque chose qu'il regretterait !
Comme si ça n'était pas déjà fait... Il en regrettait, des choses dans sa vie, et il était bien trop tard pour les changer.
Après cet incident, il était retourné dans ses quartiers. Là, il s'était longuement observé dans un miroir. Peut être que ce soldat avait raison, en fin de compte. Son teint était cadavérique et ses yeux rouges. Il se souvint s'être demandé pourquoi. Ses yeux étaient injectés de sang, pourtant, il n'avait versé aucune larme. Il s'était interdit de pleurer. D'abord, parce que ça n'était pas dans sa nature. Ensuite, parce qu'on ne pleure pas les vivants. Et il n'était pas mort.
Il était resté encore un long moment à étudier son reflet. Il trouva seul l'explication de ses yeux bouffis : il ne dormait plus depuis… depuis l'accident. Les quelques heures de sommeil qu'il arrivait à voler le fatiguaient encore plus. Parce que chaque fois qu'il rêvait, il voyait McKay se faire dévorer par un Wraith, ou bien encore se faire tuer par un Génii. Il se réveillait alors dans un cri, mettant à chaque fois plusieurs minutes pour reprendre conscience de ce qui n'était que rêve et de ce qui était réalité. Et toujours, il se surprenait à espérer que son rêve fut vrai. Parce que contre un Wraith ou un Génii, il aurait pu lutter. Oui, dans une telle situation, il aurait su comment réagir et il aurait pu remplir son rôle qui consistait à faire en sorte que McKay reste en vie. Mais là, contre un bête accident de laboratoire, il ne pouvait rien faire. Et cette impuissance était en train de le tuer à petit feu.
Il marchait toujours dans les couloirs d'Atlantis. Il vit au loin le docteur Heighmeyer. Il bifurqua alors vivement dans un autre couloir et accéléra le pas. Il ne voulait pas qu'elle lui retombe dessus. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle avait réussi à le coincer sur un balcon et elle avait essayé de le faire parler.
Comme si ça pouvait aider Rodney, qu'il parle à une psy !
Il la revoyait encore en train de lui expliquer qu'il était naturel qu'il en veuille à Rodney et qu'il éprouve de la colère envers lui. Que c'était normal, car, quelque part, celui-ci l'avait abandonné et il était donc logique qu'il lui en veuille.
Foutaises !
Il n'en voulait pas à Rodney. Enfin, pas autant qu'à lui-même. Il ne cessait de repasser dans sa tête le film de la dernière conversation qu'ils avaient eu tous les deux. C'était juste avant l'accident. McKay avait appelé Weir, Beckett et lui-même dans son laboratoire. Beckett semblait déjà au courant de ce qui se tramait, mais il n'avait rien voulu dire à Sheppard, Rodney lui ayant fait promettre de garder le secret. Weir semblait également savoir de quoi il retournait mais elle aussi voulait laisser à Rodney le soin de lever le voile sur le mystère de ses travaux. Sheppard se souvint avoir ressenti à ce moment là une grande déception et une grande peine aussi. Rodney ne lui faisait plus confiance. Tout le monde savait, sauf lui. C'était peut être pour ça qu'il s'était montré si dur avec le Canadien quand celui-ci était arrivé dans la salle, accompagné de Zelenka et de deux autres scientifiques.
- Alors, Rodney, railla Sheppard, on a enfin réalisé qu'il y avait un monde en dehors de ce labo ? Ça fait quoi ? Trois semaines, un mois, que vous n'étiez pas sorti ?
- Laissez tomber, colonel, dit Rodney calmement, nous avons plus important que vos petites piques qui ne font rire que vous.
Et vlan, dans les dents !
Sheppard s'était tu le temps que Rodney explique son objectif : mettre au point un E2PZ.
Un E2PZ ? Et c'était seulement maintenant qu'on le mettait au courant !
Il allait attaquer Rodney sur ce point quand la radio de Beckett grésilla. Celui-ci s'excusa auprès de McKay, on requérait sa présence à l'infirmerie.
Rodney reprit en proposant à Weir et à Sheppard d'assister à l'expérience. S'en était trop pour Sheppard. Rodney n'avait pas voulu l'informer de ses projets ? Soit. Très bien. Mais dans ce cas, il ne ferait pas partie de ses groupies, sensés l'applaudir et le féliciter lors de sa réussite, pour le seul plaisir de son ego démesuré. Et Sheppard était parti sur cette phrase assassine :
- Désolé Rodney, mais je préfère ne pas rester. Il serait vraiment dommage que cette cité perde son leader, son chef scientifique et son chef militaire en cas de… disons en cas d'erreur involontaire.
Et il était sorti du laboratoire sans laisser à Rodney le temps de répliquer. Comme un lâche.
Il avait appris plus tard que Weir avait, elle aussi, quitté la pièce avant le début de l'expérience. Une équipe SGA en mission sur une planète dont il avait oublié le nom était en communication radio et demandait à lui parler. Elizabeth n'avait pas eu le temps de faire cent mètres que le bruit de l'explosion avait retentit…
Dieu qu'il s'en voulait de ne pas avoir été là. Il pensait naïvement que sa présence aurait changé les choses. Oui, il en était persuadé : s'il avait été là, il aurait pu sauver McKay. Mais non seulement il l'avait abandonné, mais en plus, il l'avait fait en le blessant. Combien de fois depuis ce jour s'était-il tapé la tête contre les murs, se maudissant d'avoir été si dur dans ses propos ? Il n'aurait su le dire. Par contre, il pouvait dire le nombre de fois où il était allé à l'infirmerie, où il s'était assis sur la chaise près du lit de McKay et où il avait pris sa main dans la sienne. Quatre vingt trois fois. A raison d'une visite par jour tous les jours plus les nuits où il avait réussi à déjouer la surveillance des cerbères en blouses blanches de Beckett. Quatre vingt trois fois. Quatre vingt trois fois où il s'était excusé de s'être comporté comme un idiot, quatre vingt trois fois où il avait supplié Rodney de le pardonner et de se réveiller.
Ses pas venaient de le conduire, encore une fois, à l'infirmerie. Pourtant, ce soir, il ne voulait pas y mettre les pieds. Elizabeth avait tenu à y organiser une cérémonie. Une cérémonie d'adieu.
Non mais n'importe quoi ! Il était vivant, étaient-ils tous aveugles ? Rodney était vivant. VIVANT !
Malgré tout, il se trouvait maintenant face à la porte de l'infirmerie. Une voix familière se fraya un chemin jusqu'à son oreille.
Lay down, your sweet and weary head.
Night is falling, you have come to journey's end.
Teyla. Bien sûr. Elle était là elle aussi. Elle chantait.
Why do you weep ? What are these tears upon your face?
Soon you will see, all of your fears will pass away.
Qu'est-ce que c'était que ces débilités? Rodney détesterait ça, il en était persuadé.
Hope fades, into the world of night.
Through shadows falling, out of memory and time.
Don't say, we have come now to the end,
White shores are calling,
You and I will meet again.
Les paroles lui faisaient mal. Horriblement mal. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à partir.
And all will turn to silver glass
A light on the water, all souls pass…(1)
Sheppard sentit qu'une larme tentait de couler, pressée par les dizaines d'autres qui ne demandaient qu'à sortir. Il serra alors ses poings, faisant rentrer ses ongles dans la chair de ses paumes, et, encore une fois, il s'enfuit, laissant aux autres le soin d'accomplir ce que lui était incapable de faire : lui dire adieu.
TBC…
J'ai écrit ce chapitre sous la musique du film "Joyeux Noël », composée par Philippe Rombi. Inutile de vous dire que je vous la recommande. Comment ça, c'est pas très logique d'écrire avec la musique d'un film alors qu'on intègre la chanson d'un autre film à sa fic ? Certes, vous avez raison. C'est juste qu'au départ, la chanson devait figurer dans le POV Teyla mais ça ne me plaisait pas (j'ai pas le talent de Lou pour les song fics…) mettre quelques paroles dans le POV Sheppard m'a paru un bon compromis, parce que je voulais absolument mettre cette chanson. Voilà, vous savez tout.
1. « Into the west » Fran Walsh, Howard Shore, Annie Lennox ; interprétée par Annie Lennox. B.O. The return of the king. Si vous avez l'occasion de l'écouter, faites-le, cette chanson est tout simplement magnifique.
